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rte de l'église 38 - CH-1897 Le Bouveret (VS)

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SERMON CCXXXIV. POUR LA SEMAINE DE PAQUES. V. LA FOI CHRÉTIENNE.

 

ANALYSE. — Quand Jésus-Christ rencontra les disciples d'Emmaüs, leur foi était bien inférieure à celle du bon larron sur la croix; ils n'avaient que la foi des païens et des Juifs qui croient bien la mort, mais qui n'admettent pas la résurrection du Sauveur. Pour nous, ne nous contentons pas de croire la résurrection ; en n'allant pas plus loin nous ne ferions que ressembler aux démons. Afin donc d'avoir une foi vraiment chrétienne, unissons à la foi l’amour et la pratique du bien.

 

1. On lit durant ces jours la résurrection du Seigneur d'après les quatre Evangélistes. S'il est nécessaire de les lire tous, c'est que chacun d'eux n'a pas tout dit, ils se complètent l'un l'autre et ils se sont comme entendus pour se rendre tous nécessaires.

Saint Marc, dont on a lu hier, l'Évangile, rapporte en quelques mots ce que saint Luc développe plus longuement, l'histoire de deux disciples qui sans être du nombre des douze Apôtres n'en étaient pas moins disciples du Seigneur, à qui le Seigneur apparut, comme ils faisaient route ensemble, et avec qui il voyagea. Il se contente en effet de dire qu'il leur apparut en route ; au lieu que saint Luc rapporte et ce que le Sauveur leur dit, et ce qu'il leur répondit, et jusqu'où il les accompagna, et comment ils le reconnurent à la fraction du pain. Tous ces détails sont dans saint Luc ; nous venons de les entendre.

2. Mais pourquoi, mes frères, pourquoi nous arrêter ici ? C'est que nous y trouvons de nouveaux motifs de croire la résurrection de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Déjà sans doute nous avions cette foi quand nous avons entendu l'Évangile et que nous sommes entrés (261) dans cette église ; je ne sais cependant comment il se fait qu'on écoute avec joie ce qui réveille le souvenir de cet événement. Notre coeur éprouverait-il le plaisir de croire que nous l'emportons sur ces disciples à qui le Seigneur se montra durant leur voyage ? En effet, nous croyons ce qu'ils ne croyaient pas encore; ils avaient perdu tout espoir, et nous n'avons aucune incertitude sur ce qu'ils révoquaient en doute. Ils avaient perdu tout espoir au Seigneur depuis qu'il avait été crucifié; c'est ce qui se révèle dans leurs réponses. « Quels sont, leur dit le Sauveur, ces discours que vous échangez, et de quoi êtes-vous tristes ? —  Etes-vous, reprirent-ils, le seul assez étranger à Jérusalem pour ignorer ce qui vient de s'y passer ? —  Quoi? » poursuivit le Seigneur. Il savait tout ; mais s'il les interrogeait sur ce qui le concernait personnellement, c'est qu'il désirait vivre en eux. « Quoi ? » demanda-t-il donc. — « Relativement à Jésus de Nazareth, qui fut un prophète puissant en couvres et en paroles ; et comment les princes des prêtres l'ont crucifié. Or, voici le troisième jour que tout a cela est arrivé. Pour nous, nous espérions ». Vous espériez ? Vous n'espérez donc plus ? Voilà tout ce que vous avez retenu de ses leçons ? Le larron sur la croix l'emporte sur vous. Vous avez oublié Celui qui vous instruisait; ce larron l'a reconnu pendant qu'il était suspendu à côté de lui. « Nous espérions ? » — Qu'espériez-vous ? —  « Que c'était lui qui a devait racheter Israël ». Eh bien ! ce que vous espériez et ce que vous n'espérez plus depuis qu'il a été crucifié, le larron l'a reconnu, car il a dit au Seigneur : «Seigneur, souvenez-vous de moi lorsque vous serez arrivé dans votre royaume (1)». C'est ainsi qu'il proclame que c'était lui qui devait racheter Israël. La croix fut pour lui une école ; il y reçut l’enseignement du Maître; et le gibet où le Sauveur était suspendu devint la chaire où il donnait ses instructions.

Ah ! puisqu'il vient de se joindre à vous, qu'il ranime en vous l'espérance. C'est ce qui arriva. Mais rappelez-vous , mes bien-aimés, comment après avoir retenu leurs yeux pour les empêcher de le reconnaître, le Seigneur Jésus attendit la fraction du pain pour se révéler à eux. Les fidèles comprennent ce

 

1. Luc, XXIII, 42.

 

que je dis ; eux aussi reconnaissent le Christ à la fraction du pain ; non pas de tout pain, mais du pain qui reçoit la bénédiction du Christ, car c'est uniquement celui-là qui devient son corps. C'est donc alors que ces disciples le reconnurent, furent transportés de joie et allèrent trouver les Apôtres. Ils les trouvèrent déjà instruits de la résurrection ; mais en leur rapportant ce qu'ils avaient vu, ils ajoutèrent de nouveaux détails à l'Evangile (1) ; détails racontés de vive voix d'abord tels qu'ils se sont accomplis, écrits ensuite et parvenus jusqu'à nous.

3. Croyons en Jésus-Christ crucifié, mais en reconnaissant qu'il est ressuscité le troisième jour. Cette croyance à la résurrection du Christ d'entre les morts nous distingue et de ces disciples, et des païens et des juifs. « Souviens-toi, dit l'Apôtre à Timothée, que Jésus-Christ, de la race de David,. est ressuscité d'entre les morts, selon mon Evangile (2). Si tu crois de coeur , dit encore le même Apôtre, que Jésus est le Seigneur, et si tu confesses de bouche que Dieu l'a ressuscité d'entre les morts, tu seras sauvé (3) ». Il s'agit ici du salut dont j'ai parlé hier en expliquant ces mots : « Qui croira et recevra le baptême sera sauvé (4) ».

Vous croyez, je le sais ; vous serez donc sauvés ? Croyez de coeur et confessez de bouche que le Christ est ressuscité d'entre les morts: mais que votre foi soit une foi de chrétiens et non pas de démons. Voici en effet une distinction que je fais, que je fais à ma manière; dans votre intérêt et selon la grâce que j'ai reçue de Dieu. Cette distinction une fois faite, choisissez et attachez-vous. Je viens de le dire, la foi qui nous montre Jésus-Christ ressuscité d'entre les morts, nous distingue d'avec les païens. Demande à un païen si le Christ a été crucifié? Il crie : Sans aucun doute; s'il est ressuscité? Non. Demande également à un juif si le Christ a été crucifié? Il avoue le crime de ses pères, il confesse ce crime ou pourtant il a sa part, car il boit ce qu'ont demandé pour lui ses ancêtres en criant : « Que son sang retombe sur nous et sur nos fils (5) ». Demande-lui encore s'il est ressuscité d'entre les morts? Il dira non, se rira et t'accusera. Voilà ce qui nous distingue d'avec eux, puisque nous croyons que le Christ, de la race

 

1. Luc, XXIV, 13-35. — 2. II Tim. II, 8. — 3. Rom. X, 9. — 4. Marc, XVI, 16; serm. CCXXXIII. — 5. Matt. XXVII, 25.

 

262

 

de David selon la chair, est ressuscité d'entre les morts. Mais les démons ne le savent-ils pas aussi? Ne croient-ils pas ces mystères dont ils ont même été témoins? Dès avant la résurrection ils s'écriaient: « Nous savons qui vous êtes, e Fils de Dieu ». En croyant à la résurrection du Christ, nous nous séparons d'avec les païens; séparons-nous aussi des démons, si nous en avons le pouvoir. Que disaient donc les démons? je vous le demande. « Nous savons qui vous êtes, le Fils de Dieu. — Taisez-vous, leur fut-il répondu (1) ». N'était-ce pourtant pas la même confession que fit Pierre, lorsque Jésus demanda à ses Apôtres : « Qui les hommes prétendent-ils que je suis? » Car les Apôtres ayant rapporté les opinions qu'on se faisait en dehors de leur société, le Seigneur ajouta : « Pour vous, qui dites-vous que je suis ? » et Pierre répondit : « Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Ainsi les démons disent ce que dit Pierre; les malins esprits ce que dit un Apôtre. Aux démons pourtant on fait entendre ces mots : « Taisez-vous » ; et à Pierre, ceux-ci : « Tu es bienheureux (2) ». Ah ! que cette différence nous distingue aussi d'eux.

Pourquoi les démons le proclamaient-ils Fils de Dieu? Parce qu'ils avaient peur de lui. Et Pierre? Parce qu'il l'aimait. Choisissez, aimez aussi. Telle est la foi qui sépare les chrétiens des démons. Ce n'est pas une foi quelconque. « Tu crois », dit l'apôtre Jacques dans son épître, « tu crois qu'il n'y a qu'un Dieu; tu fais bien. Mais les démons le croient aussi, et ils tremblent ». C'est lui encore qui dit dans la même épître : « Si quelqu'un la foi sans les oeuvres, sa foi pourra-t-elle le sauver (3)? » L'apôtre saint Paul dit dans le même sens : « Ni la circoncision, ni

 

1. Marc, I, 24, 1.5. — 2. Matt. XVI, 13-17. — 3. Jacq. II, 19, 14.

 

l'incirconcision ne servent de rien ; mais la foi qui a agit par la charité (1) ».

Voilà donc notre distinction établie, ou plu. tôt la distinction que nous rencontrons, que nous constatons à la lecture. Or, si la foi nous distingue, distinguons-nous aussi par la conduite, distinguons-nous par nos couvres, enflammons-nous de la charité inconnue aux démons. C'est de ce feu que brûlaient les deux voyageurs. Quand en effet ils eurent reconnu le Christ et qu'ils le virent s'éloigner d'eux, ils se dirent : « Notre coeur n'était il pas tout brûlant lorsque nous étions sur la route et qu'il nous ouvrait les Ecritures (2)? » Brûlez de ce feu, pour ne brûler pas de celui qui brûlera les démons (3). Brûlez du feu de la charité, pour ne pas leur ressembler. Ce feu vous enlève, vous transporte, vous monte jusqu'au ciel. Quoi que vous ayez à endurer de fâcheux sur la terre, de quelque poids, de quelque accablement que vous charge l'ennemi, si votre coeur est vraiment chrétien, cette flamme de la charité s'élève toujours.Voici une comparaison.

Tiens un flambeau allumé, et tiens-le droit, la flamme se dirige vers le ciel; renverse-le, la flamme monte également; tourne-le du côté de la terre, est-ce que la flamme y va? De quelque côté que se dirige le flambeau, la flamme ne fait que s'élever vers le ciel. Que la ferveur spirituelle vous embrase ainsi du feu de la charité ; excitez-vous les uns les autres à chanter les louanges de Dieu et à vivre saintement. L'un est ardent, l'autre froid; que ha ferveur de l'un se communique à l'autre, que celui qui en a trop peu désire en avoir davantage et implore le secours du Seigneur. Le Seigneur est prêt à donner, aspirons à recevoir avec un coeur ouvert.

Tournons-nous, etc.

 

1. Gal. V, 6. — 2. Luc, XXIV, 32. — 3. Matt. XXV, 41.

 

 

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