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LETTRE CXXXIX. A L’EMPEREUR LOTHAIRE.

NOTES DE HORSTIUS ET DE MABILLON

LETTRE CXL. AU MÊME.

LETTRE CXLI. A HUMBERT, ABBÉ D'IGNY (a).

NOTES DE HORSTIUS ET DE MABILLON

 

LETTRE CXXXIX. A L’EMPEREUR LOTHAIRE.

 

Saint Bernard l'exhorte à réprimer le schisme et lui recommande l'affaire d'une église de Toul.

 

A Lothaire, par la grâce de Dieu auguste empereur des Romains, Bernard, abbé de Clairvaux, salut et prière, mais prière d'un pécheur.

 

1. Je bénis le Seigneur qui a fait choix de vous pour nous sauver et pour être le soutien de sa gloire, le défenseur de son nom, le restaurateur de l'empire, le protecteur de l'église dans ses jours d'épreuves, et le pacificateur du monde entier. C'est à lui que vous devez le prestige toujours écrasant de votre nom, et la réputation de grandeur que vous acquérez tous les jours davantage parmi les hommes. Vous lui devez aussi l'heureuse issue du long et périlleux voyage (a) que vous avez entrepris dernièrement pour la paix de l'empire et la délivrance de l'église, car en venant à Rome pour y ceindre votre front du signe glorieux de la plénitude du pouvoir impérial, vous n'avez voulu vous faire accompagner que d'une escorte peu nombreuse, afin de mieux faire éclater à tous les regards votre bravoure et votre confiance. Si à la vue de cette poignée de soldats dont se composait votre suite le pays n'a point osé remuer, quelle ne sera pas la terreur de vos ennemis quand vous déploierez contre eux toute la force de votre bras, et lorsque vous marcherez contre eux appuyé sur l'excellence de la cause que vous défendez et poussé par deux invincibles raisons ? Il ne m'appartient pas, ce semble, de vous prêcher la guerre, mais je ne me fais aucun scrupule de vous rappeler qu'en qualité de protecteur de l'église vous devez exterminer l'hérésie qui la ronge, et qu'en qualité d'empereur vous ne pouvez point ne pas revendiquer la couronne dont le tyran de Sicile s'est emparé au mépris de vos droits. Si c'était une honte pour Notre-Seigneur qu'un Juif (b) d'origine s'assit dans la chaire de Pierre, ce n'en est pas une moins éclatante pour l'empereur, qu'un autre que lui ceigne la couronne de Sicile.

 

a Orderic, livre XIII, page 896, en rapportant le voyage que Lothaire fit à Rome en 1133, dit cependant qu'il enjoignit a à Pierre de Léon d'avoir à renoncer à ses prétentions en faveur de l'autre, ou à se soumettre au jugement qui serait porté de son élection, a et qu'il fit ta même injonction au pape Innocent. Pierre consentit à la proposition de Lothaire, mais Innocent refusa de le faire, ce qui indisposa contre lui l'empereur qui laissa Pierre retenir ce qu'il possédait et se retira sans avoir terminé l'affaire qui l'avait amené. Voir les autres notes.

b Nous avons déjà dit dans la préface du présent volume, d'après les Actes des évêques du Mans, qu'Anaclet était juif d'origine.

 

2. Mais s'il est également de notre devoir de faire rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu, pourquoi permettez-vous qu'à Toul on fasse à l'église un tort considérable dont l'empire d'ailleurs ne tire aucun profit? Ne craignez-vous pas de compromettre même les choses plus importantes en négligeant celles qui le sont moins? On dit que l'église de Saint-Jangoulf (a) de cette ville est l'objet de vexations aussi graves qu'injustes, et l'on prétend qu'induit en erreur par je ne sais quelle machination, vous avez interposé votre crédit auprès du saint Siège pour dissuader le pape Innocent d'intervenir en cette affaire, comme il se proposait de le faire en faveur de l'église opprimée. Je vous conseille donc et je vous prie instamment de vouloir bien revenir prudemment sur vos pas dans cette circonstance, et de permettre qu'on rende justice à cette église avant qu'elle soit tout à fait ruinée, au lieu de favoriser le parti;. qui l'oppresse. Je ne suis qu'un pauvre religieux, mais je ne le cède à personne en dévouement et en fidélité pour vous, c'est pourquoi j'ose risquer de vous importuner. Je présente mes très-profonds respects dans la charité de Notre-Seigneur, à Sa Majesté l’impératrice.

 

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NOTES DE HORSTIUS ET DE MABILLON

 

 

LETTRE CXXXIX. A LOTHAIRE.

 

99. Je bénis le Seigneur qui a fait choix de vous..... Saint Bernard s'adresse ici à Lothaire, duc de Saxe ; c'était un homme extrêmement recommandable, selon Guillaume de Tyr, livre XII, chap. XVI; Otton de Frisingen, livre VII, chap. XVII; et Sigonius, qui le déclare digne de vivre dans la mémoire des hommes, non moins à cause de, ses sentiments religieux que pour la grandeur de son courage. L'abbé d'Ursperg (Conrad) en parle comme d'un prince habile dans la direction de la guerre, prudent dans le conseil et redoutable aux ennemis de Dieu et de la sainte Eglise; Pierre, diacre, lui décerne des louanges non moins grandes et non moins magnifiques. « Qui n'admirerait, dit-il, le génie d'un tel empereur? On l'a vu siéger à son tribunal depuis la première heure du jour, constamment occupé à réconcilier des frères entre eux, oubliant pendant tout ce temps-là le boire et le manger et ne songeant qu'à rétablir la paix et la concorde. Sous le manteau impérial, il sentait qu'il n'était que le soldat du Roi du ciel. Je l'ai vu moi-même, en campagne, entendre, de grand matin, une messe pour les défunts, une autre pour son armée, et une troisième, celle du jour, pour lui peut-être. » On peut voir en quels termes l'auteur cité plus haut continue son récit; il mérite d'être lu et peut donner d'utiles exemples aux bons princes. Ce n'est donc pas sans raison que saint Bernard remercie Dieu d'avoir mis un tel homme à la tête de l'empire (Note de Horstius).

100. Du long et périlleux voyage qu'il entreprit sur les instances de saint Bernard, quand il passa d'Allemagne en Italie et s'avança jusque sous les murs de Rome, à peine suivi de quelques troupes, pour rétablir le pape Innocent sur son siège et recevoir de ses mains, en retour, la couronne impériale: ce qui eut lieu, en grande pompe, dans la bar silique de Saint-Jean-de-Latran, quoique l'antipape Anaclet occupât encore avec ses troupes, non-seulement la basilique du Vatican, mais même tous les points les mieux fortifiés de Home où il avait placé des postes et des garnisons. Voir Baronius à l'année 1132; Sigonius, liv. II, à la même année; et la Vie de saint Bernard, livre II, chap. II.

101. Revendiquer la couronne dont la tyran do Sicile s'est emparé.. Le droit à la couronne de Sicile a donné lieu autrefois à de grandes contestations qui ne sont pas encore tout à fait assoupies. Nous n'avons pas à nous en occuper, on peut voir, si on veut, sur ce sujet l'écrit de Barronius, si toutefois il existe encore, et ceux qu'on lui a opposés; mais ce n'est pas sans raison que saint Bernard appelle Roger «  l’usurpateur de Sicile. » puisqu'il s'est injustement emparé des duchés de Pouille et de Calabre qui avaient été confiés à la garde de son cousin Guillaume, et les conserva en son pouvoir depuis le pontificat de Callixte jusqu'en 1136, époque à laquelle l'empereur Lothaire revint pour la seconde fois en Italie, et, selon l'abbé d'Ursperg, envahit la Pouille et vainquit Rager après avoir excité l'ardeur de ses troupes en leur rappelant qu'ils marchaient contre l'ennemi particulier de l'Eglise qui l'avait excommunié. Voir Othon de Frisingen, liv. VII, chap. XVI et XX; Fazell, liv. VII, dernière décade. Toutefois ce prince se convertit dans la suite, grâce aux efforts de saint Bernard et de Pierre de Cluny dont les lettres lui firent songer à se réconcilier avec l'Eglise (Note de Horstius).

102. L'église de saint Gengoulf , dont Sigebert parle en ces termes à l'année 759: « Saint Gengoulf est bien connu en Bourgogne, il eut la gloire de souffrir le martyre. » L'évêque de Toul saint Gérard, qui florissait en 968, éleva dans sa ville épiscopale une basilique insigne en l'honneur de saint Gengoulf, selon ce qui m'a été écrit par l'illustrissime et révérendissime monseigneur André Saussay, évêque et comte de Toul, non moins distingué par son savoir et ses écrits que par sa haute dignité, Voici ce qu'on lit dans un manuscrit ancien qu'il a entre les mains: « Saint Gérard jeta le premier les fondements de l'abbaye de Saint-Gengoulf dont nous avons déjà parlé. » Eudes, également évêque de Toul, lit restaurer cette église; c'est celle qu'on appelle encore l'abbaye de Saint Gengoulf, dénomination donnée autrefois à plusieurs églises collégiales, et conservée même encore maintenant, par exemple, pour l'église de Saint-Exupère de Corbeil, dont le doyen ou primicier du chapitre a le nom d'Abbé (Note de Mabillon).

 

 

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LETTRE CXL. AU MÊME.

 

Vers l’an 1135

 

Saint Bernard recommande à l'empereur Lothaire la ville de Pise, qui était entièrement dévouée au pape Innocent.

 

Je me demande avec un profond étonnement comment il se fait qu'on ait pu imposer à votre pénétration au point de vous indisposer contre une ville que vous devriez, pour plus d'une raison, traiter avec bienveillance et avec honneur. Je veux parler de Pise, qui osa seule, avant toute autre, lever l'étendard contre un ennemi de l'empire. Je comprendrais bien plutôt que votre royal courroux se fût allumé contre ceux qui n'ont pas craint d'attaquer les braves et dévoués habitants de Pise, précisément au moment même où ceux-ci prenaient les armes et s'avançaient au nombre de quelques mille pour combattre le tyran, venger leur maître et défendre la couronne impériale. Je puis bien dire de cette ville ce que l'Ecriture rapporte de David, et vous demander si dans tout votre empire vous en comptez une seule plus fidèle que Pise, et qui se soit montrée plus disposée à mettre, au :premier ordre venu de vous, ses troupes en campagne, ou à les rappeler dans ses murs. Ne l'a-t-on pas vue dernièrement forcer l'unique et redoutable ennemi de ce royaume

 

a Jangoulf, ou Gengoulf, était une église collégiale de Toul en Lorraine, très-remarquable. Elle fut fondée en 1065 par saint Gérard. Voir aux notes et la cent soixante-dix-huitième lettre.

 

à lever le siége de Naples, et, dans une campagne qui parait incroyable, s'emparer d'Amalfi, de Ravello, de Scala et d'Aturnie, villes aussi puissantes que riches, et tellement bien fortifiées qu'elles avaient jusqu'alors passé pour inexpugnables. Il eût été digne de Votre Majesté autant que conforme à la raison et à la justice, de mettre le territoire de Pise à l'abri des entreprises de ses ennemis, au moins pendant toute la durée de cette expédition, surtout quand on pense qu'en même temps qu'elle donnait au pape Innocent, forcé de quitter Rome, un asile honorable où il est resté jusqu'à ce jour, elle se dégarnissait elle-même de ses troupes pour les envoyer au loin défendre la cause de l'empire. Cependant Votre Majesté a tenu une conduite tout opposée: cette ville, dont la fidélité était éprouvée, est tombée en disgrâce, taudis que ses ennemis sont en faveur auprès de vous. Je suppose que peut-être n'étiez-vous pas instruit de la vérité; mais à présent que vous la connaissez, il y va de votre devoir, de votre honneur et de votre intérêt de revenir, à son égard, à des sentiments tout contraires, de lui tenir un langage et de lui montrer des dispositions tout autres. Les habitants de cette ville ont; très-bien mérité de Votre Majesté, et sont dignes de jouir désormais de votre confiance et de recevoir la récompense de leur dévouement. Quels services n'ont-ils pas rendus et ne peuvent-ils pas rendre encore à votre cause! Mais c'est assez pour un esprit pénétrant comme le vôtre.

 

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LETTRE CXLI. A HUMBERT, ABBÉ D'IGNY (a).

 

L’an 1138

 

Saint Bernard lui adresse un blâme sévère pour avoir eu la coupable imprudence d'abandonner sa charge et son abbaye.

 

1. Dieu vous pardonne ! Qu'avez-vous osé faire? Qui jamais eût pansé qu'un homme tel que vous pût faire une pareille chute, et qu'un arbre si excellent pût produire de si mauvais fruits? Dieu est terrible dans ses jugements! Ce qui m'étonne, ce n'est pas que le démon ait pu tenter un religieux d'une vie si longtemps irréprochable et d'une piété si exemplaire; mais que Dieu lui ait permis de le faire. A quoi dois-je.

 

a Humbert était religieux de la Chaise-Dieu quand il le devint de Clairvaux ; en 1127 il fut placé par saint Bernard à la tête du monastère d'Igny, diocèse de Reims, dont il fut le premier abbé. Son goût pour la vie privée le porta à se démettre de sa charge en 1138, date de cette lettre que saint Bernard lui a adressée d'Italie. Humbert n'en persévéra pas moins dans le parti qu'il avait pris, et fut remplacé dans son monastère d'Igny par l'abbé Guerric; il mourut à Clairvaux en 1148, comme nous le dirons plus loin, en rapportant le magnifique discours que saint Bernard fit à sa mort. A l'occasion de cette lettre, Horstius a fait une longue dissertation sur les commendes et les commendataires. La lettre quarante-sixième d'Hildebert traite du même sujet que celle-ci.

 

m'attendre moi qui ne suis qu'un serviteur négligent et paresseux, quand- je vois le serviteur diligent et fidèle livré, du moins pour un temps, aux mains de l'ennemi du salut ? Quelle raison ou plutôt quelle impiété a pu vous décider à ce départ qui fait le chagrin de vos enfants et la joie de vos ennemis ? Comment se fait-il que la pensée d'Arnoud ne vous ait point empêché de marcher sur ses traces ? Vous n'avez certainement pas oublié la prompte et terrible fin de sa présomption : encore peut-on dire pour l'excuser, si je suis bien renseigné, qu'il a eu un motif pour agir comme il l'a fait, tandis que vous n'en avez aucun pour l'imiter. Vous ne pouvez en effet alléguer l'insubordination de vos frères, la paresse des religieux convers, la malveillance de vos voisins contre vous et contre les vôtres, ou l'insuffisance de vos ressources temporelles; car si vous avez abandonné vos religieux, ce n'est pas parce que vous n'avez pu ni les nourrir ni les gouverner.

2. Je crains donc beaucoup, pour vous qu'on puisse vous appliquer ces paroles du Seigneur: «Ils m'ont haï sans sujet (Joan., XV, 25). » Qu'a-t-il dû faire, pour vous qu'il n'ait pas fait? Il a planté pour vous une vigne de choix qu'il a entourée du voeu de continence comme d'une haie vive, il y a creusé le pressoir de la discipline, élevé la tour de la pauvreté, dont le sommet se perd dans les cieux, puis il vous en a établi le vigneron et le gardien; il a béni vos travaux et n'attend plus pour les couronner que vous le vouliez bien. Mais vous, un malheur! vous détruisez les murailles et l'enclos de cette vigne, elle est chargée de raisins déjà mûrs et vous la laissez ouverte à tous les passants. hélas ! où est le gardien qui en éloignera le sanglier de la forêt pour l'empêcher d'y faire des ravages et les bêtes qui peuvent y causer des degôts ? Je ne comprends pas que vous ayez agi de la sorte afin de vous mieux préparer à la mort, comme vous me l'avez dit dans une lettre; vous devriez craindre au contraire qu'elle ne vous surprenne après un tel scandale et sous le coup des anathèmes du souverain Pontife. Après tout, si vous étiez décidé à agir comme vous l'avez fait, ne, pouviez-vous pas attendre que, n'ayant plus à me préoccuper des nécessités pressantes de l'Eglise entière, je pusse m'occuper de la malheureuse communauté que vous délaissez comme un enfant qu'on abandonne ? Je vous prie et vous supplie donc, au nom de celui qui est mort pour vous sur la croix, de ne pas ajouter à mes tourments déjà excessifs et de ne pas mettre le comblé aux peines et aux chagrins dont je suis accablé par le schisme qui déchire en ce moment l'Eglise entière; ils sont tels que la vis nie serait encore à charge quand même j'aurais la consolation de savoir que la paix dont vous jouissiez avec vos frères n'est point troublée.

 

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NOTES DE HORSTIUS ET DE MABILLON

 

LETTRE CXLI.

 

103. A Humberl, abbé d'Isigny. Il avait été placé par saint Bernard, en 1127, à la tête de ce monastère situé dans la diocèse de Reims; mais en 1138, pendant que les affaires du schisme retenaient saint Bernard en Italie, Humbert, cédant au désir de rentrer dans le calme et la tranquillité, se démit de la charge d'abbé et se retira à Clairvaux. Saint Bernard ressentit une grande contrariété de la résolution d'Humbert, comme on le voit par cette lettre; elle suggéra à Horatius la digression suivante (Note de Mabillon).

 

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