SERMON CXVII
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SERMON CXVII. LE VERBE DE DIEU (1).

 

ANALYSE. — Pour acheter le Verbe de Dieu, il faut se donner soi-même; mais en se donnant on s'acquiert, car le Verbe est la forme suprême qui répare et perfectionne quiconque s'attache à lui. En vain les Ariens contestent son éternité et son égalité avec son Père. Le témoignage de l'Ecriture ne leur suffit pas? Si toutefois ils veulent découvrir dans la nature des images de l'éternité et de l'égalité du Verbe avec Dieu, quoique ces comparaisons ne soient pas des preuves, on peut leur en montrer. La lumière du feu n'est-elle pas aussi ancienne que le feu? Si le feu était éternel, la lumière qu'il produit ne serait-elle pas également éternelle? Un fils n’est-il pas de même nature que son père et homme aussi bien que lui? Mais au lieu de chercher si curieusement à scruter ces profonds mystères, purifiez l'oeil du coeur, profitez des abaissements et de l'incarnation du Verbe; soyez humbles à son exemple et il vous élèvera jusqu'a lui.

 

1. Le passage évangélique qu'on vient de lire, mes très-chers frères, a besoin pour être compris que l'oeil du coeur soit bien pur. Nous venons de voir en effet Jésus-Christ Notre-Seigneur et dans sa divinité, créateur de tout l'univers, et dans son. humanité, restaurateur de la nature déchue. L'Evangéliste Jean nous a montré ce spectacle. L'Evangile même nous a fait connaître l'étonnante grandeur de cet

 

1.  Jean, I, 1-13

 

historien, et la dignité du serviteur nous indique de quelle valeur est le Verbe qu'il a fait connaître, ou plutôt combien ce Verbe est hors de prix, puisqu'il l'emporte sur tout. Ce qu'on achète vaut exactement le prix qu'on en donne, vaut plus ou vaut moins. Quand cela vaut le prix, il y égalité entre l'objet et le prix; si l'objet vaut moins, il est au dessous du prix, et au dessus s'il vaut davantage. Mais rien ne saurait égaler le Verbe de Dieu, ni être au dessus (486) ni être au dessous de lui comme valeur. Tout sans doute est au dessous de lui, puisque « tout a été fait par lui; » mais rien ne saurait en être le prix même inférieur. Et toutefois, si l'on peut.parler ainsi, si la raison ou l'habitude permettent de s'exprimer de la sorte, le prix à donner pour acheter le Verbe est l'acheteur lui-même, et en se donnant à lui il s'enrichit. Voulons-nous acheter quelque chose? Nous cherchons ce que nous pourrons donner en échange de ce que nous désirons, et ce que nous donnons alors est hors de nous; s'il est dans nos mains nous nous en dessaisissons pour prendre en retour ce que nous achetons. Ainsi, quel que soit le prix d'achat, il faut le céder pour obtenir ce qu'on a en vue; on ne se cède pas pourtant soi-même, mais on acquiert l'objet qu'on paie. Quant au Verbe, il ne faut pas, pour se le procurer, chercher hors de soi, il faut se donner soi-même, et en se donnant on ne se perd pas comme on perd le prix d'une autre acquisition.

2. Ainsi le Verbe de Dieu s'offre à tous; l'achète qui le peut, et on le peut avec une volonté pieuse. Dans lui en effet, se trouve la paix, et cette paix passe sur la terre aux hommes de bonne volonté (1). Afin donc de se le procurer, il faut se donner, chacun en est comme le prix. Mais peut-on employer cette expression, quand en se donnant pour acquérir le Verbe on ne se perd pas, quand au contraire on se gagne en s'abandonnant à lui? Et que lui donne-t-on en se donnant? — On ne lui donne point quelque chose qui lui soit étranger, on lui rend pour le refaire ce que lui-même a fait, car « tout a été fait par lui. » Si en effet il a fait tout, il a fait sans aucun doute l’homme comme le reste. Si c'est à lui que doivent l’existence et le ciel, et la terre, et la mer, et tout ce qu'ils renferment, et toutes les créatures enfin; n'est-il pas plus manifeste encore qu'il est l'auteur de l'homme, fait par lui à l'image de Dieu.

3. En ce moment, mes frères, nous ne cherchons pas à expliquer comment peuvent s'entendre ces mots : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu. » On peut les entendre dans le silence de la méditation, les paroles humaines n'en sauraient donner l'intelligence. C'est du Verbe de Dieu qu'il est ici question et nous voulons dire ce qui empêche de le connaître. Remaquez, nous n'entreprenons pas de le faire comprendre,

 

1. Luc, II, 14.

 

nous exposons ce qui empêche d'en avoir une  idée parfaitement juste.

C'est que ce Verbe est une forme, mais une forme qui n'est pas formée, et qui au contraire a formé tout ce qui l'est; formé immuable où il n'y a ni déchet, ni déclin, qui n'est astreinte ni au temps ni au lieu, qui domine tout et qui est partout, qui sert à la fois de fondement pour tout appuyer et de faîte pour tout couronner. Dire que tout est en lui, ce n'est pas une erreur; car ce Verbe est appelé la Sagesse de Dieu, et il est écrit : « Vous avez tout fait d'ans votre Sagesse (1). » Ainsi tout est en lui, et pourtant, parce qu'il est Dieu, tout est au dessous de lui. Ce qu'on vient de lire est incompréhensible, et si on l'a lu, ce n'était pas pour le faire comprendre à l'esprit humain, mais pour lui inspirer le regret de ne le comprendre pas, pour lui faire découvrir ce qui lui en ôte l'intelligence, pour le porter à écarter ces obstacles et à soupirer après la connaissance de ce Verbe immuable en changeant lui-même de mal en bien. Le Verbe en effet ne profite ni ne gagne à être connu, il reste toujours le même; le même si on s'approche de lui et le même si on reste près de lui; le même si on s'en éloigne et le même si on y revient, et en restant toujours le même il renouvelle tout. C'est ainsi qu'il est la forme de tout; mais forme incréée, indépendante, comme nous l'avons dit, et du temps et de l'espace. En effet ce qui est dans un lieu quelconque y est nécessairement circonscrit. Une forme circonscrite a des limites, des limites qui la prennent à son origine et la conduisent à son terme. De plus, ce qui est contenu dans un lieu, ce qui a un volume et une étendue quelconque, est moindre dans l'une de ses parties que dans son tout. Fasse le ciel que vous me compreniez!

4. A la vue, des corps qui sont sous nos yeux, que nous touchons et au milieu desquels nous vivons, nous pouvons constater chaque jour que chacun d'eux, quelle qu'en soit la forme, occupe localement une place. Or tout ce qui occupe une place est moindre dans l'une de ses parties que dans son tout. Une partie du corps humain comme le bras, est sûrement moindre que tout le corps. Mais si le bras est moindre, il occupe un moindre espace. Ainsi la tête, autre partie du corps, occupe également un espace moindre parce quelle n'a pas autant de volume que tout le corps. Ainsi en est-il de tous les objets

 

1. Ps. CIII, 24.

 

487

 

contenus dans un lieu, ils sont moindres dans une de leurs parties que dans leur tout. Mais ne nous figurons, n'estimons rien de pareil dans le Verbe de Dieu; ne consultons point les impressions de la chair pour nous représenter les choses spirituelles. Ce Verbe divin, ce grand Dieu n'est pas moindre dans l'urne de ses parties que dans son tout.

5. Tu ne saurais te représenter cette propriété divine, et il y a plus de piété à ne pas la comprendre qu'à présumer d'en avoir l'intelligence. Souviens-toi que nous parlons de Dieu, car il est dit : « Le Verbe était Dieu. » Nous parlons de Dieu; est-il donc étonnant que tu ne comprennes pas? Si tu comprenais, ce ne serait pas Dieu. Avoue donc pieusement ton ignorance, plutôt que de prétendre témérairement avoir l'intelligence. Atteindre Dieu tant soi peu est un grand bonheur, le comprendre est chose absolument impossible.

Dieu est à l'esprit ce que le corps est aux yeux; on connaît Dieu comme on voit le corps. Crois-tu l’oeil capable de pénétrer tout ce qu'il voit? Tu te tromperais étrangement; tu ne vois aucun objet tout entier. Voir un homme en face, est-ce le voir en même temps par derrière ? et le voir par derrière, est-ce en même temps le voir en face? A proprement parler tu ne comprends donc pas ce que tu vois, et si la mémoire ne conservait en toi le souvenir du côté que tu as vu, tu ne pourrais, en regardant d'un autre côté, dire que tu comprends quoi que ce soit, d'une manière même superficielle. Pour voir une chose, tu la manies, tu la tournes et la retournes; ou bien tu tournes toi-même pour la considérer sous toutes ses faces. Tu ne saurais donc d'un seul coup d'œil la voir tout entière. En la tournant tu en vois les différentes parties et pour te persuader que tu l'as vue tout entière il faut te rappeler que tu les as vues l'une après l'autre. Ce n'est donc pas 1'œil, c'est la mémoire qui agit surtout ici.

Que ne peut-on alors, mes frères, dire du Verbe de Dieu? Des corps exposés à nos regards nous disons que la vue ne saurait les pénétrer tout entiers; comment donc l'œil du coeur pourrait-il comprendre Dieu? C'est assez- pour lui, s'il est pur, de l'atteindre, et l'atteindre c'est en quelque façon le toucher d'une manière toute spirituelle, mais sans le comprendre; et encore la pureté est-elle requise. Or le bonheur de l'homme consiste à atteindre ainsi par le coeur ce qui est toujours heureux, ce qui est l'éternelle béatitude, ce qui est la vie, ce qui, est la sagesse parfaite, et pour l'homme la source de la sagesse; ce qui est l'éternelle lumière, et pour l'homme le foyer de toute lumière. Remarque donc comment ce tact invisible te transforme sans altérer l'Être mystérieux que tu atteins ; en d'autres termes comment Dieu ne gagne rien à être connu, et comment tu profites en le contemplant.

Nous avons dit, il est vrai, que nous payons Dieu, mais ne nous figurons pas, mes très-chers frères, que nous l'enrichissons. Que lui donnons-nous qui puisse ajouter à son être ? N'est-il pas le même si tu t'éloignes de lui, et le même si tu t'en rapproches ? S'il désire qu'on le contemple, n'est-ce pas pour faire le bonheur de ceux qui le regardent et pour frapper d'aveuglement ceux qui se détournent? Car l'aveuglement est la première vengeance, le commencement des peines qu'il inflige à l'âme qui se détache de lui. N'est-ce pas tomber dans l'aveuglement que de s'éloigner de la lumière véritable, c'est-à-dire de Dieu? Cette peine n'est pas sensible, elle n'en est pas moins réelle.

6. Aussi, mes très-chers frères, sachons que sans parler de sa naissance temporelle, c'est d'une naissance toute spirituelle, qui le met à l'abri de toute altération et de tout changement, que le Verbe de Dieu est né de son Père. Mais comment persuader à certains infidèles qu'il n'y a rien de contraire à la vérité dans cette doctrine catholique que combattent les Ariens, infatigables ennemis de l'Eglise de Dieu? Les hommes charnels ne croient-ils pas plus facilement ce qu'ils voient?

On a donc osé dire : Le Père est plus grand et plus ancien que: le Fils; le Fils est inférieur au Père et moins ancien que lui. Et voici comme on raisonne: Si le Fils est né, évidemment le Père existait avant lui.

Soyez attentifs : que Dieu nous vienne en aide; implorez son secours par vos prières et par votre pieuse application à recueillir ce que lui-même nous donnera, nous inspirera pour vous; qu'il nous aide à expliquer de quelque manière le mystère que nous avons entrepris d'exposer. Je l'avoue cependant, mes frères, si je n'y réussis pas, attribuons-en la faute, non pas à la raison, mais à l'homme. Priez donc, je vous en conjure, je vous en supplie; touchez la miséricorde divine et qu'elle nous mette sur les lèvres les paroles qu'il est nécessaire, à vous d'entendre, et à nous de prononcer.

 

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Si le Verbe est Fils de Dieu, disent donc les Ariens, il est né. — Sans aucun doute, car s'il n'était pas né, il ne serait pas Fils. Rien de plus clair; ce raisonnement est admis par la toi, approuvé par l'Eglise catholique, il est juste. —Mais ils ajoutent : Si le Père a un Fils, il existait sûrement avant la naissance de ce Fils. — Voilà ce que réprouve la foi, ce que repoussent les oreilles catholiques; anathème à qui pense ainsi; il est séparé, il ne fait plus partie ni de la communion, ni de la société des saints. — Par conséquent, poursuivent-ils, montre-nous comment le Père peut avoir un Fils aussi ancien que lui.

7. Comment, mes frères, expliquer des choses toutes spirituelles à des hommes charnels ? Ne sommes-nous pas charnels nous-mêmes lorsque nous entreprenons de faire comprendre ces idées spirituelles à des hommes charnels, à des hommes quine connaissent que des naissances charnelles, et qui voient invariablement dans ce monde des différences d'âge entre ce qui remplace et ce qui s'en va, entre ceux qui engendrent et ceux qui sont engendrés ? Parmi nous en effet le fils naît après son père, afin de, lui succéder après la mort de celui-ci; et soit parmi les hommes, soit parmi les animaux, nous voyons toujours les pères plus anciens que les enfants. Ce spectacle perpétuel porte ces Ariens à se faire la même idée de l'ordre spirituel, et plus ils s'appliquent aux choses charnelles, plus facilement ils s’égarent. Ce n'est pas la raison qui les guide, quand on leur annonce ces doctrines erronées; ils se laissent aller à l'habitude, et c'est l'habitude aussi qui inspire leurs maîtres de mensonge.

Que faire donc? Nous taire? Que n'y sommes-nous autorisés! La méditation silencieuse paraît convenir à cet ineffable mystère : car ce qui est ineffable de sa nature est de sa nature inexprimable. Or Dieu est ineffable. Si en effet l'Apôtre Paul, ravi jusqu'au troisième ciel, affirmé y avoir entendu d'ineffables paroles (1); combien plus est ineffable Celui de qui viennent ces idées inexprimables pour celui qui les a reçues. Aussi, mes frères, serait-il préférable de nous taire, si nous y étions autorisés, et de nous borner à dire: Voilà ce qu'enseigne la foi, c'est ce que nous croyons; si tu ne peux le comprendre, c'est que tu es encore du nombre des petits ; prends patience jusqu'à ce que tu aies des ailes; si tu voulais sans elles prendre ton essor, tu pourrais,

 

1. II Cor. XII, 4.

 

non pas voler librement, mais tomber témérairement. — Mais que répliquerait-on ? Ah! s'il pouvait répondre, dirait-on, il n'y manquerait pas. C'est une excuse pour voiler son impuissance. S'il refuse de répondre, c'est qu'il est vaincu par la vérité même. — Et de fait, lors même que le silence ne prouverait pas que je n'ai rien à répliquer, il pourrait nuire à ceux de nos frères dont la foi n'est pas affermie. Car en entendant l'objection ils s'imaginent qu'il n'y a réellement rien à y répondre, quoiqu'on puisse n'avoir rien à répondre tout en ayant le sentiment de la vérité. On ne peut rien exprimer sans le sentir, mais on peut sentir sans pouvoir exprimer.

8. Si néanmoins, sans déroger à l’ineffabilité de cette Majesté suprême, nous employons des comparaisons pour réfuter ces hérétiques, que nul ne regarde ces comparaisons comme faisant connaître complètement ce que les faibles ne sauraient ni exprimer ni penser même; car s'il est des esprits plus avancés ils ne peuvent comprendre qu'en partie, ils ne peuvent voir qu'en énigme et à travers un miroir. Produisons donc ces comparaisons pour réfuter les hérétiques et non pour expliquer le mystère. Que font-ils d'ailleurs pour nous combattre, lorsque nous soutenons la possibilité pour le Verbe de naître du Père et d'être aussi ancien que lui? Ils font des comparaisons, des comparaisons tirées de la créature. Un homme, disent-ils, existe avant d'avoir un fils, il est plus ancien que son fils; ainsi en est-il du cheval, du mouton, de tous les autres animaux. Voilà bien des comparaisons tirées des créatures.

9. Faut-il alors que nous nous fatiguions à découvrir des similitudes pour établir les vérités dont nous nous occupons? Et si je n'y réussissais pas, ne pourrais-je pas répondre qu'à la génération du Créateur il n'y a rien de semblable dans la créature? Autant en effet sa nature divine surpasse les natures créées, autant sa génération l'emporte sur les générations naturelles. Tout a été fait par Dieu, et qu'y a-t-il néanmoins qui lui soit comparable? Tout aussi naît avec son concours; et n'est-il pas aussi impossible de signaler des similitudes qui représentent sa génération, que d'en signaler qui figurent sa nature, son immutabilité, sa divinité et sa majesté? Qu'y a-t-il ici qui puisse nous donner l'idée de ces attributs ? Si donc je ne pouvais indiquer non plus aucune génération (489) semblable à la sienne, serais-je vaincu pour cela? Devrais-je me désespérer pour n'avoir rien découvert dans la créature qui fût comparable au Créateur.

10. Non, mes frères, je ne découvrirai dans le temps rien que je puisse mettre en regard de l'éternité. Et toi, qu'as-tu découvert? qu'as-tu découvert en fait de comparaisons ? Tu as découvert qu'un père est plus ancien que son fils, et parce que dans le temps un père est plus ancien que son fils, tu prétends que dans l'éternité le Fils soit aussi moins âgé que son Père? Mais pour établir une comparaison véritable, montre-moi ici un père éternel. C'est dans le temps que tu me montres le fils moins âgé que son père; le père et le fils sont également soumis au temps; mais pourrais-tu me signaler un père qui fût éternel et son fils moins âgé que lui?

Le caractère de l'éternité est la stabilité même, la variété est le caractère du temps; dans l'éternité tout est immobile, tout vient et s'en va dans le temps; et si dans cette révolution du temps tu vois le fils succéder à son père, c'est que ce père à son tour a succédé à son propre père qui n'était pas plus éternel que lui. Comment voulez-vous donc, mes frères, que nous reconnaissions dans la créature quelque chose de coéternel, puisque nous sommes incapables d'y rien apercevoir d'éternel?

Montre-moi dans l'univers créé un père éternel et je t'y indiquerai un fils co-éternel . Mais si tu n'y découvres rien d'éternel, si le père et le fils sont différents d'âge, ne suffit-il pas, pour établir une comparaison, que nous nous arrêtions à ce qui est de même âge? Autre chose « ce qui est éternel, et autre chose ce qui est de même âge. Nous appelons hommes de même âge ceux qui vivent depuis le même moment ; l'un n'est pas né avant l'autre, tous deux néanmoins sont commencé. Eh bien! si nous parvenons à rencontrer un être produit qui soit de même âge que celui dont il émane; s'il est possible de signaler deux êtres de même âge, l'un qui engendre et l'autre qui soit engendré, ne pourrons-nous pas y voir une image de ce qui est coéternel? En voyant ici un être engendré commencer en même temps que son père, ne comprendrons-nous pas que le Fils de Dieu n'a aussi, en même temps que son Père, jamais eu de commencement? Oui, mes frères, si nous reconnaissons qu'un être produit a commencé en même temps que celui dont il émane, si l'un a commencé avec l'autre, pourquoi le Fils ne serait-il pas sans commencement aussi anciennement que son Père? Il y aurait là, coévité et ici, coéternité.

11. Votre sainteté a compris sans doute ce que je viens de dire, savoir, que l'on ne saurait comparer ce qui est temporel à ce qui est éternel, mais qu'on peut établir quelque faible et légère similitude entre ce qui est contemporain et ce qui est coéternel. Cherchons donc des êtres contemporains, et demandons à l'Ecriture même l'idée de ces rapprochements.

Nous y lisons que la Sagesse « est l'éclat de l'éternelle lumière, et le miroir sans tache de la majesté divine (1). » Ainsi la Sagesse est appelée l'éclat de l'éternelle lumière et l'image du Père: puisons là, dans ce qui est créé en même temps, des rapprochements qui nous donnent l'intelligence de ce qui est coéternel. O Arien, si je constate qu'un être producteur n'est pas plus ancien que l'être produit par lui et que l'être produit n'a pas moins d'âge que celui dont il procède, tu devras m'accorder que dans la nature créatrice deux personnes peuvent être coéternelles, puisqu'en effet deux êtres sont absolument contemporains dans la nature créée. Quelques-uns de mes frères, je crois, saisissent déjà toute ma pensée; plusieurs en effet l'ont devinée quand j'ai rapporté ces paroles: « Elle est l'éclat de l’éternelle lumière. » Le feu donc produit la lumière, la lumière jaillit du feu. Nous allumons la lampe chaque jour; suions examinions alors comment la lumière naît du feu, notre esprit se reporterait sur un mystère invisible et ineffable, et le flambeau de notre intelligence pourrait s'allumer aussi durant l'épaisse nuit du siècle. Considère avec attention un homme qui allume sa lampe. Avant que cette lampe soit allumée, on n'y voit ni le feu ni l'éclat qui en jaillit. Dis-moi, maintenant : Est-ce la lumière qui vient du feu ou le feu qui vient de la lumière ? Chacun me répondra, car Dieu a semé dans tous les esprits les idées premières de l'intelligence et de la sagesse; chacun donc me répondra, et me répondra sans hésiter, que la lumière vient du feu, et non pas le feu de la lumière. Supposons donc que le feu est le père de cette lumière, et n'oublions pas que nous cherchons ici des phénomènes contemporains et non pas coéternels. Eh bien ! quand je veux allumer ma lampe, il n'y a ni feu ni lumière, et sitôt que je l'ai allumée, le feu s'y montre en même temps due la lumière. Fais-moi voir ici

 

1. Sag. VII, 26.­

 

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du feu sans lumière et je croirai qu'au ciel le Père est sans son Fils.

12. Remarquez bien: nous avons exprimé ce grand mystère autant qu'il nous a été possible; le Seigneur a eu égard à l'ardeur de vos prières et aux dispositions de votre coeur, et vous m'avez compris dans la mesure de vos forces. Ces vérités pourtant sont ineffables ; ne regardez pas mes paroles comme proportionnées au sujet, puisqu'il m'a fallu comparer ce qui est contemporain à ce qui est coéternel, ce qui est temporel à ce qui subsiste toujours, ce qui s'éteint à ce qui est immortel.

Toutefois, puisque le Fils est appelé aussi l'image de son Père, tirons encore de là un rapprochement, quoiqu'il y ait tant de différence, comme nous l'avons dit, entre ces divers objets. Quand un homme est en face d'un miroir, on y voit son image. Mais ceci ne saurait nous aider à rendre sensible le mystère que nous cherchons à expliquer tant soit peu ; car on peut m'objecter que celui qui est en face d'un miroir existait, était né auparavant. Son image ne se reflète qu'à dater du moment où il se met en présence du miroir ; mais il existait avant de s'en approcher. Comment donc établir une comparaison semblable à celle que nous ont offert le feu et la lumière? Interrogeons ce qu'il y de plus faible.

Il vous a été facile d'observer comment l'eau reproduit les images dès corps. Ainsi, quand un homme passe ou s'arrête au dessus de l'eau, il y voit son image. Si donc une plante, un arbrisseau ou une herbe, naissait au dessus de l'eau, n'y naîtrait-elle pas avec son image? Son image commencerait d'exister en même temps qu'elle, elle ne lui serait pas le moins du monde antérieure. Impossible de me montrer qu'une plante soit née au dessus de l'eau, et qu'ensuite seulement et non en même temps, son image s'y soit peinte; elle s'y peint au même moment; et pourtant l'image vient de la plante, et non la plante de l'image. Elle naît donc avec son image : l'existence de l'image et l'existence de la plante commencent en même temps. N'avoues-tu pas que l'image est produite par la plante et non la plante, par l'image? L'image vient ainsi de la plante, ce qui engendre et ce qui est engendré commencent en même temps et par conséquent sont contemporains; et par conséquent encore si la plante avait toujours existé, toujours aussi aurait, existé l'image qu'elle produit, l'image qu'elle engendre; d'où il suit encore que ce qui engendre peut exister toujours, et toujours aussi exister en même temps ce qui est engendré. Tout l'effort, tout le travail de notre esprit tendait à nous faire l'idée d'une génération éternelle, voilà cette idée. Concluons aussi que le Fils de Dieu porte ce nom pour exprimer qu'il a un Père qui lui donne la vie, et non pour signifier que le Père lui soit antérieur. Toujours le Père existe et toujours existe également le Fils qui procède de lui; et comme en procédant de lui le Fils en naît, on peut dire que toujours le Fils est né du Père. Le Père existe toujours, et toujours l'image qu'il produit. Ainsi l'image de la plante est produite par la plante, et si la plante eût toujours existé, toujours également aurait existé l'image qu'elle forme. Tu n'as pu découvrir d'êtres coéternels engendrés de pères éternels, et tu viens de rencontrer des êtres contemporains produits par des êtres temporels. Ainsi j'ai l'idée du Fils coéternel de Dieu engendré de son Père éternel. Entre le coéternel et l'éternel il y a la même relation qu'entre le contemporain et l'éternel.

13. Mes frères, il y a .ici, pour éviter les blasphèmes, une petite observation. Constamment on répète : Voilà bien des comparaisons, mais la lumière produite par le feu est moins éclatante que le feu même, et l'image de l'arbrisseau n'a certes pas la même réalité que l'arbrisseau. — Sans doute, il y a ici ressemblance, mais non pas égalité absolue et c'est pourquoi il ne parait pas y avoir même nature. Que répondre alors si on nous disait: Le Fils est donc au Père ce que la lumière est au feu, et l'image à l'arbrisseau? — Je vois que le Père est éternel et que le Fils est coéternel au Père; mais dirons-nous qu'il ressemble à la lumière en tant qu'elle est moins éclatante que le feu, et à l'image en tant qu'elle a moins de réalité que l'arbrisseau? Nullement; il y a ici égalité parfaite. — Je n'en crois rien, dit-on, puisque tu ne découvres rien de semblable — Eh bien ! crois-en l'Apôtre, car il a pu voir ce que j'enseigne. Le Christ, dit-il, « n'a pas cru usurper en se faisant égal à Dieu (1). » C'est une égalité parfaite et absolue. Mais pourquoi ne l'a-t-il pas usurpée ? C'est qu'il ne se l'attribue que parce qu'elle lui appartient.

14. Réunissons maintenant ces rapports divers, ces deux espèces d'êtres; peut-être trouverons-nous dans la créature quelque similitude qui nous aide à comprendre comment le Fils est coéternel

 

1. Philip. II, 6.

 

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au Père et en même temps son égal. Mais il nous est impossible de voir cette vérité dans une même espèce de comparaisons; réunissons alors des comparaisons empruntées à deux espèces d'êtres. Lesquelles? L'une comprend les similitudes invoquées par les hérétiques, et l'autre comprend les comparaisons indiquées par nous. Les hérétiques ont tiré leurs comparaisons de ce qui naît dans le temps et se trouve par conséquent moins ancien que l'être générateur: ainsi l'homme issu de l'homme est moins ancien que son père; et toutefois le fils, comme le père, est homme, c'est-à-dire de même nature, car un homme engendre un homme comme un cheval produit un cheval, comme un animal produit son semblable. Ces êtres communiquent leur substance, mais ils ne communiquent par leur âge. L'âge est différent, mais la nature est la même. Que constatons-nous donc dans ce genre de naissances? Sans aucun doute, l'égalité de nature. Et que n'y trouvons-nous pas ? L'égalité d'âge. N'oublions pas alors cette égalité de nature que nous y avons rencontrée.

Quant aux comparaisons que nous-mêmes avons tirées soit de la lumière produite par le feu, soit de l'image peinte par l'arbrisseau, si tu n'y découvres pas l'égalité de nature, tu y vois l'égalité d'âge. Qu'y constatons-nous donc? L'égalité d'âge. Que n'y découvrons-nous pas? L'égalité de nature. Eh bien ! unis ces deux caractères; tu le peux, car si les créatures manquent de quelque qualité, le Créateur ne saurait manquer d'aucune, puisque de lui vient tout ce que possède la créature. Ne faut-il donc pas attribuer à Dieu ce que tu rencontres dans les êtres contemporains, comme il est nécessaire de n'attribuer pas à cette Majesté qui est sans défaut, ce dont manquent ces êtres ? Voici des générateurs de même âge que les êtres engendrés par eux ; en y reconnaissant l'égalité d'âge, tu y constates l'inégalité de nature. Garde-toi de prêter à Dieu aucun défaut, prête-lui au contraire les perfections des créatures, et pour nous en tenir d'abord aux créatures de même date, vois dans leur coévité la coéternité du Fils avec le Père. Quant  aux autres créatures, qui sont également l'oeuvre de Dieu et qui doivent aussi louer leur Créateur, que constates-tu en elles? L'égalité de nature. Les premières t'avaient enseigné à attribuer à Dieu la coéternité; que celles-ci te déterminent à admettre en lui l'égalité de nature. Eh! ne serait-ce pas, rues frères, le comble de la folie que de ne célébrer pas dans le Créateur ce que je célèbre dans la créature? Je loue dans l'homme l'égalité de nature, et je l'admets pas dans Celui qui a fait l'homme? Ce qui naît de l'homme est homme, et ce qui naît de Dieu ne serait pas Dieu? Peu m'importent les oeuvres qui ne sont pas les oeuvres de Dieu ; mais je veux que tous les ouvrages du Seigneur bénissent leur Créateur ; et puisque dans ces ouvrages je vois la coévité, j'en conclus qu'il y a en Dieu coéternité ; et puisque dans ces mêmes ouvragés je constate égalité de nature, je reconnais en Dieu égalité de substance. Je réunis en lui ce que je trouve répandu partiellement sur chacune de ses créatures, et sans m'arrêter même à ce que je découvre dans celles-ci, je lui en attribue toutes les perfections, mais comme au Créateur, et je les lui attribue d'une manière d'autant plus éminente que ces perfections sont visibles ici et en lui invisibles; ici temporelles, éternelles en lui; ici muables et en lui immuables; ici corruptibles, incorruptibles en lui. Enfin, pour nous arrêter à l'homme, le père et le fils sont deux hommes ; tandis qu'en Dieu le Père et le Fils ne sont qu'un seul Dieu.

15. Je rends au Seigneur notre Dieu d'ineffables actions de grâce, de ce qu'à votre requête il a daigné me tirer de ce dangereux et difficile écueil. Mais n'oubliez jamais que le Créateur est élevé, à une hauteur infinie, au dessus de tout ce que nos sens ou nos méditations peuvent remarquer dans la créature. Veux-tu donc t'élever intérieurement, jusqu'à lui? Purifie ton esprit, purifie ton coeur, purifie cet oeil intérieur qui pourra seul contempler ce qu'il est, purifie l'oeil du coeur, car il est écrit : « Heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu (1). »

Cependant, puisque le coeur n'était pas purifié, était-il possible à Dieu de se montrer plus miséricordieux envers nous qu'en procurant l'incarnation de ce Verbe dont nous avons tant parlé sans pouvoir, malgré nos efforts, rien dire qui fût digne de lui ? Ce Verbe en effet a fait toutes choses, et pour nous aider à atteindre à ce que nous ne sommes pas, il s'est fait ce que nous sommes. Nous ne sommes pas Dieu, mais nous pouvons le considérer en esprit, c'est-à-dire fixer sur lui le regard du coeur. Maintenant, il est vrai, les péchés qui nous accablent et qui nous aveuglent, ainsi que la faiblesse gui nous tient abattus, nous réduisent au simple désir de voir Dieu; mais nous sommes au temps de l'espérance et non à

 

1. Matt. V, 8.

 

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l'époque de la réalité. « Nous sommes les enfants de Dieu. » Ainsi parle Jean, celui qui a dit : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu: » celui qui reposait sur la poitrine du Seigneur et qui puisait dans son coeur ces secrets divins. Il dit donc: « Mes bien aimés, nous sommes les enfants de Dieu, et ce que nous serons un jour ne parait pas encore; nous savons seulement que lorsqu'il apparaîtra lui-même, nous lui serons semblables, car nous le verrons tel qu'il est (1). » Ceci nous est promis.

16. Afin toutefois d'y parvenir, et parce que nous ne saurions contempler encore là divinité du Verbe, écoutons son humanité, charnels que nous sommes, prêtons l'oreille au Verbe fait chair ; car s'il est venu parmi nous, s'il s'est chargé de ta faible nature, c'est pour te permettre d'entendre sa forte parole. Et n'est-ce pas avec raison qu'on l'a comparé au  lait? Ne donne-t-il pas du lait aux petits, pour leur donner, quand ils seront grands, le pain de la sagesse ? Souffre donc qu'on t'allaite, pour que tu manges un jour avec avidité. Vois encore comment se forme le lait qu'on donne aux enfants. Ce lait n'est-il pas d'abord sur la table une nourriture ordinaire Mais l'enfant ne saurait manger cette nourriture placée sur la table. Que fait alors la mère ? Elle se l'incorpore, elle la change en lait pour que nous puissions nous en nourrir. Ainsi le Verbe s'est fait chair, afin qu'incapables de prendre encore aucun aliment solide, nous vécussions de lait, comme les petits enfants. Il y a  pourtant cette différence : Quand la mère forme le lait avec la nourriture qu'elle a prise, cette nourriture se change réellement en lait; au lieu que le Verbe est resté immuable, quand il a pris un corps, afin d'en être revêtu. Il n'a alors ni altéré ni transformé sa nature, et sans se changer en homme, il a voulu te parler en se rendant visible comme toi. Absolument immuable et inaltérable, il est devenu un autre toi-même, sans cesser d'être semblable à son Père.

17. Que dit-il en effet lui-même aux petits pour leur apprendre à recouvrer la vue et à s'élever de quelque manière jusqu'à ce Verbe qui a tout fait? « Venez à moi, vous tous qui prenez de la peine et quiètes chargés, et je vous soulagerai. Prenez mon joug sur vous, et apprenez

 

1. Jean III, 2.

 

de moi que je suis doux et humble de coeur (1). » Que fait ici le Maître souverain, ce Fils de Dieu, cette Sagesse de Dieu par qui tout a été fait? Il appelle à lui le genre humain: « Venez à moi, vous tous qui prenez de la peine, et apprenez de moi. » Tu t'attendais peut-être à  entendre dire à la Sagesse divine : Apprenez de moi comment j'ai formé les cieux et les astres; comment tout était compté dans mon esprit avant d'être formé, et comment je voyais, à la lumière des idées immuables, le nombre même de vos cheveux (2). Tu t'attendais donc à l'entendre parler  ainsi ? Tu te trompais; elle dira d'abord : « Apprenez que je suis doux et humble de coeur.» Considérez, mes frères, ce que vous avez à apprendre d'abord; c'est assurément peu de chose. Nous aspirons à ce qui est grand ; pour le devenir, attachons-nous à ce qui est petit. Tu voudrais t'occuper des grandeurs de Dieu ? Occupe-toi d'abord de son humilité. Ne dédaigne pas de devenir humble dans ton intérêt, puisque dans, ton intérêt encore et non dans le sien, Dieu a daigné le devenir. Nourris-toi donc de l'humilité du Christ, apprends à être, humble et garde-toi de l'orgueil. Avoue ta maladie et reste avec patience aux pieds de ton médecin. Une fois que tu seras humble comme lui, tu te relèveras avec lui ; non que lui-même se relève considéré comme Verbe, c'est toi plutôt qu'il relèvera pour le connaître de plus en plus. Tu ne le regardes d'abord qu'en tremblant et en hésitant ; tu le verras ensuite d'un oeil plus ferme et avec plus de clarté. Il ne grandit pas, c'est toi qui profites et il semble s'élever avec toi.

Oui, mes frères, c'est bien la vérité. Ajoutez foi aux commandements de Dieu et accomplissez-les; Dieu fortifiera alors votre intelligence. Point de présomption, ne semblez pas mettre la science avant le précepte, ce serait le moyen de rester petits sans vous affermir. Considérez cet arbre, il cherche à descendre pour monter, il enfonce ses racines en-bas pour porter sa tète vers le ciel. Ne s'appuie-t-il pas sur l'humilité? Pour toi, tu veux sans charité comprendre les mystères sublimes, t'élancer dans, les airs sans avoir ale racine? C'est périr et non grandir. Que par la foi donc le Christ habite en vos  coeurs; enracinez-vous et établissez-vous dans la charité, pour être remplis de toute la plénitude de Dieu (3).

 

1. Matt. XI, 28, 29. — 2. Matt. X, 30. — 3. Ephès. III, 17, 19.

 

 

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