SERMON CCXLIII
Précédente Accueil Remonter Suivante


rte de l'église 38 - CH-1897 Le Bouveret (VS)

Accueil
Remonter
SERMON CLXXXIV
SERMON CLXXXV
SERMON CLXXXVI
SERMON CLXXXVII
SERMON CLXXXVIII
SERMON CLXXXIX
SERMON CXC
SERMON CXCI
SERMON CXCII
SERMON CXCIII
SERMON CXCIV
SERMON CXCV
SERMON CXCVI
SERMON CXCVII
SERMON CXCVIII
SERMON CXCIX
SERMON CC
CHAPITRE CCI
SERMON CII
SERMON CCIII
SERMON CCIV
SERMON CCV
SERMON CCVI
SERMON CCVII
SERMON CCVIII
SERMON CCIX
SERMON CCX
SERMON CCXI
SERMON CCXII
SERMON CCXIII
SERMON CCXIV
SERMON CCXV
SERMON CCXVI
SERMON CCXVII
SERMON CCXVIII
SERMON CCXIX
SERMON CCXX
SERMON CCXXI
SERMON CCXXII
SERMON CCXXIII
SERMON CCXXIV
SERMON CCXXV
SERMON CCXXVI
SERMON CCXXVII
SERMON CCXXVIII
SERMON CCXXIX
SERMON CCXXX
SERMON CCXXXI
SERMON CCXXXII
SERMON CCXXXIII
SERMON CCXXXIV
SERMON CCXXXV
SERMON CCXXXVI
SERMON CCXXXVII
SERMON CCXXXVIII
SERMON CCXXXIX
SERMON CCXL
SERMON CCXLI
SERMON CCXLII
SERMON CCXLIII
SERMON CCXLIV
SERMON CCXLV
SERMON CCXLVI
SERMON CCXLVII
SERMON CCXLVIII
SERMON CCXLIX
SERMON CCL
SERMON CCLI
SERMON CCLII
SERMON CCLIII
SERMON CCLIV
SERMON CCLV
SERMON CCLVI
SERMON CCLVII
SERMON CCLVIII
SERMON CCLIX
SERMON CCLX
SERMON CCLXI
SERMON CCLXII
SERMON CCLXIII
SERMON CCLXIV
SERMON CCLXV
SERMON CCLXVI
SERMON CCLXVII
SERMON CCLXVIII
SERMON CCLXIX
SERMON CCLXX
SERMON CCLXXI
SERMON CCLXXII
SERMON CCLXXIII
SERMON CCLXXIV
SERMON CCLXXV
SERMON CCLXXVI
SERMON CCLXXVII
SERMON CCLXXVIII
SERMON CCLXXIX
SERMON CCLXXX
SERMON CCLXXXI
SERMON CCLXXXII
SERMON CCLXXXIII
SERMON CCLXXXIV
SERMON CCLXXXV
SERMON CCLXXXVI
SERMON CCLXXXVII
SERMON CCLXXXVIII
SERMON CCLXXXIX
SERMON CCXC
SERMON CCXCI
SERMON CCXCII
SERMON CCXCIII
SERMON CCXCIV
SERMON CCXCV
SERMON CCXCVI
SERMON CCXCVII
SERMON CCXCVIII
SERMON CCXCIX
SERMON CCC
SERMON CCCI
SERMON CCCII
SERMON CCCIII
SERMON CCCIV
SERMON CCCV
SERMON CCCVI
SERMON CCCVII
SERMON CCCVIII
SERMON CCCIX
SERMON CCCX
SERMON CCCXI
SERMON CCCXII
SERMON CCCXIII
SERMON CCCXIV
SERMON CCCXV
SERMON CCCXVI
SERMON CCCXVII
SERMON CCCXVIII
SERMON CCCXIX
SERMON CCCXX
SERMON CCCXXI
SERMON CCCXXII
SERMON CCCXXIII
SERMON CCCXXIV
SERMON CCCXXV
SERMON CCCXXVI
SERMON CCCXXVII
SERMON CCCXXVIII
SERMON CCCXXIX
SERMON CCCXXX
SERMON CCCXXXI
SERMON CCCXXXII
SERMON CCCXXXIII
SERMON CCCXXXIV
SERMON CCCXXXV
SERMON CCCXXXVI
SERMON CCCXXXVII
SERMON CCCXXXVIII
SERMON CCCXXXIX
SERMON CCCXL

SERMON CCXLIII. POUR LA SEMAINE DE PAQUES XIII. ÉTAT DES CORPS RESSUSCITÉS.

 

286

 

ANALYSE. — Après avoir expliqué pourquoi Jésus-Christ ressuscité défendit à Madeleine de le toucher quand il s'était laissé toucher par les autres saintes femmes, saint Augustin aborde la question de savoir ce que deviendront après la résurrection des membres de nos corps dont nous n'aurons plus à faire aucun usage. Il répond que comme aujourd'hui nous avons dans nom corps des parties pour nous servir et d'autres pour nous embellir; ainsi après la résurrection la plupart de nos membres seront, simplement destinés à jeter sur nos corps un vif éclat ; car les membres intérieurs eux-mêmes seront visibles et transparents, et tout en nous sera d'une beauté ravissante. Mais qu'aurons-nous à faire ? N'est-ce donc rien que de contempler, que de louer, que d'aimer Dieu ? Seulement nous ne nous en lasserons pas, comme ici nous nous lassons de ce que nous avons le plus ardemment désiré.

 

1. On a commencé à lire aujourd'hui le récit de la résurrection de Notre-Seigneur Jésus-Christ d'après l'Évangéliste saint Jean. Vous savez en effet, et je vous en avais prévenu, que durant ces quelques jours on lit la résurrection du Sauveur dans les quatre Evangiles.

Il n'y a , dans ce que nous venons d'entendre, qu'une chose qui préoccupe ordinairement, c'est de savoir pourquoi le Seigneur Jésus a dit à cette femme qui eut le bonheur de le voir plein de vie quand elle cherchait simplement à découvrir son corps : « Garde-toi de me toucher, car je ne suis pas monté encore vers mon Père ». Je vous ai fait remarquer, et vous devez vous en souvenir, que chacun des Evangélistes ne rapporte pas tout, mais que les uns disent ce qu'ont omis les autres. Il ne faut pourtant pas croire qu'ils se contredisent; mais il faut les étudier sans esprit de contention, avec intelligence et piété. Au témoignage donc de saint Matthieu, le Sauveur après sa résurrection se présenta à deux femmes, dont l'une était celle dont nous venons de parler; il leur dit: « Je vous salue. Mais elles s'approchèrent de lui, embrassèrent ses pieds, et l'adorèrent (1) »; il n'était pourtant pas monté encore vers son Père. Comment donc dit-il maintenant à l'une d'elles : « Garde-toi de me toucher, car je ne suis pas monté encore vers mon Père ? » Ces paroles ne semblaient-elles pas indiquer que Marie pourrait le toucher

 

1. Matt. XXVIII, 9.

 

lorsqu'il serait monté au ciel ? Et pourtant, si on ne peut le toucher sur la terre, quel mortel peut l'atteindre depuis qu'il trône dans le ciel ?

2. Mais cet attouchement est une figure mystérieuse de la foi. Croire au Christ, c'est le toucher; aussi cette autre femme qui souffrait d'une perte de sang disait-elle en elle-même: « Si je touche le bord de son vêtement, je serai guérie (1) ». Elle le toucha avec foi et recouvra aussitôt la santé qu'elle se promettait. Afin donc de nous faire connaître ce que c'est que de le toucher, le Seigneur dit aussitôt à ses disciples: «Qui m'a touché? » — «La foule vous presse, répondirent-ils, et vous demandez : Qui m'a      touché ? Quelqu'un m'a touché, reprit-il (2) ». N'était-ce pas dire: la foule me presse, mais la foi me touche. Par conséquent, lorsque le Sauveur dit à Marie; « Garde-toi de me toucher, puisque je ne suis pas encore monté vers mon Père », Marie semblait personnifier l'Eglise qui ne crut en lui qu'après son ascension . vers son Père, le vous le demande à vous-mêmes , de quelle époque date votre foi ? J'adresse la même question à l'Eglise répandue par tout l'univers et elle me répond de concert : J'ai commencé à croire depuis que Jésus est monté vers son Père. Que signifie : J'ai commencé à croire, sinon : J'ai commencé à le toucher? Beaucoup d'hommes charnels n'ont vu dans le Christ que son humanité, leur regard n'a

 

1. Matt. IX, 21. — 2. Luc, VIII, 43-46.

 

287

 

point découvert la divinité voilée dans sa personne. Ceux-là ne l'ont pas bien touché, parce qu'ils n'ont pas cru comme il faut croire. Veux-tu le bien toucher? Sache qu'il est coéternel à son Père et tu l'as touché comme il convient. Mais si tu ne vois en lui qu'un bomme, il n'est pas encore, pour toi, monté vers son Père.

3. Si donc le Seigneur Jésus voulut faire constater par les sens de l'homme la réalité de son corps, c'était pour prouver davantage la résurrection de la chair: et en montrant, après sa résurrection, son corps plein de vie, il ne prétendait que nous amener à croire la résurrection des morts.

Mais comme tout sera alors réparé, dans nos corps, il est une question difficile, question relative à l'usage de nos membres, que soulèvent à la fois les esprits qui veulent s'instruire et les esprits qui cherchent à disputer. Quel que soit, disent-ils, le nombre des membres de notre corps, on sait bien à quoi chacun d'eux est destiné. Qui ne sait effectivement, qui ne voit que nous avons des yeux pour voir, des oreilles pour entendre, une langue pour parler, des narines pour flaire, des dents polir mâcher, des mains pour travailler, des pieds pour marcher,et à quoi sont appelées les parties nobles? Les organes même intérieurs que Dieu a voilés pour qu'ils ne fissent pas horreur à l'oeil, tout ce qui est en nous et jusqu'à nos intestins,tous ne remplissent-ils pas des fonctions que connaissent beaucoup d'hommes et surtout les médecins ? Voici donc comment on argumente contre nous : Si nous devons avoir, après la résurrection, des oreilles pour entendre, des yeux pour voir et une langue pour parler; à quoi nous serviront, puisque nous ne mangerons pas, les dents, l'oesophage, les poumons, l'estomac, les intestins qui donnent passage aux aliments et où ils se transforment pour entretenir en nous la vie ? A quoi nous serviront enfin les membres que l’on voile, puisqu'il n'y aura ni génération ni déjection ?

4. Que leur répondre ? Dirons-nous que nous n’aurons point en ressuscitant ces organes intérieurs, pas plus que des statues? Les dents s’expliqueront facilement, attendu qu'ils servent, non-seulement à mâcher, mais encore à parler, tirant de notre langue les sons ou les syllabes comme l'archet qui frappe sur les cordes d'une lyre. Quant à nos autres membres, ils seront donc pour la beauté et non pour le besoin, pour l'agrément de la vue et non pour la nécessité. Seront-ils déplacés pour n'avoir pas de fonctions à remplir ? Aujourd'hui, il est vrai, en raison même de notre défaut d'expérience et de notre ignorance des raisons qui expliquent chaque chose, la vue des parties intérieures de notre corps nous ferait plutôt horreur qu'elle ne nous ravirait d'admiration. Qui connaît à fond les rapports de ces membrés entre eux et leurs proportions merveilleuses? Tout y est si beau, qu'on adonné à cet ensemble le nom d'harmonie; expression empruntée à la musique, qui sait tendre avec tant de précision les cordes d'une harpe. Si toutes ces cordes rendaient le même son , que pourrait-on jouer ? C'est en les étendant diversement qu'on obtient des sons divers; et ces sons divers combinés par la raison produisent non pas pour les yeux, mais pour les oreilles une harmonie qui les ravit. En étudiant sous ce rapport les membres du corps humain, on est enchanté, ravi; et les hommes vraiment intelligents préfèrent cette beauté à toute beauté visible. Nous n'en avons pas conscience aujourd'hui, mais nous la verrons alors; non que nos membres intérieurs doivent être mis à nu, mais tout voilés qu'ils resteront, ils ne pourront se dérober à nos regards.

5. On me criera sans doute : Comment, s'ils sont voilés, ne pourront-ils se soustraire à nos regards ? — Nos coeurs seront à découvert, et on ne verrait pas nos entrailles ? Oui, mes frères, nos pensées mêmes, ces pensées que discerne maintenant le regard seul de Dieu , apparaîtront réciproquement aux yeux de tous dans cette société des saints. Nul ne cherche à y dissimuler ce qu'il pense, parce que nul n'y pense mal. Aussi l'Apôtre dit-il : « Gardez-vous de juger avant le temps » ; en d'autres termes : Ne jugez pas témérairement quand vous ne savez dans quelle intention on agit. Pourquoi blâmer ce qui peut être fait avec de bonnes vues ? Ne cherche pas au-delà de ce que petit l'humanité. A Dieu seul il appartient de lire dans l'âme; les hommes ne sauraient juger que de ce qui est extérieur. « Gardez-vous donc de juger avant le temps ». Qu'est-ce à dire, « avant la temps ?» Le voici dans la suite du texte : « Jusqu'à ce que le Seigneur vienne et jette la lumière sur ce qui est caché dans les ténèbres ». Quelles sont ces ténèbres ? L'Apôtre le dit clairement dans ce qui (288) suit: « Jusqu'à ce qu'il jette la lumière sur ce qui est caché dans les ténèbres ». Et puis ? Ecoute : « Alors il manifestera les pensées du coeur (1) ». Ainsi, jeter la lumière sur ce qui est caché dans les ténèbres, c'est manifester les pensées du tueur. Pour chacun de nous ses propres pensées sont aujourd'hui en lumière, puisqu'il les connaît; mais elles sont pour notre prochain dans les ténèbres, puisqu'il ne les voit pas. Alors au contraire les autres sauront ce due tu auras conscience de penser. Que crains-tu ? Si tu veux aujourd'hui cacher tes pensées, si tu redoutes qu'elles soient rendues publiques, n'est-ce point parce que tu en as quelquefois de mauvaises, de honteuses, de vaniteuses ? Là, quand tu y seras, tu n'en auras que de bonnes, que d'honnêtes, que de vraies, que de pures, que de généreuses ; et tu n'auras pas plus envie de soustraire aux regards ta conscience, que tu n'en as maintenant d'y soustraire ta face.

Effectivement, mes très-chers frères; n'est-il pas vrai que nous nous connaîtrons tous? Vous imaginez-vous que vous me reconnaîtrez alors parce que vous me connaissez aujourd'hui , mais que vous ne connaîtrez ni mon père, que vous n'avez jamais vu, ni aucun des évêques qui ont siégé dans cette église si longtemps avant moi ? Vous connaîtrez tout le monde ; et cette connaissance ne se bornera pas à distinguer chacun par l'extérieur; elle sera réciproquement aussi profonde que possible. Tous verront aussi bien et beaucoup mieux que ne voient maintenant les prophètes, ils verront à la manière de Dieu même, puisqu'ils seront remplis de lui; et il n'y aura rien pour échappera autrui ni pour blesser personne.

6. On aura donc tous ses membres, ceux mêmes que l'on appelle aujourd'hui honteux et qui ne le seront plus alors ; et à l'abri de toute impression voluptueuse, on n'aura point à veiller pour conserver l'honneur de la pureté. Ici même, où la nécessité, qui aura complètement disparu alors, est comme la mère de toutes nos oeuvres, n'y a-t-il pas dans nos corps des parties qui ne servent absolument qu'à l'embellir ?

Je jetais tout à l'heure un coup d'oeil sur nos membres; regardons-les maintenant avec un peu plus d'attention. Nous avons des yeux pour voir, des oreilles pour entendre, des

 

1. I Cor. IV, 5.

 

narines pour flairer, une bouche et une langue pour parler, des dents pour mâcher, un gosier pour avaler, un estomac pour recevoir et digérer, des intestins pour conduire en bas nos aliments, les membres honteux pour servir à la génération ou aux déjections, les mains pour travailler et les pieds pour marcher. Mais à quoi sert la barbé, sinon et uniquement à embellir? Pourquoi Dieu a-t-il donné la barbe à l'homme ? Je vois comme elle le pare, je ne cherche pas à quoi elle lui sert. On voit pour quoi la femme a des seins, c'est pour allaiter ses enfants; mais l'homme, pourquoi en a-t-il ? Cherches-en l'utilité, il n'en est aucune; mais si l'idée de beauté se présente à toi, ne siéent-ils pas à la poitrine de l'homme lui même ? Supprime-les, tu verras bientôt quelle beauté de moins, quelle laideur de plus.

7. Croyez donc, mes très-chers frères, croyez et soyez intimement convaincus que beaucoup de nos membres n'auront pas alors de fonctions à remplir, mais que chacun aura sa beauté propre. Là rien d'indécent, rien de discordant, mais une paix souveraine; rien de difforme, rien de blessant pour la vue, mais Dieu sera béni de tous. Si dès maintenant, malgré l'infirmité de notre chair et la faiblesse de nos membres, la beauté corporelle va jusqu'à provoquer la passion, exciter à l'étude et éveiller la curiosité ; si pour celui à qui se révèle l'harmonie de nos organes, ils n'ont pu être formés que par Celui qui a formé les cieux, et s'il n'y a qu'un Créateur possible de ce qu'il y a de plus petit comme de ce qu'il y a de plus grand : à combien plus forte raison ce spectacle nous ravira-t-il dans ce séjour d'où sont bannis, et la passion, et l'épuisement, et la difformité, et les souffrances qu'engendre le besoin, pour faire place à l'interminable éternité, à la vérité qui enchante, à la félicité suprême !

8. Que ferai-je alors ? me diras-tu, que ferai-je dès que je n'aurai plus à faire usage de mes organes ? Eh ! ne sera-ce pas agir que d'être là, de contempler, d'aimer et de bénir? Ces saints jours de fête qui s'écoulent après la résurrection du Seigneur, sont l'emblème de la vie que nous mènerons après être ressuscités nous-mêmes. Si le temps du Carême signifie avant Pâques l'existence laborieuse que nous font les afflictions et la mort qui nous attend ; ces jours de joie sont l'indice de la vie future durant laquelle nous devons régner avec le Seigneur. Nous traversons maintenant (289) la vie représentée par la quarantaine qui précède la fête de Pâques; quant à la vie que symbolisent les cinquante jours qui suivent la résurrection du Sauveur, nous n'en jouissons pas, nous l'espérons; nous faisons plus, nous l'aimons en même temps que nous l'espérons; cet amour même est la louange de Dieu qui nous a fait ces grandes promesses, et cette louange se traduit par le chant de l’Alleluia. Que signifie Alleluia? Alleluia est une expression hébraïque qui signifie Louez Dieu: Allelu, louez ; ia. Dieu. En chantant donc Alleluia ou Louez Dieu, nous nous excitons réciproquement à louer le Seigneur, et l'harmonie de nos coeurs, mieux encore que l'harmonie de la harpe, chante les louanges de Dieu, répète Alleluia. Mais après avoir chanté, la faiblesse de nos organes demande que nous réparions nos forces. Pourquoi les réparer , sinon parce qu'elles s'épuisent ? De fait, telle est notre infirmité corporelle, telles sont les importunités de la vie, que les choses les plus admirables finissent par engendrer une espèce de dégoût. Comme nous regrettions ces jours de fête quand nous les voyions s'écouler, quoique néanmoins ils dussent revenir chaque année, et avec quel bonheur les voyons-nous revenir à l'époque déterminée ! Eh bien ! si on nous disait : Chantez l’Alleluia sans interruption, nous nous excuserions. Pourquoi ? parce que la lassitude ne nous le permettrait pas ; parce que, si beau qu'il soit, nous y trouverions l'ennui et la fatigue. Mais là, point d'épuisement ni de dégoût. Restez donc debout et chantez, « vous qui demeurez dans la maison du Seigneur, dans les parvis du sanctuaire de notre Dieu (1)». Pourquoi demander ce que tu pourras y faire? « Heureux, est-il écrit, ceux qui habitent dans votre maison, Seigneur ; ils vous loueront dans les siècles des siècles (2) ».

 

1. Ps. CXXX, 1. — 2. Ps. LXXXIII, 5.

 

Haut du document

 

 

Précédente Accueil Remonter Suivante