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SERMON CCLXXXII. SAINTE PERPÉTUE ET SAINTE FÉLICITÉ, MARTYRES. III. POURQUOI RÉUNIES DANS UN MÊME MARTYR?
ANALYSE. Si la divine Providence a voulu que sainte Perpétue et sainte Félicité souffrissent ensemble le martyre, cest parce que leurs noms réunis désignent la récompense promise à tous les martyrs. Femmes et mères l'une et l'autre, elles ont montré un courage supérieur à leur sexe. D'autres martyrs ont souffert héroïquement avec elles; mais les noms de celles-ci ont du rester à ce jour, soit parce que leur énergie a mieux éclaté dans leur faiblesse, soit parce que leurs noms expriment la récompense assurée aux martyrs.
1. Nous célébrons aujourd'hui la fête de deux saintes martyres qui se sont distinguées par les vertus qu'elles ont fait éclater au milieu des tourments, et qui de plus désignent par leurs noms la récompense assurée à leurs pieux et généreux combats ainsi qu'à ceux de leurs compagnons. En effet Perpétue ou Perpétuelle et Félicité sont à la fois les noms de ces dent femmes et la récompense de tous les martyrs. Tous les martyrs déploieraient-ils momentanément tant de courage pour lutter contre la souffrance et pour confesser la foi, si ce n'était pour jouir d'une Perpétuelle Félicité ? Aussi la divine Providence a fait en sorte que ces deux femmes fussent, non-seulement martyres, mais associées étroitement dans un même martyre; et il en devait être ainsi, afin qu'elles donnassent à un même jour la gloire de leurs noms, et qu'elles invitassent la postérité à célébrer leur mémoire dans une solennité commune. De même que l'exemple de leur glorieux combat nous- excite à les imiter; ainsi leurs noms témoignent de l'impérissable récompense que nous devons recevoir. Ah ! qu'elles se tiennent, qu'elles demeurent attachées l'une à l'autre; sans l'une nous n'espérons pas l'autre. Que servirait la Perpétuité sans la Félicité ? et sans la Perpétuité la Félicité ne serait que passagère. C'est assez, vu le temps dont nous pouvons disposer, sur le nom des martyres auxquelles ce jour est consacré. 2. Quant aux personnes mêmes qui portaient ces noms , on nous l'a dit en lisant leurs Actes et la tradition nous l'a appris: ces personnes de tant de mérite et de si hautes (413) vertus n'étaient pas seulement des personnes du sexe, c'étaient des femmes. Toutes deux mêmes étaient mères, nouvelle circonstance qui s'ajoutait à l'infirmité du sexe, pour les rendre plus sensibles à la souffrance, pour inspirer à l'ennemi, qui allait les attaquer sur tous les points , l'espérance qu'elles ne pourraient soutenir le poids accablant d'une persécution cruelle, qu'elles fléchiraient bientôt et deviendraient sa proie. Mais intérieurement aussi fortes que sages, elles surent déjouer ses ruses et abattre sa rage. 3. Au nombre de ces glorieux martyrs se trouvèrent aussi des hommes qui le même jour triomphèrent également des tourments avec un indomptable courage. Ce ne sont pas eux toutefois qui ont donné leurs noms à cette fête. Serait-ce que les deux saintes l'emportaient sur eux par la dignité de leurs moeurs? Non, c'est que ce fut pour le sexe faible un plus grand miracle de vaincre l'antique ennemi ; c'est encore parce qu'en combattant, la mâle vertu avait les yeux ouverts sur la Perpétuelle Félicité.
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