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DIX-NEUVIÈME TRAITÉ.DEPUIS CES PAROLES: « LE FILS NE PEUT RIEN FAIRE DE LUI-MÊME QUE CE QUIL VOIT FAIRE AU PÈRE », JUSQUÀ CES AUTRES : « PARCE QUE JE CHERCHE, NON POINT MA VOLONTÉ, MAIS LA VOLONTÉ DE CELUI QUI MA ENVOYÉ ». (Chap. V, 19-30.)LES DEUX RÉSURRECTIONS.
Quiconque nhonore pas le Fils, nhonore pas le Père, car il déclare par là ou que, par jalousie, le Père na pas voulu engendrer son égal, on quil lui a été impossible de lengendrer. Au contraire, le Fils étant le Verbe du Père, celui qui écoute le Verbe et croit au Père, passe de la mort spirituelle à la vie de la grâce par la foi. Cette vie, supérieure à celle du corps, le croyant la puise, non en lui-même, mais à sa seule et véritable source, qui est Dieu, tandis que pour avoir été engendré par le Père, le Fils a cette vie en soi, et la communique à ceux auxquels il veut la donner. Comme Fils de Dieu, il ressuscite donc les âmes ; comme Fils de lhomme, il ressuscitera aussi les corps, parce que son Père lui a donné le jugement. Il sera seul à juger les vivants et les morts, afin que les méchants ne puissent voir en lui la forme de Dieu, et aussi pour glorifier sa vie sainte.
1. Autant que Dieu a bien voulu échauffer mon coeur, et venir en aide à ma faible intelligence pour léclairer, je vous ai entretenus, dans le discours précédent, de ce passage que nous avons lu dans lEvangile : « Le Fils ne peut rien faire de lui-même que ce quil unit faire au Père » ; je vous ai dit ce que cest, pour le Fils, que voir agir le Père : et mon entretien avait aussi pour objet la vision du Verbe; car le Fils nest autre que le Verbe: toutes choses ayant été faites par le Verbe, vous avez compris en quel sens on peut dire que le Fils regarde dabord la manière dont le Père agit pour accomplir lui-même ce quil lui a vu faire; car le Père na rien fait sans lintermédiaire du Fils. «Toutes choses ont été faites par lui, et sans lui rien na été fait». Remarquez-le, néanmoins; en vous parlant, je nai pas fait disparaître toute lobscurité de ce mystère, et la raison en est toute simple : cest que je nai pu le pénétrer. Parfois, les expressions font défaut, lors même que lintelligence saisit nettement la vérité. Est-il étonnant quelles manquent, lorsque lesprit ne peut arriver à la comprendre? Maintenant, selon la mesure de la grâce divine, nous allons rapidement parcourir la leçon daujourdhui, et tâcher de nous acquitter entièrement de notre dette envers vous. Cela fait, sil nous reste assez de temps ou de forces, nous ferons un retour en arrière; et, autant que le permettra ma capacité et la vôtre, je mefforcerai dexpliquer à nouveau ce que cest, pour le Verbe, que voir agir le Père; ce que cest, de la part du Père, que montrer ses agissements au Verbe. Nous avons dit plus haut tout ce quil était possible de dire: si on le comprend dune manière [464] purement humaine et charnelle, avec un esprit rempli didées fantasmagoriques, on se représente, en quelque sorte, deux hommes dont lun serait le père, et lautre le fils; dont lun se montrerait aux regards de lautre, dont le premier parlerait pour se faire entendre du second; de pareilles images doivent être comme des idoles dressées dans lesprit qui les conçoit: si nous sommes parvenus à les expulser de leurs temples, doivent-elles trouver leur refuge en des âmes chrétiennes? Bien moins encore. 2. LEvangéliste dit donc: « Le Fils ne peut rien faire de lui-même que ce quil voit faire au Père ». Cest vrai, et vous devez le croire; mais croyez aussi ce que Jean vous a dit à la première page de son livre: « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu »; noubliez pas, surtout, cet autre passage: « Toutes choses ont été faites par lui ». Ne séparez point lun de lautre, dans votre esprit, ces deux endroits du texte sacré; mais quils sy accordent tous deux. Bien que « le Fils ne puisse rien faire de lui-même que ce quil voit faire au Père », le Père, néanmoins, ne fait rien sans lintermédiaire du Fils. En effet, le Fils est son Verbe, et, « au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu, et toutes choses ont été faites par lui; car tout ce que le Père fait, le Fils le fait aussi comme lui (1) ». Cela, et non pas autre chose, non pas dune manière différente, mais comme lui. 3. « Car le Père aime le Fils, et il lui montre tout ce quil fait ». Aux paroles précitées, « que ce quil voit faire au Père », semblent se rapporter celles-ci : « Il lui montre tout ce quil fait ». Mais si le Père montre ce quil fait; si, dailleurs, le Fils ne peut rien faire avant que le Père lui ait montré ses propres oeuvres; si, enfin, le Père ne peut les montrer au Fils avant de les avoir accomplies, il est de toute évidence quen agissant le Père ne se sert point de lintermédiaire de son Fils. Mais en admettant, comme hors de doute et à labri de toute discussion, que le Père fait toutes choses par son Fils, nous reconnaissons, par là même, quil les montre au Fils avant de les faire. En effet, si le Père ne montre ses oeuvres au Fils quaprès les avoir accomplies, afin que le Fils les voie et les fasse lui-même, on
1. Jean, I, 1, 3.
ne saurait le nier : il faut que ces oeuvres soient faites avant dêtre montrées, et que le Père agisse indépendamment du Fils. Mais le Père ne fait rien sans le Fils, parce que le Fils de Dieu nest autre que son Verbe, et que toutes choses ont été faites par lui. li nous reste donc peut-être cette ressource, à savoir que le Père montre au Fils ce quil doit faire, afin que celui-ci le fasse. Car si le Fils fait ce que le Père lui montre comme étant déjà accompli, ces oeuvres, montrées par lui comme déjà faites, il les a évidemment opérées sans le Fils ; le Père pouvait-il, en effet, les montrer au Fils si elles navaient pas été préalablement accomplies ? Le Fils pouvait-il faire autre chose que ce quon lui montrait? Certainement non: par conséquent, ces oeuvres étaient accomplies parle Père sans le Fils; mais il nest pas douteux que « toutes choses ont été faites par lui » ; donc, elles ont été montrées avant dêtre faites. Il nous faut pourtant quitter ce sujet pour le traiter plus tard; car, nous lavons dit, il nous faudra y revenir, lorsque nous aurons expliqué toutes les parties de la leçon, pourvu, ai-je ajouté, quil nous reste assez de temps ou de forces pour revenir sur ce que nous différons dexpliquer. 4. Ecoutez, voici quelque chose de plus grand et de plus difficile à saisir: « Et il lui montrera dautres oeuvres plus grandes que celles-ci ?». « Plus grandes que celles-ci? Quelles sont celles-ci? Cest facile à deviner. Il sagit des oeuvres dont vous avez entendu parler, cest-à-dire de la guérison des maladies corporelles. Car, vous le savez, le discours du Sauveur, qui nous occupe en ce moment, avait été amené par la guérison quil avait opérée sur la personne du paralytique de trente-huit ans. Voilà pourquoi le Sauveur pouvait dire : « Il lui montrera dautres oeuvres plus grandes que celles-ci, et vous serez dans ladmiration ». Car il est des oeuvres plus grandes, et le Père les montrera au Fils. Il ne les lui a pas montrées, comme au prétérit, mais « il » les lui « montrera», au futur, cest-à-dire, il les lui fera voir, Ici se présente encore une question difficile à résoudre. Y avait-il dans le Père quelque chose qui neût pas encore été montré au Fils? Y avait-il dans le Père quelque chose que le Fils ignorât encore au moment où il parlait ainsi ? En effet, « sil devait le lui montrer », cest-à-dire, lui faire voir plus tard, il ne le lui avait donc pas encore montré, et il devait le lui montrer en même temps quaux interlocuteurs du Christ; car voici ce que nous lisons plus loin, et « vous en serez dans ladmiration ». Il nest pas plus aisé de comprendre ce passage que le précédent ; comment, en effet, se figurer que le Père, qui est éternel, montre, en quelque sorte, dans le temps, certaines choses à son Fils, qui lui est coéternel et qui connaît tout ce qui se trouve dans le Père? 5. Mais, enfin, quelles sont ces oeuvres plus grandes? Ceci est peut-être facile à saisir. « Comme le Père ressuscite les morts et les vivifie, ainsi le Fils vivifie ceux quil veut». Le Père vivifie-t-il certains hommes, tandis que le Fils en vivifie dautres? Non, car toutes choses sont faites par lui. Ceux que ressuscite le Fils sont les mêmes que ressuscite le Père, car le Fils ne fait pas autre chose que le Père, ni dune manière différente; mais « ce que fait le Père, le Fils le fait aussi comme lui ». Voilà ce quil faut bien comprendre et à quoi il faut bien sen tenir; mais me loubliez pas : « Le Fils vivifie ceux quil u veut s. Ici il est question, non-seulement de limpuissance du Fils, mais encore de sa volonté. Le Fils vivifie ceux quil veut : ainsi en est-il du Père; et ceux que le Père veut vivifier sont précisément les mêmes que le Fils veut vivifier aussi; par conséquent, la puissance et la volonté sont les mêmes dans le Père et dans le Fils. Que signifient donc les paroles suivantes : « Car le Père ne juge personne, mais il a donné tout jugement au Fils, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père? » Evidemment le Sauveur ajoute ceci pour expliquer ce qui précède. Ce passage me saisit, attention ! Le Fils vivifie ceux quil veut vivifier; ainsi en est-il du Père : le Fils ressuscite les morts de la même manière que le Père lui-même les ressuscite. « Car le Père ne juge personne ». Sil faut que les morts ressuscitent à lheure du jugement, et si le Père ne juge personne, comment ressuscite-t-il les morts ? « Il a », en effet, « donné tout jugement au Fils ». Or, à lheure de ce jugement, les morts ressusciteront, les uns pour la vie, les autres pour le châtiment. Si ce doit être loeuvre exclusive du Fils, le Père ny contribuera donc en rien, puisque « le Père ne juge personne, et quil a donné tout jugement au Fils ». Mais ce passage semble être en contradiction avec celui-ci : « Comme le Père ressuscite les morts et les vivifie, ainsi le Fils vivifie ceux quil veut ». Ils ressuscitent donc également les morts: or, sils les ressuscitent tous deux, ils les vivifient de même, et, par conséquent, ils les jugent aussi pareillement; comment alors peut subsister cette parole : « Car le Père ne juge personne, et il a donné tout jugement au Fils ? » En attendant, si les difficultés proposées nous embarrassent, le Seigneur nous aidera à les éclaircir et nous fera trouver de la joie dans leur solution. Non, mes frères, nous néprouverons jamais de joie à voir une difficulté résolue, si notre attention ne se laisse point surexciter par son exposé. Que le Seigneur daigne nous guider! peut-être écartera-t-il un peu le voile qui couvre la vérité cachée à nos yeux ! En effet, il a caché sa lumière derrière un nuage; et il nest pas aisé de sélever, comme ferait un aigle, au-dessus de toutes les vapeurs qui enveloppent la surface entière de ce monde (1), et dapercevoir, à travers les paroles du Christ, les rayons lumineux dans toute leur pureté. Dieu percera peut-être la couche épaisse de nos ténèbres par lardeur de son soleil, et daignera nous manifester un peu la vérité dans les passages suivants ; laissons donc les premiers pour un instant et passons à dautres. 6. « Quiconque nhonore pas le Fils, nhonore pas le Père qui la envoyé ». Cest la vérité, et lien nest plus facile à comprendre. Car « il a donné tout jugement au Fils », comme il a déjà été dit plus haut, « afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père». Et sil y en avait pour honorer le Père sans honorer le Fils? Cest chose impossible, car « quiconque nhonore pas le Fils, nhonore pas le Père, qui la envoyé». Personne ne peut donc dire : Moi, jhonorais le Père parce que je ne connaissais point le Fils. Si tu nhonorais pas encore le Fils, tu nhonorais pas davantage le Père : quest-ce, en effet, quhonorer le Père, sinon reconnaître quil a un Fils ? Autre chose est te parler de Dieu en tarit quil est Dieu, autre chose est len parler en tant quil est Père. Lorsquon te parle de Dieu en tant que Dieu, on te parle du Créateur, du Tout-Puissant, de la suprême Intelligence, de lEsprit éternel,
1. Eccli. XXIV, 6.
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invisible, immuable; mais, lorsquil sagit de Dieu en tant quil est le Père, on ne veut évidemment que te parler du Fils; car on ne peut donner à Dieu le nom de Père quautant quil a un Fils ; comme il est impossible dimaginer un Fils, sil ny a pas de Père. Mais ne va pas honorer le Père, comme sil était plus grand que le Fils, et celui-ci comme sil était plus petit que le Père; ne me dis pas: Jhonore le Père, car je sais quil a un Fils; et je ne me trompe pas en lui donnant le nom de Père, parce que je ne le conçois pas comme nayant point de Fils ; quant au Fils, je lhonore comme inférieur au Père. Le Fils tarrête et te rappelle à la vérité par ces paroles : « Afin que tous honorent le Fils », non pas dune manière moindre, mais « comme ils honorent le Père » . « Celui », donc, « qui nhonore point le Fils, nhonore pas non plus le Père qui la envoyé ». Moi, dis-tu, je veux rendre au Père un honneur plus grand, et au Fils un honneur moindre. Tu refuses lhonneur au Père, dès que tu en rends un moindre au Fils. A considérer ainsi les choses, ne fais-tu point profession de dire que si le Père na pas engendré un Fils égal à lui, cest quil ne là pas voulu ou quil en a été incapable? Sil ne la pas voulu, ça été jalousie de sa part; sil en a été incapable, cest que la puissance lui manquait. Ne vois-tu pas que cette manière de voir est injurieuse au Père, tout en paraissant plus honorable pour lui? Honore donc le Fils, comme tu honores le Père1 afin de les honorer également lun et lautre. 7. « En vérité, en vérité, je vous le dis: Celui qui écoute ma parole et croit en Celui qui ma envoyé, a la vie éternelle et ne sera point condamné, il passe de la mort à la vie ». Faites attention à ceci : « Celui qui écoute ma parole »; et le Sauveur najoute pas: Croit en moi, mais: « à Celui qui ma envoyé ». Quon écoute donc la parole du Fils et quon croie au Père. Pourquoi écouter votre parole et croire à un autre? Quand nous écoutons un homme, ne croyons-nous pas à ce quil nous dit ? Ne lui donnons-nous pas toute notre confiance? Qua donc voulu exprimer le Sauveur par ces mots : « Celui qui écoute ma parole et croit à celui qui ma envoyé? » Ceci, évidemment: sa parole se trouve en moi. Que signifie ce passage : « Ecoute ma parole? » Il veut dire mécoute. « Et croit à celui qui ma envoyé? » En croyant à lui, il croit à sa parole, et en croyant à sa parole, il me croit, parce que je suis le Verbe du Père. La paix règne dans les Ecritures ; tout sy trouve disposé dans un ordre admirable ; rien ny peut donner lieu à dispute. Chasse donc de ton esprit toute idée de chicane ; remarque laccord de nos livres saints. La vérité se mettrait-elle en contradiction avec elle-même? 8. « Celui qui écoute ma parole et croit à Celui qui ma envoyé, a la vie éternelle et ne sera pas condamné; il est passé de la mort à la vie ». Vous vous en souvenez: nous avons trouvé, tout à lheure, une difficulté dans ces paroles : « Comme le Père ressuscite les morts et les vivifie, ainsi le Fils vivifie ceux quil veut ». La lumière commence à se faire ; le Sauveur commence à parler de la résurrection des morts, et nous voyons déjà les morts sortir du tombeau. Car « celui qui écoute ma parole et croit à celui qui ma envoyé, a la vie éternelle et ne sera pas condamné ». Prouvez que celui-là est ressuscité. Mais, dit le Sauveur, « il est passé de la mort à la vie ». Personne ne saurait en douter : celui qui est passé de la mort à la vie est évidemment ressuscité, Comment, en effet, passer de la mort à la vie, si lon ne sest dabord trouvé dans un état de mort, si lon nest premièrement privé de vie ? Mais en passant de la mort à la vie, on se trouve dans lune, et lon nest plus dans lautre. Celui-là était donc mort, et il est ressuscité ; il était perdu, et il est retrouvé (1). Une sorte de résurrection sopère, par conséquent : les hommes passent dune certaine espèce de mort à un certain état de vie, de la mort de lincrédulité à la vie de la foi, de la mort de lerreur à la vie de la vérité, de la mort du péché à la vie de la justice: cest donc là une sorte de résurrection des morts. 9. Daigne le Sauveur souvrir davantage à nous, et continuer à faire briller plus vivement à nos yeux la vérité de cette résurrection. « En vérité, en vérité, je vous dis que lheure vient, et elle est déjà venue ». Nous nous attendions à entendre parler de la résurrection des morts qui doit se faire à la fin du monde, à laquelle nous croyons depuis que nous sommes chrétiens, qui fait lobjet de nos espérances, et dont il nous est impossible
1. Luc, XV, 32.
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de douter ; le point de foi qui concerne ta résurrection finale des trépassés a la vérité sur fondement. Mais le Seigneur Jésus voulait nous parler dune certaine résurrection qui précéderait celle des morts, mais qui ne ressemblerait ni à celle de Lazare (1), ni à celle du fils de la veuve (2), ni, enfin, à celle de la fille du chef de la synagogue (3). Toutes ces personnes ont ressuscité pour mourir à nouveau, (car après être descendues dans la tombe, elles en sont sorties avant que saccomplisse la résurrection générale) : en effet, le Christ na-t-il pas dit, pour nous indiquer mm genre différent de résurrection : « Il a la vie éternelle et ne sera point condamné, mais il est passé de la mort à la vie? » A quelle vie? A la vie éternelle. Il ne sagit donc pas dune résurrection pareille à la résurrection corporelle de Lazare, car il a passé de la mort du tombeau à la vie humaine: mon pas à la vie éternelle, mais à une vie qui devait finir encore: ceux, au contraire, qui doivent ressusciter à la fin des temps, passeront à la vie éternelle. Notre-Seigneur Jésus-Christ, notre Maître, le Verbe du Père, et la Vérité aime, voulait donc nous parler dune certaine résurrection des morts qui aboutirait à la vie éternelle, .et précéderait la résurrection générale des trépassés qui doit mettre un terme aux vicissitudes du temps. Aussi dit-il; « Lheure vient ». Imbu des idées de la foi concernant la résurrection de la chair, tu pensais évidemment à la dernière heure de tous les siècles, au jour du jugement suprême; mais pour détourner ton esprit dune idée pareille, le Christ a ajouté : « Et elle est déjà venue ». Par conséquent, en disant : « Lheure vient », il ne prétendait point faire allusion à la dernière de toutes les heures, à ce moment où, « le signal ayant été donné parla voix de larchange et par la trompette du Seigneur, le Sauveur lui-même descendra du ciel, et ceux qui seront morts en Jésus-Christ ressusciteront les premiers; .ensuite, nous qui vivons et serons demeurés jusqualors, nous serons enlevés avec eux sur les nuées, pour aller dans les airs au- devant de Jésus-Christ, et ainsi, nous serons «éternellement avec le Seigneur (4) ». Elle viendra, cette heure-là, mais elle nest pas encore venue. Quelle est cette autre heure?
1. Jean, XI, 43, 44. 2. Luc, VI, 14, 15. 3. Marc, V, 41, 42. 4. I Thess. IV, 15, 16.
Remarquez-le bien. « Lheure vient, et elle est déjà venue ». Quest-ce qui se fait à pareille heure»? Quest-ce? La résurrection des morts, et rien autre chose. Et en quoi consiste cette résurrection ? En ce que ceux qui ressuscitent passent à la vie éternelle. Ainsi en sera-t-il encore à la dernière heure. 10. Eh quoi? quelle idée nous faisons-nous de ces deux résurrections? Ceux qui ressuscitent maintenant sont-ils destinés à ne pas ressusciter plus tard? La résurrection des uns doit-elle avoir lieu présentement, tandis que celle des autres ne se fera quà la fin du monde ? Non. Si, en effet, nous avons la vraie foi, nous sommes déjà ressuscités une fois, et, malgré cela, nous espérons ressusciter encore à la fin des siècles: nous avons donc, au temps présent, ressuscité pour la vie éternelle, si nous persévérons avec fermeté dans la règle de la foi ; et, au moment de la consommation des siècles, quand viendra pour nous lheure dêtre égalés aux anges, nous ressusciterons encore pour la vie qui na pas de fin (1). Que le Seigneur lui-même vous fasse bien voir et bien comprendre ce que jai osé vous dire, à savoir : Comment peut se faire, avant la résurrection générale, une résurrection qui sétende, non pas seulement à ceux-ci ou à ceux-là, mais à tous indistinctement, qui soit différente de celle de Lazare et aboutisse à la vie éternelle ? Il nous fera parfaitement saisir ce mystère. Ecoutez donc le Maître: il va nous éclairer; il va faire parvenir jusquà nos coeurs les rayons de notre soleil: ici, bien entendu, je ne parle pas de lastre que nos yeux charnels aiment à contempler, mais de celui sur lequel notre esprit aime à porter ses regards. Encore une fois, écoutons le Maître. « En vérité, en vérité, je vous le dis, lheure vient, et elle est déjà venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui lauront entendue vivront ». Pourquoi le Christ a-t-il ajouté « Ceux qui lauront entendue vivront ». Ceux-là pourraient-ils lentendre, sils ne vivaient pas? Il lui aurait donc suffi de dire « Lheure vient, et elle est déjà venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu ». Nous aurions compris, par là, quils ne seraient pas daims létat de mort au moment où ils entendraient la voix du Fils de Dieu ; car comment lentendraient-ils, sils ne vivaient pas?
1. Luc, XX, 36.
Or, il na pas dit : Ils entendent, parce quils vivent; mais, ils revivent, parce quils entendent, « Ils entendront, et ceux qui auront entendu vivront ». Quest-ce donc à dire: « Ils entendront? » Ils écouteront. Si lon ne sen tient à laction matérielle de lorgane de louïe. Il est sûr que ceux qui entendront ne vivront pas tous; car il en est beaucoup qui entendent et ne croient pas : ils entendent et ne croient point: cest pourquoi ils nécoutent pas, et parce quils nécoutent pas, ils ne vivent pas. Les mots : « Qui entendront », nont donc ici dautre sens que celui-ci : Qui écouteront. Aussi, ceux qui auront écouté vivront. On prêche le Christ, Verbe et Fils de Dieu, par qui toutes choses ont été faites. Par un effet particulier de la grâce, il sest revêtu de notre humanité et il a pris naissance dans le sein dune Vierge : on la vu enfant, il est devenu adolescent, il a souffert, il est mort, ressuscité et monté au ciel ; il a promis la résurrection des corps et celle des âmes, et, daprès sa promesse, les âmes doivent ressusciter avant les corps, et les corps après les âmes. Celui qui entend et écoute, vivra celui qui entend et nécoute pas, cest-à-dire, celui qui entend et méprise, qui entend et ne croit point, ne vivra pas. Pourquoi cela? Parce quil nentend pas. Quest-ce à dire Il nentend pas? Il nécoute pas. Donc, « ceux « qui auront entendu vivront. 11. Ecoute, maintenant, ce dont nous avons dit vouloir différer lexplication, pour la donner à ce moment-ci autant quil dépendra de nous. Au sujet de cette résurrection, le Christ ajoute aussitôt : « Comme le Père a la vie en soi, ainsi a-t-il donné au Fils davoir en soi la vie ». Quest-ce à dire : « Le Père a la vie en soi ? » Il ne la puise pas ailleurs, il la trouve en lui-même. La vie ne lui vient pas dune autre source, elle nest pas pour lui chose étrangère ; cest son bien propre, elle réside en lui : personne ne la lui prête, pour ainsi parler; il nen devient point participant, comme si elle était différente de sa propre substance; mais il a la vie en soi, de telle façon que cette vie, cest lui. Sil métait possible de vous parler encore un peu à cet égard, je me servirais de quelques exemples afin de porter une lumière plus vive dans vos esprits ; avec laide de Dieu, et votre bonne volonté, jy réussirai. La vie est en Dieu : elle est aussi en notre âme; mais en Dieu, elle nest sujette à aucune vicissitude; en notre âme, elle est exposée à subir des changements : en Dieu, elle ne croît ni ne décroît: il est toujours en lui-même, il est incessamment ce quil est, toujours pareil à lui-même aujourdhui, demain, hier; pour la vie de lâme, elle est singulièrement changeante et différente de ce quelle était précédemment: dabord manquant de prudence, puis éclairée par la sagesse ; tantôt souillée de péchés, et tantôt ornée de justice : aujourdhui, servie par une mémoire heureuse, demain, incapable de rassembler ses souvenirs : parfois sinstruisant, et parfois ne pouvant rien apprendre; oubliant un jour ce quelle avait appris, et apprenant lautre jour ce quelle avait oublié : telle est linconstance de la vie de notre âme. Pour elle, vivre dans létat de péché, cest être constituée dans un état de mort ; et devenir juste, cest participer à une autre vie, différente delle-même; car alors, en sélevant vers Dieu, en sattachant à lui, elle en reçoit la grâce de la justification. Il est dit, en effet : « Lorsquun homme croit en celui qui justifie le pécheur, sa foi lui est imputée à justice (1)». En séloignant de Dieu, lâme devient pécheresse, elle devient juste en sen approchant. Ne te semble-t-il pas voir comme un objet froid qui séchauffe à mesure quon lapproche du feu, ou un objet chaud qui se refroidit à mesure quon len éloigne ? Ce qui est plongé dans les ténèbres ne séclaire-t-il pas si on lapproche de la lumière? ne devient-il pas noir une fois quil en est séparé? Il en est de même de notre âme, mais il nen est pas ainsi de Dieu. Lhomme lui-même peut dire que la lumière se trouve maintenant dans ses yeux. Que les yeux disent donc, sils le peuvent, dans une sorte de langage qui leur serait propre : Nous avons, la lumière en nous-mêmes. Mais on est en droit de leur dire : Vous dites que vous avez la lumière en vous-mêmes : réellement, cela nest pas vrai. Vous avez la lumière, mais elle vous vient du ciel : sil fait nuit, vous avez la lumière, elle se trouve dans la lune, dans un flambeau, mais pas en vous; enfermez-vous, et vous cesserez de recevoir les rayons qui vous éclairent lorsque vous vous ouvrez. Vous navez pas la lumière en vous; car, le soleil une fois couché, retenez la lumière en vous, si cest possible ; il est nuit,
1. Rom. IV, 5.
vous jouissez dune lumière de nuit : eh bien! ôtez le flambeau, et conservez en vous la lumière; puisquen faisant disparaître le flambeau, vous restez dans les ténèbres, cest la preuve que vous navez pas en vous la lumière. Avoir la lumière en soi-même, cest donc navoir aucun besoin de la recevoir du dehors. « Comme le Père a la vie en soi, ainsi a-t-il donné au Fils davoir en soi la vie ». Si vous comprenez bien ces paroles, vous devez le voir, le Sauveur y donne la preuve que le Fils est égal au Père : de là aussi vous devez conclure quentre le Père et le Fils se trouve cette seule différence, que le Père possède en lui-même une vie quil ma reçue de personne, et que le Fils a en lui-même une vie quil a reçue de son Père. 12. Ici se présente une question dont lobscurité exige lexplication; quau lieu de saffaiblir, notre attention se réveille: nous avons, devant nous, pour notre âme, des pâturages; ne nous en détournons point par dégoût: à cette condition, nous aurons la vie. Voilà que tu lavoues toi-même, me dis-tu: le Père a donné la vie à son Fils, afin que celui-ci ait la vie en soi comme le Père la en soi; afin que le Fils nait pas plus besoin de la puiser ailleurs, que son Père nen a lui-même besoin; afin que le Fils soit la vie, comme le Père est la vie ; et que lun et lautre, unis ensemble, fassent une seule vie et non deux vies; car il ny a quun seul Dieu et il ny en a pas deux, et il doit en être de nième de la vie. Comment donc le Père a-t-il donné la vie au Fils? Il ne la lui a pas donnée en ce sens quavant de la recevoir le Fils en aurait été dépourvu, et que pour vivre il aurait nécessairement dû recevoir la vie de mon Père: sil en était ainsi, il naurait pas la vie en soi. Mais jai parlé de lâme. Elle existe : quoiquelle ne soit pas douée de sagesse, quoiquelle ne soit point ornée de justice, elle nen est pas moins une âme; le début de piété ne lempêche pas dêtre. Pour elle, autre chose est donc dêtre une âme, autre chose, dêtre sage, juste, pieuse. Il lui manque dêtre sage, juste, pieuse, et cest quelque chose, ce nest pas rien; et pourtant on ne saurait dire quelle ne vit pas du tout; car elle montre, par certaines de ses oeuvres, quelle a la vie, quoiquelle ne manifeste ni sagesse, ni piété, ni justice. Si elle ne vivait pas, elle ne communiquerait point le mouvement au corps: elle ne commanderait, ni aux pieds de marcher, ni aux mains de travailler, ni aux yeux de voir, ni aux oreilles dentendre: elle ne nous ferait point ouvrir la bouche pour parler, ni remuer la langue pour proférer distinctement. Par ces opérations diverses, elle donne la preuve évidente de son existence; elle montre quelle est dune nature supérieure à celle du corps; mais, par là, prouve-t-elle aussi quelle soit sage, pieuse ou juste? Les fous, les impies, les pécheurs nont-ils pas, eux aussi, lusage de leurs jambes, de leurs mains, de leurs yeux, de leurs oreilles, de leur langue? Mais lorsquelle sélève à quelque chose qui nest pas elle-même, qui lui est supérieur, qui est son principe, alors elle y puise la sagesse, la piété et la justice: pendant quelle en était privée, elle était morte; elle navait point la vie qui pouvait lanimer elle-même; elle ne possédait que la vie en vertu de laquelle elle animait le corps: car autre chose est ce qui dans lâme communique le mouvement aux membres corporels, autre chose, ce qui dans lâme la fait agir elle-même. Elle est meilleure que le corps, mais Dieu est meilleur quelle. Quoique insensée, pécheresse ou impie, elle est, pour le corps, le principe de sa vie. Mais sa vie, à elle, se trouve en Dieu: quand elle anime le corps, elle lui communique la vigueur, la beauté, le mouvement, lusage de ses membres; par analogie, lorsque Dieu, qui est sa vie, habite en elle, il lui communique la sagesse, la piété, la justice, la charité. Il y a donc une grande différence entre ce que lâme donne au corps, et ce que Dieu donne à lâme: elle donne la vie et elle la reçoit; et, quand elle est morte, si Dieu ne lanime pas, elle nest pas moins, pour le corps, le principe de la vie. La parole de Dieu venant à se faire entendre et à Pénétrer dans le coeur de ceux qui lécoutent, et ceux-ci devenant, non-seulement attentifs, mais encore obéissants à cette parole, lâme quitte son état de mort pour arriver à ce qui constitue sa vie, ou, en dautres termes, elle sort de liniquité, de sa folie, de son impiété, pour retourner à son Dieu, qui est pour elle la source de la sagesse, de La justice et de la lumière. Quelle sélève vers lui, quil lillumine. « Approchez-vous de lui », nous dit le Psalmiste. Quen retirerons-nous? « Et vous [470] serez éclairés (1) ». Si vous êtes éclairés en vous approchant de lui, et quen vous en éloignant vous tombiez dans les ténèbres, cest la preuve que votre lumière a sa source, non en vous, mais en Dieu. Approchez de lui, pour quil vous renie la vie; vous mourrez, si vous vous en écartez. Puisquen vous approchant de lui vous vivez, et que vous mourez en vous en écartant, votre vie navait donc pas en vous son principe : votre vie et votre lumière sont donc une seule et même chose. « Parce quen vous se trouve la source de la vie, et que dans votre lumière nous verrons la lumière (2)». 13. Avant dêtre éclairée de Dieu, lâme est dans un état tout différent de celui où elle se trouve ensuite, et elle devient meilleure dès que la participation à un être plus parfait vient à lilluminer: il nen est pas ainsi du Verbe de Dieu, du Fils de Dieu: avant de recevoir la vie il nest pas autre chose quaprès lavoir reçue; il nest pas en possession de la vie comme sil en devenait participant avec le Père: il la en lui-même, et il est lui-même la vie. Que veulent donc dire ces paroles: « Il a donné au Fils davoir la vie en lui-même? » Le voici, en deux mots. Le Père a engendré le Fils. Le Fils na pas reçu la vie après en avoir été un certain temps dépourvu, mais par sa génération, il est la vie. Le Père est la vie sans être engendré; le Fils est la vie parce quil est engendré. Le Père na pas de père qui lengendre : le Fils est engendré de Dieu le Père. Le Père ne tient de personne ce quil est: il est Père à cause du Fils; le Fils est tel à cause de son Père, et ce quil est, il le tient du Père. Ces paroles: « Il a donné la vie au Fils, afin quil lait en lui-même», veulent donc dire ceci: Le Père qui est en lui-même la vie, a engendré son Fils qui serait aussi la vie en lui-même. Car pour ce quil en est du verbe engendrer, le Sauveur a voulu nous le faire entendre dans le sens de donner; comme si nous disions à quelquun: Dieu ta donné lêtre. A qui a-t-il donné lêtre? Si lhomme, auquel il a donné lêtre, existait déjà, il ne le lui a pas donné. Comment donner la vie à celui qui lavait déjà, et comment celui-ci aurait-il pu en recevoir le bienfait, puisquil le possédait déjà? Ces paroles: Il ta donné lêtre, signifient donc que tu nexistais pas, quen
1. Ps. XXXIII, 5. 2. Id. XXXV, 10.
conséquence tu pouvais recevoir la vie, et que, par ce fait même que tu as commencé dexister, tu as reçu lêtre. Un architecte a donné à une maison dexister. Que lui a-t-il donné? De devenir une maison. A qui a-t-il accordé un tel bienfait? A cette maison. Que lui a-t-il donné? Dêtre une maison. Comment a-t-il pu donner à une maison de devenir une maison? Si elle existait déjà, y avait-il réellement possibilité de lui donner de devenir ce quelle était? Que veulent donc dire ces mots: Il lui a donné de devenir une maison? Il la fait devenir maison. Quest-ce que le Père a donné au Fils? Il lui a donné dêtre son Fils; il ta engendré pour quil fût la vie; cest-à-dire: « Il lui à donné davoir la vie en lui-même », afin quil fût la vie même, quil neût pas besoin de la puiser ailleurs, et quon ne le regardât point comme ayant une vie demprunt. Si, en effet, il navait quune vie reçue dailleurs, il pourrait la perdre, et, par là, nen plus avoir: tu ne dois rien supposer on imaginer, ou croire de pareil à légard du Fils. Le Père est donc toujours la vie, et il en est de même du Fils: le Père a la vie en soi, mais il ne la tient pas de son Fils; le Fils a aussi la vie en soi, mais il la tient de son Père: il a été engendré de son Père, afin dêtre la vie en lui-même; mais le Père na pas été engendré pour être la vie en soi. Le Fils na pas été engendré plus petit que le Père, pour grandir ensuite et devenir son égal. Lui qui, dans la plénitude de la perfection, a créé tous les temps, il na pas eu besoin du temps pour se perfectionner. Avant tous les siècles, il est coéternel au Père. Jamais le Père na été sans le Fils, et comme il est éternel, le Fils lui est donc coéternel. O âme humaine, que dire de toi? Tu étais morte, tu avais perdu la vie; écoute le Père dans la personne de son Fils; lève-toi, reprends la vie; puise en celui qui a la vie en soi, celle qui ne se trouve pas en toi-même. Le Père te vivifie, et le Fils aussi: alors sopère ta première résurrection, quand tu ressuscites pour recevoir la vie que tu nas pas, et quen la recevant tu deviens vivant. Sors de ton état de mort; reviens à ta vie qui est ton Dieu: passe de la mort à la vie éternelle. En effet, le Père a la vie éternelle en lui- même, et si le Fils quil engendre nétait point pareil à lui, et navait point la vie en soi, il serait incapable de donner la vie à ceux quil [471] voudrait, de la même manière que le Père la donne aux morts en les ressuscitant. 14. Que dire de cette résurrection du corps? Pour ceux qui écoutent et qui vivent, doù vient quils vivent,-sinon de ce quils entendent? « Lami de lépoux, qui se tient debout .et lécoute, est plein de joie à cause de la noix de lépoux (1) », et non à cause de la sienne propre; cest-à-dire, ils nexistent pas deux-mêmes: ils puisent la vie en Dieu voilà comment ils écoutent et vivent; et tous ceux-là vivent, qui écoutent, parce que tous ceux qui obéissent ont la vie. Seigneur, dites-nous aussi quelque chose de la résurrection de la chair. Il y en a eu pour la nier, et soutenir que la résurrection opérée par la foi est la seule à laquelle on doive croire. Le Christ nous a parlé tout à lheure de cette résurrection, et il a voulu nous animer dune sainte espérance en nous disant que « les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et quils vivront ». Il ne dit pas que, de tous ceux qui lentendront, les uns mourront et les autres vivront; mais que tous « ceux qui lentendront vivront» ; car ceux qui obéiront auront la vie. Il est ici question de la résurrection des âmes, mais ne perdons pas la toi à la résurrection des corps. Seigneur, si vous ne laffirmez pas vous-même, quelle autorité opposerons-nous à nos contradicteurs? Toutes les sectes, assez audacieuses pour faire adopter aux hommes une religion quelconque, nont pas élevé le moindre doute à légard de la résurrection des âmes; elles auraient craint quon pût leur dire: Si lâme ne ressuscite pas, pourquoi me parles-tu? Quel effet prétends-tu opérer en moi? Si, de méchant que je suis, tu ne veux pas me rendre meilleur: si tu ne veux pas me retirer du péché pour me constituer dans la justice, à quoi bon me parler? Dès lors que dun pécheur tu fais un juste, que tu rends pieux un impie, que tu transformes un insensé en un homme sage, tu avoues que mon âme ressuscite, si je tobéis, si jajoute foi à tes paroles. En cherchant à imposer aux autres leurs idées, aucun des propagateurs de fausses religions na pu nier cette résurrection des âmes: tous se sont accordés à ladmettre; mais beaucoup ont nié celle de la chair, et ils ont dit que la foi lavait déjà opérée. Cest contre de telles gens que sélève lApôtre, quand il
1. Jean, III, 29.
dit: « De ce nombre sont Hyménée et Philète, qui se sont écartés de la vérité en disant que la résurrection est déjà arrivée, et qui ont renversé la foi de quelques-uns (1)». A les entendre, la résurrection avait déjà eu lieu, mais de telle manière quon ne devait plus en espérer une autre. Aussi condamnaient-ils les hommes qui espéraient la résurrection de la chair, comma si la résurrection promise sopérait déjà dans les âmes par la foi. LApôtre les condamne à son tour. Pourquoi? Ne disaient-ils pas ce que Jésus-Christ disait lui-même tout à lheure? « Lheure vient, et elle est déjà venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui lentendront, vivront ». Mais, te dit Jésus, je ne te parle encore que de la résurrection des âmes, et non de celle des corps: je parle de la vie de ce qui anime les corps, cest-à-dire des âmes, qui sont pour eux la source de la vie; car, je le sais, il y a des corps dans les tombeaux; vos corps y seront eux-mêmes, un jour, renfermés. Je ne vous parle nullement de leur résurrection: je ne fais allusion quà celle de vos âmes; ressuscitez donc spirituellement, afin de ne point ressusciter corporellement pour les supplices éternels. Toutefois, remarquez-le bien, je parle aussi de la résurrection de la chair; car jajoute: « Comme le Père a la vie en soi, ainsi a-t-il donné au Fils davoir en soi la vie ». Cette vie, qui nest autre que le Père et le Fils, à quoi a-t-elle rapport? A lâme ou au corps? Cette vie de la sagesse ne pénètre point le corps, mais seulement lâme raisonnable: de plus, toute âme ne ressent pas les influences de la sagesse; car les bêtes ont une âme, et cette âme-là nen éprouve point les impressions: lâme de lhomme peut donc être vivante de cette vie que le Père a en soi, et quil a donné au Fils davoir en soi; car cest là évidemment « la lumière véritable qui éclaire » , non pas toute âme, mais « tout homme venant en ce monde». Puisque je parle à lâme, quelle mécoute, cest-à-dire, quelle mobéisse et quelle vive. 15. Seigneur, ne gardez pas le silence au sujet de la résurrection de la chair; car les hommes pourraient ne pas y croire, et, au lieu dêtre des prédicateurs, nous ne serions que des ergoteurs. Ainsi, « comme le Père a la vie en soi, de même a-t-il donné au Fils
1. II Tim. II, 17, 18.
472
davoir en soi la vie ». Que ceux qui entendent, comprennent: quils croient pour comprendre, quils obéissent pour vivre. Quils écoutent encore ce qui suit, afin de ne pas croire que cen est fini avec la résurrection: « Et il lui a donné le pouvoir même de rendre le jugement ». Qui est-ce qui a donné ce pouvoir? Le Père. A qui la-t-il donné? Au Fils, car le pouvoir même de rendre les jugements a été donné par lui à celui à qui il a donné davoir la vie en soi, « parce quil est le Fils de lhomme».Ce Christ est en même temps Fils de Dieu et Fils de lhomme. « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu: il était, au commencement, avec Dieu ». Voilà comment le Père a donné au Fils davoir la vie en soi; mais parce que « le Verbe sest fait chair et quil a habité parmi nous (1)», parce quil est né homme de la Vierge Marie, il est le fils de lhomme. De ce quil est le Fils de lhomme, qua-t-il reçu? Le pouvoir même de rendre le jugement. Quel jugement? Le dernier, à la fin du monde: alors aura lieu la résurrection des morts, cest-à-dire, des corps. Le Seigneur ressuscite donc les âmes par le Christ, en tant que Fils de Dieu: pour les corps, il les ressuscite par le même Christ, en tant que fils de lhomme. « Il lui a donné le pouvoir ». Ce pouvoir, il ne laurait pas, sil ne lavait reçu, et il serait un homme sans pouvoir. Mais sil est fils de lhomme, il est, en même temps, Fils de Dieu. Le fils de lhomme sétant attaché au Fils de Dieu en union de personne, il sest formé une seule personne, qui est, tout à la fois, Fils de Dieu et fils de lhomme. Il faut voir de quels éléments se compose cette personne, et pourquoi. Le fils de lhomme a une âme et un corps: le Fils de Dieu a notre humanité, comme lâme a le corps. De même que lâme, unie au corps, fait, avec lui, non pas deux personnes, mais un seul homme; ainsi, le Verbe, uni à notre humanité, forme avec elle, non deux personnes, mais un seul Christ. Quest-ce que lhomme? Une âme raisonnable revêtue dun corps. Quest-ce que le Christ? Le Verbe de Dieu revêtu de notre humanité. 16. Maintenant, je ne vous dirai pas: Ecoutez-moi, mais: écoutez le Seigneur vous parler de la résurrection de la chair; il va le faire pour ceux qui sont ressuscités et sortis
1. Jean, I, 9, 1, 2, 14.
des bras de la mort en sunissant à la vie. A quelle vie? A celle qui ne connaît point la mort. Et quelle est la vie qui ne connaît pas la mort? Cest celle qui ne subit aucune vicissitude. Pourquoi nest-elle sujette à aucun changement? Parce quelle est la vie en soi. « Et il lui a donné le pouvoir même de rendre le jugement, parce quil est le fils de lhomme ». Quel est ce jugement? De quelle nature est-il? « Ne vous étonnez pas » que je vous aie dit: « Il lui a aussi donné la puissance même de rendre le jugement, parce que lheure vient». Il na pas ajouté: «Et elle est déjà venue ». Il veut évidemment nous parler dune certaine heure, de la fin du monde. Cest maintenant, pour les morts, lheure de ressusciter: ce sera à la fin des temps, pour les morts, lheure de revenir à la vie. Cest maintenant, pour eux, le moment de ressusciter dune manière spirituelle: ce sera, plus tard, celui de la résurrection de leurs corps; quils ressuscitent aujourdhui spirituellement par la puissance du Verbe, Fils de Dieu; à la fin des temps, leur chair reviendra à la vie par la puissance du Verbe fait chair et devenu Fils de lhomme. Car ce nest point le Père qui viendra juger les vivants et les morts, quoiquil soit inséparable du Fils. En quel sens donc ne viendra. t-il pas lui-même? Parce quil napparaîtra pas à lheure du jugement : « Ils verront quel est celui quils ont percé (1)». Il apparaîtra comme juge avec la forme quil avait au moment où il a été jugé : elle a subi un jugement inique, elle rendra un jugement juste. La forme de lesclave viendra donc, et ce sera elle qui se fera voir alors. Quant à la forme de Dieu, comment pourrait-elle se manifester aux bons et aux méchants? Si le jugeaient navait lieu quà légard des justes, la forme de Dieu se montrerait à eux en raison de leur justice; mais parce que le Seigneur jugera en même temps les justes et les pécheurs, et que ceux-ci ne méritent pas de voir Dieu, « Bienheureux ceux qui ont le coeur pur, parce quils verront Dieu », le souverain Juge apparaîtra de telle manière quil puisse être contemplé et par ceux quil couronnera et par ceux quil condamnera. On verra donc alors la forme desclave; celle de Dieu demeurera cachée aux regards des hommes dans la personne de lesclave, le Fils de Dieu
1. Jean, XIX, 37. 2. Matth. V, 8.
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disparaîtra pour ne laisser apercevoir que le Fils de lhomme, « parce quil a reçu le pouvoir même de rendre le jugement ». De ce que le Fils de lhomme se manifestera seul dans la forme desclave, et aussi parce que le Père ne sest pas revêtu de notre humanité, le Père ne se laissera pas voir au jour du jugement. Voilà pourquoi le Sauveur a dit plus haut: «Le Père ne juge personne, mais il a donné tout le jugement au Fils ». Nous avons donc été bien inspirés dattendre, puisquil nous a expliqué lui-même ce quil nous avait dit. Pour commencer, ces paroles étaient obscures pour nous; maintenant nous comprenons, ce me semble, ce quil a voulu nous dire: «Le Père lui a donné le pouvoir même de rendre le jugement ; en effet, le Père ne juge personne, mais il a donné au Fils tout le jugement », car il fera le jugement avec la forme humaine que na point le Père. De quel jugement est-il ici question? « Que cela «ne vous étonne pas; lheure vient » : non pas lheure présente où doivent ressusciter les âmes, mais lheure à venir où les corps sortiront vivants du tombeau. 17. Que le Christ sexprime à ce sujet dune manière plus claire encore, afin dôter à lhérétique qui nie la résurrection de la chair tout prétexte dattaquer noire foi : que ses paroles, déjà comprises, brillent dun nouvel éclat. Lorsque, précédemment, il eut dit : «Lheure vient », il ajouta : « et elle est déjà venue». Maintenant il dit : «Lheure vient», sans ajouter : « Et elle est déjà venue ». Toutefois, que par la claire manifestation de la vérité, il ôte à nos ennemis toute occasion, tout moyen de prise sur nous; quil fasse disparaître toutes les subtilités à laide desquelles ils voudraient nous embarrasser. « Que cela ne vous étonne pas: lheure vient, où tous ceux qui sont dans les tombeaux ». Y a-t-il rien de plus évident, de plus formel? Ce sont les corps qui se trouvent dans les tombeaux; les âmes, quelles quelles soient, justes ou pécheresses, ny sont pas. Lâme du juste a été reçue dans le sein dAbraham; celle du méchant était tourmentée dans lenfer (1); dans le tombeau ne sest trouvée ni lune ni lautre. Je vous en prie, faites attention aux paroles quil a précédemment prononcées : « Lheure vient, et elle est déjà venue».Vous le savez, mes frères: cest par le travail quon arrive
1. Luc, XVI, 22-25.
à se procurer le pain matériel; pour le pain de lâme, que de peines il faut simposer! Il vous en coûte pour rester là et prêter attention à nos paroles; mais pour rester ici et vous parler, il nous en coûte bien davantage. Puisque nous travaillons pour vous, ne devez-vous pas unir vos efforts aux nôtres, afin datteindre au même but? Après avoir dit, précédemment: « Lheure vient», et avoir ajouté: « et elle est déjà venue», comment a continué le Sauveur? « Où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui lentendront vivront». Il na pas ajouté : Tous les morts lentendront, et ceux qui lentendront vivront : il voulait parler des pécheurs morts à la grâce. Mais tous les pécheurs écoutent-ils lEvangile ? LApôtre dit formellement : « Tous nobéissent pas à lEvangile (1)? » Néanmoins, ceux qui écoutent, vivront, parce que tous ceux qui obéissent à lEvangile passeront par la foi, dans le sein de la vie éternelle; mais tous ne lui obéissent pas, et cest maintenant ; mais, à la fin des temps, « tous ceux qui sont dans les tombeaux», cest-à-dire, les justes et les pécheurs, « entendront sa voix et sortiront ». Pourquoi na-t-il pas voulu dire : « Et ils vivront? » Cest que, si tous doivent sortir de leurs tombeaux, tous ne vivront pas. Quand il a dit plus haut « Et ceux qui auront écouté, vivront », il a voulu nous faire comprendre quécouter la voix du Fils de Dieu, cest avoir la vie éternelle et bienheureuse que ne posséderont point tous ceux qui sortiront des tombeaux. De cette mention des tombeaux et de ce fait que les morts en sortiront, nous devons, sans hésiter, conclure à la résurrection des corps. 18. « Tous entendront sa voix et sortiront ». Où sera le jugement, si tous doivent entendre et sortir? Tout ici me semble confusion; rien ne me paraît clairement défini. Evidemment, vous avez reçu le pouvoir de juger, puisque vous êtes le fils de lhomme : vous assisterez au jugement ; les corps ressusciteront; dites-nous donc quelque chose du jugement lui-même, cest-à-dire du discernement qui se fera alors entre les bons et les méchants. Ecoute encore ceci : « Ceux qui auront bien fait, en sortiront pour la résurrection de la vie, mais ceux qui auront mal fait, en sortiront pour la résurrection du jugement». En parlant, plus haut, de la résurrection des
1. Rom. X, 16.
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esprits et des coeurs, a-t-il établi entre eux une différence? Non; ceux qui écouteront vivront, parce que lobéissance sera pour eux la source de la vie; niais, tout en ressuscitant et en sortant de leurs tombeaux, tous ne parviendront pas à la vie éternelle; il ny aura pour cela que ceux qui auront bien fait: ceux qui auront mal fait ressusciteront pour le jugement. Le Sauveur entend le mot jugement dans le sens de supplice. Et alors aura lieu la séparation des uns et des autres, mais bien différente de celle qui existe aujourdhui. A lheure présente, nous sommes séparés, non par la distance, mais par nos moeurs, nos affections, nos désirs, notre foi, notre espérance, notre charité. Nous vivons côte à côte avec les pécheurs; mais, chez tous, la conduite nest pas la même; nous sommes désunis, séparés les uns des autres, dune manière imperceptible à loeil. Nous ressemblons au froment, quand il se trouve dans laire, et non quand il est renfermé dans le grenier. Dans laire, les grains de froment sont tout à la fois séparés les uns des autres, et mélangés ensemble : ils sont séparés, lorsquon les fait sortir de la paille; ils sont mélangés, puisquon ne les a pas encore criblés. Alors se manifestera la différence de la vie daprès celle de la conduite, et la différence des corps daprès celle de la sagesse des moeurs. Ceux qui auront bien fait iront vivre avec les anges de Dieu; ceux qui auront mal fait iront partager les tourments du démon et de ses anges. Alors disparaîtra la forme desclave. Comme il se sera présenté avec cette forme pour lui faire exercer le jugement, il se retirera de ce monde immédiatement après, conduisant à sa suite le corps dont il est le chef, et il remettra à Dieu son royaume (1). A ce moment apparaîtra, dans toute sa splendeur, la forme divine quil aura forcément voilée aux regards dès méchants, pour ne leur laisser voir que sa forme desclave. Voici ce quil en dit ailleurs : « Ceux-ci » (il veut désigner ceux qui seront à gauche) « iront au e feu éternel ; mais les justes iront dans la vie sans fin (2) ». Parlant de cette vie sans fin, il sexprime ainsi en un autre endroit : « Cest la vie éternelle de vous connaître, vous le seul Dieu véritable, et Jésus-Christ que vous avez envoyé (3) ». Alors, dans le séjour de la vie éternelle se manifestera celui qui, étant
1. I Cor. XV, 24. 2. Matth. XXV, 46. 3. Jean, XVII, 3.
Dieu, na point cru que ce fût de sa part une usurpation de ségaler à Dieu (1). Alors il se montrera tel quil a promis de se montrer à ceux qui laiment. « Celui qui maime garde « mes commandements; et celui qui maime sera aimé de mon Père, et moi aussi je laimerai, et je me montrerai moi-même à lui». Il se trouvait devant ceux auxquels il parlait; mais sils avaient sous les yeux sa forme desclave, ils ne voyaient point sa forme divine. Ils ont été conduits sur une bête de somme à lhôtellerie pour y recouvrer la santé : une fois guéris, ils verront, car «je me montrerai moi-même à eux ». Et comment voit-on quil est égal au Père? Il lindique lui-même par ces paroles adressées à Philippe : « Celui qui me voit, voit aussi mon Père (2) ». 19. « Je ne puis rien faire de moi-même: je juge ainsi que jentends, et mon jugement est juste ». Nous pourrions être tentés de lui dire : Vous jugerez, et votre Père ne jugera pas, puisquil est dit : « Il a donné tout jugement au Fils». Par conséquent, ce nest pas daprès votre Père que vous jugerez; aussi a-t-il ajouté : « Je ne puis rien faire de moi-même : je juge ainsi que jentends, et mon jugement est juste; car je ne cherche point ma volonté, mais la volonté de Celui qui ma envoyé ». Evidemment, le Fils donne la vie à ceux à qui il veut la donner. Il ne cherche pas sa volonté, mais la volonté de Celui qui la envoyé. Je ne cherche pas ma volonté, cest-à-dire ma volonté propre, la volonté du Fils de lhomme, une volonté qui résiste à celle de Dieu. Quand les hommes font ce quils veulent au lieu de faire ce quordonne le Seigneur, ils agissent suivant leur volonté, et non suivant celle de Dieu; mais lorsquils font leur volonté, de manière à ce quelle reste subordonnée à celle de Dieu, ils nagissent nullement suivant leur volonté propre, quoiquils fassent ce quils veulent. Fais volontairement ce quon te commande ainsi feras-tu même ce que tu veux, et, au lieu dagir à ta volonté, tu feras celle de ton supérieur. 20. Mais que signifient ces paroles: « Ainsi que jentends, je juge? » Le Fils entend, le Père se montre à lui, et le Fils voit agir le Père. Nous avions différé de vous expliquer ce passage, afin de le faire de notre mieux et dune
1. Philipp. II, 6. 2. Jean, XIV, 21, 9.
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manière un peu plus à votre portée, à condition quil nous resterait, pour cela, après la lecture, assez de forces et de temps. Si je vous disais quil mest encore possible de parler, vous me répondriez peut-être que vous nêtes plus capables de mentendre: peut-être aussi, dans un désir ardent découter la sainte parole, me diriez-vous : Nous pouvons continuer. Je préfère donc vous avouer ma faiblesse, car je suis déjà fatigué, il mest impossible de vous entretenir davantage; puisque vous êtes bien rassasiés, à quoi bon vous servir de nouveaux aliments, que vous ne pourriez suffisamment digérer? Aussi, la promesse que je vous avais faite pour aujourdhui, au cas où il me resterait assez de temps, je men acquitterai demain avec laide de Dieu : Considérez-moi donc comme votre débiteur à cet égard.
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