|
|
HOMÉLIE LXXXII.« ET COMME ILS MANGEAIENT, JÉSUS PRIT DU PAIN ET LAYANT BÉNI, LE ROMPIT, ET LE DONNA A SES DISCIPLES, EN DISANT : PRENEZ, MANGEZ, CECI EST MON CORPS. ET PRENANT LE CALICE, AYANT RENDU GRÂCES, IL LE LEUR DONNA EN DISANT: BUVEZ- EN TOUS. CAR CECI EST MON SANG, LE SANG DE LA NOUVELLE ALLIANCE QUI EST RÉPANDU POUR PLUSIEURS POUR LA RÉMISSION DES PÉCHÉS ». (CHAP. XXVI, 26, 27, 28, JUSQUAU VEBSET 36.) ANALYSE 1. La sainte Cène, institution du sacrement adorable de lEucharistie. 2. Réfutation de Marcion, Valentin et Manès, qui niaient la réalité de la mort de Jésus-Christ. Contre certains hérétiques qui employaient leau dans le saint sacrifice. 3. Présomption de saint Pierre corrigée. 4-6. De la foi en Jésus-Christ dans lEucharistie. Pourquoi Jésus-Christ a voulu renfermer ses sacrements sous des figures visibles et extérieures Quil ne faut point approcher de la table de Jésus-Christ avec dégoût ou avec indifférence. Quelle pureté on y doit apporter. Que cest un grand crime dêtre indifférent à la grâce que Jésus-Christ nous fait en se donnant à nous dans son Sacrement. Quon doit chasser de cette table sainte ceux qui sen rendent indignes par leur mauvaise vie, quelque rang quils aient dans le monde.
1. Quel est donc laveuglement de ce traître qui ne change point pour être assis à cette table divine, et qui demeure toujours le même après avoir participé à de si redoutables mystères? Cest ce que veut montrer saint Luc, lorsquil dit : « Quaprès cela le démon entra en lui »; il y entre non pour insulter au corps du Sauveur, mais pour punir linsolence du traître. Deux circonstances aggravaient le crime de Judas; dabord il avait osé approcher dune table si sainte avec une disposition si criminelle; ensuite, bien loin de tirer aucun fruit dune telle grâce et dun tel honneur, il en avait abusé sans aucune crainte. Le Fils de Dieu néloigna point cet homme, bien quil pénétrât le fond de son coeur, pour nous faire voir quil ne voulait rien omettre de tout ce qui pouvait servir à le corriger. Nous avons déjà vu, et on le pourra voir encore dans la suite, quil lui représentait continuellement son crime, et quil cherchait à len détourner par ses paroles et par ses actions, par la crainte et par les menaces, par les honneurs et par les services quil lui rend. Mais rien ne put le fléchir. Cest pourquoi le Sauveur le laisse enfin à lui-même, et donnant toutes ses pensées au soin de ses autres disciples, il les avertit encore par ces mystères sacrés de sa mort qui sapprochait. Il les entretient de sa croix pendant la cène, et il veut prévenir leur trouble et leur abattement, en leur prédisant si souvent ces choses. Si, après tant de prédictions en actions et en paroles, ils ne laissent pas que de se troubler, quauraient-ils donc éprouvés, sils navaient point été avertis davance ? « Et comme ils mangeaient, Jésus prit du pain et le rompit». Pourquoi Jésus-Christ a-t-il institué ce mystère au temps de la Pâque? Cest pour nous montrer par toutes ces actions que cest lui-même qui a établi lancienne Loi, et que tout ce quelle. contient nétait que des figures et des ombres qui avaient rapport à la Loi nouvelle. Cest pour cette raison quil a joint la vérité à la figure. Cette heure u du soir » quil choisit pour faire la Pâque nous marquait que les temps étaient accomplis, et que les choses étaient sur le point davoir bientôt leur dernière fin. Il rendit grâce à Dieu son Père, afin de nous enseigner comment nous devons célébrer ce saint mystère , et tout ensemble pour nous (32) faire voir quil allait volontairement à la mort. Il le fit aussi pour nous apprendre à recevoir avec action de grâces tous les maux que nous souffrons, et pour fortifier et affermir notre espérance. Car si la figure a eu tant de force que de délivrer tout un peuple dune dure captivité, combien plus la vérité aura-t-elle le pouvoir de tirer tout lunivers de la servitude, et de combler de biens tous les hommes? Cest pourquoi il navait point voulu leur faire part de ces mystères avant le moment où la Loi devait cesser. Il abolit la première et la principale de leurs fêtes, et les fait passer à une autre Pâque pleine dune sainte frayeur. « Prenez », leur dit-il, « et mangez. Ceci est mon corps qui est livré pour vous ». Comment nont-ils point été troublés en entendant ces paroles? Parce que déjà auparavant il leur avait dit plusieurs grandes choses de ce mystère. Voilà pourquoi il leur dit ici cette parole sans aucun préambule, les jugeant assez préparés à lentendre. Il leur découvre la cause de sa passion, cest-à-dire « la rémission des péchés ». Il appelle ce sang, « le sang de la nouvelle alliance », cest-à-dire de la promesse de la Loi nouvelle. Car cest ce quil a promis de nouveau, et cest par ce sang que la nouvelle alliance est confirmée. Et comme lancienne avait pour son partage le sang des bêtes quelle immolait, de même la nouvelle a pour le sien le sang du Seigneur. Il témoigne encore par ces paroles quil sen va mourir, et cest pour cela quil parle de «Testament », et quil nous remet en mémoire cet Ancien Testament qui avait été aussi scellé et consacré avec le sang. Puis il déclare la cause de sa mort en disant: « Que ce sang sera répandu pour plusieurs, afin deffacer leurs péchés ». Il dit ensuite: « Faites ceci en mémoire de « moi ». On voit par ces paroles comment il veut nous retirer de lobservation des coutumes judaïques. Car, comme vous faisiez autrefois la Pâque en mémoire des miracles que vos pères avaient vu faire en leur faveur dans lEgypte, de même vous ferez ceci en mémoire de ce que je fais maintenant pour vous. Le sang dont les portes des Israélites furent alors teintes, nétait que pour sauver les premiers nés; mais celui-ci est répandu pour la rémission des péchés du monde entier. « Car ceci», dit-il, « est mon sang qui sera répandu pour la rémission des péchés». Or, il voulait faire connaître à ses disciples que sa passion et sa croix était un mystère, et apporter ainsi quelque consolation à leur douleur; et comme Moïse avait dit : « Ceci vous servira dune mémoire éternelle »; de même Jésus-Christ dit à ses disciples : « Faites ceci en mémoire de moi, jusquà ce que je vienne». Et cest pour cette raison quil ajoute : « Jai désiré dun grand désir de manger cette Pâque avec vous », cest-à-dire, de vous donner des choses nouvelles et de vous faire part dune Pâque qui vous rendra spirituels. Il en but aussi lui-même de peur que les disciples, ayant ouï ces paroles, ne disent: Quoi ! buvons-nous du sang et mangeons-nous de la chair? et quainsi ils ne se troublassent comme plusieurs Juifs avaient déjà fait, lorsquil avait seulement parlé de ce mystère. Il leur montre donc lexemple, afin de les faire approcher avec un esprit tranquille de la communion de ses mystères. Mais faut-il donc, direz-vous, célébrer aussi lancienne Pâque? Point du tout, puisque Jésus-Christ ne nous a dit : « Faites ceci », que pour nous retirer de la Pâque ancienne. Et sil opère en celle-ci la rémission des péchés, comme il le fait en vérité, nest-il pas superflu de célébrer cette ancienne cérémonie légale? Comme il avait donc voulu que la première Pâque servît aux Juifs dun monument éternel des grâces quil leur avait faites; il veut ici de même que cette nouvelle Pâque serve aux chrétiens pour leur rappeler éternellement dans la mémoire le souvenir des dons infinis de leur Sauveur. Il veut par cette conduite fermer la bouche aux hérétiques, parce que, lorsquils demandent où est la preuve certaine quil a été immolé, nous les réduisons au silence en leur alléguant entre plusieurs autres raisons les saints mystères. Car si Jésus-Christ nest pas mort, de qui ce sacrifice que nous célébrons est-il le symbole? 2. Voyez-vous, mes frères, combien Jésus-Christ a désiré que nous eussions toujours présente la mémoire de la mort quil a soufferte pour nous? Comme il devait sélever des hérétiques impies, Marcion , Manès, Valentinien, et leurs disciples, qui nieraient le mystère de la mort du Sauveur, cest pourquoi il fait mention de sa passion, même au milieu de linstitution de cet autre mystère de son (33) corps et de son sang adorable; en sorte quil ny a point dhomme raisonnable qui puisse être trompé en ce point. Ainsi, le Seigneur nous sauve et nous instruit tout ensemble par cette même table sacrée qui est le plus grand de tous les biens; cest ce qui fait que saint Paul en parle avec tant détendue. Après la célébration de ce mystère , Jésus-Christ dit « Je ne boirai plus désormais de ce fruit de vigne, jusquau jour auquel je le boirai nouveau avec vous dans le royaume de mon Père (29) ». Comme il avait déjà parlé de sa passion et de sa croix, il parle maintenant de la résurrection quil appelle le « Royaume de son Père ». Mais pourquoi a-t-il voulu boire et manger après sa résurrection? Cétait pour ne point passer pour un fantôme dans lesprit des plus grossiers qui regardent cette marque comme la plus certaine et la plus infaillible de la résurrection. De là vient que les apôtres, pour convaincre les peuples. de la résurrection de Jésus-Christ, disent: « Nous avons bu et mangé avec lui depuis quil est ressuscité des morts». Cest donc pour leur marquer clairement quils le verront après sa résurrection et quils le verront de telle sorte que ses paroles et ses actions les convaincraient de la vérité de sa nouvelle vie, quil leur. dit ces paroles : « Jusquau jour auquel je le boirai nouveau avec vous dans le royaume de mon Père ». Car vous devez être les témoins de ma résurrection dans le monde entier. Cest pourquoi vous me verrez quand je serai ressuscité. Il appelle ce vin, « nouveau », cest-à-dire, quil le boirait dune manière nouvelle, inouïe et tout à fait admirable. Car il est ressuscité avec un corps impassible, immortel, incorruptible, et qui navait aucun besoin de nourriture. Et sil a voulu boire et manger après sa résurrection, lorsquil navait aucun besoin de nourriture, ce nétait que pour certifier davantage la vérité de sa résurrection. Pourquoi, me direz-vous, a-t-il voulu, après sa résurrection, boire non de leau, mais du vin? Cétait pour ruiner, jusque dans la racine, lhérésie pernicieuse de ceux qui veulent se servir deau dans la célébration des mystères, et pour montrer que quand il a institué ce mystère, cétait avec du vin, et quaprès sa résurrection il a usé encore de vin dans un repas commun qui ne renfermait point de mystère. « Je ne boirai point », dit-il « de ce fruit de la vigne », or la vigne produit non de leau, mais du vin. « Et ayant chanté le Cantique, ils sen allèrent sur la montagne des oliviers (30) ». Jappelle ici tous ces mangeurs brutaux qui, après sêtre gorgés à table, en sortent comme des pourceaux au lieu de rendre à Dieu les actions de grâces quil mérite. Jappelle encore tous ceux qui, dans la célébration des mystères, nattendent pas les dernières oraisons qui figurent celle que fait ici le Sauveur. Il rend grâces à Dieu son Père avant que de donner à manger à ses disciples, afin de nous apprendre à commencer nos repas par les actions de grâces; il rend grâces aussi après, et il chante un cantique afin de nous avertir de limiter dans cette pratique Mais pourquoi va-t-il sur cette montagne qui était un lieu si connu à Judas qui le trahissait, sinon pour montrer quil ne fuyait point la mort, et quil ne voulait point se cacher? Après quil y fut arrivé, il dit à ses disciples « Je vous serai à tous en cette nuit une occasion de scandale et de chute. Car il est écrit: Je frapperai le pasteur, et les brebis du troupeau seront dispersées (31)». Il leur rapporte cette prophétie pour leur faire voir quils devaient sappliquer continuellement à la méditation de lEcriture, et pour leur marquer en même temps que cétait par un ordre exprès de la volonté de Dieu son Père, quil allait être crucifié. Il voulait encore témoigner dans toutes les rencontres, quil nétait point opposé à lancienne Loi, ni à Dieu qui lavait établie; que tout ce qui était marqué dans les anciennes Ecritures avait rapport à lavenir; et que les prophètes avaient longtemps auparavant prophétisé ce qui lui allait arriver, afin que la vue de toutes ces choses relevât leur espérance. Il veut encore nous apprendre quels étaient ses disciples avant sa mort, et quels ils devinrent ensuite. Ceux qui navaient pu même le voir attacher en croix, et qui senfuirent aussitôt quil fut pris, demeurèrent enfin plus fermes que le diamant. Mais cette fuite des disciples nous est encore une preuve convaincante de la vérité de la mort de Jésus-Christ. Car si, après tant de marques indubitables, de paroles et dactions, quelques-uns néanmoins sont encore assez hardis pour dire que le Fils de Dieu na point été crucifié; que noseraient-ils point soutenir, sil ne fût arrivé alors aucune de ces (34) circonstances? Ainsi, il a voulu prouver invinciblement sa mort, non-seulement par sa passion et par ses souffrances, mais encore par la conduite de ses disciples, par les mystères, enfin par tous les moyens, afin de ruiner entièrement lhérésie de Marcion. Cest aussi pour cela quil a permis que le chef même de ses disciples le renonçât. Car si Jésus-Christ na pas été véritablement pris , sil na pas été lié et crucifié, pourquoi saint Pierre et les autres apôtres on t-ils été si saisis de crainte? Cependant il ne les abandonne pas dans ce trouble, et il leur dit: « Mais après que je serai ressuscité, jirai devant vous en Galilée (32) ». Il ne voulut pas leur paraître comme descendant tout à coup du ciel, ni sen aller dans un pays fort éloigné; mais il voulut se faire voir à eux dans le lieu même où ils étaient avant sa mort, et se montrer dans lendroit presque où on lavait crucifié, afin de nous mieux assurer par cette circonstance que celui qui ressuscitait était le même qui venait dêtre crucifié. Cest donc par cette promesse quil tâche dapaiser leur douleur. Il dit quil irait devant eux « en Galilée », afin quétant délivrés de cette grande crainte des Juifs qui les saisissait, ils pussent écouter ses paroles avec un esprit plus calme, et les croire avec une foi plus ferme. Cest le véritable sujet pourquoi il-choisit ce pays de Galilée. « Pierre lui répondit: Quand tous les autres seraient scandalisés en vous, moi je ne le serais jamais (33) ». Que dites-vous apôtre? Le prophète dit: « Que les brebis du troupeau seraient dispersées ». Jésus- Christ confirme lui-même ce que le prophète a dit; et cependant vous assurez le contraire? Ne vous suffit. il pas que votre maître vous ait fait ces sévères réprimandes, lorsque vous lui disiez : « Seigneur, ayez pitié de vous : Cela ne sera point »? Mais Dieu permet ceci, afin que ce disciple, tombant ensuite, apprit à obéir en tout à son maître, et à croire plutôt la vérité de ses paroles, que le témoignage de sa propre conscience. Mais les autres retirèrent aussi un grand avantage de ce triple renoncement de saint Pierre, en y voyant un si grand exemple de linfirmité humaine, et une si grande preuve de la vérité de Dieu. Quand Dieu a une fois prédit quune chose arrivera, il ne faut plus penser à la combattre par de vaines subtilités, ni à lui résister par des efforts superflus; il ne faut point non plus, en sélevant contre les autres, se préférer à eux; « car , dit saint Paul, cest en vous-mêmes et non dans les autres que vous trouverez votre gloire ». (Gal. VI.) Au lieu de dire humblement à Jésus-Christ: Seigneur, soutenez-nous par votre force toute-puissante, afin que rien ne puisse nous faire tomber dans le scandale, Pierre sélève au contraire, et dit dans un esprit de présomption : «Quand tous les autres seraient scandalisés en vous, moi je ne le serais jamais». Ces paroles témoignaient une présomption que Jésus-Christ voulut rabaisser en permettant le renoncement. Puisque Pierre ne se laissait persuader ni par la parole de son maître, ni par celle du prophète que le Sauveur avait même cité à dessein pour que lapôtre nosât y contredire, Jésus-Christ, voyant que les paroles nétaient pas assez fortes pour instruire son disciple, linstruit par les choses mêmes. Et pour montrer que ce nétait que pour ce sujet, et pour abattre son orgueil, quil permit ce renoncement, voyez ce quil lui dit : « Jai prié pour vous, afin que vous ne perdiez pas la foi » : ce quil lui dit pour le toucher davantage, en lui faisant voir que sa faute serait plus grande que celle de tous les autres disciples, et quil avait besoin dun plus grand secours, et dune prière toute particulière pour en obtenir le pardon. Car il avait commis un double crime dans ces paroles si hardies; le premier de résister à la parole expresse de son maître; et le second de se préférer aux autres disciples : et jen ajouterais même un troisième, par lequel il sattribuait tout comme venant de lui-même et de ses seules forces. Jésus-Christ voulant donc remédier à tant de plaies le laissa tomber, et cest pour ce sujet que, sans parler aux autres, il sadresse à lui en disant : « Simon, Simon, Satan vous a demandé afin de vous cribler comme on crible le blé », cest-à-dire, « afin de vous tenter, de vous troubler, de vous effrayer; mais moi jai prié pour toi, afin que tu ne perdes point la foi ». Pourquoi, si le démon a demandé permission de tenter tous les disciples, Jésus-Christ ne dit-il pas quil a prié son Père pour eux tous? Il est évident, comme je lai déjà dit, quil voulait le toucher plus vivement par des paroles si sensibles, et quil lui parlait cri particulier, pour lui faire reconnaître que sa faute était plus grande que celle de tous les autres. (35) Pourquoi Jésus-Christ ne dit-il pas: Mais je ne lai pas permis au démon, et quil dit : « Et moi jai prié », sinon parce quallant à sa passion il voulait parler plus humblement, et témoigner davantage la vérité de la nature humaine dont il était revêtu ? Et comment serait-il possible, quaprès avoir établi si solidement et si puissamment son Eglise sur la confession de foi que lit cet apôtre, quaprès lui avoir promis quelle serait invincible à tous les dangers, et à la mort même; quaprès lui avoir donné les clefs du Royaume des cieux, et lavoir affermi dans une si grande puissance, sans quil eût besoin de, faire aucune prière, comment, dis-je, serait-il possible quil eût besoin de prier en cette rencontre? Car il lui parlait avec une autorité toute divine, lorsquil disait : « Jédifierai mon Eglise sur toi, et je te donnerai les clefs du royaume des cieux ». Comment après cela devait-il avoir recours à la prière pour calmer le trouble dun seul homme? Pourquoi donc use-t-il de ces termes, sinon pour la raison que je viens dindiquer, et pour condescendre à la faiblesse de ses disciples qui navaient pas encore de lui lopinion quils devaient en avoir. Vous me demanderez peut-être comment, après cette prière, saint Pierre a pu renoncer son maître. Jésus-Christ na pas dit quil prierait son Père dempêcher que Pierre ne le renonçât; mais quil, ne perdît la foi. Car cest pas ses prières et par sa grâce que la foi de cet apôtre ne sest pas tout à fait éteinte. Saint Pierre craignit beaucoup, parce que Dieu lavait beaucoup laissé à lui, et il lavait beaucoup laissé à lui en retirant de lui son secours, parce que la présomption avait blessé son âme jusquà le faire contredire son divin Maître. Celui-ci permit donc quil tombât dans ce triple renoncement, afin de détruite en lui son orgueil jusquà la racine, car ce mal funeste était si profondément enraciné dans son coeur, que, nétant pas content davoir contredit le prophète et Jésus-Christ même, il eut encore la hardiesse, après que Jésus-Christ lui eut dit : « Je vous dis en vérité, quen cette « même nuit, avant que le coq chante, vous me renoncerez trois fois (34) », de lui répondre: « Quand il me faudrait mourir avec vous, je ne vous renoncerai point (35) ». Et saint Luc remarque que plus Jésus-Christ lui disait quil tomberait dans ce scandale, plus lapôtre soutenait le contraire. A quoi pensez-vous, apôtre? Lorsque votre maître disait en général à ses disciples : « Un de vous me trahira», vous craigniez dêtre ce traître, et quoique vous ne vous sentissiez point coupable de ce dessein parricide, vous ne laissiez pas de vous défier de vous-même; et vous exhortiez un autre disciple à prier le Sauveur de vous marquer quel, serait ce traître. Et lorsquil déclare nettement ici quil sera pour tous ses disciples un sujet de chute et de scandale, vous osez lui résister et le contredire ?.Vous ne commettez pas même cette faute une seule fois et dans la première surprise dune chaleur précipitée; mais vous lui répétez plusieurs fois ces mêmes paroles. Doù vient donc un si grand excès? La faute de saint Pierre, mes frères, vint du grand amour quil avait pour Jésus-Christ, et du grand plaisir quil ressentait en lui-même, lorsquil fut délivré de lappréhension dêtre peut-être celui qui trahirait Jésus-Christ. Lorsquil se vit dégagé de cette crainte, il conçut une joie profonde et une confiance extraordinaire en lui-même, qui fit que, sélevant au-dessus de tous les autres disciples, il dit hardiment en leur présence : « Quand tous les autres seraient scandalisés en vous, moi je ne le serais jamais ». Je crois, sans doute quil dit ces paroles par un mouvement de vanité et dorgueil. Car on voit que même dans ce dernier souper ils disputaient pour savoir qui était le plus grand dentre eux, tant lamour de la vaine gloire était enraciné dans leurs esprits. Jésus-Christ donc voulant guérir son disciple dune maladie si, mortelle, et de tant de maux ensemble, ne le poussa pas à la vérité à le renoncer, Dieu nous garde de cette pensée; mais il retira sa grâce de lui, et fit voir jusquoù allait la faiblesse de notre nature. Et remarquez, mes frères, combien il témoigna dans la suite que sa chute lavait instruit, et que cette faute lui avait été utile. Voyez avec quelle modestie il parle toujours après la résurrection de son Maître. LEvangile nous rapporte que lorsquil eut dit à Jésus-Christ dans une certaine occasion: « Seigneur, que deviendra ce disciple »? (Jean, XXI) et que Jésus-Christ lui eut fermé la bouche et arrêté sa curiosité, il nosa plus rien répliquer. Quand le Fils de Dieu eut dit de même à tous ses disciples que ce « nétait pas à eux à connaître les temps ni les moments » (Act. I), il demeura aussitôt dans le silence sans dire une (36) seule parole. On voit de même que, lorsquune voix du ciel lui eut dit : « Nappelez plus impur ce que Dieu a purifié » (Act. X), il lui céda aussitôt , quoiquil nen comprît pas encore bien le mystère. Ce fut cette chute dont nous parlons ici qui fut comme le principe et la source de son humilité dans toute la suite de sa vie. Jusque-là, cétait à ses propres forces quil attribuait tout ce quil était, comme lorsquil disait : « Quand tous les autres seraient scandalisés en vous, moi je ne le serais jamais. Quand il me faudrait mourir avec vous, je ne vous renoncerai point ». Au lieu quil devait prier le Sauveur de lassister de sa grâce, et reconnaître que sans son secours il ne pourrait rien. On voit après quil agit dune manière toute contraire : « Pourquoi nous regardez-vous », dit-il, « comme si nous avions fait marcher cet homme par notre propre force, et par notre propre puissance »? (Act. III.) 4. Nous apprenons par là cette grande vérité, que la bonne volonté de lhomme ne lui suffit pas pour le bien, si elle nest soutenue et animée par le secours de la grâce; et que, de même, ce secours du ciel ne nous peut servir de rien, lorsque la bonne volonté nous manque. Judas et. saint Pierre sont deux preuves de lune et de lautre de ces vérités. Le premier ayant reçu tant de secours de Jésus-Christ nen a tiré aucun avantage, parce quil na pas voulu sen servir et y correspondre; et saint Pierre, au contraire, quoiquil eût cette bonne volonté, tomba néanmoins parce quil navait point ce secours. Toute la vertu est établie sur ces deux principes. Cest pourquoi je vous conjure, mes frères, de ne point tellement rejeter tout sur Dieu, que vous demeuriez dans lassoupissement et dans la langueur; et de ne point croire non plus en travaillant avec ardeur, que tout dépende de votre travail. Dieu ne veut point que nous soyons lâches, ainsi il demande que nous travaillions : il ne veut point non plus que nous soyons superbes; cest pourquoi il ne veut pas que tout dépende de notre travail. Ainsi il sépare de ces deux choses ce qui nous nuirait, et il en laisse ce qui peut nous être utile. Cest pour cette raison quil a laissé tomber le prince des apôtres, afin de se servir de sa chute pour le rendre plus humble et plus ardent dans son amour: « Car celui à qui on pardonne plus, aime davantage ». Croyons donc toujours à ce que Dieu dit, et ne lui résistons jamais, quoique notre esprit, notre jugement ait peine à se rendre à ce quil nous dit, et que sa parole soit au-dessus de notre sens et de foutes nos lumières. Faisons en toutes ces rencontres ce que nous faisons dans nos mystères sacrés. Ne regardons pas seulement ce qui se présente à nos yeux, mais attachons-nous surtout à la parole quil a dite. Nos sens nous peuvent, tromper; mais sa parole ne le peut jamais. Notre vue est aisément séduite, et tombe souvent dans lerreur; mais la parole et la vérité de Dieu ne peuvent errer. Puisque le Verbe a dit : « Ceci est mon corps », soyons persuadés de la vérité de ses paroles, soumettons-y notre croyance, regardons-le dans ce Sacrement avec les yeux de lesprit. Car Jésus-Christ ne nous y arien donné de sensible, mais ce quil nous y a donné sous des objets sensibles , est élevé au-dessus des sens, et ne se voit que par lesprit. Il en est ainsi dans le baptême, où, par lentremise dune chose terrestre et sensible qui est leau, nous recevons un don spirituel, savoir : la régénération et le renouvellement de nos âmes. Si vous naviez point de corps, il ny aurait rien de corporel dans les dons que Dieu vous fait : mais parce que votre âme est jointe à un corps, il vous communique des dons spirituels sous des choses sensibles et corporelles. Combien y en a-t-il maintenant qui disent: Je voudrais bien voir Notre-Seigneur revêtu de ce même corps dans lequel il a vécu sur la terre. Je serais ravi de voir son visage, toute la figure de son corps, ses habits et jusquà sa chaussure. Et moi je vous dis que cest lui-même que vous voyez; que cest lui-même que vous touchez, que cest lui-même que vous mangez. Vous désirez de voir ses habits, et le voici lui-même qui vous permet, non-seulement de le voir, mais encore de le toucher, de le manger, et de le recevoir au dedans de vous. Mais que personne ne sapproche de cette table sacrée avec dégoût, avec négligence, et avec froideur. Que tous sen approchent avec avidité, avec ferveur et avec amour. Car puisque les Juifs, en mangeant lAgneau Pascal, avaient accoutumé de se tenir debout, dêtre chaussés, davoir un bâton à la main, et de manger en diligence; avec combien plus dardeur et dactivité devez-vous manger le divin (37) Agneau de la Loi nouvelle? Les Juifs étaient alors sur le point de passer de lEgypte dans la Palestine; cest pourquoi ils étaient en posture de voyageurs: niais quant à vous, vous devez faire un plus grand voyage, puisque vous devez passer de la terre au ciel. 5. Vous devez donc sans cesse veiller sur toutes vos actions, sachant que ceux qui reçoivent avec indignité le corps du Seigneur, sont menacés dun grand châtiment. Si vous ne pouvez considérer sans une indignation extrême la trahison de Judas qui vendit son maître, et lingratitude des Juifs qui crucifièrent leur roi, prenez garde de vous rendre aussi vous-mêmes coupables de la profanation de son corps et de son sang. Ces malheureux firent souffrir la mort au très-saint corps du Seigneur, et vous, vous le recevez avec une âme toute impure et toute souillée après en avoir reçu tant de biens. Car il ne sest pas contenté de se faire homme, de sexposer aux ignominies et aux outrages des Juifs, et dendurer la mort de la croix; il a voulu , outre cela, se mêler et sunir à nous dune telle sorte que nous devenons un même corps avec lui, non-seulement par la foi, mais effectivement et réellement. Qui donc doit être plus pur que celui qui est participant dun tel sacrifice? Quel rayon de soleil ne doit point céder en splendeur à la main qui distribue cette chair, à la bouche qui est remplie de ce feu spirituel, à la langue qui est empourprée de ce redoutable sang? Représentez-vous lhonneur que vous recevez, et à quelle table vous êtes assis. Celui que les anges ne regardent quavec tremblement, quavec frayeur, ou plutôt quils nosent regarder à cause de la splendeur et de léclat de sa majesté qui les éblouit, est celui-là même qui nous sert de nourriture, qui sunit à nous, et avec qui nous ne faisons plus quune même chair et quun même corps. Qui sera capable de parler assez dignement de la toute-puissance du Seigneur, et de publier par toute la terre les louanges qui lui sont dues? Quel est le pasteur qui ait jamais donné son sang pour la nourriture de ses brebis? Mais que dis-je un pasteur? Ne voyons-nous pas plusieurs mères qui ont si peu de tendresse pour leurs enfants, quaprès les avoir mis au monde, elles ne leur donnent pas même de leur lait. les mettant entre les mains dautres femmes qui les nourrissent? Mais Jésus-Christ ne peut souffrir que ses enfants reçoivent leur nourriture dautres que de lui. Il nous nourrit lui-même de son propre sang, et en toutes façons nous incorpore avec lui. Considérez, mes frères, que le Sauveur est né de notre propre substance; et ne dites pas que cela ne regarde point tous les hommes; puisque sil est venu pour prendre notre nature, cet honneur regarde généralement tous les hommes. Que sil est venu pour tous, il est aussi venu pour chacun en particulier. Pourquoi donc, dites-vous, tous en particulier nont-ils pas reçu le fruit quils devaient de cette venue? Il ne faut point en accuser celui qui le désire avec tant dardeur: il en faut rejeter toute la faute sur ceux qui, par une négligence et une ingratitude insupportable, ne le veulent point recevoir. Car Jésus-Christ, sunissant et se mêlant par lé mystère de lEucharistie avec chacun des fidèles quil a fait renaître, et se donnant soi-même à eux pour être leur nourriture, nous persuade par là de nouveau quil sest véritablement revêtu de notre chair. Né demeurons donc pas dans linsensibilité après avoir reçu des marques dun si grand honneur et dun si prodigieux amour. Vous voyez avec quelle impétuosité les petits enfants se jettent au sein de leurs nourrices, et avec quelle avidité ils sucent le lait de leurs mamelles. Imitons-les, mes frères, en nous approchant avec joie de cette table sacrée, et suçant, pour le dire ainsi, le lait spirituel de ces mamelles divines : mais courons-y avec encore plus dardeur et dempressement, pour attirer dans nos coeurs, comme des enfants de Dieu, la grâce de son Esprit-Saint, et que la plus sensible de nos douleurs soit dêtre privés de cette nourriture céleste. Ce nest point la puissance des hommes qui agit sur ces choses que lon offre sur le saint autel. Jésus-Christ, qui opéra autrefois ces merveilles dans la cène quil fit avec ses apôtres, est le même qui les opère encore maintenant. Nous tenons ici la place de ses ministres, mais cest lui qui sanctifie ces offrandes, et qui les change en son corps et en son sang. Que nul Judas, que nul avare nait la hardiesse dy assister. Il ny a pas à cette table de place pour eux. Mais que les véritables disciples de Jésus-Christ sen approchent, puisquil a dit que cétait avec ses disciples quil faisait la Pâque. Ce banquet sacré où vous (38) assistez est le même que celui où assistèrent les apôtres, et il ny a rien de moins en celui-ci quen celui-là, puisquil nest pas vrai de dire que cest un homme qui fait celui-ci, au lieu que ce fut Jésus-Christ qui fit celui-là, mais que cest véritablement lui-même qui fait celui-ci comme il a fait lautre. Cest ici ce cénacle où Jésus-Christ entra alors avec ses disciples, et doù il sortit pour aller à la montagne des oliviers. Sortons dici de même pour aller trouver les mains des pauvres, où nous trouverons véritablement la montagne des olives. Car la multitude des pauvres est comme un plant doliviers, qui sont plantés dans la maison du Seigneur. Cest de là que nous découle peu à peu cette huile qui nous sera si nécessaire à notre mort; cette huile dont les vierges sages eurent soin demplir leurs vases, et que les vierges folles ayant négligée furent justement rejetées de la chambre nuptiale. Munissons-nous, mes frères, de cette huile, et allons avec des lampes très-éclatantes au-devant de notre Epoux. Que tous ceux qui sont cruels et inhumains, qui sont durs et impitoyables, qui sont impurs et corrompus, ne sapprochent point de cette table qui est toute sainte. 6. Ce nest pas seulement à vous qui êtes participants des sacrés mystères, mais cest aussi à vous autres qui en êtes les dispensateurs et les ministres que jadresse mon discours, puisque la dispensation de ces dons divins vous étant commise, il est important de vous avertir de la faire avec beaucoup de circonspection et de soin. Car vous êtes menacés dun grand châtiment, si, sachant quun homme est pécheur, vous ne laissez pas de le recevoir à cette table, et Jésus-Christ vous demandera compte de son sang, si vous le faites boire à des indignes. Sil sen présente donc quelquun, quand ce serait un général darmée, quand ce serait un grand magistrat de lempire, quand ce serait lempereur même, empêchez-le de sapprocher de lautel. Car vous avez une plus grande puissance que lui. Or, ce nest pas pour que vous paraissiez revêtu dune tunique blanche et éclatante, que Dieu vous a honorés du ministère des autels, mais afin que vous fassiez le discernement de ceux qui sont dignes ou indignes de la participation des saints mystères. Cest en cela que consiste la dignité de votre charge. Si lon vous avait commis le soin de garder pour un troupeau de brebis leau claire et paisible dune fontaine très-pure, souffririez-vous quune brebis, dont la bouche serait toute souillée de boue, sen approchât pour la troubler? Et lorsquon vous a confié la source et la fontaine sacrée, non dune eau, mais du sang et de lesprit, pouvez-vous, lorsque vous voyez des personnes noircies de crimes, en approcher pour la corrompre, ne pas entrer dans une juste indignation , et ne les en pas repousser? Quel pardon mériteriez-vous pour une indifférence criminelle? Vous me demandez comment il est possible que vous connaissiez en détail et en particulier la vie de chacun de votre peuple. Je ne vous parle point ici des personnes qui vous sont inconnues; mais de celles que vous connaissez. Il faut que je vous dise une chose tout à fait étonnante et effroyable : cest lin moindre mal de laisser entrer des démoniaques dans lEglise pour participer aux sacrifices, que dy admettre ceux dont saint Paul dit: « Quils foulent aux pieds Jésus-Christ, quils tiennent pour impur le sang de son alliance, et quils font injure à la grâce de son Esprit-Saint ». (Hébr. V.) Cest quen effet celui qui se reconnaissant coupable de péché sapproche de lEucharistie, est bien pire quun possédé. Car les possédés ne seront pas punis de Dieu pour avoir été tourmentés par les démons; mais ceux qui communient indignement seront précipités dans les tourments éternels. Chassons donc sans aucune considération de personne, nous qui sommes les dispensateurs des saints mystères, tous ceux que nous verrons être indignes de sen approcher. Que personne ny participe qui ne soit des disciples de Jésus-Christ. Que personne ne reçoive cette nourriture sacrée avec un esprit impur comme Judas, de peur quil ne tombe dans les mêmes peines que lui. Cette multitude des fidèles est aussi le corps de Jésus-Christ. Cest pourquoi vous qui avez la charge de dispenser les sacrés mystères, nirritez pas la colère du Seigneur en manquant à purger ce corps, ainsi que vous le devez, et ne présentez pas une épée tranchante au lieu dune viande salutaire. Si donc quelquun a perdu le sens jusques au point de sapprocher avec indignité dé la sainte table, rejetez-le hardiment sans vous laisser ébranler par aucune crainte. Craignez Dieu et non pas les hommes. Car si vous craignez les hommes, les hommes mêmes que, vous craindrez (39) se joueront de vous: mais si vous ne craignez que Dieu seul, les hommes mêmes vous révéreront. Que si vous nosez chasser les indignes de lautel sacré, dites-le moi, et je ne permettrai pas quils sen approchent. Car je perdrai plutôt la vie que de donner le corps du Seigneur à celui qui en est indigne, et je souffrirai plutôt que lon répande mon sang, que de présenter un sang si saint et si vénérable à celui qui nest pas en état de le recevoir. Si quelquun sapproche indignement de cette table sans que vous le sachiez, ce nest plus votre faute, pourvu que vous ayez auparavant appliqué tous vos soins à reconnaître ceux qui en sont dignes ou ne le sont pas. Je ne parle ici que des personnes que lon connaît publiquement, et qui sont manifestement scandaleuses. Quand nous aurons accompli notre devoir à légard de ces personnes, Dieu nous fera connaître ensuite aisément les autres. Mais si nous admettons à la participation des saints mystères des personnes que nous savons être dans le crime, à quoi servirait que Dieu nous découvrît celles qui sont dans des crimes cachés? Je dis ceci, mes frères, non afin que nous bornions tout notre zèle à retrancher seulement et séparer de la communion ceux qui nen sont pas dignes; mais afin que nous travaillions encore à les corriger, à les rappeler dans leur devoir, et à prendre un soin particulier pour tout le monde. Car cest ainsi que nous nous rendrons Dieu favorable, que nous multiplierons le nombre de ceux qui pourront communier dignement, et que nous recevrons les récompenses que Dieu rendra à notre vertu particulière, et au soin si charitable que nous aurons eu de nos frères. Cest ce que je vous souhaite par la grâce et par la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui est la gloire et lempire dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il. (40) |