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SERMON CCXCVIII. FÊTE DE SAINT PIERRE ET DE SAINT PAUL. IV. TRIOMPHE DE LA GRACE.

 

ANALYSE. — Des changements merveilleux se sont produits dans saint Pierre et dans saint Paul ; l'un et l'autre sont devenus, entre les mains du Seigneur, des flèches puissantes pour pénétrer les âmes de son amour; on voit même saint Paul tressaillir de joie aux approches de la mort et à la vue de la couronne de justice. Mais à qui est-il redevable de sa sainteté et de ses mérites, sinon à la grâce de Dieu?

 

1. Nous devions être en plus grand nombre pour célébrer la fête de ces deux grands Apôtres, saint Pierre et saint Paul. Si nous sommes si nombreux pour célébrer la naissance au ciel des petits agneaux, ne devons-nous pas l'être beaucoup plus pour célébrer celle des béliers du troupeau? Il est dit en effet, des fidèles que les Apôtres ont conquis par leur prédication : « Apportez au Seigneur les petits des béliers (1) »; et pour traverser les sentiers étroits de la souffrance, les voies hérissées d'épines, les tourments de la persécution, les fidèles qui ont suivi les Apôtres les ont pris pour guides.

Saint Pierre est le premier des Apôtres, et saint Paul le dernier; tous deux ont servi dignement Celui qui a dit: « Je suis le premier et je suis le dernier (2)»; et tous deux, le premier et le dernier, se sont rencontrés pour souffrir le martyre le même jour. Pierre avait ordonné saint Etienne (3); car il était du nombre des Apôtres qui ordonnèrent diacre ce premier martyr. Ainsi Pierre fut l'ordonnateur d'Etienne, et Paul fut son persécuteur. Cependant

 

1. Ps. XXVIII, 1. — 2. Apoc. I, 17. — 3. Act. VI, 6.

 

ne cherchons point à savoir ce que Paul fut d'abord placés au dernier rang, examinons ce qu'il fut en dernier lieu. Si nous scrutons ce qu'il fut d'abord, nous n'aurons pas à nous féliciter non plus de ce que Pierre fut aussi. Paul, avons-nous dit, persécuta Etienne; regardons Pierre, ne renia-t-il pas son Maître ? Pierre lava dans ses larmes le péché d'avoir renié le Seigneur; Paul expia, en devenant aveugle, la faute 'avoir persécuté Etienne. Pierre pleura avant d'avoir été châtié ; Paul fut châtié aussi. Ils sont l'un et l'autre devenus bons, saints, généreux au suprême degré.Chaque jour encore on lit leurs écrits aux peuples. Et à quels peuples? à quels peuples immenses? Remarquez ce verset d'un psaume : « Leur voix s'est répandue par toute la terre, et leurs paroles jusqu'aux extrémités de l'univers (1)». Nous applaudissons à leur langage, car il est arrivé jusqu'à nous et il nous a tirés des ombres de l'infidélité pour nous élever à la sereine lumière de la foi.

2. En m'exprimant ainsi, mes frères, je suis heureux d'une si grande fête ; je suis pourtant

 

1. Ps. XVIII, 5.

 

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aussi un peu triste de ne pas voir autant de monde ici qu'il devrait y en avoir le jour du martyre de ces Apôtres. Si nous ne connaissions pas ce jour, nous ne sérions point répréhensibles; mais puisque personne ne l'ignore,. comment s'expliquer tant d'indifférence? N'aimez-vous ni Pierre ni Paul? Eu vous parlant ainsi je m'adresse à ceux qui ne sont point parmi nous; car pour vous, je vous rends grâces de ce que vous au moins vous êtes venus. Mais enfin, quelle âme chrétienne pourrait n'aimer pas Pierre et Paul? Si une âme est froide encore, qu'elle lise et qu'elle les aime; si elle ne les aime pas encore, qu'elle: se, laisse pénétrer le coeur par les flèches de leurs paroles; car c'est d'eux qu'il est dit : « Vos flèches sont aiguës, très-puissantes »; et c'est à ces flèches qu'on doit ce qui suit : « A vos pieds tomberont les peuples (1)». Heureuses sont les blessures faites par ces flèches : heureuses les blessures d'amour. On entend, dans le Cantique des cantiques, l'Epouse du Christ chanter: « Je suis blessée de charité (2) ». Quand se fermera cette blessure ? Quand tous nos désirs seront heureusement comblés. Il y a blessure tant que nous souhaitons sans posséder encore; l'amour ici n'est pas sans douleur. Mais une fois parvenus au terme, la douleur est passée sans que l'amour s'épuise jamais.

3. Dans l'Épître écrite par saint Paul au bienheureux Timothée, son disciple, vous avez remarqué ces, mots Car déjà on «m'immole ». Il voyait son martyre, imminent, il le voyait, mais sans le craindre. Pourquoi ne le craignait-il pas ? C'est que déjà il avait dit : « Je désire d'être dissous et d'être avec le Christ (3). —  Car déjà on m'immole ». Nul n'éprouve tant d'allégresse en annonçant qu'il va se mettre à table, prendre part à un splendide festin, que Paul en éprouve en parlant de son futur martyre. « Car déjà, on m'immole ». Qu'est-ce à dire? Je vais être sacrifié, sacrifié à qui? à Dieu; car « la mort de ses saints est précieuse aux yeux du Seigneur (4). — On m'immole» : Je suis tranquille, j'ai au ciel un prêtre pour me présenter à Dieu ; et ce prêtre est Celui qui a commencé par se faire victime pour moi. « Déjà l'on m'immole, et le temps de ma dissolution est proche » . Il parle ici de sa séparation du corps.

Car il y a de doux liens qui attachent l'homme

 

1. Ps. XLIV, 6. — 2. Cant. V, 8. — 3. Philip. I, 23. — 4. Ps. CXV, 15.

 

au corps, et dont on ne veut pas être dégagé. Mais en disant : « Je désire d'être dissous et d'être avec le Christ », l'Apôtre se félicitait de voir bientôt ces liens se rompre. En se dépouillant de ses membres charnels, il, allait prendre les vêtements et les ornements des vertus éternelles: Il quittait son corps sans inquiétude, parce qu'il allait recevoir la couronne. Heureux changement !  ô saint voyage ! ô demeure fortunée ! La foi nous l'enseigne, l'oeil ne voit pas encore cela; car « l'oeil n'a point vu, l'oreille n'a point entendu, le coeur de l'homme n'a point pressenti ce que Dieu réserve à ceux qui l'aiment (1) ». Où pensons-nous que sont maintenant ces saints? Là où on est bien. Que cherches-tu davantage? Tu ne connais pas leur séjour, mais réfléchis à leur mérite. En quelque lieu qu'ils soient, ils sont avec Dieu. « Les âmes des justes sont dans la main de Dieu, et aucun tourment ne les atteindra (2) ». Afin toutefois de parvenir au séjour où sont inconnus les tourments, elles ont dû.traverser les tourments ; elles ont dû par d'étroits sentiers arriver au lieu immense. Qu'on ne redoute donc point les labeurs de la vie, quand on aspire à une patrie semblable. « Le temps de ma dissolution est proche. J'ai combattu le bon combat, j'ai achevé ma course; j'ai conservé la foi : il me reste encore la couronne de justice ». Ah ! tu as raison de te hâter, de te réjouir de ton immolation prochaine, puisque t'attend la couronne de justice. Sans doute tu es menacé encore des amertumes du martyre, mais ta pensée s'élève au dessus et s'attache à ce qui les suit; elle ne considère pas le chemin, mais le terme; et parce qu'il songe avec un amour ardent au terme d u voyage, il se sent une force immense pour traverser ce qui l'y conduit.

4. Après avoir dit: « Il me reste la couronne de justice » ; l'Apôtre ajoute : « Que le Seigneur, en juste Juge, me rendra ce jour-là (3) ». Il se montrera juste , il ne l'a pas fait encore. 0 Paul, ô toi que d'abord l'on nommait Saul, quand tu persécutais les saints du Christ, quand tu gardais les vêtements de ceux qui lapidaient Etienne, si le Seigneur avait exercé envers toi la justice de ses jugements, où serais-tu? Quel abîme assez profond aurait-on trouvé dans la géhenne pour t'y jeter avec tes crimes? Dieu alors ne s'est pas montré juste

 

1. I Cor. II, 9. — 2. Sag. III, 1. — 3. II Tim. IV, 6-8.

 

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pour se le montrer aujourd'hui. C'est dans tes Epîtres, en effet, c'est par toi que nous connaissons ce que tu penses de tes antécédents. C'est toi qui as dit: « Je suis le dernier des Apôtres, indigne du titre d'Apôtre ». Pourquoi ? «Parce que j'ai persécuté l'Eglise de Dieu ». Si tu as persécuté l'Eglise de Dieu, comment donc es-tu Apôtre? « C'est parla grâce de Dieu que je suis ce que je suis ». Ainsi c'était d'abord la grâce, c'est aujourd'hui le mérite. On lui donnait d'abord la grâce, aujourd'hui on lui rend ce qui lui est dû. « C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis ». Moi, je ne suis rien; ce que je suis, je le dois à la grâce. Ce que je suis, maintenant comme Apôtre; car ce que j'étais, je l'étais par moi-même. « C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis; et sa grâce en moi n'a pas été stérile; car j'ai travaillé plus qu'eux tous.». Que dis-tu là, apôtre Paul? Ne semble-t-il pas que tu t'élèves, qu'il y a un léger point d'orgueil dans ces mots : « J'ai travaillé plus qu'eux tous ? » Ouvre bien les yeux. — Je les ouvre, répond-il; « mais ce n'est pas moi, c'est la grâce de Dieu avec moi (1)». — Il ne s'oubliait pas, mais cet ami de la dernière place nous ménageait pour, la fin une agréable surprise. « Ce n'est pas moi, c'est la grâce de Dieu avec moi ».

5. D'abord donc on ne lui a pas fait justice. Et maintenant? « J'ai achevé ma course, j'ai gardé la foi ; il ne me reste plus que la couronne

 

1. I Cor. XV, 9, 10.

 

de justice, que le Seigneur, en juste Juge, me rendra ce jour-là ». Tu as combattu le bon combat; mais qui t'a donné de vaincre? Je te lis à toi-même; voici ce que tu dis : « Je rends grâces à Dieu, qui nous a accordé la victoire par Jésus-Christ Notre-Seigneur (1)». Eh ! à quoi servirait d'avoir combattu, si on n'avait les avantages de la victoire? C'est donc toi qui as combattu, mais c'est le Christ qui t'a octroyé la victoire. Lis encore : « J'ai achevé ma course ». Cela encore, qui l'a fait en toi ? N'as-tu pas dit : « Cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde (2) ? » Parle encore : « J'ai gardé la foi ». A qui encore en es-tu redevable ? Prête l'oreille à tes propres paroles : « J'ai obtenu miséricorde pour rester fidèle « ». C'est donc aussi par la miséricorde divine et non par tes propres forces que tu as gardé la foi; et c'est ainsi que t'attend cette couronne de justice que le Seigneur, en juste Juge, te rendra ce jour-là. Il est juste Juge, parce que tu l'as méritée; mais prends garde à l'orgueil, car tes mérités -mêmes sont ses dons.

Ce que je viens de dire à l'Apôtre, je l'ai appris de lui-même ; vous aussi vous l'avez appris avec moi dans cette Ecole. Nous sommes assis, pour prêcher, sur un siège supérieur; mais, disciples dans la même Ecole, nous avons au ciel. un même Maître.

 

1. I Cor. 57. — 2. Rom. IX, 16. — 2. I Cor. VII,  25.

 

 

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