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DISCOURS SUR LE PSAUME CXXXI.SERMON AU PEUPLE, EN PRÉSENCE DE SÉVÈRE, ÉVÊQUE DE MILÈVE.LESPÉRANCE EN DIEU.David porta ta douceur au point dépargner Saül qui cherchait à le tuer. Ce nom, qui signifie la main forte, fut porté par un guerrier qui détruisit ses ennemis, et qui fut la figure du Christ vajnqueur du diable et de ses anges. LEglise qui est le corps, le temple du Christ, combat pour lui ; elle a fait voeu dêtre sa cité, dêtre habitée par lui. Comme David ne voulait aucun repos avant davoir trouvé un lieu pour le Seigneur, et comme sil cherchait ce lieu en lui-même, ainsi fait tout homme qui enseigne le bien et le pratique. Ainsi en fait-il de tous ceux qui embrassèrent la foi et neurent plus quun coeur et quune âme, tandis que ceux qui cherchent leurs propres intérêts, rencontrent souvent le trouble et les procès. Abstenons-nous donc, sinon de toute possession, du moins de tout attachement aux possessions, de lamour de nous-mêmes. Tous les biens de cette vie ne sont que te rêve dun homme qui ne trouve plus rien à sou réveil. Le Prophète appelle tabernacle dia Seigneur lEglise militante, et sa maison la Jérusalem du ciel. Cette maison ou lEglise est en Ephrata on prophétisée, et drus les lieux incultes, chez les Gentils. Nous entrerons chez le Dieu de Jacob afin quil nous possède, et non afin de posséder notre héritage que nous dissiperions comme le prodigue. Nous adorerons le lieu où il a reposé ses pieds, cest-à-dire dans lhumilité, sans croire quil nous suffise dêtre enfants dAbraham selon la chair ; car il faut en faire les oeuvres, oeuvres surtout de charité ; que nos pieds soient affermie par lhumilité. Cest au Christ de sélever le premier, et à prendre son repos ; lEglise viendra ensuite, elle qui est larche de sa sanctification. Que les prêtres aient la justice, les saints la joie, mais ne détournez pas la face de vôtre Christ, cest-à-dire ne laissez psiut périr tout Israël, prière qui fut exaucée dans les apôtres, et dans les juifs qui se convertirent à la Pentecôte. Dieu change parfois ses oeuvres extérieures, mais jamais ses desseins. Or, son dessein est de mettre sûr le trône de David le Christ qui sortira de lui sans la participation daucun homme. Par les enfants des enfants de David, il faut entendre les bennes oeuvres de ces enfants, et sils sont réellement des hommes, ils ne pourront siéger sur te trône quà la condition de garder talliance de Dieu. Ce trône sera le nôtre, à la même condition. Cest en Sion que nous reposerons avec Dieu. Les vesves quil veut bénir sont les âmes qui ne comptent que sur lui, et tEgtise est une veuve que Dieu écoute, mieux que le juge inique de lEvangile ; les pauvres cernant rassasiés, sils ont faim et soif de ta justice ; les riches également, sils sont panures dans le même sens. Les prêtres seront revêtus du Christ, tes saints revêtus de joie, tous affermis dans le Christ qui sens sauve et nous gouverne.
DISCOURS SUR LE PSAUME CXXXII.SERMON AU PEUPLE, EN FAVEUR DES MOINES ET CONTRE LES DONATISTES.LE MOINE, OU LUNITÉ DE COEUR.
Cest le bonheur pour des frères de demeurer dans lunité qui a enfanté leu monastères. Ceux qui le comprirent les premiers furent les Apôtres, puis les disciples qui navaient quun seul coeur. Comparez le moine catholique, humble et sobre, avec le Circoncellion ivrogne et furieux. Quil y ait de faux moines, cela tient à lhumanité, puisque ni parmi ceux qui gouvernent lEglise, ni parmi ceux qui servent Dieu dans le calme, ni parmi les gens du monde, tous ne seront point sauvés. Les hérétiques donnent à leurs solitaires le nom dAgonistiques, du mot agon, combat; puissent-ils justifier ce nom en combattant pour le Seigneur! Les catholiques les appellent moines, de monos, seul, ou plusieurs en un seul par lâme. Ils peuvent bien nous reprocher le nom de moines, eux qui ne reconnaissent lunité ni dans lEglise ni dans les âmes. Cette unité ressemble au parfum sur la tète dAaron, on du souverain prêtre, lequel descend sur sa barbe, ou sur le signe de sa force, comme les Apôtres, comme Etienne le premier martyr, qui triomphe par la charité. Le parfum descend sur le bord du vêtement ou sur lEglise, qui est sans tache, puisquelle est purifiée dans le sang du Christ, sans ride puisquelle est étendue sur la croix. Ce bord est celui den haut qui donne passage à la tête, parce que le Christ entre chez nous par la charité fraternelle. Comme la rosée dHermon ; cest-à-dire que tout cela saccomplit en nous par la grâce de Dieu. Hermon signifie lumière deu haut, et désigne le Christ, qui donne le calme et la paix, et dès lors lunité des âmes. Cest dans celte paix que nous devons louer le Seigneur; et si nous ne pouvons le trouver sur la terre, habitons dans le ciel par lâme.
DISCOURS SUR LE PSAUME CXXXIII.CONTINUATION DU SERMON PRÉCÉDENT.Bénir le Seigneur dans ses parvis, cest se mettre au large par la charité ; le bénir pendant la nuit, cest le bénir pendant la tribulation ; se tenir debout, cest persévérer : bénissons-le de la voix, et surtout des oeuvres. Ainsi Job le bénit dans la nuit de ses épreuves, et fut victorieux sur son fumier. Il était trempé de la grâce dHermon. Le Prophète, après avoir exhorté au pluriel, appelle la bénédiction sur un seul, parce que plusieurs ne font quun par la charité : et la charité seule mérite la bénédiction.
DISCOURS SUR LE PSAUME CXXXIV.SERMON AU PEUPLE.LES OEUVRES DU SEIGNEUR.
Bénir ou blasphémer le Seigneur, ce nest point lagrandir, ni lamoindrir, cest pour nous que nous faisons lun ou lautre. Mais pour le bénir, il faut avoir le coeur pur, être debout dans sa maison, et non tombé dans le péché. Nous ne pouvons de nous-mêmes que le bénir. Le Seigneur est bon, non comme les créatures qui tirent de lui leur bonté ; il est la bonté même, et en comparaison de lui, nulle créature ne saurait dire complètement : Je suis. Impuissants à le contempler en lui-même, bénissons-le dans ses oeuvres. Il nous a donné le pain des anges, en se faisant homme, afin que lhomme pût manger ce pain dès cette vie, et sélever jusquà lui. Son nom : Je suis celui qui suis, paraît trop relevé, et il se proportionne à notre faiblesse, en prenant celui de Dieu dAbraham, dIsaac, de Jacob. Il est tel, non-seulement pour les Juifs, mais aussi pour les Gentils qui ont part à lhéritage par la foi, tandis que les enfants du royaume sont bannis. Tandis quil a livré aux anges les autres nations, il a choisi spécialement Jacob, non par son propre mérite, mais bien par sa grâce. Ainsi a-t-il greffé lolivier sauvage sur lolivier franc. Le Prophète qui est entré dans le sanctuaire de Dieu, nous dit du Seigneur quil surpasse tous les dieux, quil fait sa volonté, et que louer le Seigneur est le seul acte que nous ne fassions point par quelque contrainte, et que Dieu plaît au juste même dans lépreuve, et non par lappât de la récompense. Tel est le sacrifice de louanges, toujours agréable à Dieu, toujours en notre pouvoir. Quant à nous, la loi du péché est un obstacle à notre volonté, en nous-mêmes. Mais Dieu fait sa volonté : dans son Eglise, cest-à-dire dans le ciel, symbole des hommes spirituels; sur terre, symbole des hommes charnels qui doivent obéir ; dans la mer ou chez les infidèles, dans les abîmes ou dans le secret des coeurs. Il fait venir les nuées ou les prédicateurs, des confins de la terre où ils prêchent lEvangile, et résout les tonnerres en pluie, changeant sa colère en miséricorde, il tire de ses trésors es vente, ou les prédicateurs de sa grâce. Les châtiments des princes et des pays sont des symboles. Tuer les premiers-nés de lEgypte, cest donner la mort à la foi, dans lEgypte ou dans la persécution, chez les hommes ou chez les hérésiarques, et chez les bêtes, ou le vulgaire qui les imite. Pharaon ou dispersion est le symbole du schisme, Selon la tentation des yeux, les Amorrhéens ceux qui ont le coeur plein de fiel. Og est la fermeture, barre le chemin qui conduit à Dieu, de là Basan ou confusion. Chanaan est celui qui sera humilié par le jugement. Dieu exerce encore ces châtiments dune manière spirituelle. Il a jugé son peuple en séparant les bons des méchants ; en délaissant les Juifs, il sest fait une maison dIsraël dans les Gentils qui fléchissent le genou et méprisent leurs idoles. Les obstinés dentre les idolâtres ont égorgé les chrétiens, mais Dieu prévaut coutre eux par sa grâce, et chaque jour ils embrassent la foi.
DISCOURS SUR LE PSAUME CXXXV.LES DIVINES MISÉRICORDES.Dieu exerce envers ceux quil a délivrés une miséricorde éternelle, non quil reste quelque misère dont il les délivre continuellement, mais la félicité, dont il les a mis en possession, sera sans fin. Bénissons le Seigneur sans attendre de lui rien de temporel, puisque les bienfaits de sa miséricorde sont sans fin. Ces dieux et ces seigneurs que surpasse le véritable Dieu sont les hommes à qui la parole de Dieu a été adressée, et les démons qui sont les dieux des nations. Les anges ne sont point appelés dieux, afin de nous détourner de leur rendre un culte. Parmi les oeuvres de Dieu, ce qui appartient à sa miséricorde, cest notre délivrance ; les autres oeuvres de la création appartiennent à sa bonté. Seul il fait les oeuvres merveilleuses, comme les astres et les cieux, avec intelligence, cest-à-dire avec son Verbe. Il affermit la terre au-dessus des eaux qui lenvironnent. Ces cieux avec lintelligence peuvent désigner les saints qui sélèvent bien haut par la spiritualité, les astres marqueraient les différents dons chez les saints, et la terre, la foi solide. Il a détruit Pharaon, ou nos péchés, en nous faisant traverser ta mer Rouge du baptême ; pour nous encore il renverse les puissances diaboliques, Seon, roi des Amorrhéens, ou la tentation et le murmure; Og, roi de Basan, ou la confusion des damnés ; il nous introduit dans lhéritage du Christ, qui nous donne sa chair comme une nourriture.
DISCOURS SUR LE PSAUME CXXXVI.SERMON AU PEUPLE.BABYLONE, OU LA CAPTIVITÉ DE CETTE VIE.
Babylone et Jérusalem sont confondues ici-bas, et seront séparées au dernier jour. Cependant nous ne pouvons louer le Seigneur quen Sion dont le souvenir fait couler nos larmes sur les fleuves de Babylone, ou sur tout ce qui est passager comme le fleuve, gloire, éclat, richesses. Asseyons-nous; cest-à-dire, humilions-nous, sans nous confier au courant, et fussions-nous heureux selon Babylone, aspirons à Sion, où notre joie sera éternelle. Nos harpes sont les saintes Ecritures ; le saule est un arbre stérile, comme ces mondains à qui nous ne saurions parler de religion ; y suspendre nos harpes, cest garder le silence avec eux. Mais Babylone cest la captivité, et le Christ nous rachetés, comme le Samaritain soulagea cet homme que des voleurs avaient laissé à demi mort sur le chemin de Jéricho. Ces voleurs sont le diable et ses anges, lui qui entra dans le coeur de Judas, comme il entre en ceux qui lui ouvrent leur coeur par les désirs de la chair, qui ne vient le bonheur que dans la satisfaction des sens, mais ne comprennent point renoncement volontaire, ne le voient point pratiquer chez les chrétiens. Ils nous interrogent sur notre religion, mais sans vouloir lembrasser ; il faut alors suspendre nos harpes ; comment chanter sur la terre étrangère, ou à des hommes incapables de nous comprendre ? Tel était le riche qui interrogeait le Sauveur dans lEvangile : Que ferai-je pour avoir la vie éternelle ? Vendez vos biens, donnez-en le prix aux pauvres. Cest là le cantique des riches ; celui des pauvres, cest déviter les désirs insatiables. Ces arbres pourront cesser dêtre stériles ; alors nous parlerons. Cette main droite qui doit soublier, cest la main des bonnes oeuvres, qui tarissent quand nous oublions Jérusalem ; la gauche est celle des oeuvres temporelles, et quand à nos aspirations vers le ciel se mêlent des aspirations terrestres, notre main gauche connaît les oeuvres de la main droite. Dautres, donnant la préférence aux biens temporels, font de la droite la gauche, et deviennent étrangers à Jérusalem. Pour habiter, cette ville, ayons soif de la justice ; que notre langue soit muette si nous ne chantons ce qui est de Sion, si notre joie nest plus la jouissance de Dieu. Quant aux fils dEdom qui ont vendu leur droit daînesse, qui sont lhomme charnel, ils ne posséderont point le royaume de Dieu devenu le partage de Jacob. qui donna la préférence aux biens spirituels, ils ont voulu nous détruire, Dieu les a soumis à lesclavage. La fille de Babylone nous a persécutés par ses scandales ; bienheureux qui brisera les passions quelle a fait naître en nous contre la pierre qui est le Christ.
DISCOURS SUR LE PSAUME CXXXVII.SERMON AU PEUPLE EN LÀ FÊTE DE SAINTE CRISPINE.GLOIRE A DIEU.
Le psaume est une confession, non des péchés, mais des louanges, comme celle de Jésus-Christ dans lEvangile ; et confesser Dieu de tout son coeur, cest lui offrir un holocauste de louanges, ou le sacrifice parfait, qui est le chant avec les anges, ou du ce bonheur spirituel que lon peut goûter ici-bas, même au milieu des tourments, qui est offert à Dieu dans son temple ou dans lâme, et dans les biens quil nous a procurés. Nous confesserons la miséricorde qui prend le pécheur en pitié, et nous incline vers les pauvres, et la vérité par laquelle Dieu accomplit ses promesses, et que nous devons exercer dans nos jugements. Dieu a glorifié son saint nom en choisissant la race dAbraham, doù est issu le Christ qui a envoyé les apôtres prêcher lEvangile. Hâtez-vous de mexaucer, dit le Prophète qui sait ce quil doit demander à Dieu, qui demande, comme Crispine, les biens éternels. Il demande en effet la multiplication, non de la famille, ni des richesses, mais de son âme. Les vices sont dans lâme, et le Prophète veut être multiplié en vertu. Rois de la terre, confessez Dieu : cest ce quils font chaque jour ; quils shumilient parce quils ont entendu les oracles des Ecritures, aujourdhui prêchées sur toute la terre, comme le figurait à Gédéon laire trempée de rosée. Quils chantent, non leur gloire, mais celle de Dieu; quils soient humbles, parce que Dieu regarde favorablement les humbles, et ne voit les orgueilleux que de loin ou en séloignant deux. Marcher dans la tribulation, cest marcher en cette vie qui est pleine de tribulations, et la vie éternelle est au prix de notre patience. La main de Dieu ou bien sappesantit sur nous à cause du péché, ou bien nous venge de ceux qui nous insultaient et dont plusieurs ont embrassé la foi; sa droite nous sauve, parce que sa droite est la place des bonnes oeuvres, tandis que la gauche est celle des biens dici-bas que Dieu naccorde pas toujours à ses élus. Seigneur, vous rendrez pour moi, cest-à-dire vous me vengerez de mes ennemis, ou vous payerez ma dette envers le Seigneur, car le Christ qui ne devait rien à payé pour nous. La miséricorde du Seigneur est pour léternité et non pour un temps : puisse-t-il ne pas mépriser louvrage de ses mains!
DISCOURS SUR LE PSAUME CXXXVIII.SERMON AU PEUPLE.LES BONS ET LES MÉCHANTS DANS LÉGLISE.
Le pain que nous devons manger à la sueur de notre front, cest le Christ, chef de lEglise tirée de sou coeur comme Eve du côté dAdam. De là vient que dans notre psaume et dans beaucoup dautres, cest le Christ qui parle, tantôt comme chef, tantôt au nom des membres. Sil appelle Dieu Seigneur, cest dans son humanité. Le Seigneur donc la connu quand il sest assis et quand il sest levé, cest-à-dire dans sa passion et dans sa résurrection, ou dans lhomme qui sabaisse par laveu, et sélève par lespérance. Dieu voit de loin nos pensées, quand nous sommes éloignés de lui par le péché, comme le prodigue loin de son père ; il voit nos sentiers et le terme de nos égarements, aussi nous afflige-t-il alla de nous rappeler à lui. Nous ne saurions le voir tel quil est ; il prenait une forme créée afin de parler à Moïse, qui le vit, mais seulement quand il lut passé, cest-à-dire en sa passion, comme tes Juifs, qui le virent sans reconnaître quil était Dieu. Seulement après quil fut passé, à la Pentecôte, Pierre leur dit ce quils devaient faire. Telle est la science de Dieu quil faut quil nous donne. En vain nous voulons le fuir, il est dans le ciel où nous nous élevons par la vertu, et dans labîme pour nous châtier, si nous y descendons par le péché. Allons aux extrémités de la mer, ou à la fin des siècles, avec les voiles de la charité, et Dieu nous conduira, autrement la fatigue nous ferait tomber dans la mer. Au milieu des scandales de cette vie, qui est la nuit, le Christ sera notre lumière ; nous retomberons dans les ténèbres par le péché, et en tes défendant nos ténèbres sobscurciront ; le Seigneur les éclaire par le châtiment, et quand nous reconnaissons que ce châtiment vient de Dieu. Job était dans la lumière du monde, ou dans la prospérité ; cétait une lumière dans la nuit, et alors il regarda les ténèbres ou le malheur du même oeil que la lumière ou la prospérité, parce que Dieu, sa lumière intérieure, était le maître de ses affections, et lavait reçu dès le sein de sa mère ou de Babylone qui met sa joie dans les prospérités temporelles, comme la synagogue dégénérée, figuier sans fruit. Pour nous, le mal cest le péché. La majesté de Dieu est terrible ; il nous a formé un os intérieur ou donné cette force de souffrir, et avec joie, que navaient point les Apôtres avant la passion. Nonobstant leur imperfection le Seigneur les maintint dans son livre ; ils ségarèrent pendant que le Sauveur était avec eux, puis revinrent à lui, saffermirent, et se multiplièrent. Alors les méchants suscitèrent des schismes en disant à dautres : Eloignez-vous de moi ; ou plutôt, ils séloignèrent de lEglise, sous prétexte quil y a des méchants. Mais être avec des méchants, ce nest point approuver leurs oeuvres ; je les hais dune haine parfaite, réprouvant les oeuvres, aimant les hommes, de même que Moïse frappait les coupables et priait pour eux. Que le Seigneur nous éprouve, et nous conduise dans la voie éternelle qui est le Christ.
DISCOURS SUR LE PSAUME CXXXIX.SERMON PRÊCHÉ AU PEUPLE DANS UNE ASSEMBLÉE DÉVÊQUES.LÉGLISE AU MILIEU DES MÉCHANTS.
Quiconque appartient au Christ doit soupirer après la justice, mais non se séparer des méchants dont le discernement nappartient quà Dieu. Aimons dans les méchants ce que Dieu a fait, haïssons ce quils font. « Pour la fin », ou pour le Christ fin de la loi, « à David », ou au Christ, fils de David selon la chair. Lhomme méchant dont linterlocuteur veut être délivré, cest le diable, appelé aussi lhomme ennemi ; cest encore lhomme vicieux qui se nuit à lui-même et aux autres par lexemple, homme que nous devons essayer de corriger. Il médite le crime, et moppose la guerre ou des projets que je dois combattre, il aiguise sa langue et a le venin du serpent dans ses paroles hypocrites; il cherche à supplanter mes démarches, cest-à-dire ou à marrêter dans la voie de Dieu, ou à men faire sortir. Leur opposer la prière. Les superbes ou suppôts de Satan cachent leurs pièges contre le juste, sefforçant de lentraîner, comme Satan entraîna lhomme. Au lieu de porter envie au juste, soyez justes, la volonté suffit. Ce piège de cordes tendu par les méchants, cest le péché ajouté à lui-même, fil par fil, non fil droit mais tordu ; piège tendu, e long des préceptes ; suivons ceux-ci, nous éviterons lautre. Le Prophète veut que le Seigneur écoute la voix, ou la vie de sa prière, et non un vain son. Il en appelle à Dieu contre les scandales, demande la véritable force qui le fera persévérer, lui donnera la résistance des martyrs, lui fera voir le piége. Ceux qui sont pris dans le cercle de lerreur tourneront sans fin, sépuiseront à mentir, seront exposés aux charbons ardents, qui consumeront les uns, rallumeront les autres. Ce grand parleur qui ne peut subsister, cest lhomme qui se jette au dehors, qui cherche loccasion de paraître ; aimons lintérieur, ninstruisons que par nécessité. Le mal qui sattaque à lhomme diniquité lui donne la mort, au juste il meurtrit la chair sans atteindre lâme. Le pauvre auquel Dieu fera justice est celui qui a faim et soif de la justice, et qui obtiendra lobjet de ses désirs ; les justes confesseront le nom du Seigneur, cest-à-dire quils nattribueront rien à leur propre justice, mais tout à la divine miséricorde, et à cause de leur justice, ils verront Dieu.
DISCOURS SUR LE PSAUME CXL.SERMON AU PEUPLE.LA CHARITÉ.Les vérités du salut sont répétées sous des formes variées pour les soustraire à lennui. Aimer Dieu et son prochain t rien de plus simple que ce précepte, qui renferme néanmoins la loi et les Prophètes, qui est tout le christianisme, qui vivifie, tandis que lamour des méchants est une glu qui les perd. Le Christ est la fin de la loi, et lobjet de la loi cest la charité émanant dun coeur pur, ce qui fait quelle nexiste point chez les méchants. Or, aimer le prochain selon Dieu, cest la vraie charité à laquelle se réduit tonte lEcriture, cest-à-dire au Christ qui parle dans notre psaume. Sil y a quelque chose qui puisse paraltre indigne de lui, cela sapplique à son corps qui lui est uni. Cest donc au nom de tous ses membres quil crie vers Dieu, surtout à son agonie, et que lEglise crie jusquà la fin du monde. Cette élévation des mains, comme le sacrifice du soir, cest la mort de Jésus sur la croix et vers le soir : il parlait alors au nom des hommes dont Dieu sétait éloigné à cause de leurs péchés. Si donc il parle des péchés, parce quil sen est fait la caution, qui dentre ses membres se croira sans péché ? Il veut à sa bouche non une barrière, mais une porte, afin de confesser ses fautes ; de ne point chercher à les défendre, comme ceux qui se justifient eux-mêmes, comme le Pharisien, moins juste que la pécheresse. Cette malheureuse accuse ses fautes et ne les rejette pas sur Dieu, comme tant dautres, comme les élus des Manichéens, qui rejettent leurs fautes sur la race ténébreuse, combinée avec la substance divine, doù la créature dont ils sont une portion. Dès lors le mal en eux vient de cette race, et eux sont innocents. Ils craignent douvrir la terre au moyen de la charrue, de peur de déchirer Dieu lui-même ; ils sont ainsi les sauveurs de Dieu. Le juste me réprimera dans sa miséricorde, cest-à-dire par charité, et je nécouterai point tes flatteries des pêcheurs, ma gloire sera dans le témoignage de ma conscience. Soyons sévères contre nous, afin que Dieu nous épargne, haïssons ce que nous avons mis en nous, et dès lors nous serons en partie justes parce que nous goûterons la loi de Dieu, et en partie pécheurs, parce que nous ressentirons dans nos membres la loi de la chair. Essayons de nous réformer à limage de Dieu ; châtions notre chair qui est pour nous comme une épouse, afin de la recevoir un jour purifiée et immortelle. Que les louanges des pécheurs ne nous amollissent point, bientôt ils se prendront à dire : Remettez-nous nos dettes. Cest là que tout homme doit en venir, en évitant dabord les fautes graves, puis les fautes journalières de la langue, puis enfin les imperfections dans b prière. Quant aux impies, que sont leurs sages comparés à la pierre ou au Christ, dont la parole prévaudra ; parole qui envoie les agneaux au milieu des loups, et ces agneaux sont morts à la suite de leur maître, et leur sang que lon méprisait a fécondé lEglise. Quant à ceux qui ont manqué de courage, comme Pierre, ils en appellent à Dieu, mais ne laccusent point et pleurent leur faute. Le Seigneur a prédit ces défaillances quand il a dit : Je suis seul jusquaprès mon passage, et après ce passage ou la Pâque, jattirerai toutes choses à moi ; car le grain de froment sera tombé en terre pour y mourir, et alors il portera son fruit.
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