SERMON XLVII
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SERMON XLVII. Quel est votre bien-aimé issu d'un bien-aimé. etc. (Cant. V, 9.)

 

1. « Quel est votre bien-aimé né du bien-aimé, ô la plus belle des femmes ? Quel est votre bien-aimé, puisque vous nous avez adjurées de la sorte?» Ces interrogations si fortement accentuées paraissent venir d'un grand sentiment d'affection. Je pense que la conversation avec l’épouse a produit ou augmenté, dans les filles de Jérusalem, une langueur semblable à la sienne. Dans le passage suivant, elles disent : « Où est allé votre bien-aimé? Nous le chercherons avec vous. » Comme si elles disaient : Nous le chercherons avec vous, et pour nous, voulant jouir de lui avec vous. Elles ne disent pas : nous le chercherons pour vous, mais « nous le chercherons avec vous, » désirant, elles aussi, avoir part à la joie de cette bienheureuse rencontre. Ici, brille une grande humilité, soit dans l'épouse, soit dans les filles de Jérusalem. L'épouse prie qu'on la recommande à l'époux : les filles de Jérusalem demandent d'être instruites relativement à l'époux : et ces démonstrations ne consistent pas en une simple formule;  l'épouse emploie l'instance la plus vive, et les filles de Jérusalem redoublent leur demande. Ce n'est pas une marque de prière faible et tiède que ces adjurations et que ces répétitions employées par ces saintes âmes. « Quel est votre bien-aimé issu d'un bien-aimé, » disent-elles, « ô la plus belle des femmes? Quel est votre bien-aimé parmi les bien-aimés, puisque vous nous avez adjurées de cette manière? C'est avec fruit qu'on a adjuré des personnes animées de pareils sentiments. Les conversations pieuse sont une grande utilité. C'est le Verbe qui y règne, le Verbe qui produit la langueur de la charité et qui guérit celle de l'infirmité. Le Centurion connut cette puissance du salut contenue en cette parole, aussi il dit

« Prononcez un mot seulement. » (Matth. VIII, 8.)

2. Il est bon que les paroles soient prononcées ; il est bon néanmoins aussi qu'elles soient écrites. La parole s'envole et rien ne peut la rappeler si l'écriture ne la fixe pas. L'écriture la rend visible et durable quand vous le voudrez, vous demanderez à la page, le dépôt qui lui a été confié. Le livre est un bon dépositaire, il rend en entier tout ce qu'on lui a donné : lorsque cela vous plaira, vous le prendrez, vous lirez où vous voudrez, vous vous y arrêterez tout le temps qu'il vous plaira. L'écriture répare la mémoire et rétablit les souvenirs en représentant la parole. Vous lui confiez en toute assurance les remèdes de la parole, elle les conserve sans altération. Si la parole a la force de guérir lorsqu'elle est prononcée, pourquoi ne l'aurait-elle point lorsqu'on la lit? Si un bon effet est produit quand vous la prononcez, pourquoi un résultat pareil ne serait-il pas obtenu, quand vous la lisez? Que ma langueur ne soit pas guérie de cette manière. Voici ce que c'est que parler; celui qui entend le premier ressent le bienfait de la parole; mais la voix, qui retentit pour lui, n'arrive pas à la postérité, elle n'atteint pas ceux qui sont éloignés : à l'instant où elle sonne, elle expire ; sa première vertu est épuisée aussitôt qu'elle a été saisie par l'oreille, un silence éternel survient qui l'étouffe à jamais. Elle ne tombe plus sur une bonne terre pour y produire du fruit. Le premier malade à qui s'appliquera ce remède en sentira du soulagement; nul,autre ensuite n'en éprouvera la vertu. Dans l'ancienne piscine, l'eau agitée, un seul infirme était guéri; (Joan. V, 4.) En ce seul homme était signifiée la charité et non l'unité absolue. Après le premier qui fut guéri on ne dit point de cette fontaine: détruisez-la, détruisez-la jusqu'aux fondements : qu'il ne reste pas vestige de ces eaux salutaires. Le bon mouvement de l'eau. c'est l'examen et la discussion de la page sacrée. Ce feuillet est bien remué, quand, par une sage étude, on s'efforce d'en tirer un sens spirituel : il est pieusement agité, lorsque l'auditeur tire du profit de son interprétation. De même qu'elle est un remède, la parole est aussi une nourriture. Et comment dites-vous, périsse la nourriture que vous gagnez; qu'elle ne subsiste pas? Cependant il ne faut pas indistinctement donner à tous la permission de s'en servir : le mouvement de l'eau ne guérissait que lorsque l'ange descendu d'en haut l'avait remuée. Cet ange, c'est celui dont les lèvres conservent la science, et de la bouche duquel il est nécessaire de recueillir la connaissance de ce qui est prescrit. Donc (et il faut le reconnaître) il y aune grande utilité à écrire une doctrine salutaire: mais seulement lorsqu'on a reçu la permission de tracer des livres de ce genre, et encore plus, quand l'obéissance a commandé ce travail. Aussi il n'y a pas à blâmer la prudence de nos anciens, qui en général ont prescrit le silence : l’abondance des précautions ne nuit pas, de peur qu'accordée utilement à quelques-uns, la permission d'écrire ne fût pour les autres l'occasion d'une présomption téméraire, et de peur aussi qu'en s'occupant d'un travail non prescrit, on ne négligeât celui qui était imposé.

3. Et pour en revenir à notre première pensée : ces filles de Jérusalem sont grandement excitées par la conversation et les supplications de l'épouse. Comment ne seraient-elles pas engagées à s'informer de la beauté du bien-aimé, quand elles voient cette âme languissante et presque mourante d'amour? La langueur d'amour qu'elles aperçoivent en elle enflamme leur curiosité, et les porte à lui adresser des demandes. Voyant en effet le violent amour auquel elle est livrée, elles se persuadent que la cause qui provoque un sentiment si fort se trouve dans l'époux. Elles s'enquièrent avec affection, elles veulent savoir quelle est sa beauté, elles ne peuvent s'empêcher de croire qu'il ne soit admirablement beau; et des attraits de la bien-aimée, ils tirent un argument en faveur de la beauté de l'époux. « Quel est votre bien-aimé né d'un bien-aimé, ô la plus belle des femmes. » L'Église est la plus belle des femmes, elle fait la beauté de chaque âme. Elle est la plus belle, en elle se trouve tout charme et aucune laideur ne s'y montre. Car, du côté par lequel les âmes appartiennent à l'Eglise, elles ne sont pas difformes. S'il parait y avoir en elle quelque tâche, si quelques-uns de ses membres semblent la salir pour un temps, on ne lui impute point un défaut qui ne dure pas. Après avoir été nettoyée de cette souillure, peut-être a-t-elle plus de beauté que la tâche reçue ne lui avait occasionné de laideur. C'est donc à juste titre qu'on la dit très-belle, elle qui possède toute splendeur et n'a point de laideur. De plus, en son sein, se trouvent un grand nombre d'âmes fidèles et spirituelles, qui ne contractent pas de souillures, à cause de la sainteté de leur vie, ou qui les ont expiées par une sincère pénitence. Elle est très belle en une certaine manière, n'excellant pas au-dessus des autres, mais n'excédant pas. Il n'y a pas, pour ainsi parler, d'excès, là où l'on rentre promptement au centre. Elle est donc fort belle, revêtue d'éclat et de joie, portant la lumière comme un vêtement. Elle est donc fort ravissante, elle qui est ou la lumière, ou revêtue de la lumière, se trouvant, par la sainteté de sa conduite, véritablement lumière.

4. « Quel est votre bien-aimé né d'un bien-aimé, ô la plus belle des femmes, quel est votre bien-aimé? » Cette double interrogation est pleine d'affection, et remplie de mystère. Que si on avait dit : quel est votre bien-aimé né d'une bien-aimée, de même qu'on dit : « Quel est votre bien-aimé issu d'un bien-aimé : » personne ne douterait que l'une de ces demandes ne dût se rapporter à la génération qui vient du Père, et l'autre à la génération qui est de la Mère. Dans chacune de ces naissances l'époux est admirable et digne de tout amour; réunies en lui, elles augmentent toutes les deux de beaucoup son étonnante grandeur. Il a l'une ou l'autre de ses deux natures communes ou avec son Père ou avec sa Mère. Cette union lui est propre. Ses propriétés personnelles se considèrent dans ses deux natures, parce que sa personne se compose de leur réunion et de leur conjonction. Il est formé en effet de deux natures, et néanmoins il se trouve dans elles : il est formé de leur réunion et il est en chacune. En elles réunion,et non en chacune séparée, est l'intégrité de ses attributs personnels, par laquelle il est à la fois distant de son Père et de sa Mère. Ce n'est pas dans l'une ou l'autre, c'est en ces deux natures conjointes qu'il est différent de son Père et de sa Mère, et de toute autre personne qui n'est pas lui. En chacune d'elles et non dans toutes les deux réunies, consiste sa nature essentielle secundum quid ou en partie : simplement et par lui-même, il est Dieu comme son Père; simplement et par lui-même, il est homme comme sa Mère possède la nature humaine. Il n'est pas Dieu en partie et secundum quid ; il n'est pas homme en partie et secundum quid ; aussi il est dit entièrement Dieu et entièrement homme : il n'est pas tout ce qui est de lui, mais ce qu'il est lui tout entier : il n'est pas comme s'il était Dieu en toute partie, et homme en toute partie, mais parce qu'il n'est pas Dieu pour une partie, et homme pour une autre. Quand donc on le dit tout Dieu et tout homme, cette expression exclut les parties, plutôt qu'elle ne les indique toutes; elle marque la simplicité essentielle qui est en chaque nature : non que chaque essence soit simple, mais parce qu'il est simplement chacune d'elles. C'est pourquoi il a été dit qu'il avait extérieurement paru comme un homme. (Phil. II, 7.) Parce que bien que l'humanité ne soit pas connaturelle à la divinité, néanmoins, comme elle a été prise en la personne de Jésus, elle la revêt et la couvre comme un habit. La nature humaine n'a pas de caractère commun avec la nature divine, cependant les qualités propres à la nature humaine se trouvent naturellement dans la personne de Jésus. Aussi il est dans la nature de l'homme, que naturellement il est homme, vrai homme et vraiment homme; vrai homme, à cause de la réalité de l'âme et de la chair humaine : vraiment homme, car il est vraiment constitué par la chair et l'âme humaine, formé d'éléments réels, vraiment composé d'eux, n'ayant pas seulement de vraies parties de l'humanité, ou les ayant vraiment, mais existant vraiment par elles. Ayant les qualités naturelles, et les ayant naturellement, de même que par nature, Jésus est Dieu, de même, par nature et non pas seulement par l'extérieure apparence, il est homme. De même donc qu'on dit que Jésus existe dans la vérité de la nature divine, de même on croit que dans la vérité de la nature humaine, il possède et possède naturellement les deux natures.

5. Aussi les filles de Jérusalem demandent distinctement quel il est selon ses deux natures, quand elles veulent être éclairées sur sa nature. « Quel est votre bien-aimé issu du bien-aimé? Quel est votre bien-aimé? » Par la naissance divine, il est bien-aimé engendré de bien-aimé, par la naissance humaine, il est devenu bien-aimé issu de la bien-aimée. Avec cette différence que ce n'est pas tant lui qui est chéri de sa mère, mais plutôt que c'est lui qui l'a rendue bien-aimée. Il possède tout ce qu'a le bien-aimé engendré par le bien-aimé, mais il ne tient pas tout de la bien-aimée; bien plutôt il a tout ce qu'elle a, le tenant de lui-même. Aussi, après avoir d'abord demandé : « Quel est votre bien-aimé né d'un bien-aimé, » les filles de Jérusalem n'ajoutent pas, « quel est votre bien-aimé né d'une bien-aimée. Elles disent simplement : « quel est votre bien-aimé? » Elles corrigent ce que leurs voeux désiraient de connaître au-dessus de leur capacité, elles ramènent leurs questions à un point de vue plus modeste. et plus en rapport avec la faiblesse humaine. Nous pouvons donner l'un et l'autre sens à ce passage, on y voit la demande posée deux fois à cause des deux natures en Jésus-Christ, ou y voit la première de suite corrigée, comme trop relevée par ces autres paroles : « quel est votre bien-aimé, ô la plus belle des femmes? » La vérité de ce dogme que vous possédez sur la génération du bien-aimé issu du bien-aimé, vous rend très-éclatante de beauté parmi tous ceux qui enseignent dans les écoles. Cette foi vous purifie, elle vous embellit; par elle, vous soutenez que votre bien-aimé est égal au bien aimé de qui il sort. Il est tel qu'est celui de qui il est issu. Admirable égalité, admirable qualité. Cette égalité c'est l'identité, la qualité c'est la substance. S'il y avait deux natures, chacune souveraine, l'une dans le Père, l'autre dans le Fils, il y aurait égalité, il n'y aurait point identité; mais la nature divine n'admet pas d'autre nature qui lui soit égale. Dans le Père et le Fils, est une qualité, une par le nombre, une qualité substantielle, bien plus une qualité substance. Ainsi, que le fils soit tel qu'est le père, est cela même que le père est en existant. Tel est le père, tel est le fils : la même réalité est l'un et l'autre, consubstantielle à chacun, et chacun a la même substance avec l'autre. Substance gui ne donne pas seulement de subsister, mais qui est elle-même subsistante, vivante, puissante, intelligente.

6. C'est ainsi que vous prêchez le bien-aimé né du bien-aimé, c'est ainsi que vous le définissez. Si cela peut se faire, donnez-nous la raison de cette vérité, et c'est assez pour nous. Montrez-nous le Père, et il nous suffit. Comment saurons-nous quel est le bien-aimé sorti du bien-aimé, si vous ne nous apprenez pas quel est ce bien-aimé, d'où il tire son origine,? Mais ou bien cette connaissance n'appartient pas à la vie présente, ou bien elle dépasse notre capacité actuelle : mais il nous suffit de croire que le fils est tel que le Père. Bien que nous ne puissions comprendre quelle est cette qualité, apprenez-nous quel il est selon l'humanité, par laquelle il est bien-aimé né de la bien-aimée. Parlez, et dites quel est votre bien-aimé. Il nous est agréable d'entendre derechef ce qui nous a été dit de lui. Répétez-nous ce qu'il faut croire ou ce' que nous pouvons saisir d'un si doux sujet. L'un comme (autre nous réjouit grandement; ce que nous ne pouvons comprendre ne laisse pas que de nous ravir. Nous sommes saisis d'admiration et d'amour par la même que nous vous voyons ainsi prise, ainsi saisie, ainsi enflammée. O quel est-il? ô qu'il est aimable votre bien-aimé! lui dont l'amour grandit toujours en vous, qui vous devient toujours le bien-aimé issu du bien-aimé, et mieux encore, toujours le plus chéri de celui qui est excessivement aimé : c'est son amour qui vous rend belle, le goût que vous avez éprouvé de lui, vous rend avide de sa présence, et cette avidité . vous rend inquiète. Ces termes, dont vous vous êtes servie pour nous conjurer, indiquent des désirs inquiets et brûlants : « quel est votre bien-aimé né d'un bien-aimé, puisque vous nous avez suppliés de la sorte? » Qu'il est beau, lui qui ne souffre en vous rien de souillé; aussi il vous a rendu la plus belle des femmes. Qu'aimable et plein de grâce est celui dont vous ne pouvez être un instant séparée, et pour l'amour duquel vous nous adjurez de la sorte.

7. Je vous le demande, 8 filles de Jérusalem, filles de cette Jérusalem terrestre, pourquoi n'adressez-vous pas à l'Eglise ces demandes réitérées? Pourquoi négligez-vous d'apprendre cette double naissance du Christ que vous refusez de croire? Pourquoi ne vous sentez-vous adjurées par l’Eglise quand elle apporte contre vous les témoignages de vos écritures auxquelles vous avez foi, quand elle réunit sous vos yeux, les grâces des esprits qui défendent la foi et les actes des martyrs qui ont versé leur sang pour la défense de cette même foi? Pourquoi ne vous sentez-vous point conjurées par l'Eglise, par les cérémonies si expressives qu'elle accomplit; parles formules plus pénétrantes qu'elle emploie; par les récompenses plus élevées qu'elle espère; par les yeux plus étroits par lesquels elle s'est établie. La discipline qui est plus étroite,. la doctrine qui éclaire davantage, le rite qui est plus prompt à frapper, une vertu plus éminente, pouvaient vous exciter au zèle, provoquer votre affection, et obtenir le même effet que l'adjuration, pour enflammer vos désirs. Mais un temps viendra (car il n'est pas encore arrivé) où, converties au Seigneur, on enlèvera de vos yeux, le voile de l'ignorance et de la dissimulation. Alors, devenues comme sensibles sous l'influence de l'esprit du Seigneur que vous aurez reçu, vous éprouverez la vertu de ces supplications : excitées alors par une sainte curiosité, vous répéterez avec avidité ces questions, vous direz : « Quel est votre bien-aimé, né d'un bien-aimé, ô la plus belle des femmes? Quel est votre bien-aimé, puisque vous nous avez adjurées de la sorte? » Le temps du retour des Juifs, mes frères, n'est pas encore venu, le nôtre est toujours prêt. Aussi, laissant de côté les discours qui sentent la frivolité ou la fraude, célébrons dans nos réunions cette réciprocité d'étonnements, d'interrogations.

8. Plaise au ciel que vous soyez du nombre de ces filles. que vous désiriez connaître ces dogmes sacrés; fasse le ciel que je sois une épouse, à qui vous puissiez demander des connaissances si élevées. O mère bienheureuse, celle qui mérite qu'on lui dise: o la plus belle des femmes! Oui, bienheureuse, si elle conserve sans atteinte, une beauté si grande. « Les Nazaréens, » dit le prophète, « sont plus éclatants que la neige, plus blancs que le lait, plus rouges que l'ivoire vieilli, plus beaux que le saphir. Leur visage a été noirci plus que le charbon. » (Thren. IV, 7.) Grande louange assurément, mais malheureux changement! La pureté de la neige, la blancheur du lait, la rougeur de l'ivoire vieilli, la limpidité et la beauté du saphir, sont couvertes de noir. « Leur visage a été noirci plus que le charbon, on ne les a pas reconnus sur les places. » Ils ne sont pas déjà distingués sur les places, comme des Nazaréens. Je garderai le silence sur les autres. Regardez les hommes que notre ordre a produits, combien leur nom était admirable par toute la terre ! Au début, quand à peine on les voyait dans les places publiques, aussitôt ils y étaient reconnus par un certain signe de sainteté qui les accompagnait. Les religieux maintenant ne se distinguent par aucune marque de la profession religieuse, aucune différence ne les sépare de ceux du dehors, ou bien celle qui existe entre eux est extrêmement faible. Aussi ils ne sont pas discernés comme Nazaréens. La fréquentation des places publiques fait perdre leur couleur de Nazaréens, et leur donne une apparence d'étrangers. La couleur excellente a été changée : les pierres du sanctuaire ont été dispersées à l'entrée de toutes les places publiques. (Ib. 1.) Aussi on ne les a pas reconnus. On ne retrouve pas en eux leur blancheur native, leur éclat, leur rougeur et leur beauté. Quoi que signifient ces termes, ils désignent une grande beauté : « Aussi ils ne sont pas connus dans les places publiques » Ces couleurs sont celles des Nazaréens, et sont aussi celles de l'épouse et de l'époux. Car l'épouse en parle en ce lieu, et elle dit : « mon bien-aimé est blanc et rouge. » Tel est notre Nazaréen: la nuance, à quoi est comparée la couleur des Nazaréens, la couleur de l'épouse lui est aussi comparée. Elle est en effet une Nazaréenne, se dévouant au Seigneur Jésus, vrai Nazaréen, à qui elle s'est consacrée et qu'elle a épousé: quand nous rencontrons une âme de ce genre, louons sa beauté, ayons recours à son habileté : « quel est votre bien-aimé, issu d'un bien-aimé, ô la plus belle des femmes 9' Quel est votre bien-aimé, puisque vous nous avez ainsi adjurées ? Mais qu'elle fasse entendre déjà elle-même les louanges du Seigneur Jésus qui vit et règne dans tons les siècles des siècles. Amen.

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