CINQUIÈME SÉRIE.
TRAITÉS SUR SAINT JEAN.
EVANGILE
ET EPÎTRE AUX PARTHES
In uvres complètes de Saint Augustin traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Poujoulat et de M. labbé Raulx, Bar-Le-Duc 1864, aux tomes X et XI.
[
Accueil ]
[
TRAITÉ I ]
[
TRAITÉ II ]
[
TRAITÉ III ]
[
TRAITÉ IV ]
[
TRAITÉ V ]
[
TRAITÉ VI ]
[
TRAITÉ VII ]
[
TRAITÉ VIII ]
[
TRAITÉ IX ]
[
TRAITÉ X ]
[
TRAITÉ XI ]
[
TRAITÉ XII ]
[
TRAITÉ XIII ]
[
TRAITÉ XIV ]
[
TRAITÉ XV ]
[
TRAITÉ XVI ]
[
TRAITÉ XVII ]
[
TRAITÉ XVIII ]
[
TRAITÉ XIX ]
[
TRAITÉ XX ]
[
TRAITÉ XXI ]
[
TRAITÉ XXII ]
[
TRAITÉ XXIII ]
[
TRAITÉ XXIV ]
[
TRAITÉ XXV ]
[
TRAITÉ XXVI ]
[
TRAITÉ XXVII ]
[
TRAITÉ XXVIII ]
[
TRAITÉ XXIX ]
[
TRAITÉ XXX ]
[
TRAITÉ XXXI ]
[
TRAITÉ XXXII ]
[
TRAITÉ XXXIII ]
[
TRAITÉ XXXIV ]
[
TRAITÉ XXXV ]
[
TRAITÉ XXXVI ]
[
TRAITÉ XXXVII ]
[
TRAITÉ XXXVIII ]
[
TRAITÉ XXXIX ]
[
TRAITÉ XL ]
[
TRAITÉ XLI ]
[
TRAITÉ XLII ]
[
TRAITÉ XLIII ]
[
TRAITÉ XLIV ]
[
TRAITÉ XLV ]
[
TRAITÉ XLVI ]
[
TRAITÉ XLVII ]
[
TRAITÉ XLVIII ]
[
TRAITÉ XLIX ]
[
TRAITÉ L ]
[
TRAITÉ LI ]
[
TRAITÉ LII ]
[
TRAITÉ LIII ]
[
TRAITÉ LIV ]
[
TRAITÉ LV ]
[
TRAITÉ LVI ]
[
TRAITÉ LVII ]
[
TRAITÉ LVIII ]
[
TRAITÉ LIX ]
[
TRAITÉ LX ]
[
TRAITÉ LXI ]
[
TRAITÉ LXII ]
[
TRAITÉ LXIII ]
[
TRAITÉ LXIV ]
[
TRAITÉ LXV ]
[
TRAITÉ LXVI ]
[
TRAITÉ LXVII ]
[
TRAITÉ LXVIII ]
[
TRAITÉ LXIX ]
[
TRAITÉ LXX ]
[
TRAITÉ LXXI ]
[
TRAITÉ LXXII ]
[
TRAITÉ LXXIII ]
[
TRAITÉ LXXIV ]
[
TRAITÉ LXXV ]
[
TRAITÉ LXXVI ]
[
TRAITÉ LXXVII ]
[
TRAITÉ LXXVIII ]
[
TRAITÉ LXXIX ]
[
TRAITÉ LXXX ]
[
TRAITÉ LXXXI ]
[
TRAITÉ LXXXII ]
[
TRAITÉ LXXXIII ]
[
TRAITÉ LXXXIV ]
[
TRAITÉ LXXXV ]
[
TRAITÉ LXXXVI ]
[
TRAITÉ LXXXVII ]
[
TRAITÉ LXXXVIII ]
[
TRAITÉ LXXXIX ]
[
TRAITÉ XC ]
[
TRAITÉ XCI ]
[
TRAITÉ XCII ]
[
TRAITÉ XCIII ]
[
TRAITÉ XCIV ]
[
TRAITÉ XCV ]
[
TRAITÉ XCVI ]
[
TRAITÉ XCVII ]
[
TRAITÉ XCVIII ]
[
TRAITÉ XCIX ]
[
TRAITÉ C ]
[
TRAITÉ CI ]
[
TRAITÉ CII ]
[
TRAITÉ CIII ]
[
TRAITÉ CIV ]
[
TRAITÉ CV ]
[
TRAITÉ CVI ]
[
TRAITÉ CVII ]
[
TRAITÉ CVIII ]
[
TRAITÉ CIX ]
[
TRAITÉ CX ]
[
TRAITÉ CXI ]
[
TRAITÉ CXII ]
[
TRAITÉ CXIII ]
[
TRAITÉ CXIV ]
[
TRAITÉ CXV ]
[
TRAITÉ CXVI ]
[
TRAITÉ CXVII ]
[
TRAITÉ CXVIII ]
[
TRAITÉ CXIX ]
[
TRAITÉ CXX ]
[
TRAITÉ CXXI ]
[
TRAITÉ CXXII ]
[
TRAITÉ CXXIII ]
[
TRAITÉ CXXIV ]
TRAITÉS SUR LÉVANGILE DE SAINT JEAN.
Traités I - LXVI (chap. XIII, 36-38)
SUR CE TEXTE DE JEAN : « AU COMMENCEMENT ÉTAIT LE VERBE ET LE VERBE ÉTAIT EN DIEU », JUSQUA CES MOTS : « ET LES TÉNÈBRES NE LONT POINT COMPRISE. » (Chap. I, 4-5.)
Pareil à une montagne qui sélève jusquau ciel, Jean va y puiser la connaissance des mystères supérieurs à lesprit humain ; puissions-nous, en le suivant, arriver au même but ! Le Verbe est la parole de Dieu, parole intérieure, immatérielle, éternelle ; par qui toutes choses ont été faites ; il est larchétype, le principe vivifiant de toutes les créatures, et, en particulier, la lumière de lhomme.
Haut du document
SAINT JEAN, PRÉCURSEUR DU CHRIST.
Lhomme ne saurait, ni par lui-même, ni par un autre moyen humain, se faire une idée de la nature du Verbe; mais pour linstruire, le Fils de Dieu sest fait chair et est mort sur use croix. Il est la lumière véritable; néanmoins, afin de nêtre pas méconnu, il a envoyé devant lui une lampe destinée à ménager la faiblesse de nos yeux et à nous faire voir ce soleil qui éclaire le monde, ce maître qui le gouverne. Malgré cela plusieurs ne lont pas reçu; pour ceux qui lui ont fait bon accueil, ils sont devenus par la grâce de lincarnation les enfants adoptifs de Dieu, et ils ont reconnu en Jésus-Christ le Fils de lEternel.
Haut du document
LOI ET GRÂCE.
Le médecin, venu jour guérir ceux qui étaient sous la loi, cest le Verbe fait chair. Il était Fils de Dieu, véritable lumière du monde : celui-ci ne la pas connu : aussi, Jean est-il venu le montrer au monde, comme source de grâce et de bonheur. Par Adam, nous étions condamnés à la mort éternelle; par le Christ, nous avons été amenés à avoir la foi et à mériter la récompense des élus. La loi rendait les hommes coupables; la grâce et la vérité du Christ nous ont donné linnocence. Les observateurs de la loi ne recevaient quune récompense temporelle ; si nous accomplissons la loi nouvelle, la vie éternelle sera notre partage.
Haut du document
Par son Incarnation le Fils de Dieu sétait si profondément abaissé, que les Juifs le méconnurent néanmoins, comme ils attendaient le Messie, et que la vertu de Jean les étonnait, ils envoyèrent des députés à celui-ci pour lui demander qui il était : « Je ne suis pas le Christ; mais un autre, plus grand que moi, vient après moi cest lagneau de Dieu, cest son Fils ». Ainsi par ses paroles et son baptême Jean-Baptiste a-t-il rempli, pour le premier avènement du Christ, le même rôle quElie pour le second, et fait reconnaître notre Sauveur, malgré les abaissements de son humanité, pour le Messie envoyé de Dieu.
Haut du document
LE BAPTÊME DU CHRIST.
Saint Jean était véridique, puisquil s été envoyé par la Vérité même: comment donc, au moment de baptiser le Christ, a-t-il pu dite quil devait être lui-même baptisé par le Christ, tandis quun peu plus loin il ajoute : « Je ne le connaissais pas? » Jean baptisait, mais en son propre nom : bien différent est le baptême du Christ; ceux qui le donnent, le donnent en son nom seul; car sil a commandé à ses Apôtres dadministrer le baptême, il sest réservé le pouvoir de le rendre efficace. Jean savait que le Christ était le Seigneur, mais il ignorait que le baptême du Christ ne porterait pas dautre nom et naurait de vertu que par lui.
Les Donatistes lignorent aussi ou feignent de lignorer, puisquils réitèrent le baptême conféré par les hérétiques, concluant des défauts du ministre à son invalidité. La colombe a instruit Jean du contraire; en cela consiste notre foi et notre tranquillité, et sil a fallu réitérer le baptême de Jean, parce quil était celui de Jean, nous savons quil ne faut point réitérer celui du Christ, quels quen soient les ministres, parce quil tire de lui seul toute son efficacité.
Haut du document
LA COLOMBE.
Pourquoi lEsprit-Saint a-t-il été figuré par une colombe au baptême de Jésus-Christ? Comme le corbeau est limage de lorgueil, de la cruauté et de la discorde, ainsi la colombe est lemblème de lhumilité, de la simplicité, de la douceur et de la paix : et le est le signe de lunité en Dieu, dans le baptême, dans lEglise, et, par conséquent de lunion des coeurs dans la charité. Hors de là point de salut : le baptême est inutile et même nuisible: témoin celui de Simon le Magicien La colombe rapportant un rameau dolivier dans larche est la preuve de ce que nous disons : dailleurs la foi sans les oeuvres est stérile, et les oeuvres sans la charité ne servent de rien pour le ciel; sur quoi alors les Donatiens peuvent-ils sappuyer et se tranquilliser?
Haut du document
LES TÉMOINS DU CHRIST.
La colombe a fait connaître à Jean lunité du baptême et lunion des coeurs dans le Christ par la charité qui vivifie les oeuvres et même ta foi, et les rend dignes du ciel; aussi cet Apôtre en a-t-il rendu témoignage et affirmé que Jésus est « lAgneau de Dieu qui efface les péchés du monde ». A ces paroles du Précurseur, les deux disciples, qui étaient là, sapprochèrent du Christ vers la dixième heure pour lui adresser une question, et trouvèrent en lui lauteur et le docteur de la loi que nous devons accomplir dans le sentiment de la charité, avec le secours et la grâce de notre maître. Pierre vint ensuite, qui reçut de Jésus le privilège de figurer lEglise, cette pierre sur laque le seule peut reposer solidement lédifice de notre sanctification. Puis, Nathanaël lui succéda, homme docte et digne, à cause de sa droiture. dêtre sinon choisi comme apôtre, du moins guéri par le céleste médecin. A la première parole du Christ, il reconnut effectivement en lui le Fils de Dieu è cause de sa miséricorde pour les pécheurs; il crut donc, mais sa foi devait saccroître encore à la vue des vertus et des travaux des Apôtres.
Haut du document
LES NOCES DE CANA.
Tontes les oeuvres visibles ou invisibles quopère la Verbe sont admirables. Néanmoins lhabitude de les contempler affaiblit notre admiration nous ne laccordons quà celles dont le spectacle soffre moins souvent à nos yeux. Aussi, le Fils de Dieu fait homme a-t-il accompli des prodiges pour frapper nos sens et nous amener à la foi; il en est de celui-ci comme des astres. Jésus est venu aux noces de Cana, comme par son Incarnation il était venu célébrer les noces de sa divinité avec son humanité, de son Eglise avec lui-même. De ces paroles à Marie: « Femme, quy a-t-il de commun entre vous et moi?» Certains hérétiques concluent que le Christ navait pas un véritable corps : le contexte les condamne; dailleurs on demandait un prodige que le Sauveur ne pouvait opérer quen tant que Dieu : comme tel, il ne reconnaissait pas Marie pour mère, puisquil nen avait pas; il ne devait la reconnaître pour telle que sur la croix. Dautres infèrent de ces autres paroles «Mon heure nest pas encore venue », que Jésus nétait pas libre; cette interprétation est fautive, car il a dit : « Jai le pouvoir de quitter ma vie et de la reprendre ». Son oeuvre nétant pas accomplie au moment des noces de Cana, lheure nétait pas encore venue de reconnaître Marie pour sa mère. Voilà le vrai sens de ces paroles.
Haut du document
LE MIRACLE DE CANA.
Tous les actes du Sauveur ont leur signification, sa présence aux noces de Cana a la sienne comme les autres circonstances de sa vie. Le prodige opéré en cette occasion a deux sens : 1° Leau changée en vin figurait les prophéties relatives au Messie, lettre morte, paroles sans vertu quil a vivifiées par son incarnation ; les six âges du monde, tous prophétiques, étaient représentés par les six urnes pleines deau; et de même que celte eau devait être changée en vin par le Christ ainsi tee prophéties devaient recevoir toute leur valeur de leur application à sa personne; enfin par les deux mesures contenues dans les urnes sentendent le Père et le Fils, et par les trois le mystère de la sainte Trinité ; 2° Les prophéties des six âges venaient du peuple Juif, mais elles avaient trait à toutes les nations dont se compose le peuple chrétien. Ainsi lunion dAdam et dEve en une seule chair représentait lunion de Jésus-Christ avec son Eglise : larche de Noé était limage du bois de la croix réunissant près de lui et sauvant toutes les nations ; le sacrifice d'Abraham préfigurait celui du Calvaire; les psaumes de David ont incessamment trait à lempire de Dieu sur tous les peuples; ta pierre détachée de la montagne et devenant elle-même une montagne qui remplit toute la terre, nest-ce pas Jésus-Christ issu du peuple Juif par sa naissance virginale et exerçant sa puissance sur le monde entier ? Et la conversion des Gentils à la foi nest-elle pas laccomplissement des paroles adressées aux Juifs par Jean-Baptiste? Les deux mesures représentent les circoncis et les incirconcis dont se compose le peuple chrétien, elles trois mesures sont les trois races humaines dont les fils de Noé ont été la source.
Haut du document
LE TEMPLE DE DIEU.
Jésus vint à Capharnaüm avec sa mère, ses frères, cest-à-dire ses parents charnels; puis il monta à Jérusalem. Arrivé au temple, il en chassa les vendeurs avec un fouet fait de cordes. Ce fouet était une image de nos péchés, qui nous précipitent dans les ténèbres extérieures ; les vendeurs de brebis et de colombes représentaient ceux qui cherchent leur profit temporel dans la dispensation des dons du Saint-Esprit; les vendeurs de boeufs figuraient ceux qui altèrent les oracles des Prophètes et des Apôtres pour sattirer mie gloire humaine; à lexemple de Jésus nous devons être animés, même dans nos il maisons, du zèle des intérêts de Dieu. Les Juifs lui demandèrent une preuve du pouvoir en vertu duquel il agissait ainsi, et il répondit : « Détruisez ce temple, et je le rebâtirai en trois jours ». Il sagissait de son corps.
Haut du document
(Prêché un peu avant Pâques, daprès le n° 1, et un Dimanche, daprès le traité suivant n° 1.)
LA SECONDE NAISSANCE.
Beaucoup croyaient au Christ, mais il ne se fiait pas à eux; ils croyaient en lui à cause de ses miracles. De ce nombre fut Nicodème, fidèle image des catéchumènes Cet homme vint de nuit à Jésus pour être éclairé. il avait encore des pensées charnelles; cest pourquoi il ne jugeait point sainement des choses spirituelles et ne comprenait pas quil pût y avoir une seconde naissance puisée en Dieu et dans l'Eglise. Comme la naissance corporelle, la naissance spirituelle est unique. Ainsi, parmi les enfants d'Abraham dIsaac et de Jacob, il sen est trouvé pour recevoir la vie dune esclave, et qui ont néanmoins hérité de leur père; dautres étaient nés dune mère libre et nont eu aucune part à lhéritage paternel. De même, parmi les enfants de lhérésie plusieurs seront sauvés, et parmi ceux de lEglise catholique plusieurs seront condamnés Lhérétique et le catholique doivent donc, pour parvenir au salut, non pas lutter avec celui qui a reçu le baptême catholique et qui vit spirituellement, comme Israël luttait avec Isaac, et Esaü avec Jacob; mais se rapprocher de lui par la soumission et sunir à lui par les liens de la charité.
Haut du document
LA NAISSANCE SPIRITUELLE.
Lhomme ne peut naître spirituellement quune seule, fois, comme il ne peut quune seule fois naître corporellement, Quil reçoive le baptême dans lEglise catholique, dans lhérésie ou le schisme, peu importe pourvu quil soit soumis à Jésus-Christ. La naissance spirituelle est indispensable au salut, mais elle na lieu quautant quon se rapproche du Sauveur par lhumilité. Pour comprendre ce mystère, il faut croire à celui de lIncarnation du Verbe. Le Verbe sest humilié jusquà la mort, afin de nous élever jusquà la vie éternelle; mais tous ne participent point à sa rédemption, car il en est que leurs péchés empêchent de croire. Reconnaissons et confessons nos fautes, et nous arriverons à la foi et à la justification.
Haut du document
JEAN, TÉMOIN DU CHRIST.
Jusqu'alors Jean avait rendu témoignage au Christ, sans néanmoins affirmer quil fut Dieu. Pour le voir sous son enveloppe mortelle, il faut, comme les anges, le contempler des yeux de l'âme, et se servir de son humanité afin de parvenir jusquà sa divinité. Jean baptisait donc en Enon : Jésus aussi; de là, grande discussion entre les disciples de Jean et les Juifs. Loin de se glorifier, le précurseur en prit occasion de shumilier : Je ne suis pas le Christ, dit-il, je ne suis que lami de lépoux et je défends son épouse par la pureté de ma charité et lunité de ma foi. Les hérétiques, qui pensent avant tout à eux-mêmes, et prêchent la division imitent-ils Jean? Evidemment non. Ne nous laissons donc séduire ni par leurs paroles, ni par leurs prodiges, et conservons la simplicité de la foi dans l'union de la charité.
Haut du document
LE CHRIST, SOURCE DE TOUTE VÉRITÉ.
Saint Jean affirme quil surabonde de joie, car il est uni au Sauveur par la foi et la charité; et, continuant à professer lhumilité la plus profonde, il avoue que le Christ doit être de plus en plus connu et glorifié, parce quil est la source de toute lumière et de toute grâce, tandis que lui-même doit déchoir, chaque jour davantage dans lopinion des hommes, parce quil nest rien et ne sait rien que par lentremise du Verbe. En effet, le Verbe divin est seul pour avoir vu et entendu le Père, pour avoir pu nous en parler. Les hommes, prédestinés à la damnation, ne reçoivent point son témoignage; mais ses futurs élus savent quil est la vérité même, puisque Dieu le Père lui a révélé tous les mystères de son essence infinie, et quil la envoyé pour nous en instruire. Nul autre moyen de posséder la vie, que de croire à sa parole.
Haut du document
LA SAMARITAINE.
Jésus, baptisant par lui-même ou part ses disciples plus que Jean, et sachant que les Pharisiens prendraient de là occasion de le persécuter, sen alla en Galilée et passa par Samarie. A six heures, il se trouva près dun puits, et la fatigue du voyage ly fit asseoir. Ce voyage figurait son Incarnation ; sa fatigue, la faiblesse où il sest réduit pour nous rendre forts; lheure indiquait le sixième âge du monde, et te puits marquait la profondeur de nos misères. Une femme, image de lEglise des Gentils, vint puiser de leau et le rencontra. Après lui avoir demandé un peu deau pour se rafraîchir, le Sauveur offrit à cette femme une eau qui étancherait sa soif pour toujours ; mais, avec des idées toutes charnelles, elle ne pensait quà un breuvage ordinaire, signe trop fidèle des voluptés mondaines, et non à cette boisson spirituelle qui est la vérité. Alors le Christ lui dit dappeler son mari, cest-à-dire demployer toute son intelligence à lécouter. Je nen ai point. Cest vrai, car tu en as cinq, et celui que tu as nest pas le tien ; en dautres termes, tu as eu pour guides tes sens corporels, et rien, sinon lerreur, nest venu les remplacer. Appelle donc ton intelligence à ton aide. Et elle lappela, et elle comprit quà la venue du Messie tonte séparation cesserait entre es Juifs et les Samaritains ou Gentils, et elle reconnut le Messie dans celui qui lui parlait, et elle crut en lui, et elle devint lapôtre des Samaritains dont plusieurs crurent à ses paroles.
Haut du document
LE SERVITEUR DUN OFFICIER GUÉRI.
Après avoir séjourné à Samarie, Jésus vint en Galilée, et alors se vérifia, une fois de plus, ce proverbe « Un prophète nest jamais honoré dans son pays ». En effet, sans voir un seul prodige, à sa seule parole, les Samaritains crurent au Christ. En Galilée on avait sous les yeux ses miracles, et lon ne croyait pas en lui; un seul, un officier, eut la foi, et encore, pour ly amener, fallut-il dabord guérir son serviteur. Les Galiléens préfiguraient donc le peuple Juif, qui demeura incrédule en dépit des merveilles opérées par le Sauveur; pour les Samaritains, ils étaient limage du peuple chrétien, qui a embrassé la toi sans avoir été le témoin daucun de ses miracles, et qui est devenu ainsi, par adoption, la race spirituelle dAbraham, dIsaac et de Jacob.
Haut du document
GUÉRISON DU PARALYTIQUE.
Ce miracle est limage de la guérison des âmes : de là son importance. La piscine figure le peuple Juif, et les cinq portiques, la loi de Moïse qui ne justifiait aucun de ses sujets. Il fallait que le Christ vint, par sa prédication, jeter le trouble parmi les pécheurs; alors, quiconque croirait humblement en lui dans lunité de lEglise, serait sauvé. Le paralytique, malade depuis trente-huit ans, représente lâme pécheresse, qui nobserve point les deux préceptes de la charité, et ne peut en conscience observer ni la loi ni lEvangile, figurés par le nombre quarante. Pour le guérir, le Sauveur lui commande de prendre son lit sur ses épaules, cest-à-dire daimer le prochain quil voit, et de marcher, cest-à-dire den venir à aimer Dieu quil le voit pas. A sa voix, le malade se lève, marche et finit par reconnaître son céleste médecin dans la solitude du temple. Pour les Juifs, au lieu de voir en lui le Verbe, par qui Dieu fait toutes choses, ils demeurent dans leur aveugle endurcissement.
Haut du document
LE VERBE ÉGAL AU PÈRE.
Les Juifs sirritaient de ce que le Christ ségalait à Dieu, car ils ne voyaient en lui quun homme, et ny apercevaient point le Verbe. Alors Jésus ajouta : « Le Fils ne peut rien faire de lui-même que ce quil voit faire à son Père ». Les Ariens concluent de ces paroles que le Fils est inférieur au Père; mais ils sont forcés davouer que le Verbe est Dieu, quil est en Dieu, que tout a été fait par lui, et que, par conséquent, les oeuvres du Père ne sont pas distinctes de celles du Fils. Mais comment le Fils voit-il ce que fait le Père? Mystère inexplicable ! Servons-nous, toutefois, dune comparaison tirée de la nature le notre âme. Il nen est pas delle comme du corps: celui-ci peut exister sans voir ni entendre; pour celle-là, voir et entendre par elle-même, cest lessence même de son être ; ainsi en est-il du Verbe.
Haut du document
LES DEUX RÉSURRECTIONS.
Quiconque nhonore pas le Fils, nhonore pas le Père, car il déclare par là ou que, par jalousie, le Père na pas voulu engendrer son égal, on quil lui a été impossible de lengendrer. Au contraire, le Fils étant le Verbe du Père, celui qui écoute le Verbe et croit au Père, passe de la mort spirituelle à la vie de la grâce par la foi. Cette vie, supérieure à celle du corps, le croyant la puise, non en lui-même, mais à sa seule et véritable source, qui est Dieu, tandis que pour avoir été engendré par le Père, le Fils a cette vie en soi, et la communique à ceux auxquels il veut la donner. Comme Fils de Dieu, il ressuscite donc les âmes ; comme Fils de lhomme, il ressuscitera aussi les corps, parce que son Père lui a donné le jugement. Il sera seul à juger les vivants et les morts, afin que les méchants ne puissent voir en lui la forme de Dieu, et aussi pour glorifier sa vie sainte.
Haut du document
UNITÉ DACTION DANS LA SAINTE TRINITÉ.
Quoiquil soit dit, dans lEcriture, que Dieu se reposa le septième jour, cette parole du Sauveur est vraie : « Le Père agit toujours ». En effet, si le Fils agit, cest par le Père, car, en lui, voir et être, exister et pouvoir agir sont la même chose; puisque le Père lui a donné lêtre, il lui a donc aussi donné ta puissance. De là, néanmoins, il ne suit pas que le Fils soit inférieur au Père étant inséparables lun de lautre, et tous deux éternels, loin dagir lun sans lautre, ils agissent par ensemble et pareillement. Pour se faire, autant que possible, une idée de ce mystère, il faut sélever par de là le monde des esprits jusquà Dieu, comme lapôtre saint Jean.
Haut du document
LES OEUVRES DU CHRIST.
«Le Fils ne fait que ce quil a vu faire à son Père, et le Père lui montre tout ce quil fait», cest-à-dire, le Père est larchétype de toutes les créatures; il les voit en lui-même, et cette vision et la science qui en résulte, ne sont autre chose que son Verbe : de là il suit que, pour le Verbe, voir, apprendre, connaître, cest être. Quant au Christ considéré comme homme et comme représentant de tous les membres de lEglise, Dieu doit lui montrer à opérer des merveilles plus admirables que la guérison dun paralytique. Comme Dieu, il ressuscitera les morts à la fin du monde. Comme homme, il les jugera, afin que tous lhonorent de la même manière quils honorent le Père.
Haut du document
LE CHRIST, VIE ET RÉSURRECTION.
Ecouter le Sauveur et croire à sa parole, cest la condition requise pour parvenir à la vie spirituelle, qui est la véritable vie, et ne pas être soumis à un jugement de condamnation. La vie spirituelle consiste dans la justice et la charité ; le moment dy arriver dure depuis lavènement du Christ et durera jusquà la fin du monde. Jésus-Christ en est la source, car il la possède en lui-même, et non par emprunt. Quant à la résurrection des corps, il lopérera plus tard, et, alors, il jugera les hommes suivant les règles de la justice éternelle, et la volonté de son Père.
Haut du document
LES OEUVRES DU CHRIST.
Saint Jean, les Prophètes, les Apôtres, nétaient pas la véritable lumière, ils nétaient que des lampes; leur témoignage en faveur du Christ avait donc moins de prix que celui du Christ lui-même et de ses oeuvres. Les âmes trouvent leur vie uniquement en Dieu; le Père les crée et les fait sortir du tombeau du péché par le Fils, car il lui montre ce quil doit faire, le Fils le voit; de cette démonstration du Père et de cette intuition du Fils, qui nont aucune analogie avec une démonstration et une intuition humaines, résultent la création et la résurrection des âmes. Comme Dieu, le Christ produit donc, dans le domaine des âmes, dadmirables opérations : comme homme, il ressuscitera les corps, et, en ce pouvoir, il puise un droit imprescriptible à notre foi et à notre respect.
Haut du document
LA MULTIPLICATION DES PAINS.
Les miracles procèdent du même pouvoir divin que toutes les oeuvres quotidiennes du Très-Haut, mais ils nous étonnent davantage parce quils sont plus rares, et ils reportent plus efficacement nos pensées vers lui : ils sont dailleurs un livre où nous apprenons à connaître leur auteur. En présence dune multitude affamée, Jésus demande à Philippe comment on pourra la nourrir. « Il y a là », dit André, « cinq pains dorge et deux poissons; mais quest-ce que cela pour tant de monde ? »Les cinq pains représentaient les cinq livres de Moïse, les deux poissons figuraient le sacerdoce et la royauté, tous deux symboles du Christ, prêtre et roi; leur multiplication signifiait la lumière jetée par lEvangile sur la loi mosaïque; les cinq mille personnes rassasiées étaient lemblème du peuple soumis à cette loi ; lherbe était limage du sens charnel quil y attachait; les restes de ce repas signifiaient les vérités que la foule ne peut comprendre et doit croire; enfin, le miracle lui-même donnait la preuve que le Christ était un Prophète et le maître des Prophètes.
Haut du document
JÉSUS, SOURCE DE TRANQUILLITÉ ET DE VIE.
Jésus-Christ, comme Dieu, est roi de lunivers; comme homme, il régnera sur les élus dans le ciel : mais, en le voyant multiplier les pains, ses disciples et les Juifs voulaient lui donner une royauté temporelle, ignorant quil dût sélever dabord sur le Calvaire ; il senfuit donc sur la montagne. Pendant son absence, les Apôtres sen retournèrent à Capharnaüm ; en traversant la mer ils furent assaillis dune violente tempête. Leur barque était limage de lEglise ; la tempête, celle des calamités qui doivent la tourmenter ici-bas sans pouvoir la faire périr. Enfin, le Sauveur vint sur les eaux, la nacelle aborda au rivage, et la tranquillité se rétablit. Avec Jésus, le chrétien foule aux pieds le monde et ses traverses, et il arrive sain et sauf à la bienheureuse éternité. Le lendemain, ta foule retrouve le Sauveur à Capharnaüm et sempresse autour de lui Ne me cherchez point pour le pain matériel que je pourrais vous donner, mais pour la vie éternelle dont je suis la source, comme Fils de Dieu : pour avoir la vie, croyez en moi. Quel signe nous donnerez-vous pour nous aider à croire en vous ? Si Moïse vous a donné la manne, Dieu vous donne un aliment bien supérieur, le vrai pain de vie, et ce pain, cest moi, soyez, comme moi, humbles et soumis à la volonté de Dieu, et vous me serez unis, et vous aurez toujours en vous le repos , et la vie.
Haut du document
LA FOI EN JÉSUS-CHRIST.
Parce que les Juifs navaient pas soif de la justice, ils ne comprirent point que Jésus était le vrai pain descendu du ciel ; ils murmurèrent donc en entendant ses paroles : en cela rien détonnant. Pour croire au Christ, il faut être attiré h. la foi par la grâce divine, qui, en nous instruisant, nous amène, dune manière efficace, mais librement, au bien par lorgane le Jésus-Christ, Fils de Dieu incarné. Comme il est le pain de vie, croire en lui, cest avoir la vie éternelle de lâme. La manne du désert na pu la donner aux Israélites, parce quils manquaient de foi : lEucharistie ne la pas davantage procurée fleurs descendants, pour la même raison, car elle nest pain de vie que pour les croyants. Celui donc qui mange ce pain dans les sentiments de la foi et de la charité, possède la vie éternelle de lâme, et le principe de la résurrection de son corps.
Haut du document
CEST LESPRIT QUI VIVIFIE.
Les adversaires de Jésus ne furent pas seuls à murmurer de ses paroles : ses disciples en firent autant. Vous ne savez ce quest ma chair, ni ce quelle sera un jour, leur dit le Sauveur, car vous en jugez dune façon matérielle et grossière cest pourquoi vous en jugez faux mes paroles sont spirituelles, et quand je dis quil faut manger ma chair, jentends quil faut faire un avec moi. Vous ne croyez pas en moi, voilà pourquoi vous ne me comprenez pas; et, si vous ne croyez pas en moi, cest que mon Père ne vous en a pas fait grâce. Beaucoup séloignèrent alors de Jésus; mais les douze quil avait choisis, même Judas malgré son indignité, restèrent avec lui, parce que la foi leur avait donné de saisir le vrai sens de son discours. Puissions-nous entrer dans leurs sentiments et suivre leur exemple!
Haut du document
LE DIEU HOMME.
Jésus-Christ était en même temps Dieu et homme; comme Dieu, possédant une puissance infinie; comme homme, souffrant et donnant à ses membres fidèles lexemple de ce quils peuvent et doivent faire. pour éviter les persécutions des Juifs, il s'était retiré en Galilée, Au moment de la scénophagie, ses parents, hommes charnels, auraient voulu le décider à se rendre à Jérusalem pour ly voir opérer des miracles et acquérir un renom. Mais lheure de la gloire nétait pas encore venue pour lui; elle ne devait sonner quaprès une vie dhumiliations et doublis; aussi ne monta-t-il au temple que vers le milieu de la fête, et en secret, afin de ne pas mériter les éloges des mondains. Ainsi doit-il en être de nous pendant le pèlerinage de cette vie : nous ne devons chercher à être connus et glorifiés de personne ici-bas : la gloire du ciel est la seule à laquelle nous devons tendre.
Haut du document
LHOMME-DIEU.
En entendant le Christ, les Juifs, qui ne voyaient en lui quun homme, ne pouvaient sexpliquer comment il savait si bien lEcriture sans avoir rien appris. Sils avaient eu la foi, ils auraient compris quil était Dieu et Verbe du Père, que, par conséquent, il en était lorgane, et que de là venait sa science étonnante ; mais ils ne croyaient pas en lui, ni la foi ni la charité ne les animait; aussi ses humiliations, au lieu de leur faire reconnaître son infinie grandeur, ne leur laissaient-elles apercevoir que son humanité.
Haut du document
IMPARTIALITÉ.
A la vue du miracle opéré par Jésus-Christ le jour du sabbat, les Juifs sétaient scandalisés. Moïse, leur dit Jésus, vous a commandé la circoncision pour le huitième jour, et vous la pratiquez sans scrupule le Jour du sabbat, et vous me défendez de guérir un homme La circoncision était ta figure de la guérison spirituelle, et vous trouvez mauvais que je délivre une âme du péché! Vous buvez et mangez pour lentretien de votre santé, et il me serait interdit de rendre la santé à un malade! Jugez donc impartialement des hommes et des choses.
Haut du document
LE CHRIST-DIEU MÉCONNU DES JUIFS.
Le Christ était homme; cest pourquoi ses ennemis connaissaient à peu près tout ce qui le concernait comme tel, et voulaient lemparer de lui : il était aussi Dieu, mais ils ignoraient quil le fût voilà néanmoins le motif qui les empêcha de semparer de lui avant lheure quil avait librement fixée. Aujourdhui, ils le méconnaissent malgré ses miracles; plus tard, après sa résurrection, ils devront le chercher sans le reconnaître davantage : cette grâce est dabord réservée aux Gentils lui devaient croire en lui, quoiquils neussent pas été les témoins de ses oeuvres merveilleuses.
Haut du document
LES DONS DU SAINT-ESPRIT.
Ce que nous aimons le plus dans nos semblables, cest leur âme, parce quelle est supérieure au corps ; mais Dieu qui est le maître de nos âmes, ne devons-nous pas laimer par-dessus toutes choses? Si nous avons soif de lui, nous recevrons lEsprit-Saint, et en lui nous trouverons lunion avec les autres membres de lEglise, et cette précieuse charité qui fera notre bonheur ici-bas et dans le ciel.
Haut du document
LA FEMME ADULTÈRE.
Au lieu de croire en Jésus comme les émissaires quils avaient envoyés pour semparer de lui, ou comme Nicodème, ses ennemis cherchaient toutes les occasions de le mettre en contradiction avec lui-même et avec la loi, afin de le faire condamner par le peuple. Ils lui amenèrent donc une femme surprise en adultère, voulant lui reprocher, sil la condamnait, sa dureté; sil la renvoyait absoute, son impiété : sans blesser les règles de la douceur, ni le respect dû à la loi, il leur rappela les imprescriptibles exigences de la justice, qui refuse à des coupables le droit de punir dautres coupables. Ne comptons point exclusivement sur ta bonté ou sur la sévérité de Dieu, et en nous tenant éloignés de la présomption et du désespoir, nous resterons dans la vérité.
Haut du document
JÉSUS, LUMIÈRE DE VIE.
Jésus est la lumière du monde, non pas une lumière matérielle, mais la lumière incréée qui est Dieu : il est aussi source de vie; et comme, en Dieu, la lumière et la vie se trouvent réunies, nous en jouirons au ciel pendant léternité. Pour y parvenir, il nous faut ici-bas suivre Notre-Sauveur, imiter ses vertus, et quand nous aurons victorieusement lutté coutre les ennemis de notre salut, nous entrerons en possession de la lumière et de la vie éternelles, promises comme récompense à nos généreux efforts.
Haut du document
LE CHRIST SE REND TÉMOIGNAGE.
Les Juifs récusaient le témoignage du Sauveur ; mais ce témoignage nétait pas seul en sa faveur, il était appuyé sur celui des Prophètes. Dailleurs, Jésus-Christ nétait-il pas la lumière véritable ? Une lumière, en montrant les objets environnants, ne peut-elle servir à se manifester elle-même ? Sil a envoyé les Prophètes devant lui, cétait afin de sen servir comme de lampes, et de ménager la faiblesse des yeux de notre âme. Un jour, dans le ciel, il nous apparaîtra tel quil est, et nous contemplerons, sans ombre et sans nuage, la splendeur de ses rayons.
Haut du document
LE CHRIST, UN AVEC LE PÈRE.
Il y a deux natures en Jésus-Christ, mais les Juifs, qui jugent selon la chair, nen reconnaissent quune. Le Sauveur ne les imite pas, il ne juge personne, il se montre miséricordieux jusquà la mort de la croix, et sil juge il ne se trompe nullement, car son Père est avec lui. Cest là un mystère puisé par saint Jean dans le sein même de Dieu et quil est difficile de saisir; mais cest une vérité catholique. Le Christ nest donc pas seul, car, sil est homme, il est en même temps Dieu, et, comme tel, une même chose avec le Père, inséparable de lui, quoique personne distincte; dès lors quil se rend témoignage, sa parole est vraie, puisqu'elle est la parole du Père et loracle de lEsprit-Saint.
Haut du document
LE CHRIST, SEMBLABLE AU PÈRE.
N'envisageant en Jésus-Christ que son humanité, ses ennemis lui demandent où est ton Père. Le Sauveur leur répond sévèrement que s'ils le connaissaient lui-même, ils connaîtraient par là même son Père. En effet, il est semblable à lui, de même nature que lui, une seule et même chose avec lui, en tant que Dieu ; quoique différents de personne, ils sont donc tous deux pareils. Confondus, mais non convaincus par ces paroles, les Juifs se retirent sans lui faire de mal, parce que le moment qu'il a librement choisi comme maître du monde, des astres et des hommes, n'est pas encore venu pour lui de mourir en notre faveur.
Haut du document
LE CHRIST, PRINCIPE.
Jésus avertit les Juifs quils chercheront à le connaître, mais que leurs efforts naboutiront point, parce quils ont, à son sujet, des idées charnelles, et quils mourront dans leurs péchés parce quils nauront pas la foi La seule condition pour ne pas mourir ainsi, cest de croire que le Christ est, en lui-même, sans changement daucune sorte; en un mot, quil est le principe,la source de la vie pour toutes choses.
Haut du document
LA TRINITÉ, PRINCIPE.
Jésus se dit le principe, mais il ne lest pas seul; car il partage avec les deux autres personnes de la Trinité, et celles-ci partagent avec lui cette propriété. La paternité est propre au Père, la filiation au Verbe, la Procession au Saint-Esprit; mais en tout le reste, les trois personnes divines ont la même nature et ne font quun Dieu, un principe. Par là même quil est inséparable du Père, et que le Père est véridique, les jugements du Fils sont fondés sur la vérité même.
Haut du document
LE CHRIST DIEU.
Le Sauveur proclamait sa divinité, mais la gloire de sa résurrection et les prodiges qui devaient la suivre , étaient destinés à la faire briller dun vif éclat, à convertir un grand nombre dhommes. Oui, de tous ces événements devait ressortir la preuve que le Christ est, quil a été engendré avant tous les temps par le Père, quil est la vérité même. Ces événements sont pour nous un puissant motif de persévérer dans la foi; notre persévérance nous conduira des ombres de la foi à la claire vue de la vérité.
Haut du document
LA LIBERTÉ.
Le Sauveur ayant dit que la vérité affranchirait ceux qui croiraient en lui, ses interlocuteurs en prirent occasion de sirriter, comme si le peuple juif navait jamais subi et ne subissait pas encore le joug de létranger. Sils avaient été moins charnels, ils auraient compris quil nétait nullement question dun esclavage matériel. Jésus-Christ avait voulu parler de la servitude spirituelle du péché, car dans létat de péché on ne sappartient plus, on est aux ordres de ses passions, et lunique moyen dy échapper, cest de suivre la voie des commandements et des exemples du Sauveur; à mesure quon savance dans le chemin des vertus chrétiennes, on sémancipe on devient plus libre, mais la liberté ne devient complète quau moment où lon contemple la vérité en face dans le ciel.
Haut du document
LES JUIFS, ENFANTS DU DÉMON.
Les Juifs se prétendaient libres, parce quils descendaient dAbraham et quils étaient les enfants de Dieu ; mais Jésus leur montre que sils tenaient dAbraham et de Dieu leur existence matérielle, ils nen étaient pas spirituellement les fils à cause de leurs désordres, de leur incrédulité et de leurs vices : ils nétaient, à vrai dire, que les héritiers du démon, et parce que le démon est le Père du mensonge, ils nécoutaient point le Sauveur, qui est la Vérité, qui est de Dieu.
Haut du document
JÉSUS, FILS DE DIEU.
Ne sachant que répondre au Sauveur, les Juifs lui dirent : « Tu es un démon » . Non, je nen suis pas un, car si je me rends témoignage à moi-même, ce nest point par orgueil ; jai pour moi le témoignage non équivoque de mon Père, et si vous croyiez en moi vous ne mourriez pas, car celui qui garde ma parole vivra toujours. Voilà bien une preuve sans réplique, que tu es possédé du démon ! Non, je dis la vérité. Si vous devez vivre toujours en gardant ma parole, cest que je vous communiquerai la vie, car « Je suis ». Telle a été la cause des tressaillements de joie qua ressentis Abraham. A ces paroles on voulut le lapider, mais il sen alla.
Haut du document
LAVEUGLE-NÉ.
Laveugle-né était la figure du genre humain précipité dans les ténèbres spirituelles par le péché dAdam; pour sortir de cet aveuglement de lâme, il lui faut sapprocher du Fils de Dieu fait homme et croire en lui . à celte condition la vue lui sera donnée; car si Jésus-Christ est venu pour épaissir les ténèbres où vivent ceux qui ne veulent pas ouvrir les yeux à la lumière de la vérité, il est venu aussi pour éclairer ceux qui avouent humblement avoir besoin de lui.
Haut du document
LA PORTE ET LE PASTEUR.
Jésus-Christ est cette porte : si on ne passe point par elle, les meilleures oeuvres sont inutiles. Par conséquent, ni les païens, ni les Juifs, assez aveugles pour ne pas reconnaître le Fils de Dieu fait homme, ne pouvaient ni se sauver eux-mêmes, ni sauver leurs disciples; de môme en est-il des hérétiques. Ses brebis sont ceux qui ont écouté avec docilité le Sauveur, soit dans la personne des prophètes, soit dans sa propre personne, qui ont été prédestinés, qui persévèrent dans le bien jusquà la fin : ceux-là entrent parla porte dans lÉglise où ils se sanctifient, et, plus tard, ils sortent encore par la porte pour être admis dans le ciel.
Haut du document
LE PORTIER, LE MERCENAIRE ET LE LOUP.
Jésus-Christ, tout à la fois porte et pasteur, est aussi le portier ; cest. en effet, par sa grâce, que nous le connaissons ; il souvre lui-même à nous en nous enseignant la vérité qui est lui-même. Bien différents du bon Pasteur sont les mercenaires qui soccupent de leurs intérêts propres avant de soccuper des intérêts de leur troupeau. Il y a si peu de bons pasteurs, que les mercenaires sont indispensables: il faut les écouter dans ce quils disent, sans les imiter dans ce quils font. Quant au loup, cest le démon ; par la crainte, il met en fuite le mercenaire, mais il ne peut faire trembler le bon pasteur.
Haut du document
PASTEUR ET PORTE.
Jésus-Christ nourrit ses brebis du pain de la vérité; cest par sa grâce que les prédicateurs ont entrée dans lesprit des fidèles pour y porter la connaissance du bon Pasteur. Il y entre donc par lui-même. Il est aussi exclusivement la porte qui nous conduit au Père, car il a quitté son âme, il est mort pour nous; oeuvre dautant plus méritoire quelle fut leffet de sa pleine liberté, bien que son Père la lui eût commandée.
Haut du document
LE CHRIST, FILS DE DIEU.
A loccasion de la Dédicace, les Juifs rencontrèrent Jésus au temple, et voulant le surprendre dans ses paroles, ils lui demandèrent sil était le Christ. En leur faisant dire ce quils ne voulaient pas, il les amena jusquà leur parler de sa qualité de Fils de Dieu, de sa puissance, de ses oeuvres ; puis, comme ils prenaient des pierres pour les lui jeter, il se retira au-delà du Jourdain, et y trouva des hommes qui crurent en lui.
Haut du document
RÉSURRECTION DE LAZARE.
Le Christ a ressuscité trois morts pour manifester sa puissance. La mort corporelle est limage de la mort spirituelle, avec cette différence, néanmoins, quon redoute lune et quon ne craint guère lautre : la résurrection des corps est aussi lemblème de celle des âmes par la foi. Si la fille de Jaïre et le fils de la veuve de Naïm figurent les pécheurs non invétérés de pensée et daction, Lazare représente ceux qui se trouvent plongés dans la corruption de mauvaises habitudes. Sa résurrection miraculeuse devait être une preuve de la divinité du Christ. En raison de la mauvaise volonté des Pharisiens, les Apôtres voulaient le dissuader de se rendre à Béthanie, mais Jésus, après les avoir rappelés au devoir, et leur avoir appris ce quest la mort avant le jour du jugement, sen alla, et ils le suivirent. Avant de ressusciter Lazare, il déclara à Marthe quil est principe de vie pour le corps et pour lâme ; que quiconque croit, vivra toujours de la vie de la grâce. Arrivé prés de Marie, il frémit et pleura pour donner au pécheur lexempte de ce quil doit faire pour revenir à la vie de lâme. La suite indique comment les esclaves des mauvaises habitudes parviennent à en obtenir le pardon et à en sortir. A la suite de ce miracle eurent lieu et un grand émoi parmi les Pharisiens, et la prophétie de Caïphe.
Haut du document
LE VASE DE PARFUMS.
On se trouvait à la fête de Pâques, figure de la vraie Pâque, et les Pharisiens incrédules voulaient se saisir de Jésus pour le perdre et se perdre du même coup. Puissent leurs descendants mériter par leur foi de le saisir pour se sauver ! Sur ces entrefaites, Jésus vint souper à Béthanie, et Marie versa sur ses pieds un vase de parfums. Ces parfums étaient lemblème des bonnes oeuvres du chrétien, qui portent la vie ou la mort dans lâme de ceux qui en sont témoins, suivant les intentions quils apportent à les voir : témoin Judas, qui prit scandale de laction méritoire de Marie. A ses réflexions déplacées, Jésus fit une réponse qui dut lui donner occasion de rentrer en lui-même.
Haut du document
HOSANNA.
Après la résurrection de Lazare, une foule de peuple vint au-devant de lui, le saluant du nom de Fils de David, etc., et Jésus entra à Jérusalem sur une ânesse accompagnée de son ânon, figure de ceux dIsraël qui ne croiraient pas et de ceux qui croiraient en lui. Alors sapprochèrent de lui des Gentils qui étaient venus à la fête, et il en prit occasion de parler de sa glorification précédée de sa passion. Promettant une participation à sa gloire à ceux qui renonceraient même à leur vie pour le servir.
Haut du document
PASSION ET GLOIRE.
Le Christ pour nous encourager à le suivre jusquà la mort, a bien voulu emprunter à notre humanité sa faiblesse et ses craintes, et nous montrer, dans la défaite du démon et la gloire qui devait lenvironner après sa passion, la promesse de la gloire éternelle après sa passion, la promesse de la gloire éternelle qui couronnera nos propres souffrances.
Haut du document
INCRÉDULITÉ VOLONTAIRE.
Malgré ses miracles, les Juifs ne croyaient pas en lui, et ainsi saccomplissait en eux cette prophétie : A qui le bras de Dieu, cest-à-dire, son Fils, par qui il a fait toutes choses, a-t-il été révélé ? Ainsi encore, ils recueillaient ce que Dieu avait prévu comme devant être le fruit et la punition de leur mauvaise volonté. De même en est-il encore aujourdhui des orgueilleux.
Haut du document
LA DIVINITÉ DU CHRIST.
Dans la crainte de voir ses auditeurs le regarder comme un simple homme, Jésus leur dit que qui croit en lui croit en son Père ; et pour leur montrer quil est Dieu, il ajoute : Qui me voit, voit mon Père ; aussi, je jugerai, à la fin, les hommes rebelles à mes paroles, puisque ce ne sont pas mes paroles, mais celles que le Père ma enseignées en mengendrant de toute éternité.
Haut du document
LA PÂQUE.
La fête de Pâques, cest-à-dire, du passage des Israélites dans la terre promise, était lannonce et la figure du passage de Jésus-Christ de ce monde à son Père, de notre passage de létat du péché à létat de la grâce. En cette fête, le Sauveur, qui devait donner à ses disciples la preuve du plus sincère amour en mourant pour eux, se mit à laver leurs pieds, même ceux de Judas, continuant ainsi à pratiquer lhumilité manifestée dans son Incarnation.
Haut du document
LE LAVEMENT DES PIEDS.
Sétant levé de table et ceint dun linge, le Sauveur sapprocha de Pierre pour lui laver les pieds; à cette vue, Pierre sécria: Non, Seigneur ! Alors, tu nauras point de part avec moi. Lavez-moi donc aussi la tête et les mains. Celui qui est pur na besoin que de se laver les pieds. En effet, si pures que soient notre conscience et nos intentions, nous touchons au monde, au moins par nos pieds, cest-à-dire, nos affections, et il est impossible que ce contact ne nous communique pas quelque souillure.
Haut du document
LA POUSSIÈRE DU MONDE.
LEglise craint pour ses prédicateurs, car ils peuvent se laisser entraîner à lorgueil dans le ministère de la parole ; elle craint que ceux qui les écoutent ne voient leur charité saffaiblir et séteindre au contact du monde ; c est pourquoi elle voudrait que les premiers prédicateurs de lEvangile, si purs et si saints, pussent revenir en ce monde pour la conduire, exempte de souillures, à Jésus-Christ.
Haut du document
JÉSUS NOTRE MAÎTRE ET NOTRE MODÈLE.
Quand le Sauveur eut lavé les pieds de ses Apôtres, il leur dit quil était leur Maître et quils devaient limiter. Il pouvait, sans péché, leur tenir ce langage, puisquil était réellement leur Maître et quils avaient besoin de le savoir. Si nous parlons de nos qualités, que ce soit dans la vérité et le Seigneur : et notre Maître nayant pas dédaigné dexercer la charité à légard de ses disciples, en leur lavant les pieds, pardonnons au prochain ses fautes et prions pour lui.
Haut du document
IMITER JÉSUS-CHRIST.
Les paroles du Sauveur, qui vont du v. 16 au v. 20, se résument en celles-ci : Si vous vous rappelez que vous êtes mes disciples, vous suivrez mon exemple, et vous serez bienheureux, car vous serez dautres moi-même, vous serez les représentants de mon Père.
Haut du document
LE TROUBLE DE JÉSUS.
Au moment où Judas allait sortir pour consommer son crime, le Sauveur tomba dans le trouble ; cétait, chez lui, un effet, non de la faiblesse, mais de la volonté ; et ce trouble, il léprouva soit par compassion pour le traître, soit afin de nous venir en aide dans les circonstances où notre âme subit le contre-coup des épreuves de la vie.
Haut du document
JUDAS.
Jésus ayant dit à ses Apôtres : Un dentre vous, cest-à-dire, lun de vous, qui ne partage pas vos sentiments, me trahira, ils se regardèrent tous, et sur un signe de Pierre, Jean le bien-aimé demanda qui était celui-là. Cest celui à qui je vais donner du pain trempé. Et le Sauveur en donna à Judas Iscariote.
Haut du document
JUDAS POSSÉDÉ DU DÉMON.
Suivant quon y apporte de bonnes dispositions ou de mauvaises, ce quon reçoit produit le bien ou le mal : aussi, à peine Judas eut-il reçu, de la main du Sauveur, le pain trempé, que Satan sempara définitivement de lui, et que, sur une parole de Jésus, il sortit du cénacle pour aller le livrer à ses ennemis.
Haut du document
GLORIFICATION DE JÉSUS.
Judas étant sorti du cénacle, et ny ayant vu que les vrais apôtres, Jésus leur dit que des lors il était glorifié; car la séparation du traître davec ses condisciples figurait la séparation qui doit sétablir entre les bons et les méchants, quand lheure de la glorification finale aura sonné pour lui ; et comme Dieu le Père se trouvait honoré par la soumission de son Fils, au moment de la Passion, il devait le glorifier bientôt lui-même par le prodige de sa résurrection.
Haut du document
PERMANENCE ET DÉPART.
Le Sauveur annonce à ses Apôtres, pour quils ne se désolent pas, que sil doit être bientôt glorifié par son Père, il restera néanmoins encore un peu avec eux, mais quil sen séparera ensuite pour aller dans le ciel, où ils ne le suivront que plus tard, lorsquils lauront mérité.
Haut du document
LE COMMANDEMENT NOUVEAU.
Jésus donne à ses Apôtres un commandement nouveau, celui de saimer dun amour pur, spirituel, pour Dieu, et, par là même, daimer Dieu : ce doit être le signe particulier auquel on les reconnaîtra pour ses disciples.
Haut du document
PRÉSOMPTION ET INCAPACITÉ.
Dans sa vivacité, Pierre avait demandé à Jésus où il allait. Où tu ne peux venir maintenant. Jirai partout avec vous. Avant que le coq chante, tu me renieras trois fois. Reniant son Maître, Pierre pouvait-il le suivre ?
Haut du document
UVRES COMPLETES TOME XI
TRAITÉS SUR L'ÉVANGILE DE SAINT JEAN.
TRANQUILLITÉ.
Les Apôtres étaient troublés a la pensée de la mort de leur Maître et du sort qui leur était réservé. Tranquillisez-vous, leur dit Jésus, car si je meurs comme homme, comme Dieu je ne puis mourir; sachez aussi que je vous préparerai une place dans la maison de mon Père, où se trouvent plusieurs demeures, conformes aux mérites de chacun des élus.
Haut du document
LES DEMEURES DE LA MAISON DE DIEU.
Il y a plusieurs demeures dans la maison de Dieu : préparées en droit par la prédestination, elles nous sont préparées de fait par Jésus-Christ, puisque la maison de Dieu est son royaume, que nous sommes nous-mêmes ce royaume, et que, par la grâce du Sauveur, nous nous préparons à en faire partie ; mais nous ne pouvons y parvenir effectivement qu'autant que Jésus-Christ n'est pas visible au milieu de nous, c'est-à-dire, qu'autant que nous vivons de la foi.
Haut du document
LE CHRIST, VOIE, VÉRITÉ ET VIE.
Jésus-Christ la Voie, la Vérité et la Vie ; c'est donc par lui que nous irons occuper la place qu'il nous prépare au ciel, et c'est à lui que nous irons : de même son humanité sainte a été élevée au ciel par là puissance du Verbe, et s'est trouvée unie à lui dans le séjour de la gloire.
Haut du document
LE FILS SEMBLABLE AU PÈRE.
Il est la voie qui conduit au Père, et comme il lui est en tout semblable, puisqu'il a la même nature divine, celui qui le connaît connaît aussi le Père sans l'avoir vu.
Haut du document
LE FILS ENGENDRÉ DU PÈRE.
Le Fils est égal et semblable au Père, c'est pourquoi ils sont inséparables et l'un dans l'autre. Néanmoins, comme le Fils n'est pas de lui-même, puisqu'il a été engendré par le Père, les paroles qu'il dit et les oeuvres qu'il fait viennent du Père : ceux qui ont la foi font des oeuvres en paroles et en actions aussi grandes et même plus grandes que celles du Fils.
Haut du document
D'après la parole infaillible de Jésus-Christ, celui qui croit, fait des oeuvres aussi grandes et même plus grandes que celles qu'opère le Fils de Dieu, puisque ses fidèles ont converti le monde, fait pratiquer des vertus inouïes, et que ceux qui ont cru en lui se sont changés eux-mêmes, mais avec sa grâce.
Haut du document
CONDITIONS ET EFFETS DE LA PRIÈRE.
Si l'on a la foi, on obtient tôt ou tard ce qu'on demande, parce qu'on le demande pour une bonne fin et au nom de Jésus-Christ.
Haut du document
LE DON DE L'ESPRIT-SAINT.
Pour accomplir le moindre devoir, il faut l'assistance du Saint-Esprit; mais pour le posséder parfaitement, d'une manière permanente et intime, pour le bien connaître, il est indispensable d'observer les commandements de Jésus-Christ. Nous recevons donc le Saint-Esprit dans une mesure proportionnée à notre fidélité à ses ordres.
Haut du document
RÉCOMPENSE DE LA FIDÉLITÉ A JÉSUS-CHRIST.
Le Sauveur promet à ses Apôtres, s'ils sont fidèles à ses commandements, non-seulement de se manifester à eux après sa résurrection, mais aussi de leur communiquer la vie éternelle, et de se faire voir à eux pendant l'éternité.
Haut du document
MANIFESTATION DE DIEU.
Jésus-Christ se manifeste à ceux qui l'aiment, intérieurement en ce monde, et dans le ciel il se manifestera à eux pour toujours, tandis que les mondains ne verront qu'un instant son humanité au jour du jugement, et jamais ils ne le contempleront dans son essence divine, parce qu'ils ne l'aiment pas.
Haut du document
LE SAINT-ESPRIT ET LA PAIX.
En quittant ses Apôtres, le Sauveur leur promet l'assistance du Saint-Esprit, qui les instruira à sa place, comme distributeur de la grâce divine ; ensuite il leur donne la paix, autant qu'une âme fidèle peut la posséder en ce monde, en attendant qu'elle jouisse, dans le ciel, de la paix inaltérable qui est Dieu lui-même ; paix que les mondains ne peuvent goûter les uns avec les autres, loin de Jésus-Christ.
Haut du document
JÉSUS-CHRIST, DIEU ET HOMME.
Les Apôtres se troublaient de voir le Sauveur s'éloigner d'eux ; mais il les console en leur rappelant que, s'il les quitte, ce n'est pas comme Dieu, et que, en qualité d'homme, il va être glorifié pat son Père. Si donc ils l'aiment, ils doivent plutôt se réjouir que se contrister.
Haut du document
PROPHÉTIE DU CHRIST, SOURCE DE FOI.
Le Sauveur, voulant prémunir ses Apôtres contre le scandale de sa passion et corroborer leur foi, leur avait prédit ce qui devait lui arriver de la part du démon, quoiqu'il ne fût pas soumis à sa puissance en raison de son impeccabilité, mais par la volonté du Père.
Haut du document
JÉSUS-CHRIST, VIGNE ET VIGNERON.
Le Sauveur est, comme homme, la vigne, c'est-à-dire le cher de l'Eglise, tandis que nous en sommes les branches ou les membres : comme Dieu, il est, aussi bien que le Père, le vigneron qui retranche les bourgeons improductifs et émonde par la parole de la foi ceux qui rapportent du fruit.
Haut du document
LA VIGNE ET LES BRANCHES.
De même que les branches de la vigne ne peuvent avoir de sève et porter de fruit qu'autant qu'elles adhèrent au cep, de même nous ne pouvons rien faire dans l'ordre du salut sans l'union avec Jésus-Christ ; mais, dès lors que nous sommes unis à lui par la grâce et la fidélité à ses commandements, nous pouvons demander tout ce qui est vraiment utile à notre âme, et nous l'obtiendrons.
Haut du document
GLOIRE DE DIEU.
Le Père est glorifié par nos bonnes oeuvres et notre foi ; et c'est afin que nous puissions l'aimer et garder ses commandements qu'il nous a aimés le premier, qu'il nous a donné son Fils ; aimons-le donc, soyons-lui fidèles comme Jésus-Christ, notre médiateur, l'a aimé et lui est resté fidèle.
Haut du document
LA JOIE, FRUIT DE LA CHARITÉ.
La joie que Jésus-Christ ressent de nous voir appelés existait en lui de toute éternité, en raison de sa prescience ; en nous, elle n'a pu commencer qu'au baptême, elle ira en augmentant suivant nos mérites jusqu'au moment où elle se consommera dans le ciel, mais, pour en, arriver là, il nous faut observer le commandement du Sauveur qui est de nous aimer les uns les autres, et quand nous aurons ainsi observé la plénitude de la loi, notre joie sera pleine.
Haut du document
LE SACRIFICE DE LA VIE.
Le Sauveur nous a donné l'exemple, il est mort pour nous : dès lors que nous vivons de lui, nous devons donc l'imiter et faire pour nos frères le sacrifice de notre vie, avec cette différence, néanmoins, que Jésus-Christ étant innocent, nous a sauvés du péché et de la mort éternelle, tandis que, par notre mort, nous ne pouvons accorder â personne le pardon de ses fautes.
Haut du document
LE SERVITEUR AMI.
Celui qui observe les commandements de Dieu par l'effet d'une crainte chaste, perd son titre de serviteur pour prendre celui d'ami, et il entre ainsi dans les secrets de son Maître , et il sait que son Maître est l'auteur de tout bien.
Haut du document
L'AMITIÉ DE JÉSUS-CHRIST.
En raison de son amitié pour nous, Jésus-Christ nous fera connaître dans le ciel tout ce que son Père lui a dit; mais si nous sommes ses amis, c'est un effet de sa grâce, mais non de notre foi ou de nos bonnes oeuvres antécédentes.
Haut du document
AMOUR D'AUTRUI.
Si Dieu nous a choisis, c'est afin que nous produisions des fruits de salut, c'est-à-dire, et principalement, afin que nous nous aimions les uns les autres, et même le monde, notre ennemi, non en tant que mauvais, mais en tant que créé par Dieu.
Haut du document
PERSÉCUTION DU MONDE.
Quiconque aime Dieu et le sert avec une crainte pure, est en butte à la haine du monde, car le monde déteste Jésus-Christ et ses serviteurs, et il les persécute à cause de leur justice, que ses vices ne sauraient souffrir.
Haut du document
L'INFIDÉLITÉ, CAUSE DE PERDITION.
Sous le nom de monde persécuteur, Jésus-Christ entendait les Juifs opiniâtrement aveugles, qui l'avaient vu sans vouloir le reconnaître, et qui ne pouvaient pas plus s'excuser de leur incrédulité, que ceux qui périssent pour ne l'avoir pas du tout connu ou pour n'avoir pas eu le courage de se soumettre à lui.
Haut du document
LA VÉRITÉ HAIE SANS ÊTRE CONNUE.
Comment les Juifs ont-ils pu haïr le Père, puisqu'ils ne le connaissaient pas ? Une comparaison va le faire comprendre. Nous ne pouvons lire dans le coeur d'autrui, et si nous aimons la vertu et que nous haïssions le vice, il peut se faire que nous aimions sans le savoir un homme bon que nous croyons mauvais, ou que nous détestions un homme méchant qui nous semble bon. Ainsi les Juifs détestaient les peines infligées à leur conduite blâmable par la Vérité, sans savoir si c'était la Vérité qui les condamnait ; ils ne la connaissaient donc pas, et ils baissaient, par conséquent, sans le connaître, le Père de la Vérité.
Haut du document
LES MIRACLES DE JÉSUS-CHRIST.
Par leur incrédulité, les Juifs rendaient irrémissibles leurs autres péchés : en effet, Jésus-Christ avait fait devant eux par lui-même, en leur faveur, des miracles si nombreux et si merveilleux, qu'en réalité ils étaient inexcusables de ne pas croire en lui et même de le haïr sans sujet.
Haut du document
LE TÉMOIGNAGE DU SAINT-ESPRIT.
Les Juifs avaient résisté au témoignage des miracles de Jésus-Christ ; mais le Saint-Esprit devait, à la Pentecôte, venir à la rescousse; les Apôtres eux-mêmes, Pierre en particulier, se déclareraient publiquement pour lui et ouvriraient les yeux à beaucoup d'incrédules.
Haut du document
PRÉDICTION DE MALHEURS.
Jésus-Christ ne voulait pas voir ses Apôtres exposés, sans préparation, aux épreuves qui les attendaient : aussi, pour les préserver de tout scandale, il leur annonce qu'on les chassera des synagogues, qu'on ira jusqu'à les faire mourir: tant seront grands les succès de leur ministère! et que quiconque les tuera croira encore travailler à la gloire de Dieu.
Haut du document
L'ESPRIT CONSOLATEUR.
Pendant que Jésus-Christ était avec ses Apôtres, il pouvait les consoler ; une fois éloigné d'eux, il devait leur envoyer le Paraclet pour remplir cet office à leur égard : devenus alors moins charnels, ils seraient plus à même d'avoir en eux le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et d'en éprouver la divine influence. L'Esprit-Saint, en les fortifiant au milieu de leurs épreuves, devait aussi convaincre de péché les ennemis du Sauveur.
Haut du document
LE MONDE CONVAINCU.
Jésus-Christ avait par lui-même convaincu le monde de péché, mais le Saint-Esprit devait le faire plus spécialement par les Apôtres, en les remplissant de charité et en les délivrant de toute crainte. Il devait convaincre les Juifs et les infidèles à cause de leur incrédulité en elle-même et comparée à la foi des justes qui croient sans voir Jésus-Christ homme. Il devait aussi les convaincre que le démon et tous ses imitateurs sont jugés depuis longtemps et condamnés de Dieu.
Haut du document
IMPOSSIBILITÉ DE TOUT COMPRENDRE.
Jésus avait des choses à dire à ses Apôtres; mais ils ne pouvaient encore les porter : était-ce parce qu'ils n'étaient pas encore assez courageux pour mourir en faveur de la foi ? Quelles étaient ces choses ? Nous n'en savons rien, et ce serait de notre part une impardonnable témérité de prétendre le deviner et le dire. Contentons-nous d'avoir en nous l'esprit de charité qui nous disposera, pour la jour de l'éternité, à voir Dieu face à face dans le ciel, et à contempler ce que nous ne pouvons porter maintenant.
Haut du document
SE DÉFIER DES FAUX DOCTEURS.
Qui est-ce qui peut comprendre Dieu ? Personne. Nous pouvons en approcher plus on moins, mais nous ne le verrons tel qu'il est qu'au ciel. Par conséquent, mettons-nous en garde contre les discours de gens gâtés, qui n'en savent pas plus que nous et qui cherchent à porter atteinte à notre foi et à nos moeurs.
Haut du document
LAIT ET ALIMENTS SOLIDES.
L'enseignement catholique est le même pour tous, mais tous ne le saisissent pas de la même manière ; les uns le comprennent mieux, les autres ne le comprennent pas aussi parfaitement. Ce que les uns comprennent s'appelle la nourriture des spirituels, des parfaits : ce que les autres ne comprennent guère se nomme le lait des enfants, des charnels ; à ce défaut d'intelligence, ils suppléent par la foi. On leur dit des choses relevées pour leur prêcher la croyance Catholique, mais on ne peut s'y appesantir dans la crainte de les surcharger, tandis qu'aux spirituels on peut en parler à l'aise. Il n'y a donc aucune opposition entre un enseignement moins haut et une doctrine plus élevée, si tous deux restent conformes à la foi ce à quoi il faut faire attention de part et d'autre.
Haut du document
PROCESSION DU SAINT-ESPRIT.
Jésus-Christ dit du Saint-Esprit : « Il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu'il entendra ». Ces paroles ne peuvent s'entendre dans le même sens que celles que le Sauveur prononçait sur lui-même en tant qu'homme, puisque le Saint-Esprit ne s'est uni à aucune nature créée. Quoique l'âme humaine ait des points de, ressemblance avec Dieu,, elle ne peut non plus servir de terme de comparaison pour les opérations intérieures de la divinité. En Dieu:- la science, c'est l'être, et comme le Saint-Esprit procède du Père, ce qu'il apprend, ce qu'il sait, il le tient, non de lui-même, mais du Père. Mais pourquoi Jésus-Christ dit-il que le Saint-Esprit procède du Père, sans dire qu'il procède aussi du Fils ? C'est que le Fils a été engendré par le Père, et que le Père a donné au Fils que le Saint-Esprit procède de lui comme du Père.
Haut du document
LA VRAIE GLOIRE.
Le Saint-Esprit faisant connaître Jésus-Christ et donnant aux Apôtres le courage de l'annoncer, le glorifiera véritablement, car il ne peut se tromper ni sur la personne du Sauveur ni sur quoi que ce soit : gloire pure et solide, bien différente de celle que peuvent se procurer les hommes sujets à errer. Le Saint-Esprit ne se trompe pas, car, procédant du Père et du Fils, il reçoit de l'un la science de l'autre.
Haut du document
LA VIE PRÉSENTE ET LA VIE FUTURE.
Entre le moment de la mort du Christ et celui de sa résurrection devaient déjà se vérifier ces paroles : « Encore un peu de temps, etc. » Mais elles ont particulièrement trait, d'abord à la vie présente, où nous gémissons, et ensuite à la vie éternelle, où nous saurons tout et où rien ne nous manquera.
Haut du document
L'HOMME SPIRITUEL.
Pour obtenir du Père ce qu'on lui demande, il faut d'abord connaître Jésus-Christ tel qu'il est et ne rien demander qui ne se rapporte au salut. Mais, pour cela, il faut être spirituel, et c'est ce que le Sauveur promet è ses Apôtres de leur obtenir de la part du Père ; car il les aime.
Haut du document
LA FOI DES APOTRES.
Les disciples de Jésus ne le comprenaient pas encore et croyaient néanmoins le comprendre ; ils voyaient briller en lui l'omniscience et, en conséquence, ils croyaient en lui. Cependant le Sauveur leur prédit que, eu dépit de leur foi, ils le quitteront, mais seulement pour un temps.
Haut du document
LES SOUFFRANCES, SOURCE DE GLOIRE.
Tout ce que Jésus avait dit, fait et disposé à l'égard de ses Apôtres, n'avait pour but que de leur faire trouver la paix en lui, même au milieu de leurs épreuves. Pour terminer, il s'adresse à son Père, et il lui demande, puisque l'heure fixée par lui pour ses souffrances est venue, de donner à son humanité la gloire qu'elles lui mériteront.
Haut du document
GLORIFICATION DU FILS ET DU PÈRE.
Le Sauveur prie son Père de le glorifier comme homme en le ressuscitant, afin que lui-même glorifie son Père, en communiquant aux prédestinés la vie éternelle, c'est-à-dire, la connaissance de Dieu, et qu'en conséquence le Père place son Verbe fait homme à sa droite dans le ciel, comme il l'avait décidé de toute éternité.
Haut du document
LA MANIFESTATION DU PÈRE.
Qu'il s'agisse des seuls disciples du Sauveur ou de tous les fidèles, toujours est-il que, en qualité d'homme, Jésus les avait reçus de Dieu et qu'il devait leur communiquer la connaissance de la sainte Trinité, et la foi en ce que le Père avait dit au Fils en l'engendrant.
Haut du document
REMISE DES APOTRES A LA GARDE DU PÈRE.
Le Sauveur prie pour ses disciples qui sont1dans le monde, mais qu'en qualité d'homme il a reçus de la part de Dieu, du milieu du monde. Le Père va le glorifier, il est sur le point de les quitter ; c'est donc au Père de veiller sur eux et de leur communiquer la plénitude de la paix et de la joie.
Haut du document
SANCTIFICATION DES APOTRES.
Notre-Seigneur prie son Père de préserver du mal ses disciples et de les sanctifier dans la vérité, mais non de les retirer du monde : ainsi pourra-t-il les envoyer dans le monde , comme il y a été lui-même envoyé.
Haut du document
JÉSUS PRIE POUR TOUS LES CROYANTS.
Le Sauveur prie pour tous ceux qui doivent croire en lui, en acceptant la foi qu'il est venu apporter au monde, et que ses Apôtres doivent prêcher.
Haut du document
L'UNION ENTRE LES FIDÈLES.
Pour nous, comme pour les fidèles, Jésus demande l'union avec Dieu par la foi, et entre nous par la charité, et comme fruit de cette union, la connaissance de ce que nous croyons, la vue de la gloire de Jésus-Christ. Afin de nous élever à ce degré de science, il nous faut la grâce qui nous égale aux anges, et le Christ la demande aussi pour nous.
Haut du document
LE CIEL ET LA VISION INTUITIVE.
Jésus, voie, vérité et vie, demande le ciel pour ceux qu'il a reçus et choisis du monde, la conviction des choses qui ne se voient point, et enfin, comme moyeu d'y parvenir, la foi et l'espérance.
Haut du document
JÉSUS AU JARDIN DES OLIVES.
Arrivé au jardin des Olives, le Sauveur y est bientôt suivi par les Juifs et Judas. D'un mot, il les renverse et guérit Malchus que Pierre a blessé. Avant sa guérison, Malchus était la figure de la servitude, et après, celle de la liberté, comme sa blessure était l'emblème du renouvellement de l'intelligence.
Haut du document
JÉSUS CHEZ ANNE ET CHEZ CAÏPHE.
Le Sauveur, trahi par Judas, traîné chez Anne, y est renié trois fois, par Pierre : ensuite, on le conduit chez Caïphe, un assistant le soufflette, et il répond à cette injure avec une dignité et un calme qui doivent nous servir d'exemple.
Haut du document
LE SAUVEUR AU TRIBUNAL DE PILATE.
On amène Jésus à Pilate, mais ses ennemis n'entrent pas dans le prétoire. Les hypocrites ! Ils craignaient de se souiller en pénétrant dans un tribunal étranger, et ils ne craignaient pas de se souiller par un crime.
Haut du document
BARABBAS PRÉFÉRÉ A JÉSUS.
Pilate dit à Jésus : « Es-tu roi ? » « Oui », répond le Sauveur, « mais mon royaume n'est pas de ce monde ». Le gouverneur propose donc au périple d'acquitter le Christ: mais le peuple demande Barabbas.
Haut du document
JÉSUS CONDAMNÉ A MORT.
Pour assouvir la rage des Juifs, Pilate fait flageller Jésus ; les Juifs redoublent de fureur : « Il s'est dit le Fils de Dieu, il s'est fait roi : si tu l'acquittes, tu n'es pas l'ami de César ». A ces mots, le faible gouverneur craint pour sa place, et il livre le Christ à ses ennemis.
Haut du document
JÉSUS, ROI DES JUIFS.
Quoi qu'il en soit de l'heure précise du crucifiement, toujours est-il que le Sauveur fut attaché à la croix sur le Calvaire et entre deux voleurs, et que le titre refusé à Jésus par les Juifs, mais imposé par Pilate, fut affiché à l'instrument du supplice pour leur instruction et leur confusion.
Haut du document
LES VÊTEMENTS DU SAUVEUR.
Malgré la discordance apparente des évangélistes, tous s'accordent à dire que les soldats firent quatre parts des vêtements de Jésus, et qu'ils jetèrent les sorts pour savoir à laquelle échéerait la robe sans couture. Les quatre parts symbolisent les quatre parties du monde, comme la robe sans couture représente leur mutuelle union : les sorts figurent la grâce, et les soldats eux-mêmes ont, en dépit de leur malice, un sens caché, de même que la croix, malgré son ignominie, a le sien propre.
Haut du document
LES DERNIERS MOMENTS DE JÉSUS.
Après le partage de ses vêtements, Jésus légua sa Mère à l'apôtre Jean, pour donner aux enfants un exemple de piété filiale, et Jean la reçut pour en prendre soin. Puis le Sauveur se plaignit de la soif, et on lui tendit, au bout d'un roseau, une éponge imbibée de fiel, de vinaigre et d'hysope. Le roseau était l'emblème de l'Ecriture; le fiel et le vinaigre, de la méchanceté des Juifs ; l'hysope, de l'humilité du Christ. A peine Jésus en eut-il goûté, qu'il mourut.
Haut du document
APRÈS LA MORT DE JÉSUS.
Lorsque le Sauveur eut rendu le dernier soupir, les soldats ne lui rompirent point les jambes, mais l'un deux lui perça le côté : Adam et l'Arche d'alliance avaient été la figure du Christ. Sur la demande de Joseph d'Arimathie, Pilate rendit le corps de Jésus : on le mit dans un sépulcre neuf, mais, le premier jour de la semaine, Madeleine et quelques autres disciples ne l'y trouvèrent plus.
Haut du document
APRÈS LA RÉSURRECTION DE JÉSUS.
Pierre et Jean étant retournés chez eux, Marie-Madeleine revint, en pleurant, au tombeau du Sauveur. Elle y vit deux anges, et, en se retournant, elle aperçut le Christ sous la forme d'un jardinier. « Ne me touche pas », lui dit Jésus : alors, elle figurait l'Eglise des Gentils, ou ceux qui ne touchent pas spirituellement Notre-Seigneur. Ensuite, elle revint annoncer aux Apôtres ce qu'elle avait vu, et Jésus lui-même leur apparut plusieurs fois pour les convaincre, eux et Thomas surtout, de la réalité de sa résurrection.
Haut du document
LA SECONDE PÊCHE MIRACULEUSE.
Quelques jours après l'apparition du Sauveur à Thomas, les Apôtres allèrent pêcher : et en retournant ainsi à leur premier métier, ils ne péchèrent pas; car c'était une occupation permise en elle-même, et, d'ailleurs, s'il est permis aux prédicateurs de l'Evangile de vivre de l'Evangile, à plus forte raison ne leur est-il pas défendu de ne pas grever leurs ouailles. Jésus se présenta alors à eux ; sur son ordre, ils jetèrent leurs filets à droite de la barque, prirent cent cinquante-trois gros poissons, et les amenèrent au rivage dans les filets, sans que ceux-ci se rompissent. La première pêche miraculeuse était la figure de l'Eglise du temps : pour bien des raisons, celle-ci symbolisait l'Eglise de l'éternité. Le nombre des poissons indiquait l'accomplissement de la loi par l'opération du Saint-Esprit, et leur grosseur, ceux qui enseignent et observent les commandements et qui feront, à cause de cela, partie des élus.
Haut du document
LE GRAND DEVOIR DES PASTEURS.
Après la pêche miraculeuse, Jésus se mit à table avec les sept disciples : d'abord, on servit du poisson rôti et du pain, emblèmes de l'aliment céleste qui fait notre nourriture à la sainte Table. Ensuite, Jésus demanda par trois fois à Pierre, s'il l'aimait, et sur la réponse affirmative de celui-ci, il lui confia ses brebis et ses agneaux. La triple protestation d'amour de Pierre, était une réparation de son triple reniement : c'était aussi, pour tous les pasteurs, une leçon ; car, pour paître réellement le troupeau du Christ qui leur est confié, ils doivent aimer Dieu plus qu'eux-mêmes, et l'aimer, s'il le faut, jusqu'à mourir pour lui.
Haut du document
LES DEUX VIES.
A la fin de sa troisième apparition, le Sauveur dit à Pierre : « Suis-moi », et, en parlant de Jean : « Je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne ». Certains interprètes supposent, d'après ces dernières paroles, et d'après certains faits plus ou moins avérés, que l'apôtre Jean n'est pas mort et ne mourra pas avant la fin du monde. Mais l'explication la plus plausible de ce passage est celle-ci . Pierre représenté la vie du temps, vie de peines et de tourments, où l'amour de Dieu est plus vif; parce qu'on y désire plus ardemment l'heure de la délivrance : Jean figure la vie du ciel, où l'on est heureux, et par ce motif, moins aimant : de là, il suit que Pierre était moins aimé du Sauveur, et que Jean l'était davantage.
Haut du document