TROISIÈME SÉRIE. LETTRES CXXIV - CCXXXI LETTRES ÉCRITES DEPUIS L'ANNÉE DE LA CONFÉRENCE DE CARTHAGE, EN 411, JUSQU'À SA MORT, EN 450.
Albine , Pinien et Mélanie désiraient voir saint Augustin et s'étaient rendus en Afrique; nous ignorons quels motifs les avaient d'abord empêchés d'aller à Hippone; c'est à Thagaste, la cité natale du grand évêque, que ces pieux personnages avaient passé l'hiver Saint Augustin écrit à ces illustres chrétiens de Rome pour leur expliquer comment il a été obligé de rester tout l'hiver sans aller les visiter. Son peuple d'Hippone était en proie aux tribulations; le pasteur ne pouvait pas se séparer du troupeau.
Nous avons raconté, dans l'Histoire de saint Augustin (2), comment Pinien, s'étant rendu à Hippone et assistant à la célébration des saints mystères, fut surpris par les acclamations du peuple qui demanda de l'avoir pour prêtre et sollicita son ordination. Cette sorte de violence à l'égard de Pinien déplut à sa famille et devint une grande affaire. L'évêque Alype avait été présent aux scènes bruyantes du peuple d'Hippone; on l'accusait de vouloir garder pour son église de Thagaste l'illustre et riche Romain. Cette affaire donna à saint Augustin bien du souci ; voici une lettre qu'il écrivit à cette occasion à son cher et vénérable collègue de Thagaste. On y trouve un grand sentiment des devoirs chrétiens et surtout des, devoirs des
évêques, On y remarquera aussi la fermeté de la doctrine de saint Augustin sur le serment.
Saint Augustin raconte comment l'affaire de Pinien s'est passée dans l'église d'Hippone ; il venge son peuple d'injustes soupçons, et comme les plaintes d'Albine n'avaient pas épargné le saint évêque, il parle de lui avec une simplicité très- belle et une attachante humilité. sa doctrine sur le serment se produisit de nouveau dans cette lettre avec inflexibilité.
Un illustre personnage, Armeutarius, et sa femme, Pauline, qu'il ne faut pas confondre avec la sainte dame Pauline, épouse de Pammaque et louée par saint Jérôme, avaient fait voeu de continence; c'étaient des amis de saint Augustin; en apprenant ce voeu, l'évêque d'Hippone écrivit la lettre suivante à Armentarius et à Pauline pour les fortifier dans leur résolution. Le monde retentissait alors de la chute de Rome et des ravages des Barbares; saint Augustin, sous les coups de ces vastes malheurs, fait remarquer que la vie humaine a perdu de son charme et que les joies du temps sont devenues trop peu de chose pour qu'on n'en fasse pas aisément le sacrifice à Dieu. On trouve dans cette lettre des pensées ingénieuses et profondes sur notre passage ici-bas.
La lettre suivante, rédigée par saint Augustin, fut adressée au nom des évêques catholiques de l'Afrique au tribun Marcellin, chargé de présider la conférence de Carthage du 1er juin 411, convoquée au nom de l'empereur Honorius. On peut voir dans notre Histoire de saint Augustin un récit complet de cette conférence d'où lon avait espéré que sortirait la paix de l'Église d'Afrique. Cette lettre était, de la part des catholiques, comme l'acceptation des conditions et des règlements de l'assemblée; en tête figurait le nom d'Aurèle, évêque de Carthage, et le nom de Sylvain, primat de Numidie, qui se trouvait. le plus ancien d'ordination. Les évêques catholiques offraient de renoncer à leurs sièges si les donatistes parvenaient à prouver qu'ils eussent raison; ils consentaient à ce que les évêques de ce parti, s'ils étaient vaincus, gardassent leur dignité en rentrant dans l'unité de l'Église. Ces offres généreuses sont un beau souvenir pour l'Église d'Afrique.
Marcellin avait pensé qu'un petit nombre d'évêques choisis de part et d'autre par leurs collègues suffiraient pour une sérieuse et sincère discussion dans la conférence; mais les évêques donatistes demandèrent à y être tous présents. Les catholiques écrivirent à ce sujet à Marcellin; saint Augustin rédigea la lettre; elle va au fond de la question; elle est très-habile, très-forte : c'est une argumentation directe et sans réplique.
Cette belle lettre forme comme un livre sur la prière; elle est adressée à une veuve romaine, d'un sang illustre, qui avait été femme de Probus, préfet du prétoire et consul; elle était aïeule de Démétrias à qui saint Jérôme écrivit une lettre célèbre sur la virginité, et belle-mère de Juliana qui eut Démétrias pour fille. Proba,surnommée Faltonie, s'était retirée en Afrique après le sac de Rome. Saint Jérôme s'exprime ainsi sur laïeule de la jeune vierge romaine : « Proba, ce nom plus illustre que toute dignité et que toute noblesse dans l'univers romain; à Proba qui, par sa sainteté et sa bonté envers tous, s'est rendue vénérable aux Barbares mêmes, et qui s'est peu inquiétée des consulats ordinaires de ses trois fils, Probinus, Olybrius et Probus; cette femme, pendant que tout est esclave à Rome au milieu de l'incendie et de la dévastation, vend, dit-on, en ce moment, les biens qu'elle tient de ses pères, et se fait, avec l'unique Mammone, des amis qui puissent la recevoir
dans les tabernacles éternels. » Voilà ce qu'était la veuve à laquelle saint Augustin parle de la prière avec tant d'âme, de charme et d'élévation. Les gens du monde et surtout les riches de la terre qui ont le goût de la vie chrétienne ne peuvent rien lire de meilleur et de plus nourrissant que cet écrit de l'évêque d'Hippone.
Les lettres des dames romaines qui avaient l'honneur de correspondre avec saint Augustin auraient été bien intéressantes pour nous, comme étude religieuse et comme étude littéraire; leur perte est regrettable. La petite lettre qu'on va lire est une réponse à Proba; elle nous donne une idée des sentiments élevés qui s'échangeaient entre l'évêque et l'illustre veuve.
Volusien, à qui cette lettre est adressée, avait rempli les fonctions de proconsul en Afrique; il était frère d'Albine dont nous avons eu occasion de parler, mais n'appartenait pas encore à la
religion chrétienne; saint Augustin l'engage à lire l'Ecriture sainte et à lui faire part des difficultés et des doutes qui pourront l'arrêter. Nolusien ne se fit chrétien qu'aux approches de la mort.
L'ignorance ou la mauvaise foi des ennemis de l'Eglise ne s'est pas lassée de travestir saint Augustin en persécuteur acharné; la lettre suivante est un des nombreux témoignages de la douceur de l'évêque d'Hippone et de la douceur du génie catholique. on remarquera avec quelle autorité l'évêque parle de miséricorde à un grand personnage de l'empire.
Voici la lettre au proconsul; on admirera le même esprit de douceur à l'égard des coupables, et l'on remarquera, comme dans la précédente lettre, le ton d'autorité épiscopale.
On se rappelle en quels termes l'évêque d'Hippone engageait Volusien à faire connaissance avec nos saintes Écritures ; celui-ci ne communique pas encore à saint Augustin le résultat de ses propres études religieuses, mais il lui rend compte d'une conversation entre amis où l'on avait touché à des sujets divers, et lui soumet des doutes exprimés par l'un d'eux sur le christianisme. Cette lettre est curieuse ; on y voit comment saint Augustin était jugé de ses contemporains. Nous avons dit que Volusien était encore païen.
Marcellin, qui avait à coeur ta conversion de Volusien au christianisme, prie saint Augustin de répondre aux difficultés proposées par son ami; il ajoute d'autres difficultés qu'il savait occuper lesprit de Volusien.
On lira avec profit et admiration cette célèbre lettre où l'évêque d'Hippone répond aux objections que Volusien lui avait soumises; rien de plus fort, de plus profond que cette manière de rendre raison d'un grand mystère. Cette lettre à Volusien, où une vive éloquence accompagne toujours la pénétrante originalité de la pensée, où tout est si serré et si plein, si animé et si frappant, est le plus beau rayon de lumière qui ait été jeté sur le mystère de l'incarnation.
Ceci est la réponse aux questions que Marcellin avait cru utile de soumettre à l'évêque d'Hippone; il s'agit de montrer comment Dieu, malgré son immutabilité, a pu substituer à la loi ancienne une loi nouvelle. Il s'agit aussi de faire justice des accusations portées contre le christianisme au nom de la conservation et des intérêts des Etats; ces accusations se sont renouvelées dans le dix-huitième siècle et surtout sous la plume de Rousseau ; elles ne subsistent pas longtemps devant la raison éloquente de saint Augustin.
On remarquera dans cette lettre les efforts de saint Augustin pour arracher au glaive de la loi les donatistes coupables, et l'on verra aussi de quel poids d'affaires était constamment écrasée la vie de l'évêque d'Hippone.
Un habitant de Carthage, nommé Honoré, mais dont nous ne connaissons pas la vie et que saint Augustin comptait au nombre de ses amis, avait adressé cinq questions au grand évêque, le priant de vouloir bien lui répondre par écrit ; voici la réponse de l'évêque d'Hippone qui a l'étendue d'un livre ; l'examen des cinq questions s'y déroule avec un admirable enchaînement; saint Augustin y avait ajouté une sixième question sur la grâce pour mieux faire comprendre toute l'économie du christianisme, et pour prémunir contre la propagande pélagienne. Il commente dans cette lettre le fameux psaume prophétique dont Jésus. Christ, sur la croix, prononça le premier verset. Avant de lire la lettre à Honoré, on ferait bien de voir ce que nous avons dit
sur le pélagianisme dans le XXIXe chapitre de l'Histoire de saint Augustin. Honoré n'était pas encore chrétien; saint Augustin avait besoin de lui expliquer toutes choses et de revenir souvent sur les mêmes idées et les mêmes détails ; voilà la raison des longueurs et des répétitions qu'on rencontre parfois dans cette lettre ; mais la lumière n'en jaillit que plus vivement.
Après la conférence de Carthage, en 411, où les donatistes furent si solennellement condamnés, beaucoup d'évêques du parti vaincu firent courir le bruit que les évêques catholiques avaient gagné à prix d'argent Marcellin, le président et le juge de la conférence. II importait de ne pas laisser sans réponse ces menteuses accusations. Le 14 juin 412, des évêques catholiques, réunis en concile à Zerta en Numidie, adressèrent aux donatistes une lettre qui établissait la vérité et rappelait l'ensemble des actes de la conférence. Saint Augustin nous apprend lui-même que cette lettre synodique fut son ouvrage.
Les efforts de saint Augustin en faveur de l'unité n'étaient pas stériles ; il avait de douces paroles pour les donatistes ramenés à la foi catholique; voici ce qu'il écrivait à des ecclésiastiques revenus à la vérité.
La première partie de cette lettre renferme d'admirables leçons de modestie dont tous ceux qui écrivent doivent profiter. Le reste est consacré à l'examens ou plutôt à l'exposition des opinions diverses sur l'origine de l'âme. Saint Augustin n'a jamais voulu prendre parti dans cette difficile question.
Les persistants efforts de saint Augustin avaient converti à l'unité catholique la population de Cirta ou Constantine; les principaux de cette ville écrivirent à l'évêque d'Hippone pour le lui annoncer et pour l'engager à les visiter et à jouir sur les lieux de son oeuvre de paix. On va voir avec quel sentiment chrétien saint Augustin leur répond; il ne perd pas cette occasion, de faire toucher du doigt la vérité aux donatistes non encore ramenés à l'unité.
Saint Augustin, dont la vie est sans repos, parie du repos sur la terre et des charmes puissants du monde; il établit que ce n'est pas la crainte mais l'amour de la justice qui doit nous exciter à fuir le mal ; en peu de lignes précises et fortes, il met en garde contre la naissante doctrine des pélagiens.
Pélage, au concile de Diospolis, en 415, chercha à tirer parti d'une lettre de saint Augustin à son adresse ; voici cette petite lettre de simple politesse que l'évêque d'Hippone a rapportée dans son livre des Gestes de Pélage et dont pas un mot ne pouvait autoriser les doctrines du moine breton.
Cette lettre, adressée à une femme dont nous avons déjà prononcé le nom, et la lettre suivante adressée à Fortunatien, évêque de Sicca, ont pour but d'établir que Dieu ne peut être vu des yeux du corps, et que la vue de Dieu dans la vie future est réservée à ceux qui auront le cur pur. Saint Augustin, dans le deuxième livre de la Revue de ses ouvrages, chap. XII, mentionne la lettre à Pauline qui a l'étendue d'un livre, et fait observer qu'il n'y a pas traité la question de savoir si, après la résurrection de la fin des temps, Dieu pourra être vu des yeux du corps spirituel. « Mais, ajoute l'évêque d'Hippone, je crois avoir suffisamment éclairci cette question si difficile dans le dernier livre, c'est-à-dire dans le vingt-deuxième livre de la Cité de Dieu. » Saint Augustin, dans la Revue, mentionne aussi sa lettre à Fortunatien qu'il appelle un mémoire, mais sans en faire le sujet d'aucune remarque. La lettre à Pauline, indépendamment de sa valeur théologique, est un long effort du génie pour franchir le monde des corps et s'élever dans le monde de l'âme; les principes de la métaphysique chrétienne sont là. Le témoignage du sens intime se trouve invoque dans cet écrit comme motif de certitude. Plus d'une fois saint Augustin se répète, évidemment pour se faire comprendre d'une femme, et, à plus de quatorze siècles de distance, nous avons une grande considération pour cette Pauline, que l'évêque d'Hippone jugea digne de recevoir communication de ses pensées sur un sujet aussi difficile c'est un grand exemple pour les femmes chrétiennes de notre temps.
Fortunatien fut un des sept évêques catholiques choisis pour soutenir la dispute contre les donatistes dans la conférence de Carthage. Saint Augustin le prie en des termes à la fois humbles, doux et charmants, de lui obtenir son pardon d'un collègue qui avait été blessé de quelques passages de la lettre à Pauline , où l'anthropomorphisme est vivement et sévèrement condamné. L'évêque d'Hippone traite de nouveau de la nature de Dieu, de son invisibilité, de l'état futur des corps après la résurrection, et rappelle que, selon la parole du Christ, la vue de Dieu est réservée À ceux qui ont le coeur pur.
Cette réponse, au saint évêque de Nole, entièrement consacrée à l'explication de plusieurs passages de l'Ecriture, intéresse les ecclésiastiques beaucoup plus que les gens du monde; toutefois elle renferme de temps en temps des pensées qui vous font pénétrer dans les entrailles mêmes du christianisme; lespoir de rencontrer de tels rayons de lumière mérite qu'on brave laridité de certains commentaires.
Dans le XVIe chapitre de l'Histoire de saint Augustin, nous avons eu occasion de parler de Démétrias, cette jeune romain d'un sang illustre, qui fit voeu de virginité à Carthage; ce fût comme un grand événement dont l'Italie , l'Afrique et l'Orient retentirent. Juliana et Proba l'annoncèrent à l'évêque dHippone qui n'avait pas été étranger à la pieuse résolution à la jeune romaine. Voici la réponse; que leur adressa saint Augustin.
La mort de Marcellin et de son frère Apringius, qui avait été proconsul d'Afrique , fut un grand crime ; nous en avons raconté les détails dans l'Histoire de saint Augustin, chap. XV. Marin, vainqueur du rebelle Héraclien pour le compte d'Honorius, arrivé à Carthage avec toute l'autorité que lui donnaient sa mission et ses succès, traita l'illustre et pieux Marcellin comme un ennemi de l'empereur et se montra aussi rusé qu'impitoyable. L'histoire accuse Cécilien, ancien Préfet d'Italie, d'avoir été le complice du comte Marin ; il gardait des rancunes contre Marcellin et son frère. La rumeur contemporaine a pleinement autorisé ce soupçon. La lettre qu'on va lire a toute la valeur d'une pièce historique, relativement au meurtre odieux de l'ancien président de la conférence de Carthage. Cécilien, à qui saint Augustin avait cessé d'écrire , s'était plaint à l'évêque d'Hippone de son silence ; le grand et saint homme, dans sa réponse, dit qu'il n'est pas du nombre de ceux qui croient à la culpabilité de Cécilien, mais sa façon de lui rappeler des souvenirs et de lui poser des questions laisse autour de Cécilien bien des ombres. Un passage de la fin de cette lettre nous apprend que Cécilien n'était encore que catéchumène.
Macédonius, vicaire d'Afrique, à qui saint Augustin s'était plus d'une fois adressé en faveur des gens coupables , lui demande de vouloir bien lui donner les raisons chrétiennes de l'intercession épiscopale auprès des hommes revêtus du pouvoir.
Saint Augustin, répondant à Macédonius, expose toute la pensée de notre religion sur la punition des crimes; cette lettre mérite d'être lue et relue par tous ceux qui sont chargés de la justice humaine en ce monde. Elle fait aussi beaucoup penser à la question de la peine de mort dans les sociétés chrétiennes. Cette lettre qui va au fond de tant de choses est un monument du génie miséricordieux de l'Évangile.
Le vicaire d'Afrique exprime à saint Augustin ses sentiments de respectueuse admiration ; il avait reçu et tu les trois premiers livres de la Cité de Dieu.
Toutes les beautés de la philosophie chrétienne se trouvent dans cette lettre où saint Augustin entretient Macédonius des conditions de la vie heureuse et des devoirs de ceux qui sont à la tête des peuples. Cette lettre est pleine de choses admirables; elle établit les fondements de la politique chrétienne.
Un pieux et docte laïque de Syracuse , nommé Hilaire , le même peut-être dont nous retrouverons une lettre sous là date de 429, adresse à saint Augustin d'importantes questions.
La réponse à Hilaire est célèbre; saint Jérôme l'appelle ai livre. Orose lut cette lettre dans l'assemblée de Jérusalem ai se trouvait Pélage, à la fin de juin 440 ; elle fut lue aussi dans la réunion de Diospolis ou Lydda , au mois de décembre de la même année (voir lHistoire de saint Augustin, chap. XVIII). L'évêque d'Hippone établit la doctrine de la gràce contre lea naissantes erreurs des Pélagiens qu'il désigne sans les nommer; il établit aussi la vérité de l'enseignement chrétien relativement aux riches.
Evode, évêque d'Uzale, un des plus anciens et des meilleurs amis de saint Augustin, était un esprit curieux qui ne manquait ni de vigueur ni de pénétration ; les recherches métaphysiques avaient pour lui un attrait particulier. Après avoir raconté la mort touchante d'un pieux adolescent, Evode interroge saint Augustin sur les apparitions des morts dans les songes et sur l'état de l'âme après qu'elle est séparée du corps. Il ne lui semble pas que l'âme, par-delà cette vie, puisse subsister sans être unie à un corps quelconque.
Saint Augustin répond avec réserve aux questions d'Evode il cite lui-même une vision curieuse et instructive d'un célèbre médecin de son temps, appelé Gennadius. Il renvoie Evode au XIIe livre de son ouvrage sur la Genèse.
Questions d'Evode sur la raison et sur Dieu.
Evode soumet à saint Augustin deux difficultés tirées, l'une de la lettre CXXXVII à Volusien, l'autre de la lettre XCII à Italica : la première de ces difficultés est relative à l'incarnation de Jésus-Christ; la seconde à la question de savoir si on peul voir Dieu, même avec les yeux d'un corps glorifié.
Saint Augustin se plaint d'être interrompu dans ses travaux par les questions nouvelles qui lui sont continuellement adressées; il lui faudrait du temps pour résoudre convenablement tant de difficultés , car ses lettres tombent en beaucoup de mains. En réponse à des questions d'Evode, il lui rappelle ceux de ces ouvrages qui pourraient l'aider. L'évêque d'Hippone parle des songes et de l'état de l'âme dans le sommeil; il distingue les choses qui n'ont pas de raison d'être de celles dont la raison nous est cachée, et s'attache à prouver que Dieu ne peut pas être vu des yeux du corps.
Evode propose quelques doutes à Augustin.
Saint Augustin répond aux difficultés proposées par Evode dans la lettre qu'on vient de lire. L'évêque d'Hippone commence comme un homme qui croit ne pas savoir, qui, au lieu d'instruire les autres, demande qu'on l'instruise lui-même, et puis de sa parole réservée s'échappent les plus vives et les plus belles lumières.
Cette lettre, écrite en 410 , eût demandé , par sa date, une autre place ; on l'a mise ici parce que le grand solitaire de Bethléem y engage Marcellin à consulter saint Augustin sur la question de l'origine de l'âme, traitée dans la lettre CLXVIe, adressée à saint Jérôme. On y voit les malheurs du monde à cette époque pénétrer jusque dans la cellule du laborieux et profond commentateur des livres divins.
Cette lettre à saint Jérôme est une des plus remarquables qu'ait écrites l'évêque d'Hippone ; il établit d'abord ce qu'il y a de certain sur l'âme , son immortalité , sa spiritualité, et comment l'âme est dans le corps. Saint Jérôme croyait que Dieu crée des âmes pour chaque homme qui arrive au monde; saint Augustin voudrait pouvoir admettre cette opinion qu'il défend contre beaucoup d'objections, mais la difficulté tirée du péché originel l'arrête ; il supplie le solitaire de Bethléem
de dissiper tous ses doutes à cet égard. Que de rectitude, de pénétration, et souvent que d'éloquence dans cette lettre ! que de génie et que d'humilité! quelle réserve dans les choses douteuses ! On verra plus d'une fois l'imagination se mêler ici à la profondeur; on sera frappé d'une comparaison tirée de la musique pour exprimer l'harmonieuse beauté de l'ordre en ce monde dans la succession des choses passagères.
Il s'agit ici du passage de l'épître de saint Jacques, où il est dit : « Quiconque ayant gardé tout la loi la viole en un seul point, est coupable comme s'il l'avait violée tout entière.» Saint Augustin demande à saint Jérôme l'explication de ce passage ; il en donne lui-même un commentaire qu'il soumet au solitaire de Bethléem. Avant de présenter ce lumineux et beau commentaire, il examine la doctrine des philosophes anciens et particulièrement des stoïciens sur les vertus et les vices. On voit ici le moraliste chrétien dans la sûreté et la profondeur de son jugement.
Timase et Jacques, deux jeunes hommes, nobles et lettrés, s'étaient laissé prendre aux doctrines de Pélage et avaient eu le bonheur d'être éclairés par saint Augustin. Ils envoyèrent à l'évêque d'Hippone un ouvrage du novateur breton, en forme de dialogue, où la grâce chrétienne recevait de graves atteintes; ils priaient le saint docteur de réfuter cet ouvrage. C'est ce que fit saint Augustin par son livre De la Nature et de la Grâce (1); il en adressa une copie à Timase et à Jacques, et ceux-ci écrivirent à l'évêque d'Hippone une lettre de remerciement : c'est la lettre qu'on va lire, tirée des Gestes de Pélage.
Saint Augustin énumère les ouvrages qui absorbent ses loisirs et se plaint qu'on le détourne de ses travaux par des questions nouvelles d'une moindre importance et d'un intérêt moins général; il donne à Evode le vrai sens d'un passage de saint Paul et répond à ses questions sur. la Trinité.
Maxime, médecin de Ténès, l'ancienne Cartonna, à qui cette lettre est adressée , avait quitté l'arianisme pour rentrer dans l'unité catholique ; saint Augustin le presse de ramener à la vérité tous ceux de sa maison, et, pour affermir sa foi et le mettre à même d'instruire les autres, l'évêque d'Hippone, de concert avec son collègue Alype, établit en termes précis la divinité de Jésus-Christ et le dogme de la Sainte-Trinité.
Les lettres à de grands personnages n'étaient écrites que d'un seul côté; on écrivait des deux côtés avec des amis ou avec des personnes qu'on traitait sans cérémonie; la lettre au médecin Maxime avait cette forme; saint Augustin et Alype croient devoir s'expliquer à ce sujet dans un billet adressé à l'évêque Pérégrin.
Nous donnons ici le fragment d'une lettre de saint Augustin qui ne figure pas dans les éditions latines des lettres de lévêque d'Hippone , si on excepte l'édition de 1845 (2). On suppose qu'elle est adressée au médecin Maxime , de Ténès, et c'est pourquoi nous la plaçons ici. Ce fragment, qui touche aux sept béatitudes, marque les sept degrés de la vie chrétienne. il a été trouvé dans les commentaires de Primase sur l'Apocalypse.
C'est la lettre qu'écrivit saint Jérôme après avoir vu Orose et reçu les deux livres sur l'origine de l'âme et sur le passage de l'épure de saint Jacques ; il loue le travail de saint Augustin ; le langage du grand solitaire fait bien voir que toute trace d'anciens dissentiments était effacée de son coeur.
Saint Augustin, dans cette lettre adressée à un prêtre donatiste, établit brièvement le crime religieux de la séparation, et nous donne une idée des emportements frénétiques des gens du parti donatiste.
Saint Augustin, en envoyant à l'évêque de Carthage une copie de ses livres sur la Trinité, qu'il vient d'achever, lui fait comme l'historique de cet ouvrage. Cette lettre a été placée , par ordre de l'évêque d'Hippone , en tête des quinze livres sur la Trinité.
Les doctrines de Pélage et de Célestius sont condamnées par le concile de Carthage au mois de juin 416 ; les Pères du concile informent de leurs décisions le pape Innocent Ier.
Au mois de septembre 416 , les évêques catholiques de la province de Numidie, réunis à Milève , appellent de leur coté l'attention du pape Innocent sur les erreurs des pélagiens ; voici la lettre collective qu'ils adressent au souverain pontife; elle fut rédigée par saint Augustin.
Cinq évêques d'Afrique signalent au pape Innocent les erreurs du pélagianisme, et c'est saint Augustin qui parle ; on remarquera avec quelle respectueuse soumission ces évêques du Ve siècle s'adressent au Saint-Siège. La primauté du Pape n'est donc pas une invention moderne.
Le personnage de nom d'Hilaire, à qui cette lettre est adressée, était évidemment évêque ; ce n'est donc pas Hilaire d'Arles, puisque celui-ci ne fut élevé à l'épiscopat qu'en 428; c'est probablement l'évêque de Narbonne;vous n'avons pas besoin d'ajouter qu'il n'a rien de commun avec Hilaire de Syracuse dont nous avons reproduit une lettre sous la date de 414; celui-ci, qui, du reste, était laïque, avait entendu parler des erreurs des pélagiens, puisqu'il en informa l'évêque d'Hippone, et la lettre qu'on va lire est adressée à quelqu'un que saint Augustin suppose ne rien savoir de l'hérésie nouvelle.
Jean était évêque de Jérusalem; nous avons dit dans l'Histoire de saint Augustin (2) quelle fut son attitude en face de Pélage à l'assemblée de Diospolis. Saint Augustin , profitant d'une occasion pour Jérusalem, écrit à Jean pour l'avertir et l'instruire. Toutes ces lettres; à la naissance d'une grande hérésie, sont très-intéressantes, et nous font assister à l'impression même des contemporains.
On connaît Océanus qui fut l'ami, le correspondant de saint Jérôme. C'est dans cette lettre que saint augustin nous apprend que le grand solitaire de Bethléem avait fini par se ranger à son sentiment sur la célèbre question du mensonge officieux; on remarquera l'humilité de l'évêque d'Hippone qui se borne à dire que saint Jérôme avait adopté en cela l'opinion de saint Cyprien.
Cette lettre du pape Innocent est belle, éloquente, rapide; on aime à entendre le chef de l'Église déclarer sa conformité de sentiments avec la vieille Afrique chrétienne sur les grands points de la foi.
Le pape Innocent répond aux pères du concile de Milève sur les erreurs de Pélage et de Célestius.
Le pape Innocent répond aux cinq évêques sur Pélage et ses erreurs.
Un billet du pape Innocent pour Aurèle et Augustin.
La plus grande partie de cette lettre si forte de doctrine, roule sur le péché originel et l'état des enfants qui meurent sans le baptême; saint Augustin parle ensuite des questions qu'il traite et des adversaires qu'il combat dans la Cité de Dieu.
Cette lettre que saint Augustin mentionne dans la Revue de ses ouvrages (liv. II, chap. XLVIII), forme comme un livre elle fut adressée au comte Boniface dont le nom se mêle aux événements de cette époque. L'évêque d'Hippone l'instruit de ce qui fait l'hérésie des donatistes, en retrace l'histoire, et raconte comment il est arrivé que des lois impériales aient été portées contre eux. Cette lettre est célèbre et d'un grand intérêt religieux et historique ; il faut la lire avec attention et ne pas perdre de vue la société et les temps au milieu desquels écrivait saint Augustin.
Saint Paulin avait connu et aimé Pélage ; il est à craindre qu'il ne fût point assez en garde contre ses erreurs, ou plutôt contre ses artifices ; saint Augustin lui écrit pour l'instruire de tout ce qui s'est passé , pour lui marquer les points condamnables de la doctrine de Pélage et pour établir l'enseignement de l'Église catholique sur la grâce. Cette matière si difficile et si délicate est traitée avec beaucoup de force et d'autorité ; l'évêque d'Hippone use de ménagements admirables envers saint Pantin. C'est polir mieux arriver à son cur qu'il associe à sa démarche Alype qui était particulièrement cher à l'évêque de Nole.
Saint Augustin, dans la Revue de ses ouvrages (3), mentionne cette lettre qu'il appelle un livre Sur la présence de Dieu; elle est adressée à Dardanus (4), préfet des Gaules , qui lui avait demandé l'explication de ces paroles du Christ mourant au bon larron : « Tu seras aujourd'hui avec moi en paradis. » Dardanus mêlait à cette question d'autres questions sur le Christ, sur le ciel , sur Dieu. Comme saint Jean tressaillit de joie dans le sein d'Elisabeth aux approches de Marie , le préfet des Gaules demande à l'évêque d'Hippone si les enfants ne peuvent pas connaître Dieu , même lorsqu'ils sont encore dans le sein maternel. Saint Augustin répond à tout avec une grande abondance de détails, de témoignages et d'idées ; il montre comment Dieu est présent partout tout entier, comment il habite en ceux qu'il aime, comment les saints forment son temple. La question de Dardanus sur saint Jean et les enfants amène l'évêque d'Hippone à attaquer à fond le pélagianisme sans parler de Pélage. II importait de prémunir les Gaules contre les ravages de l'erreur naissante, et saint Augustin démontre tout ce que la doctrine nouvelle a de faux et de contraire au christianisme.
Démétrias, l'illustre vierge, romaine dont les veaux sacrés furent un si grand événement, avait reçu de Pélage une lettre qui inquiétait saint Augustin; elle formait comme un livre. L'évêque d'Hippone crut devoir s'adresser à la mère de Démétrias, pour la mettre en garde , elle et sa fille,, contre l'erreur. Alype se trouvait alors à Hippone ; Julienne lui avait écrit en même temps qu'à saint Augustin et voilà pourquoi la lettre qu'on va lire porte les noms des deus saints amis.
Cette lettre au comte Boniface, écrite fort à la hâte parce que le porteur pressait l'évêque d'Hippone, renferme d'éloquentes et belles exhortations dont peuvent profiter les gens de guerre.
L'évêque Optat dont il s'agit ici et qu'il ne faut pas confondre avec Optat (de Milève), avait écrit un livre sur l'origine de l'âme ; il désirait savoir l'opinion de saint Augustin sur cette question. L'évêque d'Hippone l'avertit de ce à quoi il faut prendre garde et semble craindre qu'Optat ne se laisse entraîner peut-être vers l'erreur pélagienne. Il tient avant tout à établir et à sauvegarder la doctrine du péché originel.
Sixte, à qui cette lettre est adressée, était alors simple prêtre à Rome; il fut élevé plus tard à la papauté sous le nom de Sixte III. N'étant encore que prêtre , il s'était laissé tromper par les artifices des Pélagiens. Mais ses lumières et sa bonne foi triomphèrent des ruses des novateurs; il rendit publiquement témoignage à la vérité. Sixte écrivit, en faveur de la grâce chrétienne, à Aurèle , évêque de Carthage, et à saint Augustin. Os verra par cette réponse de l'évêque d'Hippone toute sa joie on recevant la preuve du complet retour de Sixte à la pure et exacte doctrine catholique.
Saint Augustin répond à Marius Mercator, écrivain laïque qui défendit la vérité catholique contre les erreurs de Pélage et de Nestorius (2). II tire grand parti d'une concession des pélagiens qui avouaient que les enfants croient dans la personne de ceux qui les présentent au baptême. Il réfute une objection tirée des exemples d'Enoch et d'Elie qui n'ont pas subi la peine générale de la postérité d'Adam condamnée à la mort.
L'évêque d'Hippone, dans cette lettre au diacre Célestin (1), trace en quelques lignes le caractère et les devoirs de la charité (2).
Les artifices des pélagiens avaient trompé une portion du clergé de Rome ; le prêtre Sixte, qui s'était mal défendu contre leurs piéges, était un des hommes les plus considérables du clergé Romain; nous avons vu qu'il revint promptement à la vérité catholique. Plus son influence était grande à Rome, plus il importait de porter autour de lui la lumière et de le mettre en mesure de répondre à toutes les subtilités des pélagiens; c'est ce que comprit saint Augustin. Il adressa à Sixte la lettre suivante où il établit la doctrine catholique avec des témoignages surabondants.
Ces lignes sont un grand hommage de saint Jérôme à saint Augustin; on sent que nul vestige des dissidences du passé ne demeure dans 1'àme du solitaire de Bethléem ; il ne voit plus que les grands services rendus à la cause de la vérité par l'évêque d'Hippone , et surtout des victorieux combats d'Augustin dans la question pélagienne.
Saint Augustin distingue dans le judaïsme ce qui est aboli et ce qui subsiste toujours; il développe la doctrine de saint Paul sur la différence entre les juifs selon la chair et les juifs selon l'esprit; il montre que, depuis le Nouveau Testament, le chrétien seul est le véritable israélite, et que l'israélite de race ne l'est que de nom parce qu'il a perdu le bénéfice des promesses divines.
Hésychius, évêque de Salonne en Dalmatie, s'était adressé à saint Augustin pour l'interprétation de certains endroits de l'Ecriture sur la fin du monde ; l'évêque d'Hippone lui envoie des explications tirées de saint Jérôme et lui dit que la seule chose certaine sur la fin des temps, c'est qu'elle n'arrivera pas avant que l'Evangile soit prêché par toute la terre.
Hésychius reconnaît , d'après les termes de l'Evangile , que personne ne peut savoir le jour ni l'heure de la fin du monde, mais il croit que Dieu n'a pas voulu nous cacher les temps et qu'il faut se préparer au second avènement du Sauveur; les malheurs de l'époque où il vivait lui semblent faire partie des signes marqués dans l'Evangile. L'évêque de Salonne exprime des doutes sur les semaines de Daniel et demande à saint Aupatin qu'il veuille bien l'éclairer par une réponse étendue.
Saint Augustin, dans cette seconde réponse à Hésychius, traite à fond la question de la fin du monde d'après les témoignages des divines Ecritures; nous y trouvons les impressions et les terreurs contemporaines, mais nous y trouvons aussi la tranquille sérénité d'un grand esprit, la mesure et la réserve qui n'abandonnent jamais l'évêque d'Hippone. Il s'attache à prouver qu'on ne peut rien savoir sur l'époque de la fin des temps. Saint Augustin a mentionné cette lettre dans le XXe livre, chap. V, de la Cité de Dieu.
Louvrage de saint Augustin, intitulé : du Mariage et de la Concupiscence, est dédié au comte Valère ; voici la lettre que lui écrivit l'évêque d'Hippone en lui envoyant son livre.
Cette lettre, adressée à Auréle de Carthage, et dont une copie spéciale fut envoyée à saint Augustin , est un témoignage de l'intervention directe des empereurs chrétiens dans les affaires chrétiennes; on y trouve à la fois la soumission au jugement des évêques en matière ecclésiastique et le zèle pour le maintien de lunité catholique. La cause de la religion était devenue celle de lEtat.
On a déjà vu dans la lettre qui fait la CXCVe de ce recueil l'admiration de saint Jérôme pour les grands combats de saint Augustin contre le pélagianisme; nous trouvons ici une expression nouvelle de ce sentiment. Saint Jérôme , chargé d'ans , voudrait avoir les ailes de la colombe pour aller embrasser l'évêque d'Hippone.
L'origine de l'âme est encore le sujet de cette lettre. Saint Augustin parle de la lettre qu'il a adressée à saint Jérôme et à laquelle il n'a encore reçu aucune réponse; il ne veut pas livrer son travail sans l'accompagner de cette réponse qu'il attend du grand solitaire. L'évêque Optat ne pensait pas que les âmes tirassent leur origine de l'âme du premier homme; l'évêque d'Hippone cherche à le tenir en garde contre une disposition à résoudre trop aisément une question remplie de tant de mystères. Il conserve, quant à lui, tous ses doutes, et attend qu'on l'éclaire.
Cette petite lettre , adressée à un personnage que nous croyons avoir été proconsul en Afrique, est une leçon donnée à tous ceux qui se jettent dans les choses humaines sans en avoir senti le néant.
Saint Augustin éclaire et rassure le tribun Dulcitius sur ses propres devoirs à l'égard des donatistes; il s'explique sur les furieux de ce parti qui poussaient le délire jusqu'à se donner la mort.
Saint Augustin répond à diverses questions, entre autres sur le corps de Jésus-Christ dans le ciel, depuis son ascension. Il satisfait à une curiosité pieuse et répand sans effort les plus intéressantes observations Le début de la lettre est charmant; l'évêque d'Hippone cherche toujours l'invisible beauté de l'homme intérieur.
Lettre de recommandation.
Saint Augustin envoie Claude , que nous croyons être un, évêque d'Italie, ses six livres contre Julien, alors le chef de lai secte pélagienne.
Il y a des chrétiens qui se laissent troubler parles scandales qui arrivent dans l'Église ; cette lettre de saint Augustin est faite pour dissiper les dangereuses inquiétudes de leur esprit.
Il s'agit ici de l'affaire d'Antoine, évêque de Fussale, qui fut une grande douleur dans la vie de saint Augustin. Voyez ce que nous en avons dit dans le XLVIe chapitre de notre Histoire de saint Augustin.
Félicité était la supérieure et Rustique le supérieur d'un monastère de femmes où était entrée la division; saint Augustin leur adresse d'utiles et de belles exhortations
L'évêque d'Hippone, après des reproches paternels et des plaintes touchantes, adresse à des religieuses un ensemble de prescriptions restées célèbres dans le monde chrétien sous le nom de Règle de saint Augustin. On peut voir ce que nous en avons dit dans lHistoire de saint Augustin.
Saint Augustin recommande à son collègue Quintilien une veuve et sa fille, toutes les deux consacrées à Dieu; les lignes qui terminent cette courte lettre seront pour les protestants un témoignage de l'antiquité du culte des reliques.
On est convenu de donner sous le titre de lettre CCXIII l'acte qui fut dressé le 26 septembre 426 dans l'église de la Paix à Hippone, en présence du clergé et du peuple, et par lequel les fidèles d'Hippone acceptèrent comme successeur de leur évêque le prêtre Héraclius, désigné par saint Augustin lui-même. Cette pièce est d'un grand et touchant intérêt.
Saint Augustin écrit au supérieur .et aux religieux du monastère d'Adrumet (1) où s'était montrée une certaine émotion à l'occasion de la lettre de notre docteur au prêtre Sixte sur la question pélagienne. Deux jeunes gens de ce couvent étaient venus trouver l'évêque d'Hippone. On verra tout au long dans la lettre CCXVI l'origine et le récit des troubles d'Adrumet.
Saint Augustin n'avait pas laissé repartir pour Adrumet les moines Cresconius et Félix, afin de les mettre en mesure de bien comprendre la vérité dans la question pélagienne ; lorsqu'ils forent près de quitter Hippone avec toutes les pièces relatives au pélagianisme et avec un livre de notre docteur composé tout exprès pour les moines d'Adrumet , le saint évêque leur donna la lettre suivante adressée à leur abbé et à leurs frères.
Valentin raconte ce qui s'est passé dans son monastère , il explique comment il n'a pas écrit à l'évêque d'Hippone par ceux de ses frères qui sont allés trouver le saint Docteur; il avoue humblement sa honte et condamne ce qui a été fait. Sa reconnaissance est vive pour le livre que saint Augustin a adressé aux moines d'Adrumet. La lettre de Valentin, écrite dans des termes de vénération profonde et dans un langage animé, nous donne une idée de l'immense considération dont jouissait saint Augustin parmi ses contemporains.
Vital, de Carthage, ne partageait pas toutes les erreurs de Pélage, mais il prétendait que le commencement de la foi était l'uvre même de la volonté de l'homme; saint Augustin lui prouve le contraire par les saintes Ecritures et par les prières de l'Eglise. Il établit douze points qui comprennent toute la vérité catholique sur la question de la grâce ; il éclaircit brièvement chacun de ces points.
Saint Augustin encourage à la vie chrétienne un jeune homme du monde dont le coeur s'était séparé des choses de la terre; et comme le pélagianisme, était alors le grand péril des âmes, l'évêque d'Hippone ne manque pas de prémunir son jeune ami.
Cette lettre, rédigée par saint Augustin, de concert avec trois évêques d'Afrique, est adressée à Procule, évêque de Marseille, et à un autre évêque du midi des Gaules, appelé Cylinnin Elle est un monument du respect des évêques les uns pour les autres. Le moine Léporius, du diocèse de Marseille, ayant été chassé à cause de ses persistantes erreurs sur l'incarnation, était venu en Afrique et s'était mis entre les mains de saint Augustin. Notre saint Docteur eut le bonheur de le ramener à la vérité et de ramener aussi ceux que Léporius avait séduits , et qui l'avaient suivi en Afrique. Saint Augustin s'excuse d'avoir accueilli un moine chassé par ses collègues des Gaules et les prie de vouloir bien les recevoir, lui et ses compagnons, maintenant qu'ils sont revenus à la vraie doctrine. Il joint à sa lettre la profession de foi, signée de Léporius et de ses compagnons. On croit que cette profession de foi fut rédigée par saint Augustin lui-même. Il y a, dans la lettre qu'on va lire, un tact admirable et des précautions parfaites pour ne pas déplaire aux deux évêques des Gaules. Gennade, dans son livre des Ecrivains Ecclésiastiques, Cassien, dans son Traité de l'Incarnation, le pape Jean II dans une lettre, Facundus, dans ses douze livres sur les trois chapitres, ont mentionné le retour de Léporius à la foi catholique par les soins de saint Augustin.
Boniface fut un des derniers hommes d'épée qui soutinrent la grandeur romaine; on sait comment les machinations de son rival Aétius lui firent perdre la confiance de l'impératrice Placidie et le firent tomber au rang des rebelles. Boniface, obligé de se défendre contre les forces de l'empire, ne recula point devant une alliance avec les vandales et leur ouvrit les portes de l'Afrique. Les barbares de l'intérieur avaient levé la tète; les intérêts catholiques étaient menacés comme les intérêts romains. Saint Augustin, ami de Boniface, souffrait d'une situation aussi mauvaise ; il écrivit au gouverneur de l'Afrique la lettre suivante, où des faits curieux se mêlent à une grande sévérité chrétienne. L'exhortation à ne pas rendre le mal pour le mal
est ici d'un grand effet. Cette lettre remua profondément Boniface et prépara sa réconciliation avec Placidie. Voyez ce que nous en avons dit dans notre
Histoire de saint Augustin, chapitre LI.
Quodvultdeus, de sainte mémoire, alors diacre, et qui occupa plus tard le siége de Carthage, demande à saint Augustin un travail où soient brièvement marquées les erreurs de chaque hérésie et les réponses des catholiques.
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L'évêque d'Hippone parle de la difficulté du travail qui lui est demandé et rappelle ce qui a été fait par saint Epiphane et par Philastre.
Quodvultdeus s'afflige de ne pouvoir obtenir ce qu'il souhaite et fait de grandes instances auprès de saint Augustin. Il se compare à l'importun dont parle l'Evangile et veut frapper à la porte jusqu'à ce qu'on lui ouvre.
Saint Augustin promet au diacre de Carthage de faire ce qu'il désire, dès que sa réponse aux livres de Julien lui laissera quelque loisir ; il donne de curieux détails sur la Revue de ses ouvrages qui a occupé les derniers temps de sa vie.
Saint Prosper (d'Aquitaine), l'auteur du Poème contre les ingrats, écrivain de talent et d'une foi profonde, a glorieusement mêlé son nom au luttes contre le semi-pélagianiste. Le parti des semi-pélagiens, dans les Gaules, avait pour chef le célèbre Jean Cassien, fondateur de l'abbaye de Saint-Victor, à Marseille; Prosper était retiré dans cette ville pendant que de pieux prêtres et même d'illustres évêques du midi des Gaules refusaient d'accepter toute la doctrine de saint Augustin, sur la grâce. Il écrivit à l'évêque d'Hippone la lettre suivante pour le mettre au courant de tout ce qui se passait autour de lui et pour le supplier de venir en aide à la vérité méconnue. On lira tout a l'heure une lettre écrite dans le même sens par Hilaire qui était laïque comme Prosper. Les livres de la Prédestination des saints et du Don de la persévérance furent la réponse de saint Augustin aux deux laïques des Gaules.
Voici la lettre d' Hilaire sur les semi-pélagiens des Gaules ; elle n'est pas d'une aussi bonne latinité que la lettre de saint Prosper, mais on sent un esprit pieux et vif, très-appliqué aux études religieuses, et auquel les matières de la grâce étaient familières Hilaire ramasse, autant qu'il le peut, les objections et les raisonnements des semi-pélagiens et s'attache à ne rien laisser ignorer au grand évêque dont il invoque les lumières. On comprendra, par sa lettre, qu'il avait vu saint Augustin à Nippone ; c'est lui qui avait engagé Prosper à écrire de son côté au grand docteur. Quinze ans auparavant, un laïque , du nom d'Hilaire, écrivait de Syracuse à saint Augustin, précisément sur la question pélagienne, et le saint évêque lui répondait; cet Hilaire de Syracuse, qui écrivait en 414, est-il le même que le laïque de ce nom écrivant de Marseille en 429 ? c'est possible mais nous ne l'affirmons pas Ce qui est indubitable, c'est que l'auteur de la lettre que nous allons traduire est différent de saint Hilaire, évêque d'Arles.
Saint Augustin annonce à son vieil et saint ami Alype la conversion de deux païens de leur connaissance ; la conversion de l'un d'eux avait été précédée de miracles frappants.
Honoré, évêque de Thiave, avait consulté saint Augustin sur ta conduite que devaient tenir les pasteurs au milieu des dangers qui menaçaient les villes de l'Afrique ; il parait que ses sentiments n'étaient pas tout à fait conformes aux vrais devoirs des ministres de Dieu. Saint Augustin lui répondit ; on va voir la belle fermeté de son langage. Cette lettre, qui doit être relue par les ecclésiastiques dans les temps de calamités publiques, touche aux moeurs et à lhistoire de l'Afrique chrétienne.
Darius, personnage important de la cour impériale, fut le négociateur qui réconcilia le comte Boniface avec l'impératrice Placidie; il obtint des vandales une trêve qui, malheureusement, ne fut pas longue. C'est à l'occasion de cette paix, accueillie en Afrique avec tant de joie, que saint Augusutin écrivit à Darius la lettre suivante.
Darius répondit à saint Augustin; c'est une lettre d'enthousiasme pour l'évêque d'Hippone. Il est heureux que le grand évêque lui ait écrit ; il serait plus heureux encore s'il pouvait le voir. Darios souhaite que la trêve conclue avec les vandales puisse devenir une paix durable. Il a lu quelques ouvrages de saint augustin et voudrait bien lire les Confessions. En demandant à l'évêque d'Hippone son intercession auprès de Jésus-Christ, il rappelle la prétendue correspondance entre Abgare et le Sauveur.
Saint Augustin témoigne à Darius le plaisir que lui a fait sa lettre; il parle de l'amour de la louange et nous apprend dans quel sens on peut aimer à être loué. Il espère que le goût de Darius, pour ses écrits contre le paganisme, contribuera à les répandre afin d'effacer dans la société romaine les derniers vestiges du polythéisme. L'évêque d'Hippone parle admirablement de ses Confessions qu'il envoie à Darius; il lui adresse en même temps quelques-uns de ses antres ouvrages. Cette lettre est la dernière de saint Augustin dont nous connaissions la date et assurément une des dernières qu'il ait écrites. Il mourut le 28 août 430.