PSAUME CXVIII-V
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CINQUIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.

LE REDRESSEMENT DE NOS VOIES.

 

Le jeune homme redresse ses voies en gardant les préceptes de Dieu. Ici homme désigne le genre humain; la jeunesse est mise en avant comme le temps le plus convenable, ou peut-être par allusion prophétique au prodigue de l’Evangile, ou parce que tout homme redressant ses voies est jeune par la grêce, qui nous est nécessaire pour observer la loi de Dieu si disproportionnée à nos forces. Aussi le Prophète supplie-t-il le Seigneur de lui enseigner ses préceptes comme les savent ceux qui les pratiquent.

 

1. Considérons, mes Frères, les versets suivants, et tâchons d’en pénétrer le sens autant que Dieu nous en fera la grâce : « Comment la jeunesse redressera-t-elle ses voies? En gardant vos paroles 1». Le Prophète s’interroge et se répond à lui-même : « En quoi la jeunesse corrige-t-elle ses voies ? »Voilà l’interrogation. Voici la réponse « En gardant vos paroles ». Mais, ici, garder les paroles de Dieu, doit s’entendre de l’accomplissement de ses préceptes. En vain les garderait-on dans sa mémoire, si on ne les gardait aussi dans les moeurs. Il est des hommes en effet qui savent les préceptes de Dieu, et travaillent à ne point les oublier, mais ne travaillent point à vivre de manière à se corriger. Or, le Prophète ne dit point Comment la jeunesse exerce-t-elle sa mémoire? Mais « En quoi la jeunesse corrige-t- elle ses voies ? » Et à cette question il répond : « En gardant vos paroles ». Or, on ne saurait dire que la voie est redressée quand la vie est perverse.

2. Mais que vient faire ici la jeunesse ? Car le Prophète eût pu dire : « En quoi l’homme corrige-t-il sa voie ? » et se servir du mot homo ou vir. L’Ecriture en use souvent ainsi pour désigner le genre humain par le sexe qui est le plus noble, et dans cette manière de parler, elle exprime le tout par la partie. Car on ne saurait dire qu’une femme ne soit point heureuse, dès lors qu’elle n’a point assisté au conseil des méchants; et toutefois, le Prophète a dit : « Bienheureux l’homme ». Mais ici il n’emploie ni le mot homo ni le mot vir; mais seulement le plus jeune. Faut-il donc désespérer du vieillard? Ou bien ce vieillard redresserait-il ses voies, autrement qu’en

 

1. Ps. CXVIII, 9.— 2. Id. I, 1.

 

gardant les préceptes du Seigneur? Ne serait-ce point là une indication du temps où ce redressement doit principalement avoir lieu, selon qu’il est écrit ailleurs « Mon fils, dès  ta jeunesse reçois l’instruction, et tu obtiendras la sagesse jusqu’en tes derniers jours 1? » On peut néanmoins, dans un autre sens, reconnaître ici le plus jeune fils de l’Evangile, qui avait fui son père pour s’en aller dans une région lointaine, pour dissiper son bien en vivant avec des femmes débauchées, et qui, après avoir fait paître les pourceaux, cédant à la faim et à la misère, rentre en lui-même et dit : « Je me lèverai et j’irai à mon Père ». En quoi a-t-il redressé ses voies, sinon en gardant les préceptes du Seigneur, dont il était affamé comme du pain de la maison paternelle? Ce n’était point son frère aîné qui corrigeait ses voies, lui qui disait à son père « Voilà tant d’années que je vous sers, et je n’ai jamais violé vos préceptes ». Ce fut donc le plus jeune qui corrigea ses voies, quand il reconnut qu’il les avait détournées et perverties et qu’il dit « Je ne suis pas digne désormais d’être appelé votre fils 2 ». Il me vient encore un troisième sens, et qui, selon moi, serait préférable aux deux premiers. Par le vieillard entendons le vieil homme, et par le plus jeune, l’homme nouveau;le vieil homme porte l’image de l’homme terrestre, et le jeune homme l’image de l’homme céleste; car u le premier n’est point le spirituel, mais le « corps animal vient, et ensuite le spirituel 3 ». Qu’un homme donc soit fort avancé en âge, qu’il arrive même à la décrépitude corporelle, il est jeune devant Dieu dès que la conversion l’a renouvelé dans la grâce c’est

 

1. Eccli. VI, 18. — 2. Luc, XV, 12-21. — 3. I Cor. XV, 46, 49.

 

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en cela qu’il corrige sa voie, en gardant les préceptes du Seigneur, c’est-à-dire la parole de foi que nous prêchons 1, et telle est la foi qui agit par la charité 2.

3. Mais ce peuple qui est le plus jeune, ce fils de la grâce, cet homme nouveau qui chante un cantique nouveau, cet héritier du Nouveau Testament, ce plus jeune qui n’est point Caïn, mais Abel; non point Ismaël, mais Isaac ; non point Esaü, mais Israël; non point Manassès, mais Ephraïm ; non point Héli, mais Samuel; non plus Saül, mais David, écoutez ce qu’il ajoute : « Je vous ai cherché de tout mon coeur», dit-il à Dieu, « ne me repoussez point de votre loi 3 ». Le voilà qui implore du secours pour garder les paroles de Dieu qu’il nous donnait comme le moyen pour le jeune homme de corriger ses voies. Tel est en effet le sens de cette parole « Ne me rejetez point de vos préceptes ». Etre rejeté de Dieu, qu’est-ce à dire, sinon ne recevoir de lui aucun secours? La loi de Dieu si juste, si relevée, est trop disproportionnée à la faiblesse humaine, pour que nous l’observions, si Dieu dans sa bonté ne nous prévenait de son aide. Et ne point nous aider, c’est réellement nous repousser, c’est l’épée de flammes qui empêche l’homme devenu indigne de toucher à l’arbre de vie ­4. Mais qui est digne d’être aidé, depuis que par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort qui a passé en tous les hommes par ce seul homme en qui tous ont péché 5? Or, cette misère qui nous est due, est guérie par la miséricorde que Dieu sie nous doit point. Car notre interlocuteur qui nous dit ici : « Je vous ai cherché de tout mon « coeur » ; comment le pourrait-il, si Dieu lui-même ne l’avait appelé à lui, quand il se détournait; lui à qui le Prophète a dit: « Convertissez-nous, Seigneur, et donnez-nous la vie »; s’il ne cherchait lui-même celui qui est perdu, s’il ne rappelait celui qui s’égare, lui qui a dit: « Je rechercherai ce qui était perdu,

 

1. Rom. X, 8.— 2. Gal. V, 6.— 3. Ps. CXVII, 10.— 4. Gen. III, 25. — 5. Rom. V, 12. — 6. Ps. LXXXIV, 7.

 

 

«je rappellerai dans la voie ce qui était égaré 1».

4. C’est ainsi que notre interlocuteur redresse ses voies en gardant la parole de Dieu, sous la direction et sous l’action de Dieu ; ce qu’il ne pourrait faire de lui-même; aussi Jérémie nous fait-il cet aveu : « Je sais, ô mon Dieu,  que la voie de l’homme n’est point à lui, et que par lui-même il ne saurait marcher ni diriger ses pas 2». C’est là ce que demandait plu& haut celui qui s’écriait : « Puissent mes voies se redresser » ; et ici encore quand il dit : « J’ai caché vos paroles dans mon coeur, afin de ne point pécher contre vous 3 »; il se hâte d’implorer le secours divin, de peur qu’il n’eût caché inutilement cette parole divine dans son coeur, si elle ne produisait des oeuvres de justice. Aussi, quand il ajoute : « Béni êtes-vous, Seigneur; enseignez-moi vos ordonnances 4»; enseignez-les moi, dit-il, comme les savent ceux qui les pratiquent, non ceux qui s’en souviennent simplement afin de pouvoir en parler, Déjà il avait dit en effet: « J’ai caché vos paroles dans mon coeur, afin de ne point pécher contre vous »; pourquoi veut-il encore apprendre ces mêmes paroles qu’il tient déjà cachées dans son coeur? Ce qu’il n’aurait pu faire si déjà il ne les eût apprises. Pourquoi donc ajouter : « Enseignez-moi vos voies », sinon parce qu’il veut les apprendre en les accomplissant, et non les retenir dans sa mémoire ou en parler ? Comme donc il est dit dans un autre psaume : « Celui qui a donné la loi donnera aussi la bénédiction 5 »; le Prophète nous dit ici : « Béni êtes-vous, Seigneur, enseignez-moi vos ordonnances». Puisque j’ai caché votre parole dans mon coeur afin de ne point pécher contre vous, vous m’avez donné la loi; donnez-moi aussi la bénédiction de la grâce, afin que j’apprenne en la pratiquant ce que vous m’avez commandé en m’instruisant, Que cela vous suffise et nourrisse votre esprit sans le surcharger. La suite exige un nouveau discours.

 

1. Ezéch. XXXIV, 16. — 2. Jérém. X, 23. — 3. Ps. CXVIII, 11. — 4. Id. 12. — 5. Id. LXXXIII, 8.

 

 

 

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