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rte de l'église 38 - CH-1897 Le Bouveret (VS)

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SOIXANTE ET UNIÈME TRAITÉ.

DEPUIS CES PAROLES DE NOTRE-SEIGNEUR : « EN VÉRITÉ, EN VÉRITÉ, JE VOUS DIS QU’UN DE VOUS ME TRAHIRA », JUSQU’À CES AUTRES : « C’EST CELUI À QUI JE DONNERAI DU PAIN TREMPÉ ». (Chap. XIII, 21-26.)

JUDAS.

 

Jésus ayant dit à ses Apôtres : Un d’entre vous, c’est-à-dire, l’un de vous, qui ne partage pas vos sentiments, me trahira, ils se regardèrent tous, et sur un signe de Pierre, Jean le bien-aimé demanda qui était celui-là. — C’est celui à qui je vais donner du pain trempé.—  Et le Sauveur en donna à Judas Iscariote.

 

1. A l’occasion de ce passage de l’Evangile qu’on vient de lire, mes frères, et que nous avons à vous expliquer, nous vous dirons encore quelque chose du traître Judas, que Notre-Seigneur désigna assez clairement en lui donnant le morceau de pain qu’il avait trempé. En vous parlant déjà de lui dans notre précédent discours, nous vous avons dit que, sur le point de le faire connaître, Jésus fut troublé en son esprit ; il agit peut-être ainsi, quoique je n’en aie rien dit, afin de nous montrer par ce trouble qu’il excita en lui qu’il faut souffrir ses faux frères dans le champ du Seigneur, comme on souffre l’ivraie mêlée au bon grain jusqu’au temps de la moisson (1); et quand, pour une cause pressante, l’Eglise est obligée d’en retrancher quelques-uns de son sein avant ce temps, elle ne le fait point sans en ressentir quelque trouble. C’est ce trouble de ses saints, dont les hérétiques et les schismatiques devaient être la cause, que

 

1. Matth. XIII, 29, 30.

 

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le Sauveur annonça et figura en lui-même, au moment où Judas, l’homme méchant pardessus tous, était sur le point de sortir et de quitter ouvertement la société du bon grain, au milieu duquel il avait été supporté si longtemps ; Jésus alors fut troublé, non dans sa chair, mais dans son esprit. Les gens de bien, à l’occasion de ces sortes de scandales, sont troublés non par malice, mais par charité : ils craignent qu’en séparant l’ivraie, on arrache aussi quelque épi de bon grain.

2. « Jésus fut donc troublé dans son esprit, et il dit ouvertement : En vérité, en vérité, je vous dis qu’un de vous me trahira.» « Un de vous », quant au nombre, mais non quant au mérite ; par l’apparence, mais non parla vertu; quant à la société extérieure, mais non par les liens de l’esprit; par la réunion des corps, mais non par l’union des coeurs : ce n’est donc pas un homme d’entre vous, mais un homme qui doit sortir d’avec vous. Car, autrement, comment pourrait être vrai ce qu’affirme ici le Seigneur en disant : L’un de vous, si nous devons admettre comme vrai ce que dit dans une de ses épîtres ce même Jean dont nous expliquons l’Evangile « Ils sont sortis d’avec nous, mais ils n’étaient pas d’avec nous; car s’ils eussent été d’avec nous, assurément ils seraient restés avec nous (1) ? » Judas n’était donc pas un d’entre eux; car s’il eût été un d’entre eux, il fût resté avec eux. Que signifient donc ces mots : « L’un de vous me trahira », sinon: il en sortira un d’entre vous qui me trahira ? Car l’Evangéliste qui nous dit en son épître : « S’ils eussent été d’avec nous, ils fussent restés avec nous », avait dit auparavant : « Ils a sont sortis d’entre nous », et ainsi est-il vrai qu’ils sont d’avec nous et qu’ils ne sont pas d’avec nous. Dans un sens, « ils sont d’avec nous », et dans un autre, « ils ne sont pas d’avec nous » ; par la participation aux sacrements « ils sont d’avec nous » ; mais par les crimes qui leur sont propres, « ils ne sont pas d’avec nous » .

3. « Les Apôtres se regardaient les uns les a autres, ne sachant de qui il parlait » : ils avaient, sans doute, un tendre amour pour leur Maître ; mais la faiblesse humaine les portait à se soupçonner les uns les autres. Chacun d’eux connaissait sa conscience, mais celle des autres lui était inconnue; et quoique

 

1. Jean, 11, 19.

 

chacun fût certain de lui-même, il était, pour tous les autres, un sui et de doute; tandis que lui-même soupçonnait tous les autres à son tour.

4. Mais l’un d’eux, que Jésus aimait, « reposait sur le sein de Jésus». Ce que l’Evangéliste a voulu dire par ces mots: « sur le sein », nous est expliqué plus loin; car il y est dit: « sur la poitrine de Jésus ». C’était Jean, c’était celui-là même dont nous expliquons l’Evangile, ainsi qu’il le déclare plus bas (1). Voici la coutume de ceux qui nous ont transmis les saintes lettres : lorsque, dans le récit de l’histoire sacrée, ils viennent à parler d’eux-mêmes, ils en parlent comme d’une autre personne ; et s’ils se donnent une place dans la suite de leur récit, ce n’est pas pour parler d’eux-mêmes, mais pour raconter les faits. C’est ainsi qu’agit Matthieu dans la suite de son Evangile. Pour parler de lui-même, il dit: « Jésus vit un publicain du nom de Matthieu, assis à son bureau, et lui dit : « Suis-moi (2) ». II ne dit pas: Il me vit et il me dit. Ainsi en a usé le bienheureux Moïse tout ce qu’il raconte de lui-même, il le raconte comme s’il était question d’un autre. Il s’exprime en ces termes : « Le Seigneur dit à Moïse (3) ». L’apôtre Paul a fait de même, non dans une histoire qui renferme le récit des événements passés ; mais dans une lettre où cette manière est bien plus inusitée, et en parlant de lui-même, il dit: « Je sais un homme en Jésus-Christ, qui fut ravi, il y a quatorze ans, jusqu’au troisième ciel. (Si ce fut avec son corps, je ne le sais pas, Dieu le sait (4) » . C’est pourquoi, lorsque notre bienheureux Evangéliste, au lieu de dire : J’étais couché sur le sein de Jésus, dit : « Un des disciples était couché » ; loin d’en être surpris, reconnaissons dans sa manière de parler la coutume des écrivains sacrés. La vérité ne perd rien de son exactitude, le fait est raconté tel qu’il est, et par cette façon de l’exprimer on évite toute vanité : l’Apôtre avait à raconter des choses qui étaient fort à son avantage.

5. Mais que signifient ces mots: « Le disciple que Jésus aimait ? » Est-ce qu’il n’aimait pas les autres ? Et même Jean ne nous a-t-il pas dit plus haut, en parlant d’eux « Il les aima jusqu’à la fin (5) ? » Et le Seigneur lui-même ne dit-il pas: a Nul ne peut avoir un

 

1. Jean, XXI, 20-24.— 2. Matth. IX, 9.— 3. Exod. VI, 1.— 4. II Cor. XII, 2.— 5. Jean, XIII,  1.

 

 

 

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« plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis (1) ?» Qui est-ce qui pourrait énumérer tous les passages des saintes Ecritures où le Seigneur Jésus se montra l’ami non-seulement de ce disciple et de tous ceux qui étaient avec lui, mais encore de tous ceux qu’il devait avoir dans la suite pour membres de son corps et aussi de toute son Eglise? Mais, assurément, il y a ici quelque chose de caché, et qui se rapporte au sein sur lequel était couché l’Apôtre qui dit ces paroles. Car le sein signifie ordinairement les choses secrètes; mais nous trouverons ailleurs une occasion plus favorable de parler de ce sujet, et le Seigneur nous fera la grâce de le traiter de façon à vous satisfaire.

6. « Simon Pierre lui fit donc signe et lui dit». Remarquons cette expression : une chose peut se dire non par des mots, mais seulement par des signes. « Pierre fit signe », dit l’Evangile, « et dit »; ce qui signifie : Il lui dit en faisant signe. En effet, si l’Ecriture appelle dit ce qui n’est exprimé que par la pensée, comme en ce passage : « Ils dirent en eux-mêmes (2) »; à plus forte raison est-ce dire que de faire signe, puisque ce qui est conçu dans le cœur s’exprime au dehors par des signes. Qu’est-ce donc que Pierre dit par ces signes ? Il ne dit rien autre chose que ceci : « Quel est celui dont il parle ?» Telles furent les paroles que Pierre adressa à Jean par ces signes ; car il se fit comprendre non par le son de la voix, mais par quelque mouvement du corps. « Celui donc qui reposait sur la poitrine de Jésus », sur ce sein qui était le sanctuaire de la sagesse, « lui dit : Seigneur, qui est-ce ? Jésus répondit : C’est celui à qui je donnerai un morceau de pain trempé; et, ayant trempé du pain, il 1e donna à Judas Iscariote, fils de Simon. Et  après qu’il eut pris ce pain, Satan entra en lui». Le traître est déclaré, les ténèbres où il se cachait sont dissipées : ce qu’il reçut était bon; mais il le reçut pour son malheur, parce que, étant mauvais, il reçut mal le bien qui lui était donné. Mais il y a beaucoup de choses à dire sur ce pain trempé et donné à ce fourbe, et sur ce qui suit : pour le faire, il nous faut plus de temps qu’il ne nous en reste à la fin de ce discours.

 

1. Jean, XV, 13.— 2. Sages. II, 1.

 

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