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HOMÉLIE LI.« ALORS DES DOCTEURS ET DES PHARISIENS DE JÉRUSALEM VINRENT, ET LUI DIRENT : POURQUOI VOS DISC1PLES, ETC.,» (CHAP. XV, 1, JUSQUAU VERSET 21.) ANALYSE 1. Les Pharisiens se plaignent à Jésus de ce que ses disciples violaient les traditions des anciens en négligeant de se laver les mains avant de se mettre à table. 2. Que les Juifs tenaient moins à la loi de Dieu quà leurs traditions qui nétaient pas toujours indifférentes et innocentes comme celle de se laver les mains avant le repas, mais qui étaient parfois mauvaises et subversives de la loi divine, comme celle qui permettait de refuser lassistance à son père, sous prétexte que ce que lon aurait pu lui donner était consacré à Dieu. 3. Précaution et prudence de Jésus-Christ dans labrogation des anciennes observances. 4. Combien les apôtres eux-mêmes étaient portés à se scandaliser en entendant parler contre la loi de Moïse. 5 et 6. Que la pureté des chrétiens consiste à avoir non les mains, mais lâme pure. Combien nous offensons Dieu lorsque nous le prions avec une âme corrompue par le péché. Que cest celui qui offense qui reçoit le mal et non celui qui est offensé. 1. « Alors, » dit lEvangile. Et quand donc? Et quest-ce à dire? Cest-à-dire, lorsquil eut fait tant de miracles, et quil eut guéri tant de malades par le seul attouchement de la frange de ses habits. Et cette circonstance du temps, soigneusement exprimée, nous fait mieux voir jusquoù allait la malice de ces hommes, malice qui ne pouvait céder à rien. Pourquoi est-il marqué que ces docteurs et ces pharisiens étaient « de Jérusalem »? Cest parce quils étaient répandus partout et divisés dans toutes les douze tribus: mais ceux de Jérusalem étaient les pires de tous, étant plus honorés que les autres, et par suite plus orgueilleux. Et considérez de quelle manière Jésus-Christ les prend par eux-mêmes, et parleur propre demande. « Pourquoi vos disciples violent-ils la tradition des anciens? Car ils ne lavent point leurs mains, lorsquils prennent leur repas (2). » Ils ne disent pas : Pourquoi vos disciples violent-ils « la loi de Moïse » ? Mais, pourquoi violent-ils « la tradition des anciens? »Cela nous fait voir que ces prêtres avaient introduit plusieurs nouvelles maximes. Cependant Moïse avait défendu très-expressément que personne neût la témérité de rien changer dans la loi, dy rien ajouter ou den retrancher la moindre chose: « Vous najouterez rien, » dit-il, « à ce que je vous commande « aujourdhui, et vous nen retrancherez rien. » (Deut. IV, 2.) Les pharisiens avaient néanmoins violé cette ordonnance en introduisant de nouvelles traditions, comme était celle de ne se point mettre à table sans se laver les mains, de laver leurs vases dairain, et de se laver eux-mêmes. Lorsquils devaient ne penser quà se délivrer de toutes ces cérémonies, parce que le temps en était passé, ils en inventaient au con traire tous les jours de nouvelles, dont ils se surchargeaient volontairement. Ils craignaient. si ces lois sabolissaient, de perdre leur autorité, et ils voulaient se rendre redoutables aux peuples par cette liberté quils prenaient de faire de nouvelles lois. Cet état de choses en vint à un tel excès, quon nosait pas violer leurs lois, lorsquon violait sans crainte celles de Dieu même; et ils sétaient établis dans une si grande autorité, que cétait un crime que de contrevenir à leurs ordonnances. En quoi certes ils se rendaient doublement coupables premièrement en prenant la liberté de faire de nouvelles lois; et en second lieu, en vengeant si sévèrement la violation de leurs ordonnances, lorsquils étaient si indifférents pour la profanation de la loi de Dieu. Ils sadressent donc à Jésus-Christ, et sans (395) lui parler des vases dairain ou dautres et dautres observances qui eûssent paru par trop ridicules, ils sattachent à ce qui leur paraissait plus considérable, et tâchent, autant que jen puis juger, de lirriter et de le mettre en colère. Ils parlent dabord de leurs «anciens», afin que si Jésus-Christ les méprisait, il donnât par là prise contre lui. Mais voyons dabord pourquoi les disciples mangeaient sans laver leurs mains. Ils naffectaient point de ne se laver jamais: ils nen faisaient point une règle; mais ils commençaient à mépriser tout ce qui était superflu, ils ne sattachaient plus quà ce qui était nécessaire. Ainsi ils ne se faisaient plus une loi ou de se laver, ou de ne pas se laver, mais ils en usaient indifféremment selon les rencontres. Car comment ceux qui négligeaient si fort le soin même de la nourriture, eussent-ils pu en avoir pour ces puérilités? Comme il arrivait donc souvent que les apôtres, à cause des occurrences qui se présentaient, mangeaient sans laver leurs mains; comme lorsquils mangèrent dans le désert ou quils rompirent des épis de blé, les pharisiens leur en font ici un crime, parce que leur faux zèle négligeait toujours les choses les plus importantes, et ne sattachait quaux basses et aux superflues. Que fait Jésus-Christ en cette rencontre? Il ne répond point à leur question. Il nentreprend point de justifier ses disciples ;mais cest par une accusation quil répond à leur accusation, il leur reproche leur témérité, et leur apprend quil sied mal à celui qui est coupable lui-même des plus grands crimes, de reprendre dans les autres avec chaleur les fautes les plus légères. Lorsque vous méritez quon vous reprenne vous-mêmes, leur dit-il, vous osez reprendre les autres! Mais remarquez, mes frères, lorsque Jésus-Christ veut se dispenser de quelque ordonnance de la loi, quel ordre il garde, et comme il se justifie. Il ne vient pas tout dun coup au crime de cette transgre6sion dont on laccuse. Il ne dit point: ce nest rien: cest une chose superflue, Cette réponse eût rendu ses adversaires plus insolents, il commence par réprimer leur audace en leur objectant dautres infractions de la loi en des choses plus importantes, et en leur reprochant dautres crimes qui les couvraient de confusion. Il ne dit pas non plus que ses disciples sont irrépréhensibles, en passant par-dessus ces ordonnances, afin de ne donner aux pharisiens aucune prise sur lui. il ne dit point encore quils aient fait une faute, parce quil ne veut pas autoriser les traditions judaïques. Il évite de même dattaquer les anciens. Il ne parle point contre eux, comme contre des prévaricateurs et des méchants, pour empêcher quils naient. horreur de lui, comme dun calomniateur, et comme dun impie. Il rejette tous ces moyens pour sattacher à celui que lEvangile marque. Il semble blâmer ceux qui lui parlent, mais il attaque en effet ceux qui avaient osé établir ces lois. Ainsi sans dire un mot des anciens, il les comprend dans le reproche quil fait à ceux qui lui parlent, et fait voir quils sont tombés dans deux grandes fautes. La première, parce quils nont pas obéi aux véritables lois de Dieu; et la seconde, parce quils leur en ont substitué dautres par complaisance pour les hommes. Il semble quil leur dise: Cest cela même qui vous perd, que vous soyez si soumis en tout à vos anciens. Il ne le dit pas néanmoins en termes formels, mais il le marque tacitement par ces paroles: « Pourquoi vous-mêmes violez-vous le commandement de Dieu pour suivre votre tradition (3)? Car Dieu a fait ce commandement: « Honorez votre père et votre mère; et cet autre: Que celui qui outragera de paroles son père ou sa mère, soit puni de mort (4). Et cependant vous dites: Quiconque dira à son père ou à sa mère: Tout ce dont jaurais pu vous assister, est déjà consacré à Dieu, satisfait à la loi (5), quoiquaprès cela il nhonore et nassiste point son père ou sa mère; et ainsi vous avez rendu inutile le commandement de Dieu par votre tradition (6). » 2. Il ne dit pas par la tradition de vos anciens; mais « par votre tradition » : comme il na pas dit: Vos anciens ont dit, mais « vous dites » ; afin que ce terme les offensât moins. Comme les pharisiens voulaient montrer que les apôtres violaient la loi, Jésus-Christ leur montre au contraire quils tombaient eux-mêmes dans ce crime, et que ses disciples étaient innocents. Car on ne peut donner pour loi ce qui nest ordonné que par les hommes (cest pourquoi Jésus-Christ dit ici tradition et non pas loi) et surtout par des hommes qui ont été les plus grands violateurs de la loi. Et comme cette tradition qui commandait de laver ses mains avant que de se mettre à table nétait point formellement contraire à la loi de (396) Dieu, Jésus-Christ en rapporte une autre qui lui était entièrement opposée. Voici ce que cest : Ils avaient appris aux jeunes gens à mépriser leur père et leur mère sous prétexte de piété. Ils avaient pour cela inventé cet artifice. Lorsque le père demandait à son fils une brebis ou un veau, ou quelque autre chose semblable, cet enfant lui répondait: Ce que vous désirez de moi, mon père, nest plus en ma puissance. Il est déjà consacré à Dieu et je ne puis vous le donner. Ils commettaient ainsi un double crime. Car dun côté ils noffraient rien à Dieu et ils trompaient de lautre -lattente de leurs parents sous prétexte de piété. Ainsi ils déshonoraient leur père à cause de Dieu , et ils déshonoraient Dieu dans leurs pères. Cependant Jésus-Christ ne leur fait point dabord ce reproche. Il leur rapporte premièrement la loi de Dieu, par laquelle il leur fait voir jusquoù doit aller le respect des enfants envers leurs pères: « Honorez », dit-il, « votre père et votre mère, afin que vous viviez longtemps sur la terre. » Et ailleurs : « Que celui qui maudira son père ou sa mère, meure de mort! » Mais il ne sarrête pas aux seules récompenses que Dieu promet à ceux qui honoreraient leur père. Il passe à une matière plus effrayante et parle de la punition qui serait inévitable aux enfants qui déshonoreraient ceux dont ils ont reçu la vie. Il voulait par ce moyen les frapper de crainte et faire rentrer en eux-mêmes ceux dentre eux qui auraient encore quelque reste de sentiment. En un mot, il leur fait voir à tous quils avaient mérité la mort. Si celui qui déshonore son père par ses paroles en est puni, combien plus le doit être celui qui le déshonore par ses actions, ou plutôt qui non-seulement le déshonore lui-même, mais qui apprend encore aux autres à le déshonorer? Comment donc, vous qui êtes indignes de vivre, osez-vous accuser mes disciples? Faut-il sétonner que vous me traitiez si outrageusement, moi qui vous suis inconnu, puisque vous ne traitez pas mieux mon Père en violant ses ordonnances? Ainsi il leur montre partout que le mépris quils font de lui découle comme de sa source, du mépris quils font de son Père. Quelques-uns expliquent autrement ces paroles : Dõron, õ eàn éXs õpheletès, et ils prétendent (396) quelles veulent dire ceci : Je ne vous dois aucun honneur, et, si je vous en rends, cest par un don pur et gratuit. Mais Jésus-Christ na pas témoigné parler dun si grand outrage. Saint Marc sexplique plus clairement, car il se sert du mot « Corban » qui ne signifie proprement ni pardon ni présent, mais « offrande ». (Marc, VI, 11.) Après donc que Jésus-Christ leur a montré quil nétait pas raisonnable que ceux qui foulaient aux pieds la loi de Dieu accusassent avec tant de chaleur ceux qui ne violaient que les traditions des hommes, il confirme ce quil leur a dit par un passage des prophètes. Comme il les a déjà confondus, il le fait encore davantage, et sappuie, comme il fait presque partout, sur lautorité de lEcriture, pour montrer quil saccordait en toutes choses avec Dieu. Mais que dit le Prophète? « Hypocrites, Isaïe a bien prophétisé de vous quand il a dit (7) : Ce peuple est proche de moi en paroles, et il mhonore des lèvres, mais son coeur est bien éloigné de moi. Et cest en vain quils « mhonorent, publiant des maximes et des ordonnances humaines (8). » On ne peut assez admirer le rapport qui se trouve entre les paroles du prophète et celles de lEvangile, et comment Isaïe a prédit si longtemps auparavant la corruption de ce peuple. Car il avait longtemps auparavant fait aux Juifs le même reproche que Jésus-Christ leur fait ici : « Vous violez les commandements de Dieu, » leur dit Jésus-Christ : Ils mhonorent en vain, avait dit le Prophète : « Vous suivez, » dit Jésus-Christ, vos propres maximes de préférence aux lois de Dieu: Ils publient, dit le Prophète, des maximes et des ordonnances humaines. 3. Après que Jésus-Christ a confondu ses adversaires par sa parole, quil les a réfutés par le témoignage de leur propre conscience, et par lautorité du Prophète, il ne leur adresse plus son discours et il les quitte enfin, parce quils étaient inconvertibles. Il se tourne vers le peuple tt lui apprend une vérité très-importante, et pleine dune grande. instruction. Il prend occasion de ce quil venait de dire, et il sen sert pour rejeter la distinction des viandes et pour abolir cet- usage. Et remarquez quil ne le fait quaprès quil a guéri les lépreux, quil nous a dispensés de lobservance du sabbat, quil sest fait reconnaître pour le Maître de la mer et de la terre, quil a établi de nouvelles lois et quil a ressuscité les morts. (397) Après tant de marques de sa divinité et de sa puissance souveraine, il commence enfin à parler des viandes, pour en abolir la distinction. Il avait différé jusque-là de donner aucune atteinte à cette règle, parce quelle senfermait tout le judaïsme-et quen la détruisant il détruisait en même temps tout le reste. On en devait conclure quil fallait-de même abolir la circoncision : mais Jésus-Christ ne le dit pas expressément, parce que cette loi, beaucoup plus ancienne que les commandements de Moïse, était encore alors dans une plus grande vénération. Cétait un point sur lequel il se réservait de statuer par ses disciples après sa résurrection. La circoncision était un point si important parmi les Juifs que les apôtres, voulant la détruire, sont obligés auparavant de la confirmer et de la maintenir, pour lanéantir ensuite avec plus de facilité. Mais remarquez avec quelle sagesse Jésus-Christ introduit ici la loi. « Et ayant appelé à lui le peuple, il leur dit: Ecoutez et comprenez bien ceci (10). » Il ne leur déclare pas tout dun coup ce quil leur veut dire. Il les rend attentifs dabord en leur parlant dune manière obligeante (cest ce que lévangéliste marque par ce mot : « Et ayant appelé à lui le peuple), » puis en choisissant le moment favorable. Après quil a confondu les pharisiens et quil leur a fermé la bouche par le reproche du Prophète, il commence alors à établir sa loi, lorsque ce peuple était plus disposé à recevoir ce quil devait dire. Il ne se contente pas dappeler simplement ce peuple, il demande son attention en disant: « Ecoutez et comprenez bien ceci; » comme sil disait : Ce que je vais vous dire a besoin dune grande application, et vous devez bien mécouter pour le comprendre. Si vous avez témoigné tant de déférence pour des hommes qui ont violé la loi de Dieu, et qui ne vous ont appris que des traditions humaines, combien en devez-vous plus avoir pour moi qui vous instruis de la vraie sagesse, et qui vous donne des lumières- proportionnées au temps bienheureux auquel Dieu vous a fait naître. Il ne dit point que cette distinction des viandes fût une chose superflue et inutile; que Moïse en cela eût fait une ordonnance déraisonnable, ou quil ne leût fait que par condescendance. Mais en leur parlant dune manière familière, et en se servant dune comparaison commune, il leur confirme ce quil leur dit, par ce qui arrive tous les jours dans la nature. « Ce nest pas ce qui entre dans la bouche qui rend lhomme impur, mais cest ce qui en sort qui le rend impur (11). » Il se sert toujours de comparaisons naturelles, lorsquil établit des lois ou quil prononce des sentences. Les pharisiens et les docteurs écoutant ceci ne le contredisent point, ils ne lui disent point: que nous dites-vous? Après que Dieu a fait mille ordonnances touchant le discerne. ment des viandes, osez-vous maintenant les ruiner par cette ordonnance nouvelle? Comme Jésus-Christ les avait réfutés et couverts de confusion, en découvrant la corruption de leur coeur et le secret de leurs pensées, ils se retirent sans oser rien répondre. Et remarquez, mes frères, avec quelle retenue Jésus-Christ leur parle, et comment il nose pas dabord se déclarer contre le discernement des viandes. Il ne dit pas absolument: Ce ne sont pas les viandes qui rendent lhomme impur; mais: « Ce nest pas ce qui entre dans la bouche qui « rend lhomme impur; » ce qui se pouvait entendre des mains quon ne lavait pas avant que de se mettre à table. Et quoique Jésus-Christ lentendît de la nourriture, le peuple néanmoins le pouvait prendre en ce sens. Cette distinction des viandes sobservait si exactement que saint Pierre même, après la résurrection, dit à Dieu : « Non, Seigneur, je nai jamais rien mangé qui fût souillé ou impur.» (Act. X, 7.) Car bien que cet apôtre parlât de la sorte plutôt à cause des autres, et seulement pour se justifier à légard de ses accusateurs, en leur montrant quil avait voulu résister à Dieu même sur ce point, et que toutes ses résistances avaient été inutiles, il ne laisse pas néanmoins de faire voir par ces paroles combien on avait dégard à cette observance et avec quelle exactitude elle se pratiquait. Cest pourquoi Jésus-Christ nexprime pas formelle ment le mot de « viandes », et quil use de cette expression: « ce qui entre dans la bouche.» Et de peur même de sêtre fait entendre encore trop clairement par ce terme, il voile encore son discours par ce quil ajoute pour le terminer : « Mais un homme ne devient point impur pour manger sans avoir lavé ses mains, » comme pour témoigner que ce nétait que de ce sujet quil parlait dans tout son discours. Cest pourquoi, comme je lai déjà remarqué, il ne dit pas: « Un homme ne (398) devient point impur pour manger des viandes; » mais, « sans avoir lavé ses mains; » comme sil neût voulu établir que ce point dans tout ce quil dit ici, afin que les pharisiens ne pussent le contredire. Ces paroles néanmoins scandalisèrent non le peuple, mais les pharisiens et les docteurs. « Alors les disciples sapprochant de Jésus-Christ lui dirent: Savez-vous bien que les pharisiens ayant entendu ce que vous venez de dire, en ont été scandalisés (12)? » Cétait sans aucun sujet, puisque Jésus-Christ navait rien dit qui fût contre eux. Mais que fait le Sauveur en cette rencontre? Il ne se met point en peine de lever ce scandale. Il prononce au contraire cette, sentence terrible : « Toute plante qui naura point été plantée par mon Père qui est dans le ciel, sera arrachée (43). » Car Jésus-Christ savait lorsquil fallait négliger les scandales, ou lorsquil fallait y avoir égard. Il dit ailleurs : « Afin que nous ne les scandalisions point, allez jeter votre filet dans la mer; » au lieu quil dit ici: « Laissez-les, ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles : que si un aveugle conduit un autre aveugle , ils tomberont tous deux dans le précipice (14). » Ce qui porta les apôtres à représenter à Jésus-Christ le scandale des pharisiens, ce nétait pas tant la douleur quils en ressentaient, que le trouble dont ils étaient eux-mêmes quelque peu émus pour avoir entendu ces paroles. Mais comme ils nosaient exprimer au Sauveur leurs propres sentiments, ils mettent en avant les pharisiens pour obtenir ainsi léclaircissement quils désiraient. Et pour voir quen effet cétait là leur pensée , il ne faut que considérer ce que fait saint Pierre, le plus zélé de tous les apôtres, et qui les prévenait toujours. « Pierre lui dit: Expliquez-nous cette parabole (15). » Il cache à Jésus-Christ le trouble quil sentait dans son coeur; et nosant dire clairement quil était aussi scandalisé de ces paroles, il tâche de se guérir de son scandale par lexplication quil en demande. Cest pourquoi Jésus-Christ lui fait ce reproche. « Et Jésus lui répondit: Quoi! vous avez encore vous-même si peu dintelligence (16)? » Mais examinons ici, mes frères, cette parole du Sauveur: « Toute plante qui naura point été plantée par mon Père qui est dans le ciel, sera arrachée. » Les Manichéens soutiennent que ces paroles se doivent entendre de lancienne loi; mais ce qui les précède doit fermer la bouche à ces impies. Car si cela se pouvait entendre de la loi, comment Jésus-Christ aurait-il voulu un peu auparavant la soutenir avec tant de force? Comment aurait-il dit aux pharisiens : « Pourquoi vous-mêmes violez- vous la loi de Dieu pour suivre votre tradition? » Comment se serait-il aussi servi de lautorité du Prophète, en disant: «Ce peuple mhonore des lèvres; mais son coeur est bien éloigné de moi? » Ce nest donc point de la loi que Jésus-Christ parle en ce lieu; mais des traditions des Juifs. Si Dieu a dit: « Honorez votre père et votre mère, » comment peut-on ne pas regarder comme une « plante » de Dieu, ce qui a été dit par Dieu même? 4. Mais la suite fait bien voir encore quil ne parle que contre les pharisiens, et contre leurs traditions humaines. Car il dit aussitôt après : « Ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles. » Il est clair quil se serait exprimé autrement sil eût voulu parler de la loi, et quil eût dit par exemple : « cest un aveugle qui conduit des aveugles. » Sil ne parle pas ainsi, cest quil voulait détourner de la loi et faire retomber sur les seuls pharisiens tout le poids de sa condamnation. Puis pour séparer deux le peuple qui les écoutait, il dit: « Si un aveugle conduit un autre aveugle, ils tomberont tous deux dans le précipice. » Cest déjà un grand mal que dêtre aveugle; mais lorsque nous sommes en cet état, bien loin de prendre un guide, vouloir même être le conducteur des autres, cest un double et un triple mal. Si un aveugle doit tout craindre lorsquil est sans guide, combien est-il plus en danger lorsquil veut être lui-même le guide et le conducteur des autres? Que dit donc saint Pierre à Jésus-Christ? Il ne lui dit point : Seigneur, que venez-vous de dire, ou à quel dessein nous parlez-vous de la sorte? Il se contente de le prier déclaircir ce qui lui paraissait obscur. Il ne laccuse point davoir rien dit qui pût blesser la loi; il craignait trop que Jésus-Christ ne remarquât quil sétait scandalisé. Mais pour montrer encore que ce nétait point son ignorance mais son scandale qui le faisait parler de la sorte, il ne faut que considérer que cette parole dont il demande léclaircissement navait rien dobscur. Cest pourquoi Jésus-Christ lui fait ce (399) reproche ainsi quaux autres disciples: « Quoi! vous avez encore vous-mêmes si peu dintelligence? » Peut-être que le peuple qui écoutait ces paroles ny comprenait rien; et que les apôtres scandalisés en demandèrent léclaircissement comme de la part des scribes ; et quaprès avoir entendu ces grandes menaces: « Toute plante qui naura point été plantée par mon Père qui est dans le ciel, sera arrachée : Laissez-les, ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles; » ces paroles les étonnèrent, et quils demeurèrent dans le silence. Mais saint Pierre toujours plein de feu ne put se taire en cette rencontre. Il sapprocha de Jésus-Christ et lui dit « Expliquez-nous cette parabole. » Et cest alors que Jésus-Christ leur fit ce reproche: « Quoi! Vous avez encore vous-mêmes si peu dintelligence? » Ce quil leur dit pour dissiper cette préoccupation qui les avait scandalisés. Il poursuit encore: « Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans la bouche descend dans le ventre, et est jeté au lieu secret (17)? Mais ce qui sort de la bouche part du coeur: et cest ce qui rend lhomme impur (18). Car cest du coeur que partent les mauvaises pensées, les meurtres; les adultères, les fornications, les larcins, les faux témoignages, les médisances (19). Ce sont là les choses qui rendent lhomme impur; mais un homme ne devient point impur pour manger sans avoir lavé ses mains (20). » Remarquez, mes frères, avec quelle force Jésus-Christ leur parle. Il se sert pour les guérir dune comparaison naturelle, lorsquil leur dit : « Descend dans le ventre et est jeté ensuite « dans le lieu secret. » Il se proportionné ainsi à leur faiblesse. Car il dit que la nourriture que lon prend ne demeure pas, mais quelle est rejetée, quoique, quand même elle demeurerait dans lhomme, elle ne le rendrait pas impur. Mais ils nétaient pas encore capables de supporter cette parole. Il semble que Jésus-Christ leur dise : Moïse ne dit rien des viandes pendant quelles demeurent dans le corps, mais quand elles en sortent; cest alors quil commande quon lave ses habits sur le soir, et quon soit pur, marquant ainsi le temps que le corps se purge lui-même. Mais ce qui entre au contraire dans le coeur, y demeure, et rend lhomme aussi impur lorsquil en sort, que lorsquil y demeurait. Jésus-Christ met en premier lieu les pensées mauvaises, » parce que les Juifs y étaient sujets; et sans les accuser encore des crimes effectifs qui passent dans laction extérieure, il fait voir seulement quau lieu que les viandes impures sortent du corps, les pensées mauvaises demeurent au contraire dans le coeur. Ce qui nentre quextérieurement en nous en est rejeté de même; mais ce qui naît au dedans de nous, nous souille lorsquil y demeure, et encore plus lorsquil en sort. Il leur parle de la sorte, parce quils étaient incapables, comme je lai déjà dit, de comprendre cette haute vérité exprimée sans ménagement et dans toute sa pureté. Saint Marc rapporte quil disait ceci pour montrer que toutes les viandes étaient pures. Cependant il ne dit point clairement quun homme ne devenait pas impur pour manger des viandes défendues. Cette parole eût été trop forte pour eux: Cest pourquoi il change son discours et dit: « Un homme ne devient point impur pour manger sans avoir lavé ses «mains.» Apprenons donc, mes frères, quelles sont les choses qui rendent les hommes vraiment impurs: mais apprenons-les pour les détester. Nous voyons assez de personnes qui ont soin davoir des habits propres et de laver leurs mains, lorsquils viennent à léglise, mais ils nont pas le même soin dy offrir à Dieu une âme pure. Je ne dis point ceci pour blâmer ceux qui se lavent les mains ou la bouche, lorsquils viennent dans nos églises ; mais pour les exhorter à se purifier comme Dieu nous le commande, non par leau, mais par les vertus et la sainteté de la vie. Les médisances, les calomnies, les blasphèmes, les paroles de colère, ou de raillerie, ou de dissolution, et celles qui sont déshonnêtes, sont comme des ordures qui souillent la bouche. Si votre conscience vous rend témoignage que vous nêtes point tombé dans ces déréglements de langue, entrez avec confiance dans léglise. Mais si vous vous y êtes laissé aller, pourquoi travaillez-vous inutilement à laver votre bouche avec leau, lorsque vous négligez de la purger de tant dordures? Si vous aviez les mains pleines de boue, oseriez-vous les lever au ciel pour prier? Vous rougiriez de le faire en cet état, quoi. quil ny eût en cela aucun mal : et vous ne craignez pas de prier, lorsque vos mains sont pleines de sang et de crimes ? Comment êtes-vous si scrupuleux dans des choses indifférentes (400); et si indifférents lorsque vous devriez être scrupuleux? 5. Vous me direz : Quoi! Ne faut-il donc point prier ? il faut prier, mais il ne le faut pas faire avec une âme impure. Mais si je me trouve surpris, dites-vous, et que je sente dans moi ces impuretés dont vous parler? Tâchez de vous en purifier. Comment le ferai-je? dites-vous. Gémissez, pleurez, donnez laumône; donnez satisfaction à ceux que vous avez offensés. Servez-vous de tous ces moyens pour rentrer en grâce avec Dieu, et pour ne laigrir pas davantage par des prières impures. Si quelquun venait se prosterner devant vous, et vous embrasser les pieds avec des mains pleines dordures, nest-il pas vrai quau lieu découter ses prières, vous le rejetteriez avec horreur? Pourquoi traitez-vous Dieu plus indignement que vous ne traiteriez un homme? La langue nest-elle pas comme la main de ceux qui prient, et avec laquelle nous tâchons comme dembrasser les genoux de Dieu? Ne la souillez donc point par limpureté des vices, afin que Dieu ne vous dise pas ce quil dit aux Juifs par son prophète Isaïe : « Quand vous multiplieriez vos oraisons, je ne vous écouterai pas. (Isaïe, I, 15.) Car la vie et la mort sont dans la main de la langue (Prov. XVI, 21 ), selon le langage de lEcriture. «Et vous serez justifié ou condamné par vos paroles. » (Matth. XII, 39.) Conservez donc votre âme avec plus de soin que vous ne gardez la prunelle de vos yeux. Nos langues ressemblent à. ces excellents chevaux quon destine au service du prince. Si nous leur donnons un frein pour les dompter et pour les dresser, le prince les montera et y trouvera ses délices, mais si nous leur laissons suivre leur impétuosité naturelle, elles ne seront propres quau service des démons et du prince des ténèbres. Vous nosez venir ici prier Dieu après lusage dun légitime mariage, encore quen cela vous ne commettiez aucun péché; et vous avez la hardiesse délever vos mains au ciel après être tombés dans de noires médisances, et dans des calomnies qui vous font mériter lenfer? Comment ne tremblez-vous pas de crainte ? Nentendez-vous pas saint Paul qui vous dit « que, le lit est pur, et que le mariage est honorable? » (Hébr. XIII, 4) Que si vous nosez néanmoins, en portant de ce lit pur et de cette bouche honorable, lever vos mains vers Dieu comment, en sortant du lit des démons, oserez-vous prononcer ce nom adorable qui est également saint et terrible? Car le démon se plaît dans les médisances et dans les outrages. Cest comme un lit délicieux où il trouve son repos. La fureur est comme un adultère qui vient corrompre la pureté de notre couche. Elle se mêle à notre âme, avec un plaisir secret. Elle la rend malheureusement féconde, et lui fait enfanter des haines et des inimitiés diaboliques. Elle fait le contraire du mariage. Le mariage ne fait de deux quune chair, et la colère divise ceux que lamour unissait ensemble, et sépare même lâme, et la divise davec elle-même. Si vous voulez donc vous approcher de Dieu avec pureté et avec confiance ne souffrez pas que cette adultère , je veux dire que la colère approche de vous. Chassez-la comme un chien furieux. Cest ce que saint Paul nous commande : « Levez au ciel, » dit-il, « vos mains pures et saintes sans colère et sans dispute. » (I Tim. II, 7.) Ne souffrez donc point que votre langue devienne impure. Comment pourrait-elle prier pour vous, si elle avait perdu la liberté que lui donnait son innocence ? Ornez-la plutôt par votre humilité, par votre douceur et par volte modestie. Rendez-la digne de parler au Dieu quelle invoque. Quelle se répande en bénédictions et en actions de grâces. Enfin, occupez-la aux actions de charité et de miséricorde. Car on peut, mes chers frères, pratiquer la charité par ses paroles: « Une parole, » dit le Sage, « vaut mieux quun don, et répondez aux pauvres des paroles de paix avec douceur. » (Eccli. IV, 7.) Que votre langue soit en tout temps armée des paroles sacrées de lEcriture, et que, selon le même Sage; « tous vos discours et tous vos entretiens soient dans la loi du Très-Haut. » (Eccli. IX, 25) Quand nous nous serons ainsi ornés, approchons-nous de notre Roi. Prosternons-nous à ses pieds, non-seulement de corps, mais encore de lâme. Souvenons-nous quel est Celui devant qui nous nous présentons; pour quel sujet nous y venons, et ce que nous prétendons. Nous nous approchons dun Dieu devant qui les séraphins tremblent, que les chérubins nosent regarder; devant qui ils sont contraints de voiler leur face, parce quils ne peuvent supporter léclat de ce visage adorable. Nous nous approchons dun Dieu qui habite (401) dans une lumière inaccessible, et nous nous en approchons pour le prier de nous délivrer de lenfer, de nous pardonner nos péchés; déloigner de nous les tourments insupportables que nous avons mérités, de nous donner le ciel, et les biens dont jouissent les saints. Prosternons-rions donc devant lui de corps et desprit, afin quil nous relève lui-même. Invoquons sa miséricorde avec un coeur contrit et avec une humilité parfaite. 6. Vous me demandez peut-être qui est assez misérable pour nêtre pas humble quand il prie? Cest celui qui prie, lorsquil a le coeur plein dimprécations et de fureur, qui persécute ses ennemis, et qui crie contre eux pour en demander vengeance. Si vous voulez accuser quelquun dans vos prières, accusez-vous vous-même. Si vous voulez en priant armer votre langue contre les fautes de quelquun, que ce soit contre les vôtres. Ny représentez point à Dieu le mal que les hommes vous ont fait, mais celui que vous vous êtes fait à vous-même. Personne ne peut vous faire de tort si vous ne vous en faites pas vous-même le premier. Si vous demandez vengeance contre ceux qui vous offensent, demandez vengeance contre vous-même. Personne ne vous en empêche. Quand vous attaquez un autre homme pour vous en venger, le mal que vous lui faites vous blesse encore plus que vous ne létiez auparavant. Mais quelles sont ces offenses dont vous souhaitez dêtre vengé? Est-ce quun autre vous a fait un affront, une injustice? est-ce quil vous a exposé à quelque péril? Appelez-vous cela souffrir une offense? si nous étions chrétiens, nous regarderions cela comme une grâce. Ce nest pas celui qui souffre une injure que je trouve à plaindre, cest celui même qui la fait. La source de nos maux, mes frères, cest que nous ne comprenons pas encore quel est véritablement celui qui fait ou qui souffre une injustice. Si nous étions en ce point bien persuadés. de la vérité, nous ne nous ferions pas si souvent tort à nous-mêmes, et nous ninvoquerions pas Dieu contre nos frères; parce que nous serions très-assurés que tous les hommes ensemble ne peuvent nous faire aucun tort. Cest le voleur qui est. à plaindre, et non celui quil a volé. Si vous avez donc volé les autres, accusez-vous-en devant Dieu; mais si un autre vous a volé, priez non contre lui, mais pour lui; parce que dans la vérité, il vous a fait un grand bien en se faisant un grand mal. Quoiquil nait pas eu cette pensée en vous dérobant, il nest pas douteux néanmoins quil vous a beaucoup obligé malgré 1ui-même, si vous souffrez chrétiennement cette, injustice. Toutes les lois humaines .et divines sarment contre cet usurpateur injuste; et elles vous promettent au contraire, si vous souffrez cet outrage, un véritable, bonheur et une éclatante couronne. Dirait-on quun malade qui dans une fièvre violente aurait pris à un autre un vase plein deau fraîche pour satisfaire la soif qui le brûle aurait fait grand tort à celui auquel il a fait ce larcin? Ne dirait-on pas plutôt quil se serait perdu lui-même, puisquil a augmenté sa fièvre, et quil a rendu sa maladie plus dangereuse? Jugez, de même dun avare lorsquil fait une injustice. Il est brûlé dune fièvre sans comparaison plus grande que nest celle des malades, et les rapines quil fait ne servent quà allumer encore davantage le feu qui le consume. Si un homme transporté de fureur arrachait lépée dun autre, pour sen percer, lequel des deux aurait souffert la violence, celui dont on prend lépée, ou lautre qui larrache pour sen percer,? Nest-il pas visible que cest ce dernier? Disons la même chose de celui qui vole le bien dun autre. Largent est à lavare ce que lépée est au furieux. On peut dire même que cest quelque chose encore de plus dangereux. Quand un furieux sest une fois percé le corps de cette, épée quil a prise, il cesse, dêtre furieux en cessant de vivre, et il ne peut plusse faire de nouvelles plaies; mais lavare se fait chaque jour cent blessures plus dangereuses que ne sont celles de ce furieux, sans quil soit pour cela délivré de sa fureur. Elle en devient au contraire plus ardente quauparavant. Ses dernières blessures donnent toujours lieu à de nouvelles, et plus il est percé de coups, plus il se met en état de lêtre encore davantage. Pensons souvent à ceci, mes frères. Fuyons lavarice. Détournons de nous cette épée funeste. Evitons cette mortelle fureur. Devenons enfin sages quoique trop. tard. Celui qui nest point avare ne mérite pas moins le nom de sage que ceux qui se possèdent eux-mêmes, et qui ne courent point aux épées pour sôter la vie. Le furieux na quune passion à combattre, mais lavare en a une infinité à vaincre. (402) Il ny a rien de plus insensé que celui qui est esclave des richesses. Il croit avoir lavantage quand il est vaincu. Il croit être le maître quand il est lesclave. Plus les chaînes dont il le charge sont pesantes, plus il se réjouit. Plus les bêtes qui le dévorent sont furieuses, plus il en a de plaisir. Quand il est captif il en tressaille de joie. Lorsquil voit sa passion aboyer comme un chien furieux, au lieu de lier cette bête ou de la faire mourir de faim, il la nourrit au contraire et lengraisse, afin quen devenant plus forte, elle devienne en même temps plus terrible. Pensons donc à ces vérités, mes frères. Délivrons-nous enfin de nos chaînes. Tuons cette bête furieuse. Guérissons cette maladie mortelle. Chassons loin de nous cette manie, afin quen jouissant ici dun heureux calme nous nous avancions avec un plaisir ineffable vers ce bienheureux port que nous désirons; et que nous y trouvions toutes les richesses du ciel, que je vous souhaite, par la grâce et par la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui est la gloire et lempire, maintenant et toujours, et dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
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