SERMON XLVIII
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SERMON XLVIII. Mon bien-aimé est, blanc et rouge, etc. (Cant. V, 10.)

 

1. « Mon bien-aimé est blanc et rouge, choisi entre mille. » L'épouse remet à un temps, mais à un temps rapproché, le soin de chercher son bien-aimé, interrompant sa poursuite afin d'instruire ses filles. Elle suspend ses jouissances pour vaquer aux choses nécessaires; ce n'est point sans charité cependant„ qu'elle repasse en sa mémoire les louanges de son époux. Elles sont douces à  sa bouche, ces tendres louanges. Pieuse mère et tendre épouse, elle instruit ses filles et vante celui qu'elle aime. Vraiment prudente, elle tient préparés et entassés à profusion, les éloges qu'elle fera de son époux.. Elle les connaît en détail, elle les a repassés en son esprit, et ils sont à sa disposition quand elle voudra les proférer. Profondément gravés en son souvenir, chacun d'eux entraîne son amour. La couleur, la tète, les cheveux, les yeux, les joues, les lèvres, la main, les entrailles, les cuisses, les pieds, le gosier, tout est symboliquement décrit dans les louanges qu'elle fait de son bien-aimé. Et comme pour conclure, en résumant tout dans un mot : « il est tout désirable, » dit-elle, et pour qu'en ses mérites, elle trouve des aliments à son amour: « tel est, s'écrie-t-elle, « mon bien-aimé, c'est lui qui est mon ami. » En tout ceci, voyez la doctrine de l'épouse, voyez sa dévotion et sa diligence, soit pour chercher l'époux, soit pour instruire les filles de Jérusalem, soit pour rappeler les louanges de celui qu'elle chérit. Elle supplie avec instance, elle répond avec sûreté, elle symbolise avec art, elle distingue avec précision, elle parcourt succinctement, elle touche sommairement, et j'ignore si elle exprime suffisamment. Ce que je sais, c'est qu'elle conclut avec affection : « tel est mon bien-aimé, c'est lui qui est mon ami. » Grande est l'étendue de ses louanges, très grand l'amour de celle qui les prononce.

2. Passons maintenant en revue chacun des détails qui compose l'éloge de l'époux. « Mon bien-aimé est blanc et rouge, il est choisi entre mille. » C'est là un singulier mélange de couleurs, qui, par l'opération; divine, dans la seule personne de Jésus-Christ se sont réunies, non point pour n'en former qu'une seule, mais pour se rencontrer en lui seul. O époux plein de grâce et extrêmement aimable, en qui la génération divine fait éclater la blancheur, et la nature humaine, la pourpre! Là, c'est Jésus qui est la lueur de la lumière éternelle (Sap. VII, 26.) c'est lui qui est né, non du sang ordinaire, non de la volonté de la chair, non de la volonté de l'homme, mais bien du sang de la vierge Marie, et en lui il n'est rien de cette rougeur dont parle le prophète Isaïe : « si vos péchés sont comme le vermillon, ils deviendront blancs comme la laine. » (Is. I, 18.) La blancheur de la laine et la rougeur du vermillon ne vont pas ensemble, et ne sont point compatibles. Il est une autre rougeur qui se trouve avec la blancheur dans le vêtement de Jésus. « Pourquoi, demande Isaïe, « votre vêtement est-il rouge? » (Is. LXIII, 2.) Le vêtement du Seigneur Jésus, à raison de son origine virginale, brillant par l'innocence et la pureté de la sainteté, à cause de la passion qu'il a volontairement subie, s'empourpre avec plus de convenance dans les sentiments affectueux de ceux qui croient en lui. Quelle est cette couleur rouge qui ne manque pas du désir d'être blanchie? « Ils ont lavé leurs vêtements, » dit l'Apôtre, « et les ont blanchis dans le sang de l'agneau. (Ap. VII, 14.)

3. Cette rougeur a trouvé la blancheur dans mon Jésus, elle ne l'a pas produite : en nous, elle la cause, elle ne la rencontre point. Recouverte de la teinte du sang de notre origine et de notre propre iniquité, elle change sa rougeur en blancheur, purifiant les cœurs' par la foi. C'est par la foi en effet que nous avons été blanchis dans le sang de Jésus-Christ. Il rougit bien ce sang répandu pour nous, s'il enflamme dans votre âme des sentiments réciproques de l'amour . Il s'empourpre bien pour vous, si vous voyez éclater à vos yeux, dans ce sang qui coule, l'excessive charité de votre Dieu. Car c'est ainsi que Jésus a aimé son épouse, jusqu'au point de la laver dans son sang. La charité a la couleur du feu, c'est elle qui rend pour moi le Seigneur Jésus tout empourpré. En lui la vérité luit, et la charité jette ses vives couleurs. « Mon bien-aimé, » dit l'épouse, « est blanc et rouge. » Pourquoi ne serait-il pas blanc? Dieu est lumière, et en lui il ne se trouve point de ténèbres. Pourquoi ne serait-il pas rouge? Car Dieu est un feu, et il est venu allumer des flammes sur la terre. S'il vous communique la lumière de l'intelligence, il est blanc pour vous : mais s'il n'enflamme pas votre âme, s'il ne l'excite pas à l'amour, vous ne le sentez pas rouge. Il a bien en lui les deux couleurs : mais il ne vous les fait voir que lorsque vous en ressentez les effets en vous. Si vous êtes épouse, désirez en recevoir le mélange de votre bien-aimé, de manière à devenir blanche et rouge, c'est-à-dire, pure et embrasée. Car de même qu'il a le pouvoir de purifier, il possède pareillement la puissance d'enflammer. Qui s'approche de lui se rapproche du feu.

 

Fin des sermons de l'abbé GILLEBERT, sur le cantique des cantiques. Prévenu lui aussi par la mort, il n'en put achever l’exposition.

 

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