PHILOMÈLE

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PHILOMÈLE.

PHILOMÈLE.

I.

II.

III.

IV.

V.

VI.

VII.

VIII.

 

I.

 

Philomèle, messagère des beaux jours, vous dont les chants délicieux réjouissent notre âme et nous annoncent que les pluies et les vents se sont enfuis, oiseau plein de prudence, je vous salue ; venez, venez à moi.

Venez, je vous en conjure, et je vous enverrai où il ne m'est point donné de diriger mes pas. Je vous enverrai adoucir , par vos accords, les chagrins d'un homme cher à mon coeur. La douceur de votre voix dissipera sa tristesse. Hélas ! à cette heure ma parole est impuissante sur son âme.

Allez donc, pieuse messagère, suppléez ma faiblesse. Saluez avec amour celui que j'aime uniquement ; annoncez-lui que mon coeur soupire sans cesse après le jour où il me sera permis de goûter sa présence.

Si quelqu'un veut savoir pourquoi je vous ai choisie pour être mon envoyé, répondez-lui que j'ai reconnu en vous certaines qualités tout-à-fait conformes à la divine loi, et que je sais être agréables au Roi suprême pour le but que je veux atteindre.

Ainsi, mon Bien-Aimé, prêtez une oreille attentive; et, si les chants de cet oiseau trouvent un souvenir en

 

 

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votre âme, vous pourrez, en marchant sur ses traces, instruit par l'Esprit-Saint, faire entendre des accords tout célestes.

J'ai lu de cet oiseau qu'aux approches de la mort il se repose sur un arbre, et que, dès le lever du jour, dressant sa tête, il se répand tout entier en chants les plus variés.

Il prévient l'aurore de ses plus doux accents. Mais lorsque le soleil lance ses premiers rayons, sa voix devient bruyante, sa douceur s'accroît, et dans ses chants, il ne connaît plus de repos. A la troisième heure, il semble ignorer toute mesure, car la joie de son coeur va toujours en s'augmentant. Sa poitrine semble prête à se rompre sous ses efforts, sa voix grandit d'un moment à l'autre, et, plus ses accents retentissent avec force, plus son ardeur s'enflamme.

Mais lorsqu'au milieu du jour le soleil lance ses rayons les plus brûlants, l'excès de ses cris brise son faible corps. Allons! allons! chante-t-il en son langage; et il tombe épuisé sous le poids de ses fatigues. Sa voix, ainsi éteinte, il palpite et agite encore son bec, alors qu'il conserve à peine un souffle inanimé. Enfin, à la neuvième heure, toute vie l'abandonne, tout son corps s'affaisse sous l'action de la mort.

 

II.

 

Voilà, mon Bien-Aimé, en quelques mots, l'histoire de cet oiseau. Mais, si vous vous rappelez bien mes premières paroles, vous saurez que ces chants nous offrent une figure excellente de la loi de Jésus-Christ

 

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Philomèle, c'est l'âme pleine de vertus et d'amour. Alors que par la pensée elle parcourt sa belle et délicieuse patrie, elle fait entendre des chants vraiment délectables.

Pour accroître sa sainte espérance, un jour mystique est offert à ses yeux, et les heures de ce jour, ce sont les bienfaits que la main de Dieu ne cesse de répandre sur l'homme.

Le matin, ou le point du jour, c'est le moment où il sort merveilleusement des mains de son Créateur. La première heure, c'est l'instant où Dieu s'est incarné, et la troisième, le temps que dura son pèlerinage au milieu de nous.

La sixième, c'est le jour où il se livra aux impies, où il voulut être lié, conduit avec violence, flagellé, conspué, être livré à des tourments cruels, être crucifié, percé de clous, où il soumit sa tête vénérable à une couronne d'épines.

La neuvième, c'est lorsqu'il meurt après avoir accompli le cours de ses combats, après avoir surmonté le démon et jeté l'effroi dans son empire. Et le soir, c'est le moment où le Seigneur fut enseveli et mis dans le tombeau.

 

III.

 

L'âme, méditant dans le secret ce jour bienheureux, en fait le ternie de sa mort spirituelle ; et elle monte sur la croix où le Lion indomptable a vaincu son ennemi et brisé les portes de la mort.

Là, sans tarder, elle élève vers le ciel les accents de son coeur, et reporte ses chants à l'aurore de sa vie.

 

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Elle loue, elle glorifie son Dieu; elle rappelle combien il fut admirable au jour où il lui donna l'être.

« O pieux Créateur, lui dit-elle, vous m'avez montré, lorsque vous me tirâtes du néant, combien abondant était votre amour. Dès ce jour, vous avez pensé à faire gratuitement participante de votre gloire celle que vous avez aimée lorsqu'elle ne pouvait répondre à votre amour.

« Oh! combien ineffable est la dignité que j'ai reçue de vous, alors que l'image du Seigneur a été imprimée en moi ! Mais de quelle magnificence n'eût-elle point été accrue, si je n'eusse violé les ordres de mon Dieu!

« Vous vouliez, ô Charité suprême ! m'unir inséparablement à vous, établir ma demeure au milieu des célestes délices, me fixer en votre présence ; vous vouliez me nourrir et m'instruire comme votre fille bien-aimée.

« Vous aviez arrêté, dès-lors, de m'unir aux saintes armées de votre cour, et de vous donner vous-même à moi. Mais comment pourrai-je reconnaître un si grand bienfait? Je n'en sais rien, si ce n'est en vous aimant.

« O unique suavité, douceur unique, salutaire ravisseur des coeurs qui vous aiment ! tout ce que je possède, tout ce que je suis, je vous le donne ; à vous je confie mon dépôt tout entier. »

Allons ! allons ! tel est le chant d'un coeur qui trouve sa joie dans les peines. Il confesse qu'il mérite d'être aimé d'un amour sans mélange de sa créature, celui qui l'a créée avec autant d'amour, celui qui l'environne de soins aussi persévérants.

 

IV.

 

Ainsi, en méditant, l'âme passe les premiers instants du jour; mais ensuite, se reportant à la première heure, elle exalte sa voix, en repassant pieusement en sa pensée ce temps de salut où le Seigneur, caché sous les voiles de la chair, a paru parmi nous.

Alors elle se fond tout entière d'amour; elle est saisie d'effroi en contemplant l'Auteur de toute créature devenu petit enfant , vagissant comme les autres enfants des hommes et s'employant à guérir nos anciennes misères.

Elle pleure donc et s'écrie : « O source de tendresse ! Qui vous a revêtu des lambeaux d'une pauvreté si dure? Qui vous a porté à vous donner ainsi sans mérite aucun de notre part? Ah! c'est la violence de votre amour, c'est l'ardeur de votre charité. Oui, il a été véhément ce zèle, elle a été brûlante cette ardeur. Le Roi des Cieux a été vaincu par sa puissance; il a été son captif ; vaincu et enchaîné par ses liens sacrés, il a été revêtu des baillons d'un pauvre enfant.

« O doux petit Enfant l Enfant sans égal ! Heureux celui à qui il fut donné alors de vous serrer dans ses bras, de baiser vos mains et vos pieds, de consoler vos larmes, et de demeurer sans cesse appliqué à vous servir!

« Hélas ! pourquoi ne m'a-t-il point été permis de calmer les vagissements de cet Enfant et de mêler mes pleurs aux siens? Que n'ai-je pu réchauffer

 

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ses membres délicats et me tenir toujours vigilant à son berceau?

« Non, je le crois, ce tendre Enfant n'eût point dédaigné des soins semblables, et même il y eût souri comme un enfant a coutume de le faire ; il eût pleuré , en voyant un pauvre pécheur verser des larmes, et il eût aisément pardonné son péché.

« Heureux celui qui alors eût pu mériter de servir son admirable Mère, et obtenu, par ses ardentes prières, qu'elle voulût bien, au moins une fois le jour, offrir son doux Enfant à ses baisers et à ses caresses l «

« Oh ! avec quel bonheur j'eusse préparé le bain qui devait le rafraîchir! Avec quel empressement j'eusse apporté l'eau qui devait servir à ses besoins ! Avec quelle ardeur je fusse venu en aide à la Vierge, et qu'il m'eût été doux de laver, de mes mains, les langes destinés à vêtir ce pauvre Enfant ! »

Quand l'âme est saintement pénétrée de ces pensées, elle soupire après la pauvreté, après une nourriture vile et des vêtements sans éclat ; le travail se change pour elle en délices, et tout ce que le siècle exalte, elle le déclare un néant.

Ainsi, en repassant en sa mémoire l'enfance de jésus, elle dit avec amour les chants de la première heure, et elle passe à la troisième en se rappelant combien, pour instruire, les hommes, le Seigneur a souffert.

 

V.

 

Alors elle repasse en pleurant ses travaux, la soif, la faim, le froid, les brûlantes chaleurs, les soeurs

 

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abondantes, et tout ce que son amour à daigné souffrir pour les pécheurs, tandis qu'il s'efforçait de mettre un terme à leurs désordres.

Et la voix toute gonflée des soupirs de l'amour : « Allons ! allons! » s'écrie cet oiseau bienheureux, enflammé du désir de mourir au monde dont la voie est large, et ne trouvant,dans le siècle qu'exhalaisons fétides, tant sa pureté est grande.

« O Seigneur ! dit cette âme, vous faites donc entendre votre voix; ô doux prédicateur, refuge des exilés, vous qui aimez les pauvres, vous le tendre consolateur des coeurs pénitents , après vous doivent courir et le juste et le pécheur.

« Vous êtes la règle du juste, vous êtes l'enseignement de sa vie ; vous êtes le miroir du pécheur et la règle admirable qu'il doit embrasser; vous êtes le baume efficace qui ranime les faibles et ceux que la fatigue accable; vous êtes la médecine salutaire qui rend la santé aux malades et la vie à ceux qui languissent.

« C'est vous qui, le premier sur la terre, avez établi une école d'amour, vous qui avez enseigné à ne chercher que la gloire de Dieu, à déposer le fardeau pesant du inonde, et à revêtir ainsi la robe d'innocence si longtemps perdue.

«  Et le monde insensé méprisait vos enseignements divins; il s'en faisait un jeu, et réduisait ainsi vos promesses au néant; et cependant votre bonté ne proférait aucune parole de vengeance ; elle pardonnait sans réserve à celui qui se repentait.

 

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« C'est qu'il était naturel à votre coeur de se laisser toucher. Vous désiriez inspirer l'amour et non la crainte, vous faisiez entendre votre voix, et jamais vous ne montriez la verge qui châtie, car vous ne vouliez point qu'on vous redoutât comme un maître sévère.

«  Elle a reconnu, celle qui fut surprise dans le crime, combien immense est votre charité. Madeleine aussi en fit l'épreuve, lorsque ses fautes lui furent remises et qu'une grâce abondante vint inonder son âme.

«  Que dirai-je de plus? Pourquoi énumérer tous ceux qui s'empressèrent de suivre ses paroles? Tous ont vu leurs crimes pardonnés ; tous ont senti une vie nouvelle les animer; tous se sont trouvés à l'abri des embûches d'un ennemi jaloux.

« Heureux celui à qui fut donné de vivre en tout temps sous un tel Maître, de se nourrir du miel sacré que répandaient ses lèvres, miel dont la douceur rend tout le reste amer et repoussant! »

Ainsi, l'esprit, en méditant ces merveilles et tant d'autres que je passe sous silence, se prépare à rendre grâces au Seigneur. Il s'enflamme à chanter ses louanges, et termine de la sorte le chant de la troisième heure.

Allons ! allons ! s'écrie l'âme à ce moment; versant des larmes abondantes sur son exil, elle loue et glorifie de toutes ses forces Jésus qui, pour elle, a daigné tant souffrir. En cette heure, elle semble comme enivrée; mais au milieu du jour, lorsque la chaleur devient plus

 

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intense, afin de ressentir plus vivement l'aiguillon de l'amour, elle tourne ses pensées vers la Passion du Sauveur.

 

VI.

 

Arrosée de ses larmes, elle fixe ses regards sur le tendre Agneau, sur cet Agneau sans tache, couronné d'épines, meurtri de blessures, percé de clous , et tout couvert du sang que le fer a fait jaillir de son côté. Alors, cette âme sainte se lamente et s'écrie : « Hélas! hélas ! hélas! infortunée ! le visage décoloré de Jésus mourant sur la croix, ses yeux languissants m'ont plongée dans l'angoisse.

« Convenait-il donc, ô Agneau miséricordieux ! convenait-il qu'une mort semblable devînt votre partage? Mais c'est ainsi que vous aviez arrêté de vaincre notre ennemi pervers, et tout s'est accompli pour nous donner une preuve de votre amour.

« Oui ! toutes ses souffrances sont des signes d'amour. Il a uni les dernières aux premières, il a joint ce qu'il y avait le plus élevé à ce qu'il y avait de plus faible ; et, en mourant de la sorte, en répandant votre sang par tant d'ouvertures à la fois, vous nous avez montré, Seigneur, que nous sommes vraiment semblable à l'animal privé de raison.

« Vous êtes pour nous un ami nouveau; vous êtes un vin nouveau ; c'est ainsi que le sage vous appelle, et c'est avec justice ; car de toute votre personne il sort un parfum qui ravit, et vous rompez sans crainte le vaisseau de votre chair, sans égard pour sa beauté.

« Qu'en présence de tels signes d'amour, le pécheur,

 

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touché de repentir, croie donc que c'est sans réserve que Jésus se donne à lui. Pour moi, j'aurai présents ces prodiges, afin que Satan n'ait sur moi aucun empire, car rien ne dissipe aussi promptement les attaques emportées du péché.

«  Je nourris mes pensées de ces merveilles d'amour, et je m'écrie : hélas ! hélas ô doux Jésus ! Je soupire, car je sens mon coeur sans amour, et cependant je voudrais le voir enchaîné des liens de votre loi, comme vous le fûtes vous-même des liens de la charité.

«  Oh ! quel piége cette charité vous tendit, lorsqu’elle vous pressa de mourir pour l'homme ! Mais une proie délicieuse en dérobait l'amertume : les âmes arrachées à l'enfer au prix de votre mort, tel était l'appât qui s'offrait à vos yeux.

«  Sans doute, votre regard avait pénétré les peines ainsi cachées, mais leur violence vous laissait sans effroi, ou plutôt, vous trouviez du bonheur à les embrasser sans détour; l'appât qu'on vous offrait ravissait tendrement votre coeur.

«  Ainsi, pour moi, infortunée , l'objet de votre amour, vous avez, de plein gré, heurté l'aiguillon de la mort, alors que vous vous offrîtes, victime pure et sans tache, à votre Père, et que vous lavâtes dans votre sang les souillures qui me déshonoraient.

«  Qui donc pourra s'étonner si, à cause de vous, je me répands en soupirs, puisque, sans mérite aucun de ma part, je me trouve unie à un époux si jaloux de ma félicité ? Oui ! vous allumez mon amour d'une

 

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manière ineffable, en terminant pour moi votre vie en des tourments aussi cruels.

«  Mais déjà ce ne sont plus des soupirs que mon cour doit enfanter ; je dois, comme Job, en ma douleur déchirer mon front. Je dois me préparer une retraite dans les profondeurs de votre côte, et là, exhaler le dernier souffle de ma vie.

« Si je ne meurs avec vous, je ne goûterai point le repos. Allons! allons ! m'écrierai-je sans jamais m'arrêter. Non, je ne modérerai point l'ardeur d'un tel désir, quand je devrais encourir tous les mépris du monde.

«  Maintenant que mes cris accusent ma folie, que vos bourreaux viennent donc, Seigneur, et qu'ils m'attachent, malgré ma misère, à votre Croix. Alors la mort sera pour moi pleine de douceur ; car, en mourant ainsi, je vous presserai dans mes bras.

«  Non , l'excès de douleur qui transperce mon coeur à chaque instant du jour, ne pourra jamais s'adoucir, si vous, source abondante d'ivresse, ne venez vous-même me guérir.

«  Vous êtes vraiment un médecin plein de tendresse; jamais vous ne tranchez douloureusement, mais vous tirez sans violence et vous rejetez au loin le vice qui souillait notre coeur. Ceux que vous vous unissez par un lien d'amour indissoluble, vous les inondez toujours de vos dons les plus doux. « Oh ! dans quel aveuglement misérable le monde demeure plongé, alors que, blessé cruellement des coups de son ennemi, il s'éloigne d'un semblable

 

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médecin, qui, toujours prêt, offre avec douceur son côté ouvert pour guérir toute langueur !

« O homme ! pourquoi ne conservez-vous pas précieusement en votre pensée les bienfaits de la Passion de Jésus? C'est par elle que les liens du larron se sont brisés; par elle que le Seigneur vous a enrichi des biens les plus magnifiques.

«  C'est par elle qu'il a nourri votre faiblesse de son corps, par elle qu'il vous a fait un bain de son sang; par elle qu'il a dépouillé à vos. regards son cour plein de tendresse, afin qu'ainsi, vous puissiez connaître combien il vous avait aimé.

«  Oh ! qu'il est doux ce bain ! Qu'elle est suave cette nourriture qui ouvre les cieux à celui qui la prend dignement ! Celui que vous nourrissez ainsi, mon Dieu! nul travail ne lui pèse. Il n'y a que le coeur sans vertu à qui vous soyez en dégoût.

En effet, jamais l'homme engourdi dans la paresse ne s'est demandé pourquoi Jésus lui a montré son coeur si plein d'amour. Il n'a point vu que, placé sur la croix, c'est un lit de repos que le Seigneur est venu lui offrir.

Mais toutes les fois que cette couche sacrée apparaît à l'âme sainte, elle s'y attache avec ardeur, de même que l'aigle s'attache à la proie qui s'est offerte à son regard.

Et ensuite, cette âme s'écrie, comme hors d'elle même : « O douce couche ! ô chair ensanglantée en tant d'endroits à cause de ma misère ! pourquoi n'ai-je point été transpercée avec vous? Pourquoi n'ai-je