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CINQUANTE-QUATRIÈME TRAITÉ.DEPUIS CES PAROLES DE JÉSUS : « CELUI QUI CROIT EN MOI, NE CROIT PAS EN MOI, MAIS EN CELUI QUI MA ENVOYÉ », JUSQUÀ CES AUTRES : « CE QUE JE DIS, JE LE DIS SELON QUE LE PÈRE MA DIT ». (Chap. XI, 44-50.)LA DIVINITÉ DU CHRIST.
Dans la crainte de voir ses auditeurs le regarder comme un simple homme, Jésus leur dit que qui croit en lui croit en son Père ; et pour leur montrer quil est Dieu, il ajoute : Qui me voit, voit mon Père ; aussi, je jugerai, à la fin, les hommes rebelles à mes paroles, puisque ce ne sont pas mes paroles, mais celles que le Père ma enseignées en mengendrant de toute éternité.
1. Pendant que Notre-Seigneur Jésus-Christ parlait aux Juifs et confirmait sa doctrine par de si grands miracles, que quelques-uns, prédestinés à la vie éternelle et quil appela ses brebis, crurent en lui, dautres au contraire ne crurent pas en lui, et ils ne pouvaient pas croire, aveuglés et endurcis quils étaient par un secret, mais non pas injuste jugement de Dieu; ils avaient été, en effet, abandonnés par celui qui résiste aux superbes, mais qui donne sa grâce aux humbles (1). Parmi ceux qui crurent en lui, il sen trouva pour le confesser généreusement; car ils prirent à leur main des branches darbres et vinrent au-devant de lui, traduisant par la même expression leur joie et leurs louanges. Dautres, au contraire, qui étaient du nombre des princes, nosèrent confesser leur foi, de peur dêtre chassés de la synagogue; lEvangéliste a signalé ces derniers par ces paroles : « Ils ont préféré la gloire des hommes à la gloire de Dieu (2) ». Même parmi ceux qui ne croyaient pas, les uns devaient croire plus tard, et Jésus les avait en vue lorsquil disait : « Quand vous aurez élevé le Fils de
1. Jacques, IV, 6. 2. Jean, XII, 43.
« lhomme, alors vous reconnaîtrez que je suis (1) ». Dautres, au contraire, devaient persévérer dans leur infidélité, comme a fait ce reste de la nation juive qui, après avoir été décimée par la guerre, sest vue dispersée dans tout le monde pour rendre témoignage à la prophétie qui a été écrite relativement au Christ. 2. Les choses étant ainsi, et le temps de sa passion approchant, « Jésus sécria et dit »; ce sont les paroles par lesquelles a commencé la lecture daujourdhui : « Celui qui croit en moi, croit non pas en moi, mais en Celui qui ma envoyé; et celui qui me voit, voit Celui qui ma envoyé ». Déjà il avait dit en un autre endroit : « Ma doctrine nest pas ma doctrine, mais la doctrine de celui qui ma envoyé (2) ». A cette occasion, nous avons compris que, par sa doctrine, il entendait le Verbe du Père qui est lui-même, et quen disant : « Ma doctrine nest pas ma doctrine, mais la doctrine de celui qui ma envoyé », il voulait dire que ce nétait pas de lui-même quil était ce quil est, mais quil avait en quelquun son principe (3);
1. Jean, VIII, 28. 2. Id. VII, 16. 3. Traité XXIX.
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car il est Dieu de Dieu, Fils du Père, tandis que le Père nest pas Dieu de Dieu, mais Dieu, Père du Fils. Maintenant, quand il dit « Celui qui croit en moi, croit non pas en moi, mais en celui qui ma envoyé », comment lentendrons-nous, sinon que lhomme apparaissait aux hommes, tandis que le Dieu leur restait caché? Et pour ne pas laisser croire quil nétait que ce quon voyait, pour quon le reconnût semblable au Père et aussi grand que lui, il dit : « Celui qui croit en moi, croit non pas en moi », cest-à-dire ne croit pas en ce quil voit, « mais en celui qui ma envoyé », cest-à-dire en Dieu le Père. Mais celui qui croit au Père doit croire quil est Père, et celui qui le reconnaît comme Père, doit croire quil a un fils. Et par là, celui qui croit au Père est obligé de croire au Fils. Mais il fallait quon nattribuât pas au Fils unique ce qui regarde les hommes appelés enfants de Dieu par privilège de la grâce, mais non par nature, comme dit notre Evangéliste : « Il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu (1) », et comme le prouve cette parole écrite dans la loi et qua rappelée Notre-Seigneur : « Jai dit : vous êtes des dieux, et vous êtes tous les enfants du Très-Haut (2)». Cest pourquoi il sécria : « Celui qui croit en moi, ne croit pas en moi », de peur que la foi quon avait en Jésus-Christ sarrêtât à son humanité. Celui-là, dit-il, croit en moi, qui ne croit pas en moi daprès ce quil voit en moi, mais qui croit en celui qui ma envoyé. Ainsi, lorsquil croit au Père, il croit quil a un fils qui lui est égal, et alors il croit véritablement en moi. Car, si selon lui Dieu na de fils que selon la grâce, des fils qui sont, il est vrai, ses créatures, mais qui ne sont pas son Verbe, mais qui ont été faites par son Verbe; sil croit que Dieu na pas un fils semblable à lui-même et coéternel à lui, né dès toujours, et comme lui immuable, en rien dissemblable ou différent de lui-même, celui-là ne croit pas au Père qui la envoyé ; car tout autre est le Père qui la envoyé. 3. Aussi, après avoir dit : « Celui qui croit en moi ne croit pas en moi, mais en celui qui ma envoyé », et de peur quon ne crût quil voulait parler de son Père seulement comme Père des nombreux enfants qua régénérés sa grâce, et non comme Père dun
1. Jean, I, 12. 3. Id. X, 34.
Verbe unique et semblable à lui-même, aussitôt il ajouta : « Et celui qui me voit, voit Celui qui ma envoyé ». Il ne dit pas : celui qui me voit, voit non pas moi, mais Celui qui ma envoyé, ainsi quil venait de dire : « Celui qui croit en moi, croit non pas en moi, mais en Celui qui ma envoyé ». Ces dernières paroles, il les avait dites de peur quon ne crût quil nétait que ce quil paraissait au dehors, cest-à-dire Fils de lhomme; les paroles précédentes, il les avait dites afin quon le crût égal à son Père. Celui qui croit en moi, dit-il, ne croit pas en celui quil voit en moi, mais il croit en Celui qui ma envoyé. Et quand il croit au Père qui ma engendré égal à lui-même, ce nest pas en moi comme il me voit quil doit croire en moi, mais comme en Celui qui ma envoyé. Il est si vrai quil ny a, entre lui et moi, aucune différence, que celui qui me voit, voit Celui qui ma envoyé. Les Apôtres, assurément, ont été envoyés par Notre-Seigneur Jésus-Christ lui-même; leur nom lui-même en est lindice. Car, de même que le mot grec ange veut dire, en latin, messager, le mot grec apôtre signifie envoyé dans la langue latine. Cependant, jamais un apôtre naurait osé dire : « Celui qui croit en moi croit, non pas en moi, mais en Celui qui ma envoyé ». Il naurait pas même dit : « Celui qui croit en moi ». Nous croyons bien un apôtre, mais nous ne croyons pas en un apôtre. Car ce nest pas lapôtre qui justifie limpie. Or, celui qui croit en celui qui justifie limpie, sa foi lui est imputée à justice (1). Un apôtre pourrait dire : Celui qui me reçoit, reçoit Celui qui ma envoyé; ou bien, celui qui mécoute, écoute Celui qui ma envoyé; car le Seigneur a dit lui-même à ses Apôtres : « Celui qui « vous reçoit, me reçoit, et celui qui me reçoit, reçoit Celui qui ma envoyé (2) ». Car le Maître est honoré dans la personne de son serviteur, et le Père dans celle de son Fils; pourvu que lon considère le Père comme étant dans le Fils, et le maître comme étant dans le serviteur. Mais le Fils unique a pu dire avec raison : « Croyez en Dieu et croyez en moi (3) », comme aussi il a pu dire ce quil dit maintenant : « Celui qui croit en moi, croit non pas en moi, mais en Celui qui ma envoyé ». il ne voulait pas empêcher quon crût en lui, mais il ne voulait pas non plus que la foi
1. Rom. IV, 5. 2. Matth, X, 40. 3. Jean, XIV, 1.
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sarrêtât à la forme desclave. Car celui qui croit au Père, qui a envoyé le Fils, croit assurément au Fils, sans lequel il ne connaîtrait pas le Père pour ce quil est; et en croyant au Fils, il le croit égal au Père, parce que Jésus ajoute : « Et celui qui me voit, voit Celui qui ma envoyé». 4. Faites bien attention à ce qui suit: « Moi, la lumière, je suis venu dans le monde, afin que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres ». Dans un autre endroit, Jésus dit à ses disciples: « Vous êtes la a lumière du monde; une cité placée sur une montagne ne peut être cachée, et on nallume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur un chandelier, afin quelle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin quils voient vos bonnes oeuvres, et quils glorifient votre Père qui est dans les cieux (1) ». Mais il ne leur dit pas : Vous êtes la lumière; vous êtes venus dans le monde, afin que quiconque croit en vous ne demeure point dans les ténèbres. Et jaffirme quon ne le lira nulle part. Tous les saints sont donc des lampes, mais cest en croyant quils sont éclairés par celui dont on ne peut séloigner sans tomber dans les ténèbres. Pour cette lumière qui éclaire les saints, elle ne peut sécarter delle-même, parce quelle est tout à fait immuable. Nous croyons donc aux lumières éclairées comme étaient les Prophètes, les Apôtres. Mais en croyant à ces lumières, nous ne croyons pas en la lumière éclairée elle-même, mais avec elle nous croyons en la lumière qui les éclaire, afin que nous aussi nous soyons éclairés, non par elle, mais avec elle, par la lumière qui les éclaire elle-même. Lorsque Jésus ajoute : « Afin que quiconque croit en moi, ne demeure pas dans les ténèbres », il montre assez quil a trouvé tous les hommes dans les ténèbres; mais pour ne pas rester dans ces ténèbres où il les a trouvés, il leur faut croire en la lumière qui est venue en ce monde, parce que par elle a été fait le monde. 5. « Et si quelquun entend mes paroles », continua-t-il, « et ne les garde pas, moi je ne le juge point ». Rappelez-vous ce que je crois vous avoir dit dans nos précédents entretiens. Si quelques-uns lont oublié, quils
1. Matth. V, 14-16.
tâchent den raviver le souvenir; pour vous, qui ny assistiez pas, écoutez-moi : je vais vous expliquer comment le Fils peut dire : « Moi je ne le juge pas », après avoir dit ailleurs : « Le Père ne juge personne, mais il a donné tout jugement au Fils (1) ». Il faut entendre ainsi ce passage : présentement je ne le juge pas. Pourquoi donc ne le jugé-je pas maintenant? Ecoutez ce qui suit : « Car je ne suis pas venu », dit-il, « pour juger le monde, mais pour sauver le monde » : cest-à-dire pour opérer le salut du monde. Cest donc maintenant le temps de la miséricorde, ensuite viendra le temps du jugement; car il est dit : « Seigneur, je chanterai votre miséricorde et votre justice ( 2) ». 6. Mais voyez ce que le Sauveur dit du jugement qui doit arriver à la fin des temps « Celui qui me rejette et ne reçoit pas mes paroles, a pour juge la parole que jai annoncée, celle qui le jugera au dernier jour ». Jésus ne dit pas : Celui qui me rejette et ne reçoit pas mes paroles, je, ne le jugerai pas au dernier jour. Car sil eût ainsi parlé, je ne vois pas comment cette parole neût pas été en contradiction avec ce quil dit ailleurs : « Le Père ne juge personne, mais il a donné tout jugement au Fils ». Mais lorsquil dit : « Celui qui me rejette et ne reçoit pas mes paroles, a quelquun pour le juger », et que, répondant à lattente de ceux qui veulent savoir quel est ce juge, il ajoute : « Ce sera la parole que jai annoncée qui le jugera au dernier jour », il montre assez quil sera lui-même ce juge. Car il est lui-même la parole quil a dite, il est lui-même la parole quil a annoncée, il est lui-même la porte par laquelle le pasteur doit.. entrer dans la bergerie. Cest pourquoi autrement seront jugés ceux qui nauront pas entendu sa parole; autrement seront jugés ceux qui lauront entendue et méprisée. « Car ceux qui auront péché sans la loi », dit lApôtre, « périront sans la loi, « et ceux qui auront péché sous la loi, seront jugés par la loi (3) ». 7. « Car je nai point parlé de moi-même», dit Jésus-Christ. Jésus dit quil na point parlé de lui-même, parce quil nest point de lui-même. Nous vous lavons déjà répété souvent; et cette doctrine vous étant familière, je dois moins vous lapprendre que vous la faire remarquer en passant. « Mais
1. Jean, V, 22. 2. Ps. C, 1. 3. Rom. II, 12.
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mon Père, qui ma envoyé, ma lui-même prescrit ce que je dois dire, et la manière dont je dois parler ». Nous ne nous mettrions pas en peine de vous expliquer cela, si nous étions certains de parler à ceux-là seuls qui ont entendu ce que nous en avons dit précédemment; et quoique ceux qui nous ont entendu ne soient pas tous là, si ceux qui sy trouvent avaient retenu dans leur mémoire ce quils ont entendu. Mais il en est peut-être ici qui nont pas entendu nos précédents discours; ils ressemblent à ceux,qui ont oublié ce quils ont entendu; à cause deux, nous prions ceux qui ont retenu ce quils ont entendu de nous permettre de nous arrêter quelque peu. Comment le Père donne-t-il un commandement à son Fils unique ? Par quel Verbe parle-t-il à son Verbe, puisque son Fils est lui-même son Verbe unique? Est-ce par un ange? Cest par lui quont été créés les anges. Est-ce au moyen dune nuée ? Mais quand du sein de cette nuée une voix se fit entendre au Fils, ce ne fut pas, Jésus nous lapprend lui-même ailleurs, ce ne fut pas pour lui, mais pour les autres qui devaient recevoir de tels enseignements. Est-ce par un son articulé par des lèvres? Mais il na point de corps et aucun intervalle ne sépare le Fils du Père : entre eux, il nexiste aucun espace rempli dair, qui, étant agité, produirait une voix capable darriver jusquà loreille. Gardons-nous bien davoir de telles pensées de cette substance incorporelle et ineffable. Le Fils unique est le Verbe du Père et la sagesse du Père. En elle sont tous les commandements du Père. Ainsi le Fils na jamais ignoré aucun commandement du Père : par conséquent, il nétait pas nécessaire quil reçût dans le temps ce quil navait pas auparavant. Tout ce qua le Fils, il la reçu du Père, mais cest en naissant quil la reçu, et cest en lengendrant que le Père le lui a donné. Le Fils est la vie, et assurément il a reçu la vie en naissant, et il ny a pas eu auparavant un moment où il ait existé sans avoir la vie. Car le Père a la vie et il est lui-même la vie quil a ; mais il ne la reçoit pas, parce quil nest pas dun autre. Mais le Fils a reçu la vie, et cest le Père duquel il est, qui la lui a donnée. Le Fils est aussi ce quil a : car il a la vie et il est la vie. Ecoutez ce quil dit lui-même : « Comme le Père a la vie en lui-même, il a aussi donné au Fils davoir en lui-même la vie (1) » . La-t-il donnée à quelquun qui existait déjà, mais sans avoir la vie? Il lui a donné 1a vie par cela même quil la engendré. Il a donc engendré la vie, et la vie a engendré la vie. Et comme ce quelle a engendré lui est semblable, elle na pas engendré une vie différente delle-même. Cest pourquoi il a été dit : « Comme le Père a la vie en lui-même, il a aussi donné au Fils davoir en lui-même la vie » . Il a donné la vie, car en engendrant la vie que lui a-t-il donné, sinon dêtre là vie? Et comme cette naissance est éternelle, il ny a jamais eu un seul instant où nait pas existé le Fils qui est la vie ; jamais le Fils na été privé de vie, et de même que sa naissance est de toute éternité, ainsi celui qui est né est la vie éternelle. Par conséquent, le commandement qua donné le Père, le Fils na jamais été sans lavoir reçu. Mais, comme je vous lai dit, tous les commandements du Père sont dans la sagesse du Père, cest-à-dire dans le Verbe du Père. Il est dit cependant quun commandement a été donné, parce que celui quon dit lavoir reçu nest pas de lui-même ; et donner au Fils ce sans quoi il na jamais existé, cest engendrer le Fils qui na jamais été sans exister. 8. Le Sauveur ajoute ensuite : « Et je sais que son commandement est la vie éternelle ». Si donc le Fils est la vie éternelle, et si la vie éternelle est le commandement du Père, nest-ce pas dire : Je suis le commandement du Père? Aussi, quand il ajoute : « Ce que je dis, je le dis comme le Père me la dit », il ne faut pas entendre ces mots : « Comme le Père me la dit », en ce sens que le Père ait adressé la parole à son Verbe unique, ou bien que le Verbe de Dieu ait besoin des paroles de Dieu. Comme le Père a donné la vie au Fils, ainsi il a dit au Fils, non ce que le Fils ignorait ou navait pas, mais ce quétait le Fils lui-même. Quest-ce à dire : « Comme le Père ma dit, ainsi je parle », sinon : Je dis vrai? Le Père la dit, parce quil est la véracité même; le Fils le dit, parce quil est la vérité. Celui qui est la véracité a engendré la vérité : que pourrait-il donc dire maintenant à la vérité? La vérité nétait pas imparfaite, on ne pouvait lui ajouter rien de vrai : il a donc parlé à la vérité, parce quil la engendrée. La vérité dit ce qui lui a été dit ; mais elle le dit à ceux qui la comprennent
1. Jean, V, 26.
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lorsquelle leur apprend comment elle est née. Mais pour aider les hommes à croire ce quils ne peuvent encore comprendre, la vérité sest adressée à eux par la bouche de lhumanité : elle leur a dit des paroles qui ont formé des sons et duré le temps voulu, et qui se sont ensuite évanouies. Mais les choses elles-mêmes, dont ces sons nétaient que les signes, ont pénétré dans la mémoire de ceux qui ont entendu les sons ; elles sont arrivées aussi jusquà nous par le moyen des lettres qui sont des signes visibles. La vérité ne parle pas ainsi : aux âmes intelligentes elle parle inférieurement; elle ne se sert point de sons pour les instruire, elle répand en elles une lumière quelles saisissent. Celui qui peut en elle voir léternité de sa naissance, lentend parler comme le Père lui a dit de le faire. Par là elle excite en nous un grand désir de goûter sa douceur tout entière. Mais nous ny réussissons quen grandissant; nous ne grandissons quen marchant; nous ne marchons quen avançant, et, par cela seul, nous devenons capables dy arriver.
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