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SERMON CCL. POUR LA SEMAINE DE PAQUES. XXI. PÊCHE MYSTÉRIEUSE (1).

 

ANALYSE. — Si Dieu a choisi pour premiers Apôtres des pêcheurs, c'est qu'il y a des analogies remarquables entre leur profession de pêcheurs et leur profession d'Apôtres; surtout entre les deux pécher miraculeuses qu'il leur fit faire, l’une avant et l'autre après sa résurrection, et la situation de l'Eglise soit sur la terre, soit au ciel. Les idées de ce discours sont donc la mêmes que celles des discours précédents. Mais combien de détails nouveaux et intéressants ! Quelle fécondité dans le génie de saint Augustin!

 

1. Le Seigneur Jésus voulait choisir ce qu'il y a de faible dans le monde pour confondre ce qu'il y a de force; aussi pour recueillir son Eglise de toutes les parties de l'univers, il n'a commencé ni par des empereurs ni par des sénateurs, mais par des pêcheurs. S'il avait appelé d'abord des dignitaires, quels qu'ils fussent, ils auraient osé s'attribuer cette faveur et non pas la rapporter à la grâce de Dieu. Ce dessin mystérieux de notre Dieu, ce projet de notre Sauveur est exposé par l'Apôtre de la

 

1. Jean, XXI, 1-14; Luc, V, 1-11.

 

manière suivante : « Considérez, mes frères, votre vocation »; ce sont les termes de l’Apôtre, « vous verrez parmi vous peu de sages selon la chair, peu de puissants, peu d'illustres ; mais Dieu a choisi ce qui est faible selon le monde pour confondre ce qui est fort; il a choisi aussi ce qui est vil et méprisable selon le monde et ce qui n'est point comme ce qui est, pour détruire les choses qui sont, afin que nulle chair ne se glorifie en sa présence (1) » . Un prophète avait dit dans

 

1. I Cor. I, 26-29.

 

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le même sens : «Toute vallée sera comblée, «toute montagne, toute colline sera abaissée; alors s'établira la surface unie de la plaine (1) ». Aussi ne voyons-nous pas aujourd'hui s'empresser de recevoir la grâce de Dieu les nobles et le vulgaire, le savant et l'ignorant, le pauvre et le riche? Quand il s'agit de recueillir cette grâce, l'orgueil n'a garde de se préférer à l'humilité qui ne sait et qui ne possède rien. Cependant, qu'est-ce que le Sauveur dit à ces pêcheurs? « Suivez-moi , je ferai de vous des pêcheurs d'hommes (2)» . Ah ! si ces pêcheurs n'avaient marché les premiers, qui nous aurait retirés des flots? C'est être aujourd'hui grand orateur que de pouvoir bien commenter ce qu'a écrit un pêcheur.

2. Quand donc Notre-Seigneur Jésus-Christ eut choisi ces pêcheurs de poissons pour en faire des pêcheurs d'hommes, il voulut en les faisant pêcher nous apprendre quelques mystères relatifs à la vocation des peuples. Voici deux pêches qu'il faut distinguer nécessairement: l'une au moment où le Seigneur se fit des disciples de ces pêcheurs ; l'autre après sa résurrection, comme vient de nous le rappeler la lecture du saint Evangile. Ne l'oubliez pas, l'une a devancé, l'autre a suivi la résurrection; mais nous devons remarquer entre ces deux pêches des différences importantes.

La prédication toute nouvelle de l'Evangile est comme le navire où sont nos provisions. Sur ce navire le Seigneur trouve des pêcheurs à qui il dit : « Jetez les filets. — De toute la nuit, répondent-ils, nous n'avons rien pris », nous nous sommes fatigués inutilement; «mais en votre nom nous allons jeter les « filets ». Ils les jetèrent et firent une capture si abondante qu'ils emplirent deux barques de poissons, que ces deux barques étaient surchargées jusqu'à être sur le point de couler à fond, et qu'enfin les filets furent rompus. C'est alors que Jésus dit : «Suivez-moi, et je ferai de vous des pêcheurs d'hommes» ; alors aussi, laissant là leurs barques et leurs filets, ils le suivirent (3).

Mais le Seigneur Jésus vient de nous donner, après sa résurrection, le spectacle d'une autre pêche, bien différente de cette première. Au moment de celle-ci, il dit : « Jetez vos filets », mais sans ajouter si c'était du côté droit ou du côté gauche; il dit simplement; « Jetez vos

 

1. Isaïe, XL, 4. — 2. Matt. IV, 19. — 3. Luc, V, 1-11.

 

filets.». S'il avait ajouté : à gauche, il n'aurait eu en vue que les méchants; à droite, que les bons. En ne distinguant ici ni la droite ni la gauche, il laisse ce mélange des méchants et des bons dont il est parlé dans un autre passage de l'Evangile; c'est quand le père de famille, après avoir fait préparer un grand festin, envoya chercher les conviés par ses serviteurs qui amenèrent tous ceux qu'ils purent rencontrer, les méchants comme les bons, et que la salle des noces se trouva remplie de convives (1). Ainsi l'Eglise est aujourd'hui livrée aux bons et aux méchants; c'est dans son sein une multitude immense , multitude qui la surcharge par moments et la pousse à deux pas du naufrage. Ne voit-on pas la masse de ceux qui se conduisent mal tourmenter ceux dont la conduite est chrétienne, au point que les sages se croient des insensés quand ils considèrent la vie coupable que mènent les autres, quand surtout ils remarquent que beaucoup de pécheurs sont comblés des biens du siècle et que beaucoup de justes en sont dénués? Ah ! qu'il est à craindre qu'on ne s'abatte alors et qu'on ne fasse naufrage l Qu'il est à craindre, mes très-chers frères, que l'homme réglé ne vienne à dire: A quoi me sert-il de me conduire sagement? Un tel se conduit si mal, et on l'honore plus que moi? A quoi me sert-il de me bien conduire? — Le voilà qui chancelle, je crains. qu'il ne sombre. Pour le retirer des profondeurs où il descend, je vais m'adresser à lui. Toi qui fais le bien, continue à bien faire; ne te lasse pas, ne regarde pas derrière. La vérité est dans cette promesse de ton Seigneur: « Celui qui persévérera jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé (2) ». — Cet autre, dis-tu, fait le mal et n'en est pas moins heureux. — Tu te trompes, il est malheureux, et d'autant plus malheureux qu'il se croit plus heureux. C'est être insensé que de ne connaître point son triste sort. Si tu voyais rire un homme livré aux ardeurs de la fièvre, tu déplorerais sa folie. Tu ne jouis pas encore' de ce qui t'est promis. Cet homme dont tu envies le sort, se repaît et jouit de ce qui est visible et passager; mais il n'a rien apporté, il n'emportera rien avec lui. Il est entré tout nu dans le monde, il en sortira nu, et de ses fausses joies il tombera dans de réelles douleurs. Pour toi, tu n'as point reçu encore ce

 

1. Matt. XXII, 8, 10. — 2. Matt. XXIV, 13.

 

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qui t'est promis. Continue, pour y arriver; persévère, pour ne pas te frustrer toi-même en lâchant pied, car Dieu ne saurait te tromper. Ces deux mots, pour préserver le navire du naufrage.

Mais voici un danger plus affreux dont on est menacé durant cette pêche, c'est la rupture des filets. Hélas ! ils sont rompus ; des hérésies se sont formées. Les schismes sont-ils autre chose que des ruptures ? Il faut durant cette première pêche souffrir et patienter, sans se laisser aller au dégoût et à l'abattement, quoiqu'il soit écrit : « La défaillance s'est emparée de moi, à la vue des pécheurs qui abandonnent votre loi (1) ». Que de petites barques se plaignent d'être pressées sous le poids de la multitude ! C'est comme le grand vaisseau qui crie: « La défaillance s'est emparée de moi, à la vue des pécheurs qui abandonnent votre loi ». Ah ! si tu te sens trop chargé, prends garde toujours de te laisser engloutir. Il faut pour le moment tolérer les méchants et non point s'en séparer. Je célèbre la miséricorde et la justice du Seigneur (2). Ainsi la miséricorde se prodigue d'abord, puis s'exerce la justice. C'est à l'époque du jugement qu'aura lieu la séparation. Aujourd'hui donc, que le bon m'écoute et devienne meilleur, que le méchant m'écoute aussi pour devenir bon, car nous sommes encore au temps de la pénitence et non au moment où se rend la sentence.

Quittons cette pêche dont les joies sont mêlées de larmes : elle a des joies, car on y recueille les bons ; des larmes, car il est pénible d'avoir à souffrir les méchants.

3. Dirigeons notre coeur du côté de cette autre pêche qui est la dernière ; là respirons, consolons-nous. Si elle a eu lieu après la résurrection du Seigneur, c'est qu'elle figure l'état de l'Eglise après la résurrection générale.

Ici encore on parle aux disciples ; c'est le Seigneur qui leur adresse la parole comme au moment de la première pêche ; mais si pour la première il les a invités seulement à jeter leurs filets, il dit aujourd'hui de quel côté ils les doivent jeter, du côté droit de la barque. Aussi prennent-ils ces élus qui occuperont la droite et pour qui il a été dit : « Venez, bénis de mon Père, recevez le royaume (3) ». Ils

 

1. Ps. CXVIII, 53. — 2. Ps. C, 1. — 3. Matt. XXV, 34.

 

jettent donc et ils prennent. A la première pêche le nombre n'est pas arrêté ; il est parlé seulement d'une grande multitude, mais, sans que le nombre soit précisé. Combien, hélas ! qui ne sont pas aujourd'hui compris dans le nombre, c'est-à-dire qui viennent, qui entrent, qui s'entassent dans les églises ! Ils remplissent les théâtres et ils remplissent nos temples; ils dépassent le nombre, ils ne sont pas compris dans ce nombre à qui est réservée la vie éternelle, à moins toutefois qu'ils ne changent durant cette vie. Mais tous changent-ils? Tous les bons mêmes ne persévèrent pas. Aussi est-il dit à ceux-ci : « Celui qui persévérera jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé » ; et à ceux qui sont méchants encore : « Je ne veux pas la mort du pécheur, mais son retour et sa vie (1) ». Le motif donc pour lequel à la première pêche le nombre n'est pas fixé, c'est que beaucoup le dépassent ; aussi est-il écrit dans un psaume : « J'ai annoncé, j'ai parlé, et ils ont excédé le nombre (2) ». Aujourd'hui qu'on jette à droite, le nombre n'est pas surpassé; on retire cent cinquante et tous grands pois. sons; de plus, il est dit : « Quoiqu'ils fussent a en si grand nombre, le filet ne se rompu point ». Ah ! c'est qu'alors ce sera une Eglise de saints ; il n'y aura plus ni divisions ni ruptures causées par les hérétiques; ce sera la paix et l'union parfaite. Pas un de moins, pas un de plus, mais le nombre exact.

Ne sera-t-on pas en trop petit nombre, si l'on n'est que cent cinquante-trois? Dieu nous préserve de croire qu'il n'y en ait que si peu parmi vous; à combien plus forte raison dans toute l'Eglise ! Le même Evangéliste, saint Jean, nous dit dans son Apocalypse qu'il vit une telle multitude de saints et de bienheureux dans l'éternité, que personne ne pouvait les compter. C'est ce qui est écrit en propres termes (3). Tous néanmoins sont compris dans ce nombre, dans ce nombre de cent cinquante trois. Je veux même le diminuer encore, avoir moins de cent cinquante-trois. Ces cent cinquante-trois ne sont que dix-sept. Pourquoi dix ? Pourquoi sept ?

Dix, à cause de la loi ; sept, à cause du Saint-Esprit, car ce nombre de sept lui est consacré en raison de la perfection à laquelle nous élèvent ses dons divins. « Sur lui, dit le prophète Isaïe, reposera l'Esprit-Saint ». Et

 

1. Ezéch. XXXIII, 11. — 2. Ps. XXXIX, 6. — 3. Apoc. VII, 9.

 

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après ces mots il énumère les sept vertus suivantes: « L'Esprit de sagesse et d'intelligence, d'Esprit de conseil et de force » ; en voilà quatre ; « l'Esprit de science et de piété, l'Esprit de crainte du Seigneur (1) ». Il commence par la sagesse et finit par la crainte; il descend ainsi de ce qu'il y a de plus haut, la sagesse, ace qu'il y a de moins élevé, la crainte ; car pour monter de ce qu'il y a de moins élevé à ce qu'il y a de plus haut, il faut aller de la crainte à la sagesse, « la crainte du Seigneur étant le commencement de la sagesse (2) ». Tel est le grand don de Dieu ; telles sont les sept opérations que l'Esprit-Saint produit dans les bien-aimés du Seigneur, pour donner en eux quelque force à la loi. Sans l'Esprit-Saint eu effet, que peut la loi ? Faire des prévaricateurs. Aussi est-il écrit : « La lettre tue ». Elle commande et n'agit pas. Elle ne tuait point avant le commandement, et si aux yeux de la Providence on était pécheur, on n'était point prévaricateur. Maintenant on te commande d'agir, et tu n'agis pas; on te le défend, et tu agis ; voilà la lettre qui tue.

Or la loi comprend dix préceptes. Le premier adonne d'adorer Dieu, de n'adorer que lui et de ne faire pas d'idole. Voici le second : « Tu ne prendras pas en vain le nom du Seigneur ton Dieu ». Le troisième : « Observe le jour du sabbat » ; mais spirituellement et non pas charnellement comme font les Juifs. Ces trois préceptes ont rapport à l'amour de Dieu. Mais, est-il dit : « C'est à ces deux préceptes », l'amour de Dieu et l'amour du prochain , « que se rattache toute la loi avec les prophètes (3) ». Donc, après avoir entendu ce qui concerne l'amour de Dieu, savoir l'unité, la vérité, le repos, considère ce qui est relatif à l'amour du prochain. « Honore ton père et ta

 

1. Isaïe, XI, 2, 3. — 2. Ps. CX, 10. —  3. Matt. XXII, 37-40,

 

mère », voilà le quatrième précepte. « Tu ne commettras point d'adultère » , voilà le cinquième. « Tu ne feras point d'homicide » , voilà le sixième. « Tu ne feras point de faux témoignage » , voilà le huitième. « Tu ne déroberas point » , voilà le septième. « Tu ne convoiteras pas le bien de ton prochain », voilà le neuvième. « Tu ne convoiteras point son épouse », voilà le dixième (1). En disant : « Tu ne convoiteras pas », Dieu frappe au vif, il touche à l'intérieur; car la concupiscence est active en nous. Voilà donc cette loi en dix préceptes. Que sert de la connaître, si tu ne l'observes pas ? Tu deviens prévaricateur. Or, pour l'observer tu as besoin de secours. Secours de qui ? Secours de l'Esprit-Saint. Si donc « la lettre tue, c'est l'Esprit qui vivifie (2) ».

A dix maintenant ajoute sept, voilà dix-sept; et ce nombre comprend toute la multitude des âmes parfaites. J'ai tellement l'habitude de vous redire comment ce nombre de dix-sept s'élève jusqu'à celui de cent cinquante-trois, que plusieurs me devancent. C'est pourtant un discours que je vous dois chaque année. D'ailleurs beaucoup ont oublié mon explication; beaucoup même ne l'ont pas entendue. Vous qui l'avez entendue sans l'avoir oubliée, souffrez patiemment que je la rappelle ou que je l'apprenne aux autres. Quand deux hommes voyagent ensemble, l'un marchant plus vite et l'autre plus lentement, c'est du premier qu'il dépend de ne laisser pas son compagnon en route. On ne perd rien d'entendre ce qu'on savait déjà, et en ne perdant rien on doit même être heureux que d'autres l'apprennent. Eh bien ! additionne depuis un jusqu'à dix-sept, sans omettre aucun des nombres intermédiaires, tu trouveras cent cinquante-trois. Qu'attendez-vous encore ? Faites votre calcul.

 

1. Exod. XX, 1-17. — 2. II Cor. III, 6.

 

 

 

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