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SERMON XXXV. Vous êtes un jardin fermé, ô mon épouse, ma soeur, etc. (Cant. IV, 12.)
1. « Vous êtes un jardin fermé, ô épouse ma soeur , un jardin fermé, une fontaine scellée.» D'abord, d'après ces paroles, comprenez l'amour du bien-aimé qui exprime ses louanges en des termes pareils. Il paraît ravi celui qui n'est pas content d'avoir loué une fois. Ce serait chose considérable s'il prononçait simplement, et une fois, l'éloge de celle, à qui il s'adresse. Mais en cet endroit, il fait résonner à ses oreilles, les paroles les plus agréablement flatteuses, et il les lui répète. Pourquoi ne se plairait-il pas à se réjouir sans cesse des qualités extraordinaires de celle qu'il a admise à l'honneur de son alliance matrimoniale? Pour recevoir les droits qu'apporte une telle union, on ne pouvait choisir qu'une personne digne de les avoir, et une fois choisie, cette personne ne pouvait être médiocrement aimée. N'est-il pas juste que cette épouse s'attache à plaire à son bien-aimé, en ce qui l'a rendue ravissante à ses yeux? Il loue, il prépare, il se plante un paradis de volupté, cet époux qui orne ainsi son épouse, il la compare au paradis de délices. « Voici», dit Isaac, « que l'odeur de mon fils est comme l'odeur d'un champ rempli que le Seigneur a béni. » (Gen. XXVII, 27.) L'épouse n'est pas assimilée à un champ, mais bien à un jardin dans lequel on admire les fleurs spirituelles, et où l'on cultive les plantes aromatiques. C'est dans ce jardin, ô bon Jésus, que vous descendez avec plaisir pour respirer les parfums, pour prendre votre repos, pour le soigner et le garder. « Vous êtes un jardin fermé, ô ma sur, mon épouse, » dit-il, « vous êtes un jardin fermé. » Par ce jardin, mes frères, entendez les délices qui se ressentent dans l'intérieur de l'âme : par sa clôture, entendez le soin avec lequel on la garde. Qui trouverez-vous de semblable à un jardin, si ce n'est celui dont l'âme est embaumée d'affections spirituelles comme un jardin rempli de plantes odoriférantes? Quel doux sanctuaire ! quelle agréable retraite dans le coeur de l'épouse, dans un coeur assez émaillé de fleurs, pour qu'on le compare à un parterre. Il n'y a aucune racine d'amertume qui germe dans ses rejetons et qui gâte les racines de cette riche terre. Toute plante que mon père céleste n'aura pas mise en terre, en sera entièrement arrachée. C'est le Seigneur lui-même qui a établi ce jardin de délices, dans la pensée de le travailler et de le garder seul. Il s'y occupe de deux manières, il plante et il émonde. Il plante, afin qu'il s'y trouve des herbes bonnes : il émonde, afin qu'il donne des fruits avec plus d'abondance. Il plante, afin qu'il y ait de bonnes semences pleines, il émonde, pour que ces semences ne soient pas affaiblies. De quoi sert-il de mettre en terre des semences choisies, si le travail de purgation ne vient les conduire ensuite à leur plein développement? Le soin diligent de la discipline ne produira rien, si la vigilance ne l'accompagne pas. Il a et discipline et vigilance, celui qui est comparé à un jardin, et à un jardin fermé. 2. « Vous êtes un jardin fermé, ô mon épouse, ma soeur. » Adam garda mal le jardin dans lequel il avait été placé, il n'empêcha pas le serpent glissant de s'y introduire perfidement. Ce jardin rempli d'arbres était agréable : j'en trouve un préférable que je vois placé dans son âme. Il n'eût servi de rien que le serpent fût entré dans le premier, s'il n'avait point pénétré en celui-ci. Il fut admis et de suite Adam sentit son venin. Qui secoue la haie, le serpent le mordra. (Eccle. X, 8.) La haie est une bonne garde, elle sépare la terre cultivée de celle qui ne l'est point, et elle la protège. Placez-la, cette haie, autour de votre jardin, de crainte que si on l'enlève, que si on détruit ce mur, vous ne soyez livré à dès ennemis qui vous déchirent et vous foulent aux pieds. Le jardin d'Adam n'était pas fermé à l'esprit infernal : combien ensuite son entrée fut sévèrement interdite à notre premier père chassé et exilé ! Il ne lui est pas facile de revenir au lieu d'où il est tombé avec une facilité si inconsidérée. Il mange son pain à la sueur de son front, celui qui cueillait à discrétion dans le Paradis, les fruits de l'arbre de vie. Maintenant le pain est son aliment, alors il se nourrissait des fruits de vie. Dans le Paradis, le Seigneur produisit tout arbre agréable à la vue et délicieux pour la nourriture. Chassé de ce lieu, Adam travaille sur la terre; ce n'est pas le Seigneur, c'est la terre qui lui offre, après son travail, des épines et des ronces. Le Paradis donne gratuitement ses fruits : la terre les refuse presque au travail de l'homme. Changement malheureux : mais vous, Seigneur, vous punissez, et avec justice, tous ceux qui, en se séparant de vous, commettent une sorte de péché de fornication. (Ps. LXII, 27.) Il est châtié avec raison, celui qui, par cette sorte de faute, perd des biens si précieux; il ne mérite plus d'entendre ces tendres expressions, d'être appelé « soeur, épouse, jardin et jardin fermé, » s'il n'exclut tous les autres, le bien-aimé excepté. Que la porte de votre Paradis soit toujours close, qu'elle ne s'ouvre que pour le prince. Que la hache et la scie ne l'enlèvent pas. Qu'elle n'ait qu'un passage, et que ce passage soit gardé par un chérubin. Que rien ne la franchisse sans avoir été éprouvé par le glaive de feu, rien de réprouvé parla parole de Dieu, rien que n'approuve la charité, rien qui ne tende à la perfection et à la plénitude de la loi. La plénitude de la science est dans le chérubin, et la plénitude de la loi est la charité: cette vertu englobe tous les commandements. Que ce soit là la garde de flamme qui vous environne, que son ardeur consume sur le champ toute indignité qui voudrait en forcer l'entrée. Cette barrière ne convient-elle pas à l'amour, qui retient toujours les affections de l'épouse, les concentre sur un seul point, dans l'intérieur de son âme, en ce lieu où ses délices sont d'être avec le Fils de Dieu? Excellent rempart que la charité : mais elle a son avant-mur. La dilection est comme la muraille, la sévérité de la régularité lui sert d'avant-mur. Elle renferme les saintes pensées et les doux sentiments; elle repousse et écarte les occasions de pécher. L'une fournit le repos qui permet de se livrer facilement aux joies de la dilection; l'autre en jouit. L'une est une barrière agréable, l'autre une séparation nécessaire. L'une vous ferme au milieu des délices célestes, l'autre repousse les jouissances terrestres. S'il entre dans vos désirs d'offrir votre coeur à Jésus-Christ comme un jardin plein de suaves jouissances, ne voyez pas avec peine cet avant-mur qui vous retient. Qui murmure de cette ceinture désire perdre les délices qu'il goûte (si toutefois il en goûte). Il ne sait pas être un jardin, celui qui ne sait pas être fermé. 3. « Jardin fermé, fontaine scellée, ce que volis produisez forme un paradis de grenadiers avec les fruits des arbres fertiles. » L'époux rapporte à trois chefs les éloges de ce jardin, il est fermé, il est arrosé, il est parfumé. Le premier de ces détails donne la sécurité ; le second, amène la fertilité; le troisième se rapporte aux plantes qu'il produit et aux charmes de ce lieu. Ne vous paraît-il pas agréable ce jardin si abrité, si fertile et si utile? Non-seulement il est utile, mais les parfums qu'il exhale, font qu'il est rempli de délices. Qui de nous oserait prendre pour lui de pareilles louanges? qui croirait que des expressions si douces sont dites pour lui? Plaise au ciel que, si nous aimons à être fertilisés de ces eaux, et à produire des aromates. nous ne refusions pas non plus d'être fermés et scellés. Ces plantes odoriférantes ne croissent que dans le jardin fermé qu'arrosent les ondes de la fontaine scellée. Que votre fontaine soit donc scellée, qu'une effusion prodigue n'épuise pas ses eaux : qu'elle soit close pour suffire à fertiliser votre âme. Divisez vos eaux sur vos places : possédez-les vous seul, que les étrangers n'entrent pas en participation avec vous. Sur les places, ai-je dit, mais sur vos places, et que les aromates des vertus croissent pour vous, comme si vous étiez le long des eaux sur des places. Comment ne sera-t-il pas une fontaine scellée, celui que le Père a marqué de son signe, et qui sort de cette source de vie? « Celui, » dit-il, « qui boira de cette eau que je lui donnerai, il y aura en lui une source d'eau qui jaillira à la vie éternelle. » (Joan. IV, 13.) Par cette fontaine qui on appelle scellée, entendez une doctrine marquée, spirituelle, particulière et séparée des pensées du siècle; ou bien une doctrine, ou certainement une dévotion frappée au coin d'une douceur éminente, spéciale à quelques âmes, coulant à flots continuels et abondants. C'est elle qui produit tous les fruits joyeux des vertus. C'est elle qui fait multiplier avec joie, les bonnes oeuvres, comme si elle pénétrait l'intérieur des os pour les féconder. Cette dévotion vive et particulière envers Dieu, réjouit la face de l'âme ; semblable à une fontaine scellée et privée, destinée à cet unique emploi, elle arrose le tueur de l'épouse et fait germer en elle ces plantes, qui sont les délices de l'époux. Qu'elle soit donc bien fermée, qu'il ne lui arrive point d'éprouver ce qui est écrit : « votre fontaine est' troublée par le pied du passant, c'est un cours d'eau souillé. » (Prov. XXV, 26.) Votre bien-aimé ne sait pas boire à une fontaine salie. « La lumière de votre visage, ô Seigneur, a été marquée sur nous, » s'écrie le Psalmiste, « vous avez plagié la joie dans mon coeur. » (Ps. IV, 7.) Appliquez cette joie à l'irrigation du jardin. « Il se réjouira en germant, à la fraîcheur des gouttes d'eau de cette fontaine. (Ps. LXIV, 11.) Ne vous souvenez-vous pas de cet endroit de la Genèse où il est dit qu'une source montait et arrosait toute la face de la terre? (Gen. II, 6.) La terre encore produisit ses fruits, elle ne connut pas alors les ronces et les épines. Qui donnera de cette eau à mon petit ,jardin, qui fera boire à mes fleurs les ondes de cette fontaine scellée? qui réalisera cet heureux effet, que toute la face de cette terre soit arrosée des ruisseaux de la lumière et de la joie, qu'il n'y ait pas un coin qui soit stérile ou attristé par l'absence de la dévotion. Elle est voisine de la stérilité, l'activité, qui est triste et ne ressent point l'influence de la joie spirituelle. Et ce qu'elle produit est semblable à une racine qui germe dans une terre desséchée, à une racine, non à des fleurs, non à des fruits. A une racine : c'est-à-dire à une plante qui ne reçoit que peu de sue, ou même aucune influence de sa base. 4. Aussi on parle d'une fontaine pour vous faire croire que ces tiges joyeuses s'élèvent dans un jardin fraîchement arrosé. Il est des jardins arrosés par des eaux que l'art a amenées; elles viennent du dehors, elles n'y ont pas coulé de tout temps, elles n'ont pas jailli de son sein. Mais le bon jardin c'est celui au sein duquel naissent les eaux. C'est la .fontaine c scellée et propre, « fontaine » porte le texte, « fontaine scellée, » c'est-à-dire coulant toujours du fond du jardin et inaccessible à la corruption. « Fontaine » car elle coule toujours : scellée parce que jamais elle ne disperse ses ondes mal à-propos. Peut-être aussi l'appelle-t-on fontaine scellée, parce que si les autres ont leurs fontaines, celle-ci est réservée particulièrement pour la sueur et l'épouse, et destinée uniquement à l'honneur de ce service. La source de la sagesse est très-excellente, mais elle coule pour nous comme si elle était scellée : elle offre de la douceur, mais on ne la connaît pas dans toute sa limpidité. Elle est fermée, et fermée sous des figures. Dans l'Apocalypse, on montre un livre placé dans les mains de celui qui est assis sur le trône, et scellée de sept sceaux. (Ap. V, 1.) Fontaine ou livre ont la même signification; l'un et l'autre marquent l'intelligence : mais le livre et la source sont scellés et enveloppés de figures et d'énigmes. Ils sont scellés, ils apparaissent sous certaines marques extérieures et se cachent sous leur enveloppe : et de même que dans l'Apocalypse vous trouvez qu'on a ouvert ce livre fermé, de même en ce passage vous apprenez que la fontaine fermée laisse échapper ses eaux. « Vos eaux qui coulent, » dit l'époux, « produisent un paradis d'orangers avec des fruits d'arbres fertiles. » Cette source est scellée, mais elle n'est pas desséchée, puisque les ondes en jaillissent avec tant de grâce. La fontaine de la sagesse est fermée, mais on la connaît aux eaux qu'elle répand. « Il y aura, » dit le prophète, « une fontaine ouverte dans la maison de David pour laver le pécheur et celle qui est souillée. (Zach. XIII, 1.) Celle-ci est ouverte, l'autre est fermée : celle-ci lave, celle-là coule : celle-ci purifie, celle-là fertilise; celle-ci enlève les péchés, celle-là cause des délices; celle-là est pour l'usage de plusieurs, celle-ci est réservée à l'épouse. Dans le Psaume qui est pour l'octave, voyez d'abord comment elle purifie le lit, et ensuite comment elle l'arrose. Ce n'est pas assez en effet d'être délivré de la souillure, si l'allégresse ne vient pas à la suite. 5. « Ce que vous produisez, est comme un jardin planté de grenadiers. » Il en est ainsi, ô bon Jésus, il en est ainsi. Ces eaux qui se distribuent, c'est vous qui les répandez par le ministère des bons anges ! Ce jardin ne pourrait produire de pareilles délices, si vous n'aviez pas influé dans son sein les charmes qui accompagnent les eaux vives. « Seigneur, la lumière de votre visage s'est imprimée sur nous, vous avez versé la joie dans mon coeur. » (Ps. IV, 7.) Nous avons subi la marque de ce qui a été imprimé d'en haut sur nous. Celui qui reçoit du ciel l'image produite par la lumière divine, reçoit aussi en son coeur l'abondance de la joie spirituelle. Aussi les émissions glorieuses que répand au loin d'elle la fille du roi, viennent de l'intérieur. «Ce qui s'échappe de rayons autour de vous, c'est le Paradis. » Il faut que dans cet intérieur, soient entassés des trésors de délices, puisque le Paradis entier en sort. Vous avez ici et un paradis fermé, et un paradis produit. L'un, dans les affections de la pureté ; l'autre, dans les actes de la piété. L'un est au-dedans, l'autre en jaillit et le démontre. La conscience et 1à conduite de l'épouse sont choses agréables. Car elle propose toutes choses avec utilité et les dispose avec suavité. Aussi vous remarquez comme une sorte de Paradis, dans son extérieur et dans sa conduite apparente :l'honnêteté se montre et plaît en chacune de ses actions, la suite éclate en l'enchaînement qui les relie, et la suavité, dans leurs dispositions réciproques. Elle agit toujours modestement et avec tranquillité, la sérénité de sa pudeur virginale n'est jamais altérée. En commençant l'énumération des qualités de ce Paradis, l'époux place la pudeur, se servant, pour la désigner, de la couleur qui ressemble à celle de la grenade. « Ce qui parait en vous est un Paradis composé des arbres qui produisent la grenade. 6. Par ces grenades on peut entendre la patience des martyrs qui ont été empourprés de leur propre sang. La pudeur a pour bonne compagne la patience : dans l'éloge qui a été fait de la sagesse, ces deux choses sont réunies : « La sagesse qui vient d'en haut est d'abord pudique; ensuite elle est pacifique. » (Jac. III, 17.) La pudeur retient l'homme dans la modestie et dans le respect qu'il se doit : la patience supporte avec égalité l'immodestie des autres. L'une tempère les mouvements venus du dedans, l'autre résiste aux attaques venues du dehors. L'une est beauté, l'autre est force. Aussi il est dit : « la force et la beauté forment son vêtement, » (Prov. XXXI, 25.) « Elle est d'abord pudique », porte le texte sacré, « ensuite pacifique », et après plusieurs éloges on ajoute: «pleine de bonnes couvres. » Il est bon de souffrir persécution, mais afin de recueillir les récompenses dues à la justice. Ce que l'épouse fait paraître au-dehors est comme les grenades, mais unies aux fruits des arbres fertiles. La pudeur est bonne, mais quand elle n'est pas oisive, pas affectée, pas feinte, et quand elle donne ses fruits dans la patience. L'une dispose avec suavité, l'autre protège avec force. L'une est modeste, l'autre longanime. Aussi, à ces deux vertus on rattache ici, comme perfection et terme des uvres, les produits des arbres à fruits. 7. Il nous faudrait en venir à parler des arbres aromatiques, à leurs espèces plus recherchées, aux émissions qu'exhale le cyprès avec le nard : mais les grenades nous attirent encore parleur odeur, et retiennent nos paroles qui se détournaient vers cet autre sujet. C'est à nous que s'adresse cette comparaison de la grenade, nous qui formons des assemblées régulières, qui sommes réunis dans un même ordre comme les graines de ce fruit sous leur commune écorce. Plaise à Dieu que nous soyons comme elles, que l'union des coeurs fasse régner parmi nous l'unanimité, sous la forme extérieure imprimée par le même ordre. Ces graines adhèrent les unes aux autres sous une apparence que rien ne divise : le nombre les distingue plus que le dehors. Apprenons, nous aussi, à nous discerner des autres par le nombre et non par l'es prit. Elles ne luttent pas entre elles , elles ne murmurent point contre l'écorce qui les renferme, elles ne cherchent point à la briser; elles supportent avec patience qu'elle les retienne dans une sorte de lit, comme si elles voulaient exprimer, en une certaine façon, cette parole : « voici combien il est bon, combien agréable, pour des frères, d'habiter ensemble. » (Ps. CXXXII, 1.) N'est-ce pas dans notre ordre, mes frères, que brille, comme dans l'écorce de la grenade, la passion de Jésus-Christ par les efforts que nous faisons pour l'imiter? Ils sont semblables aux graines de ce fruit, les religieux qui regardent comme fort naturel, d'être retenus par le lien de la discipline régulière, pensant qu'elle les protège bien plutôt qu'elle ne les gène. Bannissez l'attache à la propriété, bannissez l'amour du pouvoir particulier, et vous imitez la graine de la grenade. Qu'invités par notre exemple, les autres apprennent combien il est bon, combien il est agréable d'habiter dans l'enceinte d'une communauté et d'être protégés pour ainsi dire par son écorce. Que la charité unisse, que l'écorce abrite. Autant vous voyez de couvents bien réglés, autant croyez-vous voir de grenades, qui sont venues de la fontaine du baptême. Ainsi que nous le lisons aux actes, « la multitude des fidèles n'avait qu'un coeur et qu'une âme. » (Act. IV, 32.) De ces graines sont sorties les grenades des congrégations considérables qui vivent dans la règle et l'unité. Ce n'était pas encore la discipline d'un ordre qui conservait dans l'union ces premiers chrétiens, c'était le sentiment de l'amour. Ils tenaient non seulement pour utile et bon, mais encore pour agréable d'habiter ensemble : comme le parfum qui descend sur la barbe d'Aaron, sur le bord de son vêtement, de la tête qui est le Christ-Jésus, qui vit et règne dans tous les siècles des siècles. Amen.
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