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SERMON XXXI. Que vos mamelles sont belles, ô ma soeur, ô mon épouse! plus belles que le vin, etc. (Cant. IV, 10.)
1. Il nous faut maintenant toucher aux mamelles de l'épouse, déjà en plusieurs endroits nous les avons pressées avec soin, je ne sais si nous en avons fait sortir tout ce qu'elles renferment. Peut-être que serrées encore, elles nous donneront une nouvelle liqueur. Qui ne se jetterait avec avidité et bonne espérance sur ces mamelles que l'époux a louées avec tant de soin ? C'est là le sein, dont saint Pierre nous engage à désirer le lait comme des enfants nouveaux-nés. (I Petr. II, 2.) Et la recommandation faite en ce passage ne vous semble-t-elle pas avoir la force d'une invitation ? « Que vos mamelles sont belles, ô ma sueur, ô mon épouse, dit-il. » Une louange si grande n'est pas proférée simplement et sans force, la manière même dont on l'énonce indique l'admiration et le contentement de celui qui s'en fait l'organe. Quelle est cependant la suite qui existe en tout ceci? Pourquoi, après avoir parlé de l'il et du cheveu, de suite descendre aux mamelles? ou pourquoi l'unité se montre-t-elle ici d'un côté et la pluralité de l'autre? Pour moi, je trouve indiqué dans le passage précédent, comme un ravissement en Dieu de l'esprit et des pensées de l'époux ; je vois en celui-ci, l'état de calme et de repos ordinaire tel qu'il le faut pour se mettre à la portée des enfants. Dans le premier, une seule chose est nécessaire, dans le second, on aperçoit la sollicitude et l'instruction à distribuer à plusieurs. Dans celui-là, l'excès d'un amour brûlant concentré en un point, resserré et pénétrant jusque dans le coeur du bien-aimé pour le blesser : dans celui-ci, la doctrine tempérée, l'exposition simple présente aux enfants une sorte de lait à boire. Vous voyez qu'il ne se trouve pas de milieu dans cet éloge de l'épouse : mais avec saint Paul, ou elle est ravie en Dieu, ou bien elle s'abaisse jusqu'à nous. «Car », s'écrie cet apôtre, «la charité de Jésus-Christ nous presse. » (II. Cor, V, 14.) A quoi nous pousse-t-elle? Est-ce au ravissement? Non point à l'extase, mais à la condescendance. La première de ces deux choses est affaire de désir, la seconde de dévouement : là, c'est le comble de l'esprit ravi, ici, c'est l'état de l'esprit qui se met à la portée des autres. Là on s'imprègne de la bonne odeur, ici on la répand. Là d'abord on se remplit de grâce, ici ensuite on le verse dans l'âme des autres : là on s'enivre, ici on enivre les autres. O quelle bonne alternative, pourvu qu'elle se passe dans ces conditions. 2. C'est par la disposition de votre Providence, ô Seigneur, que persévère cette vicissitude de rôles, cette alternative de consolation et de contemplation. N'est-il pas heureux celui dont toutes les heures de la vie se passent, ou à faire sentir au Christ les blessures de sa charité, ou a présenter, à ceux qui lui sont soumis, les mamelles de la piété ? Pour moi, si parfois ( à supposer que ce bonheur m'arrive), enivré des consolations que l'on éprouve dans votre maison, Seigneur, je parais en revenir portant les mamelles gonflées, le souci des affaires variées et fatigantes survenant les dessèche bien vite, alors que, peu auparavant, elles répandaient avec abondance le lait de la science et de la grâce. Heureux celui qui poursuit en son coeur des études semblables, les interrompant de saints relâches durant lesquels, ou bien (pour ainsi parler), il pénètre dans le coeur du sanctuaire de la sagesse, ou bien il en rapporte les mamelles remplies de la volupté qu'il y a ressentie. Elle est véritablement épouse, l'âme qui sait de la sorte intervertir les rôles. Aussi, en faisant son éloge, le bien-aimé, après les transports de la contemplation, parle de suite des mamelles de la consolation et de la doctrine : « Que vos mamelles sont belles ! » L'oeil de l'épouse est pur, et ses mamelles sont belles. L'oeil est pour l'époux, les mamelles, pour les fils de l'époux. Conséquemment, on dit qu'elle n'a qu'un il, et qu'elle porte plusieurs mamelles, parce que leur force doit varier selon les qualités diverses de ceux qui les sucent. Voyez comment saint Paul se fit Juif avec les Juifs, comme étant sans la loi avec ceux qui étaient sans la loi, et infirme avec les infirmes. (I. Cor. IX, 20.) Comme s'il donnait autant de mamelles à ses disciples, lorsqu'il se plie à tant de genres de vie divers? Que faisait-il par toutes ses variétés, sinon faire couler doucement, et en guise de lait, sa doctrine dans les esprits encore tendres ? Il semble qu'il a en autant de mamelles qu'il a eu de manières de se proportionner avec adresse à la capacité de ceux qui étaient faibles. « J'ai été au milieu de vous », dit-il, « comme un petit enfant au milieu d'autres petits enfants, comme une nourrice qui réchauffe ses enfants. (I. Thess. II, 7.) 3. Et si vous le voulez, je vous indiquerai les deux mamelles dont est pourvue l'affection maternelle, ou plutôt, c'est saint Paul qui les désigne, lorsqu'il dit: « la piété est utile à tout, elle a la consolation de la vie présente et de la vie à venir. » (I. Tim. IV, 8.) Voilà les deux mamelles, que doit avoir pour ses sujets, celui qui remplit dans l'Eglise le rôle de docteur et de père : il est nécessaire qu'il en soit muni de droite et de gauche, pour nourrir de lait ceux qui sont confiés à ses soins et les rassasier des mamelles de sa consolation. Regardez l'une de ces mamelles comme étant à droite, et l'autre comme étant à gauche. Celle de gauche est pour répandre les secours temporels, celle de droite pour prodiguer les consolations célestes. Que celui qui a compassion, le fasse avec joie. (Rom. XII, 8.) Que celui qui fait l'aumône, donne en simplicité. Le Pasteur qui, selon le conseil du prince des apôtres, veille sur le troupeau remis à sa garde, non par contrainte, mais spontanément, montre la mamelle gauche, et dans la prophétie d'Isaïe, il est promis à l'Eglise qu'elle sera allaitée « par la mamelle des rois. » (Is. LX, 16.) Par « la mamelle, » dit le texte, et non par les mamelles, parce que c'est le devoir des rois de favoriser l'Eglise principalement en ce qui regarde les biens temporels : voilà son côté gauche, celui où se trouvent les richesses et la gloire. En ce qui concerne la mamelle droite, saint Paul nous en instruit en ces termes : « consolez les pusillanimes », dit-il, « consolez celui qui se trouve en ce triste état, de crainte qu'il ne soit plongé dans une tristesse encore plus grande. » (II. Cor. II, 7.) Et encore : « Vous qui êtes hommes spirituels, instruisez celui qui est dans cette position, en esprit de douceur. » (Gal. VI, 1.) Et, (pour tenir ce langage), il en est qui par office n'ont que la mamelle gauche, comme les rois et les princes, ainsi que nous l'avons dit plus haut. Et il en est qui, par le devoir de leur charge, sont tenus de présenter surtout la mamelle droite, tels sont les lévites du Seigneur et les docteurs, leurs lèvres gardent la science, et c'est à eux qu'on doit demander la connaissance de la loi du Seigneur. (Mal. II, 7.) Ils reçoivent plutôt eux-mêmes, des peuples qui leur sont confiés, les biens terrestres, en retour des biens spirituels qu'ils leur communiquent. Ceux qui renoncent à toutes leurs possessions, qui disent adieu aux biens de la terre, se donnent corps et fortune à un monastère, et passent entièrement sous la juridiction de l'abbé, ne se réservant du reste aucun souci d'eux-mêmes, ces hommes-là doivent puiser dans les deux mamelles le lait de la consolation. Ceux qui sont mis à leur tête, sont tenus de les avoir toutes les deux, leur poitrine ne peut être comme mutilée ou amputée, elle ne se peut contenter de la difformité que présente à l'il une seule mamelle. Ceux qui n'en ont aucune, occupent pour leur ruine, une place si élevée dans l'Église, et quant aux autres, ils attirent sur eux toutes sortes de périls, à moins,que la langue de celui qui vient sucer leurs mamelles ne s'attache à son palais, puisque le sein de la mère est à sec. Ils sont bien loin de mériter la louange qui est adressée en ce lieu à l'épouse : « que vos mamelles sont belles, ô ma sur, ô mon épouse ! » Remarquez aussi que toutes les mamelles ne sont pas belles. La louange: n'a aucun charme dans la bouche du pécheur. (Eccli. XV, 9.) « Mon fils », dit l'Ecriture, lors même que les pécheurs vous allaiteraient, ne vous attachez point à eux. (Prov. I, 9.) Voyez comment le sage exige que les mamelles de plusieurs ne soient pas considérées comme belles, mais tenues au contraire pour suspectes. Aussi il vous recommande celles de réponse, pour que vous sachiez quelles sont celles auxquelles vous pouvez aller vous nourrir en sûreté. 4. « Que vos mamelles sont belles ! Elles sont meilleures que le vin. » Il y a deux choses que le bien-aimé vante dans ces mamelles la beauté et la force. L'une convient à qui aime, l'autre, à qui est allaité. Qu'importe en effet, à celui qui les suce qu'elles soient belles, pourvu que ce soit des mamelles pleines d'un lait salutaire ? C'est donc pour lui qu'il vante la beauté de l'épouse, c'est pour les siens qu'il exalte la qualité du lait. Et si vous ne donnez pas à ce passage un sens meilleur que le mien, rapportez cette beauté à la sainteté de la conduite; appliquez à la doctrine et à la science, le reste de cet éloge des mamelles. On suce avec plus de douceur, quand la vie embellit la force du discours. Et si vous voulez ouïr quelque chose de spirituel et d'expansif au sujet des beautés de ce sein, je vous rappelle les soins que les femmes mettent à relever avec art et application la beauté de leur corps. Qu'affectent-elles plus dans l'ornement de leur poitrine que de faire dominer leurs mamelles, d'en développer le volume, et de faire qu'elles garnissent toute la poitrine ? Aussi quand elles tombent et se laissent aller, par des bandelettes qui entourent leur sein, elles savent les retenir, remédiant par l'artifice au défaut de la nature. Car les mamelles sont belles quand elles dominent un peu et sont légèrement gonflées : ni trop élevées ni trop abaissées, au niveau du reste de la chair qui les entoure retenues et non déprimées, légèrement relevées et non abandonnées à la pesanteur de leur propre masse. Que celui, qui a pour charge de faire entendre les paroles spirituelles et salutaires , trouve dans cet exemple un encouragement qui l'excite à imiter le soin et l'industrie des femmes. Que son discours soit châtié, que ses paroles ne soient pas trop abondantes, qu'elles ne soient point proférées sans règle, quelles n'envahissent pas la poitrine et l'intérieur de l'esprit plut6t qu'elles ne l'ornent ; qu'en elles il n'y ait jamais plus de matière que de grâce ; plus de chair que de lait. Que son discours soit pur et prudent selon les circonstances. Que la piété s'y ajoute, et y produise le nombre et la beauté. Qu'il n'ait pas plus de bouche que de poitrine, qu'il n'éprouve pas la perte de lait. Les mamelles doivent saillir de la poitrine, et y rester attachées. La poitrine ne doit pas être convertie en mamelles. Que la bouche parle de l'abondance du coeur, qu'elle en exprime une partie, qu'elle ne la répande pas entièrement. Il faut retenir les mamelles pour qu'elles ne se dilatent pas trop. On en voit qui courent trop après les paroles de consolation, et tombent dans de vains propos : en voulant égayer leurs auditeurs ennuyés d'un long silence, et comme attristés par le dégoût des choses de l'âme, entraînés par la folâtrerie de leur langue joyeuse des choses utiles, ils en viennent aux plaisanteries, et avant de semer un peu de froment, ou après l'avoir semé, ils répandent la zizanie à profusion. Ils disent des choses qui plaisent, et ils « font dans le rire le pain » (Eccl. X, 19.) de la doctrine, ainsi qu'il est écrit mais après ce rire, pas de pain, pas de parole salutaire. Il ne faut point altérer la parole de Dieu, ni la corrompre par un mélange étranger. Que ses mamelles lui suffisent, les mamelles des deux testaments. Qu'elles s'attachent à votre poitrine par l'effet de votre mémoire, qu'elles vous fournissent les discours de consolation et de lait spirituel, qu'elles vous donnent ce que les autres boiront. Que vos paroles tirent leurs racines de votre poitrine, qu'elles ne sentent pas l'affectation, qu'elles jaillissent sans mélange de l'intime affection du coeur, selon cette parole du poète : « Si vous voulez que je pleure, pleurez d'abord vous-même le premier. » Que le sentiment de compassion et de conjouissance naisse d'abord dans le fond de votre âme, et qu'il s'échappe ensuite, pour l'enseignement de vos auditeurs, parles paroles de l'Ecriture comme par des mamelles. Qu'il s'échappe en toute pudeur, ainsi qu'il convient dans une chose sérieuse; que la fougue en soit bannie, que le calme y règne. Ce qui contribue à la beauté des mamelles, c'est qu'elles se gonflent, et dominent modérément cependant, afin de retenir assez d'autorité et de n'avoir jamais de dureté. 5. Aussi, on dit qu'elles sont « meilleures que le vin. » Car c'est là le terme qui vient à la suite dans l'éloge que l'on en fait : « vos mamelles sont préférables au vin. » Les mamelles de la grâce, les mamelles de la consolation sont meilleures que le vin de l'austérité et de la dureté, parce qu'elles ont plus d'efficacité, et sont mieux disposées pour transformer les tristesses et les aigreurs, pour fortifier les faiblesses et les délicatesses. Elles remuent avec plus de facilité, elles raniment avec plus de suavité. Car une parole douce calme les ennemis, et multiplie les amis. (Eccl. VI, 5.) La parole de l'Evangile est douce, celle de la loi est dure. Considérez comment cette parole suave convertit les coeurs sauvages des gentils et changea, en ruisseau de lait, ces flots amers et salés. « Ils suceront comme du lait », dit l'Ecriture, l'immensité de la mer. » (Deut. XXXIII, 19.) Cet oracle a été prononcé au sujet des apôtres de la nouvelle loi, sous le type de Zabulon et d'Issachar. Aujourd'hui quelqu'un passe-t-il amer et troublé? Ne désespérez pas, approchez les mamelles, faites couler le lait et demain il aura la suavité du lait. Qui sait si une petite goutte ne changera pas toute la masse? Car le Seigneur fournira la parole à ceux qui évangélisent avec une grande force. (Ps. LXVII, 12.) Stérile et sans force, est la sévérité de la loi : elle commande sans grâce, elle punit sans pardon, elle est dépourvue de ces deux mamelles. Elle les contient en figure, elle ne les montre pas en réalité. Souvenez-vous que vous êtes le ministre, non de la loi, mais de l'Evangile, ministre de ce Jésus qui rejeta le vinaigre dans sa passion, et dans la cène, l'aigreur du vin vieux. Novatien n'a pas les mamelles du pardon, Pélage n'a point celles de la grâce. Celui-ci exalte les avantages de la nature vieillie et corrompue, il prétend qu'elle suffit pour obtenir la justice celui-là enlève la bonté de la nature divine, quand il rejette la pénitence. Celui-ci (pour ainsi parler), rappelle ceux qui prient, celui-là n'admet pas les pénitents. L'un apporte la vieillesse de la nature, l'autre, l'austérité de sa rigidité. La doctrine de Pélage n'a pas la nouveauté de la grâce pleine de lait, celle de Novatien n'en a pas la douceur. « Vous avez préparé, ô Dieu, » s'écrie le Psalmiste, « dans votre douceur des biens pour le pauvre. (Ibid.) Pelage est riche, il n'a pas besoin de cette douceur, elle naît en lui, nul ne la lui prépare. Pélage dit: je n'ai besoin de rien; Novatien : Je ne pardonne pas. L'un est très-riche, l'autre, fort dur. Préparez, Seigneur, préparez dans votre douceur les biens pour votre pauvre. Pour vous, préparez, réparez, et cela toujours en votre suavité. Elle est très-grande, cette suavité que l'on suce, ô Seigneur, aux mamelles de votre bonté. Toutes les fois qu'après de graves excès, je m'en suis approché, je les ai pressées avec effort, et la quantité de lait que j'en ai tirée, vous le savez, Seigneur. Où a abondé le péché, a abondé la grâce. (Rom. V, 20.) il me suffisait que l'on me comptât pour richesses, de mériter uniquement le pardon : et voici que la grâce a abondé. J'ai pressé une mamelle et toutes les deux ont coulé à flots. Aussi votre épouse, abreuvée du lait de votre grâce, et rassasiée aux mamelles de votre consolation, a appris, elle aussi, à présenter son sein plutôt que le vin. Car ses mamelles sont meilleures que le vin. Le vin en vieillissant prend du feu : les mamelles donnent un lait toujours nouveau et toujours parfaitement doux. La crainte est bannie, et la charité ne passe jamais. (I. Cor. XIII, 8.) C'est là son commandement nouveau, sa douceur toujours renaissante. L'amour ne peut exister et n'être pas doux. 6. « Vos mamelles sont donc plus douces que le vin. » Le vin n'est pas mauvais, meilleures sont les mamelles. Bien que meilleures, elles ne répugnent cependant pas à admettre le mélange d'un peu de vin. Car peu après, dans la suite, l'époux dira : « J'ai bu du vin avec mon lait. » Il est pourtant préférable de boire le lait seul et sans vin. Car le vin sent la terreur, et les mamelles expriment la tendre jouissance de la compassion et de la grâce. Bien que le jus de la vigne puisse être pris et soit même pris d'ordinaire pour chose bonne, ici cependant, comparé aux mamelles, il signifie quelque chose de fort et de dur. Les mamelles sont meilleures que le vin, car la compassion douce et fraternelle, est meilleure que l'émotion dure et rude d'un esprit qui s'indigne. Saint Paul signale, comme n'ayant pas de mamelles, ceux qu'il appelle « sans affection. » (Rom. I, 31.) Attachée à son bien-aimé, l'épouse ne peut manquer de porter dans une poitrine humaine des mamelles pleines de tendresse. Il est pour elle une montagne grasse, une montagne féconde, une montagne épaisse, une montagne riche. Comment ne recevrait-elle pas quelque chose d'une si grande quantité de lait, elle qui se complait à habiter sur ce mont sacré ? Et si encore nous ne pouvons toujours résider sur cette hauteur, revenons-y fréquemment enivrons-nous de la douceur de ces mamelles. Ainsi parle lEcriture, » que ses mamelles vous enivrent en tout temps, et trouvez sans relâche vos délices dans son amour. » (Prov. V, 19.) Voyez à quel sens nous conduit l'explication de ces mamelles : à l'ivresse, et au ravissement de l'amour. 7. Qu'est-il nécessaire d'insister davantage pour expliquer ce que signifient ces mamelles? cherchons plutôt à nous enivrer de leurs délices, Elles sont plus précieuses que le VIII, parce que la miséricorde est préférable à plusieurs vies. (Ps. LXII, 4). Mieux vaut le sentiment de l'amour que l'application de la chair; le lait de la nouveauté de l'esprit passe avant le vin de la componction. Les exercices durs apparaissent dans l'un et s'y font ressentir quand il s'agit de repousser et de détruire le vieil homme : dans l'autre, menant une vie nouvelle, nous savourons comme du lait les douceurs des complaisances diverses, ce qui mous représente, non la fuite, mais un refuge. Le vin est bon assurément; plus douces sont les mamelles : bonne est la componction, meilleure est l'onction. L'odeur de vos parfums est au dessus de toutes les senteurs les plus délicieuses. Je vois que votre attention se réveille pour m'écouter. L'exhalaison des parfums de l'épouse a excité votre vif désir. Votre avidité insatiable veut que j'en parle encore et que j'ajoute ces détails à ceux qui ont amené les mamelles : donnez-nous du repos jusqu'à demain matin. Que les mamelles vous suffisent pour aujourd'hui, demain nous en viendrons aux parfums, celui-là secondant nos voeux, qui a vanté les mamelles et les parfums de l'épouse après les lui avoir donnés, Jésus-Christ, qui vit et règne dans les siècles des siècles. Amen.
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