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LETTRE III. AUX CHANOINES RÉGULIERS D'HORRICOURT.

 

L'an 1120.

 

Leurs louanges inspirent à saint Bernard plus de crainte que de satisfaction; ils ne doivent apporter aucun obstacle à la profession religieuse de quelques chanoines réguliers de Saint-Augustin qu'il a reçus à Clairvaux.

 

Au prieur des serviteurs de Dieu, les clercs d'Horricourt (a) et à ses disciples, la petite troupe des moines de Clairvaux et leur très-humble serviteur, le frère Bernard, salut et conseil de marcher selon resprit de Dieu et de tout voir d'un œil spirituel.

 

La lettre où vous nous adressez des exhortations si salutaires et si précieuses nous fournit une preuve convaincante de votre savoir, que nous admirons, et un. éclatant témoignage de votre charité, dont nous vous remercions. Mais pour ce qui est des louanges que, dans votre bienveillance, vous nous adressez, je crois que vous élevez beaucoup trop haut ce que vous ne connaissez pas assez par expérience; il est vrai qu'en agissant ainsi vous nous donnez une belle occasion de nous humilier, si nous savons en profiter. Mais en même temps vous inspirez à notre humilité, qui est bien loin d'être ce qu'elle devrait, de grandes et sérieuses appréhensions.

En effet, quel homme parmi nous, s'il tient compte de ses imperfections, peut, sans une crainte très-vive et sans un certain danger, s'entendre faire des compliments si grands et si peu fondés ? C'est un égal péril pour nous de nous en tenir à de semblables jugements, que nous les portions nous-mêmes ou que d'autres les portent de nous. « Il n'y a que le Seigneur qui soit notre juge (I Cor., IV, 4). » Quant aux frères

 

a Nous avons rétabli ainsi le titre de cette lettre, d'après le manuscrit de Corbie. Mais on ne sait pas quels sont ces chanoines réguliers.

 

sur le salut desquels nous voyons que votre charité a conçu quelque crainte, soyez sans inquiétude: c'est par le conseil et de l'avis de plusieurs personnes de mérite, et principalement du très-illustre Guillaume (a) évêque de Châlons, qu'ils sont venus nous trouver, nous priant, avec les plus vives instances, de les recevoir parmi nous, ce que nous avons fait.

En quittant la règle de Saint-Augustin pour se soumettre, avec la grâce de Dieu, à celle de Saint-Benoît, ils n'ont cédé qu'au désir d'embrasser un genre de vie plus austère, bien loin de vouloir abandonner la règle de celui qui est notre maître à tous dans le ciel et sur la terre, non-seulement ils n'ont pas l'intention de violer les voeux qu'ils ont faits chez vous, ou mieux, les voeux de leur baptême; mais plutôt ils veulent les accomplir tous avec plus de perfection encore, s'il est possible; voilà dans quelles dispositions nous les avons reçus; nous étions loin de penser, en les accueillant, que nous pouvions vous blesser, ou vous causer quelque peine en les retenant; toutefois, après l'année de noviciat qu'exige la règle, s'ils renoncent à leur entreprise et désirent retourner vers vous, croyez que nous ne les retiendrons pas malgré eux. Au reste, mes très-saints frères, vous auriez tort de vouloir vous opposer, par d'imprudents et inutiles anathèmes, à l'esprit; de liberté qui agit en eux; est-ce que, par malheur, ce qu'à Dieu ne plaise! vous seriez plus soucieux de vas intérêts que de ceux de Jésus-Christ?

 

a C'est Guillaume de Champeaux, qui mourut en 1121, un ami de saint Bernard, plusieurs fois cité avec éloge dans la Vie de ce dernier. Il avait renoncé à l'enseignement avant d'être évêque, pour se retirer dans un monastère de Saint-Victor, près de Paris. Childebert, alors évêque du Mans, le félicite «avoir pris ce parti, dans une lettre qu'on a imprimée sans titre et qu'on retrouve dans le manuscrit de saint Taurin d'Evreux, avec cette inscription A Guillaume de Champeaux. On lit dans la Chronique de Morigny que lorsque le cardinal légat Conon vint en 1120 à ce monastère, qui était situé près d'Etampes, a il avait avec lui pour l'aider, le grand Guillaume de Champeaux, qui avait autrefois tenu d'illustres écoles de théologie; II brillait alors entre tous les évêques de France par son zèle pour la gloire de Dieu et sa science des saintes Ecritures. a Ce passage montre l'erreur de ceux qui le font mourir en 1119, Hugues Métellus, dans sa quatrième lettre au pape Innocent, au sujet d'Abélard qui avait été le disciple et plus tard le rival de Guillaume, s'exprime ainsi: « A la mort d'Anselme, évêque de Laon, et de Guillaume, évêque de Châlons-sur-Marne, le flambeau de la parole de Dieu s'éclipsa sur la terre. » Voyez les autres notes.

 

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NOTES DE HORSTIUS ET DE MABILLON

 

LETTRE III.

 

7. Aux chanoines réguliers d'Horricourt. On croit que, c'est un endroit situé dans le, diocèse de Chalons-sur-Marne , peut-être Horricour ou Audicour, où il y avait encore du temps de Mobillon, un prieuré, sur la Marne, près de, Saint-Didier.

8. Guillaume, évêque de Châlons. Voici comment s'exprime à son sujet un auteur anonyme cité par Duchesne dans ses notes sur Abélard « A la même époque, Guillaume de Champeaux, qui avait été archidiacre de Paris, homme aussi versé dans la piété que dans les lettres, prit l'habit de chanoine régulier avec quelques-uns de ses disciples, et fonda près de Paris, dans un endroit où s'élevait déjà une chapelle en l'honneur de saint Victor, martyr, un couvent de clercs, » que Louis le Gros dota magnifiquement plus tard. «Il fut fait évêque de Châlons-sur-Marne — en 1113, d après la chronique d'Alberic , — et ce fut le vénérable Guildin, un de ses disciples, qui fut le premier abbé du monastère qu'il avait fondé. » C'est ce même Guillaume qui bénit saint Bernard élu abbé de Clairvaux, comme il est dit au chapitre sept du premier livre de sa Vie, et il l'eut en telle estime que, notre Saint étant tombé malade, il voulut le soigner lui-même, comme, il est dit dans l'histoire de sa vie. Il lit une sainte mort, non pas en 1119, ainsi que le prétendent ceux qui placent son sacre en 1112, mais en 1121, comme le dit encore Albéric, d'accord en cela avec les anciens monuments de l'Église de Châlons et les actes des évêques de cette ville rapportés par Charles Rapin.

Robert de Hoveden en parle en ces termes dans la première partie de ses Annales à l'année 1121 : « Guillaume de Champeaux, évêque de Châlons-sur-Marne, prit l'habit religieux - comme c'était la coutume de ces temps-là - huit jours avant sa mort, qui arriva le 17 janvier. » Mais il n'est pas d'accord en ce point avec le Nécrologe de Corbie, où on lit d'après Jean Picard: « Le 24 janvier, anniversaire de la mort de Guillaume, évêque de Châlons-sur-Marne, chanoine de notre ordre. » Il fut enterré à Clairvaux, selon Rapin, clans une petite chapelle qu'il y avait fait élever. Au reste, cette lettre ayant été écrite de son vivant, on doit la placer vers la fin de l'année 1121. Plusieurs de ses ouvrages théologiques sont cités avec honneur dans le Pancrysis, manuscrit de Chéminon, et dans l'Épitomé de morale de Clairvaux. (Note de Mabillon.)

 

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