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LETTRE CCVII. A ROGER, ROI DE SICILE.

NOTES DE HORSTIUS ET DE MABILLON

LETTRE CCVIII. AU MÊME PRINCE.

NOTES DE HORSTIUS ET DE MABILLON

LETTRE CCIX. AU MÊME PRINCE.

 

LETTRE CCVII. A ROGER, ROI DE SICILE.

 

L’an 1139

 

Saint Bernard l'engage à se montrer bienveillant et libéral envers les religieux pauvres.

 

Il n'est bruit dans le monde que de votre magnificence, et la gloire de votre nom remplit l'univers. Permettez néanmoins qu'un ami vous fasse entendre un conseil, celui de rapporter toute la gloire dont vous jouissez à celui de qui vous la tenez, si vous ne voulez la perdre ou vous perdre avec elle. C'est ce que vous ferez si parmi cette foule d'étrangers que le renom de magnificence qui s'attache à votre personne royale, attire auprès de vous, vous savez discerner le pauvre de l'ambitieux et réserver vos libéralités pour le premier. Vous savez qu'il est dit : « Heureux celui qui sait démêler le vrai pauvre et le véritable indigent (Psalm. XL, 1),» ce qui doit s'entendre de celui qui ne demande qu'à regret, ne reçoit qu'en rougissant, les secours qu'on lui donne, et ne les accepte qu'en bénissant notre Père qui est dans les cieux. Soyez sùr que, lorsque Dieu sera glorifié dans vos largesses par la bouche du pauvre, vous verrez vous-même votre gloire grandir encore, car le Seigneur aime ceux qui l'aiment, il comble de gloire ceux qui le glorifient, et fait recueillir une ample moisson à ceux qui sèment avec largesse (II Cor., IX, 6). Voilà pourquoi je vous prie de jeter un regard. bienveillant sur le porteur de cette lettre; ce n'est pas l'amour des biens de ce monde qui le conduit auprès de Votre Majesté, il n'y va que poussé par la nécessité. Encore n'est-ce pas pour lui, mais pour une multitude de fidèles serviteurs de Dieu, dont il est le délégué, qu'il se rend à votre cour. Veuillez prêter au récit de leurs souffrances une oreille attentive et compatir à leurs peines; si vous souffrez avec eux vous régnerez également avec eux. Ne dédaignez point l'appât de leur couronne, tout roi que vous soyez, car c'est de la couronne du ciel qu'il s'agit, et elle n'est le partage que de ceux qui méprisent les biens de ce monde. Voilà les amis que je vous engage à vous assurer au prix de richesses qui ne servent qu'à l'iniquité, afin que le jour où vous cesserez de régner sur la terre, ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels (Luc., XVI, 9).

 

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NOTES DE HORSTIUS ET DE MABILLON

 

LETTRE CCVII.

 

162. Il n'est bruit dans le monde que de votre magnificence. Ce langage est bien différent de celui que saint Bernard lui tenait, auparavant. S'il n'épargnait pas ce prince quand il faisait le mal, il lui parle bien différemment maintenant qu'il est revenu au bien; il sait changer de ton selon que ceux à qui il écrit changent de mœurs, comme on la voit à la fin de la lettre deux cent vingt-quatrième. On comprend à la lettre de saint Bernard que Roger n'était plus ce qu'il avait été autrefois, l'ennemi déclaré de l'Eglise, le perturbateur de la paix publique, le fauteur du schisme, le persécuteur du pape Innocent et le compétiteur de l'empereur. Il s'était montré autrefois d’une telle férocité qu'il n'avait dans un temps respecté ni les choses saintes, ni les personnes consacrées à Dieu, ni même le cadavre de ses ennemis, ainsi qu'on peut le voir dans Othon de Freisingen, livre VII, chapitre XXIII; et dans Baronius, tome XII, année 1136.

Aussi, en parlant de lui, saint Bernard l'appelait-il alors le tyran de Sicile (lettre CXXX et CXXXVI), « le tyran de Sicile qui s'est emparé de la couronne au mépris des droits de l'empereur (lettre CXXXIX). » « Le due de la Pouille, ce prince qui s'est laissé gagner par l'espérance de se voir confirmer le titre de roi qu'il a usurpé (lettre CXXVII). »

Pierre de Cluny fait de ce prince un pompeux éloge, livre IV, lettre XXXVII; sans doute il ne s'exprimait ainsi que lorsque, après avoir obtenu du pape Innocent devenu son prisonnier la confirmation de son titre de roi, il eut fait venir dans ses Etats des religieux de Cluny et de Cîteaux.

On voit par la lettre suivante que ce prince avait un grand désir de voir saint Bernard (Note de Horstius).

 

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LETTRE CCVIII. AU MÊME PRINCE.

 

L’an 1139

 

Le roi Roger avait manifesté à saint Bernard le désir de le voir; le Saint lui envoie à sa place des religieux qu'il le prie de recevoir comme ses propres enfants et de traiter comme d'autres lui-même.

 

Puisque vous avez manifesté le désir de me voir, je me présente à vous dans ces enfants que Dieu m'a donnés, car on me dit que Votre Majesté royale se montre pleine de bienveillance pour mon humble personne et manifeste le désir de me voir. Qui suis-je pour refuser un si grand honneur? Me voici donc, je suis en votre présence, sinon de corps et dans cette apparence d'infirmité qui rendit le Seigneur méprisable aux yeux d'Hérode, du moins dans la personne de ceux que je regarde comme d'autres moi-même, car eux et moi nous ne faisons absolument qu'un, et je suis avec eux partout où ils se trouvent, même au bout du monde et sur les plages les plus lointaines. Vous avez donc, Sire, en ce moment devant vous la lumière même de mes yeux, mon coeur et mon âme; que vous manque-t-il pour m'avoir tout entier? Mon corps, ce faible et vil esclave, que la nécessité retient ici quelque désir que j'aie de le conduire à vos pieds, car il est si faible qu'au lieu d'aller où l'esprit voudrait le conduire, il n'aspire plus qu'au repos de la tombe. Mais pourquoi m'en inquiéter ? Je me trouverai au comble de mes vœux dès que je verrai mes enfants se multiplier dans le monde, et y perpétuer une sainte postérité; ils n'ont besoin que d'une contrée fertile pour y prospérer. Quand il en sera ainsi, je m'estimerai béni du ciel; car je recueillerai le fruit de mes travaux, c'est du moins l'espérance que je nourris dans mon coeur et qui me donne la force de me séparer de mes enfants; sans cela, croyez-le bien, Sire, cette séparation m'eût été plus pénible que la mort; mais il y va de la gloire de Dieu et je m'y résigne. Je vous prie donc de ne pas les recevoir seulement comme des étrangers et des hommes venus de loin, mais plutôt comme les concitoyens des saints, les membres de la famille de Dieu même. Je dis trop peu, recevez-les comme des rois, ils le sont en effet, le royaume du ciel leur appartient à raison de la pauvreté qu'ils ont embrassée. Après tout, il ne conviendrait pas à Votre Majesté de les avoir mandés de si loin pour leur laisser mener la vie errante des exiles. Si vous les abandonniez ainsi, comment pourraient-ils, sur la terre étrangère, chanter les cantiques du Seigneur? Mais pourquoi appeler étrangère la terre qui ouvre d'elle-même son sein à la bonne semence et déjà couve avec bonheur le germe qui lui a été confié? Le bon grain que je vous envoie est tombé dans une terre excellente et féconde, j'ai donc lieu d'espérer qu'il prendra racine, avec la grâce de Dieu, qu'il germera, qu'il se multipliera et portera des fruits en son temps (Luc., XIII, 23; I Cor., III, 82) ; or un jour viendra où Votre Majesté les partagera avec moi, et chacun de nous recevra alors selon la mesure de ce qu'il aura fait.

 

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NOTES DE HORSTIUS ET DE MABILLON

 

LETTRE CCVIII.

 

163. D'avoir fait un serment illicite.... Voici en quels termes Guillaume de Nangis raconte le fait dans sa chronique à l'année 1142. «L'Eglise de France fut troublée par une dissension qui s'éleva entre le pape Innocent et le roi de France Louis. Aubry archevêque de Bourges, étant mort, le Pape envoya en France Pierre, qu'il consacra pasteur de ladite ville; mais, rejeté par le roi Louis, parce qu'il avait été ordonné sans son assentiment, il ne fut pas reçu dans sa ville. Le roi Louis avait accordé à l'église de Bourges la liberté d'élire l'évêque qu'elle voudrait, excepté ledit Pierre, et il avait publiquement juré que de son vivant il ne serait pas archevêque. Pierre cependant, ayant été élu, partit polir Rome et fut consacré par le pape Innocent, qui dit que le roi était lui enfant qu'il fallait former et empêcher de s'accoutumer à de telles actions, et il ajouta qu'il n'y avait pas liberté d'élection quand le prince exceptait quelqu'un, à moins qu'il ne soutînt devant le juge ecclésiastique que celui-ci n'était pas éligible, auquel cas le prince serait entendu comme un autre. Cependant ce roi, comme on vient de le dire, refusa l'archevêque à son retour; mais Thibaut, comte de Champagne, le reçut dans sa terre dont toutes les églises lui obéirent. Le roi, indigné di, cela, appela presque tous ses grands à faire la guerre avec lui au comte Thibaut. » Tel est le récit de Guillaume de Nangis, d'où il résulte que Matthieu Paris a commis une erreur de date en rapportant le même fait à l'aimé 1146. Non-seulement les choses en vinrent au point que le roi Louis déclara la guerre au comte Thibaut; mais il la fit avec une telle fureur qu'il mit le feu à Vitry, où il fit périr une foule de gens de tout âge et de tout sexe dans les flammes; en même temps il empêcha les églises qui se trouvaient dans les terres du comte de faire les élections et les ordinations nécessaires, et les fit même occuper par les troupes de son frère Robert, comme saint Bernard s'en plaint en particulier dans sa lettre deux cent vingt-quatrième à l'évêque de Palestrine Etienne. Cette malheureuse division entre le Pape et le roi cessa enfin, grâce aux soins de notre saint Docteur, à l'avènement du pape Eugène III.

 

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LETTRE CCIX. AU MÊME PRINCE.

 

L’an 1139

 

Saint Bernard fait l'éloge de sa munificence envers les religieux qu'il lui a envoyés.

 

Vous avez reçu ce que vous avez demandé et vous avez fait ce que vous avez promis; car si à votre sollicitation j'ai consenti à vous envoyer des religieux et à les exposer à tous les hasards d'un long voyage; Votre Majesté les a revus avec une munificence toute royale; non contente de subvenir avec empressement à leur premiers besoins, elle a pourvu à leur bien-être et les a établis dans un pays délicieux où coulent. le lait et le miel et où toutes sortes de fruits naissent en abondance; les vaches et les brebis y donnent du lait en quantité et du beurre excellent, la figue et le blé y sont délicieux, et les vignes y produisent un vin exquis. Ce sont dés biens terrestres, j'en conviens; mais on achète le ciel à ce prix, et par là on se rapproche de Dieu qu'on se rend propice. Ceux que vous gratifiez de ces biens sont maîtres du ciel, et ils pourront un jour donner au prince de la terre qui les comble de ses dons la vie et la gloire éternelles en échange des biens de ce monde. Je vous envoie le religieux Bruno, qui a été longtemps mon fidèle et inséparable compagnon, et qui devient aujourd'hui le père de plusieurs saints religieux pauvres selon le monde et riches en Jésus-Christ. Veuillez étendre sur lui les effets de votre libéralité royale, afin d'augmenter le nombre des amis qui vous recevront dans les tabernacles éternels. D'ailleurs je regarde comme étant fait à moi-même tout ce que vous ferez pour lui, attendu que je suis chargé de pourvoir à tout ce qui lui manque; je me trouve d'autant mieux fondé à vous adresser ce pauvre de Jésus-Christ, que votre bourse est un peu mieux garnie que la mienne.

 

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