DISCOURS SUR
LE PSAUME CXVIII
PREMIER DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
LE VRAI BONHEUR.
DEUXIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
LA VOIE DU SEIGNEUR.
TROISIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
LE PÉCHÉ DANS L'HOMME JUSTE.
QUATRIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
L'OBÉISSANCE AUX PRÉCEPTES.
CINQUIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
LE REDRESSEMENT DE NOS VOIES.
SIXIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
LE CHRIST EST LA VÉRITABLE VOIE.
SEPTIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
LA FOI ET LA GRÂCE.
HUITIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
LES DÉLICES DE LA LOI DE DIEU.
NEUVIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
LA VIE EN ÉCHANGE DE LA MORT.
DIXIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
LE GOUT DES BONNES OEUVRES.
ONZIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
LE PROGRÈS DANS LA PIÉTÉ.
DOUZIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
LA VANITÉ ET L'ENVIE.
TREIZIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII
LA VIE DANS LE CHRIST.
QUATORZIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
LES EFFETS DE LA GRÂCE.
QUINZIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
LES EFFETS DE LA GRÂCE.
SEIZIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
L'UNION A DIEU.
DIX-SEPTIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
LES BIENS DE LA GRÂCE.
DIX-HUITIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
LES BIENFAITS DE LA GRÂCE.
DIX-NEUVIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
LA JOIE DANS LE SERVICE DE DIEU.
VINGTIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
LES SOUPIRS DE L'ÉGLISE PERSÉCUTÉE.
VINGT-UNIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
SOUPIRS DE L'ÉGLISE VERS LE CIEL.
VINGT-DEUXIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
L'INTELLIGENCE DE LA LOI.
VINGT-TROISIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
LA VÉRITABLE LUMIÈRE.
VINGT-QUATRIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
IMPORTUNITÉ DES MÉCHANTS.
VINGT-CINQUIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
LA PRÉVARICATION.
VINGT-SIXIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
LA VRAIE CHARITÉ.
VINGT-SEPTIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
LE SECOURS DE LA GRÂCE.
VINGT-HUITIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
LE PLUS JEUNE PEUPLE.
VINGT-NEUVIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
LA VÉRITABLE PRIÈRE.
TRENTIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
LA GRÂCE DE DIEU.
TRENTE-UNIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.
INJUSTES PERSÉCUTIONS CONTRE L'ÉGLISE.
TRENTE-DEUXIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII
LA FORCE DANS L'ÉGLISE.
Le psaume débute par une invitation au bonheur dont le désir nous est naturel et que nous recherchons même par le péché, quoique ce bonheur ne consiste quà marcher dans la voie de Dieu, à nous attacher à lui. Etudier les témoignages de Dieu pour vivre plus saintement, cest une perfection; les étudier pour la science en elle-même, cest nè point chercher le Seigneur de manière à devenir jusle. Toutefois le bonheur dans la recherche de Dieu, nest ici-bas quune espérance, comme celui qui consiste à souffrir persécution pour la justice.
Celui qui commet liniquité ne marche pas dans la voie du Seigneur. Or, tout homme est pécheur et le péché cest liniquité; donc nul homme ne marche dans cette voie. Croire en effet que nous sommes sans péché, cest le comble de lorgueil; dire que nous sommes en état de péché, sans le croire, cest lhypocrisie. Toutefois les saints marchent dans les voies du Seigneur, et néanmoins ils ont liniquité, puisque saint Paul faisait le mal quil ne voulait pas. Ainsi le péché habitait en lui, et néanmoins il marchait dans la voie du Seigneur.
Si saint Paul marche dans la voie du Seigneur, quoique le péché habite en lui, il suit de là que le péché stimule en nous les désirs déréglés, mais que le consentement seul nous rend coupables. Ce péché ne cessera dhabiter en nous que quand notre corps sera devenu immortel. Toutefois, ceux-là mêmes qui sont dans les voies du Seigneur, implorent la rémission de leurs dettes, cest-à-dire des fautes de surprise, qui sont fréquentes. Les voies de Dieu se résument dans la foi: donc lincrédulité est le péché de ceux qui ne marchent point dans ces voies. Quils reviennent au Seigneur, et ils trouveront en lui miséricorde et vérité.
Les Grecs ont dit avec raison « rien de trop », quand il sagit de régler notre vie. Mais quand le Prophète veut que lon garde les préceptes de Dieu « à lexcès», cela signifie: complètement; il implore ensuite la grâce du Seigneur afin dobéir à ses décrets, quil ne lui suffit pas de connaître pour les accomplir, et qui seraient pour lui un sujet de confusion, sil ne les accomplissait point. Les accomplir, ce sera une confession glorieuse, aussi Dieu ne labandonnera-t-il point complètement.
Le jeune homme redresse ses voies en gardant les préceptes de Dieu. Ici homme désigne le genre humain; la jeunesse est mise en avant comme le temps le plus convenable, ou peut-être par allusion prophétique au prodigue de lEvangile, ou parce que tout homme redressant ses voies est jeune par la grêce, qui nous est nécessaire pour observer la loi de Dieu si disproportionnée à nos forces. Aussi le Prophète supplie-t-il le Seigneur de lui enseigner ses préceptes comme les savent ceux qui les pratiquent.
Comment le Prophète a-t-il pu prononcer les jugements de Dieu qui sont insondables, et demande-t-il à Dieu de lui faire connaître les justifications quil faut pratiquer? Le Prophète personnifie lEglise qui connaît les jugements de Dieu, et qui les connaît tous en Jésus-Christ, bien que lhomme ne puisse les sonder, et les connaître que par les lumières de lEglise. La voie des témoignages, si délicieuse pour le Prophète, cest Jésus-Christ, gage de lamour de Dieu, amour que lEglise médite et prêche.
LEglise demande à Dieu la vie, et dès lors la vie de la foi qui agit par la charité. Or, cette foi nous vient de Dieu, qui seul donne la victoire. Mais demander la vie comme le fait le Prophète, cest lavoir déjà, et dès lors il demande à Dieu de la lui conserver afin quil comprenne les merveilles de ses préceptes ou la charité.
Dès lors que notre âme nest point dici-bas, que nous sommes bannis du paradis, et que nous cherchons une patrie meilleure, nous sommes ici des étrangers comme nos pères ou les saints. Linfidèle au contraire nest pas étranger. Or, nous allons à la véritable patrie par les commandements de Dieu qui se réduisent à lamour de Dieu et du prochain; ce qui est facile à comprendre, et le Prophète supplie le Seigneur de lui en donner cette connaissance qui consiste à se plaire dans laccomplissement de ces préceptes.
Cest lorgueil qui nous détourne de Dieu comme il en détourna le premier homme. Il tourne en dérision les enfants de Dieu qui demandent à être délivrés des opprobres, non pour eux, mais pour le préjudice que se font à eux-mêmes les insulteurs. Et ces blasphémateurs sabstiennent comme aujourdhui. Le Christ a prié pour ceux qui sélevaient contre lui, et leur a ainsi communiqué la vie en échange de cette mort quils donnaient à ses membres.
Comme le Prophète sest attaché à la poussière, cest-à-dire à la terre, ou même à ces affections du corps dont les convoitises sont contraires à celles de lesprit, et dont il désire laffaiblissement, il demande à Dieu, à cause de sa parole, ou de sa promesse qui fait de nous des enfants dAbraham, de sélever de plus en plus à la hauteur de la charité Pour nen pas déchoir, il demande à Dieu la loi de la vie on de la foi, puis sapplaudit de ce que Dieu a dilaté son coeur pour courir dans ses commandements, cest-à-dire lui a donné le goût des oeuvres saintes.
Le Prophète qui a déjà couru dans la voie des commandements, supplie le Seigneur de lui poser comme une loi la voie de ces mêmes commandements, ou de laider à y courir jusquà ce quil arrive à la palme promise, Il recherche toujours cette voie, en sefforçant de pratiquer ces préceptes, et comme cette voie est la vérité, il la possédera à jamais. Il ne veut pas connaître la loi selon la lettre seulement, mais encore selon ta pratique ; alors il supplie Dieu de le conduire en inclinant son coeur vers les préceptes, et non vers les convoitises qui firent tomber le vieil Adam.
Ici-bas nous sommes assujétis à la vanité, et le Psalmiste en veut détourner ses yeux, cest-à-dire, ou quil veut être du nombre de ceux qui en seront délivrés, ou peut-être voudrait-il navoir jamais ni la vanité pour but de ses actions, cest-à-dire la louange qui vient des hommes, ni mène le bien-être de cette vie, autrement il ny aurait plus de martyrs. Faire cette prière, cest reconnaître le besoin de a grâce; aussi le Prophète veut-il être affermi dans la crainte qui sanctifie.
Eloigner de lui lopprobre du soupçon signifierait le détourner de soupçonner le mal chez les autres , ce qui est le propre de lenvie; et dès lors il veut être vivifié dans la justice de Dieu, ou dans la charité qui est le Christ.
Le Prophète supplie le Seigneur de le vivifier dans la justice ou dans le Christ, et cest là un acte de miséricorde et de salut envers les enfants de la promesse. Alors il répondra une parole à ceux qui lui reprochent une parole. Cette parole, cest le Christ, que nous reprochent ceux que la croix scandalise; cest le Christ encore, que répondent les martyrs , et ceux qui après une chute Sont revenus à lui comme Pierre : cette parole na donc pas été pour jamais ôtée de leur bouche. Cest alors que le Prophète gardera la loi de Dieu en cette vie et en lautre.
Après avoir prié, le Prophète raconte le bien quil a fait, comme pour nous dite quil a été exaucé. Il a marché dans la voie large par la charité, parce quil sappliquait à suivre les préceptes du Seigneur avec le secours de la prière, et cette prière est avivée par lEsprit-Saint qui demeure en nous. Ensuite il a publié sans rougir les témoignages du Seigneur, comme les martyrs, parce quil méditait les préceptes elles pratiquait.
Le Prophète supplie Dieu de se souvenir de sa promesse, non que le Seigneur oublie, mais parce que lui-même désire ardemment ce quil demande Cette parole despérance la consolé dans les épreuves de lhumiliation, len a fait triompher en lui donnant la vie du bien, en le soutenant contre lapostasie dans la persécution. Celui qui est ainsi consolé, cest lhomme tombé du paradis et relevé par la promesse du Rédempteur. Depuis le commencement il a pu se soutenir par la méditation des Jugements de Dieu, par sa miséricorde; et dans la nuit du péché, il sest souvenu de Dieu, ce qui la fortifié contre les assauts du démon.
Tout homme qui garde la loi du Seigneur, a le Seigneur en partage. Mais comme il ne saurait garder cette loi sans le secours de lEsprit-Saint, il doit linvoquer. Fortifié par ce secours, il se détournera de liniquité, ne craindra ni les embûches du démon, ni les scandales des hommes, et confessera plus hautement le Seigneur à mesure que sélèvera la persécution. Alors le Christ sunit à son serviteur, et par une faveur nouvelle, il en fait un serviteur par amour, et non par crainte.
Le Prophète remercie le Seigneur de lui avoir donné lamour qui bannit la crainte. Il demande au surplus la douceur ou lattrait que lon goûte à faire le bien, la discipline ou lintelligence des leçons que Dieu nous donne par laffliction, et la science qui devient utile quand elle est unie à la piété. Les deux premières sacquièrent par lexpérience, mais la science ne sacquiert pas sans lintelligence qui vient de Dieu, ainsi que la force daccomplir ce que nous savons, qui est la foi efficace. Adam devenu pécheur fut humilié, et Dieu lui donna les moyens de redevenir juste : tels sont les moyens que nous devons étudier et pratiquer en dépit des orgueilleux.
Dieu nous a faits de ses mains ou dans sa sagesse et dans sa puissance, mais dans un même esprit. Non-seulement Adam peut parler ainsi, mais tout homme né par la génération, puisque rien nest produit en dehors de la force active de Dieu. Le Prophète demande à Dieu lintelligence, que nous avons en naissant, il est vrai, mais il entend par là cette foi qui purifie nos coeurs, qui nous fait comprendre la loi de Dieu dune manière efficace, et comprendre que cette intelligence même est une faveur de Dieu; quelle nous vienne par un ange ou autrement, cest Dieu qui nous la donne.
Cest à Dieu, qui nous a créés, quil appartient de nous créer encore, en nous donnant de comprendre ses préceptes. Ceux-là craignent qui sont dans le Christ et dans lEglise. Or, ils verront un jour cette Eglise qui est le corps du Christ, et dont ils font partie, mais quils ne voient point dans sa splendeur ici-bas, à cause de la crainte inhérente à notre situation actuelle. Le Prophète appelle sur lui les divines miséricordes et la vie, cest-à-dire la vie heureuse, car celle dici-bas est plutôt une mort. Cette vie sobtient par la méditation des préceptes, méditation qui nous met en communion avec Jésus-Christ par la pureté du coeur, quil nous faut demander instamment.
Le roi défaillance employé par le Prophète nest quune sainte impatience vers le salut. Toujours ce désir a été exhalté dans lEglise; sous lancienne loi les saints soupiraient après le Christ incarné ; ils soupirent aujourdhui après Jésus qui viendra nous juter. Telle est la langueur de lEglise, qui fait monter vers le ciel de brûlants soupirs ; et ces soupirs éloignent les convoitises charnelles et avivent la charité. Elle demande sa délivrance, et néanmoins elle subsistera jusquà la fin du monde; elle répudie les fables que débitent les hérétiques ses persécuteurs, elle demande pour ses martyrs et obtient le secours du ciel qui les soutient.
Le Prophète aspire au ciel où demeure éternellement la parole de Dieu, puis il se rabat sur la terre où il voit passer les générations qui se transmettent sa parole. Ces deux générations sont lAncien et le Nouveau Testament, et ceux de lAncien qui se sont sanctifiés appartenaient au Nouveau, étaient fondés sur Jésus-Christ, qui est le véritable jour. Afin de ne point périr tians son abaissement, le Prophète médite la loi de Dieu; il est à Dieu, et non à lui-même; les exemples des pécheurs leussent perdu, sil neût compris par les témoignages de Dieu quil vaut mieux mourir quabandonne cette loi.
Cest la foi agissant par la charité qui nous facilite laccomplissement des préceptes divins, et cette foi vient de la grâce de Dieu qui nous éclaire, qui nous dispose à laccomplissement de la loi or, cette loi qui se résume dans la charité durera éternellement, puisque dans le ciel nous ne cesserons daimer Dieu. Celui qui surpasse en intelligence les docteurs et les anciens, cest le Christ, et tout homme qui se pénètre de lesprit plus que de la lettre de lEvangile. Cet homme se détourne du sentier du mal, ou plutôt résiste à ses convoitises, goûte la parole divine comme un miel exquis; et ce miel est dans lintelligence qui lui est venue par les préceptes, ou plutôt par lobéissance aux préceptes.
On appelle flambeau ce qui ne sallume quà la véritable lumière qui est le Christ. Cette parole qui est un flambeau, cest la parole de lEvangile prédite par les Prophètes, prêchée par les Apôtres. Elle a déterminé le Prophète à garder les décrets de la justice, par celte foi si persécutée, et pour laquelle il demande à Dieu la vie selon sa parole, cest-à-dire la vie de lâme par une pureté toujours croissante. Il veut que cette âme soit entre es mains de Dieu ; il loffre afin quelle échappe aux pièges des pécheurs. Ces témoignages acquis par héritage lui viennent de Dieu notre Père, à qui nous devons rendre témoignage par la charité qui est éternelle.
Haïr les méchants ne peut, selon la charité, sentendre que de leurs oeuvres. Le Prophète les éloigne de lui afin dapprofondir la loi du Seigneur, dont il est détourné par leurs affaires du temps, par leurs querelles. Il demande à Dieu ce soutien qui est vie, cest-à-dire vie éternelle, car Dieu réduit au néant ceux qui séloignent de lui. Tous ceux qui pèchent sont-ils prévaricateurs ?
Tous les pécheurs de la terre sont prévaricateurs, dit le Prophète, non pas tous contre la loi mosaïque, puisque tous ne lont pas reçue; mais comme cette loi nest quun développement ou une restauration de la loi naturelle, les Juifs qui la violent sont plus coupables , et les Gentils, violateurs de la loi naturelle sont coupables à leur tour. Donc tout pécheur est violateur au moins de la loi naturelle. Quelques-uns ont voulu condamner sans remède ceux qui ont vécu en dehors de la loi, et simplement à être jugés ceux qui ont péché sous la loi. Erreur! Le Christ est la base de toute sanctification, et les Juifs incrédules seront jugés plus sévèrement. Au nombre des pécheurs mettons les enfants, puisquils ont la tache originelle, et que tous dès lors ont besoin de la grâce de Dieu ceux qui ont la raison doivent agir, non par la crainte servile qui laisse le désir du péché, mais par la crainte de la charité, oui redoute simplement de déplaire à Dieu.
Quand le Prophète parle ici du jugement, ce mot doit être entendu dans un sens favorable, dans le même sens que la justice dont lacte produit le jugement. Toutefois il craint que ses ennemis ou les démons ne le poussent au désordre, et il supplie le Seigneur de len délivrer; loin de compter sur lui-même, il en appelle à Dieu qui donne la force et la patience. Or, cette patience nous est nécessaire, pour nous maintenir contre les calomnies de nos ennemis de toutes sortes. Le Prophète veut être au service de Dieu par amour, et comme lancienne loi sest effondrée sous le grand nombre des prévarications, le Prophète soupire après lacte suprême de Dieu, cest-à-dire après le Christ qui nous justifie par la grâce, et nous redresse en nous faisant agir par la charité.
Etudier à fond les témoignages du Seigneur, cest là une tâche difficile à un homme, et toutefois il est bon détudier ce quil y a dadmirable, détonnant dans sa loi. Cette loi, oeuvre dun Dieu bon, ne donnait ni la justice, ni la vie ; le Prophète en a recherché ta cause, et il a trouvé que cette loi se bornait à indiquer le péché, afin de nous humilier, et de nous démontrer quil nous faut le secours de Dieu, et de nous le faire demander. Voilà ce qua compris le Prophète, et il invoque te Seigneur qui nous a aimés le premier, lui demandant de le servir par amour, de résister aux persécutions qui le détournaient du service de Dieu, de connaître la loi dune manière pratique; il shumilie à cause de ses fautes.
Le Prophète pleure sa faute à cause de la justice de Dieu, et dans la ferveur de son amour il veut le faire partager à ceux qui lui rendent le mal pour le bien ; il veut leur faire goûter les délices de sa pénitence. Il semble regretter que ses ennemis plus avancés en âge, et qui sont la figure de lancien peuple, aient oublié la loi de Dieu, tandis que lui, peuple nouveau, est resté fidèle à cette loi de Dieu au milieu des persécutions. Au milieu de ses angoisses, il demande lintelligence, cest-à-dire de connaître combien est méprisable ce que la persécution peut lui enlever; alors il vivra pour rendre témoignage à Dieu.
Cest le coeur qui doit prier: il prie par lapplication de la pensée, et il est entier à la prière quand il exclut toute autre pensée. Ainsi prie le Prophète : Il demande à Dieu de pouvoir chercher ses ordonnances, qui forment lessence de la sagesse. Mais pour trouver la sagesse, il faut la vouloir dune manière pratique, de manière à rendre témoignage à Dieu. Stimulé par son amour, le Prophète ou plutôt lEglise a devancé le temps de la prière, quand par lorgane des Prophètes elle a poussé des cris suffisants, avant lincarnation. Elle implore le secours de Dieu contre la persécution qui approche, et se confie dans les témoignages de Dieu, basés sur Jésus-Christ, et promettant la vie éternelle.
Cette loi que le Prophète na point oubliée, est celle qui élève les humbles, et abaisse les orgueilleux; or, lélévation des saints, cest la vie éternelle, due à la grâce qui nous sépare des pécheurs. Cette grâce a produit dans lEglise la force en face des persécuteurs: de là tant de martyrs; et la charité qui pleure les apostasies, en même temps quelle raffermit dans la parole divine.
Rien ne motivait les persécutions contre lEglise, puisque lEvangile ordonne la soumission aux pouvoirs terrestres, cest à Dieu que sest attachée lEglise pour triompher et remporter les dépouilles ou convertir ses persécuteurs. De là ce redoublement damour pour la loi de Dieu quon craint de violer, et cette prière faite sept fois le jour, ou un nombre complet. Lamour de la loi de Dieu nous préserve des chutes, mais le salut nous vient du Christ annoncé, parla loi, en des témoignages qui font notre espérance. Aussi le Prophète nous dit-il que ses voies sont en Dieu, en Dieu qui regarde les méchants, qui voit aussi les justes, cest-à-dire quil a voulu marcher selon la volonté de Dieu.
Elle convient à lEglise cette prière qui demande le salut, qui a pour objet de connaître les ordonnances, puis de les publier, au milieu des contradictions. Afin de ne rien craindre, linterlocuteur sattache aux préceptes de Dieu qui veut bien arracher son âme dans la personne des martyrs, vivifier lEglise par cette mort. il est lui-même la brebis égarée que cherche le bon pasteur.
Haut de la page