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rte de l'église 38 - CH-1897 Le Bouveret (VS)

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SERMON CCCXII. FÊTE DE SAINT CYPRIEN, MARTYR. IV. L'OEUVRE DE LA GRÂCE.

 

ANALYSE. — Ce sera faire une chose bien agréable à saint Cyprien que de montrer ce qu'a produit en lui la grâce du Seigneur. 1° Il était plongé dans les ténèbres de l'erreur et dans le vice : la grâce a fait briller en lui la lumière de la vérité et lui a fait répandre la bonne odeur du Christ. 2° Il était un orateur profane : la grâce a fait de lui un éloquent prédicateur de l'Evangile, il est l'un de ceux à qui nous devons le triomphe actuel de la vérité sur l’erreur. 3° Enfin la grâce lui a accordé de conformer sa conduite à son enseignement et de confirmer par sa mort la vérité prêchée par lui durant sa vie.

 

1. Une solennité si pleine de charmes et d'allégresse, une fête si heureuse et si sainte, le couronnement enfin d'un martyr si illustre me presse de vous adresser le discours que je vous dois. Mais ses prières porteront avec moi ce lourd fardeau : et si , en vous parlant, je ne suis pas au niveau de ma tâche, il ne me dédaignera pas; au contraire, il nous ranimera tous en intercédant pour nous. Je vais faire du reste ce que je sais lui être très-agréable : je le louerai dans le Seigneur, je louerai le Seigneur à son sujet.

 

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En effet, lorsqu'au milieu des tentations de tout genre il courait encore les dangers que présente cette vie de troubles et de tempêtes, il était doux, et ce grand homme savait parfaitement chanter avec sincérité devant Dieu: « Que ceux qui sont doux m'entendent et partagent mon allégresse (1) ». Maintenant donc, après avoir quitté la terre des mourants, il possède avec bonheur la terre des vivants ; car il était du nombre de ceux dont il est dit: « Heureux ceux qui sont doux, car ils posséderont la terre (2) ». Quelle terre, sinon celle dont on a dit en s'adressant à Dieu : « Vous êtes mon espérance, ma portion dans la terre des vivants (3) ? » Dût-on n'entendre, par cette terre des vivants, que le corps ressuscité, le corps tiré de terre et transformé en un corps glorieux et céleste; Cyprien ne gémit plus dans la faiblesse de notre corps mortel, lui pour qui ce n'était pas un bonheur d'y demeurer, mais une nécessité provoquée par,notre intérêt; délivré au contraire et dégagé de ses pressantes entraves, il attend en repos et dans la société du Christ, la rédemption de sa chair. Dès qu'il n'a pas été vaincu, pendant que son corps était vivant, parla tentation; maintenant que ce corps est enseveli, il est tranquille sur la restauration qui l'attend.

2. Ainsi donc louons son âme dans le Seigneur, et que ceux qui sont doux nous entendent et soient remplis d'allégresse. Louons dans le Seigneur cette âme excellente; car c'est en la possédant qu'il la rend bonne, en l'inspirant qu'il lui donne de la vigueur, en l'éclairant qu'il la rend toute brillante, en la formant qu'il lui communique ses charmes, et en la remplissant qu'il la féconde. Quand autrefois il n'était pas en elle, quand elle ne croyait pas encore au Christ, elle était morte, ténébreuse, difforme, stérile, flottant à tout vent. De quel avantage était pour ce païen son éloquence, puisque, comme d'un vase précieux, il ne s'en servait que pour boire lui-même et faire boire à autrui de meurtrières erreurs ? Mais lorsqu'à ses yeux brilla la bonté et l'humanité du Sauveur notre Dieu (4), Cyprien devint croyant, Dieu le purifia de ses convoitises mondaines et il fit de lui un vase d'honneur, utile à sa famille, préparé pour toutes les bonnes oeuvres (5).

Cyprien n'a point gardé le silence sur ce

 

1. Ps. XXXIII, 3. — 2. Matt. V, 4. — 3. Ps. CXLI, 6. — 4. Tit. III, 4. — 5. II Tim. II, 21.         

 

bienfait. Aurait-il pu, en connaissant Dieu,ne le point glorifier comme Dieu? Il lui a rendu grâces; loin de reprendre en impie ce qu'il avait rejeté de sa vie ancienne, il s'est rappelé pieusement ce qui était changé en lui. Ecrivant en effet à l'un de ses amis, qu'il cherchait, autant qu'il était. en lui, à tirer aussi de ses ténèbres pour le rendre à la lumière dans le Seigneur. « Quand, lui dit-il, j'étais plongé dans les ombres et dans la nuit épaisse, quand sur les vagues agitées du siècle, je flottais hésitant, incertain, égaré, ne sachant ce que je faisais, étranger à la vérité et à la lumière ».

Il ajoute un peu plus loin : «D'un côté j'étais comme enchaîné dans les erreurs nombreuses de ma vie première, ne croyant pas pouvoir m'en délivrer; et d'autre part, je cherchais à satisfaire des vices qui faisaient comme partie de moi-même, et désespérant d'arriver à un état meilleur, je caressais mes passions funestes, je m'y attachais comme à une propriété chérie (1) ».

3. Tel était Cyprien quand le Christ vint à lui; telle était l'âme qu'il vint frapper et guérir, lui qui arrache et qui plante. Ce n'est pas, en effet, sans raison qu'il a dit: « C'est moi qui tuerai et moi qui ferai vivre; moi, qui blesserai et moi qui guérirai (2) »; ni sans raison qu'il disait à Jérémie, en prévision de l'avenir « Voilà que je t'ai établi aujourd'hui sur les nations et sur les royaumes, pour déraciner, pour renverser, pour perdre, pour réédifier ensuite et pour planter (3) ». Lui donc qui déracine et qui plante, s'avança vers cette âme; il détruisit le vieux Cyprien, puis s'établissant lui-même comme fondement, il bâtit sur lui-même un Cyprien nouveau dont il fit par sa grâce un vrai Cyprien. L'Eglise ne dit-elle pas au Christ: « Mon Bien-aimé est une grappe parfumée : botrus cypri (4)?» C'est ainsi qu'en devenant chrétien par la faveur du Christ, par sa faveur aussi Cyprien devint réellement Cyprien ; il fut en tout lieu la bonne odeur du Christ, comme s'exprime l'Apôtre saint Paul, cet ancien persécuteur que Jésus renversa aussi pour en faire son prédicateur. « Nous sommes devant Dieu, dit-il, la bonne odeur du Christ en tout lieu, et pour ceux qui se sauvent et pour ceux qui se perdent; aux uns une odeur de mort pour donner la

 

1. S. Cypr. Epit. II, à Donat. — 2. Deut. XXXII , 39. — 3. Jér. I, 10. — 4. Cant. I, 13.

 

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mort, et aux autres une odeur de vie pour, donner la vie. Or, qui est propre à un tel ministère (1)? » Aussi les uns trouvèrent la vie en imitant Cyprien, et les autres la mort en le haïssant.

4. Louange et gloire à celui qui, en justifiant par la foi l'âme de son serviteur, l'a tiré du nombre des impies et a fait de lui comme sa framée, comme un glaive à double tranchant; car il voulait qu'en mettant à nu cette folie des gentils qu'elle voilait et couvrait pour lui donner aux yeux des prudents un éclat menteur, la langue de Cyprien là frappât à mort, et qu'au lieu de parer indignement les doctrines ruineuses des démons, sa noble éloquence travaillât à l'édification de 1'Eglise, dont le développement amenait la chute des idoles; il voulait qu'au lieu de passionner, comme le cri de la trompette, les luttes et les mensonges du barreau, sa grande voix servît à abattre le démon par la mort précieuse des saints, à exciter au combat les soldats du Christ, les martyrs généreux qui mettent en lui leur gloire.

Aussi tout en les enflammant des pieuses et saintes ardeurs de sa parole, de sa parole où on ne voyait plus les trompeuses fumées du mensonge, mais le pur éclat de la vérité divine, Cyprien parvint-il à vivre au milieu d'eux en mourant, à triompher de son juge en se laissant juger, à vaincre son ennemi en se laissant frapper, a faire enfin mourir la mort en subissant la mort. Ah ! si en s'exerçant aux jeux pervers de l'humaine faconde, il avait appris à lui-même et à d'autres à affirmer le mensonge et à nier habilement les objections même fondées d'un adversaire, il avait appris dans une autre école à échapper à l'ennemi en soutenant la vérité. Quand, en effet, notre ennemi fait du nom du Christ un sujet d'accusation, le Christ fait des tourments un sujet de gloire.

5. Chercherait-on maintenant à savoir qui l'a emporté? Sans parler du royaume des saints, que les infidèles refusent d'admettre parce qu'ils ne peuvent le voir, ne voyez-vous pas, dirai-je, avec quelle chaleur, sur cette terre même et durant cette vie, à la maison et à la campagne, dans les cités et l'univers entier, on loue les martyrs? Que sont devenues les accusations furieuses proférées contre

 

1. II Cor. II, 15, 16.

 

eux par les impies? Les idoles mêmes consacrées aux démons ne montrent-elles pas combien est en honneur la mémoire de leurs victimes? Que ne feront pas contre eux, au jour du jugement, ceux qui en mourant ont renversé leurs temples? Comme il anéantit leurs erreurs présomptueuses par l'éclat même de ses soldats ressuscités, Celui qui a éteint par le sang de ses martyrs, au moment de leur mort, leurs autels encore fumants?

6. Parmi ces phalanges du Christ, contemplez le bienheureux Cyprien. Il a enseigné à combattre glorieusement, et glorieusement il a combattu lui-même. Or, il a tellement enseigné ce qu'il devait faire un jour, et tellement accompli ce qu'il avait enseigné, qu'on sentait l'âme du martyr dans les paroles du docteur, et les paroles, du docteur dans. l'âme du martyr. Qu'il était loin de ressembler à ces hommes dont le Seigneur parle en ces termes: « Faites ce qu'ils disent, gardez-vous de faire ce qu'ils font; car ils disent et ne font pas (1) » Cyprien, lui, a parlé, parce qu'il croyait, et il a souffert le martyre pour avoir parlé. Ainsi a-t-il enseigné durant sa vie ce qu'il a fait, et fait au moment de sa mort ce qu'il avait enseigné.

Louange et gloire au Seigneur notre Dieu, au Roi des siècles, au Créateur et au Restaurateur de l'humanité, pour avoir enrichi son Eglise du grand évêque de cette cité, et pour avoir consacré ce sanctuaire illustre par la présence d'un corps si saint. Louange et gloire au Seigneur pour avoir daigné mettre, avant tous les temps, cet homme remarquable au nombre de ses saints, pour avoir daigné le créer parmi les hommes au temps convenable, le rappeler de ses égarements, le purifier de ses souillures, le justifier parla foi, l'instruire - quand il s'est montré docile, et le diriger quand il instruisait, l'aider au moment du combat et le couronner après la victoire. Louange et gloire au Seigneur pour avoir préparé et destiné cette âme surtout à remontrer à son Eglise à quelles épreuves il faut opposer et à quels biens il faut préférer la charité; combien peu enfin on aurait la charité du Christ si on ne gardait l'unité établie par lui. Cyprien l'a aimée, cette unité, sans épargner les méchants par charité, tout en les souffrant pour conserver la paix; se montrant libre

 

1. Matt. XXIII, 3.

 

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pour dire ce qu'il pensait, et pacifique pour entendre ce que pensaient ses frères. Pour s'être maintenu avec une humilité si profonde dans les liens de la concorde catholique, il a mérité le haut rang d'honneur qu'il occupe dans l'Eglise.

C'est pourquoi, mes bien-aimés, après vous avoir donné dans la mesure de mes forces le discours que. réclamait de moi une solennité si heureuse, je demande à votre charité et à votre piété que nous passions cette journée avec honnêteté et sobriété ; qu'au jour du martyre du bienheureux Cyprien nous pratiquions ce qu'il a aimé jusqu'à endurer la mort.

 

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