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rte de l'église 38 - CH-1897 Le Bouveret (VS)

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SERMON CCCXXXI. POUR UNE FETE DE MARTYRS. VI. RÉCOMPENSE DU MARTYR.

 

ANALYSE. — L'assurance de retrouver son âme, si on la perd pour  Jésus-Christ, a enflammé les saints d'ardeur pour le martyre, c'est-à-dire du désir de mourir pour Jésus-Christ, car ce n'est pas la souffrance même, c'est le motif de la souffrance qui constitue le martyre. Mais que ne reçoivent pas les martyrs en, échange de ce qu'ils donnent à Dieu ! C'est Dieu lui-même qui se fait leur récompense. Ah ! s'il est des hommes qui se font martyrs pour l'argent, ne conçoit-on pas qu'il y en ait qui se fassent martyrs pour l'amour de Dieu?

 

1. Excités par ces paroles du Seigneur dans l'Evangile, comme par l'éclat de la trompette : « Qui aime son âme la perdra, et qui la perdra pour l'amour de moi, la retrouvera (1)», les martyrs ont volé au combat, et ils ont remporté la victoire ;pour s'être appuyés, non sur eux-mêmes, mais sur le Seigneur.

On peut donner deux sens à ces mots: « Qui aime son âme la perdra». Ils signifient : Si tu l'aimes réellement, tu dois la perdre (2); ou encore : Garde-toi de l'aimer, pour ne la perdre pas. Ainsi, d'après, la première signification, si tu l'aimes, perds-la : perds-la, si tu

 

1. Matt. X, 39; Jean, XII, 25.

 

l'aimes, si tu l'aimes véritablement; sème-la sur la terre, et tu la moissonneras dans le ciel. Si-le laboureur ne sacrifie pas son blé en le semant, c'est qu'il n'aime pas à le récolter au moment de la moisson. — D'après le second sens, on doit dire : Garde-toi d'aimer ton âme, pour ne la perdre pas. On s'imagine l'aimer quand on, craint de mourir. Ah ! si les martyrs l'eussent aimée de la sorte, ils l'auraient perdue sans aucun doute. Eh ! que servirait de la garder durant la vie présente, et de la perdre dans la vie future ? Que servirait de la conserver sur la terre et de la perdre au ciel ? Qu'est-ce ensuite que la garder? Combien de temps peut-on la conserver? Si tu la gardes, elle t'échappe; si tu la perds, tu la retrouves (568) en toi. Sans doute les martyrs ont gardé la. leur; mais comment seraient-ils martyrs, s'ils l'eussent gardée toujours? Si, d'ailleurs, ils eussent voulu la conserver, leur vie se serait-elle prolongée jusqu'aujourd'hui? S'ils. eussent renié le Christ pour conserver leurs âmes en ce mondé, n'auraient-ils pas depuis longtemps quitté ce monde et perdu sûrement leurs âmes ? Au contraire, pour. n'avoir pas renié le Christ, ils ont passé de cette vie auprès du Père. Ils ont recherché le Christ en le confessant, ils l'ont atteint en mourant. Ainsi se sont-ils puissamment enrichis en perdant leurs âmes; pour la paille qu'ils ont sac riflée, ils ont mérité une couronne; oui, ils ont mérité une couronne et sont parvenus à la vie qui ne finit pas.

2. Aussi en eux s'accomplit ou plutôt s'est accompli ce que le Seigneur ajoute : « Et qui perdra son âme pour l'amour de moi, la retrouvera ». — « Qui la perdra pour l'amour de moi » : ces derniers mots disent le vrai motif. « Qui la perdra » , non pas d'une manière ni pour un motif quelconque, mais « pour l'amour de moi ». Aussi bien les martyrs s'étaient-ils écriés déjà par l'organe d'un prophète : « C'est pour l'amour de vous que chaque jour nous endurons la mort (1) ». Ce qui fait le martyr, ce n'est donc pas le supplice, mais la cause pour laquelle on l'endure.

Quand le Seigneur fut livré à la mort; il y avait sur le Calvaire trois croix entre lesquelles la cause des souffrances établissait de sérieuses différences. Le Seigneur était crucifié entre deux larrons; ces criminels étaient crucifiés à sa droite et à sa gauche, et lui au milieu. Mais comme si ce gibet eût été un tribunal, le Sauveur condamna alors le larron qui l'insultait, et il couronna celui qui le confessait. Que fera-t-il donc quand il viendra pour juger, lui qui a pu prononcer de tels arrêts au moment même où il était jugé ? Ainsi distinguait-il entre les croix. Pourtant, si on ne consultait que le supplice, le Christ ne ressemblait-il pas aux larrons? Mais si on demande à la croix pourquoi le Christ y était attaché, elle répondra : Pour l'amour de vous. Et vous, ô martyrs, dites à voire tour : C'est pour l'amour de vous que nous sommes morts. Il est mort pour nous, et nous pour lui. Il est vrai, lui est mort pour nous assurer

 

1. Ps. XLIII, 22.

 

 

des grâces; Irais nous, tout en mourant pour lui, nous ne lui avons rien donné. Voilà pourquoi c'est notre intérêt qu'il a eu en vue dans l'un et l'autre cas . le sang qu'il verse arrive jusqu'à nous; à nous revient encore ce que nous faisons pour lui; car c'est de lui que parle ainsi une âme saintement transportée

« J'ai dit au Seigneur : Vous êtes mon Dieu, puisque vous n'avez aucun besoin de mes biens (1) ». Que sont effectivement mes biens, sinon des dons de votre main? Or, comment pourrait avoir besoin d'un bien quelconque Celui de qui viennent absolument tous les biens ?

3. De lui nous viennent. et la nature ou l'existence, et l'âme ou la vie, et l'esprit ou l'intelligence, et les aliments ou le soutien de notre vie mortelle, et la lumière du ciel et les fontaines qui jaillissent de la terre. Ces dons, néanmoins, sont communs aux bons et aux méchants. Or, si les méchants mêmes reçoivent de lui de tels bienfaits, ne réserve-t-il rien de spécial aux bons? Assurément il tient pour eux quelque chose en réserve. Qu'est-ce donc? «Ce que l'oeil n'a point vu, ce que n'a point entendu l'oreille, ce qui ne s'est point élevé dans le cœur de l'homme » ; car ce qui s'élève dans le coeur de l'homme est au-dessous de ce coeur, et ne s'y élève qu'autant que ce cœur est au-dessus. C'est le coeur, au contraire, qui s'élève à ce que Dieu réserve aux bons. Ainsi, Dieu ne te réserve pas ce qui s'élève dans ton coeur, mais ce vers quoi ton cœur s'élève. Ne sois donc pas sourd à ces mots : Elevez vos coeurs. Elevez-les vers ce que l'oeil n'a point vu, ce que n'a point entendu l'oreille, ce qui ne s'élève point dans le cœur de l'homme. vers ce que l'oeil n'a point vu, car ce n'est rien de coloré; vers, ce que n'a point entendu l'oreille, car ce n'est rien de sonore ; vers ce qui ne s'est point élevé dans le coeur de l'homme, car ce n'est point une idée terrestre. Tel est le sens de ces mots : « Ce que l'oeil n'a point vu, ce que n'a point entendu l'oreille, ce qui ne s'est point élevé dans le coeur de l'homme, c'est ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment (2)».

4. Peut-être me demanderez-vous encore en quoi cela consiste. Demandez-le à Celui qui commence à faire en vous son séjour. Je ne laisserai pourtant pas de vous dire ce que j'en

 

1. Ps. XV, 2. — 2. I Cor. II, 9.

 

569

 

pense. Vous voulez savoir ce que Dieu réserve spécialement aux bons, lui qui se montre si généreux envers les bons et les méchants. J'ai dit d'abord qu'il réserve aux bons « ce que l'oeil n'a point vu, ce que n'a point entendu l'oreille, ce qui ne s'est point élevé dans le coeur de l'homme » ; mais quelques-uns me demandent encore : En quoi cela même consiste-t-il? Eh bien ! voici en quoi consiste ce que Dieu tient en réserve pour les bons, pour les bons que lui-même aura rendus bons; le voici. Un prophète a exprimé en deux mots en quoi consiste notre récompense : « Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple (1) ». — « Je serai leur Dieu » ; ainsi promet-il d'être lui-même notre récompense. Cherche, en découvriras-tu une autre qui soit préférable à celle-là? Si je te disais: Il nous a promis de l’or, tu serais dans la joie; c'est lui-même qu'il a promis, et je te vois triste ? Si le, riche ne possède pas Dieu, que possède-t-il? Ne demandez à Dieu que Dieu même, aimez-le gratuitement, et de lui ne désirez que lui. Ne craignez pas de manquer. Quand il se donne à nous, nous avons assez. Ah ! qu'il se donne à nous, et sachons nous contenter de lui. Ecoutez l'apôtre Philippe dire dans l'Evangile : « Seigneur, montrez-nous vôtre Père, et cela nous suffit (2) ».

5. Pourquoi donc vous étonner, mes frères, si, épris d'amour pour Dieu, les martyrs ont

 

1. Lévit. XXVI, 12; II Cor. VI, 16. —  2. Jean, XIV, 8.

 

tant souffert afin d'arriver à le posséder ? Voyez ce qu'endurent ceux qui aiment l'or. Au milieu des rigueurs de l'hiver, ils se confient à une frêle embarcation ; leur ardeur pour les richesses les enflamme au point qu'ils ne redoutent pas le froid; ils sont ballottés au souffle de la tempête, ils montent et descendent au gré des flots, sont en proie à d'affreux dangers de morts; certes, ils peuvent dire à l'or : « Pour l'amour de toi nous souffrons 1a mort chaque jour ». Que les vrais martyrs disent donc eux-mêmes au Christ : « C'est pour l'amour de vous que chaque jour nous souffrons la mort ». Les paroles sont les mêmes, mais combien est différente la cause soutenue par les uns et par les autres ! Tous ont bien dit, les uns en s'adressant au Christ, et les autres en s'adressant à l'or : «C'est pour vous que chaque jour nous endurons la mort » ; mais le Christ répondra à ses martyrs: En mourant pour moi, vous vous retrouverez ainsi que moi; tandis que l'or répondra aux avares : Si pour moi vous faites naufrage, vous vous perdrez avec moi.

Ainsi donc, remplis pour eux d'amour et de zèle à les imiter; remplis, non pas d'un amour stérile, mais d'un amour qui nous porte à les prendre pour modèles, célébrons les fêtes des martyrs, et tempérons par le rafraîchissement de la joie intérieure, ce que ces chaleurs ont d'extrême. Nous régnerons sans fin avec ces bienheureux, si nous avons pour eux, non pas un amour vain, mais un amour fidèle.

 

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