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QUARANTE-TROISIÈME SERMON. (a) La magnanimité, la longanimité, lunanimité.
1. Au temps de la primitive Église, saint Luc nous recommande trois vertus en quelques mots, en nous montrant comment les apôtres persévéraient dans la prière après l'Ascension du Seigneur, dans l'attente des consolations du ciel dont ils avaient reçu la promesse. Par une louable magnanimité, le petit troupeau du Seigneur, privé des consolations de son pasteur, mais ne doutant point qu'il ne fût l'objet de ses soins, convaincu au contraire qu'il avait pour lui une sollicitude toute paternelle, frappait à la porte du ciel par ses dévotes supplications, car il était assuré que les prières des justes pénètrent les cieux, que le, Seigneur ne méprise pas les voeux des pauvres, et ne les laisse. point retomber sur eux sans une abondante bénédiction. Mais ils ne faisaient pas moins preuve d'une grande longanimité, quand ils persévéraient selon ce mot du Prophète : « S'il tarde à venir, attends-le, car il viendra sûrement et ne peut tarder davantage (Abat. II, 3). » Quant à l'unanimité, elle n'est pas moins clairement exprimée dans le même passage, or elle est seule appelée du nom des meilleurs dons du Saint-Esprit ( I Cor. XII, 31). En effet, Dieu nest pas un Dieu de dissensions, mais un Dieu de paix, qui fait habiter les hommes ensemble comme s'ils n'étaient qu'un (Psal. LXVII, 7). 2. C'est donc avec raison que l'oreille de Dieu a entendu la préparation de leur coeur, qu'il ne les a pas confondus dans leur espérance, et qu'il leur a fait la grâce d'être magnanimes, longanimes et unanimes. Ce sont les témoignages les plus certains de la foi, de l'espérance et de la charité. En effet, il est évident que si lespérance enfante la longanimité, la charité produit l'unanimité. Est-ce que, la foi ne rend pas aussi magnanime ? Il n'y a qu'elle qui puisse le faire. En effet, là où la foi manque, on ne saurait trouver une vraie et solide grandeur, d'âme, il n'y a qu'enflure vaine, que boursouflure et que vent. Voulez-vous entendre un homme magnanime ? « Je puis tout, vous dit-il, dans celui qui me fortifie (Philipp. IV, 13). » imitons, mes frères, cette triple préparation, si nous désirons obtenir le Saint-Esprit dans. une mesure qui déborde. En effet, tous les hommes, Jésus-Christ seul accepté, reçoivent le Saint-Esprit, avec mesure ; mais il semble que le comble
a Dans les éditions précédentes ce sermon était le cinquième pour la fête de l'Ascension.
d'une mesure qui déborde, excède en quelque sorte la mesure. La magnanimité est évidente dans notre conversion, puissions-nous faire preuve d'une égale longanimité dans notre consommation, et d'une pareille unanimité dans notre genre de vie. Voilà par quelles âmes la Jérusalem céleste désire se voir reconnaître, il lui faut des âmes qui ne manquent, ni de grandeur dans la foi, pour recevoir le fardeau de Jésus-Christ, ni de longueur dans l'espérance pour persévérer, ni de liant dans la charité qui est le lien de la perfection.
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