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rte de l'église 38 - CH-1897 Le Bouveret (VS)

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SERMON CCCXXXIX. POUR LE JOUR ANNIVERSAIRE DE SON SACRE. I. LA CHARGE PASTORALE.

 

ANALYSE. — C'est surtout aujourd'hui que je me sens porté à réfléchir au poids de ma charge pastorale, et à vous recommander de m'alléger ce fardeau : fardeau terrible qui m'oblige, sous peine de mort éternelle, à vous avertir des dangers qui vous menacent. Ayez donc soin de vivre saintement pour ne pas-vous pendre vous-mêmes. Eh ! pourquoi chercher en tout ce qui est bon sans s'appliquer à rendre bonne sa vie ?

 

1. Ce jour me presse, mes frères, de réfléchir avec une attention plus grande au fardeau dont je suis chargé. Quoique je doive m'en occuper et le jour et la nuit, je ne sais comment il se fait qu'en cet anniversaire je sois tout pénétré de cette pensée, sans pouvoir même dissimuler combien elle me travaille. Et même, plus croissent ou plutôt décroissent pour moi les années en.me rapprochant du dernier jour; plus est vive, plus est profonde et saisissante la pensée du compte que je dois rendre, pour vous, au Seigneur notre Dieu. Telle est, en effet, la différence qui existe entre chacun de vous et nous : vous n'avez presque à rendre compte que de vous seuls, tandis que nous devons, nous, rendre compte et de nous et de vous. Aussi notre fardeau est-il plus lourd. Il est vrai que bien porté il nous prépare (587) une gloire plus grande ; mais s'il est porté d'une manière infidèle, il plonge dans les plus affreux supplices.

Aujourd'hui donc, qu'ai-je surtout à faire ? Je dois vous intéresser ait danger que je cours, afin que vous deveniez ma joie. Mon danger, c'est d'être attentif aux éloges que vous me donnez, sans tien dire de la manière dont vous vivez. Ah ! Celui qui me voit parler, qui me voit même penser, sait que je suis moins charmé des louanges populaires, qu'inquiet et tourmenté de la manière dont vivent ceux qui m'applaudissent: Je ne veux pas, j'abhorre, je déteste les louanges que me donnent ceux dont la conduite est mauvaise c'est peut moi une douleur et non pas un plaisir. Dirai-je que je ne Veux pas non plus des louanges de ceux qui mènent une vie vertueuse? Ce serait mentir. Dirai-je que j'en veux? J'aurais peur de convoiter plutôt ce qui est vain que ce qui est solide. Que dire alors? Que sans les vouloir absolument, je ne les repousse pas absolument non plus. Je n'en veux pas absolument, pour éviter le péril où exposent les louanges humaines; et je ne les repousse pas absolument, pour ne faire pas des ingrats de ceux que j'évangélise.

2. Quant à la chargé qui pèse sur moi, elle est exprimée par ces paroles que vous venez d'entendre du prophète Ezéchiel. C'est peu, en effet, que ce jour en lui-même nous invite à réfléchir à notre fardeau; il nous a été fait, de plus, une lecture qui nous porte à penser avec grande crainte au devoir dont nous sommes chargé; car nous succombons, si Celui qui nous a imposé ce devoir n'en porte le poids avec nous. Voici donc ce que vous venez d'entendre : « Lorsque j'aurai amené l'épée sur une terre, et que cette terre se sera donné une sentinelle pour voir arriver l'épée, en avertir et l'annoncer; si la sentinelle, à l'approche de l'épée, se tait et que, le glaive frappe et mette à mort le pécheur, ce pécheur, sans doute, mourra à cause de son iniquité, mais je rechercherai son sang dans les mains de la sentinelle; si, au contraire, la sentinelle a vu accourir le glaive, qu'elle ait sonné de la, trompette, qu'elle ait averti , et que le pécheur averti ne se soit pas tenu sur ses gardes, ce pécheur, sans doute encore, mourra à cause de son iniquité, mais la sentinelle a sauvé sa vie. Toi donc, fils de l'homme, je t'ai établi en sentinelle pour les enfants d'Israël ». Ici le Seigneur fait connaître ce qu'il entend par la sentinelle, ce qu'il entend par le glaive, ce qu'il entend par la mort : il n'a point voulu que l'obscurité du texte fût un prétexte pour notre négligence. « Je t'ai établi en sentinelle. Si je dis au pécheur : Tu mourras de mort, et que tu gardes le silence, et qu'il soit frappé de mort; sa mort, sans doute, sera juste et méritée, néanmoins je rechercherai son sang dans tes mains. Mais si je dis au pécheur : Tu seras frappé de mort, et qu'il ne se tienne pas sur ses gardes, son iniquité, sans doute, sera cause de sa mort, mais tu auras sauvé ton âme (1) ».

3. Relevez donc, mes frères, relevez mon fardeau et portez-le avec moi. Vivez bien. Nous voici tout près de la Nativité du Seigneur; nous avons à nourrir ceux qui partagent notre pauvreté; étendons jusqu'à eux notre humanité. Considérez mes paroles comme des mets que je vous présente; je ne puis vous nourrir tous d'un pain matériel et visible; je vous donne à -manger ce qu'on me donne à moi-même. Je suis le serviteur, et non le père de famille. Je vous présente de ce qui me fait vivre; je puise dans les trésors du Seigneur, dans les celliers de ce père de famille qui pour nous s'est fait pauvre, quand il était riche, afin de nous enrichir par sa pauvreté (2). Si je vous servais du pain, le pain une fois rompu, vous en emporteriez un morceau, et tant que j'en aie , chacun de vous n'en recevrait que bien peu. Mais ce que je dis maintenant arrive tout entier à tous et à chacun. Vous partagez-vous entre vous les syllabes de mes paroles? Avez-vous emporté chaque mot de mon discours à mesure qu'il s'est poursuivi? Chacun de vous l'a entendu tout entier. Mais aussi c'est à chacun de voir comment il l'a entendu, car je suis, moi, le distributeur et non l'exacteur.

4. Si je ne distribuais pas, si je conservais l'argent, l'Évangile me glacerait d'effroi. Je pourrais dire : Qu'ai-je besoin d'ennuyer les hommes, de crier aux pécheurs : Gardez-vous d'agir injustement, agissez de telle manière, cessez d'agir de telle autre ? Qu'ai-je besoin d'être à charge au monde ? J'ai appris comment je dois vivre; je veux tenir compte de ce qui m'a été ordonné, prescrit, enseigné;

 

1. Ezéch. XXXIII, 2-9. —  2. II Cor. VIII, 9.

 

588

 

ai-je besoin de rendre compte d'autrui ? Mais l'Evangile me glace d'effroi, et nul au monde ne me ferait sortir de mon oisiveté et de ma tranquillité. Est-il rien de meilleur, de plus doux, que de puiser sans bruit extérieur dans les trésors divins ? Voilà ce qui est bon, ce qui est agréable. Mais prêcher, reprendre, corriger, édifier, s'inquiéter pour chacun, quelle charge, quel poids, quel travail ! Qui ne le fuirait ?

Encore une fois l'Evangile m'épouvante. Un serviteur y paraît, qui dit à son maître « Je savais que vous êtes un homme fâcheux, que vous moissonnez où vous n'avez pas semé; j'ai conservé mon argent, je n'ai pas voulu le dépenser, prenez ce qui est à vous ». S'il y manque quelque chose, montrez-le; s'il n'y manque rien, ne me faites pas de peine. « Méchant serviteur, reprit le Maître, c'est d'après ta propre bouche que je te condamnerai ». — Comment cela ? — Dès que tu m'accuses d'avarice, pourquoi as-tu négligé de me faire des profits ? — J'ai craint de perdre en donnant. — Voilà ce que tu dis. N'est-ce pas ainsi qu'on s'écrie souvent : Pourquoi tant corriger ? Ce que tu lui dis devient inutile, il ne t'écoute pas ? — Je n'ai pas voulu donner mon argent dans la crainte de le perdre, dit le serviteur. — « Je l'eusse, en arrivant, repris avec usure (1) », ajoute le Maître; car je t'avais constitué distributeur, et non exacteur; tu devais t'exercer à donner et me laisser le soin de réclamer ensuite.

Que chacun donc craigne un pareil reproche et songe à la manière dont il reçoit. Si je tremble en donnant, celui qui reçoit doit-il être tranquille ?

5. Que celui qui était mauvais hier soit bon aujourd'hui. Voilà ce que je vous donne. Oui, que celui qui était mauvais hier soit bon aujourd'hui. Tel hier était mauvais, il n'est pas mort. S'il était mort, mort .en mauvais état, il serait allé d'où l'on ne revient pas. Hier il était mauvais et il vit encore : ah ! qu'il profite de sa vie et ne vive plus mal. Pourquoi vouloir au jour mauvais d'hier ajouter un jour mauvais aujourd'hui ? Tu désires une

 

1. Luc, XIX, 21-23.

 

longue vie, et tu ne veux pas qu'elle soit bonne ? En fait même de repas, qui veut d'un mauvais et long dîner ? Tel est l'aveuglement prodigieux de l'esprit, telle est la surdité de l'homme intérieur, qu'à l'exception de, soi-même, on ne veut rien que de bon. Tu voudrais posséder une villa. Je soutiens que tu ne désires pas qu'elle soit mauvaise. Tu désires une épouse ? Tu n'en. veux qu'une bonne; tu ne veux non plus qu'une bonne maison. Pourquoi poursuivre cette énumération ? Tu ne veux pas d'une mauvaise chaussure, et tu veux d'une vie mauvaise ? Une chaussure mauvaise te fera-t-elle plus de mal qu'une mauvaise vie ? Quand une chaussure mauvaise et trop serrée te gêne, tu t'assois, tu l'ôtes, tu la jettes ou bien tu y remédies, ou bien encore tu en changes, pour ne pas te fouler les doigts du pied; voilà comment tu te chausses. Et pourtant ta vie reste mauvaise et te fait perdre ton âme !

Je vois clairement ce qui t'égare. Une chaussure nuisible produit la douleur; une vie nuisible, le plaisir; l'une fait souffrir, l'autre fait jouir. Mais ce qui cause un plaisir temporel, produira plus tard une douleur bien plus sensible; au lieu que ce qui cause pour un temps une douleur salutaire, remplira ensuite d'un plaisir infini, d'une joie délicieuse et abondante, car il est écrit : « Ceux qui sèment dans les larmes moissonneront dans la joie (1) » ; et encore : « Bienheureux ceux qui pleurent, parce qu'ils seront consolés (2)».

6. Plus attentifs donc à ces vérités, songeons à ces autres paroles de l'Ecriture relatives à la débauche et à la volupté : « Un moment elle flatte le palais, on la sent ensuite plus amère  que le fiel (3) ». De plus, comme notre vie dans ce monde ressemble à un chemin, mieux vaut pour nous aller du travail au repos que du repos au travail; mieux vaut aussi nous fatiguer quelque temps sur la route, afin de pouvoir parvenir ensuite heureusement aux éternelles joies de la patrie, avec la gloire de Jésus-Christ Notre-Seigneur, lequel vit et règne avec le Père, etc. (4)

 

1. Ps. CXXV, 5. — 2. Matt. V, 5. — 3. Prov. V, 3,4. — 4. Il est douteux que ce dernier paragraphe soit de saint Augustin.

 

 

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