PURIFICATION IV
Précédente ] Accueil ] Remonter ] Suivante ]

Accueil
Remonter
GUERRIC
AVÈNEMENT I
AVÈNEMENT II
AVÈNEMENT III
AVÈNEMENT IV
AVÈNEMENT V
NATIVITÉ I
NATIVITÉ II
NATIVITÉ III
NATIVITÉ IV
NATIVITÉ V
ÉPIPHANIE I
ÉPIPHANIE II
ÉPIPHANIE III
ÉPIPHANIE IV
PURIFICATION I
PURIFICATION II
PURIFICATION III
PURIFICATION IV
PURIFICATION V
PURIFICATION VI
CARÊME I
CARÊME II
SAINT BENOIT I
SAINT BENOIT II
SAINT BENOIT III
SAINT BENOIT IV
ANNONCIATION I
ANNONCIATION II
ANNONCIATION III
RAMEAUX I
RAMEAUX II
RAMEAUX III
RAMEAUX IV
RÉSURRECTION I
RÉSURRECTION II
RÉSURRECTION III
ROGATIONS
ASCENSION
PENTECOTE I
PENTECOTE II
JEAN-BAPTISTE I
JEAN-BAPTISTE II
JEAN-BAPTISTE III
JEAN-BAPTISTE IV
PIERRE ET PAUL I
PIERRE ET PAUL II
CANTIQUE III
ASSOMPTION I
ASSOMPTION II
ASSOMPTION III
ASSOMPTION IV
NATIVITÉ DE MARIE I
NATIVITÉ DE MARIE II
TOUSSAINT
CANTIQUE

QUATRIÈME SERMON POUR LE JOUR DE LA PURIFICATION DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE.

 

1. « Après que les jours de la purification de Marie furent accomplis (Luc. II, 22). » En racontant les mystères de notre rédemption, l'Écriture rapporte les faits tels qu'ils se sont passés historiquement parlant, mais de sorte pourtant à nous montrer ce que nous avons moralement à faire. Quand la purification de la bienheureuse Marie est célébrée en ce jour, cette fête nous avertit clairement de la propre purification que nous avons à faire en nous-mêmes. Quel homme résisterait à l'autorité d'un si puissant exemple, en voyant la reine de toutes les saintes, qui n'eut rien à purifier, ne point refuser de se soumettre au commandement de la purification légale? O mère immaculée, mère très-pure, n'avez-vous pas conscience de votre pureté, ne savez-vous pas que, en concevant et en enfantant, vous n'avez pas perdu mais augmenté votre sainteté ? Pourquoi donc, comme si elle avait souffert quelque atteinte, comme celle des femmes ordinaires, cherchez-vous les remèdes établis pour celles qui sont dans ce cas (Matth. III, 15) ? C'est ainsi, nous répond cette reine, qu'il nous convient d'accomplir toute justice; élue mère de la justice souveraine, il faut que je sois aussi le miroir et le modèle de toute justice. Je connais l'orgueil des enfants d'Ève, cette mère infortunée est plus portée à excuser qu'à purifier les fautes qu'elle a commises. Je tiens pour nécessaire que, aux vices de l'antique origine, soient opposés sur-le-champ tous les exemples donnés par la nouvelle régénération. La mère de la prévarication a péché et a excusé sa faute avec hardiesse : que la mère de la rédemption ne pèche pas et satisfasse humblement, en sorte que, tirant du sein de leur mère antique un péché inévitable, les enfants des hommes tirent du moins de la mère nouvelle l'humilité qui purifie.

2. O enfants des hommes, le temps de la purification arriva, quand la mère de la pureté souveraine dont nous célébrons la purification en ce jour, nous donna la source de toute vivification, et noirs fournit un exemple qui nous montre l'obligation où nous sommes d'y recourir. Il vaut mieux, mes frères, il est plus agréable d'être purifié dans une source que dans le feu, les hommes qui n'auront pas été purifiés dans l'une le seront dans l'autre, à supposer toutefois qu'ils aient besoin de purification : lorsque le juge lui-même, « semblable à un feu qui souffle, prendra place, soufflant, dépouillant l'argent de ses scories, et purifiera les enfants de Lévi (Malach. III, 3). » A présent le Christ est une eau qui purifie, alors il sera un feu qui consumera. Maintenant c'est une source ouverte qui blanchit l'homme pécheur et la femme souillée, alors il sera une flamme cruelle et un feu qui nous dévorera jusqu'à la moëlle de l'âme. De l'ardeur de la source irritée, s'enflammera en sa présence ce feu purifiant, qui embrasera tous les ennemis. « La fumée s'est élevée dans sa colère,» s'écrie le Psalmiste, « et le feu s'est enflammé en sa présence (Psalm. XVII, 9). » De ce foyer, les charbons vengeurs et purifiants tomberont sur ceux que ne touchent point en ce monde, les brasiers d'une désolation salutaire, comme l'était, je pense, le charbon pris à l'autel, et qui purifia les lèvres du Prophète (lsa. VI, 7). Peut-on aussi leur comparer les charbons dont il est dit à un certain personnage : «Voici qu'on vous a donné des charbons, vous vous assoirez dessus, et ils vous seront en aide : » C'est ce que je vous laisse à décider. Ce que j'affirme sans la moindre hésitation, c'est que, si ce feu que le Seigneur Jésus est venu allumer sur la terre, s'enflamme autant que le désire celui qui l'a apporté, ce feu purifiant qui éprouvera au jugement les enfants de Lévi, ne rencontrera à consumer en nous, ni bois, ni foin, ni paille. Ces deux feux purifient, mais d'une façon bien différente. L'un en oignant, l'autre en brûlant. Dans l'un, se trouve la rosée rafraîchissante, dans l'autre, c'est un esprit de jugement et d'ardeur, par lequel le Seigneur fera disparaître les taches des filles de Sion et lavera le sang de Jérusalem au milieu de cette ville coupable.

3. En cela, le Seigneur montre une grande clémence à l'égard des filles de Sion : mais elle fut purifiée avec bien plus de clémence et de tendresse envers celle que les filles de Sion proclament bienheureuse, celle à qui il a été dit : «Le Saint-Esprit surviendra en vous et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre (Luc. 1, 35). » Cette influence de la vertu d'en haut, qui descendit sur elle, fut la vraie purification de Marie, non pas celle qui, par une disposition mystérieuse, se fit en ce jour, et qui n'eut lieu qu'en apparence seulement. Ce fut celle-là qui fat la pleine et vraie sanctification de la mère et du Fils, ainsi que l'ange le lui dit en ces termes : « C'est pourquoi, lui dit cet esprit bienheureux, l’Etre saint qui sortira de vous, sera appelé Fils de Dieu (Ibid.). » La nature, mortelle devait être purifiée avant de concevoir Dieu, non pas après l'avoir conçu : Car, avoir conçu le Saint des saints est la suprême sanctification, et nul ne peut être plus saint que celle qui est devenue la mère de la sainteté. Donc les filles de Sion, qui mènent une vie molle et dissolue, et éprouvent peut-être les ardeurs de la chair, doivent être, à juste titre, purifiées par l'esprit de jugement et d'ardeur; celle qui fut toujours vierge , et vierge incomparable, qui seule conçut le Seigneur, par l'ombre du Saint-Esprit , fut purifiée par le seul esprit de grâce et par la rosée rafraîchissante. De toutes les purifications qui réparent la nature mortelle, celle de la bienheureuse Vierge fut la plus douce et la plus heureuse. Car celle des filles de Sion, la purification par le feu du jugement qui doit laver leurs fautes, sera la plus sévère aussi bien que la dernière. L'une donc ne peut manquer d'exciter notre admiration, comme l'autre excite notre frayeur : ne pouvant point aspirer à la première, si nous sommes sages, craignons toujours la seconde. Oui, si nous sommes sages, nous crierons toujours, plus par le changement des moeurs que par le bruit des paroles : « Seigneur, ne m'attaquez pas dans votre fureur, ne me réprimandez point dans votre courroux (Psalm. VI, 2). »

4. C'est donc pour parer à un besoin de notre part et pour contenter sa miséricorde, que la bonté divine a établi, entre ces deux sortes de purifications, entre celle à laquelle nous n'arriverons jamais et celle que nous redoutons à la fin, plusieurs remèdes salutaires, et nous a accordé le temps et le lieu pour faire pénitence. Rien que ces moyens soient nombreux et variés, il nous semble, pour ne pas surcharger par un trop grand nombre de noms la mémoire de mes auditeurs, qu'on peut les comprendre tous dans quatre classes : la contrition du coeur, l'affliction du corps, les oeuvres de foi et de piété, et la patience dans la tribulation. Vous trouverez que c'est en ces quatre manières que le Christ purifie généralement le monde et enlève ses péchés : « l'eau, le sang, l'esprit et le feu (I Joan. V, 6). » Voilà, s'écrie saint Jean ,

« celui qui est venu par l'eau et le sang. C'est lui qui baptise dans le Saint Esprit et le feu. » Il baptisa dans « l'eau, » et lava, dans le même élément, les pieds de ses disciples, consacrant ainsi le baptême des larmes qui coulent de la contrition du coeur : Il a répandu son sang, afin que, participant à sa passion parla modification de nos corps, nous pussions laver nos habits dans le sang de l'Agneau. Il a donné le Saint Esprit, afin que, répandu dans nos coeurs par cet Esprit divin, l'amour de Dieu et du prochain couvrît en nous la multitude de nos péchés : si cette charité est moins parfaite et ne peut suffire à enlever les fautes si grandes et si nombreuses qui s'y trouvent, il emploie le feu qui purifie les enfants de Lévi, et ce feu de la tribulation présente ou future consume tout ce qui reste de rouille encore, en sorte qu'ils peuvent chanter enfin : « Nous avons passé par le feu et par l'eau et vous nous avez conduits an lieu du rafraîchissement (Psalm, LXV, 12). » De même, le monde actuel, lavé d'abord dans les eaux du déluge, et purifié ensuite par le feu du jugement, passera en un nouvel état d'incorruption.

5. Enfin, pour condescendre un peu à ceux qui sont tendres et délicats, s'ils n'ont pas de larmes à verser, s'ils ont horreur de la fatigue, s'ils ne savent pas supporter la tribulation, se retrancheront-ils derrière cette parole de Salomon . « c'est par la miséricorde et par la foi que les péchés sont purifiés (Prov. XV, 27) ? » Quoi de plus doux que la miséricorde? Quoi de plus agréable que la foi? L'une est une huile répandue sur les membres, l'autre, une lumière qui brille devant les yeux. L'une pénètre les sentiments, l'autre illumine les sens et dirige la marche, afin qu'à sa lueur nous marchions au milieu des ténèbres, nous contemplions les choses invisibles, et nous méditions, comme déjà présente à notre esprit, notre béatitude future. C'est avec raison qu'il est dit que c'est dans « la miséricorde et la foi que les péchés sont purifiés; » car la miséricorde rachète les dettes en donnant du sien, et la foi obtient gratuitement l'indulgence. sans les oeuvres. Le Prophète dit de la miséricorde : a Rachetez vos iniquités par les largesses envers les pauvres (Dan. IV, 24); » et le Seigneur des prophètes s'exprime ainsi : « Donnez l'aumône et tout est peu en vous (Luc. XI, 41). » Touchant la foi, l'Apôtre dit : « Purifiant leurs coeurs par la foi (Act. XV, 9). » Et le maître des apôtres : « Allez, votre foi vous a sauvé (Marc. IX, 52). » Bien qu'en ce passage de Salomon, on puisse voir, non la foi par laquelle nous croyons, mais celle par laquelle nous nous montrons dignes de confiance, en gardant la parole donnée à Dieu et aux hommes; en sorte que dans ces mots : « Par la miséricorde et la foi les péchés sont purifiés, » et dans celles qui viennent après, « l'iniquité se rachète par la miséricorde et la vérité (Prov. XVI, 6), » c'est la même pensée qui se trouve exprimée en termes différents. C'est, par conséquent, avec raison que la miséricorde et la vérité ou la foi sont associées, car si, en toutes nos voies, la miséricorde et la vérité ne se rencontrent point, il est à craindre que nos péchés ne s'augmentent plutôt que d'être purifiés. Sans parler des autres oeuvres et en me bornant à la charité envers les pauvres, que la nécessité réclame plus impérieusement en ces jours, quel péché ne commet-on pas, même dans l'aumône qui doit purifier les péchés, si la miséricorde va sans la foi, ou la foi sans la miséricorde ?

6. Entendez donc, vous à qui est confiée la dispensation de l'aumône; entendez aussi, vous à qui elle n'est pas confiée; que les premiers ne soient pas fidèles au point de sacrifier la miséricorde; que les seconds ne soient pas miséricordieux au point de sacrifier la justice. En effet, il en est qui veulent être plus fidèles qu'il ne faut, et il en est qui veulent être miséricordieux plus qu'il n'est permis. Que ceux donc qui, au préjudice de la fidélité, déploient une miséricorde mal placée, entendent cette parole de Salomon : « Beaucoup sont appelés hommes miséricordieux, mais qui rencontrera un homme fidèle (Prov. XX, 6) ? » Quant à ceux qui, dans leur fidélité, se mettent peu en peine de la miséricorde, qu'ils entendent celui qui est plus que Salomon leur dire : « Tout ce qui reste, distribuez-le en aumônes (Luc. XI, 41) ; » afin que, au moins ce que vous avez de trop aide à secourir la pauvreté des autres. Il prit en grande considération la faiblesse, et l'infirmité de notre foi, en ne nous ordonnant pas de partager également avec nos frères des biens communs, mais en nous disant seulement de faire l'aumône de ce qui reste après avoir pourvu à nos propres besoins; car, sans parler du droit de la nature qui offre communément à tous les habitants de la terre ce que la terre, notre mère à tous, produit pour les hommes Sortis de son sein         ceux que laissent indifférents la fraternité , de l'adoption, et le sort commun du même héritage, pourront-ils lie point partager au moins le pain que leur donne leur Père céleste? Je le veux bien, que le droit de la charité bien ordonnée demeure, ce droit dont l'Evangile a d'abord excepté les nécessités propres et personnelles; quel est celui qui les mesure bien, et discerne avec équité le nécessaire du superflu? Prenons garde à nous, mes frères, craignons que l'on ne nous reproche la mort des pauvres qui sont nos frères, si nous retenons ou si nous employons le superflu de nos ressources qui pouvaient les soulager. Et puisque en ce jour la purification de la Vierge très-pure et très-pauvre, nous a engagé à parler de notre purification, sachons que notre pureté consiste surtout à nous retrancher tout ce qui est superflu, et à imiter en quelque chose, non-seulement par la sainteté de la chasteté, mais encore par la simplicité de la pauvreté, la mère pauvre du Christ pauvre, à qui soit le règne et le pouvoir, maintenant et dans tous les siècles des siècles. Amen.

 

Haut du document

 

 

 

Précédente Accueil Remonter Suivante