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SERMON CCXXV. POUR LE JOUR DE PAQUES. II. AUX NOUVEAUX BAPTISÉS. LE HAUT PRIX DE LA GRÂCE.

 

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ANALYSE. — Ce qui doit nous inspirer une estime singulière pour la grâce reçue par nous, c'est la grandeur incomparable du Fils de Dieu qui nous l'a accordée ; car il est vraiment éternel, il est le Verbe ou la Parole de Dieu par qui tout a été fait. Il est vrai, il s'est incarné dans le sein de la Vierge, par l'opération du Saint-Esprit, mais sans quitter le sein de son Père; de même que notre parole intérieure ou notre pensée demeure en nous, tout en se communiquant à autrui. Donc profitons de la grâce que nous avons reçue ; puisque cette grâce nous a faits lumière, de ténèbres que nous étions, vivons comme il convient de le faire au grand jour; et au lieu de nous laisser aller à la débauche des sens, livrons-nous à l’ivresse spirituelle qu'inspire l'amour de Dieu.

 

1. Ce qui doit nous inspirer l'estime la plus profonde pour la grâce divine, c'est que le Fils de Dieu est né du Père quand le temps n'existait pas encore.

Qu'était-il en effet avant de s'être uni à son humanité ? Supposez que vous lui adressiez cette question et qu'il vous réponde. Voyons, mes frères: avant de naître de la Vierge Marie, le Christ existait-il ou n'existait-il pas ? Supposons encore une fois que nous nous fassions cette question, quoique nous ne puissions avoir sur ce sujet le moindre doute. Eh bien ! le Seigneur y a déjà répondu. Comme on lui disait en effet : « Vous n'avez pas cinquante ans encore, et vous avez vu Abraham ? » il répliqua : « En vérité, en vérité je vous le déclare, avant qu'Abraham fût fait, je suis (1) ». Alors donc. il existait, mais sans être homme encore. Ainsi nul ne peut dire que l'Ange seulement existait alors, puisque le saint Evangile enseigne expressément que le Christ existait aussi. Mais qu'était-il ? demandez-vous. « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu ». Voilà ce qu'il était ; « dès le commencement il était le Verbe ». Ce Verbe n'a pas été formé au commencement, mais « il était ». Quant à ce monde que dit l'Ecriture ? « Au commencement Dieu fit le ciel et la terre (2) ». Par quoi les fit-il ? « Au  commencement était le Verbe », par qui ont été faits le ciel et la terre. Ce Verbe n'a pas été fait, « il était ».

 

1. Jean, VIII, 57, 58. — 2. Gen. I, 1.

 

Mais enfin qu'était-il ? car nous aussi nous employons des verbes ou des paroles. En nous la pensée conçoit la parole, et la voix la met au jour: mais conçues et prononcées elles passent toutes. Et le Verbe de Dieu ? « il était en Dieu ». — Dis-nous où il était, dis-nous ce qu'il était. — C'est fait : le saint Evangile, n'a-t-il pas dit en effet : « Au commencement était le Verbe ? » — Mais ce n'est pas déclarer où il était ni ce qu'il était. — « Et le Verbe était en Dieu ». — Mais je t'ai demandé ce qu'il était. — Vous voulez donc savoir ce qu'il était? « Et le Verbe était Dieu ». Oh ! quel Verbe ! quel Verbe ! Qui pourra montrer ce qu'il y a dans ces mots. « Et le Verbe était Dieu? » — Pourtant n'a-t-il pas été fait par Dieu? —  Nullement. Ecoute encore le saint Evangile: « Tout a été fait par lui (1) ». —Qu'est-ce à dire: « Tout ? » Tout ce que Dieu a fait, il l'a fait par lui. Comment donc aurait pu être fait Celui qui a tout fait ? Se serait-il fait lui-même ? S'il s'est fait, il existait donc pour pouvoir se faire; et s'il n'existait point pour pouvoir se faire, c'est que jamais il n'a été sans exister.

2. Comment ce Verbe divin est-il venu dans le sein de la Vierge Marie ? « Tout a été fait par lui ». Tout, c'est-à-dire que par lui a été lait tout ce que Dieu a fait. Garde-toi, mon frère, de ne pas associer à cette oeuvre immense de l'Incarnation, l'Esprit-Saint. Quelle oeuvre immense en effet ! Les anges ne sont

 

1. Jean, I, 1-3.

 

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pas l'une des moindres oeuvres, mais l'une des grandes oeuvres de Dieu : eh bien ! les anges adorent la chair du Christ siégeant à la droite du Père ; et cette chair est surtout l’oeuvre du Saint-Esprit ; c'est lui qui figure pour en être l'auteur lorsqu'un ange annonça à la sainte Vierge qu'elle allait avoir un fils. La sainte Vierge avait résolu de conserver sa virginité; son mari devait, non l'en dépouiller, mais la lui garder ; ou plutôt, comme c'était Dieu même qui la lui gardait, son mari n'était que le témoin de sa pudeur virginale et devait éloigner d'elle tout soupçon d'adultère. Aussi, après avoir entendu les communications de Fange, « Comment cela se fera-t-il, demanda-t-elle, puisque je ne connais point mon mari ? » Si elle s'était disposée à le connaître, aurait-elle été embarrassée ? La preuve de son dessein est donc dans ces paroles d'étonnement: « Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais pas mon mari ? — Comment cela se fera-t-il ? » — « L'Esprit-Saint descendra en vous », répliqua l'ange ; voilà comment s'accomplira cette oeuvre ; « et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre; aussi ce qui naîtra saint de vous, sera appelé le Fils de Dieu (1) » . Que cette expression est juste: « Vous couvrira de son ombre (2) » C'est pour détourner de votre virginité l'ardeur de la passion. D'elle aussi il fut dit, pendant qu'elle était enceinte : « Il se trouva que Marie avait conçu par l'Esprit-Saint (3) ». Le Saint-Esprit a donc formé réellement le corps du Christ. Le Christ, le Fils unique de Dieu l'a formée également. Comment le prouver? C'est qu'il est dit à ce sujet dans l'Écriture : « La Sagesse s'est bâti une demeure (3) ».

3. Attention, maintenant. Comment un Dieu si grand, comment un Dieu qui habite le sein de Dieu, comment ce Verbe de Dieu par qui tout a été fait, peut-il s'enfermer dans le sein d'une femme ? Et d'abord, ce Verbe, pour y venir, a-t-il quitté le ciel ? A-t-il quitté le ciel pour être dans le sein de la Vierge ? Mais comment auraient pu vivre les anges, si le Verbe avait abandonné le ciel ? Il n'en est pas moins vrai que pour permettre à l'homme de manger le pain des anges, le Seigneur des anges s'est fait homme. Cherche donc encore, pensée humaine, cherche au milieu de tes nuages, épuise-toi, parle, découvre comment, sans

 

1. Luc, I, 34, 35. — 2. Matt. I, 18. — 2. Prov. IX, 1.

 

quitter les anges, sans quitter son Père, ce Verbe de Dieu par qui tout a été fait, a pu descendre dans le sein d'une Vierge ? Comment a-t-il pu s'y enfermer ? —  Il a pu y descendre, mais non s'y enfermer. — Néanmoins, comment, étant si grand, a-t-il pu descendre en un lieu si étroit ? Ce sein virginal a-t-il pu contenir Celui que ne contient pas le monde ? Pourtant il ne s'est pas amoindri pour y descendre ; il y était avec toute sa grandeur, et quelle n'est point cette grandeur ? Que n'est-elle point ? Essaie d'en parler. « Et le Verbe était en Dieu ». Mais qu'était-il? « Et le Verbe était Dieu ».

Moi aussi, qui t'adresse la parole, je sais cela, et je ne le comprends pas. Cependant la réflexion tend en quelque sorte notre esprit, en le tendant elle l'élargit, et en s'élargissant il peut comprendre davantage. Admettons toutefois que malgré cette capacité nouvelle nous ne pourrons entièrement comprendre. Exercez-vous sur ma parole elle-même. Ce que je vous dis, ce que je vais vous dire encore, écoutez-le, comprenez-le; c'est ma parole, c'est une parole humaine. Or, si vous ne pouvez pas même la comprendre, combien n'êtes-vous pas éloignés de comprendre le Verbe de Dieu ?

Ce qui nous surprend, c'est que le Christ ait pris un corps et soit né de la Vierge, sans quitter son Père. Mais moi qui vous.parle en ce moment, j'ai réfléchi à ce que je vous dirais, avant de venir ici. Une fois fixé sur ce que je vous dirais, je possédais une parole en moi-même ; pourrais-je vous parler, si je n'y avais songé auparavant ? Puisque tu ès latin, j'ai dû te parler latin ; comme j'aurais dû te parler grec, te faire entendre des paroles grecques, si tu étais grec. Mais la parole que j'ai en moi n'est ni grecque ni latine; elle est, dans mon esprit, antérieure à ces formes de langage. Pour la produire je cherche des sons, je cherche comme un véhicule pour la conduire jusqu'à toi sans qu'elle me quitte. Eh bien ! ce qui était dans mon esprit n'est-il pas maintenant dans le vôtre ? Il est dans le vôtre et dans le mien tout à la fois ; vous le possédez sans que j'en aie rien perdu. De même donc que ma parole s'est comme revêtue d'un son, pour se faire entendre ; ainsi, pour se faire voir, le Verbe de Dieu a pris un corps.

J'ai dit ce que j'ai pu. Mais qu'est-ce que j'ai dit? Que suis-je d'ailleurs? Un homme qui a (244) cherché à vous parler de Dieu. Mais Dieu est si grand, il est de telle nature que nous ne saurions ni parler convenablement de lui, ni n'en parler point.

4. Je vous rends grâces, Seigneur, de ce que vous connaissez, vous, ce que j'ai dit ou voulu dire. Si j'ai donné à mes compagnons dans votre service des miettes tombées de votre table ; vous, nourrissez et rassasiez intérieurement ceux que vous avez régénérés. Qu'a été cette multitude? « Ténèbres ; mais elle est maintenant lumière dans le Seigneur ». Car c'est à des hommes semblables à eux que disait l'Apôtre : « Autrefois vous étiez ténèbres; vous êtes maintenant lumière dans le Seigneur (1) ». Vous donc qui venez d'être baptisés, « vous étiez autrefois ténèbres, vous êtes maintenant lumière dans le Seigneur ». Si vous êtes lumière , vous êtes aussi jour, puisque le Seigneur a donné à la lumière le nom de jours. Vous étiez ténèbres, Dieu vous a faits lumière, il vous a faits jour, et c'est à vous que s'applique ce que nous venons de chanter: « Voici le jour qu'a fait le Seigneur, livrons-nous à l'allégresse, à la joie qu'il nous inspire (2) ». Ayez horreur des ténèbres.

L'ivresse est une oeuvre de ténèbres. Ne sortez point sobres d'ici pour y rentrer ivres ; car nous vous reverrons après-midi. Le Saint-Esprit a commencé d'habiter en vous, ne le faites pas sortir; gardez-vous de l'éloigner de vos coeurs. Hôte généreux, il vous trouve pauvres et il vous enrichit; il vous trouve avec la faim et il vous nourrit; avec la soif, et il vous

 

1. Ephés. V, 8. — 2. Gen.I, 5. — 3. Ps. CXVII, 24.

 

enivre. Oui, qu'il vous enivre, puisque l'Apôtre a dit : « Prenez garde à l'ivresse du vin, lequel allume la luxure ». Puis, comme pour nous enseigner de quoi nous devons nous enivrer : « Mais soyez remplis du Saint-Esprit, « continue-t-il;chantant entre vous des hymnes, des psaumes et des cantiques spirituels, louant Dieu du fond de vos coeurs (1) ». Or, se réjouir dans le Seigneur et chanter les louanges de Dieu avec une vive allégresse, n'est-ce pas une apparence d'ivresse ? J'aime cette ivresse : « Car c'est en vous, Seigneur, qu'est la source de vie, et c'est vous qui les abreuverez.au torrent de vos délices ». D'où vient donc cette ivresse ? « De ce qu'en vous, Seigneur, est la source de vie, et de ce qu'a votre lumière nous verrons la lumière (2) ».

Ainsi l'Esprit de Dieu est à la fois breuvage et lumière. Si tu découvrais une fontaine au milieu des ténèbres, pour t'en approcher, tu allumerais un flambeau. Point de flambeau pour aller à la source même de la lumière; elle suffit pour t'éclairer et diriger, ta marche vers elle. Veux-tu venir y boire ? Plus tu approches et mieux tu, vois. « Approchez-vous de lui, et vous êtes éclairés (3) ». Gardez-vous devons en éloigner; vous seriez replongés dans les ténèbres.

Seigneur mon Dieu, appelez, pour qu'on s'approche de vous ; fortifiez, pour qu'on ne s'en éloigne pas. Renouvelez vos enfants, rendez vieillards ces petits, mais ne faites pas mourir ces vieillards. On peut vieillir dans la divine sagesse, on n'y doit pas mourir.

 

1. Eph, V, 18, 19. — 2. Ps. XXXV, 9, 10. — 3. Ps. XXXIII, 6.

 

 

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