LET. CCLXXI
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LETTRE CCLXXI. A THIBAUT, COMTE DE CHAMPAGNE.

 

L’an 1151

 

Saint Bernard l'exhorte à ne point engager son fils encore enfant dans les dignités ecclésiastiques.

 

Vous savez, et Dieu sait mieux que vous, à quel point je vous aime, je me flatte que vous me le rendez; mais, convaincu que vous ne m'aimez que pour Dieu, je me garderai bien de l'offenser, de peur que vous ne rompiez avec moi si je romps avec Lui. Qui suis-je en effet pour mériter qu'un si grand prince jette les yeux sur moi, si ce n'était Dieu qu'il vît en moi? D'ailleurs il ne vous serait probablement pas avantageux à vous-même que j'agisse contre Dieu, et je ne saurais sans l'offenser faire ce que vous me demandez. Car je ne sache pas que les honneurs et les dignités ecclésiastiques soient pour ceux qui ne veulent ou ne peuvent les occuper à la gloire de Dieu. Aussi je vous déclare que je ne trouve ni juste à vous ni consciencieux à moi d'unir mes prières pour les solliciter en faveur de votre fils (a), qui n'est encore qu'un enfant, attendu qu'il n'est pas même permis à un homme en âge de les obtenir, de posséder plusieurs bénéfices dans des églises différentes, à moins qu'il n'y soit autorisé par une dispense spéciale à raison du besoin pressant de l'Eglise ou des avantages qui en résultent pour lui. Si ce langage vous paraît dur et si vous êtes résolu à donner suite à vos projets, je vous prie de ne pas jeter les yeux sur moi pour les faire réussir: d'ailleurs, si je ne me trompe, vous êtes bien assez puissant par vous-même et par vos amis pour arriver à vos fins sans moi; vous n'en réussirez donc pas moins, et moi je n'aurai rien à me reprocher. Vous ne pouvez douter que je ne veuille toutes sortes de biens à votre cher petit Guillaume; mais il n'est rien que je lui souhaite plus que la possession de Dieu, voilà pourquoi je ne veux pas contribuer à lui faire avoir quoi que ce soit contre sa volonté sainte dans la crainte qu'il ne perde Dieu lui-même, et j'aime mieux que tout autre que moi le lui procure,

 

a Saint Bernard se plaint amèrement dans sa quarante-deuxième lettre, qui est maintenant le second de ses traités, de l'usage où l'on était d'élever les enfants des grands aux dignités ecclésiastiques et de leur accorder plusieurs bénéfices.

 

 

de peur d'être aussi moi-même privé de le posséder un jour, si je contribuais à le lui faire obtenir; mais si jamais il se présente une occasion de le servir en quelque chose sans que les intérêts de Dieu en souffrent, je vous montrerai quel ami sincère vous avez en moi et je vous promets de lui rendre tous les bons offices dont je suis capable. Au reste, je n'ai pas besoin de me donner tant de mal pour faire agréer un aussi juste refus â un prince ami de la justice comme vous l'êtes; mais je vous prie de faire valoir mes raisons auprès de la comtesse (a) votre épouse.

 

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NOTES DE HORSTIUS ET DE MABILLON

 

 

LETTRE CCLXXI.

 

180. - On ne saurait trop faire remarquer et admirer la vertu, le zèle et la fermeté de notre Saint, qui refuse de concourir à l'accomplissement des vœux et des désirs d'un grand prince, du comte Thibaut, que l'abbaye de Clairvaux comptait parmi ses bienfaiteurs insignes, et à qui il avait de grandes obligations, parce qu'il les trouve contraires aux intérêts de l'Eglise de Dieu et à sa conscience. Ses paroles mériteraient d'être écrites en lettres d'or, enchâssées dans le cèdre et gravées dans le coeur de tous les prélats de l'Eglise.

Il ne veut pas qu'on donne les dignités ecclésiastiques à des enfants dont l'âge encore trop peu avancé ne permet que d'incertaines et lointaines espérances et ne montre qu'une moisson en herbe. Agir ainsi, c'est à ses yeux préférer à un bon attelage de bœufs, des veaux trop Jeunes pour la charrue, incapables de labourer ou de tracer un sillon dans la direction voulue, et destinés à succomber à la fatigue.

Néanmoins que de fils de grands et de princes ne voyons-nous pas maintenant engagés dans les ordres et même promus aux dignités ecclésiastiques avant qu'ils soient en âge de comprendre ce qu'on a l'ait d'eux. S'il est écrit. « Malheur au peuple qui a un enfant pour roi! » que ne doit-on pas redouter pour l'Eglise, qui ne devrait voir à sa tète que des prêtres, c'est-à-dire des vieillards, des hommes d'un âge mûr, dont l'expérience et les années font de sages conseillers? Faut-il s'étonner que le salut commun soit en péril quand il est remis à des mains inexpérimentées et confié à des jeunes gens qui se gouvernent plutôt d'après les mouvements impétueux et déréglés de la passion que par les conseils de la prudence et de la raison ? Saint Paul recommande à Timothée de veiller sur sa conduite de manière à ne donner lieu à personne de mépriser sa jeunesse, et pourtant Timothée n'était plus un enfant. L'Apôtre n'en appréhende pas moins que sa jeunesse ne l'expose an mépris si elle n'est rehaussée aux yeux des hommes par une rare prudence et une grande maturité de moeurs. Que diriez-vous aujourd'hui, ô saint Apôtre, en voyant des enfants siéger à la place de ceux à qui on se plaît à donner le nom de Pères, s'appeler maîtres et pasteurs des peuples avant que d'être affranchis de la férule du maître d'école, évêques quand ils sont encore en âge de jouer aux noix et de s'amuser avec de vains hochets !

181. Ce n'est pas ainsi que saint Bernard comprenait les choses, et je vois un saint et pieux Pontife, Pie V, se montrer animé de son zèle et imbu de ses pensées quand, au siècle dernier, il refusa d'approuver l’élection du petit-fils du prince de Brunswick à l'évêché d'Halberstad, parce qu'il était trop jeune. Ses paroles sont trop importantes et respirent trop le zèle de la maison de Dieu pour que je résiste au désir de les rapporter ici, d'autant plus qu'il suait peut-être bien difficile de se les procurer ailleurs. Voici donc comment es saint pontife s'exprime dans sa lettre au chapitre de l'église d’Halberstad :

« Après avoir pris connaissance de votre lettre et de votre demande, nous ne pûmes, en rentrant en nous-même, nous étonner assez que, dans les temps malheureux où nous vivons, vous ayez conçu un semblable projet. Nous nous sommes demandé quelles raisons vous avez eues pour cela, et nous avons été forcé de reconnaître qu'en cette circonstance vous avez plus songé aux avantages temporels qu'au bien spirituel de votre Eglise. Certainement nous aimons, nous aussi, le due de Brunwisck; c'est un prince bien connu par son zèle pour la religion catholique et par sou dévouement au saint Siège. Quant à son petit-fils, nous savons qu’il mérite toute sorte de considération de notre part, mais notre amour pour eux ne saurait aller jusqu'à. leur sacrifier notre conscience et l'honneur de ce saint Siège que nous occupons.

« Il serait par trop ridicule et par trop éloigné de la règle de conduite que nous nous sommes tracée sur le trône pontifical, que nous remettions une Église de cette importance aux mains d'un enfant, sans compter que nous ne saurions le faire uns blesser non-seulement les catholiques, mais même les adversaires de l’Eglise et les ennemis du saint Siège, Comment pourrions-nous nous justifier d’une pareille action au redoutable tribunal de Dieu? Que diraient non-seulement les catholiques, mais ceux mêmes qui sont hors de l'Eglise, si nous faisions un pareil abus d'un pouvoir qui ne nous a été remis que pour édifier? Nous n'avons par, retrouvé dans cette circonstance la prudence qui vous caractérise, et elle ne s'est montrée un peu que dans le parti que vous avez pris, comme c'était votre devoir, de vous en remettre à Nous, pour décider si nous devions faire droit à votre demande après nous en avoir fait connaître le motif ; mais nous n'en regrettons pas moins que vous ayez plus songé au temporel qu'au spirituel en cette occasion. Lorsque notre cher fils le noble enfant Henri Jules sera, par la grâce de Dieu, en âge de posséder les titres et les honneurs ecclésiastiques, nous nous empresserons de lui danger tour, ceux qu’il sera digne d'obtenir, soit à raison de la noblesse de sa famille, soit à cause des vertus de son aïeul. Jamais notre Siége ne souffrira que les princes qui ont bien mérité de lui puissent l'accuser d’ingratitude et d'oubli, mais en ce moment ce qu'il faut faire avant tout, c'est de pourvoir à ce que l'intérêt de l'Eglise demande.

« En conséquence, nous vous exhortons et, en vertu de notre charge et de notre autorité apostoliques, nous vous engageons par nos conseils à n'avoir en vue que l'honneur de Dieu et l'utilité de l'Eglise, et d'élire pour succéder à votre feu évêque un homme tel que l'Eglise en réclame dans ces temps malheureux, un bon catholique, aussi remarquable par la sainteté de sa vie que propre à remplir les devoirs d'une si grande charge, par son instruction. Il y va de votre conscience et du salut de votre Eglise qu'il en soit ainsi. À quoi bon travailler pour le temporel si vous négligez le spirituel ? c'est au contraire qui importe; car si vous commencez par assurer le spirituel en faisant choix d'un homme capable, de le défendre, certainement avec l'aide de Dieu il saura aussi protéger et défendre les intérêts temporels de votre Église. Vous devez donc, comme nous vous le disons plus haut, élire un sujet de moeurs recommandables, d'une vie digne d'être proposée comme exemple à ceux qu'il doit gouverner, un homme tel enfin qu'il puisse servir de règle et de modèle dans sa conduite à son clergé tout entier, pour la réforme et la correction de ses mœurs. Nous ne savons pas de moyen plus efficace pour combattre l'hérésie, de même qu'il West rien de plus propre à la multiplier et à la fortifier ni de mieux fait pour perdre les biens temporels des Églises que les moeurs déréglées des prélats et des autres ecclésiastiques. »

Tel était le langage de Pie V, qui ne craignit pas d'écrire dans le même sens au due de Brunswick, prince pieux et catholique, et grand-père de Jules Henri; il lui dit entre autres choses dans la lettre qu'il lui écrit à ce sujet :

182. « Nous prions Votre Noblesse de considérer attentivement en elle-même ce que notre charge exige de, Nous, ce que réclament le temps présent et les besoins de l'église d'Halberstad, et le scandale que nous donnerons non-seulement aux catholiques, mais aux hérétiques eux-mêmes, si nous confirmons de notre autorité apostolique l'élection d'un si jeune enfant au siège de cette Église. Il nous serait impossible de nous entretenir de cette chose avec nos frères sans en éprouver de la gêne et de la confusion. Rappelons-nous l'un et l'autre, mon très-cher fils, que nous aurons à rendre compte de notre conduite, mais vous plus tôt que moi peut-être, puisque vous êtes d'un âge plus avancé. Or, je vous le demande, comment pourrons-nous au tribunal redoutable de Dieu nous justifier d'une promotion si prématurée et si contraire à tous les saints canons? Car votre petit-fils ne peut pas encore dans l'âge où il est posséder, avec la noblesse du sang qu'il a reçue de vous, les qualités requises par les saints canons en pareil cas.

« Nous espérons sans doute que le rejeton d'une telle race ne peut manquer de les avoir toutes un jour; mais il faut attendre que les années les développent et les mûrissent, et s'il y a lieu à lui accorder une dispense d'âge, encore faut-il qu'il soit en état de comprendre la grandeur du fardeau qui doit peser sur ses épaules, ce à quoi il s'engage, et les obligations qu'il contracte. Si Dieu lui fait la grâce de grandir, et que nous puissions augurer qu'il marchera sur les traces de ses aïeux, et surtout d'un prince aussi catholique que son grand-père, vous pouvez être sûr que le saint Siège s'empressera de l'élever à tous les honneurs ecclésiastiques auxquels l'illustration de votre race et les services que vous avez rendus à l'Eglise vous permettent d'aspirer pour votre petit-fils.

« Nous vous engageons donc instamment à rentrer sérieusement en vous-même et à cesser de solliciter de nous ce que nous ne pouvons vous accorder sans offenser Dieu et les hommes, et que vous ne pouvez obtenir qu'en mettant le salut de votre âme en danger et cela sans aucun profit, je ne dis pas seulement pour l'Église dont il s'agit, mais encore pour votre petit-fils lui-même. Je trouve donc qu'après avoir témoigné à nos chers fils les chanoines d'Halherstad le gré que vous leur savez pour les dispositions dont ils se sont montrés animés envers vous et votre petit-fils, il est bien digne de votre piété envers Dieu de les engager à songer. davantage aux intérêts de leur Église et d'élire pour succéder à l'évêque, qu'ils viennent de perdre an bon catholique, de moeurs et de savoir tels que les saints canons le requièrent. »

C'est en ces termes bien dignes d'un aussi pieux et aussi zélé pontife que Pie V s'exprimait.

183. Dans un endroit de sa lettre, saint Bernard s'élève contre le cumul des bénéfices, et nous nous arrêterions nous-même sur cette question si nous ne l'avions déjà fait plus haut. Il n'est pas permis, dit notre Saint, même à ceux qui sont en âge de les obtenir, de posséder plusieurs bénéfices dans des églises différentes, à moins qu'ils n'y soient autorisés par une dispense spéciale à raison du besoin pressant de l'église ou des avantages qui en résultent pour eux; encore faut-il que ces avantages ne leur soient point purement personnels, mais qu'ils reviennent indirectement à I'Eglise.

Il faut entendre, à l'occasion de ces paroles de saint Bernard, un Prélat non moins recommandable par sa science que par son zèle et sa piété, l'évêque de Ruremonde, Henri de Cuick, un des plus grands admirateurs de notre Saint, dont il revit avec soin et divisa en chapitres les livres de la Considération.

Il s'exprime en ces termes dans sa seconde lettre pastorale au clergé de son diocèse : « Saint Bernard ne veut donc point qu'on soit bénéficiaire dans deux églises en même temps. Toutefois il excepte le cas d'une vraie nécessité ou d'une grande et évidente utilité dont il ne laisse pas l'appréciation au jugement du premier venu; car on n'est que trop enclin en général à trouver certaines choses utiles, la cupidité humaine est trop partiale dans les questions où il y va de ses intérêts, et l'iniquité trop portée à se faire illusion pour ne pas voir quelque utilité ou quelque nécessité là où l'avarice trouve son compte. Il faut donc s'en rapporter dans ces circonstances au jugement de celui qui a reçu pouvoir de permettre qu'un seul et même clerc possède plusieurs bénéfices en même temps, si la nécessité ou du moins quelque grand intérêt le demande, sinon il faut s'en tenir à la loi, ainsi que saint Bernard le prouve et l'établit par de nombreuses et graves raisons dans son troisième livre de la Considération adressé au pape Eugène, et dans celui du Précepte et de la Dispense. » Plus loin il ajoute : « Quel clergé aurions-nous aujourd'hui si on ne donnait à chacun que le strict nécessaire, et si, détachés de tous les intérêts de la terre, nous tendions tous à l'éternel et immuable héritage an milieu de tous les biens changeants et caducs de ce monde? C'est la pensée de saint Paul quand il dit : C’est une grande richesse que la piété et la modération d'un esprit qui se contente de ce qui suffit, car, ajoute-t-il, nous n'avons rien apporté en ce monde, et il n'y a pas de doute que nous ne pourrons non plus en emporter quoi que ce soit : si donc nous avons de quoi nous nourrir et nous vêtir, nous devons nous estimer heureux et ne rien désirer davantage.

« S'il s'adressait à tous les chrétiens sans distinction quand il s'exprimait ainsi, à combien plus forte raison parlait-il pour ceux avec qui Jésus-Christ partage son patrimoine, afin de leur faire mépriser tout ce qui peut éloigner de Dieu! Ne doivent-ils pas, en effet, redouter comme le reste des chrétiens ce que l'Apôtre ajoute après les paroles que nous avons citées plus haut, quand il dit : Ceux qui veulent devenir riches tombent dans la tentation, dans les piéges du démon et dans Une foule de désirs inutiles et funestes qui ne sont propres qu'à précipiter les hommes à leur perte et à leur damnation. Car l'amour des richesses est la racine de tous les maux : plusieurs de ceux qui en étaient possédés se sont trouvés embarrassés dans une infinité de peines et d'affections (I Tim., VI, 9 et 10). Salvien est d'avis, livre II, que ce qui s'adresse à tous les fidèles convient particulièrement à celui qui doivent donner l'exemple aux autres, et qui par conséquent ne sont pas moins tenus de se distinguer par leur piété que par l'éminence de leurs fonctions.

« Mais, hélas! qu'est devenue l'antique splendeur du clergé? A quel excès d'abaissement l'avarice n'a-t-elle pas réduit les clercs? Il y a des prêtres insatiables qui ne songent, tant que dure la vie, qu'à entasser richesses sur richesses; on dirait qu'il ont peur de mourir de faim dans la tombe! »

Voilà en quels termes s'exprimait l'évêque de Ruremonde.

On peut relire sur ce sujet les notes de la lettre soixante-dix-huitième (Note de Horstius).

184. Mais si jamais il se présente une occasion... je vous montrerai quel ami sincère vous avez en moi... Saint Bernard veut être ami dévoué, mais jamais jusqu'à sacrifier Dieu à ses amis. Cicéron faisait également une loi de l'amitié de ne demander jamais rien que d'honnête à nos amis : Nous ne devons jamais mal faire pour complaire à un ami, dit-il à Lœlius. Si donc, continue-t-il, on fait appel à notre amitié pour nous induire au mal, nous devons préférer la conscience et la religion à l'amitié elle- même. Livre III des Offices (Note de Mabillon).

185. Certes je veux toute sorte de biens à notre petit Guillaume. C'est le quatrième fils de Thibaud, comte de Champagne. On l'appelait Guillaume aux blanches mains. Il fut successivement élevé sur le siège de Chartres, de Sens, puis de Reims; enfin il fut créé cardinal de la sainte Eglise romaine et légat du saint Siège en France, il sacra le roi Philippe-Auguste, et ce fut en sa faveur que le pape Alexandre III confirma à l'archevêque de Reims le droit de sacrer les rois de France.

 

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