JEAN-BAPTISTE II
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TOUSSAINT
CANTIQUE

DEUXIÈME SERMON POUR LA NATIVITÉ DE S. JEAN-BAPTISTE.

 

1. « Depuis les jours de Jean-Baptiste, le royaume des cieux souffre violence, et ceux qui se font violence sont ceux qui l'enlèvent (Matth. XI, 12), » elle est donc joyeuse pour nous la nativité de ce saint dont les années nous apportent le bonheur de nous offrir à enlever de force le royaume de Dieu, ce royaume que notre justice ne pouvait suffire à mériter. C'est donc avec raison que beaucoup se réjouissent en sa naissance, ainsi que l'Ange l'avait prédit: bienheureux saint, sous lequel la condition des choses s'est assez améliorée, pour que la violence que se font les pénitents ravisse et enlève le royaume des cieux que n'obtenait point auparavant la justice des innocents. Comment, en effet, a-t-on dû appeler la pénitence, sinon une violence qui ravit le royaume des cieux? N'est-ce pas violence que d'enlever de force, ce qui n'était pas accordé à la nature, en sorte que ceux qui, par nature, étaient fils de la colère et de l'enfer, s'introduisent, par un travail opiniâtre qui triomphe de tout, dans l'héritage des saints et la jouissance de la gloire ? Ne fit-il pas violente à Dieu, le patriarche Jacob, ce lutteur vaillant, « qui fut fort contre le Seigneur, » ainsi qu'il est écrit, et qui prévalut et le retenait avec force et persistance lorsqu'il le suppliait de le lâcher: « Je ne vous laisserai aller, lui dit-il, que si vous me bénissez (Ge. XXXII, 26). » Je dis qu'il lutta avec Dieu : car Dieu était dans l'ange avec qui il lutta. Sans cela, l'ange ne dirait pas, « Pourquoi demandes-tu mon nom qui est admirable? » Jacob ne dirait pas non plus : « J'ai vu le Seigneur face à face. (Ibid.).

Le Seigneur ne dirait pas de Jacob, par la bouche du Prophète Isaïe : « Il a parlé avec nous à Béthel (Ose. XII, 4). » Excellente violence qui lui valut une bénédiction : heureuse lutte dans laquelle Dieu céda à l'homme, et où le vaincu récompensa son vainqueur en le bénissant et en lui donnant un nom plus saint. Qu'importe s'il toucha le nerf de sa cuisse, le dessécha, et rendit ainsi, par la suite, le patriarche boiteux ? Cette blessure du corps était facile à porter, cette perte portait avec elle sa consolation et était compensée par un grand présent, surtout pour celui qui a pu dire : « J'ai chéri la sagesse au dessus de la santé et de toute beauté (Sap. VII, 10). » Plût à Dieu que se desséchât en moi, non-seulement le nerf de ma cuisse, mais la vigueur de tout mon corps, pourvu que je mérite au moins une bénédiction de l'Ange. Plùt au ciel que je fusse non-seulement boiteux comme Jacob, mais que je mourusse avec saint Paul, pour mériter à jamais la grâce et le nom d'Israël. Jacob traîna une jambe languissante et saint Paul un corps mort, parce que l'Évangile a entièrement parachevé la mortification des membres qu'avait commencée la religion des prophètes. Jacob boitait parce qu'il pensait d'un côté à ce qui est du monde, et ne tenait que son autre pied élevé au dessus de la terre. Paul, en ne s'occupant que de ce qui est de Dieu, vole entièrement libre vers le ciel, « soit en son corps, soit hors de son corps, il l'ignore, le Seigneur le sait (II Cor. XII, 2). »

2. Nous vous le disons donc, mes frères, vous qui avez entrepris de ravir le ciel, luttez contre l'ange qui garde le chemin de l'arbre de vie : nous vous le disons, il faut que vous luttiez constamment et sans faiblir. Je ne dis pas jusqu'à la paralysie de votre cuisse, d'où la chair se propage, mais jusqu'à la mortification de la chair. Ce résultat, notre travail ne pourra l'obtenir que sous la main et par le bienfait de la vertu divine, lorsqu'elle aura éprouvé que votre constance est invincible à son service. Voici ce qui est écrit : «Voyant qu'il ne pouvait le vaincre, il toucha le nerf de sa cuisse, qui de suite se paralysa. » Ne vous semble-t-il pas que vous luttez contre un ange, disons mieux, contre Dieu, lorsqu'il résiste chaque jour à vos désirs trop empressés? Vous vous lavez comme dans les eaux de la neige, afin d'être pur de corps et d'esprit, et il vous couvre de souillures. Vous dites, je deviendrai sage, et il s'éloigne plus encore de vous ? Vous criez vers lui, et il ne vous écoute pas; vous voulez vous approcher de lui, et il vous repousse. Vous formez un projet, et le contraire vous arrive, et presque en toute occasion la rudesse de sa main vous fait opposition et met obstacle à vos desseins. O clémence cachée, vous paraissez dure, mais avec quelle bonté vous combattez pour ceux contre qui vous luttez! Car bien que vous cachiez ces sentiments dans votre coeur, je sais cependant que vous aimez ceux qui vous aiment, et que volis avez mis en réserve, pour eux, une multitude admirable de grâces. Ne désespérez donc pas, marchez avec constance, âme heureuse, qui avez commencé à lutter contre Dieu : il aime que vous lui fassiez violence, il veut que vous triomphiez de lui. Car lorsqu'il est irrité, lorsqu'il étend son bras pour frapper, il cherche, ainsi qu'il l'avoue lui-même, un homme comme Moise qui lui résiste ; et il n'en trouve point, il se plaint et dit: « Nul ne s'élève et ne me retient (Isa. LVV, 7). » Car si sa colère est intraitable et sa sentence inflexible, Jérémie qui avait essayé de résister pleurera et dira : «vous avez été le plus fort et vous avez prévalu (Jerem. XV, 7). »

3. Mais Dieu vous garde, mes frères, Dieu vous garde, vous qui demandez ce qui lui est agréable, que celui qui a voulu être faible pour vous jusqu'à la mort, soit fort contre vous. Il a été criblé de tant de blessures, il a été crucifié dans tout son corps; quelle force, je vous le demande, peut-il avoir pour résister à cette charité qui l'a traîné, comme un prisonnier qu'on a saisi, par toutes sortes d'infirmités, jusqu'à la mort, et à la mort de la croix ? L'amour n'est pas fort comme la mort, il est plus fort que la mort, la force du Seigneur a été affaiblie avec la charité, jusqu'à mourir, cependant, la faiblesse de Dieu a été plus forte que le guerrier le plus invincible; sa mort a été ta mort, ô mort, comme l'effet l'a montré. Soyez donc armé de la vertu de charité, qui que vous soyez, pieux envahisseur, qui voulez ravir le royaume des cieux, tenez-vous en assurance, comptez que vous vaincrez facilement le roi des cieux lui-même. Si quelque difficulté, si quelque dur obstacle paraît se dresser contre vous, ne faiblissez pas, comprenez dans quelle pensée Dieu vous fait opposition. C'est dans le but d'exciter votre esprit par la contrariété, comme cela arrive d'ordinaire aux grandes et fortes âmes; dans le but d'exercer vos forces, d'éprouver votre constance, de multiplier vos victoires et d'augmenter vos couronnes.

4. C'est pourquoi, enfants d'Israël, ceignez-vous et soyez des fils pleins de vaillance. Ce qu'il faut uniquement, c'est de la magnanimité et une constance que nulle adversité ne puisse effrayer. Que le faible dise je suis fort, et que, dans le sentiment de sa joie, il oublie son infirmité, puisqu'il lui est si facile de saisir de suite le ciel. Il ravit le paradis, celui qui fait violence à sa faiblesse ou à son âge. Que dis-je, pour parler plus justement, il fait violence à sa propre perdition, celui qui ne sait point s'épargner lorsque retentit la trompette du commandement. « L'homme qui est dans les travaux,» dit l'Écriture, «travaille pour lui et fait violence à sa propre perdition (Proverb. XVI, Juxta LXX Interp.). » Oui, ceignez-vous, hommes de courage, et suivez le chef et le maître de cette heureuse guerre, je veux dire Jean-Baptiste, qui a inauguré les jours à partir desquels le royaume des cieux a commencé à pouvoir être forcé. Ce bienheureux, devenu, comme un autre David, chef de larrons, conducteur de saints voleurs, a introduit après lui, par la voie de cette violence louable et religieuse, jusque dans le royaume des cieux, cette louable et victorieuse armée de publicains et de pécheurs. Quel criminel, quel profane n'a entendu résonner cette trompette : « Faites pénitence, car le royaume des cieux approche (Matth. III, 2), » sans se préparer de suite à la guerre ? Suivez ce chef, dont l'étendard est empourpré de son sang, et dont vous avez chanté aujourd'hui les vertus et les triomphes avec la vénération qu'elles méritent. Lui-même, si je ne me trompe, aidera de ses mérites, appuiera de ses prières ceux qu'il aura attirés par ses exemples, car nul, plus que lui, parmi tous les enfants de la femme n'est agréable au souverain roi Notre-Seigneur Jésus-Christ qui vit et règne dans tous les siècles des siècles. Amen.

 

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