SERMON XXI
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VINGT-ET-UNIÈME SERMON (a). Sur ces paroles de la sagesse : « Le Seigneur a conduit le juste par des voies étroites, etc. (Sap. X, 10). »

 

1. Il y a le juste qui s'accuse lui-même le premier, dès qu'il ouvre la bouche (Prov. XVIII, 17), celui qui vit de la foi (Rom. I, 17), et le juste enfin qui ne connaît point la crainte (Prov. XXVIII, 1). Le premier est bon, il s'approche de la carrière, le second est meilleur, il court dans la carrière , et le troisième est très-bon , il approche déjà du terme de la carrière. Mais ici, commençons par le premier qui s'offre à nous, c'est celui que le Seigneur, non un autre, a conduit; car il n'y a que le Seigneur qui puisse retirer des voies de l’iniquité pour conduire et garder dans celles de la vérité, «dans les voies droites (Sap. X, 10) » est-il dit. Les voies du Seigneur sont droites et belles, elles sont pleines et planes. Elles sont droites et sans erreur, parce qu'elles conduisent à la vie; elles sont belles et sang souillure, parce qu'elles enseignent la pureté ; elles sont pleines d'une foule de voyageurs, parce que le monde entier se trouve pris maintenant dans les filets du Christ; elles sont planes et sans obstacle, parce qu'elles sont pleines de douceur. En effet, le joug du Seigneur est doux et son fardeau léger. « Il lui montre le royaume de Dieu (Matt. XI, 30). » Le royaume

 

a Certains auteurs attribuent ce sermon à Nicolas de Clairvaux qui l'aurait  composé pour l'octave de la fête de saint André. Mais comme nous ne le trouvons point parmi les dix-neuf sermons que ce religieux a envoyés à Henri, comte de Troies, nous avons mieux aimé l’attribuer à saint Bernard.

 

de Dieu s'accorde, se promet, se montre et se possède. Il s'accorde dans la prédestination, il se promet dans la vocation, il se montre dans la justification et se possède dans la glorification. Voilà pourquoi le Seigneur s'écrie ; « Venez les bénis de mon père, possédez le royaume de Dieu (Matt. XXV, 34). » L'Apôtre dit, en effet : « Ceux qu'il a prédestinés, il les a aussi appelés, il les a justifiés, et ceux qu'il a justifiés il les a aussi glorifiés (Rom. VIII, 30), ». La prédestination est l’oeuvre de la grâce, la vocation, celle de la puissance, l'allégresse se retrouve dans la justification, et la gloire, dans la glorification.

2. « Et il lui a donné la science des saints. » Or la science des saints c'est d'être crucifiés dans le temps pour être heureux dans l'éternité. La science des méchants est l'opposée de celle des saints. Il y a aussi la science du monde, qui enseigne la vanité, et la science de la chair qui apprend la volupté. L'une est comme notre père, et l'autre comme notre aère. En effet, de Même qu'une mère ne souhaite à son fils que calme et que repris, et éloigné toute peine de lui, ainsi une chair bien engraissée, bien développée, regimbe et ne peut souffrir qu'on la touche même du bout du doigt. Et comme un père veut que son fils aille çà et là pour apprendre ce qui deviendra pour lui un libyen de devenir illustre, ainsi le monde vent-il que les hommes s'adonnent à une foule de travaux, pour se procurer un sujet d'orgueil, d'enflure et de vanité, qui concourent parfaitement ensemble. Il y a deux filles, comme deux rejetons de la volonté propre que je compare à des sangsues avides, ce sont la vanité et la volupté qui crient sans cessé : Apporte, apporte. Elles ne se rassasient jamais, jamais elles ne disent : c'est assez . Si on arrive un jour à les briser complètement en soi, ce n'est pas sans raison qu'on s'appropriera cette parole du Psalmiste : « Mon père et ma mère m'ont abandonné, mais le Seigneur m'a pris sous sa protection (Psal. XXVI, 16). »

3. « Il l'a honoré, dans ses travaux, » Et nous, est-ce que nous ne sommes point aussi honorés dans nos travaux, quand nous faisons concourir tout ce que nous faisons au lien de l'unité, en sorte qu'on ne trouve pas en nous deux poids et deux mesures , attendu que l'un et l'autre sont abominables aux yeux de Dieu. Est-ce que ce néant, cette absence de toute beauté, ces diminutifs de vêtement (a) que nous portons, ne sont point en honneur, et l'objet de la vénération des princes mêmes de ne monde? Malheur à nous, si nous nous réjouissons en autre chose qu'en Jésus-Christ et par Jésus-Christ ! Malheur à nous si nous ne lui offrons le spectacle que d'une pauvreté sur laquelle on peut spéculer ! Et il lui en a fait (de sa science), recueillir de grands fruits, » soit ici-bas dans la persévérance, qui fait que la justice ne l'abandonnera jamais jusqu'à la fin, soit là-haut dans la gloire, qui sera pour lui le sujet d'une éternelle allégresse. Mais dans l'un et dans l'autre cas, les fruits que le juste recueille, soit qu’il vienne ici-bas plein de jours, soit qu’il se lève là-haut dans la plénitude des jours, il est rempli des deux côtés, ici de grâce, là-haut de gloire, attendu que le Seigneur lui donnera la grâce et la gloire. Ainsi soit-il.

 

Saint Bernard veut parler ici d'un vêtement des plus humbles que portaient les Cisterciens, et qui n'en était que plus vénérable aux yeux mêmes des princes de la terre. Voir la préface placée en tête du tome second des oeuvres de Saint Bernard, de Mabillon. n. 45.

 

 

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