SERMON VII
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SERMON VII. Peu après les avoir dépassés, j'ai trouvé celui que mon cœur aime. (Cant. III, 4.)

 

1. Vous êtes des créanciers impitoyables et vous poursuivez avec trop d'instance votre débiteur. Cette conduite est digne d'indulgence, pourvu que votre demande soit juste. Mais vous exigez que je paie la dette à laquelle je ne suis pas obligé. En effet, je devais parler du passage de l'épouse. J'y suis tenu par le motif de notre promesse, aussi bien que par la suite du sujet, et vous m'adressez avec l'épouse ces paroles :« N'avez-vous pas vu celui que mon cœur aime ? » Elle tempère avec plus de modestie cette demande, semblable à une personne qui est dans le doute, cherchant plutôt qu'elle ne presse. Elle sait qu'il n'est pas question de cette vision avec tout le monde, ni en tout temps. Depuis que l'époux a caché son visage, quel est celui qui le contemple? Mais vous me pressez; vous voulez que je vous trace la règle à suivre pour contempler le bien-aimé, et que je vous donne le moyen de le trouver et de le voir. Quoi donc ? Vous voulez que je récapitule sous forme de règle les largesses du don de Dieu? Cette vision ne vient pas de l'industrie humaine, la grâce la produit : elle est le résultat de la révélation, et non le fruit de la recherche. Que si cependant les efforts de l'homme peuvent coopérer en quelque chose en ce sujet, observez d'abord ce qui est écrit : « Lavez-vous, soyez purs. » En second lieu, au temps du loisir, écrivez sur la sagesse. Celui qui est plus dégagé des actes qui occupent, la recevra en lui. En troisième lieu, soyez violents, enlevez de force la joie du royaume de Dieu, qui vous est trop longtemps différée; c'est-à-dire ayez le coeur pur, prêt et généreux. Soyez d'abord digne, ensuite dévôt, puis emporté, c'est-à-dire apte, présent et pressant. Propre à recevoir la grâce, présent à l'époux qui vient, pressant pour le hâter dans ses retards. Par la première disposition, vous vous préparez; par la seconde, vous devenez semblable à l'épouse attendant son bien-aimé lorsqu'il revient des noces; par la troisième, vous vous hâtez et l'épouse n'attend pas, elle court et elle dépasse les gardes eux-mêmes. J'aurais mieux parlé si j'avais dit : elle traverse les rangs des gardes. Ce que nous dépassons, nous ne le regardons pas, nous ne le touchons pas, nous le méprisons: mais ce que nous traversons, nous apprenons à le discuter, à l'examiner et à le pénétrer. Ce mouvement de traverser n'est pas inutile. En effet, c'est après avoir dépassé un peu que l'épouse trouva le bien-aimé. Voyez, mes frères, de quoi il sert de consulter les gardes. Ce procédé conduit Pâme aimante, mais errante, à la rencontre de celui qu'elle chérit. Il est utile de consulter; et souvent ce que ne fournit pas l'érudition de ceux qu'on consulte, l'humilité de celui qui s'adresse ainsi à un autre l'obtient. Il est bon que vous soyez soigneux de demander, sans en faire une pratique constante. Car ce n'est pas de propos délibéré, mais par occasion, que l'épouse consulte les gardes, et encore en passant. L'amour du bien-aimé l'entraînait plus loin, et elle ne croyait pas avoir le temps de s'entretenir avec eux à loisir. Elle courait dans la soif de son coeur, ayant respiré peut-être le souffle du voisinage de l'époux: et c'est pourquoi elle faisait moins attention à ceux qui bénissaient de bouche, courant à celui qui bénit en esprit et qui est pardessus tout, Dieu béni dans les siècles.

2. Remarquez ceci, ô vous qui priez en courant, et passez beaucoup de temps à lire : qui êtes pleins de ferveur pour la lecture et que l'oraison trouve engourdis. La lecture doit servir à l'oraison, préparer l'affection, ne pas enlever nos heures, ne point interrompre nos loisirs. Quand vous lisez, on vous instruit du Christ; mais en priant, vous entretenez avec lui un colloque familier. Et qu'y a-t-il de plus agréable avec lui, que de parler de lui ? Si ceux qui s'adonnent avec trop d'ardeur à la lecture, parce qu'ils prient rarement, éprouvent la privation des visites des consolations spirituelles, que dirons-nous de ceux que dissipent des conversations déréglées, ou que partagent des questions difficiles? Le propre des moines n'est pas de parler, mais de se taire; non de poser des questions, mais de vaquer au repos. Ou, s'il faut admettre de l'agitation, ce doit être l'empressement de l'amour, et non celui de la dispute. Car le saint amour a son inquiétude, mais l'inquiétude dont parle le prophète : « Je ne me tairai pas et je ne me reposerai pas, jusqu'à ce que le juste paraisse comme l'éclat d'un beau jour, jusqu'à ce que le Sauveur brille comme une lampe enflammée (Is. LXII, 1.) » Est-ce que l'épouse n'annonce pas un pareil sentiment de son âme, quand elle dit : « Lorsque je les eus dépassés? » Elle était entraînée par l'impétuosité d'un amour ardent, et pour cela, elle dit en effet qu'elle a dépassé, comme devançant en effet, par son avidité et son désir, tout ce qu'on pouvait dire. « Quand je les eus dépassés, je trouvai celui que mon coeur aime. » Elle les dépassa, ou bien en développant la doctrine, ou bien en considérant la nature. Elle dépassa, et ce qu'ils purent dire, et ce qui se put montrer en eux. Quels que soient ces gardes, soit que vous les appeliez chérubins ou séraphins, ils ne peuvent ni dire par leurs paroles, ni exprimer par leurs efforts tout ce qui touche au Christ. « Toutes choses sont difficiles, l'homme ne peut les expliquer dans ses discours (Eccl. I, 8) » Si pour les êtres créés, la difficulté est si grande, leur propre auteur, qui le montrera ou dignement ou pleinement ? Aussi l'épouse s'écrie : « Quand je les eus dépassés. »

3. Plaise au ciel que nous soyons de ces auditeurs de la parole de Dieu, que nous ne succombions pas à cause de la lenteur de notre esprit ou de la tiédeur de nos désirs, sous le poids de la doctrine qui nous est prêchée; que toutes ces vérités ne nous dépassent point, qu'elles n'excèdent ni notre avidité, ni notre capacité; mais qu'au contraire, nous allions plutôt au-delà de l'effort de celui qui nous enseigne que de celui qui nous avertit, quoique ne saisissant pas encore des réalités plus relevées, les conjecturant néanmoins et les désirant avec certitude. En une certaine manière, il dépasse l'enseignement qu'on lui propose, celui qui aspire à des vérités plus hautes, bien qu'il n'y arrive pas sur le champ. L'épouse les a saisies : c'est pourquoi, joyeuse, elle chante : « Quand je les eus dépassés, je trouvai celui que mon coeur aime. » Pourquoi ne dépasserait-elle pas ceux dont la science est figurée par le nombre, et la nature affectée par le mode? Mais celui qu'elle cherche est grand et immense, et il ne s'apprécie point par voie de comparaison avec un autre. Il ne peut être donc estimé par des renseignements empruntés au-dehors ou justement mesuré par un exemple légal. Tous les autres êtres peuvent être dépassés; seul, il lui est impossible de l'être. Enfin, il s'écrie : « Passez à moi, vous tous qui me désirez, et rassasiez-vous des fruits que je produits. » Passez à moi, dit-il, et non dépassez-moi. Comment, en effet, dépasser ce qui est immense? « Une mesure bonne et entassée, et pressée et débordante sera mise dans votre sein. (Luc. VI, 38.) L'immensité vous est donnée en mesure, mais en soi-même elle est sans mesure. On ne dit pas une mesure pleine, mais « débordante. » Si donc cette mesure ne peut-être contenue, l'immensité elle-même, comment le sera-t-elle ? Comment pouvoir dépasser ce qui ne peut-être pleinement saisi? L'épouse ne veut pas le dépasser, mais elle dit : « Je l'ai tenu, je ne le lâcherai pas. Quand je les ai eu un peu dépassés, j'ai trouvé celui que mon coeur aime. »          Peut-être étaient-elles proches de l'époux, ces sentinelles que l'épouse avait à peine dépassées lorsqu'elle rencontra le bien-aimé. Si nous entendons ce texte de la nature divine, quel est celui des esprits créés qui approchera de cette immensité et de cette majesté? Car encore que ces esprits ont une certaine ressemblance avec elle, nous savons toutefois que cette ressemblance est très-inférieure et très-différente. Seigneur, il n'est personne qui soit semblable à vous. La connaissance admet donc peut-être cette proximité qu'exclut la position suréminente de Dieu.

4. Mais qui oserait, avec les forces d'un esprit créé, définir cet abîme de la sagesse divine, qu'aucun nombre ne peut indiquer? « Dieu, dit l’apôtre, habite une lumière inaccessible. (I Tim. VI, 15.) Cette lumière est inaccessible pour nous; mais nous ne sommes pas inaccessibles pour elle. C'est pourquoi il est écrit: « J'ai fait éclater tout proche ma justice, et mon salut ne sera pas éloigné.» (Is. XLVI, 13.) Elle a éclaté tout proche, car elle s'est incarnée; elle a été placée encore plus près, car elle s'est révélée; plus près encore, car elle s'est donnée. En prenant notre chair, le Christ Jésus est devenu près de nous la justice du Père; mais par un double privilège, il a dépassé tout le genre humain, au point de vue de la condition de sa nature humaine par la justice et par l'intégrité : parce que, lui excepté, personne n'est exempt de tâche, affranchi de la corruption. Enrichi de ce double don, il s'est élevé au-dessus de ses frères. Par conséquent, que votre foi dépasse tous les autres hommes, afin de contempler en Jésus seul l'équité de la justice et l'intégrité d'une nature semblable à la vôtre. Cependant, il ne les dépasse qu'un peu : parce que, de même qu'il nous dépasse par la justice et la sainteté, ainsi il s'est rapproché de nous par la condition de sa nature nullement différente de celle qui nous est propre. En voulant l'apprécier, les Juifs ne surent pas dépasser Moïse, ni aller au-delà d'Abraham et des autres Patriarches ou Prophètes . ils le regardaient comme l'un d'eux et ne soupçonnaient point qu'en sa personne résidait une grâce bien plus excellente. Ils disaient : « Abraham et les Prophètes sont morts, et tu dis : Celui -qui mange ma chair ne mourra pas pour toujours? Qui te trais-tu? » (Joan, VIII, 52). Ils ne voulurent pas dépasser Jean; i s disaient : « Jean lui-même est le Christ.» (Joan, 1). Ce prophète cependant ne souffrit pas qu'ils en restassent à lui, et il repoussa une opinion connue avec tant de fausseté : « Je ne suis pas le Christ, dit-il, au milieu de vous se trouve celui que vous ne connaissez pas. »

5. La synagogue ne sut pas le dépasser, mais elle le jugea à la mesure des autres, et elle lui imputa à blasphème, étant homme, de se faire Dieu. La foi de l'Eglise est allée plus avant et elle a trouvé Jésus oint « de l'huile, de la joie par-dessus tous ses compagnons. (Ps. LXIV, 8.) » Et avec quelle abondance était-il pénétré de cette onction, puisque c'est de cette plénitude qu'il a puisé pour verser dans les blessures de tous les hommes un baume salutaire! Car nous sommes ce pauvre blessé. qui descendit à Jéricho, qui tomba entre les mains des voleurs, fut dépouillé, frappé et laissé à moitié mort. (Luc. X, 30.) Plusieurs passèrent, et nul ne se trouvait qui donnât le salut. Le grand patriarche Abraham passa, mais il ne justifiait pas; il n'était que justifié dans la foi au Sauveur à venir. Moïse passa, il ne donnait pas la grâce, il donna la loi, et encore une loi qui ne conduisait personne à la perfection. Car ce n'est point de la loi que vient la justice. Aaron passa. Le prêtre passa, et par les mêmes victimes qu'il ne cessait d'immoler, il ne pouvait nettoyer la conscience des oeuvres mortes, afin de la rendre en état de servir le Dieu vivant. (Hebr. IX, 14.) On vit passer le Patriarche, le Pontife et le Prophète; leur esprit était aussi stérile due leurs oeuvres; bien plus, ils étaient blessés eux-mêmes dans la personne de ce blessé. Jésus-Christ seul, le vrai Samaritain, à la vue de cet infortuné, fut touché de miséricorde, car il est tout miséricorde ; il versa de l'huile dans les plaies, il se donna aux coeurs, purifiant par la foi l'âme de tous ses frères. C'est pourquoi la foi de l'Église les dépasse tous, ces personnages, pour arriver à Celui qui, seul, ne pouvait pas la dédaigner en passant, comme les autres, et qui la plaça sur sa monture, devenu lui aussi, en son amour, semblable à une bête de charge.. Elle dépasse un peu, afin de trouver celui qu'elle croit exempt de la corruption, tout en le prêchant comme partageant la même condition des hommes ses frères. Elle le regarde comme prince de la grâce, et en même temps elle le proclame participant de la nature.

6. Que si, considérant les anges par rapport à l'âme très-sainte que Jésus a prise en s'incarnant, nous disons que le Christ domine mieux sous ce rapport les esprits angéliques, cette assertion ne sera pas contraire à la foi, mais tout-à-fait convenable à la dignité de sa personne. Car, s'il a été placé un peu au-dessous des Anges, à cause de la partie charnelle dont il s'est revêtu, il leur est cependant égal selon la substance spirituelle, et supérieur selon la prérogative de sa puissance. Épouse, dépassez aussi ces sublimes intelligences. Elles sont votre corde, elles sont votre défense, elles disent dans le Prophète : « Nous avons soigné Babylone et elle n'est pas guérie. » (Jer. LI, 9.) Dépassez-les, dis-je, et contemplez dans votre bien-aimé les qualités qui constituent son privilège particulier. Ce sont des esprits administrateurs, mais non producteurs du salut. Jésus est l'ange du grand conseil; c'est lui qui a opéré le salut au milieu de la terre. C'est pourquoi Dieu l'a exalté et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom. C'est une agréable contemplation que de considérer dans la famille céleste la simplicité de l'essence, la lumière de l'esprit et la suavité d'un amour réciproque. C'est un doux spectacle que de voir la perpétuité de l'existence, la pureté de l'intelligence, la profondeur de la science, ou même l'humilité dans l'obéissance, la tranquillité dans l'application, la puissance dans le résultat. Dépassez-les tous et considérez combien est grand celui qui vient pour sauver les nations. A son entrée dans l'univers, les louanges des anges l'accompagnent et, à son retour triomphal, leurs cantiques d'admiration le suivent aussi : « Quel est celui qui vient d'Édom, ses vêtements sont teints, il sort de Bosra ? Il est beau dans son habit (Is. LXIII,  1), » dans l'habit de sa chair.

7. Oui, il est beau dans l'habit de sa chair, de cette chair qui a été conçue sans aucun mélange, est née d'une Vierge, a été préservée non-seulement de toute corruption, mais même du foyer de toute corruption, n'a pas été atteinte dans le sépulcre, est ressuscitée le troisième jour, a été enlevée au ciel le quarantième et (chose aimable et admirable au-dessus de toute expression), chaque jour est mise devant les fidèles comme viande de salut. Qui, à chacune de ces vérités, ire s'étonnerait avec amour et ne s'écrierait : « quel est ce personnage si ravissant dans son habit? » vous avez parcouru tous les degrés de l'admiration, et même comme frappé d'étonnement, vous vous êtes arrêté à chacun et voilà que derechef une nouvelle matière de ravissement vous est proposée. Vous avez été assez habitué à toucher à ces idées, provoqué encore à un sentiment qui va jusqu'à la stupéfaction, comme si on vous adressait cette parole du Prophète : « oubliez les choses premières, j'en opère de nouvelles » (Is. XLIII, 19.)

8. Qu'y a-t-il de plus nouveau que de voir, dans le mystère du corps du Seigneur, changer la matière et rester l'apparence? La forme première subsiste, mais il s'y trouve une nouvelle grâce, parce qu'il a une nouvelle substance. Nouvelle non en soi, mais sous une forme de ce genre. C'est un prodige entièrement nouveau que la substance de la chair du Seigneur, prise sous une apparence étrangère, donne à l'âme la vertu de la sainteté, et que dans le mystère de l'autel, la chair immaculée purifie une substance spirituelle. C'est un prodige nouveau et qui ne se retrouve pas dans les autres sacrements, que non-seulement une nouvelle grâce de sainteté est accordée, mais encore que la substance naturelle est changée. Car, par la bénédiction (lu sacrement, le pain. offert subit cette ineffable mutation, et par la consécration mystérieuse, et l'union du verbe vivant, cette grâce vivifiante devient la chair du Christ. Car « la chair ne sert de rien, mais c'est l'esprit qui vivifie » (Joan. VI, 64.) conférant, dans ce sacrement auguste, à la chair trois fois sainte, l'efficacité spirituelle de vivifier ceux qui participent à un si grand mystère. Il est donc beau dans son habit, c'est-à-dire, dans sa chair; mais il est encore plus beau dans l'esprit auquel il s'est uni, supérieur à la chair parce qu'il est plus rapproché du Verbe. Et c'est dans cet esprit qu'il faut comprendre qu'il a été oint au-dessus de ses compagnons, c'est-à-dire, non seulement au-dessus des enfants des hommes, mais encore au-dessus des phalanges angéliques. Pourquoi n'est-il pas oint plus que les anges de l'huile de la grâce, Celui qui, non par voie de participation comme les autres, mais par une union personnelle a été lié à cette olive très-grasse, de laquelle découle toute onction? Est-ce que la vérité et le Verbe de Dieu ne vous paraissent pas comme une olive, c'est son onction qui nous instruit de toutes choses, ses discours sont plus adoucis que l'huile, et son nom est un onguent répandu. C'est à cette olive qu'il a été uni par le lien personnel de sa condition et rendu participant de toute l'abondance qui en jaillit, nullement semblable (pour employer ce terme) à l'olivier sauvage de notre corruption.

9. Ce qu'il a reçu de lumière, de douceur, de suavité, de vertu de toute sorte, ses oeuvres l'indiquent clairement, avec cette différence que ce qu'il éprouvait dans l'esprit, l'emportait de beaucoup sur ce qu'il exprimait dans ses actions. Enfin, à tous les traits qui montrent sa vertu; vous pouvez dire : « Votre nom est une huile répandue, sans parler de ce qui se cache au-dedans. » (Cant. I, 2.) Il n'est pas convenable que n'importe quelle merveille au-dehors égale les vertus de son âme. Je ne puis, Seigneur, comprendre toutes vos oeuvres qui éclatent en ma présence. Elles se sont multipliées et je ne les puis compter : et cette grâce qui se cache dans l'intérieur comment l'expérimenter? L'oeil n'a pas vu, ô âme bienheureuse du Christ, si ce n'est vous, les merveilles divinement entassées en vous. Aussi les , esprits angéliques, ne pouvant les comprendre, ne cessent de les admirer et comme s'ils ne les connaissaient pas, frappés de saisissement, ils s'exclament en ces paroles de louanges déjà citées : « quel est celui-ci tellement gracieux dans ses vêtements, qui marche dans toute l'étendue de sa puissance? » (Psalm. LXIII, 1.) Considérant dans son bien-aimé cette prérogative de vertus, l'épouse dit avec raison, qu'elle « a dépassé » les gardes et qu'elle les a dépassés « un peu, » parce qu'elle admire la grâce singulière qui est en lui, de manière cependant à lui donner comme aux autres la nature humaine, à reconnaître que cette âme heureuse du Christ est du même genre que les autres, bien que d'une vertu différente et supérieure. Je me préparais à vous expliquer un autre passage, mais ce que le sujet m'indique avec propos, ou mieux, m'impose le discours arrivé à son terme, refuse de le traiter. En attendant, restons au degré où nous sommes parvenus, afin que, lorsque nous en aurons le loisir, de ce degré nous nous élevions à des mystères plus élevés de l'époux de l'Eglise, Jésus-Christ, qui vit et règne dans les siècles des siècles. Amen.

 

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