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GUERRIC
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TOUSSAINT
CANTIQUE

SERMONS DE GUERRIC, ABBÉ D'IGNY, DISCIPLE DE SAINT BERNARD, POUR LE COURS DE L'ANNÉE.

 

PREMIER SERMON POUR L'AVÈNEMENT DE NOTRE-SEIGNEUR.

 

1. « Nous attendons le Sauveur » (Tit. II, 13)., Cette attente fait vraiment la joie des justes, de ceux qui vivent dans la bienheureuse espérance de l'avènement de la gloire de notre grand Dieu, notre Sauveur Jésus-Christ. « Et maintenant, quel est l'objet de mon attente?» s'écrie le juste, « N'est-ce pas le Seigneur (Psalm. XXXVIII,8)? »Et se tournant vers le Seigneur : Je sais, s'écrie-t-il encore, que vous ne confondrez point mon espérance «parce que ma substance est déjà en vous, » parce que la nature que vous nous avez empruntée et que vous avez offerte pour nous, a été glorifiée en votre personne, et que vous nous avez donné par là l'espérance que « toute chair viendra à vous » que les membres suivront la tête, afin que l'holocauste soit parfait. Il peut néanmoins attendre avec une confiance d'autant plus pleine, que sa conscience est plus assurée, celui à qui il a été donné de dire : la substance de ma petite possession est en vous, Seigneur, parce qu'en vous consacrant ou en dédaignant mes richesses pour l'amour de vous, j'ai ramassé un trésor dans le ciel et déposé à vos pieds tous mes biens? car je sais que vous avez assez de puissance, non-seulement pour conserver mon dépôt, mais encore pour me le rendre au centuple, en y ajoutant la vie éternelle. Que vous êtes heureux, pauvres d'esprit, vous qui, suivant les instructions du conseiller admirable, vous êtes amassé des trésors dans le ciel, de crainte que si vos richesses demeuraient sur la terre, vos coeurs ne s'y corrompissent également. « Là où est votre trésor, » dit l'Écriture, « là est aussi votre coeur (Matth. VI, 21). » Que les coeurs suivent donc leurs trésors, que la pensée soit fixée en haut, que votre attente ait pour objet le Seigneur, et qu'il vous appartienne de dire avec l'Apôtre : mais notre a vie est dans le ciel, d'où nous attendons aussi notre Sauveur. (Philipp. III, 20). » O vous qui êtes l'attente des nations ! ceux qui espèrent en vous ne seront point confondus. « Nos pères ont soupiré après vous, » tous les justes, dès l'origine du monde, « ont mis en vous leur espoir » et ils « n'ont point été confondus (Psalm. XXI, 5). » Votre miséricorde ayant. déjà été reçue au milieu de votre temple, le choeur des voix qui se réjouissent et qui vous louent fait entendre ces paroles : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur (Matth. XXX, 9). » « Dans mon attente, j'ai veillé après l'arrivée du Seigneur, et il a abaissé les yeux sur moi (Psalm. XXXIX, 1). »

Et reconnaissant la majesté de la divinité dans l'humilité de. la chair, les voix s'écrient : « Voici quel est notre Dieu : nous l'avons attendu et il nous sauvera : c'est Notre-Seigneur, nous avons veillé après lui : nous nous réjouissons et nous tressaillons en son salut (Isa. XXV, 9). »

2. Comme l'Eglise, dans la personne des anciens justes, attendit le premier avènement, de même dans les justes qui sont venus ensuite, elle attend maintenant le second. Si dans l'un elle était assurée du prix de la rédemption à venir, dans l'autre, elle est certaine du prix qui sera sa récompense . et ainsi, suspendue par cette espérance au dessus des biens temporels, elle soupire avec autant. de bonheur que d'ardeur après ceux du ciel. Lors donc que d'autres se précipitent pour trouver leur bonheur dans les biens présents, et courent, sans tenir compte des avertissements du Seigneur, pour enlever, comme une proie, lesbiens de ce monde, « Heureux l'homme dont le nom du Seigneur forme l'espérance, et qui n'a point jeté les yeux sur les vanités et les fausses folies. (Psalm XXXIX, 5), » qui s'éloigne des vices des pécheurs comme des choses immondes, « sachant qu'il vaut mieux être humilié avec les doux que partager des dépouilles avec les superbes (Prov. XVI, 19). » Cet heureux personnage se console en se disant intérieurement : « Le Seigneur est mon héritage, mon âme l'a dit . c'est pourquoi je l'attendrai. Le Seigneur est bon pour ceux qui mettent en lui leur espoir, pour l'âme qui le cherche. Il est bon d'attendre en silence le salut de Dieu. (Thren. III, 24). » Oui, Seigneur, mois âme est tombée en défaillance dans l'attente de votre saint, mais j'en ai conçu une espérance plus grande encore dans vos paroles. « L'espérance » dont la satisfaction est différée, afflige l'âme (Prov. XIII, 12). » Mais bien que le délai la fatigue, elle est certaine de l'offre de la première. Plein d'espérance en Dieu seul, j'espérerai encore plus et j'ajouterai l'espérance à l'espérance, comme la tribulation s'ajoute à la Tribulation, et le délai au délai. Je suis certain, en effet, « qu'il apparaîtra à la fin et qu'il ne mentira point (Habac. II, 3). » Ainsi, il peut tarder à venir, je l'attendrai néanmoins, « parce qu'il arrivera et ne différera pas » au delà du temps fixé ou du jour convenable. Quelle est cette époque opportune ? C'est celle où sera rempli le nombre de nos frères, et où seront consommées les années accordées pour faire pénitence. Entendez le prophète Isaïe, qui fut souvent admis aux conseils d'en haut, expliquer pourquoi le Seigneur diffère le jugement. « Le Seigneur » s'écrie ce saint personnage, « attend, afin d'avoir pitié de vous et aussi, il sera exalté, en vous épargnant : parce que le Seigneur est le Dieu du jugement. Bienheureux tous ceux qui l'attendent. (Isa. XXX, 18).

3. Si donc vous êtes sage, vous songerez à vos intérêts et verrez comment vous devez employer le répit qui vous est accordé : si vous êtes pécheur, vous vous en servirez pour vous convertir, non pour prolonger votre négligence: si vous êtes juste, vous vous en servirez pour avancer dans la voie de la sainteté, non point pour vous éloigner de la foi. « Que si le mauvais serviteur dit en son coeur: mon maître tarde à venir , et s'il se met à frapper les autres serviteurs, et à boire et manger avec les ivrognes, le maître de ce serviteur arrivera le jour qu'il ne s'y attendra pas et à l'heure qu'il ignore, il le séparera et placera son sort avec les hypocrites : «là seront les pleurs et les grincements de dents (Matth. XXIV, 48). » C'est de la bouche de ce serviteur méchant et infidèle que semble tomber cette parole de désespoir et d'ennui, qui se lit dans la prophétie d'Isaïe : « Parce que le maître retarde son arrivée, les hommes incrédules et moqueurs insultent les envoyés qu'il dépêche fréquemment. Mandez, remandez; commandez, recommandez ; attendez, réattendez : encore un peu de temps, encore quelques heures (Isa. XXXVIII, 13). » Mais le prophète n'a point passé sous silence le châtiment qui atteint ces malheureux, car il ajoute un peu après : « Et la parole du Seigneur éclatera sur eux, » dit-il. Ils se moquent de cette parole, en disant au prophète Mandez, remandez, commandez, recommandez : attendez, réattendez; encore un peu de temps, encore un peu de temps; pour qu'ils courent et tombent en arrière, qu'ils soient brisés, liés et saisis (Ibid.) » Ils vont en arrière par l'apostasie, ils tombent dans les habitudes criminelles, il sont liés parles délectations mortelles, ou par un entraînement invincible qui les porte au mal, qui ne leur laisse ni la volonté ni la possibilité du repentir; ils sont surpris par une mort imprévue, et brisés par la damnation éternelle « L'homme, en effet, ne connaît pas sa fin : comme les poissons sont pris par l'hameçon et les oiseaux par les filets, ainsi les hommes sont pris au jour mauvais, » dit Salomon, lorsque le malheur fondra subitement sur eux (Eccle. IX, 12).» Aussi, pour que notre foi ne s'attiédisse point par suite de ce répit, ou que la patience ne nous échappe point et que nous ne commencions point à être du nombre de ceux « qui croient pour un temps et qui se retirent au jour de la tentation (Luc. vII, 13), » ce maître souverain, qui donne la foi, et la met à l'épreuve après l'avoir donnée, et la consume après l'avoir éprouvée, nous crie du haut du ciel : « Que celui qui croit ne soit pas pressé (Isa. XXVIII, 16) » de voir ce qu'il croit. Car si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l'attendons par la patience. Dieu donne, par la bouche d'Osée, cet ordre à l'âme qu'il s'est unie parla foi : « Tu m'attendras durant beaucoup de jours : tu ne commettras point la fornication et tu ne seras à aucun homme (Ose. III, 3). » Nous attendons véritablement le Seigneur, si nous lui gardons fidélité, en sorte que, bien que privés de la consolation de sa présence nous ne fassions jamais l'adultère, toujours attentifs à la pensée du retour du divin Époux. Voici, en effet, comment le Seigneur s'exprime dans le même prophète ; « Mon peuple sera suspendu dans l'attente de mon retour (Ose. XI, 7). » « Il sera suspendu, » expression aussi belle que juste, comme si ce peuple était placé entre le ciel et la terre, ne voulant point toucher les choses de la terre, bien qu'il ne puisse saisir encore celles du ciel. Et si parfois il les touche, ce n'est que du bout des pieds, c'est à dire de l'extrémité de l'âme, à cause du besoin qui résulte de la corruption à laquelle nous sommes asservis, « tant que la créature sera soumise à la vanité contre son gré (Rom. VIII, 20). » On dit vulgairement : qui est suspendu attend mal. Moi, je dis : il attend avec bonheur, celui qui est ainsi suspendu. C’est pourquoi mon âme a choisi d'être ainsi élevée, et mes os attendent la mort en cette suspension, afin que je puisse persévérer à être pendu à cette croix, jusqu'à mon trépas.

4. O Seigneur Jésus, lorsque vous étiez sur le point de mourir par un libre effet de votre puissance, et qu'il vous appartenait de choisir le genre de votre supplice, vous avez préféré être suspendu à la croix, afin que, élevé de terre, vous pussiez nous tirer à vous et nous sus. pendre au dessus des biens d'ici-bas. Vous n'avez point voulu être déposé avant votre mort, afin que nous aussi nous restassions sur la croix jusqu'au trépas, et qu'elle nous servît comme d'un point élevé qui nous aidât à prendre plus facilement notre vol vers le Paradis. Grâce à vous, Seigneur Jésus! nous y sommes, j'est vous que nous y attendons, vous dis-je, non Elie, pour nous détacher, mais notre Elie à nous, c'est-à-dire le Seigneur qui doit venir nous recevoir. Il y a peu de temps à y passer, si vous le commandez et le recommandez. Pour moi, j'ai :cru une foie à vos commandements ; mais venez en aide à mon incrédulité, afin que, immobile en ce point, je vous attende et vous attende encore, jusqu'à ce que je voie ce que je crois : « Je crois », en effet, « voir les biens du Seigneur dans la terre des vivants (Psalm. XXVI, 13). » Vous le croyez, vous aussi: « attendez donc le Seigneur, agissez virilement ; que votre coeur se fortifie et attende le Seigneur. n Malheur à ceux qui ont perdu la patience et se sont détournés vers des routes coupables. Et que feront-ils quand le Seigneur se mettra à les examiner ? Celui qui commande qu'on l'attende avec constance et longtemps, promet, en d'autres endroits, de venir bientôt : aussi, d'un côté, il fortifie la patience, de l'autre il ranime les pusillanimes, il effraye ceux qui ne sont point prêts et excite les paresseux. «Voici » , dit-il, « que je viens promptement et ma récompense est avec moi, je viens rendre à chacun selon ses œuvres (Apoc. XXII, 12). » Et il dit à Jérusalem : « Votre salut viendra bientôt, pourquoi vous Consumez-vous de chagrin (Mich. IV, 9) ? » Et en vérité le temps est court, surtout celui qui mesure la vie de chacun de vous, bien  qu'il lui paraisse long à cause de la fatigue ou de l'amour. C'est pourquoi il faut que nous craignions le juge qui est proche, et qui, peut-être, est à la porte; et que nous l'attendions avec constance, s'il tarde à arriver. Il viendra ce Seigneur, notre appréhension et notre désir, le repos et la récompense de ceux qui travaillent, la douceur et l'embrassement de ceux qui aiment, la béatitude de tous, Notre Sauveur Jésus-Christ, qui vit et règne dans tous les siècles des siècles.

 

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