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SERMON CCXXXVII. POUR LA SEMAINE DE PAQUES. VIII. RÉALITÉ DE L'INCARNATION (1).

 

267

 

ANALYSE. — Quand Jésus-Christ apparut pour la première fois à ses disciples, le jour même de sa résurrection, ils crurent que c'était un esprit. Les Manichéens disent également que Jésus-Christ n'avait pas une chair véritable ; et comme l'esprit est au-dessus de la chair, ils se vantent d'avoir sur le Sauveur des idées plus élevées que nous. Mais disons-nous que Jésus-Christ soit chair simplement ? N'enseignons-nous pas qu'il est le Verbe de Dieu et qu'il a pris un corps et une âme semblables aux nôtres? Ainsi nous croyons de lui beaucoup plus que les Manichéens. Lui-même d'ailleurs a tenu à démontrer à ses apôtres la réalité de sa chair : c'est ce que nous apprend le passage de saint Luc que nous expliquons. Soyons donc sûrs de ce que nous enseigne la foi catholique, savoir, que le. Verbe de Dieu s'est uni personnellement à la nature humaine.

 

1. On vient d'achever la lecture de ce qui se rapporte, dans l'Evangile selon saint Luc, à la résurrection du Seigneur; et nous venons de voir le Sauveur apparaissant au milieu de ses disciples au moment même où ceux-ci révoquaient en doute sa résurrection ou plutôt n'y croyaient pas. Il leur apparut alors si inopinément et d'une manière si merveilleuse, que tout en le voyant ils ne le voyaient pas. N'apercevaient-ils pas vivant Celui dont ils avaient pleuré la mort? N'apercevaient-ils pas debout su milieu d'eux Celui qu'ils avaient vu avec douleur suspendu. à la croix? Ils le voyaient donc; mais comme ils n'en croyaient pas leurs propres regards, ils s'estimaient trompés. « Ils s'imaginaient avoir un esprit sous les yeux », tient-on de vous dire.

Ainsi ces Apôtres chancelants se firent alors sur le Christ les idées que se sont faites depuis d'abominables hérétiques. Aujourd'hui encore il est des hommes qui n'admettent pas que le Christ ait eu un corps véritable; aussi bien refusent-ils de croire et qu'une Vierge l'ait mis au monde, et même qu'il soit né d'une femme. Du symbole de leur foi ou plutôt de leur infidélité ils bannissent complètement ces mots : « Et le Verbe s'est fait chair (2) » ; et toute cette économie de notre salut où nous voyons se faire homme, pour retrouver l'homme perdu, le Créateur divin de l'homme ; où nous voyons le christ, pour la rémission de nos péchés, répandre non pas un sang faux, mais un sang véritable et effacer par ce sang réel l'arrêt de

 

1. Luc, XXIV, 37-39. — 2. Jean, I, 14.

 

notre condamnation, de coupables hérétiques cherchent à l'anéantir complètement; et, d'après les Manichéens, ce que le regard de l'homme vit dans le Christ était purement spirituel et n'avait rien de corporel.

2. Mais voici l'Evangile qui parle. Le Seigneur était debout au milieu de ses Apôtres, et ils ne croyaient pas encore qu'il fût ressuscité. Ils le voyaient, et croyaient ne voir qu'un esprit. S'il n'y a point de mal à croire que le Seigneur fût un esprit sans corps; oui, s'il n'y a point de mal à cela, qu'on laisse les disciples avec cette idée. — Soyez bien attentifs, pour comprendre ma pensée; et que Dieu me donne la grâce de l'exprimer comme le réclame votre intérêt. Je reprends donc. — Voici ce que disent quelquefois, pour faire illusion, ces hommes détestables qui font profession de détester la chair et qui vivent selon la chair Quels sont ceux qui se font du Christ une idée plus digne de lui ? Sont-ce ceux qui lui donnent un corps de chair, ou bien nous qui disons de lui qu'il était Dieu, qu'il était un esprit et que c'était comme Dieu et non comme corps humain qu'il se montrait aux hommes? Qu'y a-t-il de plus élevé, de la chair ou de l'esprit ? —  Que répondre, sinon que l'esprit l'emporte sur la chair? —  Donc, poursuit-on, puisque, d'après toi-même, l'esprit l'emporte sur la chair, je me fais du Christ une idée meilleure en prétendant qu'il n'était pas chair , mais esprit. — O erreur déplorable! —  Pourquoi ? —  Ai-je dit que le Christ fût chair? Tu prétends qu'il est esprit; j'enseigne, moi, qu'il est chair et esprit. Tu ne dis pas mieux, tu dis (268) moins. Ecoute donc tout ce que je professe, ou plutôt tout ce que professe la foi catholique, tout ce que publie la vérité la mieux établie et la plus incontestable. Selon toi le Christ ne serait qu'un esprit, il ne serait donc que ce qu'est notre esprit ou notre âme : voilà ce que tu prétends. Je dis , comme toi , que le Christ était un esprit de même nature et de même substance que le nôtre ; mais, ce que tu ne dis pas, c'est qu'à cet esprit étaient unis et le Verbe et la chair. Il n'y avait en lui, prétends-tu, qu'un esprit humain ; pour moi, je mets en lui et le Verbe, et l'esprit, et la chair, la divinité et l'humanité. Si je ne veux point m'étendre longuement pour exprimer tout ce qu'il est, je dis simplement qu'il est un Dieu fait homme. Il est à la fois vrai Dieu et vrai homme; rien de faux dans son humanité, comme rien de faux dans sa divinité. Si toutefois tu me demandes ce que contient son humanité, je répète encore qu'elle est composée d'une âme humaine et d'un corps humain. Tu es homme, parce que tu as une âme et un corps; il est le Christ, parce qu'il est Dieu et homme. Voilà ma doctrine.

3. Tu te vantes d'en avoir une meilleure parce que tu répètes: Mais c'était un esprit; il se montrait esprit, on le voyait comme tel, c'est l'esprit qui faisait tout en lui sous une apparence humaine. C'est là ta pensée; je le dis de nouveau : c'était aussi la pensée de ses disciples. Eh bien ! si tu ne parles point mal, si ton opinion est vraie, celle des disciples l'était aussi; et si le Seigneur les y a laissés, nous devons t'y laisser aussi , puisque la tienne ne diffère pas de la leur, et que si tu as raison, ils avaient raison comme toi. Mais non, ils n'avaient pas raison.

« Pourquoi vous troublez-vous ? » leur dit le Seigneur. Ainsi ta manière de voir leur fut inspirée par le trouble. Que s'imaginaient-ils donc? Voir un esprit; c'est alors que le Seigneur leur dit : « Pourquoi vous troublez-vous, et pourquoi ces pensées montent-elles dans votre coeur? » C'étaient donc des pensées terrestres; si elles fussent venues du ciel, elles seraient descendues dans le coeur, elles n'y seraient pas montées. Pourquoi nous dit-on Elevez votre coeur, sinon afin que ce coeur, placé en haut par nous, ne se heurte point contre les pensées terrestres qu'il rencontrerait? « Pourquoi êtes-vous troublés et pourquoi ces pensées montent-elles dans votre coeur? Voyez mes mains et mes pieds; touchez et voyez ». S'il ne vous suffit pas de regarder, mettez la main. Si ce n'est même par assez de mettre la main après avoir regardé, touchez. Le texte ne signifie même pas simplement : Touchez, mais : Palpez, serrez; que vos mains servent à constater si vos yeux vous trompent : « Touchez et voyez » ; prenez comme vos yeux à vos mains. Touchez, et reconnaissez, quoi? « Qu'un esprit n'a ni chair ni os, comme vous m'en voyez ».

Avec les disciples tu étais dans l'erreur, reviens avec eux à la vérité. L'erreur est une faiblesse humaine, je l'accorde : vous croyez que le Christ n'est qu'esprit; Pierre se l'imagina aussi, avec les autres Apôtres, quand ils pensèrent voir en lui une espèce de fantôme; mais ils ne persévérèrent point dans cette opinion erronée. Le Médecin ne les laissa pas avec cette plaie qu'ils avaient sûrement au coeur, il s'approcha d'eux, il leur appliqua le remède convenable : pour fermer ces ouvertures qu'il voyait dans leur âme, il conserva les plaies qu'il portait dans son corps.

4. Voilà quelle doit être notre croyance. Je sais que telle est la vôtre; mais de peur que  quelque plante funeste ne croisse dans ce champ du Seigneur, je m'adresse à ceux mêmes que  je ne vois pas ici. Nul ne doit avoir sur le Christ que les idées autorisées par lui, et devant lui il nous importe de les nourrir; car c'est lui qui nous a rachetés, qui a recherché notre salut, qui pour nous a répandu son sang, qui a souffert pour nous ce qu'il ne méritait pas, et qui nous a mérité ce dont nous n’étions pas dignes. Réglons ainsi notre foi.

Qu'est-ce que le Christ? Le Fils de Dieu, le Verbe de Dieu. Qu'est-ce que le Verbe de Dieu ? Ce que ne saurait exprimer le verbe ou la paré de l'homme. Tu me demandes ce que c'est que le Verbe de Dieu? Si je voulais t'expliquer ce que c'est que le verbe de l'homme, je ne le pourrais ; je me fatiguerais, je serais embarrassé, je succomberais à la tâche ; non, je ne puis montrer tout ce qu'il y a de force dans la parole humaine, Avant de vous exprimer mon idée, j'ai une parole dans l'esprit; cette parole n'est pas prononcée encore, mais elle est en moi; je la prononce, elle arrive jusqu'à toi, sans néanmoins s'éloigner de moi. Vous voilà tous attentifs à ma parole; ce que je dis sert de nourritures à vos âmes. Si cette nourriture était destinée à vos corps, vous vous la partageriez et chacun (269) d'entre vous ne pourrait la recevoir tout entière; il faudrait la diviser en des portions d'autant plus nombreuses que vous êtes ici plus nombreux, et chacun recevrait d'autant moins que votre multitude est plus considérable. Maintenant, au contraire, je vous dis en Tous présentant la nourriture spirituelle : Acceptez, prenez, mangez ; et vous acceptez, vous mangez, sans faire de partage. Chacune de mes paroles est pour vous tous et pour chacun de vous. Voilà dans quel sens on ne aurait expliquer suffisamment la force mystérieuse de la parole humaine, et vous me demandez encore : Qu'est-ce que la Parole de Dieu? C'est la Parole de Dieu qui nourrit tant de milliers d'anges, car leur nourriture est toute spirituelle. Cette Parole ou ce Verbe remplit les anges, elle remplit le monde et elle remplit aussi le sein de la Vierge, mais ans être là trop au large et ici à l'étroit. Qu'est-ce que ce Verbe de Dieu ? Que lui-même nous le dise. Il le dit, mais en peu de mots qui expriment beaucoup : « Mon Père et moi, nous sommes un (1) ». Ne compte

 

1. Jean, I, 30.

 

pas ici, pèse. Pourquoi? C'est que bien des paroles ne sauraient expliquer cette unique Parole.

Eh bien ! c'est « ce Verbe » ineffable qui « s'est fait chair et qui a habité parmi nous (1) ». Il a pris l'humanité tout entière, l'âme et le corps. Veux-tu quelque chose de plus exact ? La bête ayant aussi un corps et une âme, en disant que le Verbe s'est uni à une âme humaine et à un corps humain, j'entends désigner ici l'âme tout entière. Ce point de doctrine a donné lieu à une hérésie; il y a eu des esprits pour prétendre que l'âme du Christ n'était douée ni d'entendement, ni d'intelligence, ni de raison, et que le Verbe divin lui tenait lieu de raison, d'intelligence et d'entendement. Loin de toi cette idée ! De nous le Verbe a tout racheté comme il a tout créé, et il a tout pris comme il a délivré tout. En lui donc est l'entendement et l'intelligence; en lui l'âme qui fait la vie du corps, en lui le corps véritable et complet ; le péché seul lui est étranger.

 

1. Jean, I, 14.

 

 

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