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HOMÉLIE I
HOMÉLIE II
Matthieu 1,1-16
Matthieu 1,17-21
Matthieu 1,22-2,23
Matthieu 2,1-4
Matthieu 2,4-11
Matthieu 2,11-16
Matthieu 2,16 - 23
Matthieu 3,1-7
Matthieu 3,7-12
Matthieu 3,13-17
Matthieu 4,1-12
Matthieu 4,12- 25
Matthieu 5,1- 17
Matthieu 5,17 -27
Matthieu 5, 21 - 58
Matthieu 5,38-48
Matthieu 6,1- 16
Matthieu 6,17- 24
Matthieu 6,24-28
Matthieu 6,28-34
Matthieu 7,1-21
Matthieu 7,21-28
Matthieu 7,28 - 8,5
Matthieu 8,5-14
Matthieu 8,14-15
Matthieu 8,23-34
Matthieu 9,1-9
Matthieu 9,9-19
Matthieu 9,18-27
Matthieu 9,27-10,16
Matthieu 10,16-25
Matthieu 10,23 -34
Matthieu 10,34-42
Matthieu 11, 1-7
Matthieu 11, 7-25
Matthieu 11,1-9
Matthieu 11, 25-30
Matthieu 12,9-25
Matthieu 12,25-33
Matthieu 12,33-38
Matthieu 12,38-46
Matthieu 12,46 -13,10
Matthieu 13,10-24
Matthieu 13,24-34
Matthieu 13,34-53
Matthieu 14, 13-23
Matthieu 14,13-23
Matthieu 14,23 - 36
Matthieu 15,1 -21
Matthieu 15,21-32
Matthieu 15,38 -16,13
Matthieu 16,13-24
Matthieu 16, 24-28
Matthieu 16, 28 -17,10
Matthieu 17,10-22
Matthieu 17, 21 - 18,7
Matthieu 18,7 -15
Matthieu 18,16-21
Matthieu 18,21 - 35
Matthieu 19,1-19
Matthieu 19,16-27
Matthieu 19, 27 - 20,17
Matthieu 20,17-29
Matthieu 20, 29 - 21, 12
Matthieu 21,12-33
Matthieu 21,33-46
Matthieu 22,1-15
Matthieu 22,15-34
Matthieu 22,34-45
Matthieu 23,1-13
Matthieu 23,14-29
Matthieu 23, 29-39
Matthieu 24,1-16
Matthieu 24,16-32
Matthieu 24,32-51
Matthieu 25,1-31
Matthieu 25,31- 26,6
Matthieu 26,6-17
Matthieu 26,17-26
Matthieu 26,26-36
Matthieu 26,36-51
Matthieu 26,51-67
Matthieu 26,67- 27,10
Matthieu 27,11-27
Matthieu 27,27-45
Matthieu 27,45-62
Matthieu 27,62- 28,11
Matthieu 28, 11-20

SAINT JEAN CHRYSOSTOME

OEUVRES COMPLÈTES

TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS EN FRANÇAIS

SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN

BAR-LE-DUC, L. GUÉRIN & Ce, EDITEURS 1865

TRADUCTION FRANCAISE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME

COMMENTAIRE SUR L’EVANGILE DELON SAINT MATTHIEU.

TOMES 7 ET 8

I

AVERTISSEMENT.

Les homélies de saint Chrysostome sur saint Matthieu, au nombre de quatre-vingt-dix, ont toutes été prononcées à Antioche, sans qu’on puisse déterminer d’une manière précise en quel temps elles le furent. On a fait des conjectures. On a dit: saint Chrysostome passa toute l’année 388 à parler contre les jurements, notamment dans les homélies sur les Statues; or, dans tout le Commentaire sur saint Matthieu, c’est à peine s’il en parle deux fois et encore sans insister; donc, les habitants d’Antioche s’étaient corrigés et ne juraient plus ou presque plus à l’époque où se prêchèrent les homélies sur saint Matthieu; il faut donc rapporter ces homélies aux dernières années que saint Chrysostome passa dans la ville d’Antioche, c’est-à-dire entre 390 et 398. -

Ces quatre-vingt-dix homélies ont, de tout temps, été regardées non-seulement comme le chef-d’oeuvre de saint Chrysostome, mais même comme ce qu’il y a au monde de plus complet et de plus excellent sur la morale chrétienne. Là, toutes les vertus, avec la manière de les acquérir et de les pratiquer; tous les vices, avec les moyens à mettre en oeuvre pour les éviter et s’en corriger, sont définis, décrits, expliqués: là, rien n’est omis de ce. qui concerne la vie sainte et la vie vicieuse, pour attirer à l’une et éloigner de l’autre. Nulle part saint Jean Chrysostome n’a montré tant d’invention, tant d’éloquence, tant de sagacité dans la formation des moeurs. C’est pourquoi saint Thomas d’Aquin disait, au rapport de Papire-Masson (De Romanis ponti[., in Joanne XXI), qu’il attachait plus de prix à l’ouvrage de saint Chrysostome sur saint Matthieu, qu’à la possession de toute la ville de Paris. (1)

II.

La méthode suivie par saint Chrysostome est celle-ci: il cite le texte sacré verset par verset, phrase par phrase, puis il fait ressortir le sens littéral souvent avec tout le soin que pourrait y apporter un grammairien sagace, et cela sans cesser d’être orateur, orateur chaleureux, rapide, entraînant. Il assigne à chaque fait son temps, son occasion, ses circonstances qu’il demande aux autres Evangélistes lorsqu’ils en rapportent qui ne se trouvent pas dans saint Matthieu. Il insiste sur les miracles en s’attachant à en démontrer l’à-propos, le but, toutes les raisons.

Il rapporte parfois, - surtout quand il s’agit de passages difficiles, les opinions de divers interprètes, et si ces opinions exigent une réfutation, il s’en acquitte avec un rare talent; sa polémique- est expéditive, spirituelle, caustique. Il a grand soin de montrer que les oppositions, que quelques-uns veulent trouver entre les évangélistes, ne sont qu’apparentes, qu’elles n’ont rien de réel au fond, qu’elles s’expliquent toutes aisément et qu’elles viennent, soit de ce que les écrivains sacrés envisagent les faits chacun à son point de vue et sous une face différente, comme il arrive tous les jours, lorsque plusieurs sont témoins du même fait, que l’un remarque plus spécialement tel détail, l’autre, tel autre; soit de ce que les évangélistes racontent effectivement des miracles et des prodiges différents, ce qui, non-seulement est très-probable, mais a dû avoir lieu nécessairement. Et en effet, les miracles opérés par le divin Sauveur, ne sont pas en petit nombre, ils sont, au contraire, selon les Evangélistes eux-mêmes, innombrables. Dès lors, quoi d’étonnant s’ils n’ont pas tous raconté les mêmes? N’y aurait-il pas lieu de s’étonner qu’il en fût autrement? N’est-il pas vrai que les légères différences qui se remarquent entre les dépositions de ces quatre témoins du Christ, sont beaucoup plus faites pour augmenter que pour diminuer le poids de leur témoignage collectif?

Toutes ces homélies se terminent par une exhortation morale où le saint orateur fait à son peuple l’application de la doctrine qu’il vient de lui exposer. Il attaque les uns après les autres les vices régnants: les peintures qu’il en fait, pour en inspirer l’horreur à ceux qui l’écoutent, sont animées des couleurs les plus fortes , et c’est ordinairement aux prophètes qu’il les emprunte. Il n’a pas moins de mouvement que de couleur. Ses réprimandes sont hardies, -sévères, âpres même sans cesser d’être paternelles et charitables. Sa parole est un glaive qui frappe pour guérir ensuite.

Il réprimande souvent les riches qui abusaient de leur fortune, toujours entourés (2) de parasites, et ne s’occupant que de bonne chère et continuellement plongés dans l’ivresse. Il poursuit principalement ceux qui s’enrichissaient par la rapine et par l’usure. C’est contre cette espèce d’hommes qu’il lance ses plus terribles invectives; il les menace, il les effraye en leur montrant l’enfer qui les attend dans ses gouffres où brûle un feu inextinguible. Et ces voluptueux, ces mauvais riches, il les terrifiait au point qu’ils donnaient souvent des signes publics de contrition et de repentir; mais, dit le saint orateur, à peine avaient-ils franchi le seuil de l’église qu’ils retournaient à leurs habitudes; c’est que la crainte n’est pas k maître qu’il faut pour enseigner la persévérance dans le devoir, c’est l’affaire de l’amour et de l’affection. Son perpétuel refrain c’est qu’il faut déposer ses richesses en lieu sûr, c’est-à-dire au ciel, et les y faire porter par la main des pauvres Dans ces avis souvent répétés, il donne à entendre qu’il y avait alors à Antioche nombre d’usuriers qui grossissaient leur avoir par la spoliation des pauvres.

Censeur infatigable du faste, de la vanité et dé l’arrogance, il harcèle sans cesse ceux qui se construisaient de splendides demeures, qui entassaient un mobilier sans fin qui avaient des voitures toutes brillantes d’or et d’argent, et ne sortaient jamais que suivis d’une légion de serviteurs. C’est encore le luxe des femmes, qui est l’objet de ses fréquentes, comme de ses plus piquantes invectives; il jette le ridicule à pleines mains sur leurs fards, leurs enluminures, leurs faux cheveux, leur or, leurs pierreries, sur tout l’attirail de la coquetterie. Il fait honte aux jeunes gens de leurs moeurs molles, efféminées, corrompues, de leurs toilettes presque aussi recherchées que celles des femmes. Il proscrit les rixes et les inimitiés comme diamétralement opposées à l’esprit du christianisme, il recommande la charité fraternelle

comme le caractère spécial qui distingue le disciple de Jésus-Christ.

Il parle aussi fort souvent contre l’art des histrions, des comédiens, contre les spectacles et les théâtres, et ce n’était pas sans raison, car rien de plus impur que la scène d’alors, rien de plus impudent et de plus obscène que les comédiens et les comédiennes. Celles-ci paraissaient toutes nues sur la scène, elles nageaient toutes nues dans des bassins disposés pour cela.

Sa voix n’est pas moins éloquente pour faire aimer la vertu que pour faire détester le vice: il recommande surtout la chasteté, la charité envers le prochain, l’oubli des injures, la patience dans l’adversité, l’aumône, etc.

Tout en édifiant la foi et en formant les moeurs des chrétiens, l’orateur n’oublie pas de combattre les ennemis de nos croyances. Les Juifs, les Manichéens, les Marcionites, les Valentiniens sont ceux qu’il prend le plus souvent à partie. L’élément apologétique tient donc une assez grande place dans ce commentaire, et si certain mauvais livre qui a fait tant de bruit et de scandale ces temps passés n’avait pas déjà (3) trouvé, dans l’oubli où il est maintenant tombé, sa plus convenable et sa plus péremptoire réfutation, nous oserions présenter le commentaire de saint Matthieu par saint Chrysostome, comme le meilleur ouvrage à y opposer.

Une traduction des homélies sur saint Matthieu fut donnée, en 1665, par Le Maistre de Sacy, sous le pseudonyme d’Antoine de Marsilly. Les docteurs chargés de l’examen de cette traduction, s’exprimèrent ainsi dans l’approbation donnée par eux à l’ouvrage: « Cette traduction étant aussi fidèle que juste, et conforme à l’expression du style et des pensées du Saint, on peut dire que les beautés naturelles de ce Père si éloquent, né paraissent pas moins sous la plume de cet excellent interprète que sous celle de ce saint... Il semble que ce soit lui-même qui se soit expliqué une seconde fois en notre langue. » Bossuet a parlé de cette traduction, et voici son suffrage : « A l’égard de saint Chrysostome, son ouvrage sur saint Matthieu l’emporte à mon jugement. Il est bien traduit en français ; et on pourrait tout ensemble apprendre les choses et former le style. » On conçoit que nous n’ayons pas négligé de tirer profit d’un tel travail; nous l’avons donc eu constamment sous les yeux, d’abord pour ne rester jamais au-dessous, ce que nos lecteurs auraient raison do ne pas nous pardonner; ensuite pour-faire mieux toutes les fois que la chose a été possible; enfin pour le suivre quand il nous était impossible de mieux faire.

J.-B. JEANNIN

(4)