PSAUME CXVIII-XXVII
Précédente Accueil Remonter Suivante


rte de l'église 38 - CH-1897 Le Bouveret (VS)

Accueil
Remonter
PSAUME CXVIII-I
PSAUME CXVIII-II
PSAUME CXVIII-III
PSAUME CXVIII-IV
PSAUME CXVIII-V
PSAUME CXVIII-VI
PSAUME CXVIII-VII
PSAUME CXVIII-VIII
PSAUME CXVIII-IX
PSAUME CXVIII-X
PSAUME CXVIII-XI
PSAUME CXVIII-XII
PSAUME CXVIII-XIII
PSAUME CXVIII-XIV
PSAUME CXVIII-XV
PSAUME CXVIII-XVI
PSAUME CXVIII-XVII
PSAUME CXVIII-XVIII
PSAUME CXVIII-XIX
PSAUME CXVIII-XX
PSAUME CXVIII-XXI
PSAUME CXVIII-XXII
PSAUME CXVIII-XXIII
PSAUME CXVIII-XXIV
PSAUME CXVIII-XXV
PSAUME CXVIII-XXVI
PSAUME CXVIII-XXVII
PSAUME CXVIII-XXVIII
PSAUME CXVIII-XXIX
PSAUME CXVIII-XXX
PSAUME CXVIII-XXXI
PSAUME CXVIII-XXXII

VINGT-SEPTIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.

LE SECOURS DE LA GRÂCE.

 

Etudier à fond les témoignages du Seigneur, c’est là une tâche difficile à un homme, et toutefois il est bon d’étudier ce qu’il y a d’admirable, d’étonnant dans sa loi. Cette loi, oeuvre d’un Dieu bon, ne donnait ni la justice, ni la vie ; le Prophète en a recherché ta cause, et il a trouvé que cette loi se bornait à indiquer le péché, afin de nous humilier, et de nous démontrer qu’il nous faut le secours de Dieu, et de nous le faire demander. Voilà ce qu’a compris le Prophète, et il invoque te Seigneur qui nous a aimés le premier, lui demandant de le servir par amour, de résister aux persécutions qui le détournaient du service de Dieu, de connaître la loi d’une manière pratique; il s’humilie à cause de ses fautes.

 

1. Voici les versets du psaume que nous allons vous exposer avec le secours de Dieu:

« Vos témoignages sont admirables, et c’est pourquoi mon âme les a sondés 1 ». Qui peut énumérer au moins sommairement les témoignages de Dieu? Le ciel et la terre, les oeuvres visibles, et les oeuvres invisibles, sont en quelque manière le témoignage de sa bonté, comme de sa grandeur; ce cours si régulier et si répété de la nature, le temps qui entraîne dans son cours toutes sortes de créatures quoique passagères et mortelles, tout cela que l’habitude nous rend moins sensible, n’en rend pas moins témoignage au Créateur, quand on le considère avec une pieuse attention. Qu’y a-t-il dans ces créatures qui ne soit point admirable, quand on en juge, non d’après l’usage, mais d’après la raison ? Et si nous embrassons comme d’un seul regard tout cet ensemble, ne se vérifie-t-elle point cette parole du Prophète: « J’ai considéré vos oeuvres, et j’en ai été dans l’extase 2?» Et toutefois notre interlocuteur n’est point hors de lui-même en admirant ces ouvrages; mais il nous dit qu’il a dû les étudier avec tant de soin parce qu’ils sont admirables. Après cette exclamation en effet: « Combien sont admirables les témoignages du Seigneur » , il ajoute : « C’est pour cela que mon âme les a sondés»; comme si la difficulté de les sonder avait stimulé sa curiosité. Plus un effet est caché dans sa cause, et plus il est admirable.

2. Qu’un homme donc s’en vienne dire qu’il étudie les témoignages du Seigneur, parce qu’il les trouve admirables; ne pourrions-nous pas, en voyant que toutes les créatures qui se révèlent ou qui se dérobent à nos yeux,

 

1. Ps. CXVIII, 129. — 2. Habac. III, 1.

 

sont pleines de ces témoignages, l’arrêter en disant: « Ne cherche point au-dessus de toi, et ne sonde point ce qui est plus fort que toi, mais repasse toujours en ton esprit ce que Dieu t’a commandé 1? » Mais il nous répond en disant : Ces préceptes du Seigneur, que vous me recommandez de méditer, sont ces mêmes témoignages que je trouve admirables, car ils nous attestent que c’est le Seigneur qui commande, et qu’il est grand et bon dès lors qu’il donne de semblables préceptes: oserions-nous dès lors le détourner d’étudier ces commandements, et ne serions-nous pas les premiers à l’exciter à s’adonner de toutes ses forces à un travail si important? Ou bien en viendrons-nous à confesser que les préceptes du Seigneur sont des témoignages de sa bonté, tout en niant qu’ils soient admirables? Qu’y a-t-il d’admirable, en effet, qu’un Dieu qui est bon commande le bien? Ce qui est tout à fait étonnant, au contraire, c’est qu’un Dieu qui est bon et qui ordonne le bien, ait néanmoins donné une loi qui est bonne à des hommes qu’elle ne pouvait justifier, puisque cette loi, quelque bonne qu’elle fût, ne leur donnait point la justice ? « Car si la loi qui a été donnée pouvait donner la vie, la justice viendrait de la loi 2». Pourquoi donc en donner une qui ne pouvait ni donner la vie, ni donner la justice? Voilà ce qui doit nous étonner, nous effrayer. Voilà ce qu’il y a d’admirable dans les témoignages de Dieu : et l’âme du Prophète les a sondés, parce que l’on ne saurait lui dire à ce sujet : « Ne sonde pas ce qui est plus fort que toi, mais repasse toujours en ton esprit ce que Dieu t’a commandé 3 » ; puisque c’est cela

 

1. Eccli. III, 22. — 2. Gal. III, 21. — 3. Eccli. III, 22.

 

718

 

même que le Seigneur a commandé, et que dès lors on doit toujours méditer. Voyons plutôt ce qu’a trouvé l’âme du Prophète après avoir sondé.

3. « La révélation de vos promesses répand la lumière et donne l’intelligence aux petits 1 ». Quels sont ces petits, sinon les humbles et les faibles? Loin de toi donc tout orgueil ! arrière toute présomption de tes forces qui sont nulles, et tu comprendras pourquoi Dieu a donné une loi qui était bonne, sans pouvoir néanmoins donner la vie. Car le but de la loi était de rabattre ta grandeur pour te faire petit, de te montrer que tu n’as pas en toi-même la force d’accomplir la loi, de te forcer dans ton indigence et ton dénuement à recourir à la grâce et de t’écrier: « Ayez pitié de moi, Seigneur, à cause de ma faiblesses 2». Voilà que la méditation a fait comprendre au Prophète, qui est petit, cette vérité que nous montre celui qui se dit le moindre des Apôtres, saint Paul, lequel se fait petit enfant, c’est-à-dire qu’une loi impuissante à nous vivifier nous a été donnée : « Parce que l’Ecriture a tout renfermé sous le péché, afin que la promesse faite par Dieu fût accomplie par la foi en Jésus-Christ à l’égard de ceux qui croiront 3 ». Ainsi soit-il, Seigneur! Oui, ainsi soit-il, Dieu de miséricorde! commandez ce qu’on ne saurait accomplir, ou plutôt commandez ce qu’on ne saurait accomplir que par votre grâce, afin que cette impuissance des hommes à rien faire par leurs propres forces « leur ferme la bouche », et que nul ne croie plus à sa grandeur. Que tous deviennent petits, tous coupables devant vous. « Parce que nul homme ne sera justifié devant Dieu par les oeuvres de la loi ; car la loi ne donne que la connaissance du péché. Maintenant la justice que Dieu donne sans la loi nous a été découverte, attestée par la loi et par les Prophètes 4». Tels sont vos admirables témoignages qu’a sondés l’âme de cet humble enfant, et il les a découverts, parce qu’il s’est fait humble et petit. Qui pourrait accomplir vos préceptes comme on doit les accomplir, c’est-à-dire par la foi qui opère dans la charité 5, si votre Esprit-Saint ne répandait lui-même cette charité dans les coeurs 6?

4. Voilà ce que proclame cet interlocuteur

 

1. Ps. CXVIII, 130. — 2. Id. VI, 3.—  3. Gal. III, 21, 22.— 4. Rom, III, 19-21. — 5. Gal, V, 6. — 6. Rom. V, 5.

 

devenu humble: « J’ai ouvert ma bouche », nous dit-il, « et j’ai attiré l’esprit, parce que je brûlais d’ardeur pour vos commandements 1 ». Que désirait-il, sinon d’accomplir ces préceptes? Mais, faible et petit, il ne pouvait accomplir des oeuvres fortes et grandes; il a ouvert la bouche, confessant ainsi ce qu’il ne pouvait faire de lui-même, et il a attiré la force de le faire; il a ouvert la bouche en demandant, en cherchant, en frappant 2; dans sa soif, il a puisé l’esprit de sainteté qui lui a fait accomplir ce qu’il ne pouvait par lui-même, c’est-à-dire une loi sainte, et juste, et bonne 3. Si nous, en effet, quoique méchants, nous savons donner ce qui est bon ànos enfants, à combien plus forte raison Dieu donnera-t-il du ciel l’Esprit de sainteté à ceux qui le demandent 4? Ce ne sont point ceux qui agissent par leur sens propre, mais tous ceux qui sont dirigés par l’Esprit de Dieu, qui sont fils de Dieu 5; non qu’eux-mêmes ne fassent rien, mais de peur qu’ils ne fassent rien de bon, c’est la bonté même qui les fait agir. Car chacun devient de plus en plus enfant de Dieu, à mesure que Dieu répand plus largement en lui l’Esprit de sainteté.

5. Enfin le Prophète continue à prier. Il a ouvert la bouche et attiré l’Esprit, mais il frappe encore à la porte du Père céleste; il cherche encore. Il a bu; mais plus il a goûté de délices, et plus ardente est sa soif. Ecoutez les paroles de celui qui a soif: « Jetez les yeux sur moi », dit-il, « et prenez-moi en pitié, selon vos décrets envers ceux qui aiment votre nom 6 »; c’est-à-dire, selon votre décret envers ceux qui aiment votre nom; afin qu’ils vous aiment, vous les aimez le premier. C’est ce que dit saint Jean : « Nous aimons Dieu », dit-il; et comme si nous lui demandions le motif de cet amour, il ajoute: « Parce qu’il nous a aimés le premier 7 ».

6. Vois encore ce que nous dit clairement le Prophète: « Dirigez mes pas selon vos préceptes, et que l’iniquité n’exerce point sur moi son empire 8 ». Qu’est-ce dire autre chose que: Donnez-moi la droiture et la liberté selon votre promesse? Plus en effet l’amour de Dieu règne dans une âme, et moins l’iniquité y domine. Quel est donc l’objet de sa prière, sinon d’aimer Dieu par le

 

1. Ps. CXVIII, 131.— 2. Matth. VII, 7.— 3. Rom. VII, 12.— 4. Luc, XI, 10, 13.— 5. Rom. VIII, 14. — 6. Ps. CXVIII, 132. — 7. I Jean, IV, 19. — 8. Ps. CXVIII, 133.

 

719

 

secours de Dieu? En aimant Dieu il s’aime lui-même, afin de pouvoir saintement aimer son prochain comme lui-même, double précepte que renferment la loi et les Prophètes 1:

sa prière ne se réduit-elle pas à demander que Dieu lui fasse accomplir par sa grâce les préceptes qu’il lui impose?

7. Mais que signifie cette parole : « Délivrez-moi des calomnies des hommes, afin que je garde vos commandements 2? » Si les reproches des hommes sont vrais, il n’y a point calomnie; s’ils sont faux, à quoi bon. demander la délivrance de ces calomnies ou de ces fausses récriminations qui ne sauraient lui être nuisibles ? Car une fausse imputation ou une calomnie ne rend un homme coupable qu’au tribunal d’un homme; mais au tribunal de Dieu, il n’y a pas de fausse imputation, elle serait plutôt nuisible à l’accusateur qu’à l’accusé. N’est-ce point là par avance la prière de l’Eglise et de tout le peuple chrétien qui a été délivré des calomnies dont les hommes le flétrissaient de toutes parts à cause de ce nom de Chrétiens? Mais est-ce bien à cause de cette délivrance qu’il garde les commandements de Dieu ? Ne les gardait-il pas au milieu des calomnies, et n’était-il pas plus glorieux pour lui d’obéir aux préceptes de Dieu, en dépit des tribulations, et de résister aux persécuteurs qui le poussaient à l’impiété? Ces paroles donc : « Délivrez-moi des calomnies des hommes, afin que je garde vos commandements », signifient, répandez en mon âme votre Esprit-Saint, de peur que cédant à la crainte et aux calomnies des hommes, je ne me détourne de leurs préceptes pour adopter leurs vices. Si vous en agissez ainsi avec moi, c’est-à-dire si vous me délivrez des calomnies en m’accordant la patience, afin que je ne redoute aucunement leurs récriminations, je garderai vos préceptes au milieu même des calomnies.

8. « Faites briller sur votre serviteur la lumière de votre face 3». C’est-à-dire, manifestez votre présence en me fortifiant de vos grâces, « et enseignez-moi vos préceptes », de telle

 

1. Matth. XXII, 37-40. — 2. Ps. CXVIII, 134. — 3. Id. 135.

 

sorte que je les pratique ; ce qui est dit plus clairement dans un autre psaume : « Enseignez-moi, Seigneur, à faire votre volon té 1». N’allons pas croire en effet qu’ils ont appris la loi, ceux qui l’ont entendue et retenue de mémoire, sans la pratiquer. La Vérité a dit elle-même : « Quiconque a ouï le Père et a eu l’intelligence, vient à moi 2». Donc, il n’a rien appris celui qui ne vient pas, c’est-à-dire qui ne pratique pas.

9. Rappelant en son âme la douloureuse pénitence qu’il fit de son péché, le Prophète s’écrie : « Mes yeux ont versé des torrents de larmes, parce qu’ils n’ont point gardé votre loi 3 », c’est-à-dire mes yeux. On lit en effet dans certains exemplaires: « Parce que je n’ai point gardé votre loi, mes yeux ont descendu des torrents de larmes ». Comme on dirait, mes pieds ont descendu la montagne, et non à travers la montagne, ou par la montagne, comme on dit encore descendre une échelle, et non le long d’une échelle. On dit encore en latin, piscinam descendit, descendre la piscine; et non descendit in piscinam, descendre dans la piscine. Le Prophète se sert admirablement du mot descendre, pour marquer l’humiliation dans la pénitence; ses yeux étaient montés en effet quand un orgueil obstiné les avait dirigés en haut. Ils se croyaient fort élevés, lorsque dans leur ignorance de la justice de Dieu, ils prétendaient établir leur propre justice 4; mais fatigués de ces efforts et confus des violations de la loi, ils sont descendus de ces hauteurs, et ont versé des larmes pour obtenir la justice de Dieu par la pénitence. Dans certains exemplaires, au lieu de descendendit, on lit transierunt, mes yeux ont surpassé les torrents d’eau; ce qui serait une exagération pour dire que ses larmes ont surpassé l’eau des fontaines, et nous donnerait à comprendre par ces torrents d’eau que ses larmes ont été plus abondantes que l’eau des fleuves. Mais, pourquoi pleurer ainsi, parce qu’on n’a point gardé la loi, sinon afin d’obtenir la grâce qui efface le péché de l’homme pénitent, et qui soutient la volonté du fidèle?

 

1. Ps. CXLII, 10.— 2. Jean, VI, 45. — 3. Ps. CXLII, 136.— 4. Rom. X, 3.

 

 

Haut du document

 

 

 

Précédente Accueil Suivante