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SERMON CCXC. NATIVITÉ DE SAINT JEAN-BAPTISTE. IV. RAPPORTER TOUT A DIEU.

 

ANALYSE. — Si Dieu a fait de saint Jean-Baptiste le plus grand des hommes, c'était pour qu'en s'abaissant devant le Christ il montrât visiblement que le Christ est plus qu'un homme. Si Zacharie est châtié pour avoir prononcé à peu près les mêmes paroles que Marie, c'est que Dieu voyait dans les deux coeurs des intentions bien différentes. Si enfin Marie est si grande et si sainte, c'est à la grâce de Dieu qu'elle en est redevable, et elle-même proclame que c'est aux humbles que Dieu accorde cette On, tandis qu'il rejette les orgueilleux. Tout donc nous prouve dans ce mystère qu'il faut tout rapporter à Dieu, éviter avec soin l'orgueil des Pharisiens et l'orgueil plus grand encore des Pélagiens actuels.

 

1. Saint Jean, non pas saint Jean l'Evangéliste, mais saint Jean-Baptiste, a été envoyé devant le Christ pour lui préparer les voies. Voici le témoignage que le Christ rend à Jean. « Nul d'entre les enfants des femmes ne s'est élevé au-dessus de Jean-Baptiste (1) ». Voici d'autre part le témoignage que Jean rend au Christ : « Celui qui vient après moi est plus grand que moi, et je ne mérite pas de dénouer les courroies de sa chaussure (2) ». Examinons ces deux témoignages, celui que rend le Seigneur au serviteur, et celui que le serviteur rend au Seigneur.

Quel est le témoignage rendu par le Seigneur

 

1. Matt. XI, 11. — 2. Jean, I, 27.

 

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à son serviteur ? « Parmi les enfants des femmes, nul ne s'est élevé au-dessus de Jean-Baptiste ». Et quel est le témoignage rend a par le serviteur à son Seigneur ? « Celui qui vient après moi est plus grand que moi ». Mais si aucun des enfants des femmes n'est plus grand que Jean-Baptiste, que doit-on penser de Celui qui est plus grand que. lui ? Jean est un grand homme, après tout ce n'est qu'un homme si le Christ est plus grand encore que Jean, c'est qu'il est Dieu et homme tout ensemble.

Tous deux sont nés d'une manière admirable, tous deux, savoir: le héraut et le Juge, le flambeau et le Jour, la voix et le Verbe, le serviteur et le Seigneur. C'est dans un sein stérile, avec le concours d'un père déjà vieillard et d'une mère qui depuis longtemps avait passé l'âge, que le Seigneur se forma un serviteur; et c'est dans le sein d'une Vierge, sans le concours d'aucun père, que le Seigneur se forma un corps, lui qui avait formé le premier homme sans le concours d'aucun père ni d'aucune mère. « Parmi les enfants des femmes nul ne s'est élevé plus haut que Jean-Baptiste ». Jean paraissait si grand que plusieurs le prenaient pour le Christ. Mais l'orgueil ne le porta point à adopter cette erreur étrangère, il ne se permit point de dire : Je suis ce que vous pensez ; mieux inspiré, il reconnut son néant jusqu'à se prosterner aux pieds du Seigneur, jusqu'à parier en serviteur des courroies de sa chaussure Humble flambeau, il ne voulait point s'éteindre au souffle de l'orgueil.

2. Aussi comme il était destiné, dès sa naissance, à révéler un grand mystère, il est le seul juste dont l'Eglise célèbre la nativité. On célèbre bien la naissance du Seigneur, mais c'est le Seigneur. Montrez-moi parmi les patriarches , parmi les prophètes , parmi les Apôtres, un serviteur de Dieu autre que saint Jean, dont l'Eglise du Christ solennise la naissance. Il en est plusieurs dont nous honorons le martyre ; Jean est le seul dont nous fêtions le jour natal.

Vous avez remarqué, pendant la lecture de l'Evangile, dans quel ordre sont nés, l'un et l'autre, le précurseur et le Souverain, ou, comme je viens de dire, le héraut et le Juge, la voix et le Verbe. L'ange Gabriel annonce la naissance de Jean, le même ange Gabriel annonce l'avènement de Jésus-Christ Notre-Seigneur. L'un précède, l'autre le suit; l'un précède en obéissant, l'autre le suit en le dirigeant; car s'il lui est postérieur par l'âge, il lui est bien supérieur par l'autorité. Jean en effet n'a-t-il pas été créé par le Christ? Le Christ aussi n'a-t-il pas été créé après Jean, et n'est-il pas ainsi Créateur et créé, Créateur avant l'existence de sa Mère, Créateur de sa Mère et créé dans le sein de sa Mère ? Pourquoi dire qu'il est Créateur avant l'existence de sa Mère ? Parce que lui-même a dit, au rapport de l'Evangile: « Je suis avant Abraham (1) » ; écoutez ou lisez cela. C'est peu de dire que dès avant Abraham il était Créateur; il l'était avant l'existence d'Adam, avant la formation du ciel et de la terre, avant la création de tous les anges et de toutes les créatures spirituelles, soit Trônes, soit Dominations, soit Principautés, soit Puissances, de tout enfin. Effectivement, « au commencement était » et ne fut pas fait « le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu ; il était en Dieu dès le commencement. Tout a été fait par lui (2) ». Si c'est tout, ce sont donc les choses visibles et invisibles, le ciel et la terre et la Vierge Marie; puisque la Vierge Marie, elle aussi, a été formée de terre, et qu'ainsi le Christ qui a formé la terre a été formé de terre lui-même. Aussi « la Vérité s'est-elle élevée de terre (3) ».

3. Je voudrais donc rappeler brièvement à votre charité quel est notre grand mystère, Beaucoup devaient s'imaginer que le Christ n'était qu'un homme, qu'il n'était rien de plus. C'est pour ce motif qu'un grand homme, que le plus grand des hommes, que Jean lui rendit témoignage en se soumettant à lui, en s'abaissant, en s'humiliant devant lui. Combien ne se serait-il pas humilié, s'il avait dit de lui-même qu'il méritait de dénouer les courroies de sa chaussure ! Soyez attentifs, car c'est ici le grand mystère. Combien donc Jean se serait humilié s'il s'était reconnu digne de cette fonction ! Que penser de lui quand il proclame qu'il n'en est pas digne? C'est pour ce motif qu'on a distingué le jour de sa naissance et qu'il a été recommandé à l'Eglise d'en faire la fête.

4. Néanmoins, si grande que soit la différence entre les deux mères, puisque l'une est Vierge et que l'autre est une femme stérile, puisque l'une a enfanté par l'opération du

 

1. Jean, VIII, 58. — 2. Jean, I, 1-3. — 3. Ps. LXXXIV, 3.

 

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Saint-Esprit le Fils même de Dieu, Notre-Seigneur, et que l'autre a conçu de son vieil époux le précurseur du Seigneur ; en voici une autre que je vous prie de considérer:

Zacharie manqua de foi. Comment en manqua-t-il? Il demanda, à l'Ange un moyen de s'assurer de la vérité de sa promesse, attendu qu'il était vieux déjà et que sa femme était fort avancée en âge. L'ange alors lui répondit : « Voilà que tu seras muet et que tu ne pourras parler jusqu'au jour où ces choses arriveront, parce que tu n'as pas cru à mes paroles, qui s'accompliront en leur temps». Le même ange arrive près de Marie, il lui annoncé que d'elle doit naître le Christ incarné, et Marie fait une réponse analogue. En effet, Zacharie demande : « Comment m'assurer de cela ? car je suis un vieillard, et a mon épouse est fort avancée en âge » . L'ange lui répond : « Voilà que tu seras muet, et tu ne pourras parler jusqu'au jour où ces choses s'accompliront, attendu que tu n'as point a cru à mes paroles ». Puis, en punition de son manque de foi, Zacharie devient muet. Qu'est-ce que le prophète avait dit de Jean: « Voix de Celui qui crie dans le désert (1) ». Zacharie devient donc muet quand il doit engendrer la voix ! Il est muet pour n'avoir pas cru; il était juste qu'il le fût jusqu'à ce que naquît la voix. S'il a été dit avec raison, ou plutôt comme il a été dit avec raison : « J'ai cru, c'est pourquoi j'ai parlé (2) » ; puisqu'il ne croyait point, il ne devait point parler. Cependant, Seigneur, je vous en prie, je vous en conjure conjointement avec ceux qui m'écoutent, ouvrez-nous, montrez-nous comment résoudre la question suivante. Zacharie demande à l'ange de quelle manière il peut s'assurer de ce qui vient de lui être annoncé, car il est vieux et son épouse est fort avancée en âge ; on lui répond : « Parce que tu n'as point cru, tu seras muet ». On annonce à la Vierge Marie la naissance du Christ ; elle aussi interroge sur le moyen, et elle dit à l'ange : «  Comment cela se fera-t-il? car je ne connais point d'homme ». L'un dit : « Comment m'assurer de cela? car je suis vieux, et mon épouse est fort avancée en âge » . L'autre : « Comment cela se fera-t-il? Car je ne connais point d'homme » . Eh bien ! au premier il est répondu: Tu seras muet pour

 

1. Isaïe, XL, 3. — 2. Ps. CXV, 10.

 

avoir manqué de foi; quant à la seconde, au lieu de lui imposer silence, on lui fait connaître le moyen. « Comment cela se fera-t-il? car je ne connais point d'homme », dit-elle. Et l'ange reprend : « L'Esprit-Saint surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre ». Voilà comment s'accomplira ce que vous demandez; voilà comment vous deviendrez mère sans connaître aucun homme; voilà le moyen : c'est que « l'Esprit-Saint surviendra en vous et que la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre ». A l'ombre d'une telle sainteté, ne crains pas les ardeurs de la passion.

Pourquoi cette différence? Si nous examinons les paroles, il semble que tous deux, Zacharie et Marie, ont également cru ou douté également. Mais si nous pouvons écouter les paroles, Dieu peut aussi interroger les coeurs.

5. Nous le comprenons, mes très-chers, quand Zacharie dit à l'ange : « Comment m'assurerai-je de cela? car je suis vieux, et mon épouse est fort avancée en âge », il ne cherchait pas à s'instruire, il exprimait son incrédulité ; mais quand Marie dit au contraire : « Comment cela se fera-t-il? car je ne connais point d'homme », elle ne se défiait pas, elle demandait des renseignements, elle questionnait, mais elle ne doutait pas de la promesse qui lui était faite.

Ah ! elle était vraiment pleine de grâce; aussi bien l'ange lui dit-il en l'abordant : « Je vous salue, pleine de grâce ». Qui parlerait convenablement de cette grâce? Qui suffirait à en rendre grâces ? L'homme est créé, puis il périt victime de son libre arbitre; le Créateur ensuite se fait homme, pour ne laisser pas périr entièrement l'homme fait par lui. Celui qui dès le commencement est le Verbe de Dieu, Dieu dans le sein de Dieu et le Créateur de toutes choses, celui-là se fait chair. « Le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous (1)». Le Verbe donc se fait chair, en ce sens que la chair s'unit au Verbe, et non point en ce sens que le Verbe disparaisse dans la chair. O grâce divine ! Etions-nous dignes, hélas ! d'un tel bienfait?

6. Mais considérez ce que dit cette sainte Vierge, ce que dit Marie avec la foi, avec la grâce dont elle est pleine, elle qui doit demeurer

 

1. Jean, I, 14.

 

440s

 

vierge tout en devenant Mère. Que dit-elle parmi tant de vérités dont il nous serait trop difficile de parler en détail? Que dit-elle? « Il a rempli de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides (1)». Qu'entendre ici par les affamés? Les humbles, les pauvres. Et par les riches? Les orgueilleux, les superbes.

Nous n'irons pas chercher au loin : maintenant encore voyez dans le même temple un de ces riches que Dieu renvoie les mains vides, et un de ces pauvres qu'il remplit de biens. « Deux hommes montèrent au temple pour y prier. L'un était pharisien, et l'autre publicain. Le pharisien disait ». Que disait-il? Ecoute ce riche plein de lui-même et exhalant le rassasiement de l'orgueil et non de la justice : « Dieu, dit-il, je vous rends grâces de ce que je ne suis point comme les autres hommes qui sont voleurs, injustes, adultères, ni comme ce publicain. Je jeûne deux fois la semaine; je donne la dîme de tout ce que je possède». Es-tu venu pour prier ou pour te louer? Tu prétends avoir tout, et ne te croyant pas dans le besoin, tu ne demandes rien. Comment dire que tu es venu prier? « Seigneur, je vous rends grâces ». Il ne dit pas : Seigneur, faites-moi grâce. « Car je ne suis pas comme les autres hommes, qui sont voleurs, injustes, adultères ». Il n'y a donc que toi de juste? « Ni comme ce publicain ». C'est une insulte plutôt qu'un tressaillement de joie. « Je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que je possède ». O riche ! que tu as besoin d'être appauvri ! Viens, pauvre; viens, publicain; ou plutôt reste où tu es. Car « le publicain se tenait éloigné ». Mais le Seigneur s'approchait de cet humble. « Il n'osait pas même lever les yeux au ciel ». Mais il avait le coeur là où il n'osait lever les yeux. « De plus il se frappait la poitrine en disant: Seigneur, prenez pitié de moi, qui suis un pécheur ». O affamé, tu seras rempli de biens.

 

1. Luc, 1.

 

7. Seigneur, vous avez ouï la double plaidoierie ; prononcez la sentence. Vous, mes frères, écoutez cette sentence qui décide entre les parties. Le condamné n'en appelle point, car il n'est personne à qui il puisse en appeler. Il n'en appelle pas du Fils au Père; attendu que « le Père ne juge personne; il a remis tout jugement au Fils (1) ». Que la Vérité prononce donc entre les parties. «En vérité je vous le déclare, dit-elle, celui-ci sortit du temple justifié, plutôt que le pharisien ». Pourquoi, je vous le demande? Où est sa justice ? Veux-tu le savoir? « Parce que quiconque s'exalte sera humilié, et quiconque s'humilie sera exalté (2) ». Par qui sera exalté celui qui s'humilie, et humilié celui qui s'exalte ? Par Celui « qui remplit de biens les affamés et qui renvoie les riches avec les mains vides ».

Va maintenant et vante tes richesses; flatte-toi et t'écrie : Je suis dans l'opulence; et dans quelle opulence, puisque je suis juste, si je veux l'être, comme je ne le suis pas, si je n'y aspire point ! Il dépend de moi d'être juste ou de ne l'être pas. N'entends-tu pas ces paroles d'un psaume : « Ceux qui se confient dans leur vertu (3) ? » Ainsi c'est Dieu qui t'a donné le corps, les sens, l'âme, l'esprit, l'intelligence; et c'est toi qui te donnes la justice? Sans la justice, qu'est-ce que le corps et les sens, qu'est-ce que l'âme, l'esprit et l'intelligence? N'est-il pas vrai que sans la justice tout cela ne fera que te conduire au supplice? Ainsi, Dieu t'aurait donné ce qu'il y a de moindre en toi, et tu serais assez riche pour te donner ce qu'il y a de plus précieux? Mauvais riche, ah ! mauvais riche, tu seras appauvri, si toutefois tu possèdes ce que tu prétendais posséder. « Qu'as-tu en effet que tu ne l'aies reçu (4)? » Comment, tu n'as pas même appris, de ce pharisien orgueilleux et opulent, à rendre grâces à Dieu de ce que tu prétendais avoir?

 

1. Jean, V, 22. — 2. Luc,  XVIII, 10-14. — 3. Ps. XLVIII, 7. — 4. I Cor. IV, 7.

 

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