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rte de l'église 38 - CH-1897 Le Bouveret (VS)

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SERMON CCCV. FÊTE DE SAINT LAURENT, MARTYR. IV. HAÏR SON ÂME C'EST L'AIMER.

 

ANALYSE. — C'est en mourant que Jésus-Christ s'est multiplié; c'est en mourant aussi que les martyrs ont fécondé le monde. Jésus-Christ nous dit que nous devons également nous haïr : c'est la meilleure manière de nous aimer. Or, nous devons avoir confiance en Jésus-Christ quand il nous enseigne cette vérité, comme lorsqu'il nous enseigne toutes les autres ; car il y a en lui la toute-puissance, attendu qu'il s'est ressuscité, et pour nous une inexprimable bonté de condescendance. Donc, appuyons-nous sur lui et espérons en lui.

 

1. Votre foi connaît le grain mystérieux qui est tombé en terre et qui s'est multiplié en y mourant. Oui, votre foi connaît ce grain mystérieux, puisqu'il habite en vos coeurs. Aucun chrétien ne doute, en effet, que le Christ n'ait alors parlé de lui-même. Mais après la mort et la multiplication de ce grain, d'autres grains ont été semés sur la terre ; de ce nombre est le bienheureux Laurent, et nous célébrons aujourd'hui le jour où il a été semé.

De ces grains répandus par tout l'univers , quelle riche moisson est sortie ! Nous la voyons, nous en sommes heureux, et cette moisson est nous-mêmes, si toutefois, par la grâce de Dieu, nous sommes en état d'être placés dans le grenier. On n'y place pas toute la récolte. Si utile et. si nourrissante que soit la pluie; elle fait croître en même temps le froment et la paille. Ira-t-on enfermer dans le même grenier -la paille et le froment, quoique l'une,et l'autre croissent dans le même champ et soient foulés sur la môme aire? Nullement. Voici donc le temps de fixer son choix. Avant qu'arrive le vannage suprême, qu'on épure ses moeurs ; car aujourd'hui le grain est encore sur l'aire où il se sépare de la paille, et on ne le vanne pas encore pour l'en séparer définitivement.

2. Ecoutez-moi, grains sacrés , car je ne doute pas qu'il n'y en ait ici ; en douter, ce ne serait pas être un bon grain moi-même: écoutez-moi donc, ou plutôt écoutez en moi le grain (512) primordial. N'aimez pas vos âmes durant cette vie, ou plutôt ne consentez pas à les aimer, si vous y êtes portés, afin de les sauver en ne les aimant pas, car en ne les aimant pas, vous les aimez davantage. « Qui aime son âme en ce siècle, la perdra (1) ». C'est ce qu'enseigne le grain mystérieux, le grain qui est tombé en terre et qui y est mort pour se.multiplier qu'on écoute ce qu'il dit, car il ne ment pas. Lui-même a fait ce à quoi il nous engage; il nous a instruits par ses préceptes, et pour nous donner l'exemple, il a marché en avant. Le Christ durant cette vie n'a pas aimé son âme; s'il est venu parmi nous, c'était afin de la perdre, de la donner pour nous et de la reprendre quand il le voudrait.

Il est vrai, tout homme qu'il était, il était Dieu en même temps ; car le Christ est à la fois Verbe, âme et corps, vrai Dieu et vrai homme; mais homme exempt de tout péché, afin de pouvoir effacer le péché du monde, et doué d'une puissance si supérieure qu'il pouvait dire en toute vérité : « J'ai le pouvoir de déposer mon âme; et j'ai aussi le pouvoir de la reprendre; nul ne me l'enlève; c'est de moi-même que je la dépose, et de moi-même que je la reprends (2) ». Eh bien ! puisqu'il avait une telle puissance, comment a-t-il pu dire : « Maintenant mon âme est troublée (3)? » Comment, avec une telle puissance, cet Homme-Dieu est-il troublé, sinon parce qu'en lui est symbolisée notre faiblesse ? « J'ai le pouvoir de déposer mon âme et j'ai le pouvoir de la reprendre ». Ces paroles montrent le Christ tel qu'il est en lui-même; oui, elles montrent le Christ tel qu'il est en lui-même ; mais quand il se trouble aux approches de là mort, c'est le Christ ,tel qu'il est en toi. L'Eglise serait-elle son corps, s'il n'était en nous en même temps qu'en lui?

3. Ecoute-le donc : « J'ai le pouvoir de donner mon âme et j'ai le pouvoir de la reprendre ; personne ne me l'enlève. — Je me suis endormi ». On lit en effet dans un psaume

« Je me suis endormi». C'est comme si le Sauveur eût dit : Pourquoi ces frémissements, ces transports, cette ivresse des Juifs ?croient-ils avoir fait quelque chose? « Je me suis endormi ». C'est moi, moi qui ai le pouvoir de déposer mon âme; « je me suis endormi », en la déposant, « et j'ai pris mon sommeil». Mais

 

1. Jean, XII, 24, 25. — 2. Ib. X, 17, 18. — 3. Jean, XII, 27.

 

comme il avait aussi le pouvoir de reprendre cette âme, il ajoute : « Et je me suis réveillé ». Afin toutefois d'en rendre gloire à son Père, il poursuit : « Parce que le Seigneur m'a pris dans ses bras (1)». Ces mots : «Parce que le Seigneur m'a pris dans ses bras » , ne doivent pas éveiller dans vos esprits l'idée que le Seigneur ne se serait pas ressuscité lui-même. Le Père l'a ressuscité ; lui aussi s'est ressuscité. Comment prouver que lui aussi s'est ressuscité ? Rappelle-toi ces mots adressés aux Juifs « Renversez ce temple, et en trois jours je le rebâtirai (2) ».

Comprends par là que c'est de son plein pouvoir que le Christ est né d'une Vierge: ce n'était pas une nécessité, c'était un acte de plein- pouvoir; que de son plein pouvoir aussi il est mort, et mort comme il est mort. A leur insu il faisait servir les méchants à ses bons desseins: pour notre bonheur il appliquait à accomplir les projets de sa puissance un peuple frémissant et insensé ; parmi ceux qui lui donnaient la mort, il voyait de futurs disciples qui devaient; vivre avec lui; et en les voyant partager encore les folies d'un peuple insensé, il disait: « Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne « savent ce qu'ils font (3) ». C'est moi, c'est moi leur médecin-; je leur tâte le pouls; du haut de cet arbre je vois mes malades; je suis attaché et j'étends sur eux ma main ; je meurs et je leur donne la vie; je verse mon sang et je fais avec ce sang un remède pour mes ennemis ; ils sont furieux et le répandent, ils croiront et le boiront.

4. Ainsi donc le Christ Notre-Seigneur et notre Sauveur, le chef de l'Eglise, lui qui est né de son Père sans le concours d'une Mère; oui, Notre-Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, considéré en lui-même, a déposé son âme avec plein pouvoir et avec plein, pouvoir il l'a reprise. Ce n'est pas précisément à cause de cette puissance suprême qu'il disait:  « Mon âme est troublée » ; c'est nous qu'il personnifiait en lui-même; c'est nous qu'il voyait, qu'il considérait tout fatigués, qu'il prenait en quelque sorte et qu'il ranimait dans ses bras. Il craignait que quand arriverait pour quelqu'un de ses membres le dernier jour, le jour où il lui faudrait quitter la vie, ce membre ne vînt à se troubler par faiblesse, à désespérer de son salut, à dire qu'il n'est pas uni au Christ, puis

 

1. Ps. III, 6. — 2. Jean, II, 19. — 3. Luc, XXIII, 34.

 

513

 

qu'il n'est pas préparé à la mort jusqu'à ne sentir en soi aucun trouble, jusqu'à éprouver assez de dévotion pour n'avoir l'esprit voilé par aucun nuage de tristesse. Ce désespoir eût été un danger, si on s'y fût livré lorsqu'aux approches de la mort on se serait troublé de ne finir que malgré soi une vie malheureuse et d'hésiter à commencer une vie qui ne doit jamais finir. Afin donc de ne pas laisser accabler par ce désespoir ses enfants encore faibles, il les regarde, il recueille dans son sein ces membres débiles, les derniers de ses membres, comme la poule réunit ses poussins sous ses ailes, et c'est à eux qu'il semble s'adresser quand il dit : « Mon âme est troublée » : reconnaissez-vous en moi ; s'il vous arrive quelquefois de vous troubler, ne désespérez pas, levez les yeux vers votre Chef et dites-vous : Lorsque le Seigneur prononçait ces mots : « Mon âme est troublée », c'est nous qui étions en lui, ce sont nos sentiments qu'il exprimait. Nous nous troublons, mais nous ne sommes pas perdus. « Pourquoi es-tu triste, mon âme ? et pourquoi me troubles-tu? » Tu ne veux pas quitter cette misérable vie? Elle est d'autant plus misérable que tu l'aimes malgré sa misère et que tu refuses d'en sortir; elle le serait moins si tu ne l'aimais pas.

Que n'est donc pas la vie bienheureuse, puisqu'on aime ainsi la vie malheureuse, uniquement parce qu'elle porte le nom de vie ? « Pourquoi es-tu triste, mon âme? et pourquoi  me troubles-tu ? » Voici un parti à prendre. Laissée à toi-même, tu succombes ? « Confie-toi au Seigneur (1) ». En toi tu te.troubles? « Espère au Seigneur », au Seigneur qui t'a choisie avant la formation du monde, qui t'a prédestinée, qui t'a appelée, qui t'a justifiée quand tu étais impie, quia promis de te glorifier éternellement, qui a souffert pour toi la mort qu'il ne méritait pas, qui a pour toi répandu son sang et qui t'a personnifiée en lui-même quand il a dit: « Mon âme est troublée ». Quoi ! tu es à lui et tu trembles ? Comment pourra te nuire le monde, quand pour l'amour de toi est mort Celui qui a fait le monde ? Tu es à lui, et tu trembles ? « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Il n'a pas épargné son propre Fils, mais pour nous tous il l'a livré ; comment ne nous aurait-il pas donné toutes choses aussi avec lui (2) ? » Tiens donc ferme contre ces troubles; ne cède pas à l'amour du siècle. Il provoque, il flatte, il essaie de séduire n'y ajoute pas foi, et attache-toi au Christ.

 

1. Ps. XLII, 5. — 2. Rom. VIII, 31, 32.

 

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