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SERMONS DE SAINT AUGUSTINQUATRIÈME SÉRIEDISCOURS SUR LES PSAUMES.
DISCOURS SUR LE PSAUME CXIX.LES ASCENSIONS DU CHRÉTIEN.
Voici un cantique des degrés, et les degrés servent à sélever et à descendre. On sélève de cette vie, on sélève par le coeur, et on sélève à la félicité incomparable. Cette vallée est le symbole des humiliations, et de cette vallée nous devons nous élever jusquau Christ ou jusquau Verbe de Dieu qui est la montagne. Lui-même sest abaissé afin de nous aider à monter, et lon ne monte quà la condition de passer par la vallée des larmes ; les deux disciples ne pourront sasseoir à la droite et à la gauche du Sauveur, quen buvant au calice de ses humiliations. Sur léchelle de Jacob, les uns sélèvent et figurent ceux qui avancent dans la piété, les autres descendent, et figurent ceux qui demeurent en arrière. Néanmoins le Christ, sans tomber comme Adam, est descendu afin de se mettre à notre portée, comme Paul sabaisse pour nous parler du Christ, comme Isaïe descend de la sagesse à la crainte il sest fait chair, a été crucifié, afin que nous puissions le voir. Ainsi donc, dans lEglise ceux qui sont avancés dans les choses spirituelles, descendent afin daider à monter ceux qui étaient faibles ; et ceux-là montent, qui font des progrès en sainteté.
Mais quiconque veut sélever a pour antagonistes les méchants qui le dissuadent, en lui persuadant que la vie chrétienne est impossible. Or, le Prophète a crié vers Dieu, qui la placé sur les degrés afin quil pût sélever ; qui lui a donné la flèche ou la parole du prédicateur, et le charbon brûlant ou lexemple de ces hommes, jadis morts pour le bien, et qui ont aujourdhui lardeur du feu, et embrasent tout ce qui est contraire au bien. Repousser les langues trompeuses, cest donc le premier degré. Mais ici-bas nous avons lexemple des méchants, le bon grain est mélangé avec la paille. Le bon grain figure les saints qui sont dans lEglise, et lEglise de la terre soupire après la Jérusalem du ciel. Les deux fils dAbraham Ismaël et Isaac, ou lalliance terrestre et lalliance spirituelle, subsistent maintenant encore. Les uns veulent sélever, les autres les abaissent. Un jour le van passera dans laire. Mais en attendant, paix avec les hérétiques, ou avec les ennemis de la paix.
DISCOURS SUR LE PSAUME CXX.SERMON AU PEUPLE POUR LA FÊTE DE SAINTE CRISPINE, MARTYRE.NOTRE CONFIANCE DANS LE SEIGNEUR.Cest de la vallée des larmes ou de lhumilité, quil faut nous élever, et le Christ sest fait vallée en sabaissant jusquà la mort de la croix, avant de sélever par la résurrection. Les martyrs lont compris, eux qui nont recueilli quaprès avoir semé dans les larmes. Nous devons monter de manière à nêtre point surpris par le dernier moment qui viendra comme un voleur pendant la nuit. Il ny aura de surpris que lorgueilleux, qui met sa confiance dans les biens de la terre, et lhomme de la nuit, ou linfidèle. Quils lèvent les yeux sur les montagnes ou quils écoutent les saints prédicateurs. Le Prophète, craignant lorgueil qui nous ébranle, demande à Dieu que son pied ne chancelle point, et Dieu ajoute : Que ton gardien ne sendorme point. Choisis pour te garder le Christ qui garde Israël, et Israël voit Dieu. Tu seras IsraIl quand tu croiras aux gloires de son humanité, et à sa résurrection. Il couvrira la main de ta droite. La droite signifie les biens spirituels, et la gauche les biens temporels. Quiconque met sari bonheur dans les biens dici-bas, prend sa droite pour sa gauche. La droite cest lembrassement de Dieu : tes longs jours ou le bonheur éternel sont à droite, à gauche les richesses. La main signifie la puissance, et la vie et la mort sont en la main de la langue, parce que la langue nous justifie ou nous condamne. Cette main est le pouvoir de prendre place à la droite de Dieu parmi ses enfants. Mais Dieu doit nous protéger contre le scandale ou lerreur: erreur à propos de Dieu, cest le soleil qui brûle ; erreur à propos de lhumanité du Christ ou de lEglise, cest la lune qui brûle. Cest le Seigneur qui veille sur notre entrée, ou la tentation, et sur notre sortie, cest la victoire sur la tentation. Ainsi Crispine lève la tête au-dessus des persécutions, son âme est gardée, et cest le Seigneur qui est notre force.
DISCOURS SUR LE PSAUME CXXI.SERMON AU PEUPLE.LEXTASE DE LAMOUR.Lamour terrestre nous abaisse, lamour nous élève dès quil vient du ciel. Il sélève du milieu des scandales, du mélange des bons et des méchants, et sélève à la Jérusalem den haut, où nous appellent ceux qui nous ont devancés. Figurons-nous que nous y sommes déjà, et que nous nous y tenons affermis dans la vérilé, mais non affermis par nous-mêmes, comme lorgueil pourrait le suggérer. Cette ville nest point la Jérusalem terrestre quon ne bâtissait plus quand David chantait ainsi, mais celle qui a les saints pour pierres vivantes et le Christ pour fondement ; non celle que lon devait rebâtir plus tard, celle-là était mie ville, celle-ci est comme une ville, et ceux qui la composent ont lunité. Dieu seul est Un sans variation, il Est. Mais le Christ qui Est, puisquil est Dieu, a voulu devenir Fils dAbraham, afin de nous faire participer à son être invariable, en nous délivrant des instabilités de cette vie, instabilité du coeur, des corps célestes, de lâme occupée des pensées diverses. Pour avoir voulu être ferme par lui-même, lange est tombé; après lui Adam. Dans la cité du ciel sont montées les tribus dIsraël ou du voyant Dieu. Il y avait en elles mélange de bons et de méchants ; ceux-là sont montés qui étaient sans déguisement ou sans orgueil, car lorgueil veut paraître ce quil nest point. Ces tribus montaient donc et confessaient le Seigneur ; lorgueilleux ne confesse rien. Là sont assis les Trônes ; ils sont les trônes de Dieu, et sont assis pour juger et discerner ceux qui auront fait miséricorde, qui auront acheté des amis avec la monnaie de liniquité ; ceux-là seront à droite, les autres à gauche. De là cette force de la charité qui nons fait aimer la perfection chez les autres, acheter la paix dj,ciel au prix des biens terrestres, qui détruit ce que nous sommes pour nous faire devenir ce que nous ne sommes pas encore, qui se fait tout à tous pour plaire à Jésus-Christ, qui prêche le ciel par amour pour nos frères.
DISCOURS SUR LE PSAUME CXXII.SERMON AU PEUPLE.LE CIEL PAR LAMOUR.Lamour monte au ciel, ou descend dans labîme : il ne saurait monter au ciel que par le Christ qui, seul, en est descendu, seul y peut remonter. Cest à lui quil faut nous unir ; et il est uni à nous sur la terre, puisque cest lui que lon persécute dans ses membres, nous lui sommes unis dans le ciel par la charité qui espère Cest lhéritage du Christ ou de lEglise qui, dans lexil, pousse des cris et lève les yeux vers le Dieu du ciel. Cest à lui que nous montons par le coeur ou par lamour et par la pensée ; mais lorgueilleux nayant damour que pour lui-même, ne saurait faire ses délices de Dieu, ni monter, à coins davoir son péché devant les yeux, et den détourner loeil de Dieu par laveu quil en fera. Le ciel ou la demeure de Dieu est formé des saints, ou qui le voient face à face, ou qui le voient par lespérance ; non que nous soutenions le Seigneur, mais cest lui qui nous soutient. Le Prophète lève leu yeux vers celui qui est le maître, comme le serviteur sur les mains du maître, la servante sur la main de sa maîtresse, jusquà ce quil nous prenne en pitié; car nous sommes condamnés au châtiment et Adam souffre dans toute sa postérité. Tous ceux qui appartiennent à lEglise ou à la servante devenue épouse, sentent leurs plaies et demandent miséricorde. Ici-bas les incrédules nous méprisent, se rient de notre foi. Le riche nous insulte, lui qui ne tient que pour un moment ce quil possède ; le pauvre nous insulte dans notre foi, lui qui se croit juste. Le riche reconnaîtra son erreur, mais trop tard. Ici-bas, tandis que nous navons ni la santé du corps, ni la sainteté de lâme, aspirons à la cité du bonheur véritable.
DISCOURS SUR LE PSAUME CXXIII.SERMON AU PEUPLE.LA DÉLIVRANCE.LEglise chante sa délivrance, ou des persécutions par la bouche des martyrs, ou des dangers de la vie présente par la bouche de tout chrétien qui meurt en Dieu. Elle a ses espérances du ciel lesquelles sont la vérité ou le Verbe en Dieu, ici-bas la voie qui y conduit ou le Verbe fait homme. En jetant un coup doeil sur les obstacles, ces bienheureux sécrient : Si le Seigneur neût été avec nous Combien de difficultés de la part des hommes, et ces hommes ont succombé ; mais si Dieu neût été avec nous, ils nous eussent dévorés tout vivants. LEglise, pour nous absorber, tue en nous les inclinations mondaines, afin de nous faire ce que nous nétions pas, et nous sommes mangés par la foi en Dieu. Etre dévoré tout vivant, cest connaître la vanité de lidolâtrie, et néanmoins offrir de lencens aux idoles ; ou nous laisser détourner de Dieu par les langues trompeuses. La victoire nous vient par celui qui a vaincu le monde. Par lui nous traversons les eaux qui nous eussent absorbés. Les eaux sont celles du torrent, ou de la persécution qui ne doit durer quun moment. Cest là qua bu notre Chef qui est dans le ciel. Il est à peine croyable que nous ayons pu franchir cette eau, appelée eau sans substance, parce quelle est leau du péché ; et par le péché nous dissipons notre substance comme le prodigue. Elle est sans substance encore, parce quelle nous dépouille des biens réels. Le Seigneur seul est la véritable substance ; seul il nous fait échapper aux amorces de la vie, comme loiseau aux pièges du chasseur.
DISCOURS SUR LE PSAUME CXXIV.SERMON AU PEUPLE.VAINE PROSPÉRITE DES MÉCHANTS, ET CONFIANCE DES JUSTES.Le Prophète veut nous détourner des prospérités dici-bas qui produisent lenflure chez les uns, et découragent les autres qui se croient frustrés de toute récompense ; puis il attire notre attention sur lhomme au coeur droit, qui na dautre volonté que celle de Dieu, ne critique point les desseins de Dieu sur le pauvre et sur le riche, met sa confiance en Dieu, et ne sera point ébranlé parce quil habite Jérusalem on la cité de Dieu. Cette cité est environnée de montagnes ou des hommes de Dieu, prophètes, apôtres, évangélistes, doù nous vient le secours quelles-mêmes reçoivent de Dieu. Il est aussi dautres montagnes qui ne sont que des écueils, qui ont en elles-mêmes une confiance précomptueuse et nous demandent la nôtre, tandis que les montagnes véritables déclinent cette confiance pour elles-mêmes, pour la reporter à Dieu, doù leur vient la lumière et la rosée. Ces montagnes diront que le sceptre de limpie ne sera point toujours sur lhéritage du juste, quil faut obéir à nos maîtres ici-bas comme le Christ sest assujetti à ses ennemis, comme le médecin se fait le serviteur du malade. Tout cela passera, afin de ne point décourager les hommes au coeur droit. Quant à lhomme aux voies tortueuses, Dieu lunit aux méchants, et ne donne quà Israël ou à celui qui voit Dieu cette paix qui est Dieu même.
DISCOURS SUR LE PSAUME CXXV.SERMON AU PEUPLE.DÉLIVRANCE DE LA CAPTIVITÉ.Notre Dieu est venu sur la terre pour nous racheter au prix de son sang, parce que nous étions dans lesclavage, nous et ceux nième qui ont les prémices de lesprit, ou la foi. Nous attendons par lespérance la rédemption de notre chair, dont Jésus-Christ nous a donné le modèle par sa résurrection. Maïs jusque-là nous gémissons. Déjà la chair que le Sauveur a prise dans lhumanité, est sauvée : or, il nous dit quil est avec nous jusquà la fin des siècles. Mais nous sommes dans lesclavage, parce que nous sommes rendus au péché, et le persécuteur nous a lui-même sauvés en répandant le sang du juste. Notre joie a été grande quand Dieu a délivré la Jérusalem du ciel. Elle est du ciel à cause des anges, et captive à cause de nous. Elle était figurée par cette Sion des Juifs, captive à Babylone, pendant 70 années. Ce nombre signifie le temps qui sécoule par sept Jours; et après les temps écoulés nous retournerons à la patrie. Babylone est la confusion ou le monde. Or, la délivrance nous a consolés, cest-à-dire que Jésus nous a fait espérer à cause de sa résurrection. Alors notre bouche a été pleine de joie, cest-à-dire la bouche de notre coeur dans laquelle sélaborent toutes nos actions, ainsi que la dit le Sauveur. Ce nest donc ni ce qui entre dans notre bouche, ni ce qui en sort qui souille lhomme, mais ce qui est résolu dans notre coeur Car Dieu y voit tout mal et tout bien. Le Seigneur a manifesté sa gloire en établissant lEglise, en nous délivrant des étreintes du péché, comme le vent tiède fait fondre les glaçons et amène les torrents. Semons dans les larmes, semons laumône, des biens, des services, des conseils, de la bonne volonté, nous récolterons au ciel. Le Samaritain de lEvangile, cest Jésus qui nous porte dans son Eglise, où se cicatrisent les blessures que le démon nous a faites sur le grand chemin du monde.
DISCOURS SUR LE PSAUME CXXVI.SERMON AU PEUPLE.LA CITÉ DE DIEU.Ce psaume convient à ceux qui marchent dans la vertu par la charité. Il est attribué par le titre à Salomon, qui fut Prophète et tomba néanmoins dans lidolâtrie, parce que Salomon, qui signifie pacifique et qui bâtit un temple au Seigneur, est la figure du Christ qui est notre paix. et qui a réuni en lui-même, pierre angulaire, les deux murailles venant, lune de la circoncision, lautre de la gentilité; il forme ainsi la cité de Dieu ou lEglise, que nul autre que Dieu ne saurait bâtir ; qui a des gardiens dans les évêques, et qui est surtout gardée par Dieu, gardien dIsraël. Si nous voulons quil nous garde, comptons sur lui et non sur nous-mêmes, ce serait nous lever avant la lumière. Or, comme le disciple est moindre que le Maître, et que le Maître sest assis ou abaissé, nous ne pouvons nous élever avec lui quaprès nous être assis dans la douleur, lhumilité par la mort, comme le Sauveur. Il dormit sur la croix, et de son côté entrouvert fut tirée lEglise, comme Eve du côté dAdam. Nous ressusciterons tous, mais ceux-là ressusciteront avec lui qui sont ses amis, qui sont enfantés par lEglise au nombre des saints ; car il y a deux peuples dans lEglise, comme il y avait dans le sein de Rébecca deux jumeaux, dont lun seulement était aimé de Dieu. Les fils de ceux quon a secoués sont ou les fils des Apôtres qui ont secoué leurs pareils, ou les Apôtres eux-mêmes issus des Prophètes que lon a secoués pour en montrer les enseignements. Ils sont allés comme des flèches lancées par le Seigneur. Lhomme qui les aime parlera sur la porte qui est Jésus-Christ, dont il cherche la gloire.
DISCOURS SUR LE PSAUME CXXVII.SERMON AU PEUPLE, PRÊCHÉ LE JOUR DE SAINT FÉLIX, MARTYRISÉ A TUNIS, NON LOIN DHIPPONE.LES BIENS SPIRITUELS.Les biens que promet notre psaume paraissent des biens temporels, et sont souvent le partage des impies. Toutefois, si ces biens étaient véritablement temporels et quon les prêchât comme la récompense du fidèle, ils nous feraient perdre lamour des biens éternels. Ce psaume est donc une allégorie. Lhomme béni, cest le Christ dont nous sommes les membres ; ces biens sont ceux de la Jérusalem céleste, réservés à ceux qui sont au Christ. Le bonheur de cette vie nest donc point un bonheur véritable, de même que les douleurs des martyrs nétaient point sans espérance, et ils ne méprisaient le présent quen vue de lavenir. Ecoutons donc le psaume avec une crainte chaste, cest-à-dire avec cette crainte peu soucieuse du mal temporel, mais qui commence par redouter les châtiments éternels, shabitue à éviter le péché et à pratiquer le bien par amour pour léternité ; cest la crainte de lépouse chaste qui craint que lépoux ne vienne point, opposée à la crainte de lépouse adultère qui craint dêtre surprise. Or lépoux, qui est beau seulement aux yeux du coeur, est absent, et si nous désirons quil vienne pour nous juger, notre crainte est chaste. Que Dieu nous assure le bonheur temporel à condition que nous ne verrons point sa face, si nous tremblons, notre crainte est déjà chaste. Bienheureux ceux qui craignent le Seigneur, ou le Christ dont nous sommes les membres. Nous mangerons les travaux de nos fruits ; cest-à-dire, en travaillant pour recueillir le fruit qui est la vie éternelle, nous trouverons une nourriture dans lespérance. Cest un pain de douleur, mais qui nest pas sans délices. Lépouse féconde cest lEglise, et les parois de la maison ceux qui sattachent au Christ. Ce fut du côté dAdam, que fut tirée Eve, comme lEglise du côté du Christ. Elle est féconde dans ceux qui sattachent au Christ, et qui sont comme sou épouse, comme sa mère, tandis quil a, dans ceux que lEglise enfante, comme des frères et des soeurs Ces fils seront comme des oliviers, ou pacifiques. Voilà les bénédictions, mais de Sion; quant aux biens temporels, Dieu les donne aussi aux animaux ces biens ne sont pas en quelque sorte, puisquils ne demeurent point. Nous les verrons de loeil de lâme, qui voit même séparée du corps. Ces biens sacquièrent par la patience dans la persécution, et se résument dans la paix de la véritable Jérusalem.
DISCOURS SUR LE PSAUME CXXVIII.SERMON AU PEUPLE.LES TOLÉRANCES DE LÉGLISE.Dans lEglise de Dieu on trouve des hommes qui reçoivent la parole de Dieu, comme le grand chemin, ou comme les terrains pierreux, ou même comme les terrains épineux ; mais dautres, semblables à la bonne terre, produisent du fruit et font leurs oeuvres à lunisson de la parole divine. Ainsi en a-t-il été toujours ; lEglise a été attaquée dès sa jeunesse elle existait en Abel, tué par Caïn, en Enoch, en Noé, en Abraham, en Loth à Sodome, en Israël dans lEgypte, en Moïse et dans les saints, en Israël. Le psalmiste semble répondre à ceux qui méditent sur les douleurs de lEglise. Ils mont attaquée souvent depuis ma jeunesse, et néanmoins je suis arrivée à la vieillesse. Les attaques ne lont point mise en connivence avec le mal. Toutefois lhomme résiste souvent à la parole évangélique, il obéit à lavancé, plus exigeante que le Seigneur, il sen prend à ceux qui prêchent et calomnie leurs moeurs ; il sen prend même à Dieu, créateur de tout bien, et que les créatures bénissent. Quel que soit lhomme qui nous parle, obéissons, entrons dans lEglise de Dieu. Elle supporte ces plaintes, ces murmures qui ne doivent point durer, et qui nexistent que jusquà la moisson. Il y a donc mélange, mais le juste si près quil soit de limpie, en est éloigné, lassentiment seul fait le rapprochement. Un jour le Seigneur brisera le con des méchants, frappons alors notre poitrine. Tout orgueilleux qui commet le mal, et, au lieu de le reconnaître, se retranche dans son orgueil, comme sous un bouclier, sera frappé. Il hait lEglise et ressemble à lherbe des toits qui se fane avant la récolte, et nentre point dans le grenier céleste. Les passants qui nous bénissent sont les Prophètes, les Apôtres nos ancêtres dans la foi.
DISCOURS SUR LE PSAUME CXXIX.SERMON AU PEUPLE.LESPÉRANCE DU PÉCHEUR.Du fond de labîme le Prophète a crié vers le Seigneur. Cet abîme est celui du péché, et lhomme qui a pu y tomber ne saurait sen relever par lui-même. Crier cest déjà en sortir ; compter sur soi-même, ou sabandonner au mal par désespoir, cest dédaigner le secours divin, et Jésus-Christ est venu nous soulever afin de nous faire crier. Cest donc le pécheur qui crie, et il crie par espérance, et cette espérance lui vient de Jésus-Christ, dont la loi nous apprend à supporter les pécheurs sans donner à leurs fautes aucun assentiment. Comme nos fautes, quoique légères, sont nombreuses néanmoins, crions vers le Seigneur, et attendons de lui la vie éternelle qui commencera par notre résurrection, basée sur celle de Jésus-Christ qui a pris notre chair, pour mourir et ressusciter à la vigile du matin; espérons jusquà la nuit, ou jusquà la mort. Lui seul est ressuscité pour ne plus mourir, et nous faire espérer une semblable résurrection. Lespérance est la garantie de la vertu, mais nespérons pas les biens de cette vie, que nont recherchés ni les martyrs ni le Divin Maître. En résumé, espérons dans la miséricorde de celui qui veut nous racheter, qui le peut seul parce que seul il est sans péché.
DISCOURS SUR LE PSAUME CXXX.SERMON AU PEUPLE.LHUMILITÉ CHRÉTIENNE.
La foi unit en Jésus-Christ tous les fidèles qui sont les pierres vivantes de son temple ; et cest dans ce temple seulement que nous sommes exaucés quant à la vie éternelle. Quand Jésus chassait les vendeurs du temple, il faisait un acte symbolique. Ce temple est la figure de lEglise, dans laquelle nous voyons des acheteurs et des vendeurs, ou des chrétiens qui cherchent leurs intérêts ; ils en seront chassés avec un fouet de cordes, ou le fouet de leurs péchés. Les vendeurs ne renversèrent point le temple, ni les pécheurs ne renverseront lEglise, maison de notre prière. Cest donc lEglise qui chante ce psaume, et sous pouvons juger que nous sommes de lEglise, si nous le chantons en vérité. Linterlocuteur ne sest point enorgueilli, et dès lors il a offert le sacrifice qui plaît à Dieu, celui de lhumilité. Mais Simon le magicien, sans vouloir de lhumilité comme les Apôtres, voulait faire descendre lEsprit-Saint, trafiquer de la colombe, et Pierre le chassa. Si tous ne font pas des miracles, ils nen sont pas moins à Dieu ; loeil nest pas la main, et tous les membres cependant se prêtent un mutuel secours ; de même dans lEglise ceux qui font des miracles prêtent leur autorité aux autres. Les dons de Dieu pourraient nous enorgueillir ; saint Paul, qui avait dabord été persécuteur, a plus travaillé que les antres, mais pour contre-poids il fut souffleté par Satan, qui sévit aussi contre Job, contre Jésus-Christ, et qui perdit ainsi ceux que le sang du Calvaire a rachetés. Ne cherchons dans lEglise que linscription de notre nom au ciel. Le Prophète, sil nest humble, fait des imprécations contre lui-même, et veut être comme lenfant que lon sèvre dans les bras de sa mère. A sa naissance, il lui faut le lait de sa mère, et non du pain. De même le chrétien peu instruit ne saurait contempler le Verbe qui est le pain des auges il doit grandir par la foi au Verbe fait homme, crucifié, ressuscité, monté an cieL Cest le lait que Dieu nous a préparé. Prétendre raisonner, cest imiter les hérétiques qui ont vu linégalité dans les personnes, et ont été sevrés die lait de 1Eglise leur mère. Dautres ont dit que tout orgueil déplaît à Dieu sans doute, mais que lhomme néanmoins doit sélever par la méditation, afin de passer du lait de lenfance ta la nourriture de lhomme fait. Cette explication a linconvénient de ne point rendre limprécation du Prophète qui ne voit dans le sevrage de lenfant trop jeune quun châtiment de son orgueil : car le sevrer quand il est trop jeune ou faible encore, cest lui donner la mort. Quil grandisse donc par le lait de sa mère, par lhumilité de la foi ; quil cherche, et vous aussi, ce qui est devant nous, en se reposant sur le Seigneur.
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