TRAITÉ XCVII
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QUATRE-VINGT-DIX-SEPTIÈME TRAITÉ.

SUR LA MÊME LEÇON.

 

SE DÉFIER DES FAUX DOCTEURS.

 

Qui est-ce qui peut comprendre Dieu ? Personne. Nous pouvons en approcher plus on moins, mais  nous ne le verrons tel qu'il est qu'au ciel. Par conséquent, mettons-nous en garde contre les discours de gens gâtés, qui n'en savent pas plus que nous et qui cherchent à porter atteinte à notre foi et à nos moeurs.

 

1. Le Sauveur promit à ses disciples de leur envoyer le Saint-Esprit: c'était lui qui devait leur enseigner toutes les vérités, même celles qu'ils ne pouvaient pas porter au moment où il leur parlait ; c'est de lui que l'Apôtre nous a dit que « nous en recevons maintenant les arrhes (1) », pour nous faire comprendre que la plénitude nous en est réservée dans l'autre vie ; c'est ce même Esprit-Saint qui enseigne aux fidèles les choses spirituelles, autant que chacun peut les porter; c'est lui qui enflamme leurs coeurs d'un plus vif désir, et leur fait faire des progrès dans cette charité qui fait aimer ce qu'on connaît, et désirer ce qu'on ne connaît pas assez ; néanmoins, ce que nous connaissons maintenant, n'importe à quel degré, nous devons savoir que nous ne le connaissons pas comme nous

 

1. II Cor. I, 22.

 

le connaîtrons dans cette vie que 1'œi1 n'a point vue, que l'oreille n'a point entendue et que le coeur de l'homme n'a point conçue (1). Si le maître intérieur voulait dès maintenant nous dire ces choses, comme nous les comprendrons plus tard, c'est-à-dire les découvrir et les montrer à notre âme, la faiblesse humaine ne pourrait les porter. Votre charité doit se rappeler ce que je vous ai dit, lorsque j'ai expliqué ces paroles que le Sauveur nous adresse dans le saint Evangile : «J'ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez les porter maintenant ». Dans ces paroles du Seigneur nous ne devons pas soupçonner je ne sais quels secrets cachés que le maître aurait bien pu dire, mais que les disciples n'auraient pu porter; nous devons y voir seulement ces vérités de la doctrine

 

1. I Cor. II, 9.

 

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chrétienne, que tout le monde connaît, que nous lisons, que nous écrivons, que nous écoutons et que nous répétons ; et ces vérités, si Jésus-Christ voulait nous les dire de la manière dont il les dit aux saints anges, en lui-même, Verbe unique du Père et coéternel au Père, personne ne pourrait les porter, fût-on spirituel autant que les Apôtres l'étaient peu, lorsque le Seigneur leur adressait ces paroles, et autant qu'ils le devinrent par l'effet de la descente du Saint-Esprit. Evidemment, tout ce qu'on peut savoir de la créature est au-dessous du Créateur lui-même; car il est Dieu souverain, véritable et immuable. Or, qui est-ce qui tait son nom ? Ce nom ne se trouve-t-il point sur les lèvres de ceux qui lisent et de ceux qui disputent, de ceux qui interrogent et de ceux qui répondent, de ceux qui louent et de ceux qui chantent des cantiques; en un mot, de tous ceux qui parlent et enfin même de ceux qui blasphèment? Toutefois, quoique personne ne taise son nom, quel est celui qui le comprend comme il doit être compris, bien qu'il se rencontre dans la bouche et dans les oreilles de tous les hommes? Quel est l'homme dont l'esprit, même en ce qu'il a de plus pénétrant, puisse en approcher? Où est l'homme capable de savoir qu'il est Trinité, s'il n'avait voulu se faire connaître sous ce rapport? Quoique personne ne taise le nom de la Trinité, quel est l'homme qui comprenne la Trinité comme la comprennent les anges? Les choses que tous les jours et publiquement on ne cesse de dire sur l'éternité, sur la vérité et sur la sainteté de Dieu, sont donc bien comprises par les uns et mal comprises parles autres. Ou plutôt, elles sont comprises par les uns et non comprises par ,les autres. Celui en effet qui comprend mal, ne comprend réellement pas; et même chez ceux qui comprennent bien, la vivacité de l'esprit fait que les uns voient mieux et les autres moins bien; et, en tous cas, nul homme ne comprend comme comprennent les anges. Donc dans l'âme elle-même, c'est-à-dire dans l'homme intérieur, s'opère un certain accroissement en vertu duquel non-seulement il passe du lait à une nourriture plus solide, mais il prend cette nourriture en quantité toujours plus grande. Il ne croît pas en volume et en dimension, mais en intelligence lumineuse ; car cette nourriture est une lumière de l'âme. Si donc vous voulez croître et comprendre Dieu, si vous voulez d'autant plus le comprendre que vous croîtrez davantage, vous devez le demander et l'attendre non d'un maître qui parle à vos oreilles, c’est-à-dire qui par son travail extérieur plante et arrose, mais de celui qui donne l'accroissement (1).

2. Aussi,.comme je vous en ai avertis,dans le discours précédent, prenez bien garde, vous surtout qui êtes de petits. enfants et qui avez besoin d'être nourris de lait, prenez garde à ces hommes qui, trompés par ces paroles du Seigneur : « J'ai encore beaucoup de choses « à vous dire, mais vous ne pouvez les porter « maintenant n, prennent de là occasion ,de tromper les autres; ne leur prêtez pas une oreille curieuse d'apprendre des choses inconnues, car vos esprits sont trop faibles pour discerner le vrai du faux ; défiez-vous d'eux, particulièrement à cause des turpitudes pleines d'obscénité que Satan a apprises à ces âmes chancelantes et charnelles. Dieu a permis qu'il en fût ainsi d'elles, afin que partout ses jugements devinssent un sujet -de crainte et qu'en comparaison de ces impures iniquités la douceur de la pure discipline fût goûtée par tous; c'était aussi afin de donner bonheur, crainte ou confusion à celui qui, soutenu par lui, n'est pas tombé dans ces abîmes, ou qui, relevé par lui, a pu en sortir. Prenez garde, craignez et priez ; par là vous éviterez le malheur de vous voir appliquer cette parabole de Salomon: « Une femme folle et audacieuse, n'ayant plus de pain », appelle les passants en disant « Prenez avec plaisir des pains cachés et goûtez la douceur des eaux dérobées (2) ». Cette femme, c'est la vanité des impies qui, malgré leur ignorance profonde, s'imaginent savoir quelque chose; car il est dit d'elle qu'elle n'a point de pain : « n'ayant « point de pain n, elle promet cependant du pain; c'est-à-dire qu'elle ignore la vérité et qu'elle promet néanmoins de donner la science de la vérité. Elle promet des pains cachés, et, à l'entendre, on les prend avec plaisir; elle promet la douceur des eaux dérobées, afin qu'on écoute et qu'on fasse avec plus de plaisir et de douceur ce qu'il est publiquement défendu, dans l'Eglise, de dire et de croire. C'est par ce secret que ces docteurs d'iniquité assaisonnent pour ainsi dire les poisons qu'ils donnent aux curieux; par là ceux-ci croient

 

1. I Cor. VI, 6. —  2. Prov. IX, 13-17.

 

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apprendre quelque chose d'important, puisqu'il mérite qu'on en fasse mystère, et ils avalent avec plus de plaisir une folie qu'ils considèrent comme une science dont ils dérobent en quelque sorte la connaissance prohibée.

3. Ainsi la science des arts magiques rend ses abominables rites eux-mêmes recommandables aux hommes qu'elle a séduits ou qu'elle veut séduire par une curiosité sacrilège. De là ces divinations illicites par l'inspection des entrailles des animaux qu'ils égorgent, parles cris et le vol des oiseaux, ou par d'autres signes de toute espèce que les démons leur enseignent et dont ces hommes perdus chatouillent les oreilles de ceux qu'ils veulent perdre. C'est à cause de ces mystères illicites et répréhensibles que cette femme est appelée non-seulement insensée, mais encore audacieuse. Car ces choses sont étrangères non-seulement à la réalité, mais au nom même de notre religion. Que dire donc de cette femme insensée et audacieuse qui, sous le nom de Christianisme, a produit tant de détestables hérésies et imaginé tant de fables impies ? Plût à Dieu que ces fables fussent de même nature que celles qu'on représente sur le théâtre par le chant, par la danse ou par une mimique bouffonne. Si seulement ce qu'ils ont pu imaginer contre Dieu n'était point de caractère à nous empêcher de savoir s'il faut plaindre leur folie ou admirer leur audace ! Or, tous les hérétiques, même les plus insensés, veulent garder le nom de chrétiens, et pour colorer l'audace de leurs impostures, dont le sentiment humain a horreur, ils se servent de ce passage de l'Evangile, où le Seigneur dit: «J'ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez les porter maintenant » ; comme si c'était leur doctrine que les disciples ne pouvaient porter alors et que le Saint-Esprit eût enseigné ces choses que l'Esprit immonde, malgré son audace, n'ose pas enseigner et prêcher ouvertement.

4. Ce sont ces hérétiques que l'Apôtre, éclairé du Saint-Esprit, voyait à l'avance et dont il a dit : « Car un temps viendra où ils ne souffriront point la saine doctrine, mais ils assembleront des maîtres selon leurs désirs, qui chatouilleront leurs oreilles; et ils détourneront leur attention de la vérité, et ils se tourneront   vers les fables (1) ».

 

1. II  Tim. IV, 3, 4.

 

Ce souvenir de mystère et de larcin, amené par ces mots : « Prenez avec plaisir des pains cachés et goûtez la douceur des eaux dérobées », fait naître dans l'oreille de ceux qui tombent dans la fornication spirituelle, une démangeaison pareille au prurit voluptueux qui fait perdre dans la chair l'intégrité de la chasteté. Ecoute l'Apôtre, voici comme il prévoyait ces choses et nous conseillait sage ment de les éviter : « Evitez », dit-il, « les paroles nouvelles et profanes ; car elles conduisent bien loin dans l'impiété, et leur doctrine s'étend comme un chancre (1) ». Et il ne dit pas : les paroles nouvelles ; mais il ajoute : « et profanes ». Car il y a des paroles nouvelles qui conviennent à la doctrine de la religion. Ainsi peut-on dire qu'il en a été du nom de chrétiens, quand il a commencé à s'établir: Ce fut à Antioche que les disciples, après l'ascension du Seigneur, furent pour la première fois appelés chrétiens; c'est ce que nous apprennent les Actes des Apôtres (2). Les hôpitaux et les monastères furent dans la suite appelés de noms nouveaux ; mais les choses elles-mêmes existaient avant les noms ; elles s'appuient sur la vérité de la religion, qui nous aide à les défendre contre les méchants. Contre l'impiété des hérétiques ariens on a formé le nom de consubstantiel (homousion) au Père; mais par ce nom on n'a pas désigné une chose nouvelle. On appelle, en effet, consubstantiel, ce qui est d'une seule et même substance : « Le Père et moi, nous sommes une seule chose (3) ». De fait, si toute nouveauté était profane, le Seigneur n'aurait pas dit : « Je vous donne un commandement nouveau (4) » ; son Testament ne serait pas appelé nouveau, et par toute la terre on ne chanterait pas un cantique nouveau. Mais les nouveautés profanes, ce sont les paroles que dit cette femme insensée et audacieuse : « Prenez avec plaisir des pains cachés, et goûtez la douceur des eaux dérobées ». L'Apôtre nous prémunit contre ces promesses de fausse science, lorsqu'il dit : « O Timothée, garde le dépôt en évitant les nouveautés profanes de paroles et les contradictions d'une science faussement nommée science. Quelques-uns l'ayant promise, se sont écartés de la foi (5) ». Car ces hérétiques n'aiment rien tant que promettre la science

 

1. II Tim. II, 16, 17. — 2. Act. XI, 26. — 3. Jean, X, 30. — 4. Id. XIII, 34. — 5. I Tim. VI, 20.

 

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et se moquer comme d'une sottise de la foi aux choses vraies que doivent croire les enfants.

5. Mais, dira quelqu'un, n'y a-t-il pas certains points de doctrine que les hommes spirituels taisent aux hommes charnels, et qu'ils enseignent aux hommes spirituels -+

Si je réponds non, aussitôt on m'objectera les paroles que nous lisons dans l'épître de l'apôtre Paul aux Corinthiens : « Je n'ai pu vous parler comme à des hommes spirituels, mais comme à des hommes encore charnels. Comme à de petits enfants en Jésus-Christ, je vous ai donné du lait, et non une nourriture plus solide. Car vous ne pouviez pas la supporter. A présent même vous ne le pouvez pas encore, car vous êtes encore charnels (1) ». On m'objectera aussi ce passage : « Nous prêchons la sagesse au milieu « des parfaits » ; et cet autre: «Aux hommes spirituels nous donnons les choses spirituelles ; mais l'homme animal ne conçoit pas les choses qui sont de l'Esprit de Dieu; c'est pour lui une folie (2) ». Quoi qu'il en soit, il ne faut point profiter non plus de ces paroles de l'Apôtre, pour chercher des mystères sous les nouveautés profanes des mots; on ne doit pas dire que les hommes charnels ne peuvent porter ce que tout homme chaste d'esprit et de corps doit éviter: c'est ce qu'il nous faudra, si Dieu nous l'accorde, montrer dans un autre discours, car il est grand temps de terminer celui-ci.

 

1. I Cor. III , 1, 2. — 2. Id. II , 6, I3, 14.

 

 

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