RÉSURRECTION III
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TOUSSAINT
CANTIQUE

TROISIÈME SERMON POUR LA RÉSURRECTION DU SEIGNEUR.

 

1. « Bienheureux et saint, celui qui a part à la première résurrection (Apoc. XX, 9). Jésus-Christ est le premier de ceux qui dorment du sommeil de la mort, parce que, par sa résurrection, qui est la première de toutes, il a inauguré pour nous la résurrection première, celle des âmes, et la seconde résurrection, celle des corps, lorsque, dans son corps arraché (au trépas, il a procuré aux âmes un sacrement, et au corps un exemple de résurrection. Mais de plus, la simple résurrection de Jésus a fourni aux âmes elles-mêmes une double grâce de résurrection, lorsque chaque jour elles reviennent de la mort du péché par l'opération des saints mystères, et lorsque, aujourd'hui principalement, elles sortent, par l'effet d'une dévotion pleine de joie, du sommeil de la nonchalance. Quel est, en effet, l'homme assez tiède, assez engourdi pour entendre en ce jour ce cri plein de joie : « Le Seigneur est ressuscité, » sans tressaillir, sans revivre et sans être ranimé tout entier? Bien plus, « Mon  coeur et mes os ont tressailli pour le Dieu vivant. » s'écrie le Psalmiste (Psalm. LXXXIIl, 2), » moi qui avais été entièrement plongé dans la tristesse et le désespoir, en voyant Jésus mort. C'est un accroissement de foi, une augmentation de joie, de voir Jésus sortir pour moi du tombeau; de contempler vivant ce Dieu que peu de temps auparavant on pleurait comme, un homme mort, que mon coeur regrettait comme frappé du trépas; or, en lui maintenant tressaillent non-seulement mon coeur,mais encore ma chair, qui est assurée, par lui, de sa résurrection et de son immortalité. O mon âme, « j'ai dormi et me suis levé (Psalm. III, 6), » s'écrie Jésus-Christ; lève-toi, toi qui dors aussi, dans les régions de la mort, et le Christ t'illuminera.Mes frères, n'est-il pas semblable à un mort, celui qui est encore immobile quand le soleil est déjà levé; celui qui, dans sa négligence et sa nonchalance, et dans une sorte d'engourdissement, se livre au désespoir, lorsque la grâce de la résurrection brille de toutes parts? Ce soleil nouveau, sortant des enfers, frappe les yeux et ouvre le jour de l'éternité en faveur de ceux qui veillent pour lui, dés le matin. Ce jour ne connaît pas de soir, son soleil ne se couchera plus, parce que, s'étant incliné une fois, il est monté au dessus de tout déclin, en se soumettant la mort.

2. O mes frères, voici le jour que le Seigneur a fait, réjouissons-nous et livrons-nous aux transports de l'allégresse (Psalm. CXVII, 24). Tressaillons en son espérance, afin de voir sa lumière et d'en jouir. « Abraham tressaillit dans le désir de voir le jour du Christ, il mérita de le voir, et il se réjouit (Joan. VIII, 56).» Vous aussi, si tous les jours vous veillez aux portes de la sagesse, et vous tenez en observation sur le seuil de sa demeure, et, avec Marie Madeleine, veillez à son tombeau (Matth. XXVII, 61); vous éprouverez, si je ne me trompe, avec la même Marie (Joan. XIV, 14), combien véritable est ce qu'on lit de Jésus-Christ, qui est la sagesse même : « Elle est vue facilement de ceux qui la chérissent, et ceux qui la cherchent la rencontrent. Elle va au devant de ceux qui la désirent, afin de se montrer la première à eux; quiconque veillera dès le point du jour, pour l'attendre, ne se fatiguera pas; il la trouvera assise à sa porte (Sap. VI, 13). » C'est là la promesse que le Seigneur a faite en ces termes : « J'aime ceux qui m'aiment, et ceux qui, dès le matin, veillent pour moi me trouveront (Prov. VIII, 17.)» Marie rencontra corporellement Jésus-Christ pour qui elle veillait, et au tombeau de. qui elle était venue veiller, lorsque les ténèbres régnaient encore. Pour vous qui ne devez plus connaître Jésus selon la chair, mais bien selon l'esprit, vous pourrez le rencontrer spirituellement, si vous le cherchez avec un semblable désir, s'il vous voit, persister dans la prière avec une vigilance semblable. Dites donc à ce divin maître, avec le désir et l'affection de Marie : « Mon âme vous a désiré la nuit, et mon esprit s'est ému en mes entrailles; dès le matin je veillerai pour vous (Isa. XXVI, 9). » Dites-lui avec les accents, et le cœur du Psalmiste : « Mon Dieu, mon Dieu, je veille après vous dès le point du jour. Mon âme a eu bien soif de vous (Ps. LXII, 2). » Et voyez s'il ne vous conviendrait pas de chanter avec eux : « Le matin, nous avons été remplis de votre miséricorde, nous avons tressailli et nous nous sommes réjouis avec délices (Psalm. LXXXIX, 14). »

3. Veillez donc, mes frères, et soyez appliqués à la prière, veillez et soyez circonspects dans vos actions ; surtout parce que déjà brille, à nos yeux, le matin de ce jour sans déclin, la lumière éternelle nous revient de l'abîme plus agréable et plus pure, et cette aurore nous apporte un soleil nouveau. C'est l'heure de sortir du sommeil , maintenant que la nuit a disparu et que le jour est arrivé. Veillez donc, puisque la lumière du matin, le Christ, st lève pour vous , sa sortie s'est préparée comme celle de l'aube, il est prêt à renouveler souvent, dans ceux qui veillent, pour lui, le mystère de sa résurrection matinale. Alors vous chanterez dans l'allégresse de votre cœur : « Le Seigneur Dieu a projeté ses lueurs sur nous. Voici le jour que le Seigneur a fait, réjouissons-nous et livrons-nous à de saints; transports (Psalm. CXVII, 24) ; » puisqu'il a laissé briller à nos yeux la lumière qu'il tenait cachée dans ses mains, et annoncé à son ami qu'elle est à lui et qu'il peut aller à elle (Job. XXXVI, 32). Jusques à quand, paresseux, dormiras-tu ? Combien de temps sommeilleras-tu encore ? « Tu dormiras un peu, tu sommeilleras un peu, tu replieras tes mains pour te livrer un peu au repos (Prov. VI, 10); » et quand Jésus-Christ sera sorti du tombeau à ton insu, tandis que tu étais enseveli dans le sommeil, quand, sa gloire venant à passer, tu n'auras point mérité d'en voir les lueurs, même par derrière, alors, dans ton regret tardif, tu te plaindras et tu diras avec les impies : «Ainsi donc, nous nous sommes écartés du chemin de la vérité, et la lumière de la justice n'a. pas lui pour nous, et le soleil de l'intelligence ne s'est point levé pour, nous. (Sap. V, 8). » Mais vous « qui craignez mon nom, »  dit le Seigneur, « le soleil de justice se lèvera pour vous (Malach. IV, 2) ; » et « celui qui marche dans la justice verra le roi dans l'éclat de sa beauté (Isa. XXXIII, 15 et 17). » C'est là la béatitude réservée à la vie qui suivra celle-ci, mais, dans une certaine mesure, elle est accordée aussi pour la consolation de celle que nous menons sur la terre, ainsi que le prouve évidemment la résurrection de Jésus-Christ. Durant quarante jours, la Sagesse nous a montré de plusieurs manières « qu'elle cherche de tous côtés des âmes dignes d'elle, se montrant à elles avec hilarité, et courant à leur rencontre en toute habileté (Sap. VI, 17). Car, afin de faire voir, dans un tableau réel, qu'il est la sagesse au sujet de laquelle tout cela a été écrit, et qui ne cesse de pratiquer tout cela chaque jour, en se montrant avec hilarité dans les sentiers de la justice, il s'est corporellement fait voir aux saintes femmes qui revenaient du sépulcre, et il se montre sur la route aux deux disciples qui allaient à Emmaüs (Luc. XXIV, 13).

4. Que ceux qui marchent dans les chemins de la justice entendent cela et se réjouissent; qu'ils entendent, car Jésus favorise, de ses avances et de sa manifestation, non-seulement ceux qui s'appliquent à la contemplation, mais encore ceux qui suivent avec justice et piété les sentiers de la vie active. Plusieurs d'entre vous, si je suis bien informé, en ont fait l'expérience ; souvent, ils ont cherché Jésus au sépulcre, si je puis parler ainsi, en passant à l'autel, et ne l'ont point rencontré, et ce même Jésus s'est montré à eux d'une façon inespérée dans la voie du travail. Alors, ils se sont approchés et ils ont embrassé ses pieds, parce que la paresse n'avait point arrêté leur marche, tant ils désiraient voir Jésus. Ne ménagez donc point vos pas, mon frère, dans les chemins de l'obéissance et dans les détours des bondes oeuvres, puisque Jésus n'a point ménagé les siens quand ses pieds étaient exposés aux atteintes des clous, et ne s'est point fatigué de récompenser ou de soulager le travail de vos pieds, en vous permettant de saisir et d'embrasser les siens. Quelle consolation         n'éprouverez-vous pas, en effet, s'il se joint à vous comme compagnon de route, si, par les charmes ravissants de ses entretiens, il fait disparaître,pour vous, ce que le travail a de pénible, et vous, de plus, vous aurez l'intelligence pour vous faire comprendre ces Ecritures que vous lisez peut-être chez vous sans en pénétrer le sens? Je vous prie de nous le dire, vous à qui la bonté divine a fait faire cette douce expérience, n'est-il pas vrai que votre coeur était ardent pour Jésus lorsqu'il vous parlait en route et vous expliquait les Ecritures? Qu'ils se souviennent donc de ces douceurs, ceux qui les ont éprouvées, et que, dans les voies du Seigneur, ils chantent combien grande est la gloire de Dieu. Qu'ils y croient et souhaitent d'en faire l'expérience, ceux qui ne les ont jamais éprouvées, afin de chanter, eux aussi, les justifications du Seigneur, dans le lieu de leur affection et de leur exil.

5. Que notre esprit donc se relève et se ranime en nous tous, pour que nous soyons vigilants dans la prière ou empressés dans les oeuvres, afin que, par sa ferveur vive et renouvelée, il montre qu'il a eu de nouveau part à la résurrection de Jésus-Christ. Et la première marque de la vie qui rentre dans l'homme, c'est qu'il devienne vaillant et actif dans la pratique des oeuvres. Car la parfaite résurrection dans ce corps mortel, c'est seulement d'ouvrir les yeux pour la contemplation. L'intelligence ne mérite cependant ce bonheur que lorsque son affection se dilate par ses fréquents soupirs et ses violents désirs, au point de devenir capable de contenir une si grande majesté. Ce mouvement gradué de résurrection, je le trouve parfaitement exprimé dans ce mort qu'Elisée ressuscita (IV Reg. IV, 34) ; lorsqu'il revenait à la vie, on dit d'abord que sa chair se réchauffa : » ensuite, « qu'il bâilla sept fois, » et enfin qu'il ouvrit les yeux. La chair de l'enfant, c'est le coeur de chair de celui qui est petit enfant en Jésus-Christ; pour lui, le premier espoir de vie, c'est de pouvoir dire : « Mon coeur s'est échauffé           en moi, et le feu s'enflammera dans ma méditation (Psalm. XXXVIII, 4). » Bien que ses vêtements soient aussi réchauffés, puisque la terre est ranimée par le souffle de l'Auster, c'est-à-dire par le Saint-Esprit, que le véritable Élisée fait pénétrer le premier dans celui qui est ressuscité. La résurrection est plus grande et plus sensible en lui lorsque, dans son désir et sa faim de la justice, il se met à bâiller plus souvent, à la façon dont bâillait celui qui s'écriait : « J'ai ouvert ma bouche, et j'ai attiré en moi l'esprit, parce que je désirais vos commandements (Psalm. CXVIII, 131). » Ce bâillement, c'est l'affection qui se dilate et qui devient plus capable de contenir l'esprit de vie ; aussi, après les autres dons de la grâce septiforme, l'esprit d'intelligence et de sagesse se répand dans l'âme, et lui fait enfin ouvrir les yeux pour contempler le Seigneur. La première chaleur de la vie qui revient, c'est donc la pratique des bonnes oeuvres; le second progrès de la résurrection, c'est la dilatation de l'affection par la prière ; la perfection, c'est lorsque l'intelligence est éclairée et mise en état de contempler. Mes frères, efforcez-vous de plus en    plus de ressusciter par ces degrés de vertus, par ces accroissements d'une vie de plus en plus sainte, en sorte « que vous arriviez,» comme parie l'Apôtre, «à la résurrection de Jésus-Christ d'entre les morts, » lui qui vit et règne dans tous les siècles des siècles Amen.

 

 

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