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rte de l'église 38 - CH-1897 Le Bouveret (VS)

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SERMON XLIV. LES GRANDEURS DU CHRIST DANS SA MORT (1).

 

ANALYSE. — Ce discours n'est que le commentaire de la célèbre prophétie d'Isaïe relative à la passion du Messie. Saint Augustin en l'expliquant prémunit ses auditeurs contre deux sortes d'ennemis, contre les hérétiques qui nient la divinité de l'Église et contre les Juifs qui contestent la résurrection et la divinité du Sauveur. La grandeur du Fils de Dieu se reflète ainsi dans la gloire de l'Église catholique et dans le triomphe remporté sur la mort. Conclusion pratique : Profitons avec soin des grâces du Fils de Dieu, car il nous en sera demandé un compte rigoureux.

 

1. Depuis dies siècles nombreux, frères bien-aimés, il a été prédit de notre Seigneur et Sauveur qu' « il s'élèvera comme un arbrisseau et comme une racine d'une terre aride. » Pourquoi comme une racine ? Parce qu' « il n'a ni éclat ni beauté. » Il a souffert, il a été humilié, conspué : il était alors sans beauté ; il était Dieu et on ne voyait en lui que l'homme. Mais si la racine n'est pas belle en elle-même, elle a une vigueur intérieure qui fait son mérite. Écoutez, mes frères, et considérez la miséricorde de Dieu.

Voici un arbre magnifique, délicieux, son feuillage est vert, il est chargé de fruits. On admire cet arbre, on se plait à en cueillir quelques fruits, à s'asseoir sous son ombre, à s'y abriter contre la chaleur. Tout cela est beau. Qu'on t'en montre la racine, tu n'y vois rien à admirer. Ne la méprise pas néanmoins ; cette partie abjecte est le principe de ce qui te ravit. C'est pourquoi le Christ est comparé à la racine qui sort d'une terre aride. Contemplez maintenant cet arbre dans sa gloire.

2. L'Église a grandi, les gentils ont reçu la foi, les princes de la terre ont été vaincus au nom du Christ afin d'être vainqueurs dans l'univers. Ils ont courbé la tâte sous le joug du Sauveur.

 

1. Isaïe, LIII, 2-2.

 

Autrefois ils persécutaient les Chrétiens à cause de leurs idoles, ils renversent maintenant les idoles à cause du Christ. Dans toutes les calamités et toutes les angoisses tous ont recours à l'Église. C'est le grain de sénevé qui a grandi et qui s'est élevé au dessus de toutes les plantes ; les oiseaux du ciel, c'est-à-dire les orgueilleux du siècle accourent et reposent sous ses rameaux (1). D'on lui vient tant de beauté ? Cette beauté si honorée vient de je ne sais quelle racine. Cherchons celui qui est cette racine. Il a été conspué, humilié, flagellé, crucifié, blessé, méprisé. Ici donc il est sans beauté : mais quelle gloire il a dans l'Église ! C'est ici la description de l'Époux, de i, l'époux dédaigné, déshonoré, rejeté. Mais vous pouvez voir à l'instant même l'arbre sorti de cette racine; il couvre l'univers. « Racine d'une terre aride. »

3. « Il est sans éclat et sans gloire ; et nous l'avons vu : il n'avait ni éclat ni beauté. » —

« N'est-ce pas le fils du charpentier (2) ? » Ne fallait-il pas qu'il fut étrangement privé de cette beauté mystérieuse quand on disait : « N'avons-nous pas droit de soutenir que tu es livré au démon (3) ? » A son nom seulement les démons prenaient la fuite et on lui reproche d'être livré

 

1. Matt. XIII, 31, 32. — 2. Marc, VI, 3. — 3. Jean, VIII, 48.

 

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au démon ! Pourquoi? « Nous l'avons vu et il n'avait ni éclat ni beauté. » De quel éclat ne

brille-t-il pas dans ce sanctuaire intérieur où ne pénètre point l'œil ! « Au commencement était le Verbe et le Verbe était en Dieu et le Verbe était Dieu (1). Quelle est encore sa beauté ?

Il avait la nature de Dieu et il n'a point regardé « comme une usurpation de s'égaler à Dieu (2). »

4. Mais où a-t-il paru sans éclat et sans beauté? « Et il était sans éclat, il avait la face abjecte et l'attitude difforme aux yeux de tous les hommes. Homme de plaies. » Couvert de plaies il est homme, auparavant il est Dieu, après il est homme-Dieu. «Homme de plaies et qui sait supporter les infirmités. » Les infirmités de qui? De ceux mêmes qui le torturent. C'est le médecin qui souffre des infirmités du phrénétique. Aussi quand on le crucifiait, il priait en disant: « Père, par« donnez-leur car ils ne savent ce qu'ils font (3). » Ah! n'oubliez point, mais aimez l'Epoux. Plus il nous semble difforme, plus il nous doit être cher, plus il est aimable pour son épouse. « C'est pourquoi il s'est détourné. » Il s'est détourné pour n'être pas reconnu de ceux qui le crucifiaient. « Sa face a été couverte d'outrages et méprisée. »

5. « Il supporte nos infirmités, pour nous il est livré à la douleur ; et nous l'avons contemplé en proie aux souffrances, chargé de plaies et de châtiments. Mais c'est à cause de nos péchés qu'il a été blessé, à cause de nos iniquités qu'il a été meurtri. Le supplice qui devait nous assurer la paix est tombé sur lui et nous avons été guéri par ses meurtrissures. Nous nous sommes tous égarés comme des brebis errantes, et le Seigneur l'a sacrifié pour nos crimes. » Est-ce ici l'Evangile ou une prophétie ? Qu'objectent les Juifs ? N'est-il pas étrange qu'ils entendent cela, qu'ils l'aient entre les mains, qu'ils le lisent, qu'ils ne puissent appliquer ces traits qu'à Celui dont la gloire se publie avec l'Evangile dans tout l'univers, et que cependant ils ne soient pas encore chrétiens et demeurent plongés dans l'aveuglement en face de prophéties aussi claires ? Mais pourquoi s'étonner de l'aveuglement des Juifs en ce qui concerne le Christ ? Ce qui s'applique à lui passe et le prophète commence à parler aussi de son Eglise. Si donc tu ne t'expliques point l'aveuglement des Juifs en face de l'Epoux ; comment t'expliquer l'aveuglement des hérétiques en face de l'Epouse?

 

1. Jean, I, 1. — 2. Philip. II, 6. — 3. Luc, XXIII, 34.

 

 

6. Maintenant toutefois contemplons avec surprise l'aveuglement des Juifs. « Le Seigneur l'a sacrifié pour nos crimes, et lui, malgré les mauvais traitements, n'a pas ouvert la bouche. Comme une brebis il a été conduit à l'immolation; et comme l'agneau silencieux sous la main qui le tond, il a gardé le silence. Son jugement a été enlevé au milieu des humiliations. » Et pour détourner ton dédain: « Qui racontera sa génération? » Laquelle? « Je t'ai engendré avant l'aurore (1). ».Voilà là première. « Avant l'aurore, » avant tous les siècles créés; avant tous les anges, avant toute créature. Pourquoi? Parce que « tout a été fait par lui (2). » Mais ne peut-on raconter sa seconde génération ? Qui le pourrait? Il est conçu par la seule foi, et il sort du sein de sa mère comme un époux du lit nuptial (3). Cette génération aussi est donc admirable. Elle est admirable parce qu'il y est sans père, comme la première est admirable parce qu'il y est sans mère.

« Comme une brebis il a été conduit à l'immolation, et comme l'agneau sous la main qui le tond il a gardé le silence. Son jugement a été enlevé au milieu des opprobres. Qui racontera sa génération? Car sa vie sortira de la terre. » C'est la prophétie de la résurrection. Vous voyez donc que le Seigneur disait avec vérité, et comment la Vérité même pouvait-elle parler autrement? « Il est écrit de moi dans la Loi, dans les Prophètes et dans les Psaumes. Car il fallait que le Christ souffrit et resusucitât. » Vous avez appris cela, et vous venez encore d'entendre parler de sa résurrection: « Car sa vie sortira de la terre. » Il faut de plus: « Qu'on prêche en son nom la pénitence et la rémission des péchés parmi toutes les nations, à commencer par Jérusalem. ( 4). » Vous l'apprendrez aussi du prophète que nous expliquons. Non que nous devions le préférer au Seigneur; le prophète est le héraut qui précède, le Seigneur, le juge qui le suit. Le héraut ne publiait point ses propres paroles mais celles du juge; et le juge en le suivant montra que c'était vraiment les siennes. « Sa vie sortira de la terre. Les iniquités de mon peuple l'ont conduit à la mort. » Vous l'entendiez tout-à-l'heure demander: Que vous ai-je fait? Condamnez-moi si vous avez en moi découvert quelque faute. Et eux: « Crucifiez, crucifiez-le (5). » Ils le croyaient un homme, mais pourtant un homme innocent. C'est ainsi qu' « il

 

1. Ps. CIX, 3. — 2. Jean, I, 3. — 3. Ps. XVIII, 6. — 4. Luc, XXIV, 44, 46, 47. — 5. Jean, XIX, 6.

 

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a été conduit à la mort par les iniquités de mon peuple.2

7. « Je lui donnerai donc les méchants pour sa sépulture. » Que signifie : « Je lui donnerai les méchants pour sa sépulture et les riches pour sa mort? » Les méchants pour sa sépulture et les riches pour sa mort. Ce riche d'Arimathie, Joseph se présenta à Pilate lorsque le Seigneur était suspendu à la croix et demanda d'enlever son corps; Pilate consentit qu'il fût enseveli. Ainsi des riches lui ont été donnés pour sa mort, et Joseph ensevelit ce pauvre en qui il voyait son trésor véritable. Ainsi s'expliquent les riches pour sa mort.

Ce que le prophète dit en dernier lieu s'est accompli d'abord, et ce qu'il dit d'abord ne s'accomplit qu'ensuite. « Et les méchants pour sa sépulture. » Où montrer la réalisation? « Les  Juifs abordèrent Pilate et lui dirent: Seigneur, nous avons appris que cet imposteur a dit à ses disciples qu'il ressuscitera après sa mort ordonnez de garder son sépulcre, dans la crainte que ces mêmes disciples ne viennent la nuit, ne l'enlèvent, car cet artifice serait pire que le premier. Vous avez des soldats, leur répondit Pilate, allez et gardez-le comme vous l'entendez. » Ils prirent donc des soldats et les placèrent prés du sépulcre (1). Ne sont-ce pas là les méchants donnés pour sa sépulture, pour garder son tombeau? .Comment prouver que c'était des méchants? Ils ne sont pas coupables pour avoir été envoyés, le juge leur a donné ses ordres, ils sont venus près du sépulcre et l'ont gardé. — Mais pour savoir qu'ils sont méchants, lis l'Evangile. Le Seigneur étant ressuscité, ces soldats virent l'Ange, furent frappés de terreur et consternés. L'Ange disait à d'autres: « Ne craignez pas; » mais ceux-ci furent accablés de frayeur parce qu'ils n'étaient point soulevés par la foi. Malgré ce qu'ils avaient vu, ils vinrent trouver les Juifs et leur rapportèrent tout ce qui s'était passé. Voici de l'argent, répartirent les Juifs. Ces soldats étaient donc corrompus, puisqu'ils voilèrent la vérité et vendirent le mensonge. Et comment le vendirent-ils? Il n'est pas étonnant qu'aveugles ils aient vendu le mensonge à des aveugles. « Publiez, leur dit-on, que pendant votre sommeil ses disciples sont venus et l'ont enlevé. » O vanité marchande de vanité pour les hommes vains ! Les hommes vains en effet écouteront cette fable et y croiront. Tel est encore aujourd'hui ce qui se dit parmi les

 

1. Matt. XXXVII, 67-68.

 

Juifs, telle est l'opinion publique; et qui pourrait exprimer combien elle est, vaine, fausse, ridicule (1) ? Ils refusent de se rendre au témoignage des martyrs pour y puiser la vie, et pour se perdre ils se rendent à la déposition de témoins endormis. Si les gardes dormaient, comment ont-elles pu savoir qui l'a enlevé du tombeau ? Dans le cas contraire, ô méchant, pourquoi veillais-tu? O méchant, ce n'est pas sans motif que le prophète a dit de toi : « Je lui donnerai des méchants pour sa sépulture. » O méchants, ô pervers : ou bien vous veilliez, et vous avez dû garder le sépulcre; ou bien votes dormiez, et vous ignorez ce qui s'est passé. Ici donc nous voyons ce qui longtemps auparavant le Saint-Esprit avait annoncé par la bouche du Psalmiste : « Ils ont conçu un dessein qu'ils n'ont pu faire prévaloir (2). »

8. Par conséquent, mes très-chers frères, nous tous pour le salut desquels ont été faites et accomplies toutes ces prédictions, rendons grâces à la divine miséricorde, et travaillons de toutes nos forces à puiser dans les bienfaits de Dieu, non pas notre condamnation, mais notre profit, afin qu'au jour redoutable du jugement et qu'au moment de rendre nos comptes, nous rendions intégralement au Seigneur et Sauveur qui nous jugera ce qu'il nous a obtenu après avoir été jugé. Il doit sans doute; à son dernier avènement, accorder ce qu'il a promis; mais aussi doit-il réclamer ce qu'il a racheté et redemander alors ce qu'il adonné à l'époque de son premier avènement. Nous devons présumer beaucoup de la miséricorde de Dieu; mais nous ne devons pas redouter indolemment sa justice, car s'il t'a racheté avec miséricorde, il te jugera avec justice : et si nous péchons, s'il nous épargne si longtemps, ce n'est point négligence, mais patience; ce n'est point qu'il ait perdu sa puissance, c'est qu'il nous invite à la pénitence. Donc en désirant sa miséricorde, craignons sa justice. Il nous épargne aujourd'hui, mais il ne se tait pas, et s'il se taisait il ne le ferait pas toujours; et si nous voulons qu'il nous épargne quand il parlera au jugement, écoutons-le maintenant qu'il nous donne ses commandements. Maintenant en effet il nous octroie sa miséricorde, mais alors il exigera la justice et rendra à chacun selon ses oeuvres ; ainsi s'accomplira ce que dit un Apôtre: « Jugement sans miséricorde à qui n'a point fait miséricorde (3).

 

1. Matt. XXVIII, 1-15. — 2. Ps. XX, 12. — 3. Jac. II, 13.

 

 

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