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rte de l'église 38 - CH-1897 Le Bouveret (VS)

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SOIXANTE-CINQUIÈME TRAITÉ.

SUR CES PAROLES DE NOTRE-SEIGNEUR : « JE VOUS DONNE, UN COMMANDEMENT NOUVEAU, DE VOUS AIMER LES UNS LES AUTRES, COMME JE VOUS AI AIMÉS, AFIN QUE VOUS AUSSI VOUS VOUS AIMIEZ LES UNS LES AUTRES. C’EST EN CELA QUE TOUS CONNAÎTRONT QUE VOUS ÊTES MES  DISCIPLES, SI VOUS AVEZ DE L’AMOUR LES UNS POUR LES AUTRES». (Chap. XIII, 34, 35.)

LE COMMANDEMENT NOUVEAU.

 

Jésus donne à ses Apôtres un commandement nouveau, celui de s’aimer d’un amour pur, spirituel, pour Dieu, et, par là même, d’aimer Dieu : ce doit être le signe particulier auquel on les reconnaîtra pour ses disciples.

 

1. Le Seigneur Jésus assure qu’il donne à ses disciples un commandement nouveau, lorsqu’il leur dit de s’aimer les uns les autres. « Je vous donne », dit-il, « un commandement nouveau, de vous aimer les uns les autres». Cependant le commandement n’existait-il pas déjà dans l’ancienne loi, où il est écrit: « Tu aimeras ton prochain comme toi-même (1) ?» Pourquoi donc Notre-Seigneur appelle-t-il nouveau un commandement qui nous paraît si ancien? Ce commandement est-il nouveau, parce qu’il nous dépouille du vieil homme pour nous revêtir de l’homme nouveau? Car il renouvelle celui qui l’écoute, ou plutôt celui qui l’observe. Mais il ne s’agit pas ici de toute espèce d’amour, il y est question de celui que Notre-Seigneur distingue de l’amour charnel, quand il ajoute: «Comme je vous ai aimés». Car les maris et les femmes, les parents et les enfants, et tous ceux qui sont unis entre eux par quelque lien,

 

1. Lév. XIX, 18.

 

s’aiment les uns les autres. Ne parlons pas de l’amour coupable et damnable qui unit entre eux les adultères, les hommes débauchés et les femmes de mauvaise vie, et tous ceux qui sont liés, non par les nœuds de la parenté, mais par une passion impudique et déréglée. Jésus-Christ nous a donc donné un commandement nouveau, celui de nous aimer les uns les autres, comme il nous a aimés lui-même. Cet amour nous renouvelle, fait de nous des hommes nouveaux, héritiers du Nouveau Testament et dignes de chanter le cantique nouveau. C’est ce même amour, mes très chers frères, qui a renouvelé les Justes de l’Ancien Testament, les Patriarches et les Prophètes, comme dans la suite il a renouvelé les bienheureux Apôtres; c’est encore lui qui maintenant renouvelle les nations et qui, de tout le genre humain répandu par tout l’univers, ne forme qu’un seul peuple, qui est le corps de cette nouvelle Epouse du Fils unique dont il est dit au Cantique des cantiques : [717] « Quelle est celle-ci qui monte toute blanche (1) ?» Elle est blanchie, parce qu’elle a été renouvelée ; et par quoi l’a-t-elle été, sinon par le commandement nouveau ? C’est pourquoi les membres dont elle se compose sont pleins de sollicitude les uns pour les autres; et si un membre souffre, tous les autres souffrent avec lui; et si, au contraire, un membre est glorifié, tous les membres s’en réjouissent avec lui (2). Car ils écoutent et observent ces paroles : « Je vous donne un commandement nouveau, de vous aimer les uns les autres » ; non pas de la manière dont s’aiment ceux qui se corrompent, non pas de la manière dont s’aiment les hommes, parce qu’ils sont hommes; mais de cet amour qu’ils doivent avoir parce qu’ils sont tous des dieux et les fils du Très-Haut, et qu’ils veulent être les frères de son Fils unique : car ils doivent s’aimer entre eux, comme les a aimés Celui qui les conduira à la seule fin capable de leur suffire et de satisfaire leurs désirs dans le bien (3). Alors, en effet, rien ne manquera à nos désirs, puisque Dieu sera toutes choses en tous (4). Une telle fin n’a pas de fin. Là personne ne meurt, car personne n’y arrive qu’il ne soit mort au monde, non de cette mort commune à tous, et qui sépare l’âme du corps, mais de la mort des élus, qui même encore dans cette chair mortelle, élève le coeur jusqu’au ciel. Parlant de cette sorte de mort, l’Apôtre disait : « Vous êtes morts, et votre vie est cachée en Dieu avec Jésus-Christ (5)». C’est peut-être pour cela qu’il est dit : « L’amour est fort comme la mort (6)». Par l’effet de cet amour il arrive que, retenus encore en ce corps corruptible, nous mourons au monde, et que notre vie est cachée en Dieu avec Jésus-Christ ; et même en cet amour consistent précisément notre mort au monde et notre vie avec Dieu. En effet, si la mort arrive quand l’âme se sépare du corps, comment n’y aurait-il pas mort, quand notre amour sort de ce monde ? L’amour est donc fort comme la mort. Qu’y a-t-il de plus fort que ce qui nous fait vaincre le monde ?

2. Ne pensez pas, mes frères, qu’en disant à ses disciples : « Je vous donne un commandement nouveau, de vous aimer les uns les autres », le Christ ait omis le commandement le plus important, qui est d’aimer le

 

1. Cant. VIII, 5, selon les Septante.— 2. I Cor. XII, 25, 26.— 3. Ps. CII, 5.— 4. I Cor. XV, 28.— 5. Coloss. III, 3. — 6. Cant. VIII, 6.

 

Seigneur notre Dieu de tout notre coeur, de toute notre âme et de tout notre esprit. Il semblerait, en effet, qu’il l’a passé sous silence, puisqu’il leur a dit « de s’aimer les uns les autres ». On croirait aussi que ce commandement n’a aucun rapport avec celui qui nous dit : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Car ces deux commandements », nous dit Notre-Seigneur, « renferment toute la loi et les Prophètes (1)». Mais pour qui les entend comme il faut, ces deux préceptes sont renfermés fun dans l’autre. En effet, celui qui aime Dieu ne peut mépriser le commandement qu’il nous fait d’aimer le prochain; et celui qui aime le prochain saintement et selon le Saint-Esprit, qu’aime-t-il en lui si ce n’est Dieu ? Tel est l’amour, éloigné de toute affection mondaine, que Notre-Seigneur a voulu nous indiquer lorsqu’il a ajouté : « Comme je vous ai aimés». Car qu’est-ce que Jésus-Christ a aimé en nous, si ce n’est Dieu ? Non pas que nous possédions Dieu en nous-mêmes; mais il nous a aimés pour nous amener à le posséder, et nous conduire, comme je l’ai dit tout à l’heure, là où Dieu sera toutes choses en tous. On dit, de la même manière, qu’un médecin aime bien ses malades. Ce qu’il aime en eux, c’est la santé qu’il cherche à leur rendre, et non pas la maladie dont il cherche à les délivrer. Aimons-nous les uns les autres, de telle sorte que, selon notre pouvoir et par l’effet de cet amour, nous nous poussions les uns les autres à posséder Dieu en nous. Cet amour nous vient de celui qui a dit : « Comme je vous ai aimés, afin que vous aussi vous vous aimiez les uns les autres ». Il nous a donc aimés pour que nous nous aimions les uns les autres, et par cet amour qu’il nous a porté, il nous a obtenu la grâce de nous aimer mutuellement, et en nous unissant par ces doux liens, il nous a mérité celle de ne former qu’un seul corps dont il est lui-même la tête.

3. « En cela », dit-il, « tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres». C’est comme si le Seigneur leur eût dit : Ceux qui ne sont pas mes disciples ne laissent pas d’avoir part à mes autres bienfaits ; non-seulement ils ont la nature humaine, la vie, la raison et jouissent de cette conservation qui est commune aux hommes et aux bêtes, ils ont

 

1. Matth. XII, 37-40.

 

718

 

même le don des langues, l’usage des sacrements, le don de prophétie, le don de science, la foi, le don de distribuer leurs biens aux pauvres et de livrer leur corps aux flammes pour être brûlés; mais parce qu’ils n’ont pas la charité, ils ne font que retentir comme des cymbales, ils ne sont rien et tout cela ne leur sert de rien (1). Ce n’est donc pas à tous ces dons, malgré leur prix, qu’on reconnaîtra mes disciples, car d’autres que mes disciples peuvent les recevoir; mais « en cela tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres». O Epouse de Jésus-Christ ! belle entre toutes les femmes, ô vous qui montez éclatante de blancheur, appuyée sur votre petit frère, de même que

 

1. I Cor. XIII, 1-3.

 

vous empruntez votre éclat à sa lumière, ainsi vous appuyez-vous sur lui pour y puiser votre force et ne pas tomber. Combien est-ce avec raison que l’on vous chante dans ce Cantique des cantiques, qui est comme votre épithalame : « L’amour fait vos délices (2) ». Cet amour ne laisse pas votre âme périr avec les impies, il distingue votre cause de la leur; il est fort comme la mort et il fait vos délices. O mort d’un genre admirable pour vous ! c’est peu de ne causer de peines à personne : vous faites même les délices de ceux qui vous goûtent. Mais il est temps de finir ici ce discours. Une autre fois nous parlerons de ce qui suit.

 

1. Cant. VII, 6, selon les Septante.

 

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