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HOMÉLIE XIII« ALORS JÉSUS FUT EMMENÉ PAR LESPRIT DANS LESPRIT DANS LE DÉSERT POUR ÊTRE PAR LE DÉMON. » ETC. (CHAP. IV, 1, JUSQUAU VERSET 12.) ANALYSE 1. Le jeûne, moyen efficace pour vaincre la tentation. 2. Si tu es le Fils de Dieu. Le démon avait entendu la voix qui disait : Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; et en ce moment il voyait Jésus-Christ tourmenté par la faim. Ce quil voyait semblait contredire ce quil avait entendu, et il ne savait pas à quoi sen tenir, de là cette question : Si vous êtes le Fils de Dieu. 3. Cest par la patience que lon triomphe du démon. 4. Rien ne rend esclave du démon comme la soif des richesses. 5. et 6. Combien nous devons veiller sur nous-mêmes et contre le démon qui nous tente sans cesse.- Que personne nest exempt de tentations et que ce serait un grand mal de nêtre pas tenté. 1. « Alors» : quest-ce à dire ? cest-à-dire, après la descente du Saint-Esprit sur Jésus, après que cette voix divine se fut fait entendre du ciel : « Cest là mon fils bien-aimé dans lequel jai mis toute mon affection. »Qui nadmirera, mes frères, que lEsprit de Dieu ait conduit Jésus-Christ dans le désert, afin dy être tenté par le démon ? Car cest le Saint-Esprit lui-même qui ly a conduit. Comme Jésus-Christ était venu au monde pour nous servir de modèle, et avait résolu pour cela de tout faire et de tout souffrir, il veut bien se laisser aussi conduire dans le désert, et lutter contre le démon; afin que les nouveaux baptisés se voyant pressés de quelques grandes tentations après le baptême, nentrent point dans le trouble et le découragement, comme sil leur était arrivé quelque chose contre leur attente, mais quils souffrent cette épreuve avec constance, comme une suite nécessaire de la profession quils ont embrassée. Vous avez reçu des armes, non pour demeurer dans un lâche repos, mais pour combattre. Si Dieu narrête point les tentations dont vous êtes attaqués, il le fait pour plusieurs raisons qui vous sont avantageuses. Car premièrement il veut que vous reconnaissiez par expérience que vous êtes devenu plus fort. Il veut encore que vous conserviez la modestie, et que la grandeur des grâces reçues ne vous enfle pas dorgueil, vous qui êtes encore exposés à lépreuve des tentations. Dieu permet aussi que vous soyez-tentés; afin que le démon qui doute toujours si cest sincèrement que vous avez renoncé à lui, sassure par votre patience que ce renoncement est véritable. De plus le dessein de Dieu est que votre âme se fortifie par la tentation, et quelle devienne aussi plus ferme que le fer. Enfin Dieu permet que lennemi vous attaque, afin que vous conceviez par là combien est grand et précieux le trésor qui vous a été confié. Car le démon ne vous attaquerait point avec tant de violence, sil ne vous voyait élevés en un état plus glorieux que vous nétiez auparavant. Cest ce qui lirrita autrefois contre Adam, lorsquil le vit dans une si grande gloire. Cest encore ce qui lirrita contre Job de voir que Dieu même lui donnait tant de louanges. Mais doù vient donc, me direz-vous, que Jésus-Christ nous a dit: « Priez afin que vous nentriez point dans la tentation ? » (Matth. XXVI, 30.) Je vous réponds que cette parole saccorde parfaitement avec ce que nous disons puisquil est marqué dans notre Evangile que Jésus-Christ nalla pas de lui-même dans le désert, mais quil y fut conduit par lEsprit. Ce qui nous montre admirablement que nous ne devons pas nous jeter de nous-mêmes dans les tentations, mais seulement les souffrir avec courage, lorsqu elles nous arrivent. Et remarquez, je vous prie, où le Saint-Esprit mène le Sauveur. Ce nest point dans une (97) ville, ni dans une place publique, mais dans le désert. Comme il voulait attirer le démon à ce combat, il ne lui en donne pas seulement loccasion par la faim et par le jeûne; mais encore par la solitude. Car le démon attaque bien davantage les hommes lorsquil les voit seuls et séparés de tous les autres. Ce fut ainsi quil attaqua Eve autrefois, lorsquil la vit seule et séparée dAdam. Quand il nous voit unis avec dautres, il na pas la même hardiesse. Et cest pour cette raison que nous devons nous trouver le plus souvent que nous pouvons dans la compagnie des gens de bien, afin de nêtre pas si exposés aux attaques de notre ennemi. Ainsi le diable va trouver Jésus-Christ dans le fond dun désert inaccessible, ce que saint Marc fait assez voir lorsquil dit : « Quil était avec les bêtes. » (Marc, I, 13.) Et considérez avec quelle malice il lattaque, et comme il sait prendre son temps. Il le tente non durant son jeûne, mais lorsquil est ensuite pressé de la faim ; afin que nous apprenions quel grand bien cest que le jeûne; que cest larme la plus forte que nous ayons pour combattre le démon, et quaprès le baptême un chrétienne doit plus sadonner à la bonne chère, aux délices des festins, mais aux jeûnes et à labstinence. Cest pour cela que Jésus-Christ jeûne; non quil eût aucun besoin de jeûner, mais pour nous instruire de notre devoir. Comme les péchés que nous avions commis avant le baptême avaient pour cause lintempérance dont nous étions les esclaves, Jésus-Christ nous commande de jeûner après le baptême. Et il fait en cela comme un sage médecin, qui, après avoir guéri un malade, lui ordonne de sabstenir de ce qui lui avait causé son mal. Considérez, je vous prie, combien lintempérance a produit de maux. Cest elle qui a chassé Adam du Paradis; qui a répandu sur la terre les eaux du déluge, et qui a fait tomber sur Sodome les foudres du ciel si ce fut le péché de luxure qui, dans ces deux derniers exemples, attira directement la punition, lintempérance néanmoins en fut la racine, selon quEzéchiel le remarque par ces paroles: « Le péché de Sodome a été lorgueil, labondance de pain, et les délices de la table.» Ainsi les Juifs sont tombés souvent dans les plus grands crimes par lamour du vin et de la bonne chère. 2. Cest pour cette raison que Jésus-Christ jeûne quarante jours, pour nous apprendre à chercher dans labstinence les remèdes de notre salut. Il ne jeûne pas plus de quarante jours, de peur que lexcès du miracle nempêchât de croire à la vérité de lincarnation. Car Moïse et Elie soutenus de la force de Dieu ont jeûné aussi quarante jours. Mais si le jeûne du Seigneur eût été plus long, plusieurs auraient pu douter quil eût véritablement pris notre chair. « Et ayant jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim ensuite (2). » Jésus-Christ souffre la faim pour donner sujet au démon de le tenter: il lutte le premier, pour apprendre aux autres la manière de surmonter et de vaincre lennemi. Cest ce que les athlètes font tous les jours, lorsquils veulent instruire leurs disciples à surmonter leur adversaire. Ils combattent eux-mêmes en leur présence, afin quils remarquent dans le mouvement de leurs corps, ce quils doivent faire pour terrasser leur antagoniste. Cest ainsi que Jésus-Christ se rend notre chef et notre modèle. Il attire le démon au combat. Il lui fait remarquer la faim quil endure ; et il ne le rejette pas lorsquil approche: mais après quil sest laissé attaquer, il le terrasse par trois diverses fois avec une facilité toute-puissante. Mais de peur quen passant légèrement sur ces trois victoires, je ne vous prive dune instruction très importante, nous examinerons chaque tentation en particulier, et nous commencerons par la première. « Et le tentateur sapprochant de lui, lui dit: Si vous êtes Fils de Dieu, dites que ces pierres deviennent des pains (3). » Cet Esprit de malice ayant entendu la voix du ciel, qui disait clairement ; « Voilà mon fils bien-aimé, » et les témoignages si illustres de saint Jean qui assuraient la même chose, se trouvait dans une étrange perplexité en voyant aussitôt après Jésus-Christ pressé de la faim. Dune part la voix du ciel lui persuadait que Jésus-Christ nétait pas un homme et de lautre cette faim quil souffrait lempêchait de croire quil fût Fils de Dieu. Cest pourquoi dans ce doute et dans cette incertitude il parle à Jésus-Christ dune manière qui témoignait assez lagitation de ses pensées. Autrefois pour tenter Eve et Adam il feignit ce qui nétait pas, pour savoir ce qui était; il suit encore ici la même conduite: et ne sachant pas au vrai le mystère ineffable de lincarnation (98), il use dun artifice qui lui paraît propre pour en découvrir le secret. «Si,» dit-il, « vous êtes le Fils de Dieu, dites que ces pierres deviennent du pain. » Il ne lui dit pas, « puisque vous avez faim: » mais « si vous êtes le Fils de Dieu, » espérant le piquer de vaine gloire et le gagner par ces louanges. Il ne lui parle pas même du besoin de manger où il était, de peur quen le-lui représentant il ne parut lui faire quelque reproche. Ne comprenant pas la grandeur de cet abaissement si divin de Jésus-Christ, il simaginait que cet état lui était honteux. Il aime donc mieux le flatter avec adresse et ne lui représenter que sa grandeur et sa dignité. Que fait Jésus-Christ ? Il réprime cet orgueilleux, et pour montrer que létat où il était nétait ni honteux ni indigne de sa sagesse, il découvre lui-même ce que le démon avait caché pour le flatter. « Mais Jésus lui répondit : Il est écrit : « Lhomme ne vit pas de pain seul, mais « de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (4). » Jésus-Christ ne rougit point de marquer par ces premières paroles la nécessité de manger, qui lui était commune avec tous les autres hommes. Mais considérez ici la malice et ladresse du démon, par où il commence le combat, et comme il na pas oublié ses anciens artifices. II avait déjà vaincu le premier homme par lintempérance, il lavait engagé ainsi dans une infinité de maux, et il voulait encore tendre ici le même piége pour y prendre Jésus.. Christ. Nous voyons plusieurs personnes insensées qui déclament contre la nécessité du manger, et qui la regardent comme la source de tous les maux. Mais Jésus-Christ nous fait bien voir aujourdhui que cette nécessité même, quoique si violente, noblige jamais une personne vraiment vertueuse à rien faire qui soit indigne delle. Car il a faim , et néanmoins il ne fait rien de ce que le démon lui suggère, pour nous apprendre que nous ne devons jamais rien croire de ce que nous conseille cet ennemi. Comme cest par là quAdam a offensé Dieu, et violé sa loi ; Jésus-Christ nous fait voir ici quil ne faudrait pas écouter le démon, quand même il ne nous porterait point à désobéir à Dieu. Mais que dis-je à désobéir à Dieu? Lexemple de Jésus-Christ vous fait voir que quand les démons vous diraient même quelque chose de véritable, vous ne devez point les croire. Il fit taire les démons qui publiaient quil était le Fils de Dieu, saint Paul de même leur imposa silence un jour, quoique ce quils publiaient alors fût très véritable: il les méprise et les humilie surabondamment et pour mieux dissiper les pièges quils nous pourraient tendre pour nous perdre, il les fait taire lors même quils publiaient les dogmes salutaires de la vérité; il leur ferme la bouche, et il ne leur permet pas de parler. Cest pour la même raison que Jésus-Christ nécoute rien ici de ce que le démon lui propose, mais il lui répond simplement: « Lhomme ne vit pas de pain « seul, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu; » comme sil eût dit: Dieu peut dune seule parole remédier à la faim de lhomme et le nourrir. Et il cite un passage de lAncien Testament, afin de nous apprendre que ni la faim, ni la soif, ni aucune souffrance ne doivent jamais nous porter à nous séparer de Dieu. 3. Que si quelquun dit que Jésus-Christ devait faire le miracle que le démon lui demandait, je lui demanderai pour quelle raison et pourquoi ? Si le démon faisait cette demande, ce nétait pas quil voulût croire lui-même, mais cétait quil espérait convaincre Jésus-Christ dincrédulité. Ce nes-t pas autrement quil trompa nos premiers parents, et quil fit voir leur infidélité envers Dieu. Il leur fit des promesses contraires aux affirmations de Dieu, les enfla de vaines espérances, les rendit infidèles, et leur fit perdre les grands biens dont ils jouissaient. Mais Jésus-Christ refuse ici au démon, et ensuite aux Juifs qui étaient poussés par cet esprit de malice, de faire les miracles quils lui demandaient, toujours pour nous apprendre, que quand même nous pourrions lare des miracles, nous nen devrions point faire inutilement, ni sans grande nécessité, et que nous ne devons point céder au démon dans quelque extrémité que nous nous trouvions réduits. Que fait donc le méchant lorsquil se voit vaincu, et quil ne peut persuader ce quil voudrait à Jésus-Christ lors même quil est pressé dune si extrême faim? Il a recours à un autre artifice. « Alors le démon le transporta dans la ville sainte, et le mettant sur le haut du temple (5), lui dit : Si vous êtes le fils de Dieu, jetez-vous en bas, car il est écrit: Il ordonnera à ses anges davoir soin de vous, et ils vous soutiendront de leurs mains, de peur que (99) « vous ne heurtiez le pied contre quelque pierre (6). » Pourquoi le démon commence-t-il toutes ses tentations par ces mots: « Si vous êtes fils de Dieu. » Cest pour faire encore ici ce quil fit à légard de nos premiers pères. De même qualors il osa leur parler mal de Dieu en disant: « Dieu sait quau moment que vous mangerez de ce fruit vos yeux seront ouverts (Gen. III, 5); » parce quil leur voulait faire croire que Dieu les trompait, et quil navait point damour pour eux; de même il dit ici au Sauveur: Cest en vain que Dieu vous appelle son fils, et il vous trompe par cette qualité quil vous donne. Que si vous croyez être en effet ce quil vous fait croire que vous êtes, donnez une preuve de votre puissance. Et comme il voyait que Jésus-Christ lui avait rapporté un passage de lEcriture, il en use de même envers lui, et lui cite un passage du Prophète. Jésus-Christ sindigne-t-il? semporte-t-il? Non, il lui parle avec une extrême douceur, empruntant encore sa réponse aux Ecritures: « Jésus lui répondit : Il est écrit aussi : Vous ne tenterez point le Seigneur votre Dieu (7). » (Deut. VI, 16.) Pourquoi? Le Sauveur nous apprend par cette conduite, que ce nest point par les miracles quil faut vaincre le démon, mais par une patience ferme et invincible; et que nous ne devons jamais rien faire par ostentation et par vanité. Mais remarquez combien était grossier lartifice du démon, jugez-en par le témoignage même quil emprunte aux Livres saints: Quant au Seigneur, les témoignages quil cite se rapportent admirablement à ce quil dit; mais le démon cite des paroles en lair et au hasard, sans quelles prouvent en aucune sorte ce quil en infère. Car ces paroles du Psaume : « Il ordonnera à ses anges davoir soin de vous, » ne disent pas que le Juste se précipite lui-même. Et de plus, elles nont pas été proprement dites de Jésus-Christ, Le Fils de Dieu néanmoins ne se met point en peine de les réfuter, quoique le démon les eût alléguées dune manière qui lui était si injurieuse et si contraire à leur véritable sens. Car ce nest point au Fils de Dieu à faire ce que cet esprit de malice lui conseillait alors. Cest au démon à se précipiter lui-même; comme cest à Dieu à relever ceux qui sont tombés dans le précipice. Si Jésus-Christ élevait montrer sa puissance, il le devait plutôt faire, en tirant les autres du précipice, quen sy jetant. Il nappartient quaux démons dagir de la sorte, et de se précipiter en troupe dans les abîmes. Cest pourquoi ils tâchent de rendre les autres les compagnons de leur chute et de leur supplice. Cependant Jésus-Christ ne se découvre point encore: et il parle au démon comme un simple homme aurait pu faire. Car en disant: « Lhomme ne vit pas du pain seul.; » ou: « Vous ne tenterez point le Seigneur votre Dieu; » il ne dit rien qui le puisse faire reconnaître, et le distinguer des autres. Et ne vous étonnez pas si le démon parlant à Jésus-Christ tourne de toutes parts, et lattaque de tant de manières. Comme un athlète qui a reçu des blessures mortelles et qui perd la vue avec son sang, ne fait plus que tourner et que sagiter inutilement: de même le démon après avoir reçu ces deux blessures mortelles, na sachant plus ce quil doit dire, parle comme à laventure, et recommence une troisième tentation. « Le démon le transporta encore sur une montagne fort haute; et lui montrant tous les royaumes du monde, et la gloire qui les accompagne, lui dit: Je vous donnerai toutes ces choses, si en vous prosternant devant moi vous madorez (8, 9). » « Mais Jésus lui répondit: Retire-toi, Satan; «car il est écrit: Vous adorerez le Seigneur votre Dieu, et vous ne servirez que lui seul (40). » Jésus-Christ voyant que le démon par ces paroles offensait son Père, en sattribuant ce qui nappartient quà Dieu, et quil se faisait lui-même Dieu, et le créateur de toutes choses, le reprend de son orgueil, quoiquavec douceur néanmoins, se contentant de lui dire : « Retire-toi, Satan; » ce qui était plutôt un commandement quun reproche. Ce mot seul, « Retire-toi, » le mit aussitôt en fuite; et on ne voit plus depuis quil lait tenté. 4. Mais comment saint Luc dit-il, quaprès ces trois tentations, « toute la tentation fut consommée? » (Luc, XIV, 13.) Pour moi il me semble que lévangéliste en marquant ces trois sources principales de tentations, y a renfermé toutes les autres. Car ce déluge de péchés qui inonde tout le monde, na point dautre source que lappétit sensuel, lorgueil, et lavarice. Lesprit de malice le savait parfaitement, et il met lavarice au dernier lieu, comme (100) le plus puissant de tons les vices : et quoiquil leût en vue dès le commencement de sa tentation, il la réserve néanmoins pour la fin comme la plus forte de toutes ses armes. Cest là lordre quil observe dans ses combats. Il réserve pour le dernier ce qui est le plus capable de faire tomber les justes. Cest ainsi quautrefois il attaqua Job, et cest ainsi quil attaque Jésus-Christ; commençant dabord par les armes les plus faibles, et employant ensuite les plus fortes. Comment donc pouvons-nous vaincre un ennemi si redoutable? Nous le pouvons en faisant ce que Jésus-Christ a fait, cest-à-dire, en ayant recours à Dieu; en croyant toujours, quand nous serions abattus par la faim, quil peut nous nourrir dune seule parole; en ne tentant point Dieu dans les biens que nous en avons reçus; en nous contentant de la gloire du ciel, sans nous mettre en peine de celle de la terre: et en rejetant dans lusage des biens de ce monde, tout ce qui passe les bornes de la plus exacte nécessité. Il ny a rien qui assujétisse tant dhommes au démon que lamour du bien, et le désir de devenir riches. On ne le voit que trop tous les jours par une malheureuse expérience. Car il y a encore aujourdhui des personnes qui disent : Nous vous donnerons tout ce que vous voyez, si vous voulez vous prosterner pour nous adorer. Ces personnes paraissent hommes au dehors; mais elles sont en effet les instruments du démon. Nous voyons aussi qualors le démon ne tenta pas seulement Jésus-Christ par lui-même, mais quil le tenta encore par les hommes. « Il se retira de lui pour un temps, » dit saint Luc, pour marquer que le démon tenterait encore le Sauveur par les hommes qui devaient être comme les organes de sa malice. « Alors le démon le laissa, et aussitôt les anges sapprochèrent de lui, et ils le servaient (11). » Pendant que Jésus-Christ combat le démon, il ne perm-et pas que les anges paraissent, afin de ne le pas mettre en fuite avant que de lavoir vaincu. Mais après une si glorieuse victoire, les anges- lui apparaissent pour vous assurer que toutes les fois que vous aurez vaincu le démon, les anges viendront aussitôt pour se réjouir avec vous de votre victoire, et pour vous accompagner, comme vos gardes et vos défenseurs. Cest ainsi quils reçurent autrefois le Lazare, lorsquil sortit de la pauvreté, de la faim, et des souffrances, comme dune fournaise où Dieu lavait éprouvé, pour le transporter au sein dAbraham. Car, comme je vous lai déjà dit, Jésus-Christ figure souvent par ce qui lui est arrivé en cette vie, ce qui nous devait arriver en lautre. Puis donc que cest pour vous que Jésus-Christ a souffert toutes ces choses, tâchez de vaincre le démon comme lui, et ayez de lardeur et du zèle pour imiter votre chef. Que si quelquun dentre les esclaves et les disciples du démon vous vient dire: Puisque vous êtes un homme dune si grande piété, et dune vertu si admirable, transportez cette montagne, ne vous troublez point, et ne vous mettez point en colère; mais répondez doucement comme Jésus-Christ: « Vous ne tenterez point le Seigneur votre Dieu. » Sil vous promet de la gloire, de la puissance, et de grandes richesses, pourvu que vous ladoriez, rejetez cet offre avec une fermeté inébranlable. Le démon na pas usé de ces artifices seulement envers Jésus-Christ, qui était le Seigneur et le roi de tous les hommes. Il en use encore tous les jours envers nous qui sommes ses serviteurs. Il nous attaque non-seulement sur les montagnes, dans les déserts, et dans les solitudes, mais encore dans les villes, dans les places publiques, et dans les lieux où la justice se rend. Et il ne nous combat pas seulement par lui-même, mais encore par des hommes semblables à nous. Que faut-il donc que nous fassions pour nous défendre? Nous devons fermer loreille à toutes les paroles de cet esprit de malice; ne rien croire de tout ce quil nous dit; le haïr lors même quil nous flatte; et en avoir dautant plus dhorreur, quil nous promet de plus grandes choses. Cest ainsi quil surprit Eve. En lui donnant de magnifiques espérances, il la perdit et la précipita dans tous les maux. Nous avons affaire à un ennemi qui ne se réconcilie jamais. Il n entrepris une guerre éternelle contre nous, et nous veillons moins pour nous sauver, quil ne veille pour nous perdre. Combattons-le donc non seulement par nos paroles, mais par nos actions; non seulement par la pensée, mais par notre vie. Ne faisons rien de tout ce quil désire, et nous ferons tout ce que Dieu désire de nous. Cet ennemi nous fait de grandes promesses, non pour nous donner, mais pour nous faire perdre ce que nous avons. Il nous offre des (101) occasions de dérober le bien dautrui, afin de nous ravir linnocence et la justice. Il nous tend des pièges en nous promettant des trésors sur la terre, afin de nous enlever ceux du ciel. Il veut nous enrichir ici-bas, de peur que nous ne possédions ces richesses éternelles. Sil ne peut nous ravir les biens invisibles en nous promettant ceux de ce monde, il tâche de le faire par la pauvreté. Cest ainsi quil traita le bienheureux Job. Quand il vit que les richesses navaient pu le corrompre, il voulut labattre par la pauvreté, simaginant quil le surmonterait par cette voie. Mais cette prétention était bien extravagante. Car celui qui a pu être modéré dans les richesses, sera encore bien plus aisément ferme et patient, lorsquil sera pauvre. Celui qui ne sest pas attaché aux biens quil possédait, ne les regrettera peint quand il les aura perdus. Cest pourquoi ce saint homme est devenu incomparablement plus glorieux par sa pauvreté, quil ne lavait été par ses richesses. Le démon put bien lui ôter ce quil avait; mais bien loin de lui ôter cette charité dont il brûlait pour Dieu, il la rendit encore plus ardente; et en le dépouillant de tout au dehors, il le combla de biens au dedans. Cest ce qui mit au désespoir cet esprit superbe, voyant que Job devenait dautant plus fort, quil lui faisait de plus grandes plaies. Lorsquil eut employé tous ses moyens inutilement, voyant que rien ne lui réussissait, il eut enfin recours à ses anciennes armes, et il se servit de la femme de ce saint homme pour le tenter. Il lui parla par elle, se couvrant du masque de la bienveillance. Il lui représenta avec exagération létat déplorable où il était, et il fit semblant de ne lui donner ce conseil détestable que pour le délivrer de tous ses maux. Mais il ne gagna rien encore par ce dernier artifice. Cet homme admirable découvrit du premier coup ce piège caché; il saperçut que cétait le démon qui parlait par la bouche de sa femme, et il la réduisit au silence en la faisant taire. 5. Voilà le modèle que nous devons imiter. Quand le diable nous parlerait par nos frères, par nos amis, par notre femme, par ceux qui nous sont les plus proches et les plus unis, pour nous porter à quelque mal; que lamour que nous aurons pour la personne qui nous parle, ne nous fasse point recevoir le mal quelle nous suggère, mais que lhorreur que nous aurons du mal, nous en donne aussi pour la personne. Le démon se déguise ainsi tous les jours. Il prend le visage dun homme qui compatit a nos maux; et lorsquil semble nous consoler, il nous dit des paroles qui ne servent quà envenimer notre plaie. Cest le propre du démon de. flatter pour perdre, comme cest, le propre de Dieu de reprendre pour guérir. Ne nous laissons donc point surprendre à de faux raisonnements, et ne cherchons point, comme nous faisons par toute sorte de moyens, à éviter les maux de la vie. Cest un oracle de lEcriture que Dieu châtie celui quil aime. Lors donc que nous vivons mal, plus toutes choses nous réussissent, plus nous devons être dans la douleur. Car ceux qui offensent Dieu doivent toujours craindre, et encore plus lorsqu ils ne sont point châtiés de leurs offenses. Lorsque Dieu nous punit en ce monde, il le fait en détail, et notre peine en devient bien plus légère; mais lorsque sa justice dissimule nos offenses, la peine quil nous réserve est bien plus horrible. Que si laffliction est nécessaire aux justes mêmes, combien lest-elle plus aux pécheurs? Considérez avec quelle patience Dieu souffrit lendurcissement de Pharaon, et avec quelle rigueur il le punit ensuite. Nabuchodonosor fut longtemps heureux dans ses crimes, et il en fut ensuite rigoureusement puni. Et ce riche de lEvangile fut dautant plus tourmenté dans lautre vie, quil avait moins souffert en celle-ci. Il vécut ici-bas dans les délices sans être troublé daucune peine, et il alla souffrir ensuite des maux effroyables sans pou. voir trouver le moindre soulagement. Cependant il y a des personnes assez stupides et assez insensées, pour aimer mieux être heureuses en cette vie et pour dire ces paroles ridicules et honteuses. Jouissons des biens présents, et, pour ce qui est des incertains, nous verrons quand nous y serons. Faisons bonne chère; ne refusons rien à nos sens; jouissons de la vie; donnez-moi le présent, et je vous abandonne lavenir. O comble de laveuglement! En quoi ces personnes sont-elles différentes des pourceaux? Car si le Prophète dit des adultères quils sont « des chevaux (Jérém. V, 8),» qui peut nous accuser comme dun excès, si nous appelons ces personnes des pourceaux et des boucs, si nous soutenons qu ils sont plus stupides que des ânes, puisquils (102) quils appellent incertaines des choses qui sont plus claires que ce que nous voyons de nos yeux? Si vous ne croyez pas les hommes, croyez au moins ce que disent les démons, lorsque Dieu les tourmente par sa puissance, quoique ces esprits de malice naient point dautre but dans leurs actions et dans leurs paroles, que de nous perdre. Car vous ne doutez pas vous-mêmes quils ne fassent tout ce quils peuvent pour entretenir notre lâcheté, et pour nous ôter la crainte de lenfer, et la créance même du jugement à venir. Cependant, quoiquils tâchent de nous inspirer ces pensées, ils sont souvent forcés malgré eux de crier et de hurler, et de déclarer combien sont grands les supplices que lon souffre dans lenfer. Doù, vient donc quils parlent ainsi contre leur propre volonté, sinon parce quils y sont forcés par une nécessité inévitable? Car ils sont sans doute très éloignés de confesser de leur propre mouvement quils sont tourmentés par la puissance des saints qui sont morts, ni même quils souffrent aucune peine. Doù vient donc que les démons même confessent quil y a un enfer, lors même quils tâchent de nous en ôter la créance, sinon parce quil y a un Dieu qui les y oblige? Et cependant vous qui êtes comblés de tant de grâces, qui avez part à de si grands mystères, vous nimitez pas même les démons, et vous êtes plus durs et plus insensibles queux. Mais qui est revenu des enfers, me direz-vous, pour nous apprendre ce qui sy passe? Et moi je vous demande : Qui est venu du ciel pour nous dire que Dieu a créé toutes choses? Qui vous dit que nous ayons une âme? Si vous ne croyez que ce que vous voyez de vos yeux, vous devez aussi mettre en doute sil y a un Dieu, sil y a des anges, sil y a même une âme dans votre corps. Et ainsi les vérités les plus constantes seront effacées de votre esprit. Je dis plus, si vous ne voulez croire que ce qui est le plus clair, vous devez plutôt croire les choses invisibles que celles que vous voyez de vos yeux. Cela semble un paradoxe; cest néanmoins une vérité dont toutes les personnes raisonnables demeureront aisément daccord. Vos yeux se trompent tous les jours, je ne dis pas dans les choses invisibles, car ils nen sont pas capables, mais dans celles même quils voient et qui sont les plus grossières. Léloignement et la distance des lieux, la qualité de lair, labstraction de lesprit, la passion de la colère, linquiétude des soins, et mille autres choses semblables, leur sont comme autant dobstacles qui suspendent leur action, et qui leur font faire de faux jugements. Mais lorsque loeil intérieur de notre âme est une fois éclairé par la lumière de lEcriture, il juge bien plus sainement et avec plus dassurance de la vérité des choses. Ainsi ne nous trompons pas nous-mêmes et prenons garde dattirer sur notre tête un feu doublement violent et pour les dogmes faux. que nous aurons professés, et pour la vie molle et relâchée que nous aurons menée en conséquence, pour avoir suivi de si fausses opinions. Sil était vrai que Dieu ne nous dût point juger un jour ou que nous ne. dussions lui rendre aucun compte de nos actions, il sensuivrait aussi quil ne devrait point récompenser les travaux des saints. Considérez donc jusquoù va ce blasphème qui vous fait dire que Dieu qui est si juste, si doux et qui a tant damour pour les hommes, méprisera tous leurs travaux, et naura aucun égard à toutes leurs peines?Qui pourrait croire un si grand excès? 6. Quand vous nauriez aucune autre preuve, vous devriez au moins juger de la fausseté dune pensée si impie et si ridicule, par ce qui se passe tous les jours dans vos familles. Quelque cruel, quelque inhumain, quelque brutal que vous soyez, vous rougiriez en mourant de ne laisser aucune marque de votre affection à un serviteur qui vous aurait. été fidèle. Vous lui donnez la liberté, vous lui laissez de largent; et comme vous ne pouvez plus après votre mort lui faire aucun bien par vous-même, vous le recommandez soigneusement à vos héritiers; vous les priez, vous les conjurez de lassister, et vous faites tout ce que. vous pouvez afin quil ne demeure point sans récompense. Quoi, vous, tout méchant que vous êtes, vous témoignez tant de bonté pour un domestique; et Dieu dont la miséricorde est infinie, dont la bonté na point de bornes, négligera ses fidèles serviteurs, ces excellents hommes, Pierre, Paul, Jacques, Jean, et tant dautres qui ont souffert pour lui la faim, les prisons, les naufrages, qui ont été frappés de verges et exposés aux bêtes, qui ont enduré des maux innombrables et qui, enfin, sont morts pour sa gloire? Il les laissera sans récompense et il ne couronnera point leurs travaux? Celui qui préside (103) aux jeux olympiques couronne lathlète qui y remporte la victoire. Le maître récompense son esclave et le prince son soldat. Tous les hommes généralement comblent de biens ceux qui les ont fidèlement servis, et Dieu seul ne récompensera point ceux qui le servent avec tant de fidélité, et qui souffrent pour son amour tant de travaux et tant de peines? Les plus justes donc, les plus saints et les plus vertueux seront indifféremment confondus avec les adultères, les homicides, les parricides et les violateurs des sépulcres? Qui pourrait avoir une si extravagante pensée? Sil ne restait rien de nous après notre mort, et si tous nos biens ou nos maux se terminaient à cette vie : les bons et les méchants seraient tous enveloppés dans le même état. Et il se trouverait même que ces premiers ne seraient pas si heureux que les derniers : puisque tout étant égal après la mort pour les uns et pour les autres, les méchants auraient au moins cet avantage, de navoir eu que du repos et du bonheur en cette vie, au lieu que les bons ny auraient eu que des maux. Mais quel est le tyran assez cruel, quel est lhomme assez inhumain, quel est le barbare assez dur pour traiter si cruellement ceux qui le servent et lui obéissent? Vous voyez assez quel est lexcès de cet égarement, et jusquoù nous porte ce raisonnement impie. Quand donc vous nauriez point sur cela dautres lumières, rendez-vous au moins à ce que nous vous disons. Ayez horreur dune si détestable pensée. Fuyez le vice, embrassez les travaux de la vertu et vous reconnaîtrez alors que tout notre bonheur ou notre malheur ne se termine point dans cette vie. Si quelquun vous demande : Qui est venu de lautre monde pour nous apprendre ce qui sy passe ? Répondez-lui Ce nest pas un homme qui est venu nous en instruire. On ne laurait pas voulu croire. On aurait considéré comme des exagérations et des hyperboles tout ce quil nous aurait dit de cette autre vie. Mais cest le Seigneur même des anges qui est venu nous donner une connaissance si précise du véritable état de lâme après notre mort. Pourquoi cherchez-vous le témoignage des hommes lorsque le juge même qui vous redemandera compte de toutes les actions de votre vie, vous crie tous les jours quil prépare le ciel aux bons, lenfer aux méchants; et quil donne de plus des preuves constantes de tout ce quil dit? Sil ne devait pas juger un jour tout le monde, il ne jugerait point par avance quelques personnes quil punit dès ici-bas dune manière si terrible. Car par quelle raison quelques-uns dentre les méchants seraient-ils punis, et les autres ne le seraient pas? Dieu fait-il acception des personnes et ose-t-on proférer un tel blasphème, puisque ce traitement si inégal de ceux qui sont également méchants, serait une erreur encore plus grande que nest celle que nous venons de combattre? Mais si vous voulez mécouter attentivement, je vous développerai cette difficulté en un mot. Voici de quelle manière jy réponds : Dieu ne punit pas tous les méchants dès ce monde, de peur que vous ne cessiez ou dattendre la résurrection ou de craindre le jugement, comme si tous avaient été jugés dès cette vie. Dieu ne laisse pas aussi dans le monde tous les crimes impunis, afin que vous ne doutiez point de sa providence. Ainsi il punit quelquefois et quelquefois il ne punit pas. Lorsquil punit en celte vie, il fait voir que ceux qui ny auront pas été punis, le seront en lautre. Et lorsquil ne punit pas, il exerce votre foi, et il veut que vous attendiez un second jugement sans comparaison plus redoutable que ceux de ce monde. Que si sa sagesse et sa providence avaient jusquici laissé aller toutes choses sans y prendre aucune part, Dieu naurait ni puni personne, ni fait aucun bien à personne. Mais ne voyez-vous pas au contraire quil a en votre faveur créé les cieux, allumé le soleil, fondé la terre, répandu la mer, étendu les airs, réglé le cours de la lune, tempéré les temps et les saisons; et quil a établi dans tout le monde cet ordre admirable et éternel qui sy conserve par sa sagesse et par son esprit? Tout ce qui est renfermé dans la nature des hommes ou dans celle des bêtes; tout ce quil y a danimaux qui marchent et qui rampent sur la terre, ou qui volent dans lair, ou qui nagent dans la mer, dans les étangs, dans les fleuves et dans les fontaines; toutes les bêtes farouches qui peuplent les montagnes et les vallées, toutes les semences, toutes les plantes, tous les arbres fruitiers ou sauvages, fertiles ou stériles, et généralement tout ce quil y a sur la terre, a été créé sans peine par cette main toute-puissante, et est gouverné par elle pour notre soutien et notre salut. Toutes ces créatures nont pas été seulement ordonnées de Dieu pour notre nécessité et notre usage, mais encore pour exercer la charité, et pour nous assister (104) les uns les autres. Cest après un si grand nombre de dons et de faveurs, dont je ne viens de rapporter quune très-petite partie, que vous osez dire que celui qui a fait pour vous tant de choses, pourra vous oublier un jour, et vous laisser après votre mort dans le même rang que les pourceaux et les bêtes ! Après vous avoir prévenu de tant de grâces qui vous ont égalé aux anges, il vous oublierait et mépriserait tout ce que vous aurez pu faire ou souffrir pour lui! Y a-t-il en cela quelque étincelle ou quelque ombre de raison? Et quand nous nous tairions en cette rencontre, nest-il pas vrai que les pierres même crieraient, et que ces vérités sont plus claires que les rayons du soleil? Considérons donc toutes ces choses. Soyons très persuadés que nous comparaîtrons en sortant de cette vie devant un tribunal terrible, où nous rendrons compte de toutes nos actions. Cest là que nous serons condamnés si nous demeurons dans le crime, et que nous recevrons la couronne si nous veillons sur nous-mêmes pendant cette vie qui est si courte; si nous nous élevons avec courage contre ces blasphèmes et ces ennemis de Dieu, et si nous marchons dans le sentier de la vertu, pour pouvoir paraître avec confiance devant ce grand juge, et jouir des biens qui nous sont promis par la grâce et par la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui est la gloire avec le Père et le Saint-Esprit dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il. (105) |