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LETTRE XC. AU MÊME.

LETTRE XCI. AUX ABBÉS RÉUNIS EN CHAPITRE A SOISSONS (a).

LETTRE XCII. AU ROI D'ANGLETERRE, HENRI.

NOTES DE HORSTIUS ET DE MABILLON

 

LETTRE XC. AU MÊME.

 

Vers l'an 1127.

 

Le véritable amour n'a pas besoin de longues lettres. Saint Bernard s'est trouvé dans un état à peu près désespéré, mais il va mieux à présent.

 

 

1. Votre lettre est courte, la mienne le sera aussi. Vous m'avez donné l'exemple, je le suivrai volontiers : d'ailleurs à quoi bon, comme vous le dites fort bien, tant de vaines et fugitives paroles quand il s'agit d'amitiés sincères et éternelles comme la nôtre? Vous aurez beau multiplier les citations et les vers, varier vos paroles et vos écrits pour me convaincre de votre amour, je sens que vous demeurerez toujours au-dessous de la réalité; car vous êtes dans le vrai si vous pensez de même à mon égard. Au moment où votre lettre m'a été remise, vous étiez présent pour mon coeur, et je suis bien convaincu qu'il en sera de même pour moi quand vous recevrez ma lettre, et que je vous serai présent aussi quand vous la lirez. Ce nous est un travail de nous écrire l'un à l'antre et pour nos messagers une fatigue de nous porter nos lettres, mais le cœur n'éprouve ni peine ni fatigue à aimer. Trêve donc de tout ce qui ne peut exister sans fatigue et ne faisons plus que ce dont la répétition est d'autant moins pénible qu'on s'y livre avec plus d'ardeur. Assez pensé pour notre esprit, assez parlé pour nos lèvres, assez écrit pour nos doigts, assez voyagé pour nos messagers ; mais que nos coeurs ne trouvent jamais que c'est assez (a) avoir médité, jour et nuit, la loi du Seigneur qui n'est que charité ; car plus nous cessons de le faire, moins nous goûtons de repos; et moins nous nous arrêtons dans cet exercice, plus nous trouvons de calme et de tranquillité: Aimons-nous mutuellement, c'est le moyen de nous être utiles l'un à l'autre, car nous nous reposons dans le coeur de ceux que nous aimons, comme ceux qui nous aiment se reposent dans le nôtre. Or quiconque aime en Dieu a la vraie

 

a  Toutes ces correspondances nuisent beaucoup à la piété et à l’esprit d'oraison, comme Il le dit dans la lettre placée en tête de son apologie adressée à l'abbé Guillaume, ainsi que dans la lettre précédentes

 

charité, par conséquent c'est travailler pour la charité que de tâcher de se faire aimer de Dieu.

2. Mais qu'est-ce que je fais`! je me promets d'être court, et je ne puis me borner. Le frère Guerri, dont vous désirez savoir des nouvelles, ne court pas au hasard dans les voies du salut, et ne donne pas des coups en l'air dans la lutte contre le démon; mais, convaincu que le salut dépend, non de celui qui court et combat, mais de la miséricorde de Dieu, il sollicite le secours de vos prières; demandez, pour lui, que celui qui lui donne la force de courir et de combattre lui fasse aussi la grâce d'arriver au but et de remporter la victoire. Veuillez saluer affectueusement de ma part, votre abbé, que j'aime beaucoup, non-seulement à cause de vous mais encore pour son propre mérite. Je me fais un très-grand plaisir de le voir à l'époque et à l'endroit que vous me dites. Je ne veux pas non plus vous laisser ignorer que la main de Dieu vient encore de s'appesantir un peu sur moi. Il s'en est fallu de peu que je ne fusse renversé du choc qu'il m'a donné; la cognée était à la racine de l'arbre stérile de mon corps, et j'ai bien cru qu'elle allait le couper; mais, grâce à vos prières et à celles de mes autres amis, le Seigneur a eu la bonté de m'épargner encore cette fois-ci, dans l'espérance chie je porterai de bons fruits à l'avenir.

 

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LETTRE XCI. AUX ABBÉS RÉUNIS EN CHAPITRE A SOISSONS (a).

 

Saint Bernard les excite à s'occuper avec zèle de l'objet de leur réunion : il leur recommande un grand amour des progrès spirituels, et les engage à ne pas se laisser ralentir dans leur couvre par les attaques ou les murmures des tièdes.

 

Aux révérends abbés réunis en chapitre à Soissons, le frère Bernard, abbé de Clairvaux, serviteur de leurs Saintetés, salut et prière ; que Dieu leur fasse connaître, régler et observer ce qui est propre à maintenir la piété.

 

1. Je suis bien fâché que mes occupations m'empêchent d'assister en personne à votre réunion, mais je suis avec vous en esprit, malgré la

 

a C'est un des premiers chapitres généraux que tinrent les Moines noirs, comme on les appelle, de la province de Reims. Il semble que l'apologie de saint Bernard adressée à l'abbé Guillaume, y donna occasion, et qu'elle lui fit, à l'exemple des religieux de Cluny et de Citeaux, convoquer cette assemblé?, pour aviser au rétablissement do la régularité religieuse qui allait s'affaiblissant. Ce chapitre se tint à Saint-Médard, sous l'abbé Geoffroy, auquel est adressée la soixante-sixième lettre de saint Bernard. Il était évêque de Châlons-sur-Marne quand pierre lé Vénérable en parlait ainsi dans sa quarante-troisième lettre du livre III : « C'est lui qui le premier répandit l'ordre divin de Cluny pat toute la France entière, qui en fut l'auteur et le propagateur ; bien plus, c'est lui qui expulsa l'antique dragon d'une foule de monastères, où il avait depuis longtemps établi sa demeure, et qui réveilla les moines de leur assoupissement, »  Innocent II décida qu'il serait tenu, tous les ans, par les Moines noirs, des chapitres généraux pareils à celui-là, comme on peut le voir dans l'appendice qui fait suite au tome II.

 

distance des lieux et les embarras des affaires; car je prie pour vous, je me réjouis avec vous et je nie repose en vous ; non, je le répète, je ne manque pas à votre assemblée de justes, quoique je ne sois pas dans le même endroit que vous et que ma personne ne compte pas dans ces réunions et dans ces conseils où, bien loin de vous obstiner à défendre avec une sorte de superstition une foule de traditions humaines , vous apportez tous vos soins à rechercher humblement quelle est la volonté de Dieu et ce qui est agréable et parfait à ses yeux. Tous mes désirs me portent là où vous êtes, je suis des vôtres par le coeur et par la conformité des sentiments; votre manière de voir est la mienne et je partage le zèle qui vous consume.

2. J'espère bien que ceux qui maintenant applaudissent à vos efforts, sur le ton de la raillerie, n'auront pas lieu de tourner un jour votre réunion en ridicule; et pour éviter qu'il en soit ainsi, efforcez-vous de ne leur donner prise en rien, par votre conduite qui ne saurait être trop sainte, ni par vos résolutions qui ne seront jamais trop bonnes, soyez-en bien convaincus. Il se peut qu'on soit trop juste ou trop sage, jamais on ne saurait être trop bon; aussi celui qui nous dit: « Ne portez pas la justice à l'excès (Eccles., VII, 17), » et: « Ne soyez pas sage outre mesure (Rom., XII, 3), » n'ajoute-il point: Prenez garde d'être trop bon, ne le soyez pas plus qu'il lie le faut; personne ne peut être bon avec excès. Paul était bon, cependant il lie se montre jamais content de son état; les regards toujours en avant, il oublie les progrès qu'il a faits pour lie songer qu'aux moyens de devenir tous les jours meilleur : il n'y a que Dieu qui ne saurait aspirer à le devenir, mais c'est parce qu'il ne peut l'être.

3. Arrière donc, devons-nous crier ensemble, à ceux qui nous disent : Nous ne voulons pas être meilleurs que nos ancêtres. Sans cloute leurs pères étaient aussi tièdes et aussi relâchés qu'ils le sont eux-mêmes; ils ont laissé une mémoire, maudite parce qu'ils ont mangé, comme on dit, des raisins verts dont leurs descendants ont encore les dents agacées; ou bien, s'ils prétendent que leurs pères étaient de saints personnages dont la mémoire est bénie, qu'ils les imitent dans leur sainteté et ne défendent pas, comme autant. de lois instituées par eux, les usages qu'ils ont tolérés et les dispenses qu'ils ont accordées. Si le prophète Élie s'écrie « Je ne vaux pas mieux que mes pères (III Reg., XIX, 4), » il ne dit pas qu'il ne veut pas être meilleur qu'eux. Parmi les anges de l'échelle mystérieuse

 

a Ce qu'on appelle ici traditions humaines n'est autre chose que les mitigations et les relâchements de la discipline régulière, dont il est parlé mi peu plus bas, ainsi que dans la cent cinquante-quatrième lettre, n° 1.

 

de Jacob, les uns montaient et les autres descendaient; on ne dit pas que le saint patriarche en vit qui fussent arrêtés. Or il en est de la vie comme de l'échelle de Jacob. s'il n'est pas permis aux anges de s'arrêter sur les échelons de l'une, nous ne saurions, dans l'autre, demeurer immobiles au point où nous nous trouvons, car nous ne sommes pas encore arrivés dans la patrie où plus rien ne change; elle est toujours à venir et toujours à trouver. Monter ou descendre, telle est donc notre loi: on ne peut essayer de s'arrêter qu'on ne tombe aussitôt. On peut dire que celui qui ne veut pas devenir meilleur, ne vaut encore rien, car on cesse d'être bon dès qu'on renonce à devenir meilleur.

4. Loin de nous encore les hommes qui appellent bien ce qui est mal et mal ce qui est bien. Si l'amour de la justice est pour eux un mal, qu'est-ce qui sera bien à leurs yeux? Sur un mot, un seul mot du Seigneur, jadis les pharisiens se sont scandalisés, mais du moins c'était pour un mot; les pharisiens de nos jours n'attendent pas qu'il soit dit une parole, ils se scandalisent de votre silence même. Vous voyez donc bien qu'ils ne cherchent que l'occasion de vous attaquer. Mais laissez-les, ce sont des aveugles qui conduisent d'autres aveugles. Travaillez au salut des petits, sans vous mettre en peine des murmures des méchants. Pourquoi craindriez-vous tant de scandaliser des gens que vous ne pouvez guérir qu'en vous rendant malades? Il ne faut pas même vous attendre à voir que vos résolutions communes seront du goût de chacun de vous: s'il fallait qu'il en fût ainsi, on ne ferait presque jamais le moindre bien; vous devez consulter non les voeux, mais les besoins de tous et les porter à Dieu, malgré eux, s'il le faut, plutôt que de les abandonner aux désirs de leurs coeurs. Je me recommande à vos saintes prières.

 

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LETTRE XCII. AU ROI D'ANGLETERRE, HENRI.

 

L’an 1132

 

Saint Bernard le prie de vouloir bien accorder sa faveur aux religieux qu'il envoie en Angleterre, pour y fonder un monastère.

 

Au très-illustre Henri, roi d’Angleterre, Bernard, abbé de Clairvaux, humble soumission et service fidèle des rois de la terre au Roi du ciel.

 

Il y a dans votre pays un bien a appartenant à notre commun maître qui a mieux aimé le payer do son sang que de ne pas l'avoir. J'ai formé le projet de le remettre en possession de  ce bien, et de votas envoyer, pour cela, une partie de mes gens qui en feront une ardente recherche,

 

a Saint Bernard veut parler ici des rimés appelles à la vie religieuse; c'est pour elles qu'il envoya en Angleterre des moines de Mordre de Citeaux, fonder l'abbaye de Ridal. Voir la note de Mabillon.

 

si vous le permettez, le découvriront là où il est et le rendront à son maître. C'est dans ce but, pour s'assurer exactement du véritable état (a) des choses et pour m'en rendre un compte fidèle, que je vous envoie les religieux que vous voyez maintenant devant vous; veuillez leur prêter aide et assistance comme à des envoyés de votre Seigneur auquel vous rendrez ainsi l'hommage que vous lui devez (b). Je le prie de vous combler, en retour, jusqu'à la fin de vos jours, de gloire et d'éclat, de bonheur et de prospérité, pour le salut de votre âme et la renommée de votre règne en même temps que pour la paix et le bien de vos sujets.

 

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NOTES DE HORSTIUS ET DE MABILLON

 

LETTRE XCII. A HENRI, ROI D’ANGLETERRE.

 

74. Il y a dans votre pays un bien appartenant à notre commun maître... L'histoire de l'abbaye de Wells, en Angleterre, nous fait connaître. ce qu'il faut entendre par ces paroles de notre Saint. Voici ce qu'on y lit (Hist. des monast. d'Anglet., tome Ier, p. 733): « Bernard, abbé de Clairvaux, avait envoyé des détachements de son armée d'invasion prendre possession des pays les plus éloignés; ils remportaient partout de brillantes victoires sur l'antique ennemi du salut et lui arrachaient sa proie des mains pour la remettre entre celles du souverain Roi. Le Ciel lui avait inspiré la pensée d'envoyer en Angleterre de sa noble vigne de Clairvaux quelque plant de grande espérance pour recueillir des fruits dans ces contrées, comme il le faisait dans le reste de l'univers. On possède encore la lettre même qu'il écrivit pour ses religieux au roi d'Angleterre, et dans laquelle il lui dit que son royaume renfermant une sorte de butin qui appartient à son maître, il y envoie de ses meilleures troupes pour le rechercher, s'en emparer et le rendre a celui à qui il appartient. Il engage le roi à prêter assistance à ces envoyés, et à ne pas manquer en cette circonstance de remplir les devoirs qu'il doit au suzerain dont il n'est que le feudataire. C'est ce qui arriva. Les religieux de Clairvaux furent reçus avec honneur par le roi Henri, ainsi que par ses sujets, et jetèrent dans la province d'York les fondements de l'abbaye de Ridal. Ce fut le premier établissement de l'ordre de Cîteaux dans cette partie de l'Angleterre. » On peut voir sur Henri Ier du nom, les notes de la lettre cent trente-huitième (Note de Mabillon).

 

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