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CENT DIX-HUITIÈME TRAITÉ.

SUR CES PAROLES : « APRÈS AVOIR CRUCIFIÉ JÉSUS, LES SOLDATS PRIRENT SES VÊTEMENTS ». (Chap. XIX, 23, 24.)

 

LES VÊTEMENTS DU SAUVEUR.

 

Malgré la discordance apparente des évangélistes, tous s'accordent à dire que les soldats firent quatre parts des vêtements de Jésus, et qu'ils jetèrent les sorts pour savoir à laquelle échéerait la robe sans couture. Les quatre parts symbolisent les quatre parties du monde, comme la robe sans couture représente leur mutuelle union : les sorts figurent la grâce, et les soldats eux-mêmes ont, en dépit de leur malice, un sens caché, de même que la croix, malgré son ignominie, a le sien propre.

 

1. Expliquons maintenant, avec l'aide de Dieu, ce qui s'est passé auprès de la croix du Sauveur pendant qu'il y était attaché.« Après avoir crucifié Jésus, les soldats prirent ses vêtements et ils en firent quatre parts, une pour chaque soldat ; ils prirent aussi sa tunique. Or, sa tunique était sans couture, et d'un seul tissu depuis le haut jusqu'en bas. Ils se dirent donc les uns aux autres : Ne la coupons point, mais tirons au sort à qui elle appartiendra ; afin que cette prophétie de l'Ecriture fût accomplie : Ils ont partagé entre eux mes vêtements et tiré ma robe au sort ». Ce que les Juifs ont voulu est (134) arrivé; sans doute, ils n'ont pas eux-mêmes crucifié Jésus, ce sont les soldats qui obéissaient à Pilate, et Pilate l'a condamné à mort; néanmoins, si nous nous rappelons la vivacité de leurs désirs, les embûches qu'ils ont tendues au Sauveur, tous les mouvements auxquels ils se sont livrés, la trahison de Judas, les cris séditieux qu'ils ont proférés pour extorquer sa condamnation, nous le verrons sans pouvoir en douter ; les Juifs ont été les principaux auteurs de la mise de Jésus en croix.

2. Quant au partage et au tirage au sort de ses vêtements, il ne faut point en parler comme par manière d'acquit. Quoique les quatre Evangélistes aient fait mention de ce fait, Jean est de tous celui qui en a donné le plus de détails ; le récit des trois autres est obscur ; celui de Jean est nettement précis. Voici ce qu'en dit Matthieu : « Après qu'ils l'eurent crucifié, ils partagèrent ses vêtements, les tirant au sort (1) ». Marc dit à son tour : « Et après l'avoir crucifié, ils partagèrent ses habits, les tirant au sort, afin de savoir ce que chacun aurait pour sa part (2) ». Selon l'évangéliste Luc : « Ils partagèrent ses vêtements et les tirèrent au sort (3) ». Mais Jean nous raconte combien de parts ils firent avec les vêlements de Jésus; ils en firent quatre pour les donner ensuite à chacun d'eux ; de là on peut conclure qu'il y avait quatre soldats pour accomplir la sentence du gouverneur et crucifier Jésus. Car cet Evangéliste dit clairement : « Après avoir crucifié Jésus, les soldats prirent ses vêtements et en firent quatre parts, une pour chaque soldat, et aussi la tunique ». Il faut sous-entendre

Ils prirent, en sorte que voici le sens de la phrase : Ils prirent ses vêtements, en firent quatre parts, une pour chaque soldat ; ils prirent aussi sa tunique. Nous le voyons d'après ces paroles: Ils ne tirèrent pas au sort les autres vêtements. Quant à la tunique qu'ils avaient prise avec les autres vêtements, ils se la partagèrent, mais d'une manière différente. Jean nous explique, en continuant, quel moyen ils employèrent pour cela : « Or, la tunique était sans couture et d'un seul tissu depuis le haut jusqu'en bas». Il nous fait ensuite connaître le motif pour lequel ils la tirèrent au sort. « Ils se dirent donc les uns aux autres : Ne la coupons pas, mais tirons

 

1. Matth. XXVII, 35. — 2. Marc, XV, 34. — 3. Luc, XXIII, 34.

 

au sort à qui elle appartiendra ». Par conséquent, ils eurent tous quatre une part égale dans les autres vêtements, et il leur fut inutile de les tirer au sort: pour la tunique, ils ne purent la partager, à moins de la couper en morceaux; mais à quoi auraient pu leur servir de pareils lambeaux? Afin de ne pas la morceler ainsi inutilement, ils préférèrent l'attribuer par le sort à l'un d'entre eux. Avec ce récit de l'Evangile concorde parfaitement le témoignage d'un Prophète, cité immédiatement après par Jean lui-même : « Afin », dit-il, « que cette parole de l'Ecriture fût accomplie: Ils ont partagé entre eux mes vêtements et tiré ma robe au sort ». Le Prophète ne dit pas qu'ils ont tiré au sort, mais qu'ils se sont partagé ; il ne dit pas non plus qu'ils se sont partagé les autres vêtements sans les tirer au sort; il ne fait aucune allusion au tirage au sort pour les autres vêtements ; mais il ajoute : « Et ils ont tiré ma robe au sort »; ces paroles ont trait à la tunique qui restait seule à partager. Je dirai à cet égard ce que Dieu m'inspirera; mais, auparavant, je trancherai la difficulté qui pourrait surgir de la discordance apparente des Evangélistes entre eux, et je ferai voir clairement que le récit de Jean n'est contredit par celui d'aucun des trois autres.

3. Par ces paroles: « Après l'avoir crucifié, ils partagèrent ses vêtements en les tirant au sort », Matthieu a voulu faire entendre que la tunique sur laquelle ils ont jeté le sort a été partagée en même temps que tous les autres vêtements, parce qu'en partageant tous ces vêtements au nombre desquels elle se trouvait, ils l'ont tirée au sort. Luc tient un langage analogue : « En partageant ses vêtements, ils jetèrent les sorts ». En faisant leurs partages, ils en vinrent à la tunique sur laquelle ils jetèrent les sorts, afin de compléter entièrement le partage de tous ses vêtements. Quelle différence y a-t-il entre ces paroles de Luc: « En partageant ils jetèrent les sorts», et ces autres de Matthieu : « Ils partagèrent en jetant le sort ? » Une seule, la voici. En disant « les sorts », Luc emploie le pluriel au lieu du singulier. L'emploi de ce mot n'est pas insolite dans les Ecritures; néanmoins, quelques exemplaires portent : « Le sort », au lieu de: «des sorts». Marc seul paraît donc avoir donné lieu à une petite difficulté, en s'exprimant ainsi : « Et jetant le (135) sort sur eux, afin de savoir ce que chacun aurait pour sa part », il semble dire que le sort a été jeté, non pas seulement sur la tunique, mais encore sur tous les autres vêtements. Mais ici encore, à force de concision, le récit devient obscur, car voici ses paroles : « En jetant le sort sur eux »; c'était dire, en d'autres termes : En jetant le sort pendant qu'ils partageaient les vêtements; c'est ce qui eut lieu. En effet, le partage de tous les vêtements du Sauveur n'aurait pas été complet si le sort n'avait pas désigné celui à qui échéerait aussi la tunique; c'était le seul moyen de mettre un terme aux chicanes des partageurs, ou plutôt de les empêcher d'éclater. « Afin que chacun sût ce qu'il devait avoir pour sa part »; ces paroles se rapportent au sort qui fut jeté, et non à tous les vêtements qui furent partagés. Ils jetèrent le sort, afin de savoir qui aurait la tunique. Parce que l'Evangéliste a omis de dire ce qu'était cette tunique, comment elle s'était trouvée en surplus après le partage égal des autres vêtements ; parce qu'il avait omis de dire qu'on la tirait au sort pour ne pas la déchirer, il a ajouté à dessein cette observation : « Afin que chacun sût ce qu'il devait avoir », c'est-à-dire, qui aurait cette tunique. De cette façon, telle aurait été sa pensée : Ils partagèrent ses vêtements en jetant le sort sur eux, afin de savoir auquel des quatre échéerait cette tunique qui se trouvait de reste, après partage égal.

4. Quelqu'un me demandera peut-être ce que signifient le partage des vêtements de Jésus en quatre lots et la mise des sorts sur sa tunique. La division en quatre parts des vêtements de Notre-Seigneur Jésus-Christ était la figure de celle de l'Eglise, qui se trouve disséminée dans les quatre parties du monde et partagée également, c'est-à-dire équitablement entre toutes ces parties. C'est pourquoi il est dit ailleurs que Dieu enverra ses anges pour réunir ses élus des quatre vents (1). Que signifient ces quatre vents, sinon l'Orient, l'Occident, l'Aquilon et le Midi ? Et cette tunique tirée au sort représente l'ensemble de toutes ces parties de l'Eglise, unies les unes aux autres par les liens de la charité. Pour parler de la charité, l'Apôtre s'exprime en ces termes: « Je vous montrerai une voie beaucoup plus excellente encore (2) ». Il dit en un autre endroit : « Et connaître l'amour

 

1. Matth. XXIV, 31. — 2. I Cor. XII, 31.

 

de Jésus-Christ envers nous, qui surpasse toute connaissance (1)» ; ailleurs encore « Mais surtout avec la charité, qui est le lien de la perfection (2) ». Si la charité a une voie plus excellente encore, si elle surpasse la science, si elle est commandée par-dessus toutes choses, il n'est pas étonnant que la tunique qui en était la figure ait été d'un seul tissu, depuis le haut jusqu'en bas. Elle était sans couture, pour qu'on ne pût jamais la découdre; elle est échue à un seul des quatre soldats, parce que de tous les chrétiens elle ne fait qu'un coeur et qu'une âme. Ainsi en a-t-il été pour les Apôtres: ils étaient au nombre de douze, c'est-à-dire de trois fois quatre. Lorsque le Sauveur les interrogea, Pierre fut seul pour répondre : « Vous êtes le Christ, Fils du Dieu vivant »; et le Christ lui dit : « Je te donnerai les clefs du royaume des cieux (3) », comme s'il donnait à Pierre seul le pouvoir de lier et de délier; cependant il avait parlé au nom de tous, et s'il avait reçu ce pouvoir, c'était comme représentant du collège apostolique, et tous l'avaient reçu comme lui. Seul, il représentait tous les autres, parce que tous ne faisaient qu'un. Aussi, après avoir dit qu' « elle était d'un seul tissu depuis le haut », Jean a-t-il ajouté: « jusqu'en bas ». Si nous nous reportons à ce que figurait cette tunique, nous verrons que quiconque appartient au tout, en fait partie; de ce tout, comme l'indique le grec, l'Eglise catholique tire son nom. Que représente le sort, si ce n'est la grâce divine? Le sort fut chose agréable à tous, parce que la tunique échut à tous dans la personne d'un seul; de la même manière la grâce de Dieu se répand sur tous, parce qu'elle se répand sur l'ensemble; de plus, quand on jette le sort, ce qui décide le succès, ce n'est ni la personne ni le mérite de l'un ou de l'autre, c'est le secret jugement de Dieu.

5. De ce que ce partage a été fait par des méchants, c'est-à-dire par des gens qui, au lieu de suivre le Christ, l'ont poursuivi, personne n'est en droit de conclure que leur conduite n'a rien pu figurer de bon. Que dirons-nous, en effet, de la croix elle-même, qui a été certainement préparée et attachée à la personne du Christ par des ennemis et des impies? Néanmoins, c'est avec raison qu'on voit en elle, suivant l'expression de l'Apôtre,

 

1. Ephés. III, 19. — 2. Coloss. III, 14. — 3. Matth. XVI, 15, 16, 19.

 

136

 

quelle est la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur (1) ». Sa largeur se trouve dans le bois transversal destiné à tenir étendus les bras du crucifié : elle représente l'étendue de la charité qui opère les bonnes oeuvres. Sa longueur va depuis le bois transversal jusqu'à terre: le dos et les pieds du Sauveur y sont attachés ; elle est l'emblème de la persévérance pendant le temps, jusqu'à l'éternité. Sa hauteur consiste dans le sommet qui dépasse le bois transversal; elle signifie le but céleste auquel se rapportent toutes nos actions; car tout ce qui se fait en longueur et en largeur, selon la règle du bien et avec persévérance, doit se faire en vue de la hauteur des récompenses divines. Sa profondeur se rencontre dans cette partie qui s'enfonce en terre ; elle est cachée, on ne la voit pas en cet endroit: c'est de là qu'elle sort néanmoins pour s'élever et apparaître aux regards; ainsi, toutes nos bonnes oeuvres sortent des profondeurs de la grâce divine, qu'on ne peut ni comprendre ni juger. Et quand la croix du Christ n'aurait d'autre signification

 

1. Ephés. III, 18.

 

que celle que lui attribue l'Apôtre : « Ceux qui appartiennent à Jésus-Christ ont crucifié leur chair avec ses passions et ses désirs déréglés (1) », de quel bien elle serait encore l'emblème ! Un esprit bon luttant contre la chair est seul capable d'agir de la sorte, bien que ce soit l'ennemi, l'esprit mauvais, qui a préparé cette croix au Sauveur. Enfin, quel est le signe du Christ? Tous le savent, c'est sa croix. Sans ce signe, il est impossible d'accomplir n'importe quelle cérémonie sacrée; il faut le faire et sur le front des croyants, et sur l'eau même qui doit servir à les régénérer, et sur l'huile mêlée de baume dont on les oint, et sur le sacrifice qui leur sert de nourriture. Peut-on dire que les actions des méchants ne signifient rien de bon, quand, dans la célébration des sacrements, tout le bien qu'ils nous procurent nous vient par le signe de la croix du Christ, faite de la main même des mécréants? Mais arrêtons-nous ici; un autre jour, avec la grâce de Dieu, nous expliquerons ce qui suit.

 

1. Galat. V, 21.

 

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