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LET. CDXLII-CDXLIV

LETTRE C. A UN ÉVÊQUE.

LETTRE CI. A DES RELIGIEUX.

LETTRE CII. A UN ABBÉ.

NOTES DE HORSTIUS ET DE MABILLON

 

LETTRE C. A UN ÉVÊQUE.

 

Saint Bernard loue sa libéralité et sa bienveillance envers les religieux.

 

Si je connaissais moins votre zèle pour une oeuvre de cette importance, je le stimulerais par mes prières et par mes exhortations. Mais, puisque votre piété a prévenu mes intentions, il ne me reste plus qu'à rendre grâce à Celui de qui tout bien procède, pour vous avoir inspiré la pensée du bien, et à le prier de vous donner les moyens de le faire. Mais en attendant, je ne puis vous cacher ma joie, ni vous dissimuler le bonheur que vos dispositions me font ressentir : rien ne saurait égaler l'allégresse oit je suis quand je vois votre ardeur et votre zèle pour le bien; mais si je suis si heureux, c'est moins de vos largesses que de l'avantage que vous en tirez, elles ne me sont agréables qu'à cause de vous; s'il en était autrement, je ne ressentirais pas pour vous cette charité qui ne compte pour rien ses propres intérêts. Certainement vos bienfaits nous profitent extrêmement, mais ils vous sont encore plus utiles qu'à nous, s'il faut en croire celui qui a dit, comme vous le savez : « Il vaut mieux donner que recevoir (Act., XX, 35).» Vos largesses conviennent à un évêque, elles font la gloire de votre sacerdoce, ajoutent à l'éclat de votre couronne et rehaussent celui de votre dignité. Si votre charge ne vous permet pas d'être pauvre, du moins votre conduite montre que vous aimez les pauvres; or ce n'est pas la pauvreté, mais  l'amour de la pauvreté qui est une vertu, car il est dit : « Heureux ceux qui sont pauvres, non pas en effet, mais en esprit (Matth., V, 3). »

 

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LETTRE CI. A DES RELIGIEUX.

 

Saint Bernard les engage à recevoir avec bonté un de leurs frères qui les avait quittés sans autorisation.

 

Je vous renvoie le frère Lambert qui nous est arrivé avec l'esprit peut-être un peu flottant, et incertain, mais à qui vos bonnes prières ont rendu le calme, et j'espère qu'il ne retombera plus désormais dans tous ses scrupules. Je l'ai questionné sur l'intention qui l'amenait chez nous, de même que sur le motif qui l'avait poussé à vous quitter et sur la manière dont il s'était éloigné de vous; il ne me semble pas qu'il ait eu une mauvaise intention en agissant comme il l'a fait, mais il n'avait pas de raison suffisante pour quitter sa communauté sans permission. Aussi n'ai-je pas manqué de le blâmer vertement de sa conduite, tout en détruisant comme je le devais ses hésitations et ses doutes et en l'engageant à retourner auprès de vous. Je vous prie donc, mes frères bien-aimés, de l'accueillir à son retour avec indulgence et de lui pardonner une présomption où il y a plus de simplicité que de malice; ce qui le prouve, c'est que, sans prendre ni à gauche ni à droite, il est venu droit à moi qu'il sait être le serviteur dévoué de Vos Saintetés, un admirateur sincère et un ardent imitateur de votre piété. Recevez-le donc en esprit de douceur, vous qui êtes spirituels, soyez charitables envers lui, et voyez dans l'intention qui l'a fait agir un motif de vous montrer indulgents à son égard. Je vais plus loin : son départ vous avait affligés, montrez de la joie à son retour, et que la satisfaction de le voir sitôt revenir parmi vous dissipe la tristesse dont la perte d'un frère vous avait navré l'âme. J'espère qu'avec la grâce de Dieu toute la peine que vous avez ressentie de l'irrégularité de sa sortie s'adoucira bientôt à la vue de la sincérité de son retour.

 

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LETTRE CII. A UN ABBÉ.

 

Il faut, lui dit saint Bernard, essayer de fous les moyens possibles pour corriger un religieux déréglé; mais si déjà on l'a tenté sans succès on doit l'expulser, de peur qu'il ne nuise aux autres.

 

1. Voici le conseil que j'ai à vous donner au sujet du religieux déréglé qui jette, par sa conduite, le désordre parmi les autres et qui ne tient aucun compte de l'autorité de son supérieur: il est court, mais bon. Le démon n'est occupé qu'à rôder dans la maison de Dieu, cherchant quelque âme à dévorer; vous, de votre côté, vous ne devez avoir d'autre préoccupation que d'ôter à l'ennemi du salut toute occasion de nuire. En conséquence, plus le démon fait d'efforts pour détourner du troupeau une pauvre petite brebis malade afin de l'entraîner ensuite d'autant mieux qu'il n'y aura plus personne pour l'arracher de sa gueule, plus, de votre côté, vous devez opposer de résistance et la retenir dans vos bras, de peur qu'il ne triomphe et ne s'écrie en parlant de vous: J'ai été plus fort que lui. Recourez donc pour sauver ce religieux à toutes les ressources de la charité ; n'épargnez ni les bons procédés et les avis charitables, ni les réprimandes secrètes et les remontrances publiques; appelez à votre secours les paroles menaçantes et même l'emploi, s'il le faut, des peines corporelles; mais avant tout recourez au moyen le plus sûr, priez, et que vos religieux prient avec vous pour lui.

2. Si déjà vous avez fait tout cela sans succès, il ne vous resté plus qu'à suivre le conseil de l'Apôtre et « d'éloigner le mal du milieu de vous (I Cor., V, 13) » si vous ne voulez qu'il fasse des progrès et infeste les autres. Vous savez bien qu'un mauvais arbre ne peut porter de bons fruits; retranchez donc ce mauvais religieux, mais non point de la manière qu'il désire, car il ne faut pas qu'il puisse croire que vous lui permettez de se retirer et de vivre à sa guise, en sûreté de conscience, loin de sa communauté (a), dégagé des obligations de son état et des liens de l'obéissance, comme s'il était rentré en possession de sa liberté; séparez-le des autres comme une brebis malade qu'on éloigne du troupeau, ou comme un membre gangréné qu'on ampute afin de sauver le reste du corps; qu'il voie bien que désormais, à vos yeux, il n'est plus qu'un païen et un publicain. Ne craignez pas d'aller contre la charité si vous sacrifiez une brebis au salut du troupeau, un religieux dont la malice peut aisément troubler la paix de toute une communauté. Ce mot de Salomon: « Personne ne peut sauver celui que Dieu abandonne (Eccle., VII, 14), » ainsi que cette parole du Sauveur : « Tout arbre que mon Père n'a pas planté sera arraché (Matth., XV, 13), » doivent vous rassurer. Vous connaissez aussi ce mot de saint Jean au sujet des schismatiques : « Ils sont sortis de chez nous, mais ils n'étaient pas des nôtres (I Ioan., II, 19)) ; » et cette. décision de l'apôtre saint Paul : « Si

 

a La discipline varia suivant les temps et les lieux, en ce qui concerne les religieux incorrigibles. La Règle de Saint-Benoit, chap. 28 et 29, prescrit de les renvoyer. Le concile de Cliffe, en 747, décide dans son vingt-quatrième canon qu'on ne les renverra qu'après un décret conforme du syndic. On tint une autre conduite envers les religieuses; on en avait expulsé une de l'abbaye de Saint-Pierre de Metz, après lui avoir ôté son voile; le concile tenu en cette ville en 888 la fit rentrer dans son couvent, par son neuvième canon, et « enfermer dans la prison du monastère.  » Au douzième siècle, les chanoines réguliers étaient expulsés de leur monastère, comme on le voit par la trente-huitième lettre d'Etienne de Tournay. Voir la note de Horstius.

 

l'infidèle veut se retirer, qu'il se retire (I Cor., VII, 15). » Vous ne devez donc pas livrer les justes à la séduction des méchants, de peur qu'a leur contact ils tic deviennent méchants eux-mêmes; mieux vaut sacrifier un membre que de perdre le corps tout entier.

 

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NOTES DE HORSTIUS ET DE MABILLON

 

 

LETTRE CII.                

 

80. Ne craignez pas d'aller contre la charité si vous sacrifiez une brebis au salut du troupeau, etc. Saint Bernard s'en tient à la règle de Saint-Benoît, qui veut qu'on essaie de tous les moyens pour corriger les religieux prévaricateurs, et qu'on n'épargne d'abord ni les admonitions, ni le fouet, ni la prière de tous les autres religieux, après quoi, « si on n'a pu, par aucun de ces moyens, opérer la guérison du malade, l'abbé devra recourir au tranchant du fer, selon le conseil de l'Apôtre, qui nous dit : Retranchez le mal du milieu de vous, etc. » (Règle, chap. XXVIII.) Le poète avait dit auparavant : « Essayez d'abord de tous les moyens pour guérir le mal, mais si la plaie est incurable, armez-vous du fer, amputez la partie malade de peur qu'elle ne nuise au reste du corps qui est demeuré sain. » (Ovid., I, Metam.)

Mais on pourrait, sur la règle de Saint-Benoît, comme sur les paroles de saint Bernard, proposer un doute et demander si les monastères ont le droit d'expulser un religieux incorrigible. Le cardinal n'est pas de cet avis dans la Clémentine, Ne in agro. §. Quia vero, sur l'état monastique, et s'appuie sur le canon Impudicas, xxiv, question I, où il est dit, d'après le concile de Tribur, que les religieuses impudiques seront enfermées dans la prison du monastère ; et sur le canon Nec religiosi, sur les réguliers, où il est prescrit de recevoir les religieux fugitifs ou qui ont été expulsés à cause de leur insubordination, soit dans leur premier couvent, soit dans tout autre maison de leur ordre, pour y faire pénitence. Bien plus les abbés et les prieurs de ces maisons peuvent même au besoin être. contraints à les recevoir, par des censures ecclésiastiques. Les autres religieux sont d'ailleurs suf1isâ th ment protégés contre le danger que prévoit la règle, d'être corrompus eux-mêmes, puisque les coupables doivent être retenus dans une prison perpétuelle. D'un autre côté, si dans les quatre murs même d'un couvent ces religieux sont de moeurs si dépravées et si scandaleuses que serait-ce d'eux si on leur permettait de sortir ou si on les expulsait de leurs monastères? Exempts de toute contrainte et abandonnés à leurs sens pervers, ne les verrait-on pas lâcher la bride à leurs passions et tomber dans tous les excès? Il semble donc préférable de couper court à une telle licence par la prison et les fers.

Néanmoins je sais que l'opinion opposée ne manque pas de partisans parmi les canonistes et les théologiens. Voyez saint Thomas, Quod l. 42, dernière question du Commentaire de la règle de saint Augustin, Férésius. Caramuel, etc., dans le Commentaire de la règle de saint François, et particulièrement de celle de saint Benoît.

A la décision du concile de Tribur, ils répondent qu'on ne peut faire valoir les mêmes raisons pour les religieux que pour les religieuses; et quant à la prison, ils disent qu'elle deviendrait une peine et une charge très-lourde pour les couvents bien plutôt que pour les mauvais religieux. Nous laissons au lecteur le soin de juger de la valeur de ces raisons et de consulter les commentateurs de la règle, car nous ne saurions nous arrêter davantage sur ce point (Note de Horstius).

Nous venons d'entendre sur cette question l'opinion de Horstius, on peut encore consulter sur le même sujet Haëstenus dans ses dissertations monastiques, et nos auteurs Menard et Edmond Martène dans leurs Commentaires sur la règle de saint Benoît (Note de Mabillon).

 

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