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SERMON LXII. FESTINS IDOLATRIQUES (1).

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ANALYSE. — Ce discours parait avoir été prêché à Carthage (2). Saint Augustin entreprend de détourner les chrétiens de l'usage où ils étaient de prendre part aux festins célébrés par les païens en l'honneur des idoles; et il dirige dans ce sens l'explication qu'il donne de l'Evangile du Centurion; lu ce jour là dans l'assemblée des fidèles. — 1° Il est certain que le bonheur du Centurion ne vient pas de la présence corporelle de Jésus-Christ, mais de l'humilité de sa foi, et l'action du Sauveur en faveur de ce soldat et de son serviteur malade, figurait déjà les Gentils préférés aux Juifs. Or dans la foule des Chrétiens il en est qui touchent le Fils de Dieu par leur foi, et il en est qui le pressent, le fatiguent. Ceux-là entre autres le fatiguent qui prennent part aux festins célébré par les païens eu l'honneur de leurs idoles; car ces festins sont interdits par l'Apôtre comme étant scandaleux pour les faibles et injurieux à Jésus-Christ. — 2° Pour s'autoriser ou prétexte d'abord les égards que l'on doit aux supérieurs qui se formaliseraient si l'on n'y prenait part. Mais ne faut-il pas avant tout avoir des égards pour le Seigneur Jésus lui-même, dont on va quelquefois, par suite de ces festins, jusqu'à nier la divinité? On dit en second lieu qu'on ne se méprend pas sur la nature des idoles. Mais n'est-il pas i craindre qu'en voyant notre conduite les païens ne s'y méprennent, et' le meilleur moyen de les convertir ne serait-il pas de les laisser isolés et heureusement confus de voir leur petit nombre? On prétexte en troisième lieu les mauvais traitements dont menacent quelques chefs attardés de l'idolâtrie. Mais ces mauvais traitements ne feront qu'épurer la vertu; il est contre là raison même de se préférer pas une autorité supérieure à une autorité subalterne, l'autorité de Dieu à l'autorité humaine; nous sommes sûrs d'ailleurs que cette autorité humaine ne peut nous ôter que le superflu, ni rien faire sans la permission de la Providence qui veille sur tout. Veut-on enfin acquérir le ciel sans qu'il en coûte? — Gardons-nous toutefois de briser les idoles quand nous n'en avons pas le pouvoir et méprisons les vaines clameurs de nos ennemis lorsqu'ils se plaignent que nous brisons celles dont nous devenons le maîtres.

 

1. Nous avons entendu, pendant la lecture de l'Évangile, louer notre foi lorsqu'elle est pénétrée: d'humilité. Jésus en effet promettant d'aller dans la demeure du Centurion pour y guérir son serviteur, le Centurion. Répondit : « Je ne suis pas digne que vous entriez dans ma maison; mais dites seulement une parole, et il sera guéri. » En se disant indigne, il se rendit digne de recevoir le Christ, non dans sa demeure, mais dans son coeur; il n’eût même point parlé avec tant d'humilité et de foi, s'il n'eût .porté dans son âme Celui qu'il redoutait devoir entrer dans son habitation. Son bonheur n'eût pas été grand si le Seigneur Jésus fût allé chez lui sans être dans son coeur. Ce Maître suprême, qui nous a enseigné l'humilité par sa parole et par son exemple, n'a-t-il pas mangé chez un pharisien orgueilleux, nommé Simon (3)? Et tout assis qu'il était dans sa maison, le Fils de l'homme ne trouvait point dans son âme où reposer sa tête.

2. Pour ce motif en effet, autant du moins qu'on peut en juger par les expressions mêmes du Sauveur, il rejeta du nombre de ses disciples un autre orgueilleux qui spontanément demandait à le suivre. « Seigneur, lui avait-il dit, je vous suivrai où que vous alliez. » Et témoin de ce qui était caché dans son âme : « Les renards; répondit le Sauveur, ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids; mais le Fils de l'homme n'a point où reposer la tête. » En

 

1. Matt. VIII, 8-12, — 2. Voyez ci-dessous, n. 10. — 3. Luc, VII, 36.

 

d'autres termes : Il y a en toi des ruses comme des ruses de renards, et l'orgueil t'emporte comme les oiseaux du ciel; mais le Fils de l'homme oppose la simplicité à la ruse, l'humilité à ton orgueil et il n'a point où reposer sa tête. Ce repos de la tête que l'on prend en l'abaissant, est une leçon d'humilité.

Pendant qu'il éloigne cet homme qui voudrait le suivre, il en attire un autre qui refuse. Alors en effet il dit à quelqu'un : « Suis-moi; » et celui-ci répondit : « Je vous suivrai; mais permettez-moi d'abord d'aller ensevelir mon père. » Cette excuse venait de la piété filiale; aussi mérita-t-elle d'être repoussée et d'affermir la vocation divine. Le futur disciple voulait faire une bonne oeuvre ; mais le Maître lui montra ce qu'il y devait préférer; car il prétendait faire de lui un prédicateur de la parole de vie pour ressuscita les morts; et il ne manquait pas d'hommes pour accomplir cet autre devoir. « Laisse » donc, lui dit-il, « les morts ensevelir leurs morts (1). » Quand des infidèles ensevelissent un cadavre, ce soul des morts qui ensevelissent un mort. Ce cadavre a perdu son âme et l'âme des autres a perdu son Dieu. Or, comme l'âme est la vie du corps, Dieu est la vie de l'âme; et comme le corps expire quand l'âme s'en va, ainsi expire l'âme lorsque Dieu la quitte. La perte de Dieu cause la mort à l'âme, de même que la perte de l'âme fait la mort du corps. Mais si la mort du corps est nécessaire, la mort de l'âme est volontaire.

 

1. Luc, IX, 57-60.

 

293

 

3. Le Seigneur était donc à table dans la maison d'un pharisien orgueilleux. Je dis dans sa maison, car il n'était pas dans son coeur ; tandis que sans entrer dans la maison du Centurion, il habitait son âme, et que Zachée le reçut en même temps dans son palais et dans son coeur (1). Or c'est l'humilité que Jésus loue dans la foi de ce Centurion. Il avait dit : « Je ne suis pas digne que vous entriez dans ma demeure ; » et le Seigneur répondit : « En vérité je vous le déclare, je n'ai point rencontré une foi si grande dans Israël : » dans Israël selon la chair, ce soldat étant déjà Israélite selon l'esprit. Le Seigneur en effet était venu d'abord vers Israël selon la chair, c'est-à-dire vers les Juifs, pour y chercher les brebis perdues ; c'est au sein et du sang de ce peuple qui avait pris chair ; il dit néanmoins : « Là je n'ai point rencontré une foi si grande. » C'est comme homme seulement que nous pouvons mesurer la foi des hommes ; mais Celui dont le regard pénètre l'intérieur, Celui que personne ne saurait tromper, rendit témoignage aux dispositions de cet homme, et en entendant ses paroles d'humilité il prononça en sa faveur une sentence de guérison.

4. D'où lui en vint l'espoir? « Pour moi, dit-il, qui suis un homme soumis à la puissance d'un autre et qui ai sous moi des soldats, je dis à l'un : Va, et il va ; et à un autre : Viens et il vient ; et à mon serviteur : Fais cela et il le fait. » Autorité pour mes subalternes, je suis soumis à une autorité supérieure. Si donc tout homme et tout subordonné que je suis, j'ai le pouvoir de commander, de quoi n'êtes-vous pas capable; vous à qui obéissent toutes les puissances? — Cet homme était gentil. En effet il était centurion et déjà il y avait en Judée des soldats de l’empire Romain. C'est donc en Judée qu'il exerçait sur quelques troupes le commandement dévolu à sa charge ; qu'il était soumis et qu'il commandait ; qu'il obéissait avec soumission et qu'il commandait ses subordonnés.

Or le Seigneur, c'est ce que doit remarquer principalement votre charité, faisait entendre dès lors sans sortir du milieu des Juifs, que son Eglise se répandrait dans tout l'univers, où il enverrait ses Apôtres la fonder. Ainsi les, gentils ne le verraient pas et croiraient en lui, tandis que les Juifs en le voyant le mettraient à mort. Il n'entra point visiblement dans la demeure du Centurion, et quoique absent de corps il porta

 

1. Luc, XIX, 6.

 

Par la présence de sa majesté, la grâce dans son âme croyante et la santé dans sa famille. N'est-ce pas ainsi qu'il ne fut visible qu'au sein du peuple juif, et que sans être ailleurs né d'une vierge, sans avoir parmi les autres nations ni souffert ni marché, sans y avoir supporté l'infirmité humaine et déployé la puissance divine, sans y avoir en un mot rien fait de semblable, il a vu en lui-même l'accomplissement de cet oracle : « Le peuple que je ne connaissais pas, m'est soumis ? » Comment soumis, s'il ne le connaissait pas ? C'est qu’ « il m'a obéi en entendant ma voix (1). » La nation juive l'a donc vu et l'a crucifié ; l'univers a entendu sa parole et a cru en lui.

5. Cette absence corporelle et cette présence spirituelle du Sauveur parmi les gentils, dut été figurées aussi dans la personne de cette femme qui toucha la frange de son vêtement. «Qui m'a touché? » demande-t-il. Cette question ne semble-t-elle pas indiquer qu'il était absent? Mais, comme présent, il opère la guérison: « La foule vous presse, répondent les Apôtres, et vous dites: Qui m'a touché (2) ? » Car en disant: « Qui m'a touché? » il parlait comme si en marchant il ne devait être touché par aucun corps. « La foule vous presse, » crient les Apôtres. Mais c'est comme: si le Seigneur avait dit : Je cherche qui me touche et non qui me presse.

Ainsi en est-il aujourd'hui de l'Eglise, qui est son corps. Elle est comme touchée par la foi du petit nombre et pressée parla multitude. Enfants de l'Église, vous savez qu'elle est le corps du Christ, et si vous le voulez, vous .êtes ce corps vous-mêmes. L'Apôtre ne dit-il pas à différentes reprises: «Pour son corps, qui est l'Église (3) ; — « Vous êtes le corps du Christ et ses membres (4) ? » Si donc nous sommes son corps, son Eglise souffre aujourd'hui ce que souffrait alors son corps pressé par la foule. Elle est pressée par le grand           nombre, et touchée par le petit ; pressée par la chair, et touchée par la foi. Levez donc les yeux, je vous en prie, vous qui pouvez voir. Voici un grand spectacle. Levez les yeux de la foi, touchez ainsi le bout des franges de son vêtement; ce sera assez pour votre salut.

6. Reconnaissez l'accomplissement de ce que vous avez vu prédit dans l'Evangile. « Je vous le déclare donc, » dit le Sauveur, « pour ce motif, » c'est-à-dire en considération de cette foi du Centurion, de cet homme étranger par la chair, mais

 

1. Ps. XVII, 45. — 2. Luc, VIII, 43-48. — 3. Coloss. I, 24. — 4. I Cor. XI, 27.

 

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rapproché par le coeur et qui a mérité mes éloges, « beaucoup viendront d'Orient et d'Occident. — Beaucoup » et non pas tous, viendront d'Orient et d'Occident; » ou de tout l'univers c'est ici le tout désigné par deux parties. « Beaucoup viendront d'Orient et d'Occident et auront place dans le royaume des cieux avec Abraham, Isaac et Jacob; tandis que les enfants du royaume seront jetés dans les ténèbres extérieures. — Les enfants du royaume,» c'est-à-dire les Juifs. D'où leur vient cette dénomination? De ce qu'ils ont reçu la loi, de ce que .les Prophètes leur ont été envoyés, de ce qu'ils possédaient le temple et le sacerdoce, de ce qu'ils célébraient figurativement tous les mystères futurs. Mais lorsque s'est présentée la réalité de ces mystères, ils ne l'ont point reconnue. Aussi ces « enfants du royaume seront-ils jetés dans les ténèbres extérieures, où il y aura pleur et grincement de dents. » Ne voyons-nous pas maintenant les Juifs réprouvés, les Chrétiens appelés, de l'Orient et de l'Occident, à un banquet céleste, pour avoir place avec Abraham, Isaac et Jacob, pour se nourrir de la justice et s'abreuver de la sagesse ?

7. Considérez bien, mes frères; voilà votre histoire : c'est vous qui faites partie de ce peuple annoncé alors et formé aujourd'hui. Vous êtes du nombre des ces hommes qui ont été appelés d'Orient et d'Occident à prendre place dans le royaume des cieux et non dans un temple d'idoles. Soyez.donc le corps du Christ et non la foule qui le presse. Pour vous guérir du flux de sang, en d'autres termes, de l'épanchement honteux des plaisirs charnels, vous pouvez toucher la frange de sa robe, oui, vous pouvez la toucher. Représentez-vous les Apôtres comme étant la robe même du Christ ; ils la forment, en s'attachant à lui comme un tissu merveilleusement uni; et parmi eux celui qui s'appelle «le plus petit des Apôtres (1), » forme en quelque sorte la frange, car la, frange est la plus faible partie et l'extrémité du vêtement. On regarde donc avec dédain cette frange mystérieuse, mais à son contact on trouve le salut. « Jusqu'à cette heure nous souffrons et la faim et la soif, nous sommes nus et déchirés à coups de poing (2). » Est-il rien de plus extrême, de plus méprisable ? Touche néanmoins, si tu es travaillé du flux de sang : de Celui à qui appartient cette robe il sortira une vertu qui te guérira.

Or on nous montrait cette frange à toucher lorsqu'on lisait de cet Apôtre: « Car si quelqu'un

 

1. I Cor. XV, 9. — 2. Ibid. IV, 11.

 

voit celui qui a la science assis dans un temple d'idoles, sa conscience, qui est faible, ne le portera-t-elle pas à manger des viandes sacrifiées ? Ainsi, avec ta science, périra ton frère encore faible, pour qui le Christ est mort (1) ? » Comment se fait-il que l'on soit encore dupe des idoles et qu'on les croie honorées par des Chrétiens? — Dieu connaît mon coeur, dit ce Chrétien. — Mais ton frère ne le connaît pas. Si tu es faible, crains de le devenir davantage; si tu ne l'es pas, prends soin de la faiblesse de ton frère. En te voyant on est porté à faire plus ; on désire bientôt, non seulement manger, mais sacrifier dans ce temple d'idoles. Et avec ta science péril ton frère encore faible. Ecoute, frère, tu ne faisais aucune attention à cet homme faible ; mais ton frère, le dédaigneras-tu également? Réveille-toi. Et si-tu allais jusqu'à offenser le Christ lui-même ? Tu ne saurais cependant le mépriser à aucun titre, fais-y attention. « Or, péchant de la sorte contre vos frères, poursuit l'Apôtre, et blessant leur conscience faible, vous péchez contre le Christ (2). » Allez maintenant, vous qui ne tenez aucun compte de cette défense, attablez-vous près des idoles. Ne serez-vous pas du nombre de ceux qui pressent le Christ au lieu de le toucher avec foi? De plus, après avoir mangé près de ces faux dieux, venez et remplissez l'église ; vous y ferez foule mais vous n'y recevrez pas le salut.

8. Je crains, diras-tu, d'indisposer un supérieur. — Oui, crains d'offenser un supérieur, el tu n'offenseras pas Dieu. Car en redoutant de manquer à un supérieur, examine si au dessus de celui-ci n'est pas un supérieur plus élevé, et prends garde de blesser ce dernier. Voilà la règle à suivre. N'est-il pas évident, en effet, que le plus grand doit être le moins outragé? Considère maintenant quels sont tes supérieurs.

Les premiers sont ton père et ta mère. S’ils t'élèvent bien, s'ils te donnent une éducation chrétienne, il faut les écouter en tout, obéir à tous leurs ordres. Qu'ils ne commandent rien contre un supérieur plus élevé, et qu'on leur soit soumis. — Et qui est au-dessus de celui qui m’a donné le jour ? — Celui qui t'a créé. L'homme engendre, et Dieu crée. L'homme ne sait ni comment il engendre ni ce qu'il engendre. Celui donc qui t'a connu pour te former et avant de te former, est plus grand que ton père.

La patrie elle-même doit être préférée à tes parents, et on ne doit pas leur obéir dans ce qu'ils

 

1. I Cor. VIII, 10, 11. — 2. Ibid. 12.

 

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pourraient commander contre elle; de même qu'on ne doit pas accomplir ce que la patrie pourrait commander contre Dieu. Veux-tu donc être guérie ? Veux-tu, après avoir éprouvé cette perte de sang, après avoir enduré cette maladie durant douze années, après avoir dépensé tout ton bien en remèdes sans avoir recouvré la santé, veux-tu être guérie, ô femme? et je m'adresse à toi comme figure de l'Eglise. Ton père te conseille une chose et ton peuple un autre. Mais le Seigneur te dit: «Oublie ton peuple et la maison de ton père. » Pourquoi ? En vue de quel profit ? de quelle récompense ? « Car le Roi s'est épris de ta beauté (1). » Il s'est épris de son oeuvre, et pour la rendre belle il l'a aimée dans sa laideur. Tu étais encore infidèle et souillée ; pour toi néanmoins il a répandu son sang, il t'a rendue belle et fidèle, et il a aimé en toi ses dons. Qu'as-tu en effet apporté à ton Epoux ? Quelle dot as-tu reçue de ton premier père et de ton premier peuple ? Les hontes et les ignominies du péché. Il t'a ôté ces haillons, il t'a dépouillée de ces lambeaux; il a eu pitié de toi afin de te parer, et il t'a parée afin de t'aimer.

9. Que faut-il, frères, ajouter encore? Chrétiens vous venez d'entendre qu' « en offensant vos frères et en blessant leur conscience encore faible, vous offensez le Christ lui-même. » Ne méprisez pas ce langage, si vous ne voulez être effacés du livre de vie. Pourquoi chercher des termes choisis et agréables pour vous dire ce que la douleur nous force à exprimer d'une manière quelconque et ne nous permet point de taire? Vouloir ne tenir aucun compte de cette vérité, c'est manquer au Christ; n'est-ce pas encore faire autre chose?

Nous voulons convertir ce qui reste de païens, et vous faites obstacle sur la route ; ils se heurtent et retournent quand ils ont dessein devenir à nous. Car ils disent en eux-mêmes : Pourquoi abandonner nos dieux, puisque les Chrétiens les adorent avec nous ? — Loin de moi, dis-tu, la pensée d'adorer les dieux des gentils. — Je le sais, je le comprends, je le crois. Mais pourquoi n'avoir point d'égard pour la conscience du faible, car tu la blesses ? Pourquoi, en méprisant ce qui est acheté, n'en estimer pas davantage le prix? Et vois quel est ce prix! « Par ta science, dit l'Apôtre, périra le faible; » il périra par cette science que tu prétends avoir, qui te montre que l'idole n'est rien, qui te fait penser à Dieu et

 

1. Ps. XLIV, 11, 12.

 

asseoir paisiblement aux banquets idolâtriques. Oui par cette science périra le faible. Or ne méprise pas ce faible, car l'Apôtre ajoute que « pour lui le Christ est mort (1). » Es-tu donc porté à n'en faire aucun cas? Apprécie ce qu'il coûte, et compare l'univers entier au sang de Jésus-Christ.

Dans la crainte toutefois que tu ne considères ton iniquité comme blessant le faible seulement, et que tu ne la regardes comme légère et peu digne d'attention, le texte sacré ajoute : « C'est contre le Christ que vous péchez. » On dit souvent : Offenser un homme est-ce donc offenser Dieu? — Nie que le Christ soit Dieu. L'oseras-tu ? Et néanmoins apprends-tu autre chose à ces festins où tu participes? Quelle différence entre la doctrine qu'on y entend et la doctrine du Christ? Où as-tu appris que le Christ n'est point Dieu ? Ce sont les païens qui le soutiennent. Voilà donc ce que produisent ces banquets détestables; voilà comment les pervers entretiens corrompent les bonnes moeurs (2) ! Tu ne saurais, là, parler de l'Evangile, et tu y entends discourir des idoles! Tu oublies que le Christ est Dieu, et ce que tu as bu alors tu le répands ensuite dans l'Eglise ! N'oses-tu pas dire, n'oses-tu pas murmurer ici au milieu de la foule : Le Christ n'était-il pas un homme? N'a-t-il pas été crucifié? C'est ce que les païens t'ont enseigné; voilà la perte de ton salut, la preuve que tu n'as point touché la frange sacrée. Touche ici cette frange divine et recouvre le salut. Nous t'avons montré comment tu dois la toucher pour comprendre ces paroles : « Quiconque voit son frère au festin des idoles; » touche-la aussi pour apprendre d'elle la divinité du Christ. Ne disait-elle pas effectivement, à propos des Juifs : « Leurs pères sont ceux de qui est sorti, selon la chair, le Christ qui est au-dessus de toutes choses, Dieu béni dans tous les siècles (3)? » Voilà le vrai Dieu que tu offenses en prenant part aux festins des faux dieux.

10. Il ne s'agit pas d'un Dieu, dit-on, mais du génie de Carthage. — Eh! il s'agirait donc d'un Dieu, s'il y était question de Mars ou de Mercure ? Il faut ici considérer, non la chose en elle-même, mais l'idée que s'en font les païens. Je sais comme toi que cette statue n'est qu'une pierre; car si par génie on entend une gloire, que les citoyens de Carthage vivent honorablement et ils seront eux-mêmes le génie de la ville. Et si par génie on veut entendre le démon, tu sais ce qui

 

1. I Cor. VIII, 11. — 2. Ibid. XV, 33. — 3. Rom. IX, 5.

 

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est écrit au même endroit : « Ce qu'immolent les gentils, ils l'immolent aux démons et non

à Dieu ; or je veux que vous n'ayez aucune société avec les démons (1). » Nous savons donc que cette statue n'est pas un Dieu. Puissent-ils le savoir aussi! Mais à cause des faibles qui l'ignorent, il faut éviter de blesser leur conscience. Tel est l'avertissement de l'Apôtre. L'autel que ces malheureux ont dressé ne témoigne-t-il pas qu'ils veulent y honorer quelque divinité et qu'à leurs yeux cette statue est une divinité réelle? Pourquoi un autel si l'on n'y voit pas de divinité? Que personne ne me dise : Il n'y a ni Dieu ni divinité. Je me suis écrié déjà : Puissent-ils le savoir aussi bien que nous tous! Mais, encore une fois, cet autel nous montre ce qu'ils voient là, quelle idée ils ont de la statue et ce qu'ils font. En condamnant ainsi tous ceux qui l'adorent, ah! que cet autel ne condamné point tous les convives.

11. Si les païens fatiguent! le corps du Christ, que les Chrétiens ne le fatiguent pas. Ne disions-nous pas effectivement que ce corps sacré était quelquefois pressé et non pas touché? Le Sauveur supportait ceux qui le pressaient et il cherchait à être touché. Ah ! plaise à Dieu, mes frères, que les païens seuls pressent ce corps, ainsi qu'ils en ont l'habitude, et que les Chrétiens ne le pressent pas! C'est à vous, mes frères, que nous devons parler; notre devoir est de nous adresser aux Chrétiens. « M'appartient-il, dit l'Apôtre lui-même, de juger ceux qui sont dehors (2)? » Nous avons pour eux un autre langage, nous les traitons comme infirmes. Pour les amener à la vérité, nous leur parlons avec douceur ; il s'agit en vous de percer un abcès. Voulez-vous apprendre ce qui convainc les païens, ce qui les éclaire, ce qui les amène au salut ? Cessez d'assister à leurs solennités, rompez avec leurs niaiseries, et s'ils n'admettent pas encore nos vérités, déjà ils rougiront de se voir en petit nombre.

12. Si ton chef est bon, il t'édifie; il te tente s'il est mauvais. Reçois avec bonheur l'édification et que ta tentation serve à t'épurer, sois de l'or. Figure-toi que ce monde est la vaste fournaise d'un orfèvre : partout, en si petit espace que ce soit, on peut distinguer trois choses de l'or, de la paille et du feu. Le feu prend à la paille et à l'or; la paille brûle et l'or s'épure. Un homme vient de fléchir devant les menaces, il s'est laissé conduire au banquet de l'idole: hélas!

 

1. I Cor. X, 20. — 2. Ibid. V, 12.

 

cet homme n'était qu'une paille, j'envois la cendre. Cet autre n'a molli ni devant les menaces, ni devant la terreur des supplices; on l'a conduit en présence du juge, il s'est montré ferme dans la foi, il n'a point fléchi devant l'idole. Que fait en lui la flamme? Ne l'épure-t-elle pas comme l'or?

Mes frères, soyez fermes dans le Seigneur; il vous a appelés et il est le plus fort. Ne redoutez pas les menaces des impies. Vous rencontrez des ennemis, c'est pour vous un sujet de prières et non un sujet de frayeur. Là est polir vous le salut, puisez, puisez à cette table sacrée ; buvez ici la sagesse et là ne buvez point la folie; demeurez fermes dans le Seigneur et si vous êtes de l'argent, vous deviendrez de l'or. Cette comparaison ne vient pas de nous, mais des divines Ecritures. Vous avez le en effet, ou entendu lire : «Il les a éprouvés comme l'or dans la fournaise et les a reçus comme un holocauste (1). » Voilà ce que vous deviendrez dans ; les trésors divins. Soyez riches de Dieu. Vous ne l'enrichirez pas, vous serez enrichis par lui. Ah! qu'il vous comble de lui-même; que votre coeur ne s'attache qu'à lui.

13. Est-ce vous inspirer de l'orgueil? Est-ce vous dire de mépriser les autorités établies? Non, assurément; et vous dont les idées ne sont pas saines à ce sujet, touchez encore la frange du vêtement sacré. « Que toute âme, dit l'Apôtre lui-même, soit soumise aux puissances supérieures; car il n’y a point de puissance qui ne vienne de Dieu, et celles qui sont, ont été établies de Dieu. Aussi résister à la puissance c'est résister à l'ordre de Dieu (2). » Mais si la puissance commande ce qui est interdit? Alors, sans hésiter, méprise la puissance par respect pour la puissance. Contemplez dans l'autorité humaine différents degrés hiérarchiques. Quand le préteur commande, ne faut-il pas obéir? Si néanmoins ses ordres étaient opposés à ceux du proconsul, on ne mépriserait pas l'autorité en ne les observant pas, on se soumettrait à l'autorité plus haute; et l'autorité moindre n'a pas lieu de se blesser, quand on lui préfère une puissance supérieure. Si de même le proconsul venait à donner un ordre et que l'Empereur en donnât un autre, faudrait-il hésiter de laisser le premier pour le second? Que faire maintenant, si les ordres de l'Empereur sont contraires aux ordres de Dieu? — Paie le tribut, obéis-moi, dit l'Empereur. — Oui, mais non pas en servant les

 

1. Sag. III, 6. — 2. Rom. XIII, 1, 2.

 

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idoles. Ici je suis empêché. — Par qui? — Par une puissance supérieure. Pardonne, ô prince; tu me menaces de la prison, et elle, de l'enfer. — Ici donc, arme-toi de ta foi comme d'un bouclier, afin de pouvoir amortir tous les traits enflammés de l'ennemi (1).

14. Mais c'est un homme puissant qui conspire contre toi, qui essaie de te perdre : il aiguise un rasoir pour t'abattre la chevelure et non la tête. Ne venez-nous par de l'entendre dans ces paroles du psaume : « Comme un rasoir tranchant, tu prépares la fraude (2)? » Pourquoi comparer à un rasoir les projets insidieux du méchant? On ne fait usage du rasoir que pour abattre ce qui est en nous comme superflu. De même donc que sur notre corps les cheveux semblent une superfluité et s'enlèvent sans nuire à la chair : ainsi considère comme étant également superflu tout ce que peut contre toi la colère d'un homme puissant. Il te dépouille de ta pauvreté; te dépouille-t-il également de tes richesses? Pour toi la pauvreté et les richesses sont dans le coeur. On peut t'ôter le superflu, te faire essuyer des pertes, nuire même à ton corps. Mais avec la pensée d'une autre vie, la vie présente ne doit-elle pas être considérée elle-même comme quelque chose de superflu? Les martyrs ne l'ont-ils pas méprisée? Et pourtant ils n'ont pas perdu la vie, ils l'ont gagnée.

15. Soyez sûrs, mes frères, que Dieu ne laisse d'ennemis aux fidèles qu'autant qu'ils ont besoin d'être tentés et éprouvés. Soyez en sûrs, mes frères, et que personne n'affirme le contraire. Jetez tous vos soucis dans le Seigneur, jetez-vous en lui tout entiers; il ne s'écartera pas pour vous laisser tomber. Il nous a créés et il veut qu'au sujet même de nos cheveux nous nous reposions sur lui. « En vérité je vous le déclare, dit-il, les cheveux mêmes de votre tête sont tous comptés (3). » Dieu a compté nos cheveux; s'il compte ainsi nos cheveux, quel compte ne tient-il pas de nos oeuvres? Il ne dédaigne donc pas ce qu'il y a de moindre en nous; le créerait-il s'il le dédaignait? C'est bien lui qui a créé nos cheveux, et lui qui en tient compte.

Je les ai aujourd'hui, dis-tu, mais ne tomberont-ils pas? — Ecoute ce qu'il dit à ce sujet : « En vérité je vous le déclare, pas un cheveu ne tombera de votre tête (4). » Comment craindre encore l'homme, quand tu es, ô homme, placé sur le sein de Dieu ? Ne consens pas à te détacher

 

1. Ephés. VI, 16. — 2. Ps. LI, 4. — 3. Matt. X, 30. — 4. Luc, XXI,18.

 

de ce sein paternel; là tout ce que tu pourrais souffrir sera pour ton salut et non pour ta perte. Les martyrs ont souffert que leurs membres fussent déchirés, et à une époque chrétienne des chrétiens redoutent quelques injures! Mais aujourd'hui on ne t'injurie qu'en tremblant; on ne te dit pas nettement : Viens adorer l'idole; on ne te dit pas nettement : Viens devant mes autels, prends-y part au banquet. Lors même qu'on te parlerait ainsi, se plaindra-t-on si tu refuses, te poursuivra-t-on devant les tribunaux, y dira-t-on contre toi : Il n'a point consenti à s'approcher de mes autels, à entrer dans, le sanctuaire que j'honore? Tiendra-t-on ce langage? — On ne l'osera, mais on aura pour me perdre recours à la ruse — Prépare donc ta chevelure; c'est le rasoir qu'on aiguise; on va te dépouiller de ton superflu, t'enlever ce que tu dois laisser toi-même. Mais qui pourra t'ôter ce qui peut te rester? Que t'a enlevé l'homme puissant dans sa haine? Que t'a-t-il enlevé d'important? Ce qu'enlèvent un larron, un brigand et tout au plus un bandit. Enlève-t-il plus qu'un bandit s'il a le pouvoir d'ôter même la vie corporelle? Et n'est-ce pas trop encore.de parler ici de bandit? Quelqu'il soit, un bandit est un homme. Et la vie peut  être ôtée par la fièvre, par un scorpion, par un champignon mauvais. Ainsi toute la puissance des persécuteurs se réduit à la puissance d'un champignon. On mange un champignon mauvais et l'on meurt. Telle est la fragilité de la vie humaine. Ah! puisqu'un jour tu dois la perdre, ne lutte pas pour la conserver jusqu'à te perdre toi-même.

16. Le Christ est notre vie réelle, considère le Christ. Il est venu pour souffrir, mais aussi pour jouir; pour être méprisé; mais aussi pour être glorifié; pour mourir, mais aussi pour ressusciter. Le labeur t'effraie? Vois le salaire. Pourquoi chercher à obtenir dans les délices ce que le travail seul peut procurer? Tu crains de perdre ton argent, parce que tu ne te l'es procuré qu'avec beaucoup de peine. S'il t'a fallu de la peine pour acquérir cet argent que tu laisseras un jour, ne fût-ce qu'à la mort; tu voudrais parvenir sans peine à l'éternelle vie? Estime-la davantage, puisqu'en y parvenant à la suite de tous tes travaux, tu ne la quitteras jamais. Si tu fais cas de ce que tu dois à tous tes.travaux, mais pour le laisser un jour; avec quelle ardeur ne devons-nous pas désirer ce qui doit nous demeurer éternellement?

17. N'ajoutez à leurs discours ni foi ni crainte. Ils nous disent ennemis de leurs idoles. Daigne (298) le Seigneur nous donner sur toutes le même pouvoir que sur celle qui vient d'être brisée. Nous recommandons à votre charité de ne rien faire quand vous n'en avez pas le pouvoir. C'est le fait des méchants, des Circoncellions emportés, de détruire sans l'autorité nécessaire, et de courir à la mort sans raison.

Vous tous qui étiez dernièrement aux Grottes (1), vous savez ce que nous y avons lu devant vous. « Lorsque ce pays vous sera soumis; »  Vous sera soumis précède la règle de conduite qui va être tracée ; « vous renverserez leurs autels, vous abattrez leurs bois sacrés et vous briserez toutes leurs statues (2). » Faites cela après, avoir reçu le pouvoir vous-mêmes. N'avons-nous pas ce pouvoir? Nous n'agissons pas ainsi. Mais nous n'y manquons pas lorsque nous l'avons. Beaucoup de païens possèdent ces abominations dans leurs propriétés : y entrons-nous pour les mettre en pièces? Nous travaillons d'abord à renverser les idoles dans leurs coeurs, et quand ils sont chrétiens, ou bien ils nous invitent à cette bonne oeuvre, ou bien ils nous préviennent. Notre devoir maintenant est de prier pour eux, mais non de nous irriter contre eux. Si nous ressentons une douleur profonde, c'est contre des Chrétiens, c'est contre ceux de nos frères qui veulent entrer de corps à l'église pour avoir l'esprit ailleurs. On doit être ici tout, entier. Si l'on a ici ce que voit l'oeil de l'homme, pourquoi avoir dehors ce que voit l’œil de Dieu?

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18. Or sachez, mes chers, que par leurs murmures ils font cause commune avec les hérétiques et avec les Juifs. Les hérétiques, les juifs et les païens se sont unis contre l'unité. Il est arrivé en quelques lieux que les Juifs ont été châtiés pour leur rapacité; et ils nous accusent, ils croient ou feignent de croire que toujours nous sommes en quête de tels supplices à leur infliger. Il est arrivé aussi que pour leurs impiétés et leurs violences brutales, des hérétiques ont été punis par les lois ; ils répètent que nous ne sommes occupés qu'à leur susciter des tracasseries pour les perdre. On a cru devoir édicter des ordonnances contre les païens, ou plutôt pour les païens, s'ils veulent

 

1. Mappalia, le lieu où était enseveli le corps de saint Cyprien. — Deut. VII, 1, 5.

 

être sages. De même en effet qu'en rencontrant des enfants sans raison qui jouent à la boue et se souillent les mains, le maître prend un visage sévère, leur fait tomber la boue des mains et leur donne un livre; ainsi Dieu a voulu se servir des princes qui lui sont soumis pour jeter la terreur dans l'âme de ces grands enfants, les déterminer à jeter la boue et à faire quelque chose de sérieux. Et que peuvent-ils faire ainsi d'avantageux? « Partage ton pain avec celui qui

a faim, et conduis dans ta demeure l'indigent sans abri (1). » Les enfants toutefois échappent encore à l'oeil du maître, ils retournent secrètement à leur boue, et quand on les rencontré ils cachent leurs mains pour n'être pas convaincus. Tel est donc le dessein de Dieu sur eux : mais ils s'imaginent que nous sommes partout à la recherche de leurs idoles pour les briser partout où nous les trouvons. Eh! pourquoi les rechercher? Ne voyons-nous pas les lieux où elles sont? Ignorons-nous véritablement leurs demeures? Nous ne les brisons pas, néanmoins, parce que Dieu ne les a pas mises en notre pouvoir. Quand Dieu le fait il? Quand le possesseur devient chrétien.

Le maître d'une propriété vient de demander qu'on en détruise les idoles. Si au lieu de donner cette propriété à l'Église il voulait simplement les en faire disparaître, avec quelle généreuse ardeur les chrétiens ne devraient-ils pas venir en aide à cette âme chrétienne, qui veut dans son domaine témoigner à Dieu sa reconnaissance et n'y rien laisser qui l'outrage? Mais il a fait plus, il a donné à l'Église la propriété même. Et sur cette propriété appartenant à l'Église il fallait laisser des idoles ? Voilà, frères, ce qui déplait au païens. Peu satisfaits de voir que nous laissons sans les briser les idoles dans leurs campagnes, ils exigent que nous les conservions jusque dans les nôtres. Oui, nous prêchons contre les idoles et nous les ôtons du coeur; nous sommes les persécuteurs des idoles et nous le confessons. Devons-nous donc en être les sauveurs ? Je ne les renverse pas quand je ne le puis ; je ne les renverse pas quand le maître se plaint. Mais quand il le demande, quand il s'en montré reconnaissant, ne serais-je pas coupable de ne les renverser pas!

 

1. Isaïe LVIII, 7.

 

 

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